Le comte Jules de Polignac (1746-1817)

Cosmo a écrit:Comment se fait-il que le duc de Polignac n'ait rien trouvé à redire? Avait-elle trouvé le moyen de lui faire agréer cette liaison comme dirait l'autre?  

Or donc, je vous présente le comte Jules !   



Jules méritait le titre de gentilhomme par une conduite sage, honnête, respectable, un maintien de bon aloi d'homme du monde ... Jules, avec un physique passable, n'était pas un Adonis, mais il avait indéniablement des qualités de coeur (plus d'ailleurs que de l'esprit, si l'on en croit ses contemporains).
Il ne semble pas avoir eu de maîtresses. Je n'en ai eu aucun écho.
Il n'avait pas un tempérament amoureux passionné, ni l'étoffe d'un séducteur. J'en veux pour preuve la relation gentiment amicale qui l'unit à sa femme et de laquelle il se contentait benoîtement.

Je pense qu'il avait pris son parti de ce que Yolande en aimait un autre.  C'était un mariage de convenance tout à fait typique de l'époque .
Il était de la société de sa femme bien sûr. Il y faisait de la figuration très discrète. C'est Diane et Vaudreuil qui dominaient leur cercle . Pourtant  Jules ne tardera pas à avoir, je dirais familièrement, les chevilles qui gonflent, et se croire tout permis !
Il avait tiré le gros lot sans le savoir, en épousant celle qui allait devenir l'amie et confidente de la Reine.  C'était une aubaine.

Ils étaient mari et femme, dotés l'un et l'autre d'un caractère souple et conciliant: ils n'avaient pas de raison de ne pas s'entendre et de vouloir se séparer.  Quand Yolande est devenue Mme de Polignac, elle n'a renoncé à aucune de ses affections de jeune-fille et surtout pas à la tendresse amoureuse de Vaudreuil, son cousin.
Diane et Jules se sont liés avec ses parents et amis qu'ils ont fait leurs. La vie rêvée quoi !
Yolande réitère quand, devenant l'amie de la Reine, elle ne se coupe de personne non plus. Et, de même, Marie-Antoinette fait des entours de la comtesse Jules sa société particulière.
Tout ce monde-là semblait aimer l'harmonie et la cultiver
Il y avait bien parfois des points de friction entre les satellites comme Vaudreuil, Besenval, Adhémar, quand il s'agissait de placer les amis... Jules était toujours en retrait .

Il semble avoir été peut-être tout simplement quelqu'un qui s'accommode au jour le jour de la situation, bonne ou mauvaise, faisant ici des prodigalités, là contre mauvaise fortune bon coeur. C'était un tempérament placide sans nul doute, et un caractère sans beaucoup de relief.
Quand il sort de son apathie, il a le fonctionement "normal" du courtisan : dire du bien de tout le monde, demander tout ce qui vaque, s'asseoir quand il peut . ( Chamfort )
Montesquieu fustige chez le courtisan l'ambition dans l'oisiveté et le désir de s'enrichir sans travail ...  Notre Jules n'y échappe pas ! On le voit dans plusieurs occasions subitement réclamer "avec hauteur" , comme quelqu'un qui croit que tout lui est accessible, que tout lui est dû ...
Comment ne l'aurait-il pas cru : c'était devenu une réalité .

Diane mène son frère par le bout du nez .  C'est un bulldozer. Que surgisse un problème, une difficulté, elle fonce dans le tas !
Sacrée Diane ! un grand coeur dans une enveloppe épineuse. En voilà une que l'on peut toujours prendre au pied de la lettre. Elle ne fait pas dans le second degré.

Du point de vue familial, Jules est sous la coupe de Diane, et Yolande comme lui. Du point de vue de la Cour et du monde, Yolande est sous les "projecteurs", si j'ose dire, au centre de la scène, objet de toutes les curiosités et toutes les attentions, quand Jules est quasiment inexistant, malgré sa charge de grand écuyer et son titre de duc qu'il sait ne devoir qu'à la faveur dont jouit sa femme.
Je dirais qu'entre sa soeur et sa femme, le brave Jules compte pour du beurre !

Après la prise de la Bastille, si Vaudreuil prend la route de l'exil aux côtés du comte d'Artois, il ne tarde pas à rejoindre les Polignac pour ne plus les quitter . C'est une manière de ménage à trois parfaitement équilibré.

