Joseph II, empereur du Saint-Empire
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Sa famille autrichienne
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Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Petite piqûre de rappel, les amis !
Nous avons posté in extenso " le Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette " rédigé de la main même de Joseph .
Il n'y va pas par le dos de la cuillère !
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1807-joseph-ii-guide-moral-a-l-attention-de-marie-antoinette?highlight=joseph
Nous avons posté in extenso " le Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette " rédigé de la main même de Joseph .
Il n'y va pas par le dos de la cuillère !
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1807-joseph-ii-guide-moral-a-l-attention-de-marie-antoinette?highlight=joseph
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Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Merci, chère Eléonore : rappel fort utile, à relire attentivement...
Remontrances sévères, mais souvent justes...
J’y relève tout de même une grosse contradiction : Joseph enjoint sa royale sœur de ne plus se mêler des affaires (elle n’y comprend rien, ne fait que des bêtises, prête le flanc à ses ennemis...), mais, par ailleurs, il ne cessera de lui demander, comme l’a fait Marie-Thérèse, d’intercéder dans les affaires, bien sûr en faveur de l’Autriche: pas simple l’attitude du Monsieur... de quoi vous rendre fou...
Remontrances sévères, mais souvent justes...
J’y relève tout de même une grosse contradiction : Joseph enjoint sa royale sœur de ne plus se mêler des affaires (elle n’y comprend rien, ne fait que des bêtises, prête le flanc à ses ennemis...), mais, par ailleurs, il ne cessera de lui demander, comme l’a fait Marie-Thérèse, d’intercéder dans les affaires, bien sûr en faveur de l’Autriche: pas simple l’attitude du Monsieur... de quoi vous rendre fou...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
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Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Vicq d Azir a écrit:Oui, attitude ambiguë à l’égard de sa petite sœur. Sans doute beaucoup d’affection aussi...
Il faudrait reprendre ce qu’il dit d’elle de retour de voyage. Observations et remarques sans doute très pertinentes de sa part... Le problème, c’est quand il les rend publiques : se rend il compte qu’il la dessert ? Qu’il va dans le sens des pamphlets ?
C'est vrai, c'est vrai ... mais et Mercy donc !
A la lecture d'Arneth et Geoffroy, l'on est épouvanté par ses rapports circonstanciés sur ce qu'il appelle les dissipations de la reine .
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Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Voici un portrait de Joseph II tracé par Manon Phlipon. C'est inattendu !
Dans une lettre à son amie, Sophie Cannet, la future Mme Roland, écrivait à l'époque du voyage de l'empereur en France:
«L'Empereur est bien fait, doux, simple et noble, ressemblant à la Reine (la petite Phlipon ne disait pas encore insolemment: Antoinette); grand sans excès, bien campé, blond sans être roux. Il annonce la bonté et a tout à la fois l'air digne et tant soit peu timide. Il va partout, quelquefois sans suite, à pied ou en fiacre. Il visite les hôpitaux, les monuments, il se rend toujours là où il n'est pas attendu, et saisit ainsi la vérité avant qu'on ne lui mette des voiles.» Voilà une phrase qui fleure son Jean-Jacques et nous donne un avant-goût de ces «flambeaux de la vérité» et de ces «masques de l'imposture», dont s'émailleront les discours des rhéteurs de la Révolution. Mais Marie-Jeanne à cette heure d'une visite impériale ne songe guère à revendiquer des améliorations sociales, ni à sacrifier sur l'autel de la Liberté, elle admire un souverain absolu dans la simplicité de son allure, dans son maintien, dans sa manière de s'intéresser à toutes choses. «Il donne des preuves de son goût et de sa bienfaisance par ses remarques, ses questions et ses largesses ... Tout est conséquent chez lui. Il ne fait pas comme ces princes qui, venant incognito, ne laissent pas que de traîner avec eux tout leur faste. Il garde son incognito et en jouit parfaitement.» Jusqu'à sa mise qui se trouve en conformité avec son programme voulu de simplicité: un habit puce avec un bouton d'acier, de petites bottines, une seule boucle à la frisure. Avec Mme Roland on conviendra que c'était là un costume modeste bien en rapport avec le rôle de conseiller somptuaire qu'a assumé le frère de Marie-Antoinette.
