Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
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Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
Le journal de la duchesse de Sudermanie apporte une contribution nouvelle à l'histoire de la fuite à Varennes. On savait que Fersen, en préparant la fuite de la famille royale, agissait d'accord avec Gustave III, qui vint, de Stockholm jusqu'à Aix-la-Chapelle, pour suivre de plus près les événements.
Le journal de la duchesse de Sudermanie fait ressortir très nettement le rôle politique de Fersen (lettres de juillet 1791 et d'avril 1793).Cet amoureux n'était pas seulement un amoureux. Ou, pour parler plus strictement, la politique et l'amour qui se contrarient parfois s'accordaient dans le coeur de Fersen.
La Révolution française mit la Suède dans une situation assez difficile. Ce pays avait des obligations envers la Russie, il en avait aussi envers la France. Il ne voulait se brouiller avec personne. A travers la France de Louis XVI, il voyait poindre une autre France qu'il faudrait ménager. Sans doute, le roi Gustave III eût aimé recommencer, pour le compte de l'Europe coalisée contre les révolutionnaires, la brillante équipée d'un Gustave-Adolphe contre l'Empire. Mais le duc de Sudermanie, futur Régent et futur Roi, avait des idées moins romantiques et plus sages.
Pour comble de complications et de subtilité, la Suède comptait, à Paris, deux représentants: Fersen, ministre in petto, qui gardait son titre en poche mais qui l'aurait montré si la Monarchie avait été rétablie et le baron de Staël, ambassadeur officiel, puis destitué à cause de son goût pour la Révolution et de ses amitiés parmi les révolutionnaires. Il était, comme on sait, le gendre de Necker. Mais avec ou sans titre public, émissaire secret ou ministre désavoué, ces deux Suédois agissaient, l'un pour sauver la famille royale, l'autre pour maintenir le contact entre son pays natal et la France nouvelle.
On peut suivre, avec un peu d'attention, dans le journal de la duchesse de Sudermanie, ce jeu d'intrigues contradictoires. La Révolution triomphe. En une certaine mesure, il faut s'accommoder des faits accomplis pour ne pas tout perdre à la fois. Ce qui se passe en France inspire de l'horreur mais on pense qu'il faut y regarder à deux fois avant de jouer les Don Quichotte. La Révolution est horrible, mais elle est redoutable. Faut-t-il s'y frotter ?
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2728385/f1.textePage
La reine Hedvige-Elisabeth-Charlotte, portrait par Roslin
Princesse de Holstein-Gottorp et épouse du roi Charles XIII de Suède et de Norvège, elle a laissé un journal, commencé à son arrivée en Suède comme duchesse de Sudermanie en 1775 et continué sans interruption jusque quelques mois avant sa mort comme reine douairière le 20 juin 1818. A ce journal, écrj^t en langue française, elle a donné la forme de lettres adressées à une de ses amies intimes, la comtesse Piper, s?ur du comte Axel Fersen. Elle y décrit, mois par mois, ses impressions des événements du jour et des personnages de son entourage, faisant preuve d'une impartialité et d'une perspicacité étonnante.
Lettre du mois de mai 1791
Pour le moment, entièrement occupé des affaires de la France, le Roi ( Gustave III ) est charmé de pouvoir garder la bonne intelligence qui existe entre nous et la Russie. On dit qu'il désire opérer une contre-révolution en France, mais peut-être ne sera-t-il pas aussi heureux dans un autre pays que dans le sien. Tous les papiers publics le déchirent; il y en a même qui l'appellent le Don Quichotte des rois en ajoutant que, voulant suivre les traces de Gustave-Adolphe et de Charles XII, dont jusqu'ici il a cherché à imiter l'exemple, il finira comme Cartouche. Malgré tout ce que l'on peut écrire contre lui, je suis certain qu'il poursuivra son projet. On prend ici toutes les mesures nécessaires
Pour aider la France sous main, on met l'armée sur pied et la flotte se répare également. On vient même d'envoyer un officier de fortune en France pour se procurer des cartes particulières de ce pays. Comme, cependant, le roi de France est d'un caractère extrêmement faible, il reste à savoir si, même avec les meilleures volontés du monde, on pourra lui être utile. Pour un pays aussi éloigné que la Suède, c'est, d'ailleurs, toujours une folie, qui ne pourra qu'entraîner sa ruine totale quoique nullement remuante, la nation ne saura point voir avec tranquillité une nouvelle guerre éclore et l'on ne pourra pas, comme l'on fit à la dernière guerre, lui faire accroire à une attaque, les lieux sont, cette fois. trop éloignés. On murmure déjà tout bas dans les provinces de ce que le Roi soit parti pour Aix-la-Chapelle, mais le peuple se tait étant donné le prétexte de la santé du Roi; même on prie dans toutes les églises pour son rétablissement. Ainsi le peuple abusé élève son coeur vers le ciel les personnes plus instruites considèrent comme un sacrilège que de jouer ainsi la comédie avec la divinité, mais les personnes moins religieuses s'en moquent et tournent le tout en ridicule.
Lettre du mois de juillet 1791
Les événements ont prouvé que je n'avais nullement tort en vous avançant, le mois dernier, que le véritable but du voyage du Roi à Aix-la-Chapelle devait être d'opérer une contre-révolution en France. Ce fut au commencement de ce mois que le roi de France s'est éloigné de Paris; le comte Fersen, fils du sénateur, qui fut mis en prison pendant la dernière Diète, était le premier mobile de de cette fuite; ce fut lui qui fit faire la voiture et il accompagna le Roi en route. C'était du reste par ordre de notre Roi qu'il agissait. Malheureusement cette fuite ne réussit pas aussi bien que l'on avait espéré. La Reine était dans la berline avec ses enfants, leur gouvernante et Madame Elisabeth, le Roi courait devant comme postillon trois gardes du corps de confiance étaient sur le siège de la voiture déguisés en laquais. A sept lieues de Paris, le Roi fut fatigué et se mit dans la voiture, mais comme les stores n'en étaient point baissés, on le reconnut à Menehould. Il poursuivit cependant sa route jusqu'à Varennes, où il fut repris.