A la mort de la duchesse, toutes les attentions, condoléances attristées et paroles de réconfort vont à Vaudreuil, comme si Jules était transparent . C'est fou, non ?  Alors que Jules, quand même douloureusement affecté, se barde de philosophie, Vaudreuil désespéré semble prêt à basculer dans la folie .  C'est lui que l'on entoure, que l'on soigne avec inquiétude .

Il gémit : Je ne suis plus premier objet pour personne .
C'est dire s'il se savait aimé ...    

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Mme de Sabran a écrit:
Il semble avoir été peut-être tout simplement quelqu'un qui s'accommode au jour le jour de la situation, bonne ou mauvaise, faisant ici des prodigalités, là contre mauvaise fortune bon coeur. C'était un tempérament placide sans nul doute, et un caractère sans beaucoup de relief.
Quand il sort de son apathie, il a le fonctionnement "normal" du courtisan : dire du bien de tout le monde, demander tout ce qui vaque, s'asseoir quand il peut . ( Chamfort )
Montesquieu fustige chez le courtisan l'ambition dans l'oisiveté et le désir de s'enrichir sans travail ...  Notre Jules n'y échappe pas !
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 :  :  : Quel portrait, mazette ! Il est habillé pour l'hiver !   
Il a compris où se trouvait son intérêt et a fait sienne l'une des maximes de l'homme de cour, "ne se point ouvrir, ni déclarer" : "... Le silence est le sanctuaire de la prudence. Une résolution déclarée ne fut jamais estimée. Celui qui se déclare s’expose à la censure, et, s’il ne réussit pas, il est doublement malheureux...".   

Jules de Polignac use du crédit de sa femme pour obliger un auteur    , nous disent les Mémoires Secrets :





Cailhava eut contre lui La Harpe, qui l’attaqua violemment dans le Mercure. Mais il tint tête au critique et le prit à partie sur la scène même, dans le Journaliste anglais. L’hostilité du célèbre acteur Molé lui fut plus dangereuse et lui ferma la Comédie-Française. Il s’occupa alors de livres sur l’art dramatique et y ajouta quelques écrits libertins et fades. Reçu en 1797 à l’Institut, il fit partie de l’Académie française lors de sa reconstitution , ajoute WIKI .


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Le comte Jules est vraiment quelqu'un de discret, notamment si nous devons le comparer à Vaudreuil ou à sa sœur Diane. Il n'y a si je ne m'abuse que de très rares anecdotes sur lui. Je l'avais trouvé très sympathique lorsque Bombelles nous raconte qu'il l'invitait à s'asseoir près de lui lors de la visite des ambassadeurs de Tippo-Sahib, en plaçant leurs enfants devant. 
Si l'on suit cette dernière histoire, il devait vraiment être un brave type.  

Oui, oui, c'était le brave gars, serviable, pas compliqué .
Cependant lors des tractations ( si je puis dire ) pour le mariage de son fils Armand avec Mademoiselle de Matignon, le même Bombelles déplore l'arrogance de Jules et soutient que cela se serait beaucoup mieux passé si Yolande s'en était occupée .

Ah oui c'est vrai. Il voulait récupérer la future fiancée toute jeunette afin de la modeler à leur goût alors que Breteuil préférait qu'elle ait atteint seize ans.

Exactement !
Et cela a fait tellement de vagues que le mariage a capoté .

Tout récemment il s'est vendu sur ebay une miniature de François Louis Aubry(1767-1851) dont le vendeur précise qu'il pourrait s'agir du premier duc de Polignac. En la comparant avec l'unique dessin que nous possédons du duc de Polignac on peut estimer que l'hypothèse n'est pas à rejeter. Jugez en sur cette image si du moins elle apparaît car pour l'instant encore je ne maitrise pas bien la manière d'insérer une image à un message dans votre intranet. Damned! Si tel était le cas cela serait le deuxième portrait que nous aurions de ce cher Jules.



Aubry, élève d'Isabey, a suivi les cours de l'Académie royale de peinture entre 1784 et 1791.

Amitiés.

Merci, cher Roi-cavalerie, pour cet inédit !
Oui, oui, il y a bien quelque chose, quoique le nez me paraisse beaucoup plus busqué sur le dessin de profil ( mais profil oblige ! )
Nous n'avons nulle source quant au physique du comte Jules .

