Les laques du Japon dans la production de Martin Carlin
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Les laques du Japon dans la production de Martin Carlin
La présentation en vente aux enchères d'un bureau de pente, estampillé de Martin Carlin, nous donne l'occasion d'évoquer ici l'emploi des laques du Japon dans la production de Martin Carlin.
Je cite des extraits de l'intéressante note au catalogue de Christie's Paris, pour ce lot présenté à l'occasion de la vente Collection Juan de Beistegui que nous évoquons depuis plusieurs jours.
BUREAU DE PENTE D'EPOQUE LOUIS XVI
ESTAMPILLE DE MARTIN CARLIN, VERS 1780
En laque hiramaki-e, takamaki-e et kirikane, Japon, XVIIe siècle, aventurine, placage toutes faces d'ébène des Indes et poirier noirci, et pour l'intérieur d'érable et houx teintés, ornementation de bronze ciselé et doré, le dessus de marbre brocatelle d'Espagne (...)
Estampillé M.CARLIN et JME sur la traverse arrière et sur la traverse latérale gauche, avec deux étiquettes crèmes inscrites au crayon "256 / Lord Lansdowne", et "4".
Photo : Christie's
Note au catalogue (extraits) :
Cet écrin tout en contrastes noir et or en laque du Japon est représentatif du second pan de la production de Carlin placée sous le sceau du luxe, le premier étant consacré aux meubles à plaques de porcelaine de Sèvres.
L’essor de la carrière de Martin Carlin (v. 1730-1785) est finalement assez fulgurant et s’explique probablement par les relations étroites qu’il entretient avec R.V.L.C. et Oeben.
Très vite il ne travaille qu’exclusivement pour les marchands-merciers les plus inventifs et exigeants : Simon Philippe Poirier, Dominique Daguerre ou encore les frères Darnault. Ce canal lui permet ainsi d’accéder à des matériaux rares et de choix pour ses meubles luxueux que sont les bois exotiques, les plaques de porcelaine ou encore les laques de Chine et du Japon à l’instar du présent bureau de pente.
Photo : Christie's
LES LAQUES DU JAPON DANS LA PRODUCTION DE CARLIN
A partir de 1765, la production de Carlin est principalement consacrée aux meubles de porcelaine, et ce jusqu’à la fin des années 70 - début 1780, pour se consacrer aux meubles parés de rares panneaux en laque japonais.
En effet, ce matériau connaît un regain d’intérêt en France notamment sous l’impulsion de Marie-Antoinette alors qu’elle complète la collection d’objets en laque du Japon héritée de sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse.
Par l’intermédiaire des frères Darnault, Carlin meuble l’intérieur des élites du royaume de pièces ornées de ces panneaux raffinés d’Extrême-Orient.
Il livre ainsi pour Mesdames au château de Bellevue une série de meubles en laque du Japon ; en 1781 pour Madame Adélaïde une commode-secrétaire (qui a depuis malheureusement perdu ses panneaux de laque) et deux encoignures (Musée du Louvre ; inv. OA 5467) pour son grand cabinet ; puis après sa mort en 1785, pour Madame Victoire une commode (inv. OA 5498), une paire d’encoignures (inv. OA 5499), une console, une table chiffonnière (inv. OA 5470) et un bureau (inv. OA 10419). Ces deux ensembles, hormis la console, sont conservés au Louvre.
Par l’intermédiaire de Daguerre, Carlin a par ailleurs livré une impressionnante commode à encoignures pour l’hôtel de Madame de Brunoy, faubourg Saint-Honoré, également conservée au Louvre (inv. OA 5472).
(...)
Nous illustrerons ces meubles à une autre occasion...
En plus de l’emploi des panneaux de laque du Japon, notre bureau reprend le vocabulaire de Carlin : le choix de l’ébène pour mettre en valeur les panneaux de laque (contrairement à Weisweiler qui recourt principalement à l’acajou) ; des pieds élancés et fuselés aux cannelures rudentées de tiges d’asperge que l’on retrouve par ailleurs sur le bureau de Madame Victoire à Bellevue ou encore sur le secrétaire en cabinet de Mademoiselle Laguerre ; une marqueterie losangique à l’intérieur ; et l’ornementation de bronze ciselé et doré par une main récurrente, un certain « S. Prevost ciseleur » révélé dans l’inventaire après décès de Carlin.
Le laque est un matériau soumis à une double contrainte.
La première réside en la rareté-même de ces panneaux comme l’illustre le réemploi des panneaux de la commode de Madame Victoire provenant d’un cabinet du duc d’Aumont acheté 2.449 L à sa vente en 1782 par les Darnault.
La seconde contrainte est la technicité particulièrement pointue de l’incorporation du laque prélevé sur les coffres et les paravents importés de Chine et du Japon sur les meubles européens que l’on comprend à travers les mots d’André Jacques Roubo (1739-1791) dans son recueil L’Art du menuisier, ébéniste :
« La laque qu’on emploie ordinairement en Ebénisterie, se prend dans des feuilles (…), qui, pour la plupart, sont vernies et peintes des deux côtés, et qu’on refend au milieu de leur épaisseur pour les diminuer ensuite au rabot et les mettre en état d’être plaquées sur des fonds de Menuiserie ordinaire.
Il faut prendre beaucoup de précautions (…) de crainte de faire fendre ou éclater le vernis (….). ; après quoi on les plaque sur l’ouvrage à l’ordinaire, en prenant toutefois la précaution de les faire chauffer.(…) on entourne les joints des ouvrages de laque de rapport avec des ornements ou des cadres de cuivre, parce que quelques précautions qu’on prenne en coupant les feuilles de laque, il est bien difficile de n’y pas faire quelques éclats. »
Ici, Carlin mêle avec goût trois techniques japonaises de laque :
L’hiramaki-e consistant en la pulvérisation sur un décor de laque encore frais d’une seule couche de poudre d’or (ou d’argent) qui en séchant absorbe la poudre et devient lisse en surface.
Le takamaki-e est quant à lui un décor en relief modelé à partir de poudre de charbon ou de laque appliqué sur un fond laqué ; et enfin le kirikane qui se reconnaît par ces minuscules carrés de feuilles d’or (ou d’argent) disposés à la manière des tesselles de mosaïque.
