Les jeux de cartes au XVIIIe siècle
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle
Calonne a écrit:Rappelons qu'officiellement, le jeu était interdit dans le royaume. .
Le jeu d'argent.
Lucius- Messages : 8284
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle
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Mme de Sabran- Messages : 37323
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle
Selon la Chronique de Paris
... 
L’ambassadeur d’Angleterre ( le duc de Dorset est-il toujours en place ? ) se plaint de ce qu’on a gagné en une soirée, au Palais-Royal, 11 000 louis à un de ses compatriotes !
( Histoire de la société française pendant la Révolution de Jules et Edmond de Goncourt )
.


L’ambassadeur d’Angleterre ( le duc de Dorset est-il toujours en place ? ) se plaint de ce qu’on a gagné en une soirée, au Palais-Royal, 11 000 louis à un de ses compatriotes !


( Histoire de la société française pendant la Révolution de Jules et Edmond de Goncourt )
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Mme de Sabran- Messages : 37323
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle
A la Révolution, tout ce qui rappelle l'Ancien Régime doit disparaître ... y compris dans les jeux de cartes .
Les rois de carreau, de cœur, de pique, de trèfle, deviennent pouvoirs exécutifs de carreau, de cœur, de pique, de trèfle ; et l’on entend dans les tripots : — « Je fais six fiches, brelan de pouvoirs exécutifs », ou : — « J’ai le vingt et un, et le voici : as de cœur et veto de trèfle. » Car « un républicain ne peut se servir, même en jouant, d’expressions qui rappellent sans cesse le despotisme et l’inégalité des conditions ».
Dans la fabrique de cartes de la rue Saint-Nicaise, les rois sont convertis en génies, génie de cœur ou de la guerre, de trèfle ou de la paix, génie de pique ou des arts, génie de carreau ou du commerce; les dames deviennent des libertés : liberté de trèfle ou du mariage, carte qui porte le simulacre de la Vénus pudique, et une enseigne sur laquelle est écrit le mot divorce, liberté de carreau ou des professions, liberté de cœur ou des droits, liberté de pique ou des rangs. Les valets deviennent des égalités, et les as des lois .
( Histoire de la société française pendant la Révolution de Jules et Edmond de Goncourt )

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Mme de Sabran- Messages : 37323
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle
... et pour l'illustrer :







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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 3031
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La fureur de jouer
Tout au long du XVIIIème siècle, le jeu (entendez d'argent) reste incontournable.
Il est pourtant mal vu, réprouvé car conduisant à la débauche et à la ruine selon l'Eglise. Les moralistes ont beau le décrire comme "égalitaire", il reste associé au désordre et à la ruine, pratique des libertins et aventuriers.
Bien qu'officiellement interdit par la loi et condamné par l'Eglise, le jeu est partout. Des salons les plus huppés aux caveaux enfumés des faubourgs populeux en passant par les lambris dorés de Versailles, les lieux ne manquent pas où risquer vos deniers. Il n'est pas question ici de ce que l'on appelait les jeux de "commerce" où la perte était nécessairement basse et fixée, jeux conçus pour simplement meubler le temps. Non, il s'agit ici de jeux d'argent où l'on peut miser gros, gagner et surtout perdre gros. Passe-dix, biribi, Macao, Pharaon, Cavagnole, Lansquenet, Réversi… Tout est bon pour taquiner Dame Fortune.
Le seul Palais-Royal compte au moins une vingtaine de maisons de jeu. Arthur Conte nous offre son carnet d'adresses parisien : le salon doré de Dumoulin, ancien laquais de la du Barry, le 102 de la rue Vivienne où les mises donnent le tournis, chez Jullien, ancienne actrice de la Comédie-Italienne qui offre, outre les plaisirs du tapis vert, de succulents soupers froids, chez dame Lacour qui offre elle "les vins les plus capiteux et les plus jolies femmes de Paris", chez Chocolat, chocolatier ruiné devenu banquier de jeu et accueillant laquais et domestiques… Mais encore le 18 de la rue Richelieu, "étrange taudis pour joueurs de pièces de six liards, où l'on dîne avec des haricots et du fromage et où les bancs servent de lits aux perdants"... La noblesse et les plus fortunés se retrouvent volontiers à l'hôtel d'Angleterre, au Jeu de Paume du Charrier ou au salon du chevalier Zéno, aux mises vertigineuses.
On joue même dans la rue, avec une planche, un tapis, quelques dés ou cartes… Certains endroits sont très prisés comme les Champs-Élysées, les quais des Tuileries et du Louvre, la place de Grève et le boulevard du Temple, car permettant de s'éclipser plus facilement et rapidement en cas d'arrivée de la police. On joue aussi dans les cabarets, les tenanciers, limonadiers et marchands de vin invoquant le jeu comme un moyen de mieux pouvoir faire face à leurs dépenses de loyer, entretien et autres. Certains n'hésitent pas à mettre en cause la baisse de leur chiffre d'affaire face à la concurrence pour justifier la présence d'une table de jeu dans leur établissement... En général, la police ferme les yeux tant qu'il n'y a pas de troubles à l'ordre public, bagarres, tapage nocturne et autres.
Le jeu, de cartes le plus souvent, est organisé et géré par un banquier de jeu, qui tient donc la banque, distribue cartes et gains et veille au bon déroulement de la partie. On parle pour ce banquier de "tailler" au Pharaon, Macao ou tout autre jeu. Il faut bien sûr éviter de tomber sur un banquier ayant "la main exquise", c'est à dire un tricheur éprouvé. Et avant de s'installer autour de la table, il faut se faire accorder l'entrée par les Bouledogues, chargés de refouler tout intrus trop jeune pour se ruiner ou soupçonné d'aider la chance.
Certaines parties sont restées dans les esprits comme, bien sûr, celle voulue par Marie-Antoinette et ayant duré plusieurs jours. Mais il y a aussi la fameuse soirée du Carnaval où Catherine II aurait commandé une pièce montée incrustée de pierres précieuses avant d'offrir un diamant à tous ceux qui, aux tables de Macao, tiraient un neuf. L'impératrice en aurait ainsi distribué 150...
Ces jeux d'argent ne sont pas innocents. Ils entraînent l'engrenage infernal des dettes, la ruine de certaines maisons, voire le suicide de certains joueurs. Et pas seulement dans les classes aisées tant la fureur de jouer est répandue dans toute la société. Voltaire n'hésite pas à dire que "Paris ressemble à un immense brelan".
En 1781, Louis XVI approuve une "ordonnance royale", réunissant tous les autres textes législatifs sur le jeu et instituant même une prime pour ceux qui dénoncent joueurs et maisons de jeu. Les contrevenants (toujours les tenanciers, pas les joueurs) sont alors soumis à une forte amende, divisée en trois : un tiers pour le trésor royal, un tiers pour les pauvres des hôpitaux et un tiers pour le délateur. Rien n'y fait.
A Versailles, le montant des mises à la table de la reine effraie les courtisans venus faire leur cour à la souveraine et modifient la composition des tables : des aventuriers, des intrigants, des joueurs professionnels apparaissent avec à leur suite, une faune inhabituelle pour ces lieux. Ce qui fait penser à l'impératrice Marie-Thérèse que Versailles est devenu "un tripot".
Calonne- Messages : 444
Date d'inscription : 01/01/2014
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Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle
Merci, mon cher Calonne .