Le comte Fersen fut heureusement sauvé ayant quitté le Roi pour une commission spéciale de rejoindre Monsieur, qui avait pris une autre route. L'affaire manquée, notre Roi doit-en être au désespoir et avoir l'intention de revenir le plus tôt possible, n'ayant plus rien à faire de ce côté. Armfeft, qui ne sait jamais se taire, n'a pas manqué de faire part à plusieurs personnes des circonstances les plus secrètes ayant rapport à la fuite du roi de France. Il m'a assuré que le voyage du Roi n'était que pour cette raison. Pour moi, ce n'était point une nouvelle, car je m'en doutais mais que le roi d'Espagne eût offert au Roi d'être le premier mobile de la contre-révolution et de commander lui-même les troupes, voilà une nouvelle que le secret des cabinets seul pouvait dévoiler. Cette offre doit cependant être très vraie; le roi d'Espagne veut bien donner de l'argent, mais pas de troupes. Jusqu'ici l'Empereur ne s'est point déclaré, mais il doit avoir promis à sa soeur la reine de France de venir à son secours, s'il lui est possible.
Depuis que le roi de France vient d'être arrêté et ainsi que sa famille ramené comme prisonnier à Paris, les puissances intéressées ont profité de l'occasion pour déclarer leur intention d'agir offensivement afin de lui procurer la liberté, puisque n'étant pas libre il ne peut lui-même décider de rien. On dit même qu'une ligue consistante des rois de Sardaigne, d'Espagne et de Prusse, de l'Impératrice et de nous doit se former pour rétablir le roi de France dans ses droits: reste à savoir si toutes ces puissances pourront convenir ensemble, chacun ayant son propre intérêt il est cependant fort à craindre que la France en sera la partie souffrante. Ce sont les princes frères du Roi qui, présentement, s'occupent des négociations avec les puissances. Pour un citoyen bien pensant et attaché à sa patrie, ça doit, à vrai dire, être fort désagréable d'y amener des troupes étrangères, mais la guerre civile étant le seul remède aux troubles et aux désordres journellement augmentant de la France, il leur est impossible, même avec les meilleures intentions du monde, de ne rien entreprendre sans avoir des alliés et une armée pour se seconder. Leur situation, quoique glorieuse elle puisse devenir avec le temps, est pour sûr très délicate, car on pourrait du reste les accuser de vouloir usurper le pouvoir légitime et la couronne de leur frère, qui lui est due par le droit incontestable d'aînesse.
On suppose que M. de Saint-Priest, ancien ministre du roi de France, qui vient d'arriver ici peu de jours après qu'on sut la nouvelle de l'évasion manquée du roi de France, doit avoir quelque mission secrète. Il a toujours été contraire aux intentions de l'Assemblée nationale et fut nommé ambassadeur ici après avoir donné sa démission comme ministre. Les soupçons de l'existence d'une telle mission furent augmentés par la déclaration qu'il fit, dès son arrivée, qu'il ne comptait rester que peu de temps à Stockholm, mais y revenir après avoir fait avant l'hiver une tournée en Russie. II paraît donc assez probable qu'il cherche un appui pour le Roi son maître non seulement chez l'Impératrice, mais aussi chez notre Roi.
C'est bien vrai qu'il y avait de grands abus dans le gouvernement français, mais l'anarchie qu'a amenée la révolution est bien pire encore. Ce pays qui, jadis, donnait des lois à la moitié de l'Europe, en sera totalement ruiné pour des années, et ne pourra qu'avec beaucoup de peine s'en relever y il lui faudra surtout des siècles pour rétablir ses finances, dont l'état est affreux.
Le journal de la duchesse de Sudermanie fait ressortir très nettement le rôle politique de Fersen (lettres de juillet 1791 et d'avril 1793).Cet amoureux n'était pas seulement un amoureux. Ou, pour parler plus strictement, la politique et l'amour qui se contrarient parfois s'accordaient dans le coeur de Fersen.
La Révolution française mit la Suède dans une situation assez difficile. Ce pays avait des obligations envers la Russie, il en avait aussi envers la France. Il ne voulait se brouiller avec personne. A travers la France de Louis XVI, il voyait poindre une autre France qu'il faudrait ménager. Sans doute, le roi Gustave III eût aimé recommencer, pour le compte de l'Europe coalisée contre les révolutionnaires, la brillante équipée d'un Gustave-Adolphe contre l'Empire. Mais le duc de Sudermanie, futur Régent et futur Roi, avait des idées moins romantiques et plus sages.
Pour comble de complications et de subtilité, la Suède comptait, à Paris, deux représentants: Fersen, ministre in petto, qui gardait son titre en poche mais qui l'aurait montré si la Monarchie avait été rétablie et le baron de Staël, ambassadeur officiel, puis destitué à cause de son goût pour la Révolution et de ses amitiés parmi les révolutionnaires. Il était, comme on sait, le gendre de Necker. Mais avec ou sans titre public, émissaire secret ou ministre désavoué, ces deux Suédois agissaient, l'un pour sauver la famille royale, l'autre pour maintenir le contact entre son pays natal et la France nouvelle.
On peut suivre, avec un peu d'attention, dans le journal de la duchesse de Sudermanie, ce jeu d'intrigues contradictoires. La Révolution triomphe. En une certaine mesure, il faut s'accommoder des faits accomplis pour ne pas tout perdre à la fois. Ce qui se passe en France inspire de l'horreur mais on pense qu'il faut y regarder à deux fois avant de jouer les Don Quichotte. La Révolution est horrible, mais elle est redoutable. Faut-t-il s'y frotter ?