https://www.gutenberg.org/files/44960/44960-h/44960-h.htm
Dans une lettre à son amie, Sophie Cannet, la future Mme Roland, écrivait à l'époque du voyage de l'empereur en France:
«L'Empereur est bien fait, doux, simple et noble, ressemblant à la Reine (la petite Phlipon ne disait pas encore insolemment: Antoinette); grand sans excès, bien campé, blond sans être roux. Il annonce la bonté et a tout à la fois l'air digne et tant soit peu timide. Il va partout, quelquefois sans suite, à pied ou en fiacre. Il visite les hôpitaux, les monuments, il se rend toujours là où il n'est pas attendu, et saisit ainsi la vérité avant qu'on ne lui mette des voiles.» Voilà une phrase qui fleure son Jean-Jacques et nous donne un avant-goût de ces «flambeaux de la vérité» et de ces «masques de l'imposture», dont s'émailleront les discours des rhéteurs de la Révolution. Mais Marie-Jeanne à cette heure d'une visite impériale ne songe guère à revendiquer des améliorations sociales, ni à sacrifier sur l'autel de la Liberté, elle admire un souverain absolu dans la simplicité de son allure, dans son maintien, dans sa manière de s'intéresser à toutes choses. «Il donne des preuves de son goût et de sa bienfaisance par ses remarques, ses questions et ses largesses ... Tout est conséquent chez lui. Il ne fait pas comme ces princes qui, venant incognito, ne laissent pas que de traîner avec eux tout leur faste. Il garde son incognito et en jouit parfaitement.» Jusqu'à sa mise qui se trouve en conformité avec son programme voulu de simplicité: un habit puce avec un bouton d'acier, de petites bottines, une seule boucle à la frisure. Avec Mme Roland on conviendra que c'était là un costume modeste bien en rapport avec le rôle de conseiller somptuaire qu'a assumé le frère de Marie-Antoinette.
https://www.gutenberg.org/files/44960/44960-h/44960-h.htm
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Mme de Sabran- Messages : 55500
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Vicq d Azir a écrit:J’y relève tout de même une grosse contradiction : Joseph enjoint sa royale sœur de ne plus se mêler des affaires (elle n’y comprend rien, ne fait que des bêtises, prête le flanc à ses ennemis...), mais, par ailleurs, il ne cessera de lui demander, comme l’a fait Marie-Thérèse, d’intercéder dans les affaires, bien sûr en faveur de l’Autriche: pas simple l’attitude du Monsieur... de quoi vous rendre fou...
Marie-Antoinette devait pourtant commencer à en avoir l'habitude…
Dès son arrivée en France, sa situation est biaisée : on lui serine à bouche que veux-tu de ne se mêler de rien, on lui fait comprendre qu'elle n'est pas assez, allez, on va dire "avisée" pour être gentil, qu'elle ne doit se mêler en rien des affaires. Et bien sûr, dès que les intérêts de l'Autriche sont en jeu, c'est le grand rétropédalage, il lui faut user de son influence, quitte à lui faire un véritable chantage affectif et à la blâmer si elle n'obtient pas de résultats.
Mme du Barry lui est dépeinte de la pire des manières mais après l'avoir dénigrée, lorsqu'éclate l'affaire du partage de la Pologne, Vienne embouche brusquement les trompettes contraires et la pauvre dauphine se fait descendre en flammes pour avoir méprisé la favorite. Même chose avec Mesdames, excellentes princesses le lundi, à éviter le mardi...
Pendant toutes ces années, Marie-Antoinette a été tirée à hue et à dia par sa mère, son frère, leur ambassadeur… Et sans bien sûr lui expliquer le pourquoi de tous ces revirements. Psychologiquement, il y avait là, assurément, une terrible pression.
Calonne- Messages : 1125
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Age : 52
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Gouverneur Morris- Messages : 11795
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Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Merci pour ces illustrations.
Leurs rencontres et négociations relatives aux réformes de la politique religieuse menées par Joseph II, je suppose ?
Leurs rencontres et négociations relatives aux réformes de la politique religieuse menées par Joseph II, je suppose ?
