Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
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Lucius
Mme de Sabran
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Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Mme de Sabran a écrit:Majesté a écrit:
La R. c'est la Reine, on est d'accord
Le C.... ce ne peut signifier que le Comte...quel comte?
Mais non, voyons ! Le C... , c'est le Cardinal, forcément, c'est Rohan
Ah ben oui...
Mais tu n'avais pas écrit C... mais C.... avec quatre points ... d'où ma déduction...
Trois points, évidemment, on sait mieux ce que ça veut dire et ça entre plus en rapport avec l'affaire dont parle Calonne...
Bien à vous.
Invité- Invité
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
En fait c'est moi qui t'ai mal lue... c'étaient trois points...et le point final de la phrase... nuance ...Majesté a écrit:
Mais tu n'avais pas écrit C... mais C.... avec quatre points ... d'où ma déduction...
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
: : :
C'est vrai que je ne compte pas toujours mes petits points de suspension .
En général, ils rajoutent au sens quand je les multiplie .
.
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Majesté a écrit:
En quoi la duchesse de Polignac est-elle compromise dans ces pamphlets qu'on sait faux? C'est le point de vue de Calonne pour mettre en valeur son action... boudoi29
Pour comprendre, il faut relire les Mémoires justificatifs de la comtesse de Valois parus à Londres en 1789 et qui incluent les lettres dont on parle. IL se trouve sur Google Books. Le nom de la duchesse y est cité six fois et celui, générique, des Polignacs sept . Un survol rapide de ces pages permet de se rendre compte rapidement du niveau des attaques contre la duchesse. Je vais me répéter, bien sûr Calonne sait qu'il s'agit de faux mais, dans sa logique, il veut absolument éviter que ce document paraisse en raison de ce qu'il pense que sera ses répercussions sur l'opinion publique très hostile à la reine et bien évidemment à la duchesse de Polignac cause de toutes ses dépradations. N'oublions pas que, pour l'instant, il n'existait que des rumeurs sur ces fameuses lettres et qu'elles n'avaient pu être consultées lors de l'enquête. On sait seulement qu'il s'agit de faux d'après les déclarations de Rétaux de Villette. C'est donc là son seul motif, car il espère que ce geste amènera la reine à reconsidérer l'animosité qu'elle lui porte.
Mais Calonne s'est trompé sur ce point car lorsque ce pamphlet parut à Londres en 1789, l'opinion publique avait bien d'autres chats à fouetter que les Mémoires glauques de Mme de la Motte.
Bien à vous.
Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Merci, cher Roi-Cavalerie. Cela confirme l'idée que je me faisais et l'extrapole puisque Calonne veut protéger la Reine à travers la réputation de Madame de Polignac.
J'ai déjà parcouru les écrits de Madame de Lamotte...il faudra que j'y rejette un oeil
Bien à vous.
J'ai déjà parcouru les écrits de Madame de Lamotte...il faudra que j'y rejette un oeil
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Mme de Sabran a écrit:
Calonne à Mme de Polignac
-- Date illisible
Vous avez beaucoup à faire entendre sur ce chapitre et je me borne à vous y faire ??? Si vous faites, en réunissant tous ces moyens à la circonstance présente, l'impression que vous devez faire, vous regagnerez aussitôt toute la confiance qui eut été bien à souhaiter pour le bonheur même de la Reine et qu'elle vous eût toujours conservée.
Vous la rendez ??? quand il serait vrai que, réduit où j'en étais, j'eusse cherché tous les moyens de faire ….. sans ménagements, n'en ai-je pas été assez puni par les suites, et le reste de ma conduite, et ce que je fais en ce moment, et les sentiments que vous m'avez toujours connus, ne vous donnent-ils pas des armes puissantes à faire valoir avec le nerf que vous savez employer quand le moment l'exige. Il me semble que vous n'en avez jamais vu matière ( ? ) pour vous-même.
Les affaires vont à la diable, quoiqu'on en dise. On perd le royaume, en perdant tout crédit et faisant perdre toute considération. On a enhardi la fermentation devenue générale, par une suite de faiblesses, de rétractations, et d'inconséquences qui excitent le mépris plus dangereux que la haine. On va nous engager dans une guerre épouvantable. La France reprochera à la Reine tous les malheurs; on nous croira sacrifiés à la maison d'Autriche, on fera retomber sur elle-même l'exécration que s'attirent ceux qui agissent en son nom; et elle éprouvera trop tard de cruels repentirs.
.
Pour ma part et, en dehors même de l'objet et du fond de cette lettre, je remarque :
1/ les 2 phrases mises en gras ci-dessus qui évoquent bien le manque de confiance dont se plaignait la duchesse à propos de la reine ( Lettre de Dorset à la duchesse de Devonshire, peu après le retour de Little Po d'Angleterre en Juin 1787) mais aussi que celle ci pouvait faire preuve de caractère lorsqu'elle pensait que cela était nécessaire pour défendre ses amis. Nous en avons eu à plusieurs reprises la preuve dans les mémoires de ses contemporains. En voilà une de plus. La duchesse n'était pas une femme au caractère effacé comme certains ont pu le penser ou ont voulu le faire croire mais bien une redoutable alliée et remarquablement désintéressée pour elle-même ce qui ne veut pas dire qu'elle l'était pour sa famille.
2/ La conclusion me semble assez prémonitoire.
Bien à vous. Roi-cavalerie[/quote]
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Merci à nos amis-enquêteurs pour cette nouvelle lettre.
Eh bien, l’on ne pourra pas dire qu’il n’aura pas insisté !
Une caisse en plomb pour les documents, deux cordes et deux pierres pour les maîtres-chanteurs, et le tout : au fond de la Tamise !
C’est sûr que Marie-Antoinette ne semble guère avoir été du genre à revenir sur ses sentiments, en particulier lorsqu’ils étaient négatifs.
Oui, il n’a pas tort sur ce coup-là...
Eh bien, l’on ne pourra pas dire qu’il n’aura pas insisté !