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2728385/f1.textePage
La reine Hedvige-Elisabeth-Charlotte, portrait par Roslin
Princesse de Holstein-Gottorp et épouse du roi Charles XIII de Suède et de Norvège, elle a laissé un journal, commencé à son arrivée en Suède comme duchesse de Sudermanie en 1775 et continué sans interruption jusque quelques mois avant sa mort comme reine douairière le 20 juin 1818. A ce journal, écrj^t en langue française, elle a donné la forme de lettres adressées à une de ses amies intimes, la comtesse Piper, s?ur du comte Axel Fersen. Elle y décrit, mois par mois, ses impressions des événements du jour et des personnages de son entourage, faisant preuve d'une impartialité et d'une perspicacité étonnante.
Lettre du mois de mai 1791
Pour le moment, entièrement occupé des affaires de la France, le Roi ( Gustave III ) est charmé de pouvoir garder la bonne intelligence qui existe entre nous et la Russie. On dit qu'il désire opérer une contre-révolution en France, mais peut-être ne sera-t-il pas aussi heureux dans un autre pays que dans le sien. Tous les papiers publics le déchirent; il y en a même qui l'appellent le Don Quichotte des rois en ajoutant que, voulant suivre les traces de Gustave-Adolphe et de Charles XII, dont jusqu'ici il a cherché à imiter l'exemple, il finira comme Cartouche. Malgré tout ce que l'on peut écrire contre lui, je suis certain qu'il poursuivra son projet. On prend ici toutes les mesures nécessaires
Pour aider la France sous main, on met l'armée sur pied et la flotte se répare également. On vient même d'envoyer un officier de fortune en France pour se procurer des cartes particulières de ce pays. Comme, cependant, le roi de France est d'un caractère extrêmement faible, il reste à savoir si, même avec les meilleures volontés du monde, on pourra lui être utile. Pour un pays aussi éloigné que la Suède, c'est, d'ailleurs, toujours une folie, qui ne pourra qu'entraîner sa ruine totale quoique nullement remuante, la nation ne saura point voir avec tranquillité une nouvelle guerre éclore et l'on ne pourra pas, comme l'on fit à la dernière guerre, lui faire accroire à une attaque, les lieux sont, cette fois. trop éloignés. On murmure déjà tout bas dans les provinces de ce que le Roi soit parti pour Aix-la-Chapelle, mais le peuple se tait étant donné le prétexte de la santé du Roi; même on prie dans toutes les églises pour son rétablissement. Ainsi le peuple abusé élève son coeur vers le ciel les personnes plus instruites considèrent comme un sacrilège que de jouer ainsi la comédie avec la divinité, mais les personnes moins religieuses s'en moquent et tournent le tout en ridicule.
Lettre du mois de juillet 1791
Les événements ont prouvé que je n'avais nullement tort en vous avançant, le mois dernier, que le véritable but du voyage du Roi à Aix-la-Chapelle devait être d'opérer une contre-révolution en France. Ce fut au commencement de ce mois que le roi de France s'est éloigné de Paris; le comte Fersen, fils du sénateur, qui fut mis en prison pendant la dernière Diète, était le premier mobile de de cette fuite; ce fut lui qui fit faire la voiture et il accompagna le Roi en route. C'était du reste par ordre de notre Roi qu'il agissait. Malheureusement cette fuite ne réussit pas aussi bien que l'on avait espéré. La Reine était dans la berline avec ses enfants, leur gouvernante et Madame Elisabeth, le Roi courait devant comme postillon trois gardes du corps de confiance étaient sur le siège de la voiture déguisés en laquais. A sept lieues de Paris, le Roi fut fatigué et se mit dans la voiture, mais comme les stores n'en étaient point baissés, on le reconnut à Menehould. Il poursuivit cependant sa route jusqu'à Varennes, où il fut repris.
Le comte Fersen fut heureusement sauvé ayant quitté le Roi pour une commission spéciale de rejoindre Monsieur, qui avait pris une autre route. L'affaire manquée, notre Roi doit-en être au désespoir et avoir l'intention de revenir le plus tôt possible, n'ayant plus rien à faire de ce côté. Armfeft, qui ne sait jamais se taire, n'a pas manqué de faire part à plusieurs personnes des circonstances les plus secrètes ayant rapport à la fuite du roi de France. Il m'a assuré que le voyage du Roi n'était que pour cette raison. Pour moi, ce n'était point une nouvelle, car je m'en doutais mais que le roi d'Espagne eût offert au Roi d'être le premier mobile de la contre-révolution et de commander lui-même les troupes, voilà une nouvelle que le secret des cabinets seul pouvait dévoiler. Cette offre doit cependant être très vraie; le roi d'Espagne veut bien donner de l'argent, mais pas de troupes. Jusqu'ici l'Empereur ne s'est point déclaré, mais il doit avoir promis à sa soeur la reine de France de venir à son secours, s'il lui est possible.
Depuis que le roi de France vient d'être arrêté et ainsi que sa famille ramené comme prisonnier à Paris, les puissances intéressées ont profité de l'occasion pour déclarer leur intention d'agir offensivement afin de lui procurer la liberté, puisque n'étant pas libre il ne peut lui-même décider de rien. On dit même qu'une ligue consistante des rois de Sardaigne, d'Espagne et de Prusse, de l'Impératrice et de nous doit se former pour rétablir le roi de France dans ses droits: reste à savoir si toutes ces puissances pourront convenir ensemble, chacun ayant son propre intérêt il est cependant fort à craindre que la France en sera la partie souffrante. Ce sont les princes frères du Roi qui, présentement, s'occupent des négociations avec les puissances. Pour un citoyen bien pensant et attaché à sa patrie, ça doit, à vrai dire, être fort désagréable d'y amener des troupes étrangères, mais la guerre civile étant le seul remède aux troubles et aux désordres journellement augmentant de la France, il leur est impossible, même avec les meilleures intentions du monde, de ne rien entreprendre sans avoir des alliés et une armée pour se seconder. Leur situation, quoique glorieuse elle puisse devenir avec le temps, est pour sûr très délicate, car on pourrait du reste les accuser de vouloir usurper le pouvoir légitime et la couronne de leur frère, qui lui est due par le droit incontestable d'aînesse.
