La chasse sous l'Ancien Régime
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Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Ce qui ne m'empêche pas de trouver passionnant ce sujet d'un point de vue historique. J'ai juste droit de dire ce que j'en pense.
Invité- Invité
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
l'amour menaçant a écrit:Reinette a écrit: Si c'est pour passer du bon temps en forêt, s'exalter de grandes courses à cheval, je ne vois pas pourquoi une pauvre bête qui n'a rien demandé devrait en mourir.
Oui et la guerre, c'est grave et la chasse, ça tue les gentils animaux... Où est l'intérêt historique là-dedans ?!?
Le sujet est intéressant et merci de l'avoir ouvert. Mais nous sommes encore en droit de ne pas aimer ce type d'activité.
Invité- Invité
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Le bonheur que l'on recontre à la chasse, en plus des joies inhérentes à cet exercice : plaisir de se lever de bon matin, joie au plaisir de la nature, excitation du déroulement réglé des cérémonies, agréments, enfin, de la convivialité. Le premier de ces plaisirs, celui qui permet tous les autres : se retrouver dans la nature.
Les auteurs de traités de chasse, comme les mémorialistes, sont discrets sur ce qu'ils éprouvent au spectacle de la nature.
Un moment de la journée est privilégié: l'aurore, temps de l'éveil, de l'observation, de la quête; instant de renouveau symbolisé par la rosée vivifiante qui humidifie assez le sol pour que les traces s'y impriment. La clarté règne sans l'excés de midi.
L'atmosphère doit être calme "ni vent, ni poudre, ni soleil" qui gêneraient la mobilité. Ces caractères : clarté, vue dégagée sont d'ailleurs ceux communément prisés dans les paysages du 17é siécle. Cette attirance explique le prestige des ondes pures.
Le bain des faucons fascine. L'eau est associée à la proximité de l 'origine, qui suscite la nostalgie.
A cette eau des origines répond symétriquement l'eau souvent boueuse et troublée par l'agitation, où le cerf fait ses fins.
La lumière joue le même rôle que l'eau.
Arcussia admire la montée tournoyante et la descente brusque des oiseaux de haut vol, qui parfois s'immoboilisent " pendus en lampe" dans cet élément mixte, aérien mais solide comme le "ferme".
Qui ne sait que le ciel est le miroir des choses invisibles ?
Le bonheur est donné par l'abondance des signes qui prouvent, dans une confusion glorieuse, l'existence d'un Dieu qui se communique par sa création.
La vue prime sur les autres sens; elle est par excellence le sens de la possession : loin de l'oeil du maître, le pouvoir n'agit plus.
Les auteurs de traités de chasse, comme les mémorialistes, sont discrets sur ce qu'ils éprouvent au spectacle de la nature.
Un moment de la journée est privilégié: l'aurore, temps de l'éveil, de l'observation, de la quête; instant de renouveau symbolisé par la rosée vivifiante qui humidifie assez le sol pour que les traces s'y impriment. La clarté règne sans l'excés de midi.
L'atmosphère doit être calme "ni vent, ni poudre, ni soleil" qui gêneraient la mobilité. Ces caractères : clarté, vue dégagée sont d'ailleurs ceux communément prisés dans les paysages du 17é siécle. Cette attirance explique le prestige des ondes pures.
Le bain des faucons fascine. L'eau est associée à la proximité de l 'origine, qui suscite la nostalgie.
A cette eau des origines répond symétriquement l'eau souvent boueuse et troublée par l'agitation, où le cerf fait ses fins.
La lumière joue le même rôle que l'eau.
Arcussia admire la montée tournoyante et la descente brusque des oiseaux de haut vol, qui parfois s'immoboilisent " pendus en lampe" dans cet élément mixte, aérien mais solide comme le "ferme".
Qui ne sait que le ciel est le miroir des choses invisibles ?
Le bonheur est donné par l'abondance des signes qui prouvent, dans une confusion glorieuse, l'existence d'un Dieu qui se communique par sa création.
La vue prime sur les autres sens; elle est par excellence le sens de la possession : loin de l'oeil du maître, le pouvoir n'agit plus.