Il y va vraiment sur les pointes des pieds, le pauvre...Calonne a écrit:
On n'a peut-être pas d'idée juste de ce que contiennent les pages dont il s'agit et de l'effet qu'elles peuvent produire. Je n'ai pas voulu les voir parce que je veux pouvoir me nier à moi-même l'existence de ce qui, vrai ou faux, doit être enseveli dans le plus profond néant.
Je sais seulement qu'on atteste etc.
Une caisse en plomb pour les documents, deux cordes et deux pierres pour les maîtres-chanteurs, et le tout : au fond de la Tamise !
Décidément, il ne s’en remet pas. :Calonne a écrit:Ce contraste ne fera-t-il aucune impression? Combien d'autres dans ma position, sans se permettre même rien de blâmable, eussent laissé faire ce qui pouvait leur devenir utile? Une honnêteté qui ne s'est jamais démentie, ce qui ne se dément pas encore au milieu des rigueurs dont on l'accable, et qui ne cesse pas de montrer du zèle quand elle n'éprouve qu'injustice et défiance, ne devrait-elle pas parler plus haut que les fausses insinuations de ceux qui sont intéressés à nuire et qui ne savent que nuire?
Faudra-t-il toujours que ce que je fais soit interprété à rebours de mes intentions, me fasse supposer des sentiments contraires, absolument contraires à ceux dont je suis le plus intimement pénétré.
C’est sûr que Marie-Antoinette ne semble guère avoir été du genre à revenir sur ses sentiments, en particulier lorsqu’ils étaient négatifs.
Calonne a écrit:Les affaires vont à la diable, quoiqu'on en dise. On perd le royaume, en perdant tout crédit et faisant perdre toute considération. On a enhardi la fermentation devenue générale, par une suite de faiblesses, de rétractations, et d'inconséquences qui excitent le mépris plus dangereux que la haine. On va nous engager dans une guerre épouvantable. La France reprochera à la Reine tous les malheurs; on nous croira sacrifiés à la maison d'Autriche, on fera retomber sur elle-même l'exécration que s'attirent ceux qui agissent en son nom; et elle éprouvera trop tard de cruels repentirs.
Oui, il n’a pas tort sur ce coup-là...
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:
Pour ma part et, en dehors même de l'objet et du fond de cette lettre, je remarque :
1/ les 2 phrases mises en gras ci-dessus qui évoquent bien le manque de confiance dont se plaignait la duchesse à propos de la reine ( Lettre de Dorset à la duchesse de Devonshire, peu après le retour de Little Po d'Angleterre en Juin 1787) mais aussi que celle ci pouvait faire preuve de caractère lorsqu'elle pensait que cela était nécessaire pour défendre ses amis. Nous en avons eu à plusieurs reprises la preuve dans les mémoires de ses contemporains. En voilà une de plus. La duchesse n'était pas une femme au caractère effacé comme certains ont pu le penser ou ont voulu le faire croire mais bien une redoutable alliée et remarquablement désintéressée pour elle-même ce qui ne veut pas dire qu'elle l'était pour sa famille.
Nous avons la même perception de la psychologie de Yolande, cher Roi-cavalerie .
C'est une raison de plus, pour moi, de vous apprécier !
Quand j'ai lu cette phrase de Calonne, je me suis souvenue d'une autre de Besenval, tout à fait similaire, sur notre petite duchesse .
Attendez, j'essaie de vous la retrouver !!! :n,,;::::!!!:
Donnez-moi deux minutes .
.
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Zut ! je ne retrouve pas !!!
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
La nuit, la neige a écrit:
Une caisse en plomb pour les documents, deux cordes et deux pierres pour les maîtres-chanteurs, et le tout : au fond de la Tamise !
... toi ! si pacifique !!! Je ne te reconnais pas .
Plouf ! à Zeus, Berthe ! et bon débarras .
Tu verras dans sa prochaine lettre que Calonne, en d'autres termes, dit comme toi !
.
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Ah ! Enfin ! :Mme de Sabran a écrit:
Tu verras dans sa prochaine lettre que Calonne, en d'autres termes, dit comme toi !
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Tiens, vois plutôt ! : : :
Calonne a les mêmes pulsions criminelles que toi !
Calonne à la duchesse de Polignac
Londres le 28 juillet 1788
J'envoie cette lettre par le frère d'Elizabeth
Je suis bien aise, aimable duchesse, que j'ai du moins la preuve que jusqu'au dernier moment j'ai fait tous mes effort pour prévenir l'effet de cet infernal écrit que je ne puis plus empêcher de paraître et à l'égard duquel l'inaction absolue que j'ai annoncée a mis d'autant plus au désespoir qu'on est irrité des délais que j'avais fait obtenir. Je crois qu'il s'imprime et vous verrez ce qu'il produira. Il est hors de doute qu'il y a une intrigue qui pousse ces gens-là et qui depuis longtemps leur reprochait de se laisser abuser, qui même leur avait offert de l'argent. J'ai nommé dans le temps l'envoyé qui est encore ici.
On m'a dit que la femme, qui depuis 8 jours n'était pas sortie d'accès de rage, était tombée dangereusement malade. Si elle venait à mourir, ce serait un vrai bonheur. Mais puisqu'on a pris le parti de tout mépriser quand on pouvait tout étouffer, je n'ai plus rien à dire et je m'en lave les mains.
Je pourrais en dire autant de tout ce qui se passe et des suites effroyables qu'on peut prévoir. Hélas! Voilà ce qu'on a gagné et qu'on ne dise pas que je sois pour chose au monde la cause la plus éloignée. Je saurai faire voir aussi clair que le jour que si les choses avaient suivi le cours que je leur avais donné, rien de ce qu'on a fait n'en été nécessaire; et que même le dérangement au milieu de balourdises et d'inconséquences qu'on a commises depuis un an, n'ont eu d'autre principe que la maladresse ou les mauvaises intentions de leurs auteurs, qu'avec moins d'envie on de moyens ( ? ) on eût pu les arrêter; et qu'il serait souverainement injuste de m'en imputer la plus petite parcelle. Voila, charmante amie, ce qu'il me sera impossible de ne pas dire et de ne pas dire hautement, si enfin on ne me rend pas justice.
