Antoine-Jean Gros (1771-1835), dit " le baron Gros "

Il naît à Paris en 1771. Sa mère Pierrette Durant est pastelliste. Son père Jean-Antoine Gros peintre en miniatures est un collectionneur avisé de tableaux. Il apprend à son fils à dessiner à l’âge de six ans et se montre dès le début un maître exigeant. Vers la fin de 1785, Gros entre, de son propre gré dans l’atelier du peintre David.

Voici son autoportrait :


Exilé en Italie, il rencontre à Gênes, Joséphine de Beauharnais, épouse du général Bonaparte.
À Milan, Bonaparte lui commande un tableau pour immortaliser la bataille du pont d’Arcole et se montre très satisfait par son œuvre.
Tu m'étonnes !  
Napo est ainsi magnifié :




Gros est décoré par Napoléon à l'occasion du Salon de 1808 où il expose la Bataille d’Eylau.
...    beurk !  





Bien sûr, Gros peindra aussi Joséphine .  



Portrait de l'Impératrice Joséphine de Antoine Jean Gros, 1808  
Le baron Gros, mieux connu comme peintre de bataille que comme portraitiste, a représenté en pied l'impératrice Joséphine, portant une longue et simple robe blanche bordée de motifs cachemire, un châle rouge de même style flanqué en travers de l'épaule. Son visage tourné vers la gauche fixe le buste de son fils, le prince Eugène de Beauharnais, vice-roi d'Italie, représenté en buste sur une gaine. Dans sa main gauche, elle tient une lettre de lui dont l'enveloppe, tombée à ses pieds, cachetée et entrouverte laisse apparaître la mention manuscrite « A sa majesté l'impératrice et reine, le prince Eugène ». Sur une table, repose un vase de porcelaine blanche au chiffre de Joséphine rempli d'hortensias en référence à la reine Hortense, sa fille. Ces deux enfants sont issus du premier mariage de l'impératrice, née Rose Tascher de la Pagerie (1763-1814) avec Alexandre de Beauharnais. Elle pose la main droite sur un livre de maroquin rouge sur lequel est inscrit Flore de Malmaison. Ce geste rappelle l'attention que Joséphine porta à l'aménagement du jardin confié à Aimé Bonpland (1773-1858) et l'attirance qu'elle manifesta pour la botanique, faisant de Pierre Joseph Redouté (1759-1840), auteur des célèbres planches de dessins de roses, son peintre officiel à partir de 1804.


À la chute de l’Empire, Gros reprend l'atelier de David et devient l'un des plus grands formateurs d'élèves de la première moitié du XIXe siècle.
Le changement de régime en 1815 voit l'avènement de la peinture romantique, qui connaît un succès grandissant à partir des années 1820. Partagé entre ses aspirations picturales annonçant le romantisme et l'enseignement classique de son maître David, le baron Gros connait une seconde partie de carrière empreinte de doutes.
Se sentant délaissé de ses élèves et en proie à des difficultés personnelles, il se suicide le 25 juin 1835.  
Il est lui aussi au Père Lachaise .  


Et le voici, ce pauvre Antoine-Jean, dans le souvenir de sa consoeur et néanmoins amie Elisabeth Vigée Le Brun :

Une personne avec laquelle je m'étais intimement liée était le célèbre peintre que notre art vient de perdre récemment. J'avais connu Gros qu'il avait à peine sept ans; à cette époque je fis son portrait, et j'eus lieu de reconnaître dans ses yeux enfantins son amour pour la peinture, et même son avenir comme grand coloriste. À mon retour en France, cependant, je n'en fus pas moins étonnée de retrouver l'enfant homme de génie et chef d'école. De ce moment commença entre nous une liaison que le temps n'a fait qu'accroître; car je trouvais dans Gros un noble et sincère ami. Son caractère franc et original apportait un grand charme dans nos relations; attendu qu'on pouvait compter sur la sincérité de ses éloges comme sur l'utilité de sa critique. Je reconnaissais l'amitié qu'il me témoignait, en prenant la part la plus vive à tous ses succès. Aussi fus-je bien heureuse de celui qu'il obtint pour son admirable peinture de la coupole de Sainte-Geneviève. Chacun sait que ce bel ouvrage excita l'enthousiasme du public et l'approbation du roi, qui nomma le grand peintre baron.
     Gros était resté l'homme de la nature. Susceptible d'éprouver les sensations les plus vives, il se passionnait également pour une bonne action ou pour un bel ouvrage. Il se plaisait peu dans le grand monde; rarement il rompait le silence au milieu d'un cercle nombreux; mais il écoutait attentivement, et répondait par un seul mot toujours placé très à propos. Pour apprécier Gros, il fallait le voir dans l'intimité. Là son coeur se montrait à découvert, et ce coeur était noble et bon; une certaine rudesse de ton, qu'on lui a quelquefois reprochée, disparaissait entièrement. Sa conversation était d'autant plus piquante qu'il ne s'exprimait pas comme les autres hommes; il trouvait toujours des images pleines d'originalité et de force pour rendre sa pensée, et l'on peut dire de lui qu'il peignait en parlant.
     La mort de Gros m'a fait éprouver une vive affliction. Peu de jours avant de nous quitter sans retour, il était venu dîner chez moi, et je remarquai avec peine qu'il prenait à coeur quelques critiques inconvenantes qu'il aurait dû mépriser. Comme artiste, comme amie, je regretterai toujours ce grand peintre, et le triste souvenir de sa mort violente rend mes regrets plus amers.

