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Les Grammont, père et fils

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Les Grammont, père et fils  Empty Les Grammont, père et fils

Message par Mme de Sabran Mer 21 Nov 2018, 10:48

Nous connaissons tous  Jean-Baptiste Grammont,   Nourry-Grammont pour être exact, le théâtreux caracolant autour de la charrette qui emporte Marie-Antoinette. Le fils n'aura pas le temps de s'illustrer avec autant d'éclat : il n'a que dix-neuf ans quand Sanson l'expédie en Enfer, mais s'est déjà fait remarquer par la violence de son caractère, la méchanceté de ses actions, le rôle odieux qu'il joua pendant  la Terreur.

Grammont père, obscur en 1775, après avoir rempli, pendant un temps probablement très court, un office subalterne dans les recettes des fermes, se sentit la vocation de monter sur les planches. Après des débuts laborieux, il débuta, le 5 février 1779, à la Comédie française, dans Tancrède, et remporta un brillant succès.  L'opinion se retourna brusquement. En janvier 1782, il subit une véritable avanie dans Zaïre ; il fut obligé de quitter la salle ; on parla même de son renvoi de la Comédie française. . Il fallut, dit-on, l'influente intervention de la reine pour qu'il pût reparaître sur la scène.

Il n'y reste pas longtemps. Dans le courant de l'année 1782, il va courir la province, sans congé, espérant sans doute trouver un public plus favorable qu'à Paris. On le raye du tableau de la troupe. On l'emprisonne à la Force. Il trouve le moyen d'en sortir, reprend ses pérégrinations artistiques, et reparaît le 30 août 1786 sur le théâtre de la Comédie française. Quelle influence a pu lui en rouvrir les portes ? On dit encore que la reine, qui l'avait protégé à ses débuts, lui donna cette nouvelle marque d'intérêt.

Il s'éprend soit disant des idées nouvelles et devient un des héros du théâtre révolutionnaire, par exemple dans le Charles IX de Marie-Joseph Chénier. La troupe de la Comédie française s'étant divisée en deux camps, il se met du côté des exaltés dont il est le plus violent .
Comme il affiche ouvertement des idées révolutionnaires, les électeurs de son district en font un officier . Puis le voilà lieutenant-colonel.
Il prend part à la journée du 10 août ( Il a définitivement quitté le théâtre. ) et aux atrocités de septembre . Il participe notamment  au massacre des prisonniers d'Orléans et se vante ( parait-il )  ( ?!! )  d'avoir bu dans le crâne d'une des victimes.  ( Pas celui de Brissac, en tous cas dont nous connaissons le sort )  Pache l'attache, en janvier 1793, aux bureaux de la guerre. Il appelle aussitôt son fils aîné auprès de lui en qualité de secrétaire.   Alexandre est l'indiscipline et la méchanceté en personne.

Leur séjour au ministère est de courte durée. Ils sont balayés avec Pache. Beurnonville les chasse de ses bureaux. Mais son successeur Bouchotte rappelle Grammont et lui confie une mission à l'armée de la Moselle.

Ronsin, le dramaturge, ancien camarade de Grammont, commande une armée. Grammont va le rejoindre à Nantes, en mai 1793,  et devient son lieutenant. Toujours son fils sur les talons.  Ronsin le fait nommer, en juin, lieutenant général à l'armée des côtes de La Rochelle.  Deux mois plus tard, Ronsin prend le commandement de l'armée révolutionnaire de Paris et confie à Grammont les fonctions de chef d'état-major. Grammont s'attache son fils en qualité d'aide de camp.

Une des principales attributions de Grammont consistait à assurer l'escorte qui accompagnait à l'échafaud la charrette des condamnés à mort. Il se réservait le commandement de l'escorte lorsque les condamnés en valaient la peine ; pour les gens du communs, il passait la main à son fils. Ils conduisirent, tous les deux, Marie-Antoinette au supplice. On sait l'attitude odieuse du père en cette circonstance. Monté sur un cheval noir, à la tête de ses troupes, il chantait la carmagnole et excitait la foule contre la reine, oubliant qu'il avait été son protégé. Quand le cortège arriva devant les Jacobins, la reine aperçut sur la porte cette inscription : "Atelier d'armes républicaines pour foudroyer les tyrans" ; elle se pencha alors vers l'abbé Girard comme pour l'interroger. Le prêtre, pour toute réponse, lui présenta le crucifix. Grammont, qui avait vu le mouvement, se dressant sur ses étriers, cria au peuple, en lui montrant la reine : "La voilà, l'infâme Antoinette ! ... elle est f..., mes amis ! Alexandre Grammont rivalisait d'outrages et de grossièretés avec son père. On dit même qu'il menaça la reine du poing et que, lorsque la tête de celle-ci fut tombée, il s'élança vers l'échafaud pour tremper son mouchoir dans le sang.

Cinq mois et demi après l'exécution de la reine, les deux Grammont sont arrêtés sous l'inculpation d'avoir pris part à la conspiration de Hébert, Ronsin et Cloots contre la liberté et la sûreté du peuple français. Leur procès est vite instruit. Nous devrions dire bâclé :
Fouquier-Tinville les traita comme de vulgaires subalternes, ne se donna même pas la peine de préciser contre eux un seul grief.

Ils sont condamnés à mort le 24 germinal an II et exécutés le même jour.

Le peuple les reconnut dans la charrette qui les menait à l'échafaud, et les hua. Les femmes les montrèrent du doigt à leurs enfants. Il paraît que Grammont père avait perdu son arrogance et sa fierté ; comme il baissait la tête, son fils le traita de misérable. Lucile Desmoulins, qui était de la même fournée, voulut le rappeler à la pudeur. Il l'insulta. Son père, avant de gravir les marches de l'échafaud, se retourna vers lui pour l'embrasser. Il le repoussa.

http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2013/12/27/28751564.html

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Message par Mme de Sabran Mer 21 Nov 2018, 14:16

Vicq d Azir a écrit:
Un protégé de la Reine...
Ce n’est pas la première fois qu’un protégé se retourne contre son protecteur dans ces temps troublés.
Voir Zamor...

... oui . Sad

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