Un arrêt du conseil a évoqué les dénonciations qu'on avait fait faire au Parlement. Elles ne peuvent pas rester éternellement indécises sans que mon honneur reste en souffrance. J'ai donc droit d'en exiger la décision, et je l'exigerai certainement.
Il n'y a plus de prétexte de différer. Les différentes commissions nommées ont fait leur rapport, l'affaire de la Monière (?) va être entièrement éclaircie et constatée à mon avantage sous 8 jours.
Mes discussions avec M. Necker ne peuvent plus être un motif de doute. Elles n'en ont pas laissé aux yeux du public. L'Europe est convaincue, et le silence des charlatans ??? prendre acte et achever la conviction ? Si donc on ne veut en pareille circonstance ne rien prononcer en ma faveur, c'est à dire si le Roi ne déclare pas authentiquement qu'il m'a trouvé irréprochable, vous conviendrez que je suis fondé à réclamer alors cet acte de justice avec toute l'énergie et tous les accessoires ( ? ) les plus capables de m'assurer à jamais le jugement de la nation et de la postérité.
Je me verrai forcé en même temps de faire des parallèles qui pourraient déplaire à ceux dont la conduite ne fait que trop l'apologie de la mienne. Mais ils n'en seront pas moins frappants. S'ils veulent me prévenir, il en est temps.
J'espère, Madame la duchesse, que vous ne cesserez pas de me trouver digne de votre estime et que vous me conserverez cette amitié que mes sentiments méritent et qui m'est si précieuse.
Mille tendresses à M. le duc de Polignac et à notre malheureux ami.
On m'a dit que la femme, qui depuis 8 jours n'était pas sortie d'accès de rage, était tombée dangereusement malade. Si elle venait à mourir, ce serait un vrai bonheur.
Nous reconnaissons bien là notre la Motte, toujours aussi hystérique !
.
Calonne a les mêmes pulsions criminelles que toi !
Calonne à la duchesse de Polignac
Londres le 28 juillet 1788
J'envoie cette lettre par le frère d'Elizabeth
Je suis bien aise, aimable duchesse, que j'ai du moins la preuve que jusqu'au dernier moment j'ai fait tous mes effort pour prévenir l'effet de cet infernal écrit que je ne puis plus empêcher de paraître et à l'égard duquel l'inaction absolue que j'ai annoncée a mis d'autant plus au désespoir qu'on est irrité des délais que j'avais fait obtenir. Je crois qu'il s'imprime et vous verrez ce qu'il produira. Il est hors de doute qu'il y a une intrigue qui pousse ces gens-là et qui depuis longtemps leur reprochait de se laisser abuser, qui même leur avait offert de l'argent. J'ai nommé dans le temps l'envoyé qui est encore ici.
On m'a dit que la femme, qui depuis 8 jours n'était pas sortie d'accès de rage, était tombée dangereusement malade. Si elle venait à mourir, ce serait un vrai bonheur. Mais puisqu'on a pris le parti de tout mépriser quand on pouvait tout étouffer, je n'ai plus rien à dire et je m'en lave les mains.
Je pourrais en dire autant de tout ce qui se passe et des suites effroyables qu'on peut prévoir. Hélas! Voilà ce qu'on a gagné et qu'on ne dise pas que je sois pour chose au monde la cause la plus éloignée. Je saurai faire voir aussi clair que le jour que si les choses avaient suivi le cours que je leur avais donné, rien de ce qu'on a fait n'en été nécessaire; et que même le dérangement au milieu de balourdises et d'inconséquences qu'on a commises depuis un an, n'ont eu d'autre principe que la maladresse ou les mauvaises intentions de leurs auteurs, qu'avec moins d'envie on de moyens ( ? ) on eût pu les arrêter; et qu'il serait souverainement injuste de m'en imputer la plus petite parcelle. Voila, charmante amie, ce qu'il me sera impossible de ne pas dire et de ne pas dire hautement, si enfin on ne me rend pas justice.
Un arrêt du conseil a évoqué les dénonciations qu'on avait fait faire au Parlement. Elles ne peuvent pas rester éternellement indécises sans que mon honneur reste en souffrance. J'ai donc droit d'en exiger la décision, et je l'exigerai certainement.
Il n'y a plus de prétexte de différer. Les différentes commissions nommées ont fait leur rapport, l'affaire de la Monière (?) va être entièrement éclaircie et constatée à mon avantage sous 8 jours.
Mes discussions avec M. Necker ne peuvent plus être un motif de doute. Elles n'en ont pas laissé aux yeux du public. L'Europe est convaincue, et le silence des charlatans ??? prendre acte et achever la conviction ? Si donc on ne veut en pareille circonstance ne rien prononcer en ma faveur, c'est à dire si le Roi ne déclare pas authentiquement qu'il m'a trouvé irréprochable, vous conviendrez que je suis fondé à réclamer alors cet acte de justice avec toute l'énergie et tous les accessoires ( ? ) les plus capables de m'assurer à jamais le jugement de la nation et de la postérité.
Je me verrai forcé en même temps de faire des parallèles qui pourraient déplaire à ceux dont la conduite ne fait que trop l'apologie de la mienne. Mais ils n'en seront pas moins frappants. S'ils veulent me prévenir, il en est temps.
J'espère, Madame la duchesse, que vous ne cesserez pas de me trouver digne de votre estime et que vous me conserverez cette amitié que mes sentiments méritent et qui m'est si précieuse.
Mille tendresses à M. le duc de Polignac et à notre malheureux ami.
Outremanche a écrit:
Il me semble par cette lettre et la dernière, quand il parle de 'forces opposées', que les agents du duc d'Orléans ont poussé les La Motte ou à publier ou à déposer leur 'preuves'.
