Larrivée manquée

Au commencement d'avril 1774, on s'entretenait beaucoup à Paris des répétitions d'un nouvel opéra, " Iphigénie " dont Gluck avait fait la musique . Cet homme était Allemand, fort connu à Vienne, et protégé par l'impératrice Marie-Thérèse qui l'avait recommandé à Mme la Dauphine . Il se rendit à Versailles pour la voir, mais ne s'étant point adressé à la dame d'honneur, il n'entra pas .
Mme la Dauphine l'aperçut dans la galerie et lui parla .  Elle lui demanda pourquoi il ne s'était point encore présenté: " Ma foi, Madame, répondit-il, c'est qu'on ne peut plus vous approcher dans ce pays-ci ."
On prétendait que sa musique ferait ou plutôt achèverait la révolution qui menaçait alors la nôtre de sa chute . La curiosité publique était très surexcitée; les loges étaient louées pour dix-huit représentations.
Aussi, un grand événement qui occupa tout Paris fut la remise de cet opéra . L'enrouement de LARRIVEE en fit différer la première représentation .   M. de la Vrillère envoya chez Mme la comtesse de Noailles; sa lettre, qu'elle ouvrit, lui annonçait un malheur: elle assura avoir cru qu'on l'exilait .   Point du tout : il s'agissait de faire avertir Mme la Dauphine qu'il n'y avait pas d'opéra, et qu'elle devait rester à Versailles.

On dit aux Tuileries :    " C'est Larrivée qui a fait manquer l'opéra. "
Des badauds reprirent : " L'arrivée de qui ? "
D'autres répondirent : " Probablement l'arrivée de l' Empereur ! "

Et le bruit se répandit que ce prince, qui devait effectivement venir bientôt en France, était à Versailles .

 :  :  : 

(  Jacob-Nicolas Moreau : Mes Souvenirs .  )





Henri LARRIVÉE (1737-1802). Né à Lyon, Larrivée débuta dans les chœurs de l’Académie royale de musique avant de tenir des petits rôles où il révéla immédiatement une voix de baryton rare. Ces débuts en soliste datent de 1755 (le Grand-Prêtre dans Castor et Pollux de Rameau). C’est surtout Gluck qui lui fournit des rôles à sa mesure, profitant de sa déclamation emphatique, de sa tessiture large et du lyrisme héroïque de son timbre. Jusqu’à sa retraite en 1786, il tint tous les premiers emplois de basse-taille, créant notamment les opéras de Gluck, Piccinni et Sacchini donnés à cette période. Il fut aussi l’Arcalaüs d’Amadis de Gaule de Jean-Chrétien Bach, l’Oreste d’Iphigénie en Tauride de Piccinni et d’Andromaque de Grétry, ou le Danaüs des Danaïdes de Salieri. Il fut célèbre non seulement pour son art du chant, mais surtout pour ses qualités d’acteurs et la justesse de ses interprétation. Également convaincant dans les rôles comiques (La Vénitienne de Dauvergne, Le Seigneur bienfaisant de Floquet, L’Embarras des richesses de Grétry), il fut, avec Joseph Legros et Rosalie Levasseur, à l’origine du renouveau de l’art lyrique français et marqua véritablement son époque. De Rameau, il ne créa qu’Apollon dans Les Surprises de l’Amour (deuxième version,  1757) et Orcan dans Les Paladins (1760). Il participa par contre à plusieurs reprises avec succès (Dardanus, Zoroastre, Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux), se montrant aussi à l’aise dans « l’ancien style français » que dans l’opéra gluckiste réformé. Il épousa la soprano Marie-Jeanne Lemière en 1762, dont il se sépara en 1767.

[Benoît Dratwicki]

.

Ce sujet porte bien son titre, car il est passé totalement inaperçu ...   

Inaperçu? Oh non... j'en ai apprécié la subtilité !!!
Mais n'ayant répondu tout de suite... j'en ai perdu le sujet...
Merci de me l'avoir réactualisé !  :\\\\\\\\: 

Bien à vous.

Ah, tant mieux alors !!!  :n,,;::::!!!: 

Et moi aussi j'adore cette histoire drôle et cocasse !  
Et je suis fan de GLÜCK depuis toujours !

Et que veut dire une voix de baryton rare???   

Jag : comme vous le savez les voix d'homme sont classées du plus haut au plus grave, également pour les femmes.
Chez les mecs, on a en haut ténor puis medium baryton et basse.
Les nuances sont multiples après ... ( comme les couleurs); d'ailleurs l'on parle de "couleur de voix"
 
Baryton rare : la tessiture de la voix est sa longueur : regardez votre piano et imaginez que des voix vont pouvoir chanter chacune de ces notes. Je pense que ce monsieur "arrivait "   sûrement à couvrir beaucoup de notes qui en faisait l'exception.
 
Voilà un exemple d'une voix qui couvre quasiment tout le piano   
 

oui oui, je connais bien les classes de voix... j'ai chanté pendant 20 ans avec un choeur, et moi même je suis baryton,
vous voulez dire, alors, un "baryton atenoré"?

Un grand merci, chère comtesse   

Immense Monsieur que j'adore dans différents registres.

Cocher, ralentis tes chevaux


Les yeux noirs


La calomnie du Barbier de Séville


Cordialement

Oh, il est mort en 2008 ! Je l'ignorais .

A voir la tournure gracieuse de Larrivée sur cette gravure, je l'aurais plutôt imaginé ténor .   

Si mince, plutôt que ténor, castrati...   

Pour les aficionados de musique baroque, du 23 au 25 mai, trois représentations de persée de Lully à l'opéra royal de Versailles. La tragédie jouée le jour de l'inauguration de l'opéra et donc le jour du mariage de Marie-Antoinette et Louis XVI. La mise en scène est réalisée par l'excellent Marshall Pynkoski, à ne pas rater! :n,,;::::!!!:

Ah, que j'adorerais !   

Mme de Sabran a écrit:M. de la Vrillère envoya chez Mme la comtesse de Noailles; sa lettre, qu'elle ouvrit, lui annonçait un malheur: elle assura avoir cru qu'on l'exilait . .

Et toc ! : 

Mme de Sabran a écrit:
Point du tout : il s'agissait de faire avertir Mme la Dauphine qu'il n'y avait pas d'opéra, et qu'elle devait rester à Versailles..

Zut alors !  boudoi32 

Mme de Sabran a écrit:
On dit aux Tuileries :    " C'est Larrivée qui a fait manquer l'opéra. "
Des badauds reprirent : " L'arrivée de qui ? "
D'autres répondirent : " Probablement l'arrivée de l' Empereur ! "
.

Quelle histoire !   

... ce qui m'a fourni l'occasion de trouver un titre de sujet bien  001110  !!!    ...

........... :