Source et infos complémentaires : Christie's - Collection Juan de Besteigui
Je cite des extraits de l'intéressante note au catalogue de Christie's Paris, pour ce lot présenté à l'occasion de la vente Collection Juan de Beistegui que nous évoquons depuis plusieurs jours.
BUREAU DE PENTE D'EPOQUE LOUIS XVI
ESTAMPILLE DE MARTIN CARLIN, VERS 1780
En laque hiramaki-e, takamaki-e et kirikane, Japon, XVIIe siècle, aventurine, placage toutes faces d'ébène des Indes et poirier noirci, et pour l'intérieur d'érable et houx teintés, ornementation de bronze ciselé et doré, le dessus de marbre brocatelle d'Espagne (...)
Estampillé M.CARLIN et JME sur la traverse arrière et sur la traverse latérale gauche, avec deux étiquettes crèmes inscrites au crayon "256 / Lord Lansdowne", et "4".
Photo : Christie's
Note au catalogue (extraits) :
Cet écrin tout en contrastes noir et or en laque du Japon est représentatif du second pan de la production de Carlin placée sous le sceau du luxe, le premier étant consacré aux meubles à plaques de porcelaine de Sèvres.
L’essor de la carrière de Martin Carlin (v. 1730-1785) est finalement assez fulgurant et s’explique probablement par les relations étroites qu’il entretient avec R.V.L.C. et Oeben.
Très vite il ne travaille qu’exclusivement pour les marchands-merciers les plus inventifs et exigeants : Simon Philippe Poirier, Dominique Daguerre ou encore les frères Darnault. Ce canal lui permet ainsi d’accéder à des matériaux rares et de choix pour ses meubles luxueux que sont les bois exotiques, les plaques de porcelaine ou encore les laques de Chine et du Japon à l’instar du présent bureau de pente.
Photo : Christie's
LES LAQUES DU JAPON DANS LA PRODUCTION DE CARLIN
A partir de 1765, la production de Carlin est principalement consacrée aux meubles de porcelaine, et ce jusqu’à la fin des années 70 - début 1780, pour se consacrer aux meubles parés de rares panneaux en laque japonais.
En effet, ce matériau connaît un regain d’intérêt en France notamment sous l’impulsion de Marie-Antoinette alors qu’elle complète la collection d’objets en laque du Japon héritée de sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse.
Par l’intermédiaire des frères Darnault, Carlin meuble l’intérieur des élites du royaume de pièces ornées de ces panneaux raffinés d’Extrême-Orient.
Il livre ainsi pour Mesdames au château de Bellevue une série de meubles en laque du Japon ; en 1781 pour Madame Adélaïde une commode-secrétaire (qui a depuis malheureusement perdu ses panneaux de laque) et deux encoignures (Musée du Louvre ; inv. OA 5467) pour son grand cabinet ; puis après sa mort en 1785, pour Madame Victoire une commode (inv. OA 5498), une paire d’encoignures (inv. OA 5499), une console, une table chiffonnière (inv. OA 5470) et un bureau (inv. OA 10419). Ces deux ensembles, hormis la console, sont conservés au Louvre.
Par l’intermédiaire de Daguerre, Carlin a par ailleurs livré une impressionnante commode à encoignures pour l’hôtel de Madame de Brunoy, faubourg Saint-Honoré, également conservée au Louvre (inv. OA 5472).
(...)
Nous illustrerons ces meubles à une autre occasion...
En plus de l’emploi des panneaux de laque du Japon, notre bureau reprend le vocabulaire de Carlin : le choix de l’ébène pour mettre en valeur les panneaux de laque (contrairement à Weisweiler qui recourt principalement à l’acajou) ; des pieds élancés et fuselés aux cannelures rudentées de tiges d’asperge que l’on retrouve par ailleurs sur le bureau de Madame Victoire à Bellevue ou encore sur le secrétaire en cabinet de Mademoiselle Laguerre ; une marqueterie losangique à l’intérieur ; et l’ornementation de bronze ciselé et doré par une main récurrente, un certain « S. Prevost ciseleur » révélé dans l’inventaire après décès de Carlin.
Le laque est un matériau soumis à une double contrainte.
La première réside en la rareté-même de ces panneaux comme l’illustre le réemploi des panneaux de la commode de Madame Victoire provenant d’un cabinet du duc d’Aumont acheté 2.449 L à sa vente en 1782 par les Darnault.
La seconde contrainte est la technicité particulièrement pointue de l’incorporation du laque prélevé sur les coffres et les paravents importés de Chine et du Japon sur les meubles européens que l’on comprend à travers les mots d’André Jacques Roubo (1739-1791) dans son recueil L’Art du menuisier, ébéniste :
« La laque qu’on emploie ordinairement en Ebénisterie, se prend dans des feuilles (…), qui, pour la plupart, sont vernies et peintes des deux côtés, et qu’on refend au milieu de leur épaisseur pour les diminuer ensuite au rabot et les mettre en état d’être plaquées sur des fonds de Menuiserie ordinaire.
Il faut prendre beaucoup de précautions (…) de crainte de faire fendre ou éclater le vernis (….). ; après quoi on les plaque sur l’ouvrage à l’ordinaire, en prenant toutefois la précaution de les faire chauffer.(…) on entourne les joints des ouvrages de laque de rapport avec des ornements ou des cadres de cuivre, parce que quelques précautions qu’on prenne en coupant les feuilles de laque, il est bien difficile de n’y pas faire quelques éclats. »
Ici, Carlin mêle avec goût trois techniques japonaises de laque :
L’hiramaki-e consistant en la pulvérisation sur un décor de laque encore frais d’une seule couche de poudre d’or (ou d’argent) qui en séchant absorbe la poudre et devient lisse en surface.
Le takamaki-e est quant à lui un décor en relief modelé à partir de poudre de charbon ou de laque appliqué sur un fond laqué ; et enfin le kirikane qui se reconnaît par ces minuscules carrés de feuilles d’or (ou d’argent) disposés à la manière des tesselles de mosaïque.
