La correspondance secrète de Marie-Antoinette avec Barnave

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Fersen écrivait à Marie-Antoinette, le 4 décembre :

Jamais vous ne gagnerez les factieux; ils ont trop à craindre de vous et de votre caractère ( ... ) Ils accoutument le peuple à ne plus vous respecter et à ne plus vous aimer ...

A cette date, Marie-Antoinette est en relation-correspondance avec Barnave et ses collègues depuis plus de trois mois .

Elle était à même de savoir combien Fersen, sciemment ou non, la trompait sur leur compte . Elle savait que, s'ils avaient peur, ce n'était pas pour eux mais pour elle ( ... ) Barnave et ses amis, loyalement dévoués à la monarchie, mais à la monarchie constitutionnelle, n'avaient rien plus à coeur que d'y rallier la reine, estimant avec juste raison que si la reine et le roi pouvaient encore être sauvés, c'était par leur adhésion loyale et sans arrière-pensée à la Constitution . Fersen lui pouvait se tromper; il avait plus d'un motif ou d'une excuse pour cela. Mais que la reine, mieux en état de juger la situation, lui répondit que les constitutionnels lui faisaient " tous trop horreur " pour qu'elle s'abandonnât jamais à eux, alors que c'est elle-même qui avait demandé des conseils à Barnave et à ses amis,  alorsq qu'elle pouvait juger combien ils étaient sincères et désintéressés, voilà qui ne serait pas fait pour rehausser dans notre estime ni le jugement ni le coeur de cette infortunée princesse, si nous perdions de vue les difficultés dans lesquelles elle se débattait au milieu des influences les plus contradictoires .

( E. Welvert : le Secret de Barnave )

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Notons : Fersen lui pouvait se tromper; il avait plus d'un motif ou d'une excuse pour cela.

... allusion d'E. Welvert à la jalousie de Fersen pour Barnave .

Comtesse Diane a écrit:Cet après midi, sur E1 à 14HOO F.FERRAND se penche sur les rapports entre Marie-Antoinette et BARNAVE.

Franck Ferrand recevait Évelyne Lever, venue évoquer avec lui à l'occasion de cette émission d'Au cœur de l'Histoire : Barnave et Marie-Antoinette, une liaison détonnante.

L'émission en écoute libre, c'est ici : http://www.europe1.fr/emissions/au-coeur-de-l-histoire/aacdh-lintegrale-barnave-et-marie-antoinette-une-liaison-detonante-240317-3179318

J'ai écouté l'émission, merci comtesse !
Il s'agit davantage d'une mise en contexte de cette relation entre Marie-Antoinette et Barnave, et en particulier donc de l'épisode de Varennes et de ses suites.
Si la correspondance entre la reine et Barnave est bien sûr évoquée, elle n'est que peu détaillée.
L'émission reste toutefois intéressante pour ceux qui ne connaitraient pas, ou peu, cette histoire dans l'Histoire.

Je vous propose la lecture de deux articles récemment publiés dans les carnets de recherche en ligne du Projet LMA - Lettres de Marie-Antoinette, un projet qui vise, je cite : à inventorier et rendre accessible en version numérique la correspondance active de Marie-Antoinette (équipe de chercheurs et conservateurs internationaux).

Comme tout ce qui touche aux archives nationales (françaises et européennes), ce n'est jamais simple d'obtenir un document !  
Et la preuve encore ici avec ces deux articles qui ne sont justement pas illustrés de l'archive dont il est question.

Pour la retrouver, dem.... vous à la rechercher sur le site internet des archives de Vadstena-Löstat (partenaire du projet LMA). Bonne chance ! J'ai renoncé dès le moment qu'il m'a été signalé que je devais créer un compte.


Bref, je vous renvoie tout de même à la lecture de ces deux articles. Il y est donc question d'une lettre, présumée écrite par Marie-Antoinette à un député (probablement membre(s) du trumvirat Barnave, Lameth, Duport)...


UNE LETTRE OUBLIÉE DU 18 JUILLET 1791
Par Tess Eastgate (Publié le 28.04.2023)

En juin 1791, Marie-Antoinette et sa famille tentent de fuir Paris pour rallier Montmédy. Ils sont capturés à Varennes et ramenés à Paris, sous l’œil attentif des gardes, et notamment d’Antoine Barnave, homme politique et révolutionnaire. Après la fuite de Varennes, Marie-Antoinette commence une correspondance avec Barnave et ses alliés, Alexandre de Lameth et Adrien Duport. Ces trois hommes formaient le triumvirat des Feuillants, réunissant une partie du centre droit de l’Assemblée nationale. Entre juillet 1791 et janvier 1792, la reine et Barnave ont échangé une centaine de lettres, dont 60 % ont été écrites par le politicien.

Ces lettres sont conservées dans les archives de Vadstena-Löfstat en Suède. En consultant les clichés de cette correspondance, on constate des divergences entre les éditions existantes et les documents originaux. Une lettre datée du 18 juillet, figurant parmi celles de 1791, n’apparaît ni dans l’édition d’Alma Söderhjelm ni dans celle d’Évelyne Lever.
(...)
La lettre du 18 juillet apparaît en revanche dans l’édition d’O. G. Heidenstam Marie-Antoinette, Fersen et Barnave - Leur correspondance sous une forme remaniée : l’éditeur en omet de grandes portions et change quelques mots. Peut-on alors la qualifier d’« inédite » ? Elle est publiée, mais révisée selon les préférences de l’éditeur.

La suite est à lire ici : Hypotheses, projet LMA - Une lettre oubliée du 18 juillet 1791


HEIDENSTAM ET LA LETTRE DU 18 JUILLET 1791
Par Tess Eastgate (Publié le 02.06.2023)

La lettre de Marie-Antoinette datée du 18 juillet 1791 ne se trouve ni dans l’édition d’Évelyne Lever ni dans celle d’Alma Söderhjelm (voir le précédent billet « Une lettre oubliée du 18 juillet 1791 »). Adressée à Antoine Barnave ou au triumvirat – qui comprend Barnave, Alexandre de Lameth et Adrien Duport –, elle parle du projet de déplacer le roi en province avec sa famille avant son acceptation de la Constitution, pour créer l’impression qu’il l’approuve de son plein gré (Heidenstam 1913, p. 95). La lettre évoque aussi des « mesures, pour les deux regiments » et des chefs de l’armée.

Heidenstam, dans son édition de 1913, effectue plusieurs changements. Le plus significatif est la suppression des deux passages contenant des informations militaires. Il utilise, pour la première omission, des points de suspension qu’on pourrait interpréter à tort comme faisant partie de la lettre ; il n’indique pas du tout la deuxième omission. Les passages supprimés, transcrits de manière diplomatique et d’après des clichés de la lettre, sont les suivants :

La suite est à lire ici : Hypothese, Projet LMA - Heidenstam et la lettre du 18 juillet 1791


Ci-après, la version reformulée et publiée par O. G. Heidenstam dans son Marie-Antoinette, Fersen et Barnave - Leur correspondance (1913) que nous aurions aimé comparer avec la version (probablement) manuscrite de Marie-Antoinette :