Invité- Invité
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
L'aristocratie guerrière, elle aussi, utilise comme figure héraldique la tête de cerf, ordinairement de face, que l'on nomme : Rencontre
Au début du XVIème siècle, poursuivant la tradition familiale, le connétable de Bourbon fait du cerf volant, c'est à dire ailé, son emblème, avec la devise : "Cursum intendimus alis (" Nous accélérons notre course grâce à nos ailes", traduit A-M.Lecoq)
Le Connétable de Bourbon portant son épée flamboyante lors des festivités de l'entrée royale de Lyon en 1515 ( Cerf ailé ou cerf volant)
Un livret explique : "Le cerf volant avec l'espérance, devine dudict connestable figuroyt la hardiesse et noble courage d'icelluy, car comme le cerf a de soy jambes légières et ignelles (rapides) et le cueur volant et gay, non creignant courir ou passer par plains montagnes ou valées (...) car de sa nature, où le passage en iceux luy est estrait, par ses branches et cornes, l'a soudain eslargy, dont parvient à son désir et espoyr"
(Livret pour l'entrée de François Ier à Lyon le 12 juillet 1515, cité par A-M.Lecoq, François Ier imaginaire , Paris, 1987, p192)
La cour des cerfs; en 1723 afin de distraire le jeune Roi Louis XV, ont été disposées vingt-quatre têtes de cerf entre les fenêtres, toutes sculptées par Jean Hardy, dont l'œuvre s'intitule :rencontre. Leurs bois sont naturels et provenaient des chasses royales.
La mise à mort a l'ambiguïté d'un remord, même et surtout lorsqu'elle est rendue plus spectaculaire par le cercle que forment les chasseurs.
L'animal était devenu comme un parent avec qui on partageait une commune nature. Dans les traités, la mise à mort est comme absorbée dans la description de la curée, qui rend au corps ouvert et dépecé un rôle dans la société humaine et animale.
La curée se déroule en deux temps : après les honneurs du pied ( le pied droit est offert à la personne que l'on veut honorer) l'animal est ouvert par le ventre. Quelque soit le gibier, la découpe commence par l'ablation des testicules qui passent pour le réceptacle de la puissance sauvage.
Un trait marquant de la curée est la stricte séparation de ce qui revient aux chiens et aux hommes. La curée restitue à l'animal sa part, symbolisée par l'abandon des parties où se condensent les humeurs.
Seul le sexe, siège de la vertu guerrière, revient au maître de la hiérarchie humaine. Dans la consommation, l'animal rappelle que pour être du côté de l'ordre humain, il reste étranger à l'humain.
La chasse à courre est un jeu avec le temps, à qui perd gagne.
La belle et longue défense qu'oppose l'animal à ses poursuivants le personnalise en partenaire à qui on rend les honneurs.
En le décrétant digne d'être chassé noblement, le chasseur assigne une personnalité à l'animal, et le tire de l'indistinction de l'espèce. Il lui donne ce qu'il refuse à l'espèce, le plein statut de partenaire guerrier.
Au début du XVIème siècle, poursuivant la tradition familiale, le connétable de Bourbon fait du cerf volant, c'est à dire ailé, son emblème, avec la devise : "Cursum intendimus alis (" Nous accélérons notre course grâce à nos ailes", traduit A-M.Lecoq)
Le Connétable de Bourbon portant son épée flamboyante lors des festivités de l'entrée royale de Lyon en 1515 ( Cerf ailé ou cerf volant)
Un livret explique : "Le cerf volant avec l'espérance, devine dudict connestable figuroyt la hardiesse et noble courage d'icelluy, car comme le cerf a de soy jambes légières et ignelles (rapides) et le cueur volant et gay, non creignant courir ou passer par plains montagnes ou valées (...) car de sa nature, où le passage en iceux luy est estrait, par ses branches et cornes, l'a soudain eslargy, dont parvient à son désir et espoyr"
(Livret pour l'entrée de François Ier à Lyon le 12 juillet 1515, cité par A-M.Lecoq, François Ier imaginaire , Paris, 1987, p192)
La cour des cerfs; en 1723 afin de distraire le jeune Roi Louis XV, ont été disposées vingt-quatre têtes de cerf entre les fenêtres, toutes sculptées par Jean Hardy, dont l'œuvre s'intitule :rencontre. Leurs bois sont naturels et provenaient des chasses royales.
