Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
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MARIE ANTOINETTE
Mme de Sabran
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Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
Meuh oui ! Il y en a tant d’autres : plus ressemblants, et dont l’attribution est certaine.
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
La légende de malédiction du diamant rapportée par Tavernier est probablement créée par le propriétaire de la mine pour dissuader les voleurs de vouloir la dérober et enjolivée par la suite par les joailliers qui lui inventent toute une mythologie pour augmenter sa cote de vente. Cette légende veut que la pierre ait été volée sur une statue de la déesse Sitâ (ou sur le front d'une statue en or du dieu Vishnou selon une autre version) : le voleur s'étant laissé enfermer dans le temple pour le dérober pendant la nuit, mais au matin, à la réouverture des portes de bronze, alors qu'il s'apprête à s'enfuir, il est frappé par la foudre au seuil même du temple.
( Wiki )
J'adore les ténébreuses histoires de malédictions ... :
.
Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
Le diamant est rapporté en France par le voyageur Jean-Baptiste Tavernier, qui le vend à Louis XIV. La légende du diamant, régulièrement relancée, veut que la pierre ait été volée sur une statue de la déesse Sitâ.
Mais une toute autre histoire vient d'être découverte par le Musée d'histoire naturelle de Paris : le diamant aurait été acheté par Jean-Baptiste Tavernier, dans l'immense marché aux diamants de Golkonda, lorsqu'il s'était rendu en Inde sous l'empire moghol.
Plusieurs rumeurs parlent de la malédiction du diamant Hope dont la possession entraîne la mort : Tavernier aurait fini dévoré par des bêtes sauvages, après avoir été ruiné .
Pas du tout ! Il est simplement mort de vieillesse à Moscou, à 84 ans !
Louis XIV fait tailler le diamant, qui passe de 112,5 carats à 67,5 carats, et le renomme « Bleu de France » ;
Pendant la Révolution, le diamant est volé au garde-meuble national en septembre 1792. Ses voleurs quittent la France pour l'Angleterre. La pierre y est retaillée pour être plus facilement vendue et sa trace se perd jusqu'en 1812, exactement vingt ans et deux jours après le vol, durée suffisante pour que le vol soit prescrit.
En 1824, la pierre est vendue à sir Henri Philip Hope, banquier à Londres, qui lui donne son nouveau nom. Son petit-fils, Henry Francis Hope Pelham-Clinton-Hope, hérite sous la forme d'une assurance-vie ; il ne peut ainsi se séparer de la pierre qu'avec l'autorisation du tribunal. Il vit au-dessus de ses moyens et cause la banqueroute de sa famille.
Sa femme, l'actrice May Yohé, subvient seule à leurs besoins. Mais voilà May partie avec un autre homme pour les États-Unis où elle revend le diamant un an plus tard !!!
La pierre revient en Angleterre, puis en France, pour finalement revenir aux États-Unis. Les propriétaires successifs du Hope au XXe siècle sont Pierre Cartier, fils du célèbre joailler Alfred Cartier (de 1910 à 1911), Evalyn Walsh McLean (de 1911 à sa mort, en 1947) et enfin Harry Winston (de 1949 à 1958), qui en fait don au Smithsonian Institute de Washington. Afin de rendre le transport de la pierre le plus discret et sûr possible, Winston envoie la pierre au Smithsonian par la poste, dans une simple enveloppe kraft.
( ... euh ! C'est vrai ça ??? )
Il y est toujours . Il est, paraît-il, le deuxième objet d'art le plus visité dans le monde (6 millions de visiteurs annuels) après la Joconde au Louvre (8 millions de visiteurs annuels).
... selon Wiki, et à vérifier ...
.
Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
Mme de Sabran a écrit:
Il y est toujours .
.
... pas dans l'enveloppe craft, hein ! au Smithsonian Institute de Washington ! :
Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
Je disais dans notre rubrique Ventes aux enchères, que j'attendais la publication d'une image de bonne résolution du portrait de Marie-Antoinette avant de le présenter ici.
Voilà qui est fait !
Je recopie donc l'annonce de la vente aux enchères, ainsi que mon commentaire :
- Portraits du Dauphin de France, futur Louis XVI, et de la jeune reine Marie-Antoinette.
École française de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Paire de pastels sur papier de forme ovale, conservés dans leur cadre d'origine ovales en bois doré (redoré sous la Restauration par l'encadreur et doreur A. Lefèvre Aîné).
Restaurations.
H. 40 x L. 31 cm (à vue). H. 49 x L. 40,5 cm (cadres).
Photo : Millon
Note au catalogue :
Le Roi représenté en buste d'après le portrait peint par Van Loo en 1769, alors qu'il est encore duc de Berry, âgé de quinze ans, avec quelques variantes dans son habit (on aperçoit tout de même le cordon bleu de l'ordre du Saint-Esprit).
Photo : Millon
La Reine représentée en buste portant un manteau d'hermine, les cheveux tirés vers le haut portant une coiffe avec diadème, perles et plumes, probablement d'après le portrait peint par Gautier-Dagoty en 1775, un des premiers portraits peints de la nouvelle Reine de France ayant été repris en différentes versions (une variante se trouve au musée Antoine-Lécuyer à Saint-Quentin).
Photo : Millon
Cette paire de portraits inédits a vraisemblablement été réalisée vers 1775, à l'époque du sacre de Louis XVI (célébré à Reims le 11 juin 1775), peu après qu'ils aient été titrés roi et reine de France, à la mort du roi Louis XV le 10 mai 1774.
Bien que Louis XVI soit représenté encore Dauphin, la ressemblance du portrait de Marie-Antoinette avec celui de Gautier-Dagoty peint en 1775 nous amène à les dater d'au moins 1775.
* Source et infos complémentaires : Millon MDV - Vente du 25 juin 2019
Les amateurs des portraits de Marie-Antoinette que nous sommes reconnaîtrons le style, le format, et jusqu'aux cadres d'au moins deux autres portraits de la reine que nous avions présentés dans ce sujet (voir photos et détails page précédente).
C'est amusant de voir combien le peintre a varié ses compositions...
Photos : Coutau Begarie & Associés
Le peintre a fait de son mieux pour modifier l'apparence de Loulou, avec une inversion des couleurs de son habit...
Photo : Coutau Begarie & Associé
Voilà qui est fait !
Je recopie donc l'annonce de la vente aux enchères, ainsi que mon commentaire :
- Portraits du Dauphin de France, futur Louis XVI, et de la jeune reine Marie-Antoinette.