Le frère d'Elizabeth qui porta la lettre, c'est peut-être le frère de Lady Elizabeth Foster, Lord Hervey qui était l'ambassadeur anglais au grand duché de Toscane et qui voyageait régulièrement (il aidait sa soeur pendant ses déplacements pour accoucher des enfants du duc de Devonshire).
On m'a dit que la femme, qui depuis 8 jours n'était pas sortie d'accès de rage, était tombée dangereusement malade. Si elle venait à mourir, ce serait un vrai bonheur.
Nous reconnaissons bien là notre la Motte, toujours aussi hystérique !
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Dernière édition par Mme de Sabran le Jeu 09 Oct 2014, 08:16, édité 1 fois
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Mme de Sabran a écrit:Roi-cavalerie a écrit:
Pour ma part et, en dehors même de l'objet et du fond de cette lettre, je remarque :
1/ les 2 phrases mises en gras ci-dessus qui évoquent bien le manque de confiance dont se plaignait la duchesse à propos de la reine ( Lettre de Dorset à la duchesse de Devonshire, peu après le retour de Little Po d'Angleterre en Juin 1787) mais aussi que celle ci pouvait faire preuve de caractère lorsqu'elle pensait que cela était nécessaire pour défendre ses amis. Nous en avons eu à plusieurs reprises la preuve dans les mémoires de ses contemporains. En voilà une de plus. La duchesse n'était pas une femme au caractère effacé comme certains ont pu le penser ou ont voulu le faire croire mais bien une redoutable alliée et remarquablement désintéressée pour elle-même ce qui ne veut pas dire qu'elle l'était pour sa famille.
Nous avons la même perception de la psychologie de Yolande, cher Roi-cavalerie .
.
Nous sommes bien d'acccord ma chère Eléonore. Il va falloir surveiller de près la manière dont les organisateurs de la future exposition sur Marie Antoinette et son entourage qui a été annoncée sur ce forum vont traiter le sujet de la duchesse de Polignac, si, du moins, ils ne l'évacuent pas. La présentation qui en était donnée sur le site du château de Versailles était, jusqu'à l'année dernière, particulièrement désobligeante. Heureusement, elle a été changée, depuis, j'imagine par un conservateur, et j'espère bien que les esprits au château sont en train de changer. Sans vouloir nous engager dans un militantisme de mauvais aloi, il faut, selon moi, que nous contribuions par nos découvertes et nos analyses à redresser cette image pour la remettre dans une perspective un peu plus juste du moins en ce qui concerne la duchesse elle même tout en la replaçant bien évidemment dans le contexte de son époque qui, comme vous l'avez très bien écrit, peut heurter notre perception républicaine de la société. Je n'englobe pas en disant cela son entourage sur le caractère désinterressé duquel on peut effectivement se poser des questions.
Et en écrivant ceci, n'allez pas croire que je puisse être un "proxy" de la famille comme certains pourraient peut être l'imaginer au vu de mon enthousiasme pour leur aieule. M'étant simplement penché sur le sujet, il m'a semblé important d'en donner une image plus juste.
Amitiés. Roi-cavalerie.
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Mme de Sabran a écrit:
Tiens, vois plutôt !
Calonne a les mêmes pulsions criminelles que toi !
Hum...pas tout à fait.
Il reste « passif », finalement.
Merci pour la copie de cette nouvelle lettre.
Je note surtout l’aigreur et la colère de son auteur.
Je reviens alors sur les autres hypothèses des voyages de la princesse de Lamballe et de Vermond, et sur la destruction de la première édition des Mémoires.
Qu’en est-il par rapport à la date de ce courrier ?
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Voilà en tout cas qui clarifie le sujet des documents que Calonne cherche tant à faire détruire. C'est bien l'affaire La Motte, c'est bien le collier, et non des lettres compromettantes de la reine.
"Mais puisqu'on a pris le parti de tout mépriser quand on pouvait tout étouffer, je n'ai plus rien à dire et je m'en lave les mains."
Voilà qui ne sonne pas du tout comme un maître chanteur !
"Mais puisqu'on a pris le parti de tout mépriser quand on pouvait tout étouffer, je n'ai plus rien à dire et je m'en lave les mains."
Voilà qui ne sonne pas du tout comme un maître chanteur !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Lucius a écrit:Voilà en tout cas qui clarifie le sujet des documents que Calonne cherche tant à faire détruire. C'est bien l'affaire La Motte, c'est bien le collier, et non des lettres compromettantes de la reine.
Je le savais depuis un moment, mais je faisais durer le suspens en riant dans ma barbe ( : ) et parce que je suis l'ordre chronologique des lettres . Ou du moins j'essaie .
.
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Savez vous d'ailleurs quel est ce mémoire ? A-t-il paru ?
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:
Et en écrivant ceci, n'allez pas croire que je puisse être un "proxy" de la famille comme certains pourraient peut être l'imaginer au vu de mon enthousiasme pour leur aieule.
Rassurez vous, vous n'êtes pas le seul, et même, vous restez très mesurés. J'ai un enthousiasme sans borne pour ces gens, dont je suis totalement étranger. Mais j'ai l'impression de les connaitre, de les fréquenter, alors que de leur vivants je n'aurais été rien pour eux. Tout au plus un maître d’hôtel fidèle et fier de la gloire de la Maison qu'il sert !
Ainsi, autant je suis révulsé de savoir que Sade a vécu dans mon logement actuel, autant je suis heureux que le marquis de Nicolaÿ y soit passé aussi ! D'autant que beaucoup de souvenirs de cette famille sont au château de Brissac où je suis guide.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Roi-cavalerie a écrit:
Nous sommes bien d'acccord ma chère Eléonore. Il va falloir surveiller de près la manière dont les organisateurs de la future exposition sur Marie Antoinette et son entourage qui a été annoncée sur ce forum vont traiter le sujet de la duchesse de Polignac, si, du moins, ils ne l'évacuent pas.
Je crains fort que nous n'ayons pas notre mot à dire ...
Ou alors, il nous faut envoyer notre sempiternelle ambassadrice qui est toujours invitée sur tous les plateaux de télé, radio, ciné !