Nous savons que le duc de Polignac a été peint au moins une fois par E Vigée Lebrun ainsi d'ailleurs que son père, le vicomte Louis Héracle Armand XXI.De mémoire, ces 2 tableaux   figurent dans l'état de ses peintures laissé par l'artiste pour les années 1787 où 1788. Ils n'ont pour l'instant pas été retrouvés. Ils ont peut être été détruits en 1793 lors des inventaires du château de Claye qui ont été faits par les commissaires du peuple. Les archives de Seine et Marne possèdent le certificat de destruction de 19 tableaux "à caractère féodal", trouvés dans la demeure du duc. Mais peut-être n'ont-ils pas été détruits? Avis aux vide-greniers amateurs! Amitiés

Roi-cavalerie a écrit: Les archives de Seine et Marne possèdent le certificat de destruction de 19 tableaux "à caractère féodal", trouvés dans la demeure du duc.

Quel catastrophique vandalisme ! C'est odieux !!!

Mme de Sabran a écrit:

Roi-cavalerie a écrit: Les archives de Seine et Marne possèdent le certificat de destruction de 19 tableaux "à caractère féodal", trouvés dans la demeure du duc.

Quel catastrophique vandalisme ! C'est odieux !!!

Le "bon esprit" de la Révolution.

Reinette a écrit:

Mme de Sabran a écrit:

Roi-cavalerie a écrit: Les archives de Seine et Marne possèdent le certificat de destruction de 19 tableaux "à caractère féodal", trouvés dans la demeure du duc.

Quel catastrophique vandalisme ! C'est odieux !!!

Le "bon esprit" de la Révolution.

Les portraits des Brissac auraient dû subir eux aussi ce sort, lors d'une grande "brûlerie patriotique", mais le fou furieux fut muté avant que de le faire, et ces portraits (Vigée Le Brun, Gautier d'Agoty, Trinquesse ...) sont toujours à Brissac.

Ces grands feux de joie qui embrasaient toutes les provinces dévoraient aussi les archives familiales, les preuves de noblesse et titres qu'il importait de faire disparaître .

Comme à Paris, en face de la statue de la Liberté, sont brulés sur la place de la Révolution tous les ornements et les attributs de la royauté.

J'appelle cela plus des autodafés que des feux de joie... Même s'ils étaient accompagnés de grandes processions festives, du genre jeunes vierges habillées de toges blanches, épis de blé dans les cheveux, paniers de fleurs et de fruits dans les bras... Le tout organisés par David au moins pour Paris. àè-è\':

Preuves de la Maison de Polignac ( extrait )

C'est un petit peu pâlichon ...

Mme de Sabran a écrit:

C'est un petit peu pâlichon ...

Ouf
Tu ne pouvais pas nous retranscrire ça ? :

Allez ! j'avoue que la longueur m'a un peu découragée ...

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... après Mirabeau, Jules de Polignac maintenant !  

Légende : " Ah ! voilà mon portrait ! "

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Le comte Jules de Chalencon-Polignac était certainement un homme de qualité ; il était le petit-neveu d'un cardinal-archevêque, habile et mémorable négociateur ; il était petit-fils et arrière petit-fils de deux chevaliers des ordres du Roi, gouverneurs de province. On lui conféra le titre de duc héréditaire et nompair, ce qui n'était pas déjà si rare et si merveilleux à partir du règne de Louis XIII.

Sa famille était nécessiteuse, attendu qu'elle avait dépensé la plus grande partie de ses biens pour le service de S.M. comme toute la noblesse de France ; on lui donna la place de premier Écuyer, ce qui lui devenait profitable et n'avait rien d'exorbitant.

( Marquise de Créquy )

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Mme de Sabran a écrit:.

... après Mirabeau, Jules de Polignac maintenant !  

Légende : " Ah ! voilà mon portrait ! "

C'est peut-être le seul portait à ma connaissance de ce cher Jules. :

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Mais non ! Tu connais bien ce profil :

Ah oui c'est vrai.
Mais avoue que ce n'est pas non plus un portrait qui marque les esprits. Un genre madame Vigée-Lebrun ou autre grand artiste du temps. Vaudreuil, Calonne, le reste de la bande s'est fait plaisir. Lui non, il est resté discret.

Des fois, on se provoque des frayeurs pour rien ! :

Correspondance secrète, 1er octobre 1780 :


Comme quoi Louis XVI pouvait parfois être un tantinet cruel...