Source et infos complémentaires : Christie's - Collection Juan de Besteigui
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les laques du Japon dans la production de Martin Carlin
La nuit, la neige a écrit:
Comment ??!! Le dos n'est pas décoré de panneaux de laque ??
Comme dirait le général De Gaulle : " ... ça craint . "
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les laques du Japon dans la production de Martin Carlin
Je complète ce sujet, bien mince, avec cette annonce en vente aux enchères de ces deux petits meubles ravissants. A noter : 16 photos au catalogue numérique pour ce lot, mais pas une seule les meubles ouverts...
Secrétaire et semainier formant paire d'époque Louis XVI
Estampille de Martin Carlin, vers 1780
En placage d'acajou et amarante, ornementation de laiton et de bronze ciselé et doré, tôle laquée noir, à décor de panneaux de laque de takamaki-e, les plateaux en marbre brocatelle d'Espagne, le secrétaire à abattant gainé de cuir vert doré aux petits fers, découvrant trois tablettes et deux tiroirs, à décor d'oies et d'oiseaux, les montants à colonnes détachées, le semainier ouvrant à un vantail découvrant sept tiroirs, les piètements ouvrant à un tiroir à motif de losanges, les pieds octogonaux ornés de cannelures simulées réunis par une tablette d'entretoise, chacun estampillé, le semainier une fois CARLIN et deux fois JME, le secrétaire deux fois CARLIN une fois JME sous la ceinture à gauche, avec un morceau d'étiquette inscrite Jersey à l'encre à l'arrière du tiroir du piètement ; l'entretoise du secrétaire remplacée
H.: 119 cm. (47 in.) ; L.: 52 cm. (20 1⁄2 in.) ; P.: 32 cm. (12 3⁄4 in.)
Martin Carlin, reçu maître en 1766
Provenance :
Probablement acquis par l'intermédaire de Dominique Daguerre par Sarah Anne Child, Countess of Westmorland pour Berkeley Square, puis par descendance à sa fille Sarah, mariée au 5e Earl of Jersey en 1804 ;
Puis par descendance aux Earl of Jersey à Osterley Park, Middlesex et Middleton Park, Oxfordshire, jusque dans les années 1934.
(...)
Lot Essay
Cette remarquable paire de meubles illustre la rencontre des arts décoratifs orientaux et occidentaux, œuvre des marchands-merciers. Ces derniers adaptent des cabinets importés d'Asie, notamment de Chine et du Japon. L'arrivée du néo-classicisme convient particulièrement bien à la structure géométrique des cabinets asiatiques. Les plus grands ébénistes s'essayent à cet exercice et Martin Carlin excelle dans la mise en valeur des panneaux de laque.
La structure des secrétaires ornée de panneaux de laque oriental est souvent récurrente. Les parties supérieures et latérales sont composées des côtés et des vantaux du cabinet. L'exemple le plus célèbre de ces remontages est certainement l'achat par les frères Darnault d'une paire de cabinets du Japon lors de la vente du duc d'Aumont en 1782 et la création, à partir de ces laques, d'un ensemble de meubles livré en 1785 par Martin Carlin à Mesdames pour leur château de Bellevue aujourd'hui au musée du Louvre (cf. D. Alcouffe et al, Le Mobilier du Musée du Louvre, Tome I, Dijon, 1993, pp. 254-259).
LE LUXE SELON MARTIN CARLIN
Cet écrin tout en contrastes noir et or en laque du Japon est représentatif du second pan de la production de Carlin placée sous le sceau du luxe, le premier étant consacré aux meubles à plaques de porcelaine de Sèvres.
L’essor de la carrière de Martin Carlin (1730-1785) est finalement assez fulgurant et s’explique probablement par les relations étroites qu’il entretient avec R.V.L.C. et Oeben. Très vite il travaille exclusivement pour les marchands-merciers les plus inventifs et exigeants : Simon Philippe Poirier, Dominique Daguerre ou encore les frères Darnault. Ce canal lui permet ainsi d’accéder à des matériaux rares et de choix pour ses meubles luxueux que sont les bois exotiques, les plaques de porcelaine ou encore les laques de Chine et du Japon à l’instar de notre présente paire de secrétaires.
A partir de 1780, Carlin se consacre aux meubles parés de rares panneaux en laque japonaise. En effet, ce matériau connaît un regain d’intérêt en France notamment sous l’impulsion de Marie-Antoinette alors qu’elle complète la collection d’objets en laque du Japon héritée de sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse.
Le propos des marchands-merciers est de flairer ou provoquer les tendances du moment, ils sont devenus des incitateurs, des entraîneurs, renouvelant l’intérêt, accélérant même l’évolution des styles, tenant habilement leur clientèle en haleine. (P. Verlet, "Le commerce des objets d’art et les marchands merciers à Paris au XVIIIe siècle", in Annales de l’économie, 1958, vol. XIII, pp. 10-29).
Par l’intermédiaire des frères Darnault, Carlin meuble l’intérieur des élites du royaume de pièces ornées de ces panneaux raffinés d’Extrême-Orient. Il livre ainsi pour Mesdames au château de Bellevue une série de meubles en laque du Japon ; en 1781 pour Madame Adélaïde une commode-secrétaire (qui a depuis malheureusement perdu ses panneaux de laque) et deux encoignures (Musée du Louvre ; inv. OA 5467) pour son grand cabinet ; puis après sa mort en 1785, pour Madame Victoire une commode (inv. OA 5498), une paire d’encoignures (inv. OA 5499), une console, une table chiffonnière (inv. OA 5470) et un bureau (inv. OA 10419). Ces deux ensembles, hormis la console, sont conservés au Louvre.
Par l’intermédiaire de Daguerre, Carlin a par ailleurs livré une impressionnante commode à encoignures pour l’hôtel de Madame de Brunoy, faubourg Saint-Honoré, également conservée au Louvre (inv. OA 5472).
Du corpus restreint de meubles en laque du Japon réalisés par Carlin, citons également le secrétaire en cabinet livré à Mademoiselle Laguerre (vente Christie’s, Londres, 9 décembre 1982, lot 74) et illustré dans A. Pradère, Les Ebénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, 1989, p. 353.