Mais de quelle exposition Marie-Antoinette parlez-vous, celle du Grand Palais, madame Vigée Le Brun, c'est bien ça ?!!
Je m'en promets un pur régal !
Roi-cavalerie a écrit:
La présentation qui en était donnée sur le site du château de Versailles était, jusqu'à l'année dernière, particulièrement désobligeante. Heureusement, elle a été changée, depuis, j'imagine par un conservateur, et j'espère bien que les esprits au château sont en train de changer.
Oui, je le crois vraiment .
Mais jusqu'à présent les républicains avaient besoin de la duchesse comme âme damnée de Marie-Antoinette , et les royalistes de leur côté, comme bouc émissaire des dissipations et inconséquences dont on déchargeait la reine sur le dos de son amie .
Roi-cavalerie a écrit:
Sans vouloir nous engager dans un militantisme de mauvais aloi, il faut, selon moi, que nous contribuions par nos découvertes et nos analyses à redresser cette image pour la remettre dans une perspective un peu plus juste du moins en ce qui concerne la duchesse elle même tout en la replaçant bien évidemment dans le contexte de son époque qui, comme vous l'avez très bien écrit, peut heurter notre perception républicaine de la société.
Il est certain que le fonctionnement de ce monde très particulier des courtisans de Versailles heurte très désagréablement notre sens de la justice et de la probité . Ne parlons pas de l'égalité, qui n'existe que dans le tombeau disait Gaston de Lévis .
Mais quelques historiens, aujourd'hui, s'accorde à prêter une sage influence de Mme de Polignac sur Marie-Antoinette .
Et, quant à l'aspect sonnant et trébuchant de la question, Philippe Delorme écrit :
Assurément la conjoncture budgétaire aurait peut-être justifié plus de mesure et surtout davantage de discrétion, mais l'honnêteté historique oblige à souligner que la duchesse de Polignac encaissera, en quatorze ans de faveur, moins que la Pompadour en une seule année .
Vertigineux, isn't it ?!!
Roi-cavalerie a écrit:
Je n'englobe pas en disant cela son entourage sur le caractère désintéressé duquel on peut effectivement se poser des questions.
... euphémisme !
Roi-cavalerie a écrit:
Et en écrivant ceci, n'allez pas croire que je puisse être un "proxy" de la famille comme certains pourraient peut être l'imaginer au vu de mon enthousiasme pour leur aieule. M'étant simplement penché sur le sujet, il m'a semblé important d'en donner une image plus juste.
Vous vous êtes si bien penché sur le sujet que vous êtes tombé dedans jusqu'au cou !
Les intrigues politiques et les tripatouillages en tous genres de cette coterie ( au demeurant sympathique, c'est ça qui est incroyable ! ) n'ont plus le moindre secret pour vous !
C'est un bonheur que votre arrivée parmi nous, cher Monsieur !!!
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_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Oui, j'ai commis une erreur en ne vérifiant pas exactement ce qui avait été dit sur ce post, me focalisant sur le terme entourage. Veuillez m'en excuser. Néanmoins , le problème reste entier que cela soit à Versailles ou au Grand Palais. Quelle sera la nature des commentaires portés sur la duchesse et son entourage?Mme de Sabran a écrit:Roi-cavalerie a écrit:
Nous sommes bien d'acccord ma chère Eléonore. Il va falloir surveiller de près la manière dont les organisateurs de la future exposition sur Marie Antoinette et son entourage qui a été annoncée sur ce forum vont traiter le sujet de la duchesse de Polignac, si, du moins, ils ne l'évacuent pas.
Je crains fort que nous n'ayons pas notre mot à dire ...
Ou alors, il nous faut envoyer notre sempiternelle ambassadrice qui est toujours invitée sur tous les plateaux de télé, radio, ciné !
Mais de quelle exposition Marie-Antoinette parlez-vous, celle du Grand Palais, madame Vigée Le Brun, c'est bien ça ?!!
Je m'en promets un pur régal !
Bien à vous. Roi Cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Concernant le contexte dans lequel a été écrite la lettre du 28 juillet voilà ce que Lacour Gayet nous révèle:
Nous avions vu que Calonne était tombé dans le piège que lui avait tendu les maitres chanteurs : en l'engageant par l'intermédiaire de Serre de Latour à lisser les termes employés sur leur mémoire afin qu'il soit suffisament présentable pour la lecture de la reine. Il faut dire qu'il avait commis une grave erreur en laissant entendre à cet intermédiaire qu'il avait fait passer à Versailles le dernier rapport que ce dernier lui avait fourni:
Début de Citation:
« cet avis ne tomba pas, si l'on ose dire, dans l'oreille de sourds. Les La Motte décidèrent de mettre au point leur texte, et Serre de Latour leur prêta son concours de sa plume alerte de journaliste. Le 7 juillet il, il avait achevé son travail. Il le déposa chez Calonne, en « le conjurant de le lire pour juger s'il ne serait pas à propos de mettre le tout sous les yeux de l'auguste persoonne pour qui seule il avait fait ce travail (sic) » Le destinataire de l'envoi fit d'abord l'indigné:il se refusait à « voir de pareilles ordures ». Mais la curiosité l'emporta vite sur les scrupules : de son aveu, il dévora le document.
Il en conclut qu'il était fort habilement fait et que cette « étrange récapitulation » de faits « dont plusieurs étaient à sa connaissance ou se renouaient si parfaitement à ce qu'il savait » était capable de « produire les plus pernicieux effets dans le public et la sensation la plus désagréable pour le roi lui même ». La reine devait absolument en avoir connaissance. Mais comment lui suggérer de lire semblables infamies ?
« Il fallait, pour cela, en retrancher tous les passages dont l'expression choquait la pudeur.. et les grossièretés que le sieur de Latour s'était vu forcé d'écrire sous la dictée des La Motte ... ».