La mise à mort a l'ambiguïté d'un remord, même et surtout lorsqu'elle est rendue plus spectaculaire par le cercle que forment les chasseurs.
L'animal était devenu comme un parent avec qui on partageait une commune nature. Dans les traités, la mise à mort est comme absorbée dans la description de la curée, qui rend au corps ouvert et dépecé un rôle dans la société humaine et animale.
La curée se déroule en deux temps : après les honneurs du pied ( le pied droit est offert à la personne que l'on veut honorer) l'animal est ouvert par le ventre. Quelque soit le gibier, la découpe commence par l'ablation des testicules qui passent pour le réceptacle de la puissance sauvage.
Un trait marquant de la curée est la stricte séparation de ce qui revient aux chiens et aux hommes. La curée restitue à l'animal sa part, symbolisée par l'abandon des parties où se condensent les humeurs.
Seul le sexe, siège de la vertu guerrière, revient au maître de la hiérarchie humaine. Dans la consommation, l'animal rappelle que pour être du côté de l'ordre humain, il reste étranger à l'humain.
La chasse à courre est un jeu avec le temps, à qui perd gagne.
La belle et longue défense qu'oppose l'animal à ses poursuivants le personnalise en partenaire à qui on rend les honneurs.
En le décrétant digne d'être chassé noblement, le chasseur assigne une personnalité à l'animal, et le tire de l'indistinction de l'espèce. Il lui donne ce qu'il refuse à l'espèce, le plein statut de partenaire guerrier.
Invité- Invité
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Génial ! Merci l'Amour !
Pour la toute petite, minuscule histoire :
Dans mon jeune temps, j'allais avec une amie suivre des chasses à Rambouillet; nous assistions évidemment à la curée (le plus beau moment) et après avions le privilège de dîner avec les chasseurs (les couilles du cerf sont délicieuses ! boudoi30 )
Une fois, prise d'une envie irrépressible de pisser me prend; me voilà enfoncée un peu dans la forêt auprès d'un arbre et là ... ??? :n,,;::::!!!: un cerf à côté de moi paissant paisiblement ... :
La chasse était complètement de l'autre côté !
Bon ce n'était peut-être pas la tête qu'ils cherchaient mais j'ai eu une crise de fou rire telle que j'ai failli m'en étouffer.
Pour la toute petite, minuscule histoire :
Dans mon jeune temps, j'allais avec une amie suivre des chasses à Rambouillet; nous assistions évidemment à la curée (le plus beau moment) et après avions le privilège de dîner avec les chasseurs (les couilles du cerf sont délicieuses ! boudoi30 )
Une fois, prise d'une envie irrépressible de pisser me prend; me voilà enfoncée un peu dans la forêt auprès d'un arbre et là ... ??? :n,,;::::!!!: un cerf à côté de moi paissant paisiblement ... :
La chasse était complètement de l'autre côté !
Bon ce n'était peut-être pas la tête qu'ils cherchaient mais j'ai eu une crise de fou rire telle que j'ai failli m'en étouffer.
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Comtesse Diane- Messages : 7416
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Comtesse Diane a écrit:
les couilles du cerf sont délicieuses ! boudoi30
Une fois, prise d'une envie irrépressible de pisser me prend; me voilà enfoncée un peu dans la forêt auprès d'un arbre et là ... ??? :n,,;::::!!!: un cerf à côté de moi paissant paisiblement ... :
Invité- Invité
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Le bois des cerfs ne tombent pas "avant que les vers ayant consolidé et purifié la plaie par une vertu secrète que la nature leur donne"
Merveilleux auxiliaires de la nature que ces vers blancs; si le XVIIIème siècle abandonne cette explication au profit des puissants mystères de la sève qui agite les vivants, l'image reste révélatrice : le vers est associé aux mutations de la matière, à la fermentation, au pourrissement régénérateur.