LES LAQUES JAPONNAISES
La laque est un matériau soumis à une double contrainte. La première réside en la rareté-même de ces panneaux comme l’illustre le réemploi des panneaux de la commode de Madame Victoire provenant d’un cabinet du duc d’Aumont achetée 2.449 L à sa vente en 1782 par les Darnault.
La seconde contrainte est la technicité particulièrement pointue de l’incorporation de la laque prélevée sur les coffres et les paravents importés de Chine et du Japon pour des meubles européens que l’on comprend à travers les mots d’André Jacques Roubo (1739-1791) dans son recueil L’Art du menuisier, ébéniste :
La laque qu’on emploie ordinairement en Ebénisterie, se prend dans des feuilles (…), qui, pour la plupart, sont vernies et peintes des deux côtés, et qu’on refend au milieu de leur épaisseur pour les diminuer ensuite au rabot et les mettre en état d’être plaquées sur des fonds de Menuiserie ordinaire. Il faut prendre beaucoup de précautions (…) de crainte de faire fendre ou éclater le vernis (….). ; après quoi on les plaque sur l’ouvrage à l’ordinaire, en prenant toutefois la précaution de les faire chauffer.
(…) on entourne les joints des ouvrages de laque de rapport avec des ornements ou des cadres de cuivre, parce que quelques précautions qu’on prenne en coupant les feuilles de laque, il est bien difficile de n’y pas faire quelques éclats.
Avec la présente paire de meubles, Carlin travaille avec un technique de laque japonaise inhabituelle : le takamaki-e est un décor en relief modelé à partir de poudre de charbon. Le choix de l’acajou pour mettre en valeur les panneaux de laque est plus typique quant à lui de la production d’Adam Weisweiler, mais se justifie pour faire le lien avec le fond des panneaux de laque en bois naturel.
De même, la ceinture de nos meubles avec ce décor de losanges reprend un motif identique d’un secrétaire en cabinet de Weisweiller pourvu d’une décoration de panneaux en pierres dures ( P. Lemonnier, Weisweiler, Paris, 1983, p. 69). Enfin, l’entretoise, présente lors de la vente du secrétaire en 1957, avec ses motifs d’enroulement est également à rapprocher de la production de Weisweiller. L’ornementation de bronze ciselé et doré et particulièrement les deux colonnes détachées réalisées en plusieurs éléments sont typiques de la production de Carlin, probablement réalisées par une main récurrente, un certain S. Prevost ciseleur révélé dans l’inventaire après décès de Carlin.
LA PROVENANCE ANGLAISE
Robert Child (1739-1782) banquier et homme politique anglais a acheté le 38 Berkeley Square au comte de Manchester en 1767 et fait réaliser la décoration par Robert Adam. En 1804, Lady Sarah Fane, âgée de dix-neuf ans, sa petite-fille et héritière, épouse le 5e comte de Jersey (1773-1859). Ses parents, le comte et la comtesse de Westmorland, s'étaient enfuis de la demeure familiale et pour se venger de son gendre, Robert Child rédige son testament en excluant les petits-enfants mâles. Sophia Fane devient l'héritière de son domaine et de sa maison d'Osterley dans le Middlesex, ainsi que de la Child's Bank.
Sarah Sophia Child Villiers, Countess of Jersey (née Fane) (1785-1867)
Alfred Edward Chalon (1780-1860)
Portrait miniature on ivory, 19th century
Image : Bonhams
Les premières années de son mariage sont consacrées à l'agrandissement et, probablement, à l'ameublement de la maison familiale de Jersey à Middleton Park dans l'Oxfordshire. Avec le concours de l'architecte Thomas Cundy, ils transforment la propriété, en ajoutant un portique ionique (H. Colvin, Biographical Dictionary of British Architects, Londres, 3e édition, 1995, p. 285). Des aquarelles contemporaines montrent des intérieurs avec notamment un salon à la mode extrême-orientale. Il est également fort probable que le mobilier français vendu lors de la vente de la maison en 1934 ait été acheté à cette époque.
The Earl of Jersey's seat at Middleton Stoney, Oxfordshire
from Oxfordshire, The history and antiquities of the hundreds
of Bullington and Ploughley by J Dunkin (1823)
Image : RegencyHistory
* Source et infos complémentaires : Christie's Paris - Vente Le Grand Style...(30 juin 2022)
Secrétaire et semainier formant paire d'époque Louis XVI
Estampille de Martin Carlin, vers 1780
En placage d'acajou et amarante, ornementation de laiton et de bronze ciselé et doré, tôle laquée noir, à décor de panneaux de laque de takamaki-e, les plateaux en marbre brocatelle d'Espagne, le secrétaire à abattant gainé de cuir vert doré aux petits fers, découvrant trois tablettes et deux tiroirs, à décor d'oies et d'oiseaux, les montants à colonnes détachées, le semainier ouvrant à un vantail découvrant sept tiroirs, les piètements ouvrant à un tiroir à motif de losanges, les pieds octogonaux ornés de cannelures simulées réunis par une tablette d'entretoise, chacun estampillé, le semainier une fois CARLIN et deux fois JME, le secrétaire deux fois CARLIN une fois JME sous la ceinture à gauche, avec un morceau d'étiquette inscrite Jersey à l'encre à l'arrière du tiroir du piètement ; l'entretoise du secrétaire remplacée
H.: 119 cm. (47 in.) ; L.: 52 cm. (20 1⁄2 in.) ; P.: 32 cm. (12 3⁄4 in.)
Martin Carlin, reçu maître en 1766
Provenance :
Probablement acquis par l'intermédaire de Dominique Daguerre par Sarah Anne Child, Countess of Westmorland pour Berkeley Square, puis par descendance à sa fille Sarah, mariée au 5e Earl of Jersey en 1804 ;
Puis par descendance aux Earl of Jersey à Osterley Park, Middlesex et Middleton Park, Oxfordshire, jusque dans les années 1934.
(...)