École française de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Paire de pastels sur papier de forme ovale, conservés dans leur cadre d'origine ovales en bois doré (redoré sous la Restauration par l'encadreur et doreur A. Lefèvre Aîné).
Restaurations.
H. 40 x L. 31 cm (à vue). H. 49 x L. 40,5 cm (cadres).
Photo : Millon
Note au catalogue :
Le Roi représenté en buste d'après le portrait peint par Van Loo en 1769, alors qu'il est encore duc de Berry, âgé de quinze ans, avec quelques variantes dans son habit (on aperçoit tout de même le cordon bleu de l'ordre du Saint-Esprit).
Photo : Millon
La Reine représentée en buste portant un manteau d'hermine, les cheveux tirés vers le haut portant une coiffe avec diadème, perles et plumes, probablement d'après le portrait peint par Gautier-Dagoty en 1775, un des premiers portraits peints de la nouvelle Reine de France ayant été repris en différentes versions (une variante se trouve au musée Antoine-Lécuyer à Saint-Quentin).
Photo : Millon
Cette paire de portraits inédits a vraisemblablement été réalisée vers 1775, à l'époque du sacre de Louis XVI (célébré à Reims le 11 juin 1775), peu après qu'ils aient été titrés roi et reine de France, à la mort du roi Louis XV le 10 mai 1774.
Bien que Louis XVI soit représenté encore Dauphin, la ressemblance du portrait de Marie-Antoinette avec celui de Gautier-Dagoty peint en 1775 nous amène à les dater d'au moins 1775.
* Source et infos complémentaires : Millon MDV - Vente du 25 juin 2019
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Les amateurs des portraits de Marie-Antoinette que nous sommes reconnaîtrons le style, le format, et jusqu'aux cadres d'au moins deux autres portraits de la reine que nous avions présentés dans ce sujet (voir photos et détails page précédente).
C'est amusant de voir combien le peintre a varié ses compositions...
Photos : Coutau Begarie & Associés
Le peintre a fait de son mieux pour modifier l'apparence de Loulou, avec une inversion des couleurs de son habit...
Photo : Coutau Begarie & Associé
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
"Les peintres me tuent et me désespèrent" écrivit marie-Antoinette à sa mère. Je la comprends au regard de ces portraits maladroits, j'espère qu'elle ne les a jamais vu
Marie-Jeanne- Messages : 1482
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
Je n'ai pas souhaité ouvrir un sujet consacré à cette peinture attribuée à Jean-Baptiste Gautier d'Agoty (sic). Vous retrouverez ses autres oeuvres (signées ou attribuées), dans notre rubrique principale :
Marie-Antoinette par et d'après les frères Gautier Dagoty
Sera prochainement présenté en vente aux enchères, je cite :
Marie-Antoinette accueillant ses enfants au Paradis (?)
Attribué à Jean-Baptiste GAUTHIER d'AGOTY (1740-1786)
Toile. Restaurations anciennes.
88 x 77 cm
* Source et infos complémentaires : Daguerre Mdv - Vente Collections privées, dont derniers souvenirs d'une grande demeure (6 oct. 2020)
Le titre (d'ailleurs accompagné d'un point d'interrogation) est étrange !
Pourquoi Marie-Antoinette accueillerait-elle un portrait de ses enfants au Paradis (et non pas ses enfants tout court).
Aussi, puisque les experts attribuent cette toile à Jean-Baptiste Gautier Dagoty, décédé en 1786 : aucun des enfants de Marie-Antoinette n'est encore mort à cette date !!
Pourquoi pas, tout simplement, une composition allégorique en l'honneur des enfants de Marie-Antoinette (même si elle semble avoir eu des triplés sur cette composition ) ?
Enfin bref, c'est comme vous voulez...
Marie-Antoinette par et d'après les frères Gautier Dagoty
Sera prochainement présenté en vente aux enchères, je cite :
Marie-Antoinette accueillant ses enfants au Paradis (?)
Attribué à Jean-Baptiste GAUTHIER d'AGOTY (1740-1786)
Toile. Restaurations anciennes.
88 x 77 cm
* Source et infos complémentaires : Daguerre Mdv - Vente Collections privées, dont derniers souvenirs d'une grande demeure (6 oct. 2020)
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Le titre (d'ailleurs accompagné d'un point d'interrogation) est étrange !
Pourquoi Marie-Antoinette accueillerait-elle un portrait de ses enfants au Paradis (et non pas ses enfants tout court).
Aussi, puisque les experts attribuent cette toile à Jean-Baptiste Gautier Dagoty, décédé en 1786 : aucun des enfants de Marie-Antoinette n'est encore mort à cette date !!
Pourquoi pas, tout simplement, une composition allégorique en l'honneur des enfants de Marie-Antoinette (même si elle semble avoir eu des triplés sur cette composition ) ?
Enfin bref, c'est comme vous voulez...
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
La nuit, la neige a écrit:
Pourquoi pas, tout simplement, une composition allégorique en l'honneur des enfants de Marie-Antoinette (même si elle semble avoir eu des triplés sur cette composition ) ?
Enfin bref, c'est comme vous voulez...
Oui, pourquoi pas ? Je nage comme toi...
Le vieillard ailé symbolise la mort, mais le coq la lumière du jour et la résurrection .
C'est bien nébuleux .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
Bonnefoy du Plan a écrit:
DEUXIEME CHAPITRE (3ème post) : Que l’on aime ou non Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty, que l’on soit sensible ou non à cette manière bien particulière qu’il a de styliser le visage de la reine en accentuant les traits, il est impossible de faire l’impasse sur cet artiste. Il donne en effet de Marie-Antoinette le plus grand nombre de représentations dans les premières années du règne, secondé par deux de ses frères qui traduisent presque dans le même temps ses portraits par la gravure, quand il ne le fait pas lui-même.
Tout comme Ducreux crée un portrait type de la dauphine, Gautier-Dagoty donne de la jeune reine une représentation qui fait date. Copiée par les peintres, gravée par les plus grands maîtres de la discipline, source d’inspiration pour les miniaturistes, l’image de la reine que fixe Gautier-Dagoty en 1775 est très largement diffusée et devient vite iconique. Si Vigée Le Brun est le peintre de la maturité et Kucharski celui de la Révolution, Gautier-Dagoty est le portraitiste des jeunes années. En dépit des critiques que ses portraits suscitent, il est important de constater qu’il continue à bénéficier de la faveur de Marie-Antoinette.