Frottant sa ramure contre les troncs pour en faire tomber sa peau veloutée, l'animal marque son passage; cette trace, appelée " frévoir" ou "fréouër", est recueillie, indiquant l'âge et la force de la bête par sa hauteur sur l'arbre et sa profondeur.
Sur la photo, les bois sont arrivés à maturité. La circulation sanguine du velours s'arrête, la peau meurt et se dessèche. Les cerfs s'en débarrassent en se frottant les bois contre les arbres et en avalant les lambeaux qui se détachent.
Dans le cérémonial ancien de la vénerie : Qui rapporte au Roi le premier frévoir reçoit un cheval ! s'il est gentilhomme; un habit s'il est valet de limier. ( A la fin du 18é siècle, le Roi accorde encore une gratification à l'ensemble des valets de limiers. )
Chasse au cerf, Tours ( vers 1500 )
Ce don solennise le passage de l'hiver, où il serait indécent de poursuivre des bêtes découronnées, à l'époque des chasses, où les cerfs sont de nouveau dignes d'être combattus, à armes égales.
Après la chute des bois, les cerfs se cachent au plus profond des forêts, parce qu'ils ont "perdu leurs armes et deffenses" mais aussi pour" la honte qu'ils ont d'avoir perdu leur force et beauté."
La chasse permet à l'homme de "jouir de soi-même" de "rappeler dans l'âme les affectations personnelles, les désirs secrets, les sentiments intimes mille fois plus précieux que les idées de la grandeur" Bref, la chasse rend l'homme à la "solitude", mais une solitude "variée" et "animée".
Buffon ne confond pas la solitude du chasseur avec l'isolement : de même que la campagne vaut pour métaphore de la fuite hors des contraintes sociales, la solitude signifie ici : retour à soi et s'accommode de la compagnie des amis. L'accès quand il le veut à la nature est le privilège du chasseur.
Au cœur d'une société où tout est fête, la chasse est l'occasion des plus belles fêtes, qui déplacent les limites du jour et de la nuit.
Dans la chasse, la critique sociale dénonce principalement l'écart entre l'image d'un statut et la réalité. Seuls les riches et les vertueux ont le droit d'être inutiles, et l'oisiveté du pauvre est un péché ou un ridicule.
Merveilleux auxiliaires de la nature que ces vers blancs; si le XVIIIème siècle abandonne cette explication au profit des puissants mystères de la sève qui agite les vivants, l'image reste révélatrice : le vers est associé aux mutations de la matière, à la fermentation, au pourrissement régénérateur.
Frottant sa ramure contre les troncs pour en faire tomber sa peau veloutée, l'animal marque son passage; cette trace, appelée " frévoir" ou "fréouër", est recueillie, indiquant l'âge et la force de la bête par sa hauteur sur l'arbre et sa profondeur.
Sur la photo, les bois sont arrivés à maturité. La circulation sanguine du velours s'arrête, la peau meurt et se dessèche. Les cerfs s'en débarrassent en se frottant les bois contre les arbres et en avalant les lambeaux qui se détachent.
Dans le cérémonial ancien de la vénerie : Qui rapporte au Roi le premier frévoir reçoit un cheval ! s'il est gentilhomme; un habit s'il est valet de limier. ( A la fin du 18é siècle, le Roi accorde encore une gratification à l'ensemble des valets de limiers. )
Chasse au cerf, Tours ( vers 1500 )
Ce don solennise le passage de l'hiver, où il serait indécent de poursuivre des bêtes découronnées, à l'époque des chasses, où les cerfs sont de nouveau dignes d'être combattus, à armes égales.
Après la chute des bois, les cerfs se cachent au plus profond des forêts, parce qu'ils ont "perdu leurs armes et deffenses" mais aussi pour" la honte qu'ils ont d'avoir perdu leur force et beauté."
La chasse permet à l'homme de "jouir de soi-même" de "rappeler dans l'âme les affectations personnelles, les désirs secrets, les sentiments intimes mille fois plus précieux que les idées de la grandeur" Bref, la chasse rend l'homme à la "solitude", mais une solitude "variée" et "animée".