On suppose que M. de Saint-Priest, ancien ministre du roi de France, qui vient d'arriver ici peu de jours après qu'on sut la nouvelle de l'évasion manquée du roi de France, doit avoir quelque mission secrète. Il a toujours été contraire aux intentions de l'Assemblée nationale et fut nommé ambassadeur ici après avoir donné sa démission comme ministre. Les soupçons de l'existence d'une telle mission furent augmentés par la déclaration qu'il fit, dès son arrivée, qu'il ne comptait rester que peu de temps à Stockholm, mais y revenir après avoir fait avant l'hiver une tournée en Russie. II paraît donc assez probable qu'il cherche un appui pour le Roi son maître non seulement chez l'Impératrice, mais aussi chez notre Roi.
C'est bien vrai qu'il y avait de grands abus dans le gouvernement français, mais l'anarchie qu'a amenée la révolution est bien pire encore. Ce pays qui, jadis, donnait des lois à la moitié de l'Europe, en sera totalement ruiné pour des années, et ne pourra qu'avec beaucoup de peine s'en relever y il lui faudra surtout des siècles pour rétablir ses finances, dont l'état est affreux.
Dernière édition par Mme de Sabran le Dim 24 Jan 2016, 15:05, édité 1 fois
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
A quoi bon préciser "future reine de Suède" ? Tout le monde sait qui est la duchesse de Sudermanie, Susu pour les intimes .... :
J'ignorais l'existence de ce journal, je vais lire ces lettres avec intérêt.
J'ignorais l'existence de ce journal, je vais lire ces lettres avec intérêt.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
;
... pas Peggy Susu, rassure-moi ?!! : : :
boudoi26 boudoi26 boudoi26
... pas Peggy Susu, rassure-moi ?!! : : :
boudoi26 boudoi26 boudoi26
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
.
Je vous posterai la lettre elle-même ( mieux que le journal ) de la duchesse à son amie Sophie Piper ! :n,,;::::!!!:
Incessamment-sous-peu ! Parole d'homme .
Je vous posterai la lettre elle-même ( mieux que le journal ) de la duchesse à son amie Sophie Piper ! :n,,;::::!!!:
Incessamment-sous-peu ! Parole d'homme .
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Mme de Sabran- Messages : 55309
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Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
.
... comme promis ! :n,,;::::!!!:
En effet !
Voyons cela .
Le drame de Varennes avait eu lieu le 20 juin; la duchesse Charlotte écrit à son amie Sophie Piper, sœur de Fersen, le 10 juillet 1791:
Axel est sauvé, ma chère Sophie. C'est ce que j’ai de plus pressé à vous annoncer dans les conjonctures présentes, car sans doute vous êtes peut-être inquiète pour lui. Les nouvelles que je vous ai mandé de Paris étaient très vagues. La poste de vendredi nous en donne les détails.
Klinckowström copiera ce qui regarde cet événement pour que je puisse vous l'envoyer. Votre frère a suivi le roi et la reine presque seul, mais par un grand bonheur le roi l’a envoyé à Monsieur ( * ), ce qui l’a sauvé, puisqu'à trois postes de la frontière à un endroit nommé Varennes, l’on les a reconnus et arrêtés. M. et Mad. sont à Mons où Axel se trouve aussi ; j’ignore le destin de Camille [du Bois de la Motte], ce qui m’inquiète furieusement. Je n’ai pas eu de ses lettres de deux courriers… F. [Fabian] m’a écrit deux mots pour me faire part de l’événement. Il dit avoir des lettres de votre frère de Mons. Je
suppose qu’il vous en mande lui-même le plus grand détail…
;
( * ) : Il s'agit de la commission que mentionne la duchesse dans son journal :
" Le comte Fersen fut heureusement sauvé ayant quitté le Roi pour une commission spéciale de rejoindre Monsieur, qui avait pris une autre route."
Cette commission, c'est de porter à Monsieur, comte de Provence, à Mons où il est arrivé sans problèmes , la nouvelle de l'heureuse sortie de la ville de Paris de la berline transportant la famille royale .
Fersen arrive à Mons et se présente à Monsieur accompagné du comte de la Châtre ( Louis XVIII , Evelyne Lever )
;
[Note de Sophie sur cette lettre même , détails]
2 gardes du corps – Axel les a quitté à Bondi
– Monsieur à Mons – entre St Menehould et Stenay un endroit nommé Varennes,
qu’ils ont été pris – la société d’Artois à Coblentz – à Aix – lui et Bouillé à Bruxelles -
;
Le lundi matin, la duchesse de Sudermanie poursuit :
Votre lettre, ma chère Sophie, me touche sensiblement. Ah! Croyez que j'y prends la plus vive part. Le commencement de celle-ci, j'espère, vous rassurera du moins si votre frère n'a pas récrit entre temps ? Vous avez la satisfaction de savoir qu'il a agi comme un honnête homme et tellement qu'il aurait dû le faire en pareil cas. Un sentiment plus vif y a contribué aussi sans doute, et je souhaite que ce sentiment ne le perde ( pas ) et qu'il ( ne) veuille ( pas ) retourner en France, ce qui serait une imprudence atroce. J'ai reçu une lettre particulière de Paris où était toute la relation de cet événement, où était dit par apostille: on dit que le C. Fersen a commandé la voiture, qui était une remise de la Rue St. Honoré. Tout Paris lui en veut.