Il m’apparaît difficile de parler d’un portrait de la reine entre les années 1775 à 1780 sans étudier en quoi il se rapporte au « modèle » Gautier-Dagoty ou de quelle manière il s’en écarte. Je vous propose donc de faire aujourd’hui le point sur les portraits de la reine par Gautier-Dagoty et d’étudier leur influence immédiate, y compris sur un certain Jean-Laurent Mosnier, lequel livre de la reine en 1776 une miniature qui reprend très précisément le buste du tableau en pied de 1775.
En évoquant longuement Jean-Baptiste André et les autres membres du clan Dagoty, nous ne sommes pas tout-à-fait hors-sujet, vous comprendrez bientôt pourquoi.
A nos amis modérateurs de reprendre comme ils le souhaitent certains extraits du long post qui suit pour les intégrer au sujet adéquat sur les Gautier-Dagoty.
C'est avec grand plaisir, cher Bonnefoy !
Bonnefoy du Plan a écrit:Détail du portrait restauré (DR)
III – LA PRÉÉMINENCE DE GAUTIER-DAGOTY
DANS L’ICONOGRAPHIE DES PREMIÈRES ANNÉES DU RÈGNE
1. la carence des institutions officielles pour faire peindre le tableau de la reine en grand apparat
Dès juin 1770, au nom de Louis XV, le marquis de Marigny passe commande d’un grand portrait en pied de la dauphine à Louis-Michel Van Loo. Ce projet n’aboutit pas en raison de la mort du peintre l’année suivante. Les Bâtiments du Roi ne montrent ensuite aucun empressement pour désigner un nouvel artiste, alors même que l’impératrice s’impatiente à Vienne et réclame avec insistance le portrait de sa fille « en grand ». Marie-Thérèse devra attendre ; elle attendra longtemps !
Le défaut des instances officielles (Bâtiments du Roi et Menus Plaisirs) étonne pour le moins... Au règne précédent, l’image officielle de Marie Leszczynska est fixée dès l’époque de son mariage en 1725, avant donc sa première maternité, par des portraits en pied commandés par Louis XV lui-même (à Steimart, sur le modèle du portrait de sa mère, la duchesse de Bourgogne par Santerre) et par les Bâtiments du Roi (à Gobert). Pour Marie-Antoinette, Louis XVI ne prend aucune initiative... et les Bâtiments attendront la seconde décennie du règne pour passer commande de deux tableaux. Deux tableaux seulement ! Le premier, en 1785, sert de cadeau diplomatique pour le roi de Suède, il n’est pas même destiné à être copié ou gravé. Quant au second, en 1787, c’est avant tout la tentative presque désespérée pour restaurer l’image publique de Marie-Antoinette après l’Affaire du Collier. Dans l’un et l’autre cas, la reine n’est pas seule, elle apparaît en compagnie de ses enfants.
Certes, au début du règne, Joseph-Siffred Duplessis reçoit bien la commande d’un portrait en pied de Louis XVI en grand manteau royal, auquel doit s’ajouter celui de la reine en pendant. Le portrait du roi sera bien livré, avec beaucoup de retard, mais celui de la reine ne sera semble-t-il jamais commencé.
Marie-Antoinette décide alors elle-même de faire peindre le portrait d’apparat qui n’existe toujours pas, cinq années après son arrivée à Versailles. En 1775, elle fait appel à Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty (1740-1786), fils et frère d’artistes graveurs, tous curieux et passionnés par les techniques nouvelles, notamment celle de la gravure en couleur où ils se sont fait un nom. Gautier-Dagoty est un peintre en dehors du premier cercle officiel de la Cour, il est néanmoins plutôt bien introduit à Versailles et s’y fait remarquer depuis la fin des années 1760.
En 1776, époque où Jean-Laurent Mosnier est sensé peindre le tableau de la reine qui nous intéresse, nous sommes au cœur d’un moment Gautier-Dagoty dans la longue quête de Marie-Antoinette pour trouver un peintre à son goût. C’est Gautier-Dagoty en effet qui laisse alors le plus grand nombre d’images de la reine dans ses jeunes années, portraits pour lesquels il est avéré que Marie-Antoinette a obligeamment accordé des séances de pose.
Et, n’en déplaise à Henriette Campan, le clan Gautier-Dagoty n’est pas sans intérêt…
Supplique de Jean-Baptiste André-Gautier-Dagoty à Marie-Antoinette
« A la Reine. Madame, J.B.A. G Dagoty ayant eu l’honneur de peindre Votre Majesté
et de lui faire plusieurs portraits, la supplie humblement
de vouloir bien lui permettre de porter le titre de son peintre »
gouache sur papier (détail), 1775 (67,5x54,5cm), Musées de Versailles et de Trianon
(source de l’image : site des Musées de Versailles et de Trianon)
2. Gautier-Dagoty et l’échec d’un premier tableau en buste envoyé à Vienne en mai 1775
En mai 1775, Mercy envoie à Vienne le portrait de Marie-Antoinette en buste que l’impératrice réclame avec insistance depuis plusieurs mois. Le baron de Neny, son secrétaire, écrit à l’ambassadeur dès le 1er juin pour témoigner de la déception de la souveraine, qui trouve le tableau « mauvais, tant pour la ressemblance que pour l’exécution », le visage « trop raccourci » et la parure « peu avantageuse ». Le 23 juin, Mercy-Argenteau répond à Neny : « J’avais bien prévenu que Sa Majesté ne serait pas trop contente du portrait de la reine. Cependant il a été travaillé par le meilleur peintre, le seul au moins qui ait le plus approché de la ressemblance de la reine, et tel qu’est ce portrait il est inutile de penser à en avoir un meilleur de la main des peintres de ce pays-ci. »
La plupart de ceux qui ont écrit sur Marie-Antoinette et ses peintres ont cru voir en Joseph-Siffred Duplessis l’auteur de ce portrait envoyé à Vienne. Son nom apparaît en effet dans une lettre du 19 janvier 1775 de Mercy-Argenteau au baron de Neny, où l’ambassadeur rend compte de ses efforts pour obtenir les copies des portraits en pied du roi et de la reine, dont Duplessis doit livrer les originaux. Le portrait du roi est alors bien commencé, mais le projet traine en longueur car Louis XVI ne met aucune bonne volonté pour poser. Le 18 mars, Mercy doit reconnaître dans sa lettre mensuelle à Marie-Thérèse que « Rien n’est plus vrai que ce que Breteuil a dit sur la non-existence du portrait du roi ; c’est la raison qui m’a mis hors d’état d’exécuter l’ordre que V.M. m’a fait donner depuis longtemps de lui envoyer les portraits du roi et de la reine. » Mais l’ambassadeur montre aussitôt tout son zèle et ajoute avoir obtenu l’aveu de Marie-Antoinette « pour lui envoyer un peintre au commencement de la semaine prochaine. » Charge à cet artiste de faire un portrait en buste « pour patienter », en attendant que Duplessis ait peint ceux en pied.