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Merci, mon cher Momo !
Ces tableaux m'étonnent.
Quand on pense à Pie VI et Joseph, c'est plutôt le voyage du pape à Vienne qui vient à l'esprit.
Or sur ces représentations, c'est le pape qui reçoit Joseph ( l'empereur a son chapeau sous le bras ) .
En 1769, Joseph avait visité l’Italie sous le nom de comte de Falkenstein, fuyant les honneurs. A Rome, il entra l’épée au côté dans le conclave. La légende veut que, remarquant un prêtre vêtu d’une simple soutane noire, il lui demanda qui il était. " Un pauvre religieux qui porte l’habit de saint François " répondit celui qui s’appelait alors Ganganelli, et qui devait le lendemain s’appeler Clément XIV. ( connu pour avoir supprimé la Compagnie de Jésus le 21 juillet 1773 et pour avoir fondé les musées du Vatican . )
Sitôt après la disparition de Marie-Thérèse, c'est le grand clash entre Joseph et le Vatican.
En octobre 1781, il écrit au cardinal Hrzau :
« Monsieur le cardinal, depuis que je suis monté sur le trône et que je porte au front la première couronne du monde, j’ai fait de la philosophie la législatrice de mon empire. ( ... ) Comme je déteste les superstitions et les sadacéens, je saurai en affranchir mon peuple ; à cet effet, je supprimerai les couvents et je congédierai les moines ou je les soumettrai aux évêques de leurs diocèses. On me dénoncera à Rome comme usurpateur du royaume de Dieu, je le sais, on criera bien haut que la gloire d’Israël est souillée, on s’irritera surtout que j’aie entrepris toutes ces choses sans l’approbation du serviteur des serviteurs de Dieu.
« Voilà cependant à quoi nous devons la décadence de l’esprit humain… Jamais les serviteurs de l’autel n’ont voulu consentir à ce qu’un gouvernement les reléguât à la seule place qui leur convient, et ne leur laissât d’autres occupations que la méditation de l’Évangile ; ils n’ont jamais compris que la loi civile pût empêcher les lévites d’usurper le monopole de la raison humaine. Les principes du monachisme, depuis Pacôme jusqu’à nos jours, sont entièrement contraires aux lumières de la raison, le respect des moines pour les fondateurs de leur ordre s’est changé en idolâtrie, et nous voyons revivre en eux ces Israélites qui allaient à Bethel adorer le veau d’or. Cette fausse interprétation de la religion s’est répandue dans le vulgaire, qui ne connaît plus Dieu et attend tout des saints !
« L’influence des évêques, consolidée par moi, détruira bientôt ces fausses croyances ; je donnerai à mon peuple, au lieu du moine, le prêtre ; au lieu du roman des canonisations, l’Évangile ; au lieu des controverses, la morale. J’aurai soin que le nouvel édifice que j’élèverai pour l’avenir soit durable ; mes séminaires généraux seront des pépinières de bons prêtres, et les curés qui en sortiront porteront dans le monde un esprit éclairé, et le communiqueront au peuple par un sage enseignement. Ainsi, dans quelques siècles, il y aura de vrais chrétiens ; ainsi, quand j’aurai accompli mon plan, les peuples de mon empire connaîtront suffisamment leurs devoirs envers Dieu, envers la patrie et envers le prochain, et nos neveux nous béniront un jour de les avoir délivrés de la tyrannie de Rome, et d’avoir ramené les prêtres à leurs devoirs en soumettant leur avenir au seigneur, mais leur présent à la patrie. »
Sitôt dit, sitôt fait .
Sur soixante-trois mille moines dans trois mille couvents, on supprima d’abord tous les solitaires, tous les ordres mendiants, tous ceux qui menaient une vie purement contemplative, tous les ordres de femmes à l’exception des sœurs d’Elisabeth, qui soignaient les malades, et des ursulines qui instruisaient les filles pauvres. Joseph fit passer les biens des couvents dans la caisse de la religion, et les revenus furent divisés en trois parts : la première fut destinée à salarier les curés des paroisses nouvellement créées, la seconde dota les écoles publiques, et la troisième assura aux moines chassés de leurs couvents une pension viagère mais, attention ! les moines, en rentrant dans la vie privée, devaient devenir des travailleurs, non des rentiers.