http://www.musees-mediterranee.org/portail/collections_fiche.php?menu=6&num_coll2=1321
http://www.musba-bordeaux.fr/sites/musba-bordeaux.fr/files/gros_-_dossier_pedagogique.pdf
http://www.femmespeintres.net/peintres/textes/vigee314.htm

Merci pour l'ouverture de ce sujet.  

Mme de Sabran a écrit:
Exilé en Italie, il rencontre à Gênes, Joséphine de Beauharnais, épouse du général Bonaparte.
À Milan, Bonaparte lui commande un tableau pour immortaliser la bataille du pont d’Arcole et se montre très satisfait par son œuvre.
Tu m'étonnes !  Napo est ainsi magnifié :

C'est un très beau tableau, iconique !


Bonaparte au pont d'Arcole,
Etude préparatoire peinte en 1796 pour le portrait de Versailles
(Paris, musée du Louvre)

Si vous voulez jouer au jeu des 7 erreurs   , la version conservée à Versailles et celle du musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg...

Antoine-Jean Gros
Bonaparte au pont d'Arcole, 1796
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot


Photo : Musée de l'Ermitage

J'avais lu que Bonaparte, qui ne tenait déjà pas en place et ne supportait pas poser trop longtemps pour les peintres, n'avait accordé que deux brèves entrevues à Gros.
A l'occasion de l'une d'entre-elles, pour le calmer et le convaincre d'être patient, Joséphine l'avait assis sur ses genoux. Sale gosse !  
Là ! Pas bouger ! Sage, sage...

Gros est le peintre du jeune et glorieux Bonaparte, avant que David et d'autres le soient (aussi) de l'empereur Napoléon.


Bonaparte haranguant l'armée avant la bataille des Pyramides, 21 juillet 1798
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans


Combat de Nazareth
Musée d'Arts de Nantes
Photo : RMN-Grand Palais / Gérard Blot




Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa
RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage




Bataille d'Aboukir, 25 juillet 1799
Charge de Joachim Murat
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Peter Willi




Bonaparte Ier consul
Musée de la Légion d'Honneur
Photo : RMN-Grand Palais / Gérard Blot

Posture du haut du corps et habit que nous retrouvons sur ce portrait équestre :


Portrait équestre de Bonaparte, Premier consul, à Marengo, 1803
Photo : RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Daniel Arnaudet


Entrevue de Napoléon Ier et de François II, après la bataille d'Austerlitz, le 4 décembre 1805
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet


Capitulation de Madrid, le 4 décembre 1808
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Christian Jean

Il n'a pas fait que de la peinture d'histoire, mais également quelques beaux portraits...


François-Pascal-Simon Gérard, futur Baron Gérard, vers 1790
Photo : The Metropolitan Museum of Art, New-York


Le général de Lariboisière faisant ses adieux à son fils - Bataille de la Moscowa, 1812
Photo : RMN-Grand Palais / image musée de l'Armée



Portrait de la Maréchal Lannes
Musée des Beaux-Arts d'Orléans
Photo : RMN-Grand Palais / Agence Bulloz


Madame Pasteur
Photo : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda


Photo : Musée des Beaux-Arts de de Marseille, Dist. RMN-Grand Palais / Jean Bernard


Portrait du comte Honoré de La Riboisière en uniforme d'artilleur
Photo : http://www.galerieheim.ch


Frédérique-Catherine de Wurtemberg, reine de Westphalie, devant le château de Wilhemshôhe
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux


Portrait de Christine Boyer (première femme de Lucien Bonaparte), vers 1800
Photo : Musée du Louvre RMN-Grand Palais / C. Jean

Aïe, aïe...


Portrait de Madame Récamier, vers 1825
Antoine-Jean Gros
Photo : Académie des Sciences et des Arts, Zagreb

La même, vingt ans plus tôt :


Détail du portrait de Juliette Récamier, vers 1805
François Gérard
Photo : Musée Carnavalet, Paris

La nuit, la neige a écrit:
J'avais lu que Bonaparte, qui ne tenait déjà pas en place et ne supportait pas poser trop longtemps pour les peintres, n'avait accordé que deux brèves entrevues à Gros.
A l'occasion de l'une d'entre-elles, pour le calmer et le convaincre d'être patient, Joséphine l'avait assis sur ses genoux. Sale gosse !  
Là ! Pas bouger ! Sage, sage...

