Voyance et superstitions, Mademoiselle Lenormand (1772 - 1843)

Elle prétendit avoir connu Marie-Antoinette .        
Et comme, dans ce nouveau sujet  ( que j'ouvre, morte de rire  ) , nous ne sommes pas à une sornette près, je vous livre l'extrait :

" Ardente royaliste, Mlle Lenormand tenta, en 1793, de sauver Marie-Antoinette. L'administrateur de la Conciergerie, Michonis, qui l'avait d'ailleurs consultée à plusieurs reprises, consentit à introduire la prophétesse dans la prison, lui conseillant même d'offrir à la reine captive sa voyance! C'est ainsi que, déguisée en commissionnaire et portant un panier de provisions, la jeune femme pénétra dans le cachot de Marie-Antoinette. Après d'inutiles efforts, la reine rejetant toute idée de fuite, la cartomancienne se préparait à s'en aller lorsqu'elle aperçut un jeu de cartes posé sur une table. Michonis lui confirma que la proscrite le consultait parfois pour connaître le sort de ses enfants.! "
http://www.cercle-de-samsara.com/t1429-mlle-lenormand-cartomancienne


Il est tout à fait extraordinaire qu'au Siècle des Lumières les sciences occultes et autres charlataneries aient pu toucher un très vaste public, ébranler la crédulité des foules, faire des adeptes, se propager à travers l'Europe entière ...  
Nous connaissons bien Cagliostro ou le comte de Saint-Germain que nous évoquions il n'y a pas longtemps .  Ils ne furent pas les seuls à sévir et flatter la bêtise la plus crasse :   voici venir Marie-Anne-Adélaïde Lenormand chevauchant son balai .  
Experte dès l'âge de sept ans dans l'art de la divination au moyen du tarot d’Etteilla, elle devient une des plus grandes voyantes de tous les temps ( hum !    à d'autres )





Marie-Anne-Adélaïde Lenormand, née le 27 mai 1772 à Alençon  ( comme Hébert ) est morte le 23 juin 1843 à Paris.
Fille d’un marchand drapier, elle est élevée chez les dames bénédictines où elle se fait remarquer toute jeune par une imagination ardente et par de prétendus talents de divination.
Elle monte à Paris dans les premières années de la Révolution, en 1790. D'abors  employée dans une blanchisserie, elle ouvre bientôt un « bureau de voyance » . Elle rencontre ainsi trois des hommes les plus influents de la Révolution, dit-on, Marat, Robespierre et Saint-Just, leur prédit une mort violente .  Elle aurait également prédit celle de Louis XVI.





Robespierre consultant Mlle Lenormand :




En la faisant connaître, les prédictions qu’elle hasarda la rendirent suspecte à Vadier au Comité de salut public, qui la fit arrêter en 1794.  Sortie des prisons de la Terreur, la persécution qu’elle venait de subir ne contribua pas peu à étendre sa renommée. L’espace de temps qui s’écoula sous le Directoire et l’Empire, époques où la confiance que lui témoignait l’impératrice Joséphine avait surtout contribué à la mettre à la mode fut l’âge d’or de cette devineresse, qui sentit que ce qui inspirerait le plus de foi en elle, serait un extérieur confortable .
Ce fut donc dans un bel appartement au no 5 de la rue de Tournon, au faubourg Saint-Germain, que la nouvelle pythonisse ouvrit un cabinet où elle reçut pendant de longues années les visites d’une foule de dames et de bon nombre d’hommes, tant de la moyenne que de la haute classe, magistrats, militaires, grands seigneurs, etc.. C’est là qu’elle faisait le « petit jeu » aux premiers et le « grand jeu » aux seconds, sans toutefois que son tarif descendît jamais au-dessous de six francs.