Dans ces conditions, nous pouvons augurer ce que furent les relations entre Joseph et le pape scandalisé par les réformes drastiques de l'empereur !
Pie VI, atterré, écrivit à Joseph, le 15 décembre 1781:
« Comme nous avons appris par expérience que les affaires prennent une mauvaise tournure, quand elles ne sont pas traitées de la bouche à la bouche, nous avons résolu de nous rendre à Vienne, auprès de votre majesté, sans nous laisser arrêter ni par la longueur et les difficultés de la route, ni par notre grand âge et notre faiblesse, car ce sera cour nous une grande consolation que de causer avec votre majesté, et, en lui montrant toute la bienveillance de notre cœur, de l’amener à concilier les droits de sa couronne avec les intérêts de l’église. »
... à quoi Joseph répondit sans ménagements :
« Si votre sainteté persiste dans le dessein de venir ici, je puis l’assurer qu’elle y sera reçue avec le respect et la vénération dus à son éminente dignité, mais je dois la prévenir que les objets sur lesquels elle voudrait conférer sont si bien décidés, que son voyage sera absolument inutile. ( ... ) »
Et le fameux voyage du pape à Vienne eut lieu. Le 27 février 1782, Pie VI partait du Vatican.
Ces tableaux m'étonnent.
Quand on pense à Pie VI et Joseph, c'est plutôt le voyage du pape à Vienne qui vient à l'esprit.
Or sur ces représentations, c'est le pape qui reçoit Joseph ( l'empereur a son chapeau sous le bras ) .
En 1769, Joseph avait visité l’Italie sous le nom de comte de Falkenstein, fuyant les honneurs. A Rome, il entra l’épée au côté dans le conclave. La légende veut que, remarquant un prêtre vêtu d’une simple soutane noire, il lui demanda qui il était. " Un pauvre religieux qui porte l’habit de saint François " répondit celui qui s’appelait alors Ganganelli, et qui devait le lendemain s’appeler Clément XIV. ( connu pour avoir supprimé la Compagnie de Jésus le 21 juillet 1773 et pour avoir fondé les musées du Vatican . )
Sitôt après la disparition de Marie-Thérèse, c'est le grand clash entre Joseph et le Vatican.
En octobre 1781, il écrit au cardinal Hrzau :
« Monsieur le cardinal, depuis que je suis monté sur le trône et que je porte au front la première couronne du monde, j’ai fait de la philosophie la législatrice de mon empire. ( ... ) Comme je déteste les superstitions et les sadacéens, je saurai en affranchir mon peuple ; à cet effet, je supprimerai les couvents et je congédierai les moines ou je les soumettrai aux évêques de leurs diocèses. On me dénoncera à Rome comme usurpateur du royaume de Dieu, je le sais, on criera bien haut que la gloire d’Israël est souillée, on s’irritera surtout que j’aie entrepris toutes ces choses sans l’approbation du serviteur des serviteurs de Dieu.
« Voilà cependant à quoi nous devons la décadence de l’esprit humain… Jamais les serviteurs de l’autel n’ont voulu consentir à ce qu’un gouvernement les reléguât à la seule place qui leur convient, et ne leur laissât d’autres occupations que la méditation de l’Évangile ; ils n’ont jamais compris que la loi civile pût empêcher les lévites d’usurper le monopole de la raison humaine. Les principes du monachisme, depuis Pacôme jusqu’à nos jours, sont entièrement contraires aux lumières de la raison, le respect des moines pour les fondateurs de leur ordre s’est changé en idolâtrie, et nous voyons revivre en eux ces Israélites qui allaient à Bethel adorer le veau d’or. Cette fausse interprétation de la religion s’est répandue dans le vulgaire, qui ne connaît plus Dieu et attend tout des saints !