J'adore et cette anecdote, et ton commentaire, et ton petit smiley !!!
Je sais bien que Joséphine était considérée par les proches de son mari comme " une vieille ", mais de là à prendre Napo sur ses genoux !!!

Merci aussi, cher la nuit, la neige, pour cette galerie de tableaux !
Nous sentons bien l'influence épique de David dans laquelle Gros s'enferre un peu à une époque déjà pré-romantique .
Je lui trouve une physionomie adorable . Sa triste fin me remplit de tristesse ...

Mme de Sabran a écrit:
Je sais bien que Joséphine était considérée par les proches de son mari comme " une vieille ", mais de là à  prendre Napo sur ses genoux !!!  

Cela doit être infernal d'être l'épouse d'un pareil ouragan sur pieds !!  
Nous nous souvenons tous de ce personnage de Tex Avery...


 

Mme de Sabran a écrit:Je lui trouve une physionomie adorable .

En parlant de physionomie, ce portrait-ci ne te fait-il pas penser à l'un de nos membres ? Avec une coiffure un petit peu différente, certes...

La nuit, la neige a écrit:
Nous nous souvenons tous de ce personnage de Tex Avery...

Oh oui !

La nuit, la neige a écrit:
En parlant de physionomie, ce portrait-ci ne te fait-il pas penser à l'un de nos membres ? Avec une coiffure un petit peu différente, certes...

Pas de façon flagrante, attends, je cherche ...

La nuit, la neige a écrit:
J'avais lu que Bonaparte, qui ne tenait déjà pas en place et ne supportait pas poser trop longtemps pour les peintres, n'avait accordé que deux brèves entrevues à Gros.
A l'occasion de l'une d'entre-elles, pour le calmer et le convaincre d'être patient, Joséphine l'avait assis sur ses genoux. Sale gosse !  
Là ! Pas bouger ! Sage, sage...

Encore un qui aimait beaucoup sa môman.

Le peintre ne fut pas seulement celui du premier empire ; il a également fait quelques portraits de la famille royale durant la Restauration.

Bon...il me semble qu'il était peut-être moins inspiré.  
Et Bonaparte à cheval n'est certes pas Louis XVIII empêtré dans son manteau fleurdelisé, le mollet gras ; et la duchesse d'Angoulême, qui semble porter sur elle une nappe à peine dépliée, n'a malheureusement pas le charme de Joséphine...


Louis XVIII
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot



Marie-Thérèse-Charlotte de France, duchesse d'Angoulême
Portrait officiel, vers 1816-17
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

Mais encore...Oups, cela va mal !


Les Adieux de Louis XVIII quittant le palais des Tuileries dans la nuit du 20 mars 1815
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux


Embarquement de la duchesse d'Angoulême à Pauillac, 1818
En 1815, pendant les Cent-Jours, la duchesse Marie-Thérèse se trouve à
Bordeaux, où elle tente d’organiser la résistance à Napoléon, alors que le roi Louis XVIII s’est réfugié en terre étrangère, à Gand. Napoléon, admiratif, dit d’elle qu’elle est « le seul homme de la famille », et la laisse partir pour rejoindre l’Angleterre. Elle embarque à Pauillac dans le Médoc.
Photo : Musée des Beaux-Arts de Bordeaux - RMN-Grand Palais / A. Danvers

La nuit, la neige a écrit:Le peintre ne fut pas seulement celui du premier empire ; il a également fait quelques portraits de la famille royale durant la Restauration.

Bon...il me semble qu'il était peut-être moins inspiré.  
Et Bonaparte à cheval n'est certes pas Louis XVIII empêtré dans son manteau fleurdelisé, le mollet gras ; et la duchesse d'Angoulême, qui semble porter sur elle une nappe à peine dépliée, n'a malheureusement pas le charme de Joséphine...

Aïe aïe aïe, ceci explique cela !
Il est vrai que la Restauration n'a pas un glamour renversant ...

Merci, cher la nuit, la neige pour ces nouvelles oeuvres .
Je viens d'admirer la dernière au musée des Beaux-Arts de Bordeaux : cette toile est énorme !

Mme de Sabran a écrit:
Il est vrai que la Restauration n'a pas un glamour renversant ...

Toujours sous les pinceaux de Gros, ton chouchou s'en sort un peu mieux que son frère et sa nièce.
Mais je préfère encore le cheval...


Revue par Charles X du camp de Saint-Léonard, à Reims, après le Sacre, le 31 mai 1825
Photo : Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

Mme de Sabran a écrit:
Je viens d'admirer la dernière au musée des Beaux-Arts de Bordeaux :  cette toile est énorme !

Oui !
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3751p25-bordeaux-au-xviiieme-siecle#118936

Il n'est pas mon chouchou ! Mais entre son frère et lui, je ne balance pas un instant .