A la toute fin du XIXe siècle, Jules Flammermont est le premier auteur à publier une étude solide et détaillée sur les portraits de Marie-Antoinette. Quatre articles dans la Gazette des Beaux-Arts présentent un large panorama de l’iconographie de l’archiduchesse, de la dauphine puis de la jeune reine (« Les Portraits de Marie-Antoinette », La Gazette des Beaux-Arts ; livraisons 481, 484, 489 et 491, respectivement juillet et octobre 1897, puis mars et mai 1898). Ils précèdent d’une dizaine d’années les deux volumes d’Albert Vuaflart et Henri Bourin, travaux autrement plus savants et documentés, qui restent la base de toute approche sérieuse de l’iconographie de la reine au temps de sa jeunesse. La première guerre mondiale a hélas interrompu la parution de cette somme prévue à l’origine pour constituer cinq volumes (« Les Portraits de Marie-Antoinette » : l’archiduchesse (1909), la dauphine (1910), Paris, André Marty éditeur). Si la découverte de nouvelles sources a parfois rendu caduques certains développements et infirmé plusieurs hypothèses, les recherches rigoureuses de ces deux grands érudits ne peuvent en aucun cas être négligées.
Flammermont reprend bien l’information donnée par Mercy à l’impératrice en mars, mais à un détail près… Il écrit en effet « Le 18 mars 1775, l’ambassadeur devait avouer qu’on n’en était pas encore au premier coup de pinceau ; toutefois, il avait obtenu d’envoyer la semaine suivante le peintre près de la reine, qui avait promis de lui donner cette séance. » (Troisième article, Gazette des Beaux-Arts du 1er mars 1898, pp. 189-190). Nous lisons chez Mercy « un peintre » là où Flammermont écrit « le peintre »... , ce qui change évidemment le sens ! « Le » peintre serait celui dont il vient d’être question dans la lettre, à savoir Duplessis. Mais « un» peintre renvoie à l’évidence à un autre artiste, auquel Mercy fait appel dans l’urgence pour un portrait en buste, le temps que Duplessis se mette au travail...
Méprise volontaire ou simple étourderie, l’attribution de Flammermont à Duplessis est ensuite reprise par tous les historiens, de Marguerite Jallut à Olivier Blanc. Vuaflart et Bourin ont laissé des notes pour la suite de leur étude. Ils ont mieux lu Mercy et désignent sans ambiguïté le peintre appelé en renfort comme étant Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty. Conservés à l’INHA, leurs manuscrits ont été étudiés par Jérôme Delatour et Lucie Fléjou, qui ont rétabli les circonstances ayant conduit le peintre en présence de la reine. Dans le numéro 22 de la revue Versalia (2019), ils écrivent que Dagoty avait d’abord été pressenti pour exécuter des copies des portraits qui étaient attendus de Duplessis. « Mais, en 1775, Duplessis n’avait pas achevé le portrait du roi, ni commencé celui de la reine. (…) Devant l’impatience de l’impératrice, son ambassadeur à Paris, Mercy-Argenteau, commanda un portrait à Dagoty. Dans le même temps, Dagoty obtint la commande de son portrait en pied. Saisissant sa chance, Dagoty travailla avec diligence. En à peine plus de deux mois, le portrait en buste fut peint et envoyé à Vienne, le 18 mai 1775. » (Versalia, N°22, 2019, « Henri IV, Marie-Antoinette, Louis XVI », p.60). Les travaux de Lucile Paraponaris sur Jean-Baptiste Gautier-Dagoty en 2018 vont dans le même sens. L’auteure y mentionne un article du Journal de Paris en date du 11 janvier 1777, lequel cite une lettre de Dagoty père dont la conclusion est des plus claires au sujet des portraits de la reine peints par son fils aîné : « … de l’ordre de Sa Majesté les tableaux de mon fils ont été envoyés, le premier en buste, à l’impératrice-reine d’Hongrie ; le deuxième, après avoir été exposé au Salon du Colisée, où il a réuni les applaudissements des amateurs, a été remis à M. l’ambassadeur de Vienne, pour être envoyé à Bruxelles. »
Le tableau en pied du roi sera présenté au Salon de 1777, sans pendant pour la reine. Duplessis avait auparavant exposé une version en buste de Louis XVI en 1775, une fois le Salon déjà commencé...Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty (1740-1786)
manière noire, tirage en couleurs, vers 1775 (58,5x52,0cm), Paris INHA
Il pourrait s’agir de la version gravée du portrait envoyé à Vienne en mai 1775
(source de l’image : site de l’INHA)
Dans leur article, Jérôme Delatour et Lycie Fléjou avancent l’hypothèse qu’une estampe de grande qualité, conservée à l’INHA, pourrait être la version gravée du portrait de 1775 aujourd’hui disparu. C’est une manière noire, avec utilisation de quatre planches colorées, gravée par Jean-Baptiste André lui-même, d’après sa propre composition.
Cette estampe, si précieuse, est semble-t-il un exemplaire unique. Elle est issue de la collection de Lord Ronald Gower, artiste anglais et collectionneur de gravures, qui vouait à Marie-Antoinette une véritable passion. Sa fameuse « Iconographie de la reine Marie-Antoinette », en 1883, est une pièce rare pour bibliophile, plus qu’une véritable étude, au sens où Flammermont et surtout Vuaflart et Bourin l’ont envisagé ensuite. A côté de la collection d’estampes du baron de Vinck – plus considérable encore et cette fois minutieusement documentée – elle fait néanmoins référence et constitue comme un point de départ à l’étude du vaste catalogue des représentations gravées de Marie-Antoinette.