En somme c'est une édition expurgée qu'il faut communiquer à Versailles . Expurgée par qui ? Evidemment par quelqu'u qui connait le caractère de Marie-Antoinette et le langage des cours. …
Et voilà Calonne prêt à jouer le rôle..... Mme de Calonne eut d'abord la patience de prendre copie es 146 pages du libelle. Alors son mari convoqua Latour. Mais pas chez lui : dans les jardins de Kensington ;...Là Calonne souligna au crayon « les phrases qu'il fallait adoucir, les termes trop crus ou même choquants qu'il fallait retrancher ou changer et même quelques incorrections de style de nulle valeur qui me parraissaient rendre la lecture moins facile et l'intelligence plus pénible. Voilà, je le jure tout ce que j'ai fait, ce que pourrais nier puis que, le crayon ayant été effacé, il n'en reste aucune trace ni pas un seul mot de mon écriture, mais ce que je ne nierai pas, n'ayant jamais déguisé aucune vérité.... ».
Folle imprudence. Elle permit aux La Motte de se démasquer . Jusque là, ils avaient évité de mettre en cause l'ancien contrôleur général. L'entrevue de Kensington eut lieu entre le 10 et le 13 juillet. Le 14, Charles Herries( on se rappelle qu'il avait été désigné comme garant d'un arrangement éventuel) reçut de Mme de la Motte une lettre menaçante. Son client y était accusé de n'avoir pris contact avec Latour que « pour différer et trainer en longueur lapublication d'une justification attendue de l'Europe. Une fin de non recevoir, polie mais glaciale , lui fut notifée quarante huit heures plus tard.... Dès le lendemain 17, elle écrivit à Calonne …. l'accusant de l'avoir bernée et, plus grave, de lui avoir fait manquer l'occasion qui lui était offerte de donner suite à des propositions du baron de Bretuil sur le même sujet.
Le destinataire de cette lettre semble s'être abstenu fort sagement d'y répondre.Une nouvelle déception allait d'ailleurs le frapper. Le 19 juillet lui parvint, par l'entremise de la duchesse de Polignac, la réponse de la reine datée du 7 au rapport Latour qui lui avait été expédié le 8 juin. Marie-Antoinette n'avait pas changé d'avis. Désavoué une fois de plus, le bien intentionné mais crédule, Calonne enjoignit de nouveau Latour des le 20 de rendre aux La Motte tous leurs papiers et de cesser toute négociation avec eux..... L'ancien ministre – qui écrivait comme il respirait- jugea bon d'accuser récèption à la duchesse de Polignac de la notification qu'elle lui avit fait parvenir le 19 juillet. Le 24 [ il doit s'agir d'une erreur, je pense, mais bien de la lettre du 28] il lui écrivit une longue lettre dans la manière émotive où il excellait. Il y gémissait sur les « balourdises et les inconséquences » commises en France depuis un an ; il y dégageait sa responsabilité quant à la publication qu'il avait tenté d'arrêter : « puisqu'on a pris le parti de tout mépriser quand on pouvait tout étouffer, je n'ai plus rien à dire et je m'en lave les mains. Il confirmait la présence à Londres d'un émissaire de Breteuil et, pour un peu distraire « sa charmante amie » il lui confiait que « depuis huit jour la femme n'est pas sortie de sa rage.
Fin de citation.
Pour ma part, et même si cela peut en faire récrier certains, je suis admiratif sur la malignité des interlocuteurs de Calonne. En effet, je remarque que ces maitres chanteurs, ou leur intermédiaire Latour, étaient de redoutables manipulateurs dans la mesure où ils ont utilisés, peut être empiriquement d'ailleurs, des méthodes tout à fait efficaces comme notamment l'astuce qui leur a permis de le faire passer du rôle d'intermédiaire avec la cour à celui de participant du complot ou bien celle de lui mettre un peu de pression en jouant sur la concurrence de ses démarches avec celles d'un émissaire de Breteuil Ce piège leur permettra par la suite de le menacer en lui faisant savoir que l'ambassade avait pris une copie du document et que celle-ci circulait à Versailles*. Non seulement, l'affreux libelle n'avait pas été brûlé mais on faisait courir le bruit en France qu'il avait collaboré à sa rédaction.
* Dans ses Mémoires , 1ere édition, tome 2 pp 107 à 108 Mme Campan déclare: "la reine redoutait M de Calonne et c'était à juste titre. Elle avait acquis la preuve que ce ministre était devenu son plus cruel ennemi et qu'il se servait pour noircir son caractère des moyens les plus vils et les plus criminels. Je puis attester que j'ai vu dans les mains de la reine un manuscrit des Mémoires de la femme La Motte qu'on avit apporté de Londres et qui était corrigé de la main même de M de Calonne dans tous les endroits où l'ignorance des usages de la cour avait fait commettre de trop grosse erreurs"
Selon Lacour-Gayet, il s'agit évidemment de la copie prise par le secrétaire de l'ambassade, un certain d'Arragon, à laquelle, pour faire bonne mesure, il avait du ajouter quelques corrections supplémentaires, en imitant l'écriture de Calonne.
En fin de compte, en se laissant ainsi piéger, Calonne a abouti à un résultat inverse de celui qu'il souhaitait.
En espérant, chers amis que ce petit abstract nous permettra d'y voir plus clair. Roi-cavalerie
Nous avions vu que Calonne était tombé dans le piège que lui avait tendu les maitres chanteurs : en l'engageant par l'intermédiaire de Serre de Latour à lisser les termes employés sur leur mémoire afin qu'il soit suffisament présentable pour la lecture de la reine. Il faut dire qu'il avait commis une grave erreur en laissant entendre à cet intermédiaire qu'il avait fait passer à Versailles le dernier rapport que ce dernier lui avait fourni:
Début de Citation:
« cet avis ne tomba pas, si l'on ose dire, dans l'oreille de sourds. Les La Motte décidèrent de mettre au point leur texte, et Serre de Latour leur prêta son concours de sa plume alerte de journaliste. Le 7 juillet il, il avait achevé son travail. Il le déposa chez Calonne, en « le conjurant de le lire pour juger s'il ne serait pas à propos de mettre le tout sous les yeux de l'auguste persoonne pour qui seule il avait fait ce travail (sic) » Le destinataire de l'envoi fit d'abord l'indigné:il se refusait à « voir de pareilles ordures ». Mais la curiosité l'emporta vite sur les scrupules : de son aveu, il dévora le document.