Lot Essay
Cette remarquable paire de meubles illustre la rencontre des arts décoratifs orientaux et occidentaux, œuvre des marchands-merciers. Ces derniers adaptent des cabinets importés d'Asie, notamment de Chine et du Japon. L'arrivée du néo-classicisme convient particulièrement bien à la structure géométrique des cabinets asiatiques. Les plus grands ébénistes s'essayent à cet exercice et Martin Carlin excelle dans la mise en valeur des panneaux de laque.
La structure des secrétaires ornée de panneaux de laque oriental est souvent récurrente. Les parties supérieures et latérales sont composées des côtés et des vantaux du cabinet. L'exemple le plus célèbre de ces remontages est certainement l'achat par les frères Darnault d'une paire de cabinets du Japon lors de la vente du duc d'Aumont en 1782 et la création, à partir de ces laques, d'un ensemble de meubles livré en 1785 par Martin Carlin à Mesdames pour leur château de Bellevue aujourd'hui au musée du Louvre (cf. D. Alcouffe et al, Le Mobilier du Musée du Louvre, Tome I, Dijon, 1993, pp. 254-259).
LE LUXE SELON MARTIN CARLIN
Cet écrin tout en contrastes noir et or en laque du Japon est représentatif du second pan de la production de Carlin placée sous le sceau du luxe, le premier étant consacré aux meubles à plaques de porcelaine de Sèvres.
L’essor de la carrière de Martin Carlin (1730-1785) est finalement assez fulgurant et s’explique probablement par les relations étroites qu’il entretient avec R.V.L.C. et Oeben. Très vite il travaille exclusivement pour les marchands-merciers les plus inventifs et exigeants : Simon Philippe Poirier, Dominique Daguerre ou encore les frères Darnault. Ce canal lui permet ainsi d’accéder à des matériaux rares et de choix pour ses meubles luxueux que sont les bois exotiques, les plaques de porcelaine ou encore les laques de Chine et du Japon à l’instar de notre présente paire de secrétaires.
A partir de 1780, Carlin se consacre aux meubles parés de rares panneaux en laque japonaise. En effet, ce matériau connaît un regain d’intérêt en France notamment sous l’impulsion de Marie-Antoinette alors qu’elle complète la collection d’objets en laque du Japon héritée de sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse.
Le propos des marchands-merciers est de flairer ou provoquer les tendances du moment, ils sont devenus des incitateurs, des entraîneurs, renouvelant l’intérêt, accélérant même l’évolution des styles, tenant habilement leur clientèle en haleine. (P. Verlet, "Le commerce des objets d’art et les marchands merciers à Paris au XVIIIe siècle", in Annales de l’économie, 1958, vol. XIII, pp. 10-29).
Par l’intermédiaire des frères Darnault, Carlin meuble l’intérieur des élites du royaume de pièces ornées de ces panneaux raffinés d’Extrême-Orient. Il livre ainsi pour Mesdames au château de Bellevue une série de meubles en laque du Japon ; en 1781 pour Madame Adélaïde une commode-secrétaire (qui a depuis malheureusement perdu ses panneaux de laque) et deux encoignures (Musée du Louvre ; inv. OA 5467) pour son grand cabinet ; puis après sa mort en 1785, pour Madame Victoire une commode (inv. OA 5498), une paire d’encoignures (inv. OA 5499), une console, une table chiffonnière (inv. OA 5470) et un bureau (inv. OA 10419). Ces deux ensembles, hormis la console, sont conservés au Louvre.
Par l’intermédiaire de Daguerre, Carlin a par ailleurs livré une impressionnante commode à encoignures pour l’hôtel de Madame de Brunoy, faubourg Saint-Honoré, également conservée au Louvre (inv. OA 5472).
Du corpus restreint de meubles en laque du Japon réalisés par Carlin, citons également le secrétaire en cabinet livré à Mademoiselle Laguerre (vente Christie’s, Londres, 9 décembre 1982, lot 74) et illustré dans A. Pradère, Les Ebénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, 1989, p. 353.
LES LAQUES JAPONNAISES
La laque est un matériau soumis à une double contrainte. La première réside en la rareté-même de ces panneaux comme l’illustre le réemploi des panneaux de la commode de Madame Victoire provenant d’un cabinet du duc d’Aumont achetée 2.449 L à sa vente en 1782 par les Darnault.
La seconde contrainte est la technicité particulièrement pointue de l’incorporation de la laque prélevée sur les coffres et les paravents importés de Chine et du Japon pour des meubles européens que l’on comprend à travers les mots d’André Jacques Roubo (1739-1791) dans son recueil L’Art du menuisier, ébéniste :
La laque qu’on emploie ordinairement en Ebénisterie, se prend dans des feuilles (…), qui, pour la plupart, sont vernies et peintes des deux côtés, et qu’on refend au milieu de leur épaisseur pour les diminuer ensuite au rabot et les mettre en état d’être plaquées sur des fonds de Menuiserie ordinaire. Il faut prendre beaucoup de précautions (…) de crainte de faire fendre ou éclater le vernis (….). ; après quoi on les plaque sur l’ouvrage à l’ordinaire, en prenant toutefois la précaution de les faire chauffer.
(…) on entourne les joints des ouvrages de laque de rapport avec des ornements ou des cadres de cuivre, parce que quelques précautions qu’on prenne en coupant les feuilles de laque, il est bien difficile de n’y pas faire quelques éclats.
Avec la présente paire de meubles, Carlin travaille avec un technique de laque japonaise inhabituelle : le takamaki-e est un décor en relief modelé à partir de poudre de charbon. Le choix de l’acajou pour mettre en valeur les panneaux de laque est plus typique quant à lui de la production d’Adam Weisweiler, mais se justifie pour faire le lien avec le fond des panneaux de laque en bois naturel.
De même, la ceinture de nos meubles avec ce décor de losanges reprend un motif identique d’un secrétaire en cabinet de Weisweiller pourvu d’une décoration de panneaux en pierres dures ( P. Lemonnier, Weisweiler, Paris, 1983, p. 69). Enfin, l’entretoise, présente lors de la vente du secrétaire en 1957, avec ses motifs d’enroulement est également à rapprocher de la production de Weisweiller. L’ornementation de bronze ciselé et doré et particulièrement les deux colonnes détachées réalisées en plusieurs éléments sont typiques de la production de Carlin, probablement réalisées par une main récurrente, un certain S. Prevost ciseleur révélé dans l’inventaire après décès de Carlin.