Nos enragés d'ici trouvent que c'est bien fait d'avoir rattrapé la famille de France, et sont surpris que Axel ait voulu se charger de la commission. La Wrede m'a fâché au grand point et hier qu'elle a dîné chez Coral, elle a eu des propos si abominables à ce sujet, tirant sur notre roi à propos de ce qui se trouvait dans la Chronique de Paris, que cela a du paraître indécent. Aussi Armfelt l'a tancé d'une manière incroyable. Fabian et moi nous nous sommes disputés avec elle et Hierta et quelques uns de nos voisins, à un point incroyable. Son désespoir à cause de ce contre révolution n'était autre que par avarice, car elle craignait que la guerre civile, qui en aurait été immanquablement la suite, ne lui fasse perdre son argent. Fabian, quand la nouvelle est arrivée, m'a communiqué ses craintes au sujet de son frère, le seul auquel j'en ai parlé; mais aujourd'hui tout le monde en parle, et je suppose que bientôt le journal en sera rempli.
J'attends la poste avec impatience pour en savoir les suites, car il est à supposer que l'on fera le procès à ceux qui auront été de la partie, et qu'Axel perdra son régiment. L'on dit ici que le roi était du secret et qu'il était d'accord avec votre frère, que même le voyage à Spa n'était que pour être plus proche de l'événement et que l'impératrice ne demandait pas mieux que de soutenir de concert avec le roi la contre-révolution de la France. Si Armfelt dit vrai, il est à supposer que le roi était instruit en partie, car je ne l'ai jamais vu plus inquiet que le jour que j'ai soupé à Haga chez le prince Royal. Il était impatient pour recevoir la poste, et me dit nous aurons de grandes nouvelles de France .
Archives de Stafsund, Riksarkivet, Stockholm. Transcriptions d'Evelyn Farr.
:
... comme promis ! :n,,;::::!!!:
Le journal de la duchesse de Sudermanie fait ressortir très nettement le rôle politique de Fersen (lettres de juillet 1791 et d'avril 1793). Cet amoureux n'était pas seulement un amoureux. Ou, pour parler plus strictement, la politique et l'amour qui se contrarient parfois s'accordaient dans le coeur de Fersen.
En effet !
Voyons cela .
Le drame de Varennes avait eu lieu le 20 juin; la duchesse Charlotte écrit à son amie Sophie Piper, sœur de Fersen, le 10 juillet 1791:
Axel est sauvé, ma chère Sophie. C'est ce que j’ai de plus pressé à vous annoncer dans les conjonctures présentes, car sans doute vous êtes peut-être inquiète pour lui. Les nouvelles que je vous ai mandé de Paris étaient très vagues. La poste de vendredi nous en donne les détails.
Klinckowström copiera ce qui regarde cet événement pour que je puisse vous l'envoyer. Votre frère a suivi le roi et la reine presque seul, mais par un grand bonheur le roi l’a envoyé à Monsieur ( * ), ce qui l’a sauvé, puisqu'à trois postes de la frontière à un endroit nommé Varennes, l’on les a reconnus et arrêtés. M. et Mad. sont à Mons où Axel se trouve aussi ; j’ignore le destin de Camille [du Bois de la Motte], ce qui m’inquiète furieusement. Je n’ai pas eu de ses lettres de deux courriers… F. [Fabian] m’a écrit deux mots pour me faire part de l’événement. Il dit avoir des lettres de votre frère de Mons. Je
suppose qu’il vous en mande lui-même le plus grand détail…
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( * ) : Il s'agit de la commission que mentionne la duchesse dans son journal :
" Le comte Fersen fut heureusement sauvé ayant quitté le Roi pour une commission spéciale de rejoindre Monsieur, qui avait pris une autre route."
Cette commission, c'est de porter à Monsieur, comte de Provence, à Mons où il est arrivé sans problèmes , la nouvelle de l'heureuse sortie de la ville de Paris de la berline transportant la famille royale .
Fersen arrive à Mons et se présente à Monsieur accompagné du comte de la Châtre ( Louis XVIII , Evelyne Lever )
;
[Note de Sophie sur cette lettre même , détails]
2 gardes du corps – Axel les a quitté à Bondi
– Monsieur à Mons – entre St Menehould et Stenay un endroit nommé Varennes,
qu’ils ont été pris – la société d’Artois à Coblentz – à Aix – lui et Bouillé à Bruxelles -
;
Le lundi matin, la duchesse de Sudermanie poursuit :
Votre lettre, ma chère Sophie, me touche sensiblement. Ah! Croyez que j'y prends la plus vive part. Le commencement de celle-ci, j'espère, vous rassurera du moins si votre frère n'a pas récrit entre temps ? Vous avez la satisfaction de savoir qu'il a agi comme un honnête homme et tellement qu'il aurait dû le faire en pareil cas. Un sentiment plus vif y a contribué aussi sans doute, et je souhaite que ce sentiment ne le perde ( pas ) et qu'il ( ne) veuille ( pas ) retourner en France, ce qui serait une imprudence atroce. J'ai reçu une lettre particulière de Paris où était toute la relation de cet événement, où était dit par apostille: on dit que le C. Fersen a commandé la voiture, qui était une remise de la Rue St. Honoré. Tout Paris lui en veut.
Nos enragés d'ici trouvent que c'est bien fait d'avoir rattrapé la famille de France, et sont surpris que Axel ait voulu se charger de la commission. La Wrede m'a fâché au grand point et hier qu'elle a dîné chez Coral, elle a eu des propos si abominables à ce sujet, tirant sur notre roi à propos de ce qui se trouvait dans la Chronique de Paris, que cela a du paraître indécent. Aussi Armfelt l'a tancé d'une manière incroyable. Fabian et moi nous nous sommes disputés avec elle et Hierta et quelques uns de nos voisins, à un point incroyable. Son désespoir à cause de ce contre révolution n'était autre que par avarice, car elle craignait que la guerre civile, qui en aurait été immanquablement la suite, ne lui fasse perdre son argent. Fabian, quand la nouvelle est arrivée, m'a communiqué ses craintes au sujet de son frère, le seul auquel j'en ai parlé; mais aujourd'hui tout le monde en parle, et je suppose que bientôt le journal en sera rempli.