« L’influence des évêques, consolidée par moi, détruira bientôt ces fausses croyances ; je donnerai à mon peuple, au lieu du moine, le prêtre ; au lieu du roman des canonisations, l’Évangile ; au lieu des controverses, la morale. J’aurai soin que le nouvel édifice que j’élèverai pour l’avenir soit durable ; mes séminaires généraux seront des pépinières de bons prêtres, et les curés qui en sortiront porteront dans le monde un esprit éclairé, et le communiqueront au peuple par un sage enseignement. Ainsi, dans quelques siècles, il y aura de vrais chrétiens ; ainsi, quand j’aurai accompli mon plan, les peuples de mon empire connaîtront suffisamment leurs devoirs envers Dieu, envers la patrie et envers le prochain, et nos neveux nous béniront un jour de les avoir délivrés de la tyrannie de Rome, et d’avoir ramené les prêtres à leurs devoirs en soumettant leur avenir au seigneur, mais leur présent à la patrie. »
Sitôt dit, sitôt fait .
Sur soixante-trois mille moines dans trois mille couvents, on supprima d’abord tous les solitaires, tous les ordres mendiants, tous ceux qui menaient une vie purement contemplative, tous les ordres de femmes à l’exception des sœurs d’Elisabeth, qui soignaient les malades, et des ursulines qui instruisaient les filles pauvres. Joseph fit passer les biens des couvents dans la caisse de la religion, et les revenus furent divisés en trois parts : la première fut destinée à salarier les curés des paroisses nouvellement créées, la seconde dota les écoles publiques, et la troisième assura aux moines chassés de leurs couvents une pension viagère mais, attention ! les moines, en rentrant dans la vie privée, devaient devenir des travailleurs, non des rentiers.
Dans ces conditions, nous pouvons augurer ce que furent les relations entre Joseph et le pape scandalisé par les réformes drastiques de l'empereur !
Pie VI, atterré, écrivit à Joseph, le 15 décembre 1781:
« Comme nous avons appris par expérience que les affaires prennent une mauvaise tournure, quand elles ne sont pas traitées de la bouche à la bouche, nous avons résolu de nous rendre à Vienne, auprès de votre majesté, sans nous laisser arrêter ni par la longueur et les difficultés de la route, ni par notre grand âge et notre faiblesse, car ce sera cour nous une grande consolation que de causer avec votre majesté, et, en lui montrant toute la bienveillance de notre cœur, de l’amener à concilier les droits de sa couronne avec les intérêts de l’église. »
... à quoi Joseph répondit sans ménagements :
« Si votre sainteté persiste dans le dessein de venir ici, je puis l’assurer qu’elle y sera reçue avec le respect et la vénération dus à son éminente dignité, mais je dois la prévenir que les objets sur lesquels elle voudrait conférer sont si bien décidés, que son voyage sera absolument inutile. ( ... ) »
Et le fameux voyage du pape à Vienne eut lieu. Le 27 février 1782, Pie VI partait du Vatican.
Dernière édition par Mme de Sabran le Dim 20 Jan 2019, 11:20, édité 1 fois
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Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Mme de Sabran a écrit:
Quand on pense à Pie VI et Joseph, c'est plutôt le voyage du pape à Vienne qui vient à l'esprit.
Or sur ces représentations, c'est le pape qui reçoit Joseph ( l'empereur a son chapeau sous le bras ) .
Joseph II accueille le pape à l'une des étapes de son voyage vers Vienne en 1782 :
Joseph II semble également avoir fait le voyage pour Rome quelques mois plus tard...
Emperor Joseph II in Rome visiting Pope Pius VI, 1783
Engraving. Italy, 18th century.
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
La nuit, la neige a écrit:
Joseph II accueille le pape à l'une des étapes de son voyage vers Vienne en 1782 :
Oui : l’empereur se rendit au-devant du pape jusqu’à Neufkirchen, à quelques milles de Vienne.
L’entrevue des deux souverains fut paraît-il cordiale !
La nuit, la neige a écrit:
Joseph II semble également avoir fait le voyage pour Rome quelques mois plus tard...
Voilà sans doute l'épisode qu'illustrent les tableaux postés par Momo .
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Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Fallait-il que le pape soit inquiet des projets de Joseph pour qu'il consente à quitter le Vatican, et à mener lui-même cette ambassade !Mme de Sabran a écrit:
Oui : l’empereur se rendit au-devant du pape jusqu’à Neufkirchen, à quelques milles de Vienne.