LA PROVENANCE ANGLAISE
Robert Child (1739-1782) banquier et homme politique anglais a acheté le 38 Berkeley Square au comte de Manchester en 1767 et fait réaliser la décoration par Robert Adam. En 1804, Lady Sarah Fane, âgée de dix-neuf ans, sa petite-fille et héritière, épouse le 5e comte de Jersey (1773-1859). Ses parents, le comte et la comtesse de Westmorland, s'étaient enfuis de la demeure familiale et pour se venger de son gendre, Robert Child rédige son testament en excluant les petits-enfants mâles. Sophia Fane devient l'héritière de son domaine et de sa maison d'Osterley dans le Middlesex, ainsi que de la Child's Bank.
Sarah Sophia Child Villiers, Countess of Jersey (née Fane) (1785-1867)
Alfred Edward Chalon (1780-1860)
Portrait miniature on ivory, 19th century
Image : Bonhams
Les premières années de son mariage sont consacrées à l'agrandissement et, probablement, à l'ameublement de la maison familiale de Jersey à Middleton Park dans l'Oxfordshire. Avec le concours de l'architecte Thomas Cundy, ils transforment la propriété, en ajoutant un portique ionique (H. Colvin, Biographical Dictionary of British Architects, Londres, 3e édition, 1995, p. 285). Des aquarelles contemporaines montrent des intérieurs avec notamment un salon à la mode extrême-orientale. Il est également fort probable que le mobilier français vendu lors de la vente de la maison en 1934 ait été acheté à cette époque.
The Earl of Jersey's seat at Middleton Stoney, Oxfordshire
from Oxfordshire, The history and antiquities of the hundreds
of Bullington and Ploughley by J Dunkin (1823)
Image : RegencyHistory
* Source et infos complémentaires : Christie's Paris - Vente Le Grand Style...(30 juin 2022)
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les laques du Japon dans la production de Martin Carlin
Note au catalogue Christie's a écrit:
Par l’intermédiaire des frères Darnault, Carlin meuble l’intérieur des élites du royaume de pièces ornées de ces panneaux raffinés d’Extrême-Orient.
Il livre ainsi pour Mesdames au château de Bellevue une série de meubles en laque du Japon ; en 1781 pour Madame Adélaïde une commode-secrétaire (qui a depuis malheureusement perdu ses panneaux de laque) et deux encoignures (Musée du Louvre ; inv. OA 5467) pour son grand cabinet ; puis après sa mort en 1785, pour Madame Victoire une commode (inv. OA 5498), une paire d’encoignures (inv. OA 5499), une console, une table chiffonnière (inv. OA 5470) et un bureau (inv. OA 10419).
Commode à gradin (pour Madame Adélaïde au château de Bellevue ?)
Martin Carlin (ébéniste)
XVIIIe siècle
Bois, bronze doré, autrefois entièrement revêtue de laque
Musée du Louvre (OA 5272), en dépôt au château de Versailles
Image : 2015 Musée du Louvre
Vue sur une paire d'encoignures conçues pour le cabinet de Madame Adélaïde au château de Bellevue
Image : 2015 Musée du Louvre
Encoignure, d'une paire
Martin Carlin (ébéniste)
Vers 1781-82
Bâti de chêne ; placage d'ébène, de bois de rose et d'amarante ; laque du Japon ; aventurine ; filets d'étain ; bronze doré ; marbre blanc.
Musée du Louvre (OA 5467 2), dépôt au château de Versailles
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
D'une paire livrée en 1782 par les frères Darnault pour le Grand cabinet de Madame Adélaïde, fille de Louis XV, au château de Bellevue ; inventoriée à Bellevue en 1794 ; mentionnée au XIXème siècle au palais des Tuileries, puis au palais de Saint-Cloud (...)
Encoignure, d'une paire
Martin Carlin (ébéniste)
Vers 1781-82
Bâti de chêne ; placage d'ébène, de bois de rose et d'amarante ; laque du Japon ; aventurine ; filets d'étain ; bronze doré ; marbre blanc.
Musée du Louvre (OA 5467 1), dépôt au château de Versailles
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Ces deux encoignures appartiennent à un ensemble très luxueux de meubles ornés de laques du Japon, exécutés à partir de 1780 par Carlin pour Madame Adélaïde et Madame Victoire, les deux tantes de Louis XVI. Ces meubles étaient destinés à différentes pièces du château de Bellevue qu’elles avaient acheté au roi en 1775. Madame Adélaïde destinait ainsi ces encoignures à son Grand Cabinet, où elles étaient accompagnées d’une commode, désormais dépourvue de ses panneaux de laque, d’une console et d’un bureau. Cet ensemble montre que le goût pour le mobilier en laque était encore très vif en France, à la veille de la Révolution. Il montre aussi le mariage très réussi du répertoire de bronze antiquisant avec les somptueux laques à fond noir du Japon.