J'attends la poste avec impatience pour en savoir les suites, car il est à supposer que l'on fera le procès à ceux qui auront été de la partie, et qu'Axel perdra son régiment. L'on dit ici que le roi était du secret et qu'il était d'accord avec votre frère, que même le voyage à Spa n'était que pour être plus proche de l'événement et que l'impératrice ne demandait pas mieux que de soutenir de concert avec le roi la contre-révolution de la France. Si Armfelt dit vrai, il est à supposer que le roi était instruit en partie, car je ne l'ai jamais vu plus inquiet que le jour que j'ai soupé à Haga chez le prince Royal. Il était impatient pour recevoir la poste, et me dit nous aurons de grandes nouvelles de France .
Archives de Stafsund, Riksarkivet, Stockholm. Transcriptions d'Evelyn Farr.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
On comprend mieux pourquoi Fersen a quitté la berline à BONDY ...
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Comtesse Diane- Messages : 7398
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Localisation : TOURAINE
Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
Oui, n'est-ce pas !
Vous me donnez envie de renommer ce sujet .
Car, hormis Lulu qui connaît Susu ?!! : : :
( je blague )
Vous me donnez envie de renommer ce sujet .
Car, hormis Lulu qui connaît Susu ?!! : : :
( je blague )
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Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
;
C'est chose faite, voilà qui est mieux, me semble-t-il .
D'autant qu'il reste à noter ( fait remarquable ) que Fersen savait qu'il n'accompagnerait pas la famille royale jusqu'à Montmédy.
Il l'écrit à Bouillé à la fin du mois de mai, le 29 exactement, soit presque un mois avant le départ :
« Je n’accompagnerai pas le Roi, il ne l'a pas voulu. »
( Le comte de Fersen et la cour de France. Extraits des papiers du Cte Jean Axel de Fersen, publiés par son petit-neveu, le baron R. M. de Klinckowström,. )
Fersen aurait pu écrire à Bouillé :
" Je n’accompagnerai pas le Roi, il ne le veut pas. "
Au lieu de quoi : « Je n’accompagnerai pas le Roi, il ne l'a pas voulu. » signifie qu'il y a eu discussion entre Louis XVI et lui . Et certainement une âpre discussion, car à la conscience de fervent royaliste de Fersen s'ajoutent ses sentiments pour Marie-Antoinette.
La duchesse de Sudermanie connaît ces sentiments :
Vous avez la satisfaction de savoir qu'il a agi comme un honnête homme, écrit-elle à Sophie, et tellement qu'il aurait dû le faire en pareil cas. Un sentiment plus vif y a contribué aussi sans doute, et je souhaite que ce sentiment ne le perde pas et qu'il ne veuille pas retourner en France, ce qui serait une imprudence atroce.
Il la commettra, cette imprudence atroce, le 13 février 1792 .
Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs ( ou plutôt la berline avant les chevaux ) ...
C'est à Bondy que Louis XVI signifie à Fersen qu'il doit les quitter . Et comme le Suédois proteste encore ses grands dieux qu'il veut les accompagner jusqu'au bout, le roi lui intime l'ordre de porter à Monsieur la nouvelle du succès de leur sortie de la capitale .
Il n'a plus qu'à obéir, lui qui se fût fait hacher menu pour permettre la bonne suite de l'évasion ...
Les adieux à Bondy :
C'est chose faite, voilà qui est mieux, me semble-t-il .
D'autant qu'il reste à noter ( fait remarquable ) que Fersen savait qu'il n'accompagnerait pas la famille royale jusqu'à Montmédy.
Il l'écrit à Bouillé à la fin du mois de mai, le 29 exactement, soit presque un mois avant le départ :
« Je n’accompagnerai pas le Roi, il ne l'a pas voulu. »
( Le comte de Fersen et la cour de France. Extraits des papiers du Cte Jean Axel de Fersen, publiés par son petit-neveu, le baron R. M. de Klinckowström,. )
Fersen aurait pu écrire à Bouillé :
" Je n’accompagnerai pas le Roi, il ne le veut pas. "
Au lieu de quoi : « Je n’accompagnerai pas le Roi, il ne l'a pas voulu. » signifie qu'il y a eu discussion entre Louis XVI et lui . Et certainement une âpre discussion, car à la conscience de fervent royaliste de Fersen s'ajoutent ses sentiments pour Marie-Antoinette.
La duchesse de Sudermanie connaît ces sentiments :
Vous avez la satisfaction de savoir qu'il a agi comme un honnête homme, écrit-elle à Sophie, et tellement qu'il aurait dû le faire en pareil cas. Un sentiment plus vif y a contribué aussi sans doute, et je souhaite que ce sentiment ne le perde pas et qu'il ne veuille pas retourner en France, ce qui serait une imprudence atroce.
Il la commettra, cette imprudence atroce, le 13 février 1792 .
Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs ( ou plutôt la berline avant les chevaux ) ...
C'est à Bondy que Louis XVI signifie à Fersen qu'il doit les quitter . Et comme le Suédois proteste encore ses grands dieux qu'il veut les accompagner jusqu'au bout, le roi lui intime l'ordre de porter à Monsieur la nouvelle du succès de leur sortie de la capitale .
Il n'a plus qu'à obéir, lui qui se fût fait hacher menu pour permettre la bonne suite de l'évasion ...
Les adieux à Bondy :
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Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
la duchesse de Sudermanie a écrit:
Vous avez la satisfaction de savoir qu'il a agi comme un honnête homme[/i], écrit-elle à Sophie, et tellement qu'il aurait dû le faire en pareil cas. Un sentiment plus vif y a contribué aussi sans doute, et je souhaite que ce sentiment ne le perde pas et qu'il ne veuille pas retourner en France, ce qui serait une imprudence atroce.
Ce sentiment, Louis XVI n'en est pas dupe . C'est une raison à laquelle fait allusion le duc de Lévis pour expliquer que le roi n'ait pas voulu se faire accompagner par Fersen jusqu'à Montmédy :
Il était inconvenant, sous plus d'un rapport, que M. de Fersen occupât, dans cette occasion périlleuse, un poste qui devait appartenir à un grand seigneur français ...