L’entrevue des deux souverains fut paraît-il cordiale !
Quelques années plus tard, c'est la France révolutionnaire qui lui causera bien des "tracas"...
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Je vois dans la correspondance Mercy / Joseph / Kaunitz que Salieri était un protégé de Joseph II ( et son maître de chapelle ) . Il était donc plus que chaleureusement recommandé à Mercy de le recommander à Marie-Antoinette. C'est ainsi qu'au contraire de Mozart qui n'y fut jamais reçu, Salieri était le très bienvenu à la Cour de France .
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Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Cela vaudrait bien un petit sujet.
Je le mitonne pour demain .
Je le mitonne pour demain .
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Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Dernière édition par Vicq d Azir le Mer 30 Oct 2019, 23:11, édité 1 fois
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Merci Vicq' !
A peine mieux meublé qu'un petit bourgeois austère...
Vicq d Azir a écrit:
Son mobilier et son bureau :
A peine mieux meublé qu'un petit bourgeois austère...
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Pour être complet, il faut le voir à cheval dans une cour de la Hofburg, entouré de bâtiments datant du 18ème. Il a fière allure, vous ne trouvez pas ?
Je crois qu’il a laissé un bon souvenir en Autriche, pour ses réformes libérales, alors que, dans la réalité, il s’est comporté de manière plus qu’autoritaire... S’il en est un qui mérite l’appellation de « despote éclairé », c’est bien lui ...
Je crois qu’il a laissé un bon souvenir en Autriche, pour ses réformes libérales, alors que, dans la réalité, il s’est comporté de manière plus qu’autoritaire... S’il en est un qui mérite l’appellation de « despote éclairé », c’est bien lui ...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
La nuit, la neige a écrit:Vicq d Azir a écrit:
Son mobilier et son bureau :
A peine mieux meublé qu'un petit bourgeois austère...
Oui, incroyable ! Quand on pense à l'époustouflant bureau de Gustave III.
Il faut dire aussi que ce mobilier est très chichement présenté, et que l'on peut difficilement faire pire que cette vilaine moquette verte .
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Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Oui, la moquette...c'est quelque chose !!
Mais enfin, je dirais même que sans la moquette, c'est encore pire ! Ne resterait que ce mobilier qui pourrait passer pour celui d'un petit employé de bureau.
Dans la même veine, vous pouvez jeter un oeil au cabinet de travail de l'empereur François-Joseph (époux de Sissi), à Schönbrunn.
Quelle austérité !
Voir : ICI
Mais enfin, je dirais même que sans la moquette, c'est encore pire ! Ne resterait que ce mobilier qui pourrait passer pour celui d'un petit employé de bureau.
Dans la même veine, vous pouvez jeter un oeil au cabinet de travail de l'empereur François-Joseph (époux de Sissi), à Schönbrunn.
Quelle austérité !
Voir : ICI
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
En effet, voilà un standing autrement impérial !
A cause de ses rondeurs, je trouve la forme de ce bureau très originale et féminine .
Je ne l'imaginerais pas du tout appartenir à un homme .
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Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Une pointe d'élégance chez cet individu particulièrement original
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L'Etoile de Pourpre
" Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom ! "
" Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu. "
" Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom ! "
" Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu. "
Manon Roland- Messages : 108
Date d'inscription : 07/04/2019
Age : 25
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Re: Joseph II, empereur du Saint-Empire
Vous avez raison. Son charme opère jusqu’à nos jours...
Autre trouvaille à Vienne la semaine dernière, chez un brocanteur : une médaille du travail contemporaine, sans doute frappée avec un coin 18ème. Le travailleur récompensé semble avoir fait carrière à la régie des tabacs, régie fondée par Joseph, d’où son profil à l’avers ...
Autre trouvaille à Vienne la semaine dernière, chez un brocanteur : une médaille du travail contemporaine, sans doute frappée avec un coin 18ème. Le travailleur récompensé semble avoir fait carrière à la régie des tabacs, régie fondée par Joseph, d’où son profil à l’avers ...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
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