Commode à trois vantaux
Commande de Madame Victoire pour son grand cabinet au château de Bellevue
Martin Carlin (ébéniste)
Vers 1785
Musée du Louvre (OA 5498)
Bois, laque du Japon, bronze doré, marbre blanc
Image : 2012 Musée du Louvre / Thierry Ollivier
Commode à trois vantaux de Madame Victoire
Images : 2012 Musée du Louvre / Thierry Ollivier
Encoignure, d'une paire
Commande de Madame Victoire pour son grand cabinet au château de Bellevue
Martin Carlin
Vers 1785
Bois, laque du Japon, bronze doré, marbre blanc
Musée du Louvre (OA 5499 1)
Image : 2012 Musée du Louvre / Thierry Ollivier
Encoignure, d'une paire
Images : 2012 Musée du Louvre / Thierry Ollivier
Encoignure, d'une paire
Commande de Madame Victoire pour son grand cabinet au château de Bellevue
Martin Carlin (ébéniste)
Vers 1785
Bois, laque du Japon, bronze doré, marbre blanc
Musée du Louvre (OA 5499 2)
Image : 2012 Musée du Louvre / Thierry Ollivier
Image : 2012 Musée du Louvre / Thierry Ollivier
Table chiffonnière
Martin Carlin (ébéniste)
Vers 1785
Musée du Louvre (OA 5470)
Bâti de chêne ; placage d'ébène à dessus de marbre blanc, plateau inférieur de laque aventurine, autrefois entièrement revêtue de laque
Image : 2007 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi
Bureau plat
Estampilles et poinçons de Martin Carlin (ébéniste) et Caspar Schneider (ébéniste)
Vers 1784
en 1791 bureau du Cabinet Intérieur de Mme Adélaïde (à l'encre noire), inscription BV couronné
Bois, laque du Japon, bronze doré, garniture de maroquin vert-noir
Musée du Louvre OA 10419
Image : 2010 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola
Images : 2010 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola
Encoignure, d'une paire
Martin Carlin (ébéniste)
Vers 1780
Bois, laque du Japon, bronze doré, garniture de marbre blanc
Petit salon de Madame Adélaïde au château de Bellevue (inscriptions : "En 1791, encoignure du petit salon", marque au feu du Château de Bellevue)
Musée du Louvre (OA 5163 1)
Image : 2007 Musée du Louvre / Martine Beck-Coppola
Encoignure, d'une paire
Martin Carlin (ébéniste)
Vers 1780
Bois, laque du Japon, bronze doré, garniture de marbre blanc
Petit salon de Madame Adélaïde au château de Bellevue (inscriptions : "En 1791, encoignure du petit salon", marque au feu du Château de Bellevue)
Musée du Louvre (OA 5163 2)
Image : 2007 Musée du Louvre / Martine Beck-Coppola
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les laques du Japon dans la production de Martin Carlin
Je cite des extraits d'une présentation d'une petite table à pupitre présentée en vente aux enchères. Il est dit que Marie-Antoinette aurait offert deux tables comme celles-ci à son dévoué serviteur, Pierre-Charles Bonnefoy du Plan.
Pierre-Charles Bonnefoy du Plan
Joseph Boze
Pastel, 1783
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
Notre sujet : Pierre-Charles Bonnefoy du Plan
Table de salon
Martin Carlin, troisième quart du 18e siècle
Estampille M. CARLIN et portant l'estampille probablement apocryphe JME
Laque (Japon, fin du XVIIe - début du XVIIIe siècle), ébène et ornementation de bronze ciselé et doré et filets de laiton
Hauteur: 73,5 cm (29 in.) ; Largeur: 42,5 cm (16¾ in.) ; Profondeur: 31 cm. (12 1/3 in.)
Image : Christie's
Lot Essay
Cette remarquable table en pupitre fait partie d'un corpus très réduit d'oeuvres de Martin Carlin. Celui-ci comprend en premier lieu les deux tables conservées dans des collections publiques. La première est celle léguée en 1882 par John Jones au musée londonien qui deviendra le Victoria & Albert Museum (Inv. 1028-1882).
Reading Stand
Martin Carlin, ca. 1780
Oak veneered with Japanese lacquer and vernis Martin, with gilt-bronze mounts
Marks : M. CARLIN (Stamped under the right (proper left) side rail) ; JME (Stamped under right (proper left) side rail This is the mark of the juré des menuisiers-ébénistes, the ruling committee of the cabinet-making guild in Paris
Image : Victoria and Albert Museum
La seconde est celle donnée par M. et Mme René Grog au musée du Louvre en 1973 (Inv. OA 10466).
Table à écrire
vers 1775
Carlin, Martin, Atelier de
Image : 2015 Musée du Louvre / Antoine Mongodin
Ce corpus comprend également plusieurs tables apparues sur le marché de l'art. (...)
Il est intéressant de rapprocher notre table - et celles appartenant au même groupe - de la mention dans l'inventaire d'une importante cliente de Poirier et de Daguerre, Madame de Montessan, dressé en 1806 : Une petite chiffonière de bois de ébène et laque avec gaines et ornements de cuivre doré, le dessus aussi en laque s'ouvrant et servant du pupitre 100 francs.
Il semblerait que deux tables du même modèle aient appartenu à un serviteur fidèle et discret de la reine, chargé de son Garde-Meuble, Pierre-Charles Bonnefoy du Plan (1732-1824). Il les reçut probablement en cadeau de la souveraine. Inquiété pendant la Révolution, Bonnefoy fut cependant libéré et ses biens échappèrent à la saisie. En 1812, elles sont ainsi décrites : "les petites tables en lac noir aventurine dont les dessus formant pupitre à volonté avec galeries et tiroirs".
* Source texte et infos complémentaires : Christie's
Japanese lacquer table à pupitre
Attributed to Martin Carlin, circa 1775-1780
Image : Christie's
Images : Christie's
Combined work, writing, and reading table and music stand
Martin Carlin, ca 1775-80
Veneered on oak with ebony, tulipwood, and black and gold Japanese lacquer; mounts chased and gilded bronze
signed on underside of body, proper right corner: Martin Carlin JME
Image : The Metropolitan Museum of Art
Images : The Metropolitan Museum of Art
Pierre-Charles Bonnefoy du Plan
Joseph Boze
Pastel, 1783
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
Notre sujet : Pierre-Charles Bonnefoy du Plan
Table de salon
Martin Carlin, troisième quart du 18e siècle
Estampille M. CARLIN et portant l'estampille probablement apocryphe JME
Laque (Japon, fin du XVIIe - début du XVIIIe siècle), ébène et ornementation de bronze ciselé et doré et filets de laiton
Hauteur: 73,5 cm (29 in.) ; Largeur: 42,5 cm (16¾ in.) ; Profondeur: 31 cm. (12 1/3 in.)
Image : Christie's
Lot Essay
Cette remarquable table en pupitre fait partie d'un corpus très réduit d'oeuvres de Martin Carlin. Celui-ci comprend en premier lieu les deux tables conservées dans des collections publiques. La première est celle léguée en 1882 par John Jones au musée londonien qui deviendra le Victoria & Albert Museum (Inv. 1028-1882).