Il en conclut qu'il était fort habilement fait et que cette « étrange récapitulation » de faits « dont plusieurs étaient à sa connaissance ou se renouaient si parfaitement à ce qu'il savait » était capable de « produire les plus pernicieux effets dans le public et la sensation la plus désagréable pour le roi lui même ». La reine devait absolument en avoir connaissance. Mais comment lui suggérer de lire semblables infamies ?
« Il fallait, pour cela, en retrancher tous les passages dont l'expression choquait la pudeur.. et les grossièretés que le sieur de Latour s'était vu forcé d'écrire sous la dictée des La Motte ... ».
En somme c'est une édition expurgée qu'il faut communiquer à Versailles . Expurgée par qui ? Evidemment par quelqu'u qui connait le caractère de Marie-Antoinette et le langage des cours. …
Et voilà Calonne prêt à jouer le rôle..... Mme de Calonne eut d'abord la patience de prendre copie es 146 pages du libelle. Alors son mari convoqua Latour. Mais pas chez lui : dans les jardins de Kensington ;...Là Calonne souligna au crayon « les phrases qu'il fallait adoucir, les termes trop crus ou même choquants qu'il fallait retrancher ou changer et même quelques incorrections de style de nulle valeur qui me parraissaient rendre la lecture moins facile et l'intelligence plus pénible. Voilà, je le jure tout ce que j'ai fait, ce que pourrais nier puis que, le crayon ayant été effacé, il n'en reste aucune trace ni pas un seul mot de mon écriture, mais ce que je ne nierai pas, n'ayant jamais déguisé aucune vérité.... ».
Folle imprudence. Elle permit aux La Motte de se démasquer . Jusque là, ils avaient évité de mettre en cause l'ancien contrôleur général. L'entrevue de Kensington eut lieu entre le 10 et le 13 juillet. Le 14, Charles Herries( on se rappelle qu'il avait été désigné comme garant d'un arrangement éventuel) reçut de Mme de la Motte une lettre menaçante. Son client y était accusé de n'avoir pris contact avec Latour que « pour différer et trainer en longueur lapublication d'une justification attendue de l'Europe. Une fin de non recevoir, polie mais glaciale , lui fut notifée quarante huit heures plus tard.... Dès le lendemain 17, elle écrivit à Calonne …. l'accusant de l'avoir bernée et, plus grave, de lui avoir fait manquer l'occasion qui lui était offerte de donner suite à des propositions du baron de Bretuil sur le même sujet.
Le destinataire de cette lettre semble s'être abstenu fort sagement d'y répondre.Une nouvelle déception allait d'ailleurs le frapper. Le 19 juillet lui parvint, par l'entremise de la duchesse de Polignac, la réponse de la reine datée du 7 au rapport Latour qui lui avait été expédié le 8 juin. Marie-Antoinette n'avait pas changé d'avis. Désavoué une fois de plus, le bien intentionné mais crédule, Calonne enjoignit de nouveau Latour des le 20 de rendre aux La Motte tous leurs papiers et de cesser toute négociation avec eux..... L'ancien ministre – qui écrivait comme il respirait- jugea bon d'accuser récèption à la duchesse de Polignac de la notification qu'elle lui avit fait parvenir le 19 juillet. Le 24 [ il doit s'agir d'une erreur, je pense, mais bien de la lettre du 28] il lui écrivit une longue lettre dans la manière émotive où il excellait. Il y gémissait sur les « balourdises et les inconséquences » commises en France depuis un an ; il y dégageait sa responsabilité quant à la publication qu'il avait tenté d'arrêter : « puisqu'on a pris le parti de tout mépriser quand on pouvait tout étouffer, je n'ai plus rien à dire et je m'en lave les mains. Il confirmait la présence à Londres d'un émissaire de Breteuil et, pour un peu distraire « sa charmante amie » il lui confiait que « depuis huit jour la femme n'est pas sortie de sa rage.
Fin de citation.
Pour ma part, et même si cela peut en faire récrier certains, je suis admiratif sur la malignité des interlocuteurs de Calonne. En effet, je remarque que ces maitres chanteurs, ou leur intermédiaire Latour, étaient de redoutables manipulateurs dans la mesure où ils ont utilisés, peut être empiriquement d'ailleurs, des méthodes tout à fait efficaces comme notamment l'astuce qui leur a permis de le faire passer du rôle d'intermédiaire avec la cour à celui de participant du complot ou bien celle de lui mettre un peu de pression en jouant sur la concurrence de ses démarches avec celles d'un émissaire de Breteuil Ce piège leur permettra par la suite de le menacer en lui faisant savoir que l'ambassade avait pris une copie du document et que celle-ci circulait à Versailles*. Non seulement, l'affreux libelle n'avait pas été brûlé mais on faisait courir le bruit en France qu'il avait collaboré à sa rédaction.
* Dans ses Mémoires , 1ere édition, tome 2 pp 107 à 108 Mme Campan déclare: "la reine redoutait M de Calonne et c'était à juste titre. Elle avait acquis la preuve que ce ministre était devenu son plus cruel ennemi et qu'il se servait pour noircir son caractère des moyens les plus vils et les plus criminels. Je puis attester que j'ai vu dans les mains de la reine un manuscrit des Mémoires de la femme La Motte qu'on avit apporté de Londres et qui était corrigé de la main même de M de Calonne dans tous les endroits où l'ignorance des usages de la cour avait fait commettre de trop grosse erreurs"
Selon Lacour-Gayet, il s'agit évidemment de la copie prise par le secrétaire de l'ambassade, un certain d'Arragon, à laquelle, pour faire bonne mesure, il avait du ajouter quelques corrections supplémentaires, en imitant l'écriture de Calonne.