Une anecdote curieuse reste liée à ce malheureux portrait, celle d’un renvoi à Versailles par une impératrice contrariée. Mais est-ce un fait véritable ou s’agit-il d’une légende ? Les Mémoires secrets du 19 août 1775 (T.8, pp. 172-173) semblent les seuls à s’en faire l’écho. A les suivre, l’impératrice aurait renvoyé le tableau sous prétexte qu’elle y avait trouvé l’image d’une actrice et non celui d’une reine de France. Il faudrait donc imaginer Marie-Thérèse infliger à sa fille un affront public aussi cinglant, alors même que les cérémonies du Couronnement battent leur plein ? Il est difficilement concevable de l’envisager prendre le risque d’affaiblir publiquement sa fille dans un moment aussi sensible ! Ce prétendu incident ne trouve aucune résonance dans la correspondance entre Mercy et Marie-Thérèse, pas plus en juin que les mois suivants, que ce soit les lettres ostensibles ou les Tibi soli réservés à la seule impératrice. Il fait pourtant peu de doute qu’un désaveu aussi marqué aurait donné l’occasion au très courtisan diplomate de se surpasser au registre des excuses et des justifications. Marie-Antoinette n’y fait pas allusion non plus dans les lettres à sa mère, qui toutes ont été conservées pour l’année 1775. Il est décidément bien difficile de donner crédit à cette histoire, qui serait alors une des toutes premières calomnies à s’attacher au nom de la reine… Quoi qu’il en soit, l’été-même du couronnement de Louis XVI, les lecteurs des Mémoires secrets sont invités à y croire, et certains doivent bien ricaner de ce camouflet impérial infligé à cette jeune reine peut-être un peu trop brillante.
Marie-Antoinette n’a pas encore vingt ans et son image – celle que Gautier-Dagoty vient de fixer pour Vienne et qu’il a ensuite développée à Versailles dans un audacieux portrait en pied – apparait déjà ternie. Les hautes coiffures avec leur harnachement de plumes que le peintre a immortalisées ne durent qu’un moment dans l’histoire de la mode, mais ce moment est inscrit à jamais dans la légende de Marie-Antoinette et dans l’histoire de ses représentations visuelles.
3. un grand tableau en pied qui fait date dans l’iconographie de Marie-Antoinette
En 1775, il n’existe donc aucun portrait d’apparat de la reine de France pour servir de modèle pour les présents diplomatiques. Après le portrait en buste destiné à Vienne et en dépit de l’échec rencontré auprès de l’impératrice, Marie-Antoinette conserve sa confiance à Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty auquel elle a également passé commande du portrait en pied qui fait défaut. Un format intermédiaire est choisi (162x130cm), il est probable que Gautier-Dagoty y travaille avant même que le verdict de Vienne ne soit connu.
Ce grand portrait sitôt achevé est présenté dans la galerie des Glaces, le 27 juillet 1775, où il est –semble-t-il – assez largement désavoué par la Cour et une partie des commentateurs. Marie-Antoinette choisit alors la prudence et conserve le tableau qu’elle offrira finalement en 1777 au prince Georg Adam von Starhemberg, ancien ambassadeur d’Autriche en France, en poste à Paris au moment du Renversement des Alliances et alors à Bruxelles (c’est bien ce que nous a dit Jacques Dagoty dans la lettre citée plus haut). Le portrait reviendra à Versailles en 1954, donné au Musée national par le commandant Paul-Louis Weiller.Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty (1740-1786)
Marie-Antoinette, reine de France, huile sur toile, 1775 (162x130cm), Musées de Versailles et de Trianon
(source de l’image : Leemage, DR)Louis-Honoré Gautier-Dagoty (1746-18..)
aquatinte avec eau-forte et coloriage à la main, (72,2 x 54,2 cm), v. 1776, collections royales anglaises
(source de l’image : Royal Collection Trust, Her Majesty Queen Elizabeth II)Modèle du genre, la notice du Catalogue de Vinck pour cette estampe vaut d’être citée dans son intégralité. Numéro 334 de la Collection, la manière noire de la BNF est conservée au premier tome des estampes de grand format : « Marie-Antoinette, en pied, de trois quarts à gauche, coiffure en hérisson entremêlée de perles, avec rouleaux retombant sur les épaules, ornée de plumes fixées sur le côté gauche par une attache de pierreries ; corsage décolleté et robe à paniers garnis de bouillonnés de gaze à lignes, et de lys brodés attachés par des nœuds de gaze ; grand manteau fleurdelysé doublé d’hermine jeté sur l’épaule droite et que la reine tient de la main gauche. A droite, dossier du fauteuil royal et draperie formant dais au-dessus de la Reine. A gauche, sur une table, une mappemonde où vient s’appuyer la main droite de Marie-Antoinette, et, sur un coussin, la couronne royale, des roses et des lys ; à côté une harpe, un album ouvert sur un siège en X ; au-dessus, dans un clair-obscur, deux colonnes d’un temple et une statue de la France en Minerve tenant le portrait-médaillon de Louis XVI de profil à droite. »
Pour Marguerite Jallut, le tableau original datait de décembre 1774 et sa présentation officielle avait été différée. Il aurait également été copié et celui de Versailles ne serait qu’une copie parmi celles qui ont été faites pour être distribuées comme cadeaux royaux... Il serait ici utile de pouvoir consulter la thèse que Marguerite Jallut a présentée à l’Ecole du Louvre en 1936, pour découvrir quels étaient ses arguments. Mais le travail de la grande conservatrice reste inexplicablement confidentiel et inaccessible aux chercheurs et il faut se contenter de la lacunaire brochure de 1955.
En dépit des réactions mitigées et bien qu’elle ait jugé prudent de ne pas envoyer à Vienne une image aussi « chargée », Marie-Antoinette semble avoir trouvé dans le grand portrait par Gautier-Dagoty une image plutôt conforme à ce qu’elle recherchait car elle va très vite en favoriser la diffusion par la gravure. Honoré-Louis Gautier-Dagoty, frère de Jean-Baptiste-André et quatrième fils de la fratrie, reçoit ainsi l’autorisation de graver le portrait de son aîné, tâche qu’il exécute en 1776.
La presse se fait l’écho de cette gravure « d’un nouveau genre, imitant le dessin aux deux crayons » et des annonces sont faites dans la Gazette de France, le Mercure de France ou encore le Journal de Paris. La première épreuve est remise à la reine elle-même, le 5 octobre 1776 à Versailles. L’accueil des critiques est cinglant et le Journal de Paris du 5 janvier 1777 ironise sur cette « manière noire et très noire (...). Tous les français connaisseurs regardent cet ouvrage comme un crime de lèse-majesté. Ils demandent, que comme il n’était permis qu’au seul Appelle de peindre Alexandre, il soit défendu à l’ignorance de défigurer si maussadement les grâces et la beauté de leur aimable souveraine. »
Dès le 11 janvier, Jacques Dagoty prend la défense de son jeune fils et répond à l’attaque dans le même journal. Dans cette lettre que nous avons déjà citée, il indique que l’estampe a été très bien reçue « du grand nombre d’amateurs qui en ont fait l’acquisition. (...) Je ne dis pas qu’elle ait la perfection que ce nouveau genre peut acquérir par la suite, car l’artiste qui a imaginé et gravé ce morceau est mon quatrième fils, d’un âge qui mérite quelques égards. »
L’entreprise Dagoty, Père et Fils, compte à l’évidence sur la notoriété des portraits de la reine, peints par Jean-Baptiste André ou gravé par Louis (1776) ou – nous le verrons – Fabien (1775), pour promouvoir l’ensemble des activités de la famille et attirer l’attention sur ces gravures d’un « nouveau genre », auquel leur nom reste effectivement lié. Leurs annonces régulières dans le Mercure de France pendant les années 1770 révèlent aussi un sens de la communication et un vrai talent pour susciter intérêt et curiosité autour de leurs travaux. Il n’est pas anodin de voir le nom de Marie-Antoinette associé à une telle famille, non pas de peintres « misérables » mais au contraire d’esprits curieux, à la pointe des techniques de leur temps. C’est à cette famille – presqu’à ce clan – que la souveraine accorde sa confiance pour créer le modèle susceptible d’être diffusé pour fixer dans l’opinion publique sa nouvelle image de reine de France.