Buffon ne confond pas la solitude du chasseur avec l'isolement : de même que la campagne vaut pour métaphore de la fuite hors des contraintes sociales, la solitude signifie ici : retour à soi et s'accommode de la compagnie des amis. L'accès quand il le veut à la nature est le privilège du chasseur.
Au cœur d'une société où tout est fête, la chasse est l'occasion des plus belles fêtes, qui déplacent les limites du jour et de la nuit.
Dans la chasse, la critique sociale dénonce principalement l'écart entre l'image d'un statut et la réalité. Seuls les riches et les vertueux ont le droit d'être inutiles, et l'oisiveté du pauvre est un péché ou un ridicule.
Invité- Invité
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
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Un jour, à Fontainebleau, je fus témoin d'une boutade de Lansmate; la chasse avait été rude, on avait forcé deux cerfs; les chiens, les chevaux, les hommes, tout était sur les dents, et l'on regagnait sagement les voitures.
Le Roi, avec sa voix enrouée qui l'aurait distingué entre cent mille, appelle Lansmate : « Lansmate, dit-il, les chiens sont las? — Oui, Sire, pas mal comme cela, — Les chevaux le sont- ils? — Je le crois bien. — Cependant, continue le Roi, je chasserai après-demain. Lansmate se tait. Entendez-vous, Lansmate ? je chasserai après-demain. — Oui, Sire, j'entends du premier mot. Mais ce qui me pique, dit-il en allant gagner son équipage, c'est que j'entends toujours demander si les chiens et les chevaux sont las, et jamais les hommes. Cela fut dit de manière que le Roi n'en perdit pas un mot. La chasse fut comme il l'avait ordonné.
Le Roi avait une grande attention de ne jamais passer dans une terre labourée, ensemencée, ou prête à rapporter; il tançait rudement les chasseurs qui passaient même sur les bords. Il faisait à chaque chasse payer les dommages aux propriétaires, s'ils se plaignaient, ou même sans plainte.
( Dufort de Cheverny )
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Un jour, à Fontainebleau, je fus témoin d'une boutade de Lansmate; la chasse avait été rude, on avait forcé deux cerfs; les chiens, les chevaux, les hommes, tout était sur les dents, et l'on regagnait sagement les voitures.
Le Roi, avec sa voix enrouée qui l'aurait distingué entre cent mille, appelle Lansmate : « Lansmate, dit-il, les chiens sont las? — Oui, Sire, pas mal comme cela, — Les chevaux le sont- ils? — Je le crois bien. — Cependant, continue le Roi, je chasserai après-demain. Lansmate se tait. Entendez-vous, Lansmate ? je chasserai après-demain. — Oui, Sire, j'entends du premier mot. Mais ce qui me pique, dit-il en allant gagner son équipage, c'est que j'entends toujours demander si les chiens et les chevaux sont las, et jamais les hommes. Cela fut dit de manière que le Roi n'en perdit pas un mot. La chasse fut comme il l'avait ordonné.
Le Roi avait une grande attention de ne jamais passer dans une terre labourée, ensemencée, ou prête à rapporter; il tançait rudement les chasseurs qui passaient même sur les bords. Il faisait à chaque chasse payer les dommages aux propriétaires, s'ils se plaignaient, ou même sans plainte.
( Dufort de Cheverny )
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Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
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Je trouve amusant : Le Roi, avec sa voix enrouée qui l'aurait distingué entre cent mille .
Louis XV, bien sûr !
Je trouve amusant : Le Roi, avec sa voix enrouée qui l'aurait distingué entre cent mille .
Louis XV, bien sûr !
Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Oui, Louis XV avait la voix cassée car apparemment il souffrait de laryngites et autres rhumes en permanence.
C'est ce que j'ai lu dans la biographie de Petitfils.
C'est ce que j'ai lu dans la biographie de Petitfils.
Invité- Invité
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
;
Le goût dominant de Louis XVI était la chasse. Il y prenait le plus grand intérêt, indiquait lui-même les cantons, tenait note des cerfs forcés, de leur âge et des circonstances de leur prise. Ce noble amusement, si salutaire à sa santé, était sa seule passion. Il allait aussi très fréquemment à la chasse au fusil, et, malgré sa mauvaise vue, il tirait avec une grande précision, et un si grand nombre de coups, que je l'ai vu souvent revenir avec la figure toute noircie par la poudre. Quant à la chasse au faucon ou au vol, elle n'avait lieu qu'une fois chaque année, avec une grande solennité. Le roi montait mal à cheval et sans beaucoup de hardiesse.