Calonne a écrit:
Tout au long du XVIIIème siècle, le jeu (entendez d'argent) reste incontournable.
Il est pourtant mal vu, réprouvé car conduisant à la débauche et à la ruine selon l'Eglise. Les moralistes ont beau le décrire comme "égalitaire", il reste associé au désordre et à la ruine, pratique des libertins et aventuriers.
Pardon, mais égalitaire en quoi ?!

Le jeu est pourtant, par excellence, un vice de riches .
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Mme de Sabran- Messages : 37323
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle
Certains moralistes disaient que le jeu "égalisait les conditions".
Sans doute dans le sens où chacun, devant les cartes, a les mêmes chances, chacun est égal devant les caprices du hasard.
Du moins c'est ainsi que je le comprends...
Sans doute dans le sens où chacun, devant les cartes, a les mêmes chances, chacun est égal devant les caprices du hasard.
Du moins c'est ainsi que je le comprends...
Calonne- Messages : 444
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 46
Localisation : Un manoir anglais
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle
Oui, cher Calonne, c’est ainsi aussi que je le comprends.
D’ailleurs une Reine qui se livre au jeu avec n’importe qui ( dixit les contemporains), comme notre chère Marie-Antoinette à Fontainebleau par exemple, s’expose à paraître « comme tout le monde », à perdre sa mise, etc. Louis XVI avait conscience de ce danger pour elle, outre les sommes dépensées...
Mais elle n’en faisait qu’à sa tête, que voulez-vous....
D’ailleurs une Reine qui se livre au jeu avec n’importe qui ( dixit les contemporains), comme notre chère Marie-Antoinette à Fontainebleau par exemple, s’expose à paraître « comme tout le monde », à perdre sa mise, etc. Louis XVI avait conscience de ce danger pour elle, outre les sommes dépensées...
Mais elle n’en faisait qu’à sa tête, que voulez-vous....
Vicq d Azir- Messages : 1958
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 70
Localisation : Paris x
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle
Dans sa correspondance, Mercy explique à l'impératrice qu'il s'agissait d'une addiction que Marie-Antoinette expliquait par l'ennui mortel de la vie de cour.
Marie-Jeanne- Messages : 287
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Les jeux de cartes au XVIIIe siècle
Calonne a écrit:Certains moralistes disaient que le jeu "égalisait les conditions".
Sans doute dans le sens où chacun, devant les cartes, a les mêmes chances, chacun est égal devant les caprices du hasard.
Du moins c'est ainsi que je le comprends...
Oui, oui, l'on peut voir ainsi les choses .

Toutefois, le pauvre et le riche ne sont pas du tout égaux devant les conséquences des caprices du hasard.
Je me souviens de ce fa-bu-leux film de Luigi Comencini, L'argent de la vieille

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Mme de Sabran- Messages : 37323
Date d'inscription : 21/12/2013
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