Il n’est pas impossible que le caractère maladroit du travail de son fils Louis ait conduit Jacques Dagoty à choisir très vite Jean-François Janinet pour donner une version de meilleure qualité du portrait de Jean-Baptiste André et contribuer ainsi au renom de la famille Dagoty. D’ailleurs, la rareté des matériaux et du procédé mis en œuvre par Janinet en 1777 pour son estampe en couleur atteste bien du caractère précieux de sa gravure et de l’importance de l’enjeu. Nous reviendrons sur ce jalon majeur dans l’iconographie royale au paragraphe suivant et constaterons l’abondante postérité du tableau de juillet 1775 chez les graveurs. Signe parmi d’autres que tous n’ont pas vu en Gautier-Dagoty le peintre sans mérite étrillé par Madame Campan...
En ce mi-temps des années 1770, les Gautier-Dagoty semblent ainsi assurés d’un bel avenir à Versailles où ils recueillent aussi les faveurs d’autres mécènes. Certains projets ne manquent pas d’ambition, à l’image de l’impressionnant portrait de groupe autour du duc de Penthièvre (v. 1775-1776) conservé au Musée Nissim de Camondo, où Jean-Baptiste André livre son œuvre la plus aboutie.
Dans un tel contexte, il apparait doublement révélateur que Jean-Laurent Mosnier reprenne à son propre compte cette image référentielle due à Gautier-Dagoty dans une miniature de 1776 (collection privée) dont nous reparlerons. D’une part, c’est un signe de plus de la prééminence du nouveau modèle de représentation royale, depuis que la reine l’a approuvé. De l’autre, c’est l’occasion pour lui de se distinguer avantageusement des graveurs avec une miniature dont le tour aimable et la qualité supérieure l’emporteront vraisemblablement sur leurs diverses estampes.Louis-Honoré Gautier-Dagoty 1746-18..)
manière noire, impression à la poupée en deux tons, épreuve sans lettre
gravure au mezzotinto complétée de teinte aux outils (66,3 x 53,7 cm), 1776 ; Paris, Musée du Louvre
(source de l’image : site du Louvre)« Sa Majesté a la main posée sur la France, ce qui donne de l’action au sujet », selon le descriptif écrit par Louis
4. la protection affichée de la reine pour la fratrie Gautier-Dagoty
Gautier-Dagoty est si odieux à Madame Campan qu’elle ne mentionne pas même son nom dans ses Mémoires ! La citation est restée célèbre : « … on exposa dans la galerie de Versailles un tableau en pied représentant Marie-Antoinette dans toute sa pompe royale. Ce tableau destiné à la cour de Vienne et peint par un homme qui ne mérite pas d’être nommé révolta tous les gens de goût » (Tome 1, Chapitre VII ; suite du paragraphe qui débute par la phrase restée fameuse elle-aussi et déjà citée : « Les plus misérables artistes étaient admis à l’honneur de la peindre »).
C’est donc certainement au plus grand déplaisir d’Henriette Campan que Gautier Dagoty produisit ensuite toute une série d’effigies royales en l’espace d’environ cinq ans.Jean-Baptiste André (1740-1786) pour (1), (3), (4) et (5) et Jean-Fabien Gautier-Dagoty (1747-1781) pour (2)
1.gouache sur papier, 1775 (67,5x54,5cm), Musée de Versailles et de Trianon, source site du Musée
2.plume et encre noire, lavis gris, 1776 (49x60cm), vente Christie’s Paris, 3 novembre 2015, lot #55
3.manière noire, seul exemplaire connu, vers 1779 (45,3x28,2cm), Paris, BNF (Vinck N° 335)
4.huile sur toile, vers 1780 (41x33cm), Musées de Versailles et de Trianon, source site du Musée
5.huile sur toile, fin années 1770 (134,6x73,7cm), vente Artcurial Paris, 20 juin 2006, lot #35
(source des images : 1 et 4 : site des Musées de Versailles et de Trianon; 3 : Gallica ; 2 : Christie’s ; 5 : Artcurial)
et, comme la cinquième image est moins connue, la voici pour le Forum dans une définition inédite (petit bonus pour celles et ceux qui aiment les représentations de la reine à l'antique)... :
Aux portraits en buste et en pied de 1775, s’ajoutent la même année une gouache montrant le peintre à l’ouvrage dans la chambre de la reine (scène célèbre, de pure imagination…) ; puis une scène de bienfaisance exposée au Salon du Colisée en 1776 (ce tableau du fameux « incident d’Achères » a disparu mais il a été gravé ; le dessin préparatoire – attribué à Jean-Fabien – est présenté ci-dessus en (2) ; une esquisse d’après nature présentée au salon de la Correspondance de 1779 (le Catalogue de la Collection de Vinck suggère que la sublime manière noire ci-dessus en (3) pourrait en être la traduction gravée) ; et enfin un petit portrait à l’huile montrant la reine à Trianon avec le Temple de l’Amour en arrière-plan (portrait à dater donc au plus tôt en 1778).