Il arrivait souvent que les demi-bottes fortes, appelées bottes à chaudrons, dont il avait l'habitude de se servir, effarouchaient les
chevaux, pour peu qu'ils eussent les aides fines; mais un cheval qui lui faisait une sottise était sur-le-champ réformé des rangs du roi.
Quand le roi revenait de chasser à Rambouillet, où il restait à souper, c'était très-avant dans la nuit. En arrivant, à moitié endormi, les jambes engourdies, ébloui par l'éclat des lumières et des flambeaux, il avait peine à monter son escalier. Les valets qui le voyaient, déjà imbus de l'idée de ses débauches, le croyaient dans l'ivresse la plus profonde; tandis que, rentré clans ses appartements, et revenu de son assoupissement, il reprenait la conversation et parlait de sa chasse avec des détails que nous trouvions bien longs à trois heures du matin.
( Comte d'Hézecques )
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Le goût dominant de Louis XVI était la chasse. Il y prenait le plus grand intérêt, indiquait lui-même les cantons, tenait note des cerfs forcés, de leur âge et des circonstances de leur prise. Ce noble amusement, si salutaire à sa santé, était sa seule passion. Il allait aussi très fréquemment à la chasse au fusil, et, malgré sa mauvaise vue, il tirait avec une grande précision, et un si grand nombre de coups, que je l'ai vu souvent revenir avec la figure toute noircie par la poudre. Quant à la chasse au faucon ou au vol, elle n'avait lieu qu'une fois chaque année, avec une grande solennité. Le roi montait mal à cheval et sans beaucoup de hardiesse.
Il arrivait souvent que les demi-bottes fortes, appelées bottes à chaudrons, dont il avait l'habitude de se servir, effarouchaient les
chevaux, pour peu qu'ils eussent les aides fines; mais un cheval qui lui faisait une sottise était sur-le-champ réformé des rangs du roi.
Quand le roi revenait de chasser à Rambouillet, où il restait à souper, c'était très-avant dans la nuit. En arrivant, à moitié endormi, les jambes engourdies, ébloui par l'éclat des lumières et des flambeaux, il avait peine à monter son escalier. Les valets qui le voyaient, déjà imbus de l'idée de ses débauches, le croyaient dans l'ivresse la plus profonde; tandis que, rentré clans ses appartements, et revenu de son assoupissement, il reprenait la conversation et parlait de sa chasse avec des détails que nous trouvions bien longs à trois heures du matin.
( Comte d'Hézecques )
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Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Oui, je savais que Louis XVI adorait la chasse à l'inverse de son épouse.
Personnellement, je suivrais Marie-Antoinette même si les chasseurs se défendent en précisant que tuer des animaux amène un équilibre dans les forêts car il y en auraient de trop.
La viande de sanglier est si fine et délicieuse, mais qu'a donc aussi la laie à donner naissance à autant d'adorables marcassins.... C'est vraiment une grande tentation pour les chasseurs. :
Non, non, je ne prends pas la défense des chasseurs. J'ai une trop grande passion pour mes amis les animaux.
Personnellement, je suivrais Marie-Antoinette même si les chasseurs se défendent en précisant que tuer des animaux amène un équilibre dans les forêts car il y en auraient de trop.
La viande de sanglier est si fine et délicieuse, mais qu'a donc aussi la laie à donner naissance à autant d'adorables marcassins.... C'est vraiment une grande tentation pour les chasseurs. :
Non, non, je ne prends pas la défense des chasseurs. J'ai une trop grande passion pour mes amis les animaux.
Trianon- Messages : 3291
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Ces sentiments vous honorent, mais, sans vouloir paraître abrupte, là n'est pas la question .... Evitons un énième débat anti- vs pro-chasse
Lucius- Messages : 11658
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Lucius a écrit:Ces sentiments vous honorent, mais, sans vouloir paraître abrupte, là n'est pas la question .... Evitons un énième débat anti- vs pro-chasse
Tout-à-fait d'accord avec vous Lucius. Sujet par trop passionnant.