Portrait gravé de Marie-Anne Lenormand par Jules Champagne





Celle qui fut désormais surnommée « la sibylle du faubourg Saint-Germain », fut consultée plus d’une fois par de grands personnages politiques. Napoléon lui-même eut, parait-il, la curiosité de la consulter ; et il est constant que Joséphine vivait avec elle dans une grande intimité. Toutefois, sa protection ne put la garantir et, malgré toute la faveur dont elle jouissait, Lenormand fut arrêtée en 1803 et en 1809, par ordre de l’Empereur, sous l’inculpation de trahison, pour quelques prédictions un peu hardies. Le gouvernement impérial ne lui fit subir, à chaque fois, qu’une assez courte détention pour ses révélations indiscrètes et Mlle Lenormand affirma encore que ces deux emprisonnements étaient dus à des motifs politiques. Un journaliste de l’époque a toutefois fait valoir que Lenormand était coutumière du fait et que les soi-disant prophéties étaient toujours écrites après les faits, et jamais avant.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Anne_Lenormand

Cartes du tarot d’Etteilla :





Et voilà ! Il y a toujours des sceptiques !  
Louis Du Bois, par exemple, historien de Lisieux, semble fort douter des talents de Marie-Anne.
Il écrit, narquois :

Toutes les merveilles de couvent dont Mlle Le Normand a parlé dans ses  " Souvenirs Prophétiques ", sont autant de faits controuvés, comme les incomparables prédictions, réalisées si admirablement, qu'on lui attribue.  A commencer par elle-même, elle avait prédit, en 1815, dans ses Souvenirs, qu'elle vivrait vingt-quatre lustres, et près d'une olympiade, c'est-à-dire en style vulgaire 124 ans environ.



Depuis 1815 et assez récemment encore, elle répétait à qui voulait l'entendre qu'elle ne mourrait qu'à 101 ans : ce qui était déjà une longévité fort honnête.  
Malheureusement, l'infaillibilité des jeunes comme des vieilles sorcières est, ainsi que toutes les autres, fort sujette à variations et à mécomptes... Il faut le dire en gémissant, le monde n'a eu le bonheur de posséder la Sibylle que 74 ans 9 mois et 9 jours ! Au reste, il pourrait bien en être des sorcières se trompant dans les oracles qui les concernent, comme des médecins, des avocats et des prêtres, qui lorsque il s'agit de leur métier dans leurs propres affaires, ont peur les uns de mourir, les autres de perdre leur procès, et les derniers d'aller au diable, tous gens fort savants, mais peu sûrs de leur fait.
Eh bien ! après cette déconvenue patente, fiez-vous aux tireuses de cartes et aux Sibylles, fussent-elles de Tibur, de Cumes ou de la rue de Tournon.
http://www.bmlisieux.com/normandie/sybille.htm


Ainsi, Mlle Lenormand aurait prédit, après son expulsion de Paris en 1808, la chute de Napoléon et la restauration des Bourbons.
MlleLenormand, royaliste dans l'âme, vit revenir les Bourbons avec joie.  Louis XVIII, parait-il,  voulut la voir. Elle fut également très bien accueillie par le tsar Alexandre et les autres souverains lorsqu’elle alla, pendant le congrès, faire un voyage à Aix-la-Chapelle.
A la suite de l’assassinat du duc de Berry, elle émigra, avec de nombreux opposants politiques, à Bruxelles.  Elle est arrêtée, en 1821, sur des accusations d’espionnage pour avoir énoncé dans la Sybille au congrès d’Aix-la-Chapelle, quelques idées peu orthodoxes. Elle eut droit à un procès pour sorcellerie.  (    )
Libérée en 1830, après la Révolution de Juillet, elle finit ses jours à Paris, laissant une fortune considérable.

Melle Lenormand publia des Mémoires historiques et secrets de l’impératrice Joséphine, 1827, 3 vol. in-8°, témoignage de sa reconnaissance pour son impériale cliente.




Joséphine se faisant tirer les cartes :




Singulièrement, Mlle Lenormand qui avait pourtant l'esprit ouvert à toutes les expériences ne semble pas s'être adonnée aux joies ( ou émotions )  de la boule de cristal !        
A chacun ses spécialités, pas vrai ?!!  

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer le récit des tribulations ésotériques d'un autre grand sceptique, mon si cher prince de Ligne !