Une vente publique à Paris en 2006 accorde aussi à Jean-Baptiste André une représentation de Marie-Antoinette en Minerve, toujours à situer dans la seconde moitié des années 1770. Autant de signes tangibles qui montrent que Gautier-Dagoty a continué à bénéficier de la faveur de la reine et d’un accès direct auprès de Marie-Antoinette après l’échec relatif de ses premières commandes.Jean-Fabien 1747-1781) pour (1) et (2) et Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty (1740-1786) pour (3)
1.manière noire, tirage en couleurs, 1775 (39,5x29,8cm), Paris, BNF (Vinck, N° 333)
2.reproduction en frontispice de l’Iconographie de la reine Marie-Antoinette de Lord Gower, 1883 (N°101)
3.dans le même ouvrage, reproduction de la manière noire conservée à l’INHA présentée plus haut (N°100)
(source des images : Gallica ; Iconographie de Marie-Antoinette, Lord Gower, collection particulière, DR)
Il faut en outre citer deux gravures en couleurs, en application du procédé de la manière noire avec quatre planches colorées. La première est sortie de l’atelier de Jean-Fabien Gautier Dagoty, le cadet des frères Dagoty ; la seconde est réalisée par Jean-Baptiste André lui-même, nous avons vu qu’elle pourrait être la gravure du portrait envoyé à Vienne en mai 1775.
La gravure de Jean-Fabien fut présentée à la reine à Fontainebleau, en novembre 1775, « ouvrage dont Sa Majesté a bien voulu témoigner sa satisfaction à cet artiste » (Gazette de France, 13 novembre 1775). Aux quatre planches tirées en rouge, jaune, bleu et noir (impression en tétrachromie), le graveur a ajouté une planche en blanc, tirage plus rarement employé et utilisé ici pour la dentelle de la guimpe et de la manche, et pour les plumes du toquet.
Quant à la gravure due à Jean-Baptiste, si elle correspond bien au portrait de mai 1775, il est vraiment difficile – face à une représentation aussi sage – de comprendre la sévérité de Marie-Thérèse, telle que les Mémoires secrets s’en sont fait l’écho…
5. un premier modèle durable pour les copistes et les graveurs
Le tableau en pied a inspiré bien des peintres et les variantes sur toile ou en miniature, contemporaines ou posthumes, sont très nombreuses et plus ou moins oubliables.
Il a surtout servi de modèle à quantité de graveurs (Patas, Le Beau, Dupin, Smith…) dont les estampes seront diffusées jusqu’à la Révolution. La gravure coloriée de Patas, d’après Le Clerc, est une des plus fameuses et constitue la planche 80 de la « Galerie des modes et costumes français » éditée chez Esnauts et Rapilly en 1778 (Vinck 337). L’habit de Cour est en satin cerise recouvert de dentelles, il diffère du tableau à l’huile mais le visage et la coiffure restent en tous points conformes au portrait. Il est pour le moins inattendu de retrouver ainsi la reine de France dans un catalogue de mode, où parfois elle partage même une page avec d’autres, comme sur la célèbre planche reproduite en (3), toujours chez Esnauts et Rapilly. Marie-Antoinette y occupe un des quatre compartiments pour y présenter la « Coeffure de la Reine », celle de son portrait par Gautier-Dagoty (Vinck N° 344).
Une mention particulière revient à Jean-François Janinet pour son aquatinte fameuse, évoquée précédemment. C’est une estampe en couleurs en deux feuilles, la première pour le portrait en buste et la seconde pour l’encadrement.
Tout comme les Gautier-Dagoty, Janinet est un spécialiste de la gravure. Il a mis au point la technique de l’aquatinte dont il fait sa spécialité et qui conjugue les travaux de Le Prince (pour la gravure « en manière de lavis ») et l’impression de couleurs au repérage (développée par Leblond et les Gautier-Dagoty).
« Janinet utilise sa technique de la « manière de lavis » pour le portrait ; l’ovale est fixé dans un encadrement imprimé sur une autre feuille en bleu et orange au repérage, puis rehaussé d’une dernière impression à l’or. Cette impression à l’or fait toute la rareté et l’éclat de cette estampe ; peu de temps après la publication de ce portrait, l’utilisation de la feuille d’or dans l’estampe cessa. (…) Les épreuves avec l’encadrement imprimé en bleu, orange et or sont très rares, et ne figurent que dans quelques collections publiques (British Museum, Getty). » (Cité de Versalia 2017, n°20, Elisabeth Maisonnier, p.43, Enrichissement des collections de l’année 2015).
Des pastiches de cette composition prestigieuse étaient toujours gravés au XIXe siècle, ils se rencontrent de temps à autre sur le marché de l’art…parmi les gravures inspirées de Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty
1.Jean-François Janinet, aquatinte en couleur, 1777 (42,2x31,7cm), Londres, British Museum (Vinck N° 336)
2.Pierre-Adrien Le Beau, gravure à l’eau-forte et au burin, s.d. (15,5x10,3cm), Paris, BNF (Vinck N° 339)
3.anonyme (chez Esnauts et Rapilly), eau-forte coloriée, 1778 (24,0x19,5cm), Paris, BNF (Vinck N° 344)
4.Jean-Baptiste Patas, eau-forte colorié, v. 1779 (23,6x17,5cm), Amsterdam, Rijksmuseum (Vinck N° 337)
(source des images : 1 : British Museum ; 2 et 3 : Gallica ; 4 : Rijksmuseum)
Jean-Laurent Mosnier fait donc partie des artistes qui ont étudié et repris, en l’interprétant, l’effigie de Marie-Antoinette popularisée par le portrait en pied de Gautier-Dagoty. Dans son cas, la copie du modèle se double de l’avantage d’avoir peint la reine d’après nature l’année précédente, suite à la commande des Menus Plaisirs que Mosnier avait honorée avec succès.
Les observations de Mosnier pendant la (ou les) séance(s) de pose viendront tempérer les traits copiés chez Dagoty, ils en donneront une interprétation toute personnelle, plus réaliste et moins stylisée. Connue uniquement par une photographie ancienne, la miniature de Mosnier se distingue en effet parmi les nombreuses reprises contemporaines du célèbre tableau.Jean-Laurent Mosnier (1743-1808)
miniature sur ivoire, 1776 (6,4x4,8cm), réalisée sur le modèle du grand portrait de J.-B. A. Gautier-Dagoty
elle figurait autrefois dans la célèbre collection Pierpont-Morgan
Christie’s, Londres, 24-27 juin 1935, lot #615
localisation actuelle inconnue
(source de l’image : Gallica, Vinck N° 5623)
Stylistiquement, en dépit des différences de technique et d’échelle, et sans que ce constat ne précipite de conclusions hâtives, les traits du visage et l’expression générale sur la miniature apparaissent étonnamment proches du tableau à l’huile revenu de Suède, que nous allons retrouver dans le prochain chapitre chez ses deux principaux collectionneurs en France et en Suède, aux XIXe et XXe siècles.