Le choix du terme inconvenant est très significatif .
( Duc de Lévis : Souvenirs et portraits )
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Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
Tout cela est fort intéressant et je lis avec surprise les souvenirs du Duc de Lévis : Est-il vrai que Louis XVI a préféré la présence d'un Grand Seigneur français après Bondy au lieu d'Axel ? En fait, les écrits du Duc de Lévis ne sont pas très clairs.... pour moi.
Je ne connais pas plus les écrits de la duchesse de Sudermanie que je découvre ici. Merci Éléonore.
Je ne peux dire que deux choses : - Louis XVI avait bien évidemment des soupçons quant à la liaison de sa femme avec le suédois. Comment en serait-il autrement ? D'où peut-être son souhait de vouloir se séparer d'Axel de Fersen à un moment donné lors de la fuite à Varennes. Mais, le Comte était au courant de cette fuite dans toute sa globalité, car je pense qu'elle avait été maintes et maintes fois étudiée pour sa bonne réussite. Donc, le Comte était au courant de TOUT.
Puis enfin, cette décision de séparation a sauvé d'une mort certaine le Comte. C'est quand même pas rien pour le beau suédois....
Je ne connais pas plus les écrits de la duchesse de Sudermanie que je découvre ici. Merci Éléonore.
Je ne peux dire que deux choses : - Louis XVI avait bien évidemment des soupçons quant à la liaison de sa femme avec le suédois. Comment en serait-il autrement ? D'où peut-être son souhait de vouloir se séparer d'Axel de Fersen à un moment donné lors de la fuite à Varennes. Mais, le Comte était au courant de cette fuite dans toute sa globalité, car je pense qu'elle avait été maintes et maintes fois étudiée pour sa bonne réussite. Donc, le Comte était au courant de TOUT.
Puis enfin, cette décision de séparation a sauvé d'une mort certaine le Comte. C'est quand même pas rien pour le beau suédois....
Trianon- Messages : 3306
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
Trianon a écrit:Tout cela est fort intéressant et je lis avec surprise les souvenirs du Duc de Lévis : Est-il vrai que Louis XVI a préféré la présence d'un Grand Seigneur français après Bondy au lieu d'Axel ? En fait, les écrits du Duc de Lévis ne sont pas très clairs.... pour moi.
Mais non ! Le duc de Lévis écrit qu'il eût été moins inconvenant ( suivez sa pensée ) qu'un autre accompagnât la famille royale , mais nullement que Louis XVI a remplacé Fersen en route . Il déplore que le roi se soit séparé du Suédois : une personne accoutumée à lui parler librement qui aurait pu lui faire prendre telle décision qui l'eût sauvé . C'est tellement vrai !
Fersen eût donné les ordres aux hussards de Callixte Deslon de foncer dans le tas pour ouvrir la route de la Berline . Les choses se seraient passées autrement !!!
Trianon a écrit:
Je ne peux dire que deux choses : - Louis XVI avait bien évidemment des soupçons quant à la liaison de sa femme avec le suédois. Comment en serait-il autrement ? D'où peut-être son souhait de vouloir se séparer d'Axel de Fersen à un moment donné lors de la fuite à Varennes.
Voilà !
Trianon a écrit:
Mais, le Comte était au courant de cette fuite dans toute sa globalité, car je pense qu'elle avait été maintes et maintes fois étudiée pour sa bonne réussite. Donc, le Comte était au courant de TOUT.
Bien sûr, puisque tous les détails en avaient été concertés entre le roi, Bouillé, Choiseul et Fersen .
Seulement l'arrestation de Varennes n'entrait pas dans leurs plans ...
Trianon a écrit:
Puis enfin, cette décision de séparation a sauvé d'une mort certaine le Comte. C'est quand même pas rien pour le beau suédois....
C'est ce que la duchesse Charlotte écrit à Sophie . Les deux amies exultent de joie ... mais pas Fersen : il est accablé de douleur .
Trianon a écrit:
- Louis XVI avait bien évidemment des soupçons quant à la liaison de sa femme avec le suédois. Comment en serait-il autrement ?
Peu importe la nature exacte des liens qui l'ont unie au beau Suédois, ni l'étendue des privautés qu'ils s'autorisèrent. Il éclate aux yeux qu'elle a violé une des règles fondamentales de la condition de reine en France. Elle ne s'est pas contentée de rejeter, d'emblée, la convention de façade qui voulait que l'épouse du roi parût toujours amoureuse de son mari. Elle a imposé la présence à ses côtés d'un homme élu par elle, affirmant ainsi ses droits à la liberté d'aimer à sa guise. Elle l'a fait sur le tard et avec une relative discrétion, mais sans le moindre sentiment de culpabilité . Et elle a réussi à faire admettre la chose par Louis XVI et par une partie de la cour.
Une fois de plus, contre la tradition, contre la pression du milieu, elle a fait prévaloir sa volonté . A ses risques et périls .
( Simone Bertière : Marie-Antoinette, l'insoumise )
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Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
C'est une situation difficile pour Marie-Antoinette en tant que Reine et non en tant que femme, même si les deux devraient être étroitement liées. Et je trouve que Simone Bertière est un peu dure dans ses quelques phrases explicatives.
Louis XVI (que j'aime beaucoup pourtant) a mis des années avant d'avoir un geste tendre, une attitude maritale avec son épouse. Quelle frustration pour Marie-Antoinette pendant des années.
Mais, voilà que le destin lui envoie un "ange" suédois, qui comme la Duchesse de Polignac, est totalement désintéressé et comme elle très sincère dans un premier temps en amitié. Au fur et à mesure, la Reine se sent ENFIN femme avec probablement un corps qui se réveille. Rien de plus normal.