En fin de compte, en se laissant ainsi piéger, Calonne a abouti à un résultat inverse de celui qu'il souhaitait.
En espérant, chers amis que ce petit abstract nous permettra d'y voir plus clair. Roi-cavalerie
Roi-cavalerie- Messages : 551
Date d'inscription : 20/09/2014
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
C'est tout simplement monstrueux !!!
Roi-cavalerie a écrit:
En fin de compte, en se laissant ainsi piéger, Calonne a abouti à un résultat inverse de celui qu'il souhaitait.
En espérant, chers amis que ce petit abstract nous permettra d'y voir plus clair. Roi-cavalerie
Mais oui !!! :n,,;::::!!!:
Il m'éclaire totalement, votre petit abstract ( : ), démêlant ce sac de noeuds de la prétendue collaboration d'un Calonne félon à la rédaction du torchon la Motte .
Elle me turlupinait, cette prétendue collaboration .
Vaudreuil, Artois et Mme de Polignac honorant Calonne de leurs estime, confiance et amitié, je ne pouvais pas y croire . 54385210
Mais grâce à vous, cher Roi-cavalerie, maintenant je comprends tout !
La nuit, la neige a écrit:Mme de Sabran a écrit:
Calonne a les mêmes pulsions criminelles que toi !
Hum...pas tout à fait.
Il reste « passif », finalement.
Hein, crois-tu ! ... aucun esprit d'initiative .
... saleté de castafouine de la Motte !!!
.
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Lettres de Calonne à la duchesse de Polignac
Vos explications, Roi-cavalerie, font une lumineuse introduction à la lettre enflammée d'indignation que voici :
Calonne a Mme de Polignac – novembre [1788 ?]
National Archives, Kew
Je crois, Madame la duchesse, qu'avant que cette lettre envoyée par occasion sûre vous parvienne, vous aurez déjà vu le duc de Dorset, et qu'il vous aura peut-être communiqué celle qu'il a reçue de moi au moment de son départ. Vous aurez été sûrement fort étonnée des circonstances que je lui ai confiées, et que je désire être connues de vous, afin que si l'on vous parlait en conséquence des faux avis envoyés du bureau de M. de La Luzerne, vous soyez en état de détromper ou du moins de témoigner que vous êtes fondée à ne pas croire.
Je voudrais de plus, dans le cas où l'affreuse imputation, qui semble devenir le prix du service que j'ai voulu rendre, serait parvenue jusqu'au Roi, je voudrais qu'il fût possible d'effacer l'impression vraiment horrible qu'on lui aurait fait prendre jusqu'au service que j'offrais de rendre; et si l'on craignait de se compromettre en l'employant, j'étais disposé à le rendre à mes propres dépens à l'insu et sans aucune participation de la personne qu'il me paraissait très important de prévenir de l'horreur qu'on méditait, pourvu seulement que je fusse assuré que mon zèle, s'il venait jamais à être connu, ne fût pas désapprouvé et mal interprété.
A présent, qu'on va jusqu'à m'en faire un crime et à puiser dans mes meilleures intentions le principe de l'accusation la plus atroce, pourriez vous n'en pas être indignée et ne pas vous employer, si les circonstances vous le permettent, à désabuser celle dont tout mon respect ne m'empêcherait pas de répéter de toutes mes forces, et même avec le plus grand éclat, l'injustice si elle la portait jusqu'à m'accuser auprès du roi de la plus inique scélératesse ? Je frémis d'y penser, et s'il était vrai que trompée par d'indignes rapports que l'ambassadeur aurait eu l'imprudence ou plutôt l'infamie de transmettre, la Reine en eût fait part au roi, et prendre contre moi un avis qui, s'il avait le moindre fondement, me rendrait infiniment coupable, et même criminel.
Vous sentez, Madame la duchesse, que quand je devrais me résigner à la dure nécessité de renoncer pour toujours à revoir ma patrie, il n'en serait pas moins cruel pour moi d'avoir encouru, par l'effet de la plus noire calomnie, l'éternelle indignation d'un souverain que j'ai bien servi, et de mériter à ses yeux les peines qu'aurait droit d'exiger la personne auguste à qui l'on aurait fait accroire qu'au lieu d'être sincèrement occupé d'empêcher la publication scandaleuse dont on avait osé la menacer, j'avais conspiré moi-même à cette indignité. Vous qui avez su, Madame la duchesse, et ma conduite et mes motifs dans cette maudite affaire, vous à qui j'ai confié que si la prévention que je m'efforçais de détourner rendait suspect, comme y ajoutant foi, et s'il en est certain, d'autre moyen pour me défendre d'une accusation aussi révoltante que de publier la vérité, je la dirai sur tous les toits, je la dirai au péril de ma vie, je la dirai dans un éclat terrible et dont je serai désespéré, mais qui serait alors le premier de mes devoirs.
Je n'ai jamais désiré qu'on m'eût obligation de ce que j'ai cru devoir offrir et entreprendre. Je n'en espérais d'autre prix que celui d'effacer ou du moins d'affaiblir une prévention dont je ne regretterais plus d'être victime si l'on pouvait reconnaître qu'elle n'est pas fondée: mais devais-je m'attendre que l'envie de faire le bien serait travestie en intention abominable et qu'on m'imputerait de vouloir ce que j'offrais d'empêcher, de favoriser ce qui avait excité mon indignation?
Que la méchanceté humaine excitée par l'intérêt, est cruellement inventive! Que les têtes couronnées sont à plaindre d'être sans cesse environnées des embûches qu'on leur tend ! J'avais dit au duc de Dorset que je ne vous en écrirai pas et que je m'en rapporterai à ce qu'il jugerait à propos de vous en dire. Mais je crains de vous paraître trop peu ( ??? ) de votre intérêt et de la bonté de votre âme si je vous épargnais cette triste confession .
***
Bon dious de bon dious !!! àè-è\': J'espère bien que ceux d'entre nous qui en doutaient encore sont maintenant convaincus de la sincérité de Calonne !!!
.
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
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