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Mme de Sabran- Messages : 54458
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Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
Merci beaucoup cher Bonnefoy de nous avoir régalé avec ce deuxième chapitre consacré aux Gautier-Dagoty
Contrairement à l'avis des courtisans de l'époque, moi j'aime beaucoup les tableaux de Dagoty
Contrairement à l'avis des courtisans de l'époque, moi j'aime beaucoup les tableaux de Dagoty
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4360
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Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
Comte d'Hézècques a écrit:Contrairement à l'avis des courtisans de l'époque, moi j'aime beaucoup les tableaux de Dagoty
Merci Félix, je vous rejoins tout-à-fait, mais je reconnais qu'il m'a fallu une assez longue période de familiarisation...
J'ai d'abord été très influencé par Madame Campan, c'est aussi la raison pour laquelle je lui envoie aujourd'hui quelques piques en retour (juste pour la remercier des œillères qu'elle m'avait collées). Je lui laisse son avis, là n'est pas le problème, mais ce qui me gêne c'est le manque de perspective de son propos. Car elle devrait ajouter que ce peintre "misérable" a en fait développé, contre toute attente en ce qui la concerne, une véritable image-type de Marie-Antoinette. Un tel succès, sanctionné par la postérité que nous savons (et que Madame Campan connaissait en partie!) ne peut que signaler un artiste qui a su capter quelque chose d'important par rapport à son modèle et à l'époque dans laquelle il s'inscrit.
La manière qu'à Jean-Baptiste André de forcer le trait, et d'en faire toujours un peu trop a fini par m'amuser et me l'a rendu attachant.
Il n'y a pas que cela. Quand on lit la lettre du père Jacques dans le Journal de Paris que je cite dans l'article, il y a aussi quelque chose d'assez touchant dans cette part de maladresse assumée à propos de la gravure de Louis (effectivement épouvantable! ). Cette maladresse est presque revendiquée, comme le prix inévitable a payer pour atteindre le but véritable, à savoir la maîtrise d'une technique d'impression nouvelle que lui et ses fils veulent pousser jusqu'à son point de perfection. Il faut des dingos dans ce genre pour avancer les choses. Je trouve tout aussi révélateur le fait que la reine ait confirmé sa faveur à un artiste quelque peu chahuté pour sa manière si personnelle (mais nous savions déjà que Marie-Antoinette pouvait s'obstiner!). Je l'imagine assez volontiers sensible au charme des beaux-parleurs, les Gautier-Dagoty devaient faire partie de ceux-là...
En cours de travail, j'ai contacté une jeune historienne de l'art qui a travaillé sur Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty pour un mémoire de master dont l'Objet d'Art s'est fait l'écho dans un bref article en octobre 2018. Hélas il n'y a pas de thèse en cours ou de projet d'édition pour le mémoire, mais ce dernier est accessible à la bibliothèque de l'INHA ( Lucile Paraponaris, mémoire de master 2, sous la direction de Christine Gouzi : "Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty, ambition et stratégies d'un artiste de cour au XVIIIe siècle, Paris Sorbonne 2017).
première page de l'article de Lucile Paraponaris dans l'Objet d'Art d'octobre 2018 (pages 78-83, L'Objet d'Art N° 549)
Ma préférence va à cette manière noire dont le catalogue de la Collection de Vinck nous dit qu'il pourrait s'agir de la version gravée d'une esquisse d’après nature présentée au salon de la Correspondance de 1779.
Je vous la redonne "en grand"!
Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty (1740-1786)
manière noire, seul exemplaire connu, vers 1779 (45,3x28,2cm), Paris, BNF (Vinck N° 335)
manière noire, seul exemplaire connu, vers 1779 (45,3x28,2cm), Paris, BNF (Vinck N° 335)
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" Ai-je vu dans sa société quelque chose qui ne fût pas marqué au coin de la grâce, de la bonté et du goût? "
(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 388
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
Merci beaucoup pour cet article intéressant concernant les Dagoty, et en particulier Jean-Baptiste André.
A l'exception du charmant "Marie-Antoinette devant le temple de l'Amour", très récemment attribué JBA Dagoty, je crois que, non, décidément je n'apprécie aucune oeuvre de cet artiste et/ou de ses frères ! Le trait est grossier, c'est très inégal.
Merci également pour l'inédit, grand format, du " Marie-Antoinette en Minerve" !
L'oeuvre était-elle attribuée à Jean-Baptiste André ou les experts de la vente était plus affirmatif concernant cet auteur ? Je trouve qu'elle tombe comme un cheveu sur la soupe parmi les quelques autres présentées ici.
Aussi, j'ai l'impression que les attributions tournent fréquemment d'un frère à l'autre.
A l'exception du charmant "Marie-Antoinette devant le temple de l'Amour", très récemment attribué JBA Dagoty, je crois que, non, décidément je n'apprécie aucune oeuvre de cet artiste et/ou de ses frères ! Le trait est grossier, c'est très inégal.
Merci également pour l'inédit, grand format, du " Marie-Antoinette en Minerve" !
L'oeuvre était-elle attribuée à Jean-Baptiste André ou les experts de la vente était plus affirmatif concernant cet auteur ? Je trouve qu'elle tombe comme un cheveu sur la soupe parmi les quelques autres présentées ici.
Aussi, j'ai l'impression que les attributions tournent fréquemment d'un frère à l'autre.
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
La nuit, la neige a écrit:L'oeuvre était-elle attribuée à Jean-Baptiste André ou les experts de la vente était plus affirmatif concernant cet auteur ?
Artcurial reprenait l'attribution que l'on avait déjà à la BNF dans le fonds de reproductions du baron de Vinck, c'est à dire Jean-Baptiste André :
on va essayer de vous trouver quelque chose de mieux sous peu, cher LNLN!La nuit, la neige a écrit:non, décidément je n'apprécie aucune oeuvre de cet artiste et/ou de ses frères !
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(Prince de Ligne, au sujet de "la charmante reine")
Bonnefoy du Plan- Messages : 388
Date d'inscription : 06/08/2018
Localisation : Le Maine
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
Hum, m'ouais...Bonnefoy du Plan a écrit:
Artcurial reprenait l'attribution que l'on avait déjà à la BNF dans le fonds de reproductions du baron de Vinck, c'est à dire Jean-Baptiste André.
Ah ! Merci...Bonnefoy du Plan a écrit:
on va essayer de vous trouver quelque chose de mieux sous peu, cher LNLN!
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Alessandra- Messages : 32
Date d'inscription : 09/05/2022
Re: Portraits de Marie-Antoinette attribués aux Gautier Dagoty (ou d'après).
Il est présenté et commenté sur cette même page, quelques messages en amont.
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
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