Maintenant, la Reine avait des devoirs conjugaux (ce ne sera pas le cas de Louis XIV et Louis XV, et bien d'autres rois. Et pourquoi donc ?), entre autres d'aimer son époux et le respecter. Je lis S. Bertière, mais je ne sais pas jusqu'où est la vérité quand elle dépeint une Marie-Antoinette se comportant de manière "libre d'aimer à sa guise". S. Bertière explique quand même que Marie-Antoinette "l'a fait sur le tard et avec une relative discrétion, mais sans le moindre sentiment de culpabilité". Qu'aurions-nous fait à sa place quand on est amoureuse d'un côté et haïe par tant et tant de l'autre. Marie-Antoinette était désemparée. Je suis entièrement d'accord avec la Reine, avec les quelques amis qu'elle avait et Axel de Fersen, que lui restait-il pour continuer à vivre heureuse ? Probablement ses enfants, oui. Mais, enfin Mme Bertière essayez de vous mettre dans la situation de la Reine puisque vous êtes femme.
"La pression du milieu" ? Beaucoup d'étiquettes hypocrites et envieuses. Bref, j'aurais fait comme la Reine, peut-être "à mes risques et périls". Je ne suis même pas sûre que le destin de la Reine aurait été différent si Elle avait été une Reine "un peu sotte" et surtout soumise, même si aussi son époux devant Dieu avait fini par l'aimer... à sa façon gauche que l'on connaît.
Mais, on ne refait pas l'Histoire, n'est-ce pas ? Marie-Antoinette, contrairement à ce que l'on a beaucoup pensé, avait un peu de feu dans le corps, et pour ça seulement, je remercie le Comte Axel.
Louis XVI (que j'aime beaucoup pourtant) a mis des années avant d'avoir un geste tendre, une attitude maritale avec son épouse. Quelle frustration pour Marie-Antoinette pendant des années.
Mais, voilà que le destin lui envoie un "ange" suédois, qui comme la Duchesse de Polignac, est totalement désintéressé et comme elle très sincère dans un premier temps en amitié. Au fur et à mesure, la Reine se sent ENFIN femme avec probablement un corps qui se réveille. Rien de plus normal.
Maintenant, la Reine avait des devoirs conjugaux (ce ne sera pas le cas de Louis XIV et Louis XV, et bien d'autres rois. Et pourquoi donc ?), entre autres d'aimer son époux et le respecter. Je lis S. Bertière, mais je ne sais pas jusqu'où est la vérité quand elle dépeint une Marie-Antoinette se comportant de manière "libre d'aimer à sa guise". S. Bertière explique quand même que Marie-Antoinette "l'a fait sur le tard et avec une relative discrétion, mais sans le moindre sentiment de culpabilité". Qu'aurions-nous fait à sa place quand on est amoureuse d'un côté et haïe par tant et tant de l'autre. Marie-Antoinette était désemparée. Je suis entièrement d'accord avec la Reine, avec les quelques amis qu'elle avait et Axel de Fersen, que lui restait-il pour continuer à vivre heureuse ? Probablement ses enfants, oui. Mais, enfin Mme Bertière essayez de vous mettre dans la situation de la Reine puisque vous êtes femme.
"La pression du milieu" ? Beaucoup d'étiquettes hypocrites et envieuses. Bref, j'aurais fait comme la Reine, peut-être "à mes risques et périls". Je ne suis même pas sûre que le destin de la Reine aurait été différent si Elle avait été une Reine "un peu sotte" et surtout soumise, même si aussi son époux devant Dieu avait fini par l'aimer... à sa façon gauche que l'on connaît.
Mais, on ne refait pas l'Histoire, n'est-ce pas ? Marie-Antoinette, contrairement à ce que l'on a beaucoup pensé, avait un peu de feu dans le corps, et pour ça seulement, je remercie le Comte Axel.
Trianon- Messages : 3306
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
Trianon a écrit:
Et je trouve que Simone Bertière est un peu dure dans ses quelques phrases explicatives.
.
Simone Bertière est objective, avec cette distance, ce détachement serein et impartial de l'historien .
Alors que nous autres, passionnés que nous sommes avons tous un petit grain, je crois ! : : :
... mais un petit grain bénin, et sympathique .
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Mme de Sabran- Messages : 55309
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Ecrits de la duchesse de Sudermanie relatifs à Varennes, et la séparation à Bondy
Merci beaucoup Eléonore pour tous ces nouveaux détails concernant Bondy et la fuite.
Grâce à la duchesse de Sodermanie, nous suivons le malheureux déroulement de ce voyage, et son journal nous réaffirme quels furent les sentiments qui ont poussé Fersen à vouloir rester jusqu'au bout avec la famille royale, afin de protéger en premier lieu la femme aimée, et en deuxième lieu la monarchie chancelante.
A propos du refus de Louis XVI que Fersen accompagne la famille royale jusqu'au but du voyage, je pense que la passion que Louis XVI éprouvait pour la géographie y est aussi pour quelque chose ; il se fiait sûrement à ses propres connaissances des lieux et du chemin à parcourir, et ne croyait pas avoir besoin d'un homme prévoyant à ses côtés, jaloux qu'il était peut-être aussi un peu de celui qui a su conquérir le coeur de sa femme.
Grâce à la duchesse de Sodermanie, nous suivons le malheureux déroulement de ce voyage, et son journal nous réaffirme quels furent les sentiments qui ont poussé Fersen à vouloir rester jusqu'au bout avec la famille royale, afin de protéger en premier lieu la femme aimée, et en deuxième lieu la monarchie chancelante.
A propos du refus de Louis XVI que Fersen accompagne la famille royale jusqu'au but du voyage, je pense que la passion que Louis XVI éprouvait pour la géographie y est aussi pour quelque chose ; il se fiait sûrement à ses propres connaissances des lieux et du chemin à parcourir, et ne croyait pas avoir besoin d'un homme prévoyant à ses côtés, jaloux qu'il était peut-être aussi un peu de celui qui a su conquérir le coeur de sa femme.
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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