Le chevalier de Luxembourg m'avait donné du goût pour la sorcellerie. Je me fis garçon-sorcier pendant un an , mais malgré mon désir de trouver du merveilleux et tout ce qu'on fit pour m'en montrer, je quittai le métier sans qu'on réussît. En vain, je passais des nuits chez une vieille comtesse de Silly, au faubourg Saint-Marceau, où elle voyait des esprits, disait-elle, en ma présence. En vain un certain Chavigny me travailla; en vain un nommé Beauregard, le nuit du jeudi saint au vendredi, fit des cercles et des conjurations horribles autour de moi, de M. le duc de Chartres d'alors, et de Fitz-James. Celui-ci, en signant de son nom,  renversa l'écritoire de notre pacte avec le diable qui, furieux vraisemblablement de cette inattention, ne voulut point venir.
Un abbé Beudet ou Budet me donnait des leçons comme un maître à danser. Il me dit un jour: " Je ne puis vous voir demain. Oh ! non, c'est impossible ", et, comptant sur ses doigts: " mais après demain sans faute, parce qu'il me faut le temps d'aller et revenir de Philadelphie où nous avons une réunion d'esprits aériens ."

Mme de Sabran a écrit:
Il est tout à fait extraordinaire qu'au Siècle des Lumières les sciences occultes et autres charlataneries aient pu toucher un très vaste public, ébranler la crédulité des foules, faire des adeptes, se propager à travers l'Europe entière ...  

Je ne pense pas que le XXIe, avec ses théories du complots, ses aliens, sa fin du monde maya et ses médias sensationnalistes puisse faire la moindre critique aux siècles antérieurs là dessus.

Oh comme c'est vrai, mon petit Lulu !
... toujours ce même talon d'Achille .

voici une biographie sur la demoiselle que je ne connais pas, mais par contre j'ai lu il y a quelques mois une biographie romancée très agréable dont il faut que je vous donne les références dès demain, car à cause de la chaleur j'abandonne le chaudron qui est mon bureau et un grand plouf dans la piscine.

MARIE ANTOINETTE

Vous nous aviez raconté, chère Marie-Antoinette, je ne sais plus quelle histoire d'araignée dans un caillou d'ambre ...

Merci chère Eléonore pour avoir ouvert ce sujet. Il n’y a qu’à se rappeler comment Casanova abusa de la crédulité de Mme d’Urfé pour se rappeler que le siècle était ouvert à toutes les croyances occultes.

Mme de Pompadour ne couchât-elle pas sa devineresse sur son testament ?

Quid de Joséphine qui aurait dit à la duchesse d’Aiguillon, dans une geôle de la Terreur, qu’elle deviendrait sa dame d’honneur ?

Gouverneur Morris a écrit:

Mme de Pompadour ne couchât-elle pas sa devineresse sur son testament ?

Ah bon ! à ce point ?!!

Une légende raconte qu'à neuf ans, elle est allée consulter avec sa mère une voyante qui se serait exclamée « vous serez la maîtresse du roi ». Toujours est-il lorsqu'on décachètera le testament de la marquise, on découvre qu'une dame Lebon, voyante parisienne, se voit allouer une pension de six cents livres par an.

(wiki)

On en parle ici :

https://marie-antoinette.forumactif.org/t805-la-marquise-de-pompadour

Merci, mon cher Momo .
Après tout, Mitterrand lui-même n'écoutait-il pas sa Mme Tessier ! C'est ce que l'on raconte, en tous cas .
Il semble que Marie-Antoinette aussi était un tantinet superstitieuse. Je pense à sa réflexion sur les bougies rapportée par Mme Campan, ou bien à sa petite phrase : " Je porte malheur à ceux qui m'aiment. "

la biographie romancée que j'ai évoquée hier est à lire sous un grand parasol avec une boisson fraiche un jour de canicule.


le bloc d'ambre avec araignée appartenant à la reine avait été offert à MADAME DE TOURZEL, on peut le voir au chateau d'AINAY LE VIEL appartenant toujours à ses descendants.

MARIE ANTOINETTE

... beurk !
Mais dites-nous, chère Marie-Antoinette, quel rapport y a-t-il entre cette araignée prisonnière de son morceau d'ambre et Mlle Lenormand ?
Est-ce un talisman, par exemple ?

j'ai répondu à un message de votre part en date du 7 aout au sujet de l'objet en vous mettant à nouveau sa photo, mais rien à voir avec Melle LENORMAND, par contre la reine était superstitieuse.

MARIE ANTOINETTE

Merci, chère Marie-Antoinette .