Trianon- Messages : 3291
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Quand on sait ce qu'on risque, il faut vraiment être c..., permettez-moi l'expression.
Invité- Invité
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Le 5 avril 1787
Le duc d'Orléans se laissa tellement emporter ces jours-ci par l'ardeur de la chasse, qu'il suivit, avec ses équipages, la bête qu'il poursuivoit à travers le faubourg Montmartre, la place Vendôme et la rue Saint-Honoré jusqu'à la place Louis XV, non sans avoir renversé et blessé plusieurs personnes, ce qui a donné lieu à cette épigramme :
Le duc d'Orléans se laissa tellement emporter ces jours-ci par l'ardeur de la chasse, qu'il suivit, avec ses équipages, la bête qu'il poursuivoit à travers le faubourg Montmartre, la place Vendôme et la rue Saint-Honoré jusqu'à la place Louis XV, non sans avoir renversé et blessé plusieurs personnes, ce qui a donné lieu à cette épigramme :
Si quelqu'un m'avoit dit que Paris est un bois
Où, de l'humanité méconnaissant les droits,
Des voleurs, affamés de meurtre et de rapine,
Exerçoient à l'envi leur fureur assassine,
Je ne l'aurois pas cru; mais, sandis, aujourd'hui
Je serois du dicton et l'organe et l'appui,
Puisqu'au sein de Paris, un grand, noble de race,
Sans respect pour le droit des gens,
Ecrase quelques habitants
Pour goûter en plein jour le plaisir de la chasse.
Où, de l'humanité méconnaissant les droits,
Des voleurs, affamés de meurtre et de rapine,
Exerçoient à l'envi leur fureur assassine,
Je ne l'aurois pas cru; mais, sandis, aujourd'hui
Je serois du dicton et l'organe et l'appui,
Puisqu'au sein de Paris, un grand, noble de race,
Sans respect pour le droit des gens,
Ecrase quelques habitants
Pour goûter en plein jour le plaisir de la chasse.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54458
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Eh bien voilà !! Cette passion de la chasse chez les Grands (disons comme cela est écrit : noble de race.... drôle de noblesse) les rendait aveugles au point de s'introduire jusque dans les rues de Paris. Comme dirait Marie-Antoinette : Quelle impudence.
Ah Paris, Paris, on a osé te défigurer. Crime de lèse-majesté..... LOL.
Ah Paris, Paris, on a osé te défigurer. Crime de lèse-majesté..... LOL.
Trianon- Messages : 3291
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Reinette a écrit:Et il n'en restait pas moins populaire ?
Parlez-vous du Duc d'Orléans ou de notre belle ville (qui me manque tellement, même si on n'arrête pas de me dire qu'elle a tellement changé) ?
Trianon- Messages : 3291
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Le duc d'Orléans était très populaire au début de la Révolution. Or cet incident ne semble pas l'avoir discrédité.
Invité- Invité
Mme de Sabran- Messages : 54458
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Comtesse Diane- Messages : 7416
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Re: La chasse sous l'Ancien Régime
Madame Elisabeth elle-même adorait la chasse .
Angélique de Bombelles l'y suivait, parfois du matin au soir :
Il n'était pourtant pas question pour Mme de Bombelles de dormir la grasse matinée, car le matin même, avant neuf heures, elle courait déjà les bois des environs de Versailles, et bientôt, s'éloignant au grand galop, elle a encore suivi sa princesse à ses chasses fatigantes dont elle est revenue à six heures du soir.
( le comte de Fleury )
Angélique de Bombelles l'y suivait, parfois du matin au soir :
Il n'était pourtant pas question pour Mme de Bombelles de dormir la grasse matinée, car le matin même, avant neuf heures, elle courait déjà les bois des environs de Versailles, et bientôt, s'éloignant au grand galop, elle a encore suivi sa princesse à ses chasses fatigantes dont elle est revenue à six heures du soir.
( le comte de Fleury )
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Localisation : l'Ouest sauvage
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