Reading Stand
Martin Carlin, ca. 1780
Oak veneered with Japanese lacquer and vernis Martin, with gilt-bronze mounts
Marks : M. CARLIN (Stamped under the right (proper left) side rail) ; JME (Stamped under right (proper left) side rail This is the mark of the juré des menuisiers-ébénistes, the ruling committee of the cabinet-making guild in Paris
Image : Victoria and Albert Museum
La seconde est celle donnée par M. et Mme René Grog au musée du Louvre en 1973 (Inv. OA 10466).
Table à écrire
vers 1775
Carlin, Martin, Atelier de
Image : 2015 Musée du Louvre / Antoine Mongodin
Ce corpus comprend également plusieurs tables apparues sur le marché de l'art. (...)
Il est intéressant de rapprocher notre table - et celles appartenant au même groupe - de la mention dans l'inventaire d'une importante cliente de Poirier et de Daguerre, Madame de Montessan, dressé en 1806 : Une petite chiffonière de bois de ébène et laque avec gaines et ornements de cuivre doré, le dessus aussi en laque s'ouvrant et servant du pupitre 100 francs.
Il semblerait que deux tables du même modèle aient appartenu à un serviteur fidèle et discret de la reine, chargé de son Garde-Meuble, Pierre-Charles Bonnefoy du Plan (1732-1824). Il les reçut probablement en cadeau de la souveraine. Inquiété pendant la Révolution, Bonnefoy fut cependant libéré et ses biens échappèrent à la saisie. En 1812, elles sont ainsi décrites : "les petites tables en lac noir aventurine dont les dessus formant pupitre à volonté avec galeries et tiroirs".
* Source texte et infos complémentaires : Christie's
Japanese lacquer table à pupitre
Attributed to Martin Carlin, circa 1775-1780
Image : Christie's
Images : Christie's
Combined work, writing, and reading table and music stand
Martin Carlin, ca 1775-80
Veneered on oak with ebony, tulipwood, and black and gold Japanese lacquer; mounts chased and gilded bronze
signed on underside of body, proper right corner: Martin Carlin JME
Image : The Metropolitan Museum of Art
Images : The Metropolitan Museum of Art
La nuit, la neige- Messages : 17719
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les laques du Japon dans la production de Martin Carlin
J'ajoute quelques autres meubles à cette galerie...
Commode
Martin Carlin, ca 1773
Japanese Lacquer On Oak Carcase, Ebony Veneers, Gilt-bronze Mounts And Cararra Marble Top
Legion of Honor Museum
Image : Fine Art Museums of San Francisco
Commode by Martin Carlin
Exhibit in the California Palace of the Legion of Honor, San Francisco
Image : Commons Wikimedia
Secrétaire à abattant
Martin Carlin, vers 1780
Laque du Japon à décor or sur fond noir de paysages montagneux et lacustres animés de personnages et de volatiles, placage d'ébène et de bois de rose, bois noirci, ornementation de bronze ciselé et doré et filets de laiton, le dessus de marbre brocatelle d'Espagne
Estampillé M.CARLIN et JME sur le montant avant gauche
Hauteur: 131 cm. (51½ in.) ; Largeur: 100 cm. (39½ in.) ; Profondeur: 46,5 cm. (18¼ in.)
Image : Christie's
Japanese black and gilt lacquer secrétaire à abattant
Martin Carlin, c. 1780
Stamped twice M Carlin JME
Image : Sotheby's
Writing Table (Bureau Plat)
Martin Carlin
c. 1783-1785
Oak carcase veneered with ebony and panels of Japanese lacquer (urushi) decorated with black ground and gold (hiramakie and takamakie), gilt brass mounts.
Stamped 'M.CARLIN' and 'JME' three times
Image : Victoria and Albert Museum, London
Images : Victoria and Albert Museum, London
Secrétaire (secrétaire à abattant)
Martin Carlin
c. 1785-90
Oak veneered with ebony; black, gold and aventurine lacker with mother of pearl, urushi lacquer.
Image : Victoria and Albert Museum, London
Image : Victoria and Albert Museum, London
Console
Martin Carlin
vers 1780-85
Laque du Japon du XVIIe siècle et placage d’ébène, ornementation de bronze ciselé et doré, marbre rouge griotte
Image : Christie's
Images : Twitter / Benjamin Randow
Commode
Martin Carlin, ca 1773
Japanese Lacquer On Oak Carcase, Ebony Veneers, Gilt-bronze Mounts And Cararra Marble Top
Legion of Honor Museum
Image : Fine Art Museums of San Francisco
Commode by Martin Carlin
Exhibit in the California Palace of the Legion of Honor, San Francisco
Image : Commons Wikimedia
Secrétaire à abattant
Martin Carlin, vers 1780
Laque du Japon à décor or sur fond noir de paysages montagneux et lacustres animés de personnages et de volatiles, placage d'ébène et de bois de rose, bois noirci, ornementation de bronze ciselé et doré et filets de laiton, le dessus de marbre brocatelle d'Espagne
Estampillé M.CARLIN et JME sur le montant avant gauche
Hauteur: 131 cm. (51½ in.) ; Largeur: 100 cm. (39½ in.) ; Profondeur: 46,5 cm. (18¼ in.)
Image : Christie's
Japanese black and gilt lacquer secrétaire à abattant
Martin Carlin, c. 1780
Stamped twice M Carlin JME
Image : Sotheby's
Writing Table (Bureau Plat)
Martin Carlin
c. 1783-1785
Oak carcase veneered with ebony and panels of Japanese lacquer (urushi) decorated with black ground and gold (hiramakie and takamakie), gilt brass mounts.
Stamped 'M.CARLIN' and 'JME' three times
Image : Victoria and Albert Museum, London
Images : Victoria and Albert Museum, London
Secrétaire (secrétaire à abattant)
Martin Carlin
c. 1785-90
Oak veneered with ebony; black, gold and aventurine lacker with mother of pearl, urushi lacquer.
Image : Victoria and Albert Museum, London
Image : Victoria and Albert Museum, London
Console
Martin Carlin
vers 1780-85
Laque du Japon du XVIIe siècle et placage d’ébène, ornementation de bronze ciselé et doré, marbre rouge griotte
Image : Christie's
Images : Twitter / Benjamin Randow
La nuit, la neige- Messages : 17719
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