Actrices, chanteuses, danseuses, comédiennes et courtisanes : les " filles de l'Opéra " au XVIIIe siècle

C'était une confidence de Mlle Laguerre à Mlle Sophie Arnould

Mlle Laguerre était un grande amie à Sophie Arnould. Elle est citée à de nombreuses pages de son livre
Arnoldiana

Un vieux post redécouvert avec grand plaisir , mais qui a un peu oublié Sophie Arnould, ou du moins pas parlé à sa juste valeur.

Sujet très intéressant, que je découvre aussi
Comme quoi le forum regorge de trésors cachés

Du coup, on s'enrichit de tous les liens.

Danseuses, chanteuses, courtisanes, libertines les filles de l'opéra avaient un statut spécial.
Je relis un vieux livre et il m'a semblé intéressant de vous montrer que derrière la façade de la scène, un autre monde existait...

Emile Dousset, dans son Chamfort et son temps  
donne Mademoiselle Guimard pour avoir été le premier amour de Chamfort !

Son premier amour, ambitieux sans doute, car Chamfort est ambitieux, ce sera la femme la plus adulée, la plus recherchée de Paris : Mlle Guimard. Elle a quinze ans à peine lorsqu'elle entre comme danseuse figurante dans le corps de ballet, protégée par M. d'Harnoncourt et le président de Saint-Lubin. Marie-Madeleine Guimard avait reçu une éducation soignée. Dès 1760, le policier du Marais, qui déjà s'occupe d'elle, nous apprend qu'" elle a la plus belle gorge du monde et que sa figure, sans être jolie, est avenante ".


"- Ah !  dit-elle, d'un ton pathétique, c'est hier qu'il fallait me voir. "  

Il y a un livre sur Mme Guimard  que j'ai adoré. Elle fut très courageuse pendant la révolution. Et échappa de peu à la folie des tribunaux révolutionnaires. Elle a sa tombe à Paris,  pas comme Sophie Arnould, son amie.

N'oublions pas Mlle Dervieux danseuse de l'Opéra, la grande ennemie de Mlle Guimard. Un livre est disponible sur elle.

Très drôle !  

Sa petite taille et sa maigreur  ( à Mlle Guimard ) sont telles qu'un jour, en observant les deux danseurs Vestris et Gardel courir sur scène derrière elle, Mme Vigée Le Brun croira voir deux grands chiens qui se disputent un os .



( Patrick Barbier, Marie-Antoinette et la musique )

Oui un nid de chipies à l'opéra.

Le lit de Mademoiselle Guimard qui fut mis en vente par l'Hôtel Drouot. Son estimation, et là vous ne rêvez pas, oscillait entre 500 000 et 600 000 euros ! Je ne sais s'il a trouvé preneur

L'acquéreur à la tirelire bien garnie ne doit pas être très grand pour profiter d'un sommeil réparateur dans ce joli lit antique

Il ne s'est pas vendu en 2017, et toujours pas en 2020, estimé pourtant 5 fois moins cher.
Ajoutons que le lit est présumé avoir appartenu à Mademoiselle Guimard.

Voir se description : ICI

S'il n'y est pas déjà, je le présenterai aussi dans notre sujet consacré au lits du XVIIIe siècle. Merci Mr Ventier.

Prochainement présenté en vente aux enchères, ce portrait (assez atypique) de...

Madame Dauberval, danseuse de l'Opéra de Paris, de Londres et de Bordeaux
François-Joseph Lonsing (1739-1799)
Vers 1785
Huile sur toile d'origine. 80,5 x 65 cm


Présentation au catalogue (extraits) :

Marie-Madeleine Crespée (Paris 1760 - Auderige 1799) élève du danseur Jean-Baptiste Lany (1718-1786) débuta à l'Opéra en 1777 sous le nom de Melle Théodore dans le ballet Myrtil et Lycoris, avant d'épouser (1783) le danseur Jean Bercher dit Dauberval (1742-1806) ancien protégé de la Du Barry, favorite de Louis XV.

Pas de Deux, Tiré du Second Acte de l'Opera de Sylvie: Exécuté par Mr. Dauberval & Mlle. Allard
Jean-Baptiste Tilliard (graveur), d'après Louis de Carmontelle (dessinateur)
Estampe, vers 1767
Image : The Metropolitan Museum of Art

Devenu Maître de ballet à l'Opéra de Bordeaux Jean Dauberval composa un ballet dit « anacréontique » Le Bonheur est d'aimer, dans lequel son épouse fit ses débuts (février 1785), avant de s'illustrer dans d'autres ballets également composés par celui-ci: La Fille mal gardée, Le Déserteur, Télémaque, l'Epreuve villageoise, etc.

Au témoignage du Mercure et de Mme de La Roche, Madame Dauberval s'imposa comme une grande artiste, au jeu précis et brillant, qui se montra l'émule de ses contemporaines célèbres, Melle Sallé, la Guimard et la Camargo (Cf. Jeanne Méaudre de Lapouyade, p. 10).
(...)


Bibliographie:

Jeanne Méaudre de Lapouyade, Un portrait de Madame Dauberval par Lonsing. Revue Historique de Bordeaux et du département de la Gironde. Année 1915, 8e année (n° 4, pp. 202-210). Le portrait, reproduit en pleine page (202) est longuement décrit par l'auteur, auquel nous reprenons certains éléments (pp. 207 & 208).

Après avoir relevé la grâce du modèle, « son âme quelque peu romanesque et sentimentale, sa nature ardente et volontaire, son esprit pétillant et toute la finesse de sa diplomatie féminine », Meaudre de Lapouyade s'arrête longuement sur l'exécution de l'ajustement et des accessoires: « Toute une gamme légère de gris argentés, de bleus et de roses, discrètement soutenus par les chaudes colorations du visage et l'auréole brune des cheveux, monte des satins et des dentelles, créant une harmonie tendre,, lumineuse et gaie, mise en valeur par les tonalités sombres du fond ».

* Source et infos complémentaires : Drouot Estimations - Paris, vente du 5 avril 2024



L'article évoqué ci-dessus est à lire, ici : Revue Persée - Un portrait de Madame Dauberval par Lonsing


Ainsi que cet article, en ligne, consacré aux carrières artistiques et aux biographies du couple Dauberval.

Je vous remercie vraiment pour ce poste. Avez-vous une estimation du tableau ?

Quelle merveille !   Le " rendu " des étoffes, tulle plumetis, dentelle, satin est époustouflant !  N'étaient le rose des joues et des fleurs, les feuilles et la ceinture, ce portrait semblerait une grisaille.
C'est une belle physionomie de caractère avec un petit quelque chose d'impérieux.

Mr ventier a écrit: Avez-vous une estimation du tableau ?

Entre 5000 et 7000 €.

J'ai déjà posté le lien de la présentation complète de la maison de vente :

La nuit, la neige a écrit:
* Source et infos complémentaires : Drouot Estimations - Paris, vente du 5 avril 2024