La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
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Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Et toujours Chamfort :
Un homme de lettres à qui un grand seigneur faisait sentir la supériorité de son rang, lui dit :
« Monsieur le duc, je n’ignore pas ce que je dois savoir ; mais je sais aussi qu’il est plus aisé d’être au-dessus de moi qu’à côté. »
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Mme de Sabran- Messages : 55260
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Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
On se souvient encore de la ridicule et excessive vanité de l’archevêque de Reims, Le Tellier- Louvois, sur son sang et sur sa naissance. On sait combien, de son temps, elle était célèbre dans toute la France. Voici une des occasions où elle se montra tout entière le plus plaisamment.
Le duc d’A..., absent de la cour depuis plusieurs années, revenu dans son gouvernement de Berry, allait à Versailles. Sa voiture versa et se rompit. Il faisait un froid trés aigu. On lui dit qu’il fallait deux heures pour la remettre en état. Il vit un relais, et demanda pour qui c’était: on lui dit que c’était pour l’archevêque de Reims qui allait à Versailles aussi. Il envoya ses gens devant lui, n’en réservant qu’un, auquel il recommanda de ne point paraître sans son ordre. L’archevêque arrive. Pendant qu’on attelait, le duc charge un des gens de l’archevêque de lui demander une place pour un honnête homme, dont la voiture vient de se briser, et qui est condamné à attendre deux heures qu’elle soit rétablie. Le domestique va et fait la commission. « Quel homme est-ce ? dit l’archevêque. Est-ce quelqu’un comme il faut ?
— Je le crois, monseigneur ; il a un air bien honnête. — Qu’appelles-tu bien honnête ? Est-il bien mis ? — Monseigneur, simplement, mais bien. — A-t-il des gens ? — Monseigneur, je l’imagine. — Va-t-en le savoir. ( Le domestique va et revient ). — Monseigneur, il les a envoyés devant à Versailles.
— Ah l c’est quelque chose. Mais ce n’est pas tout. Demande-lui s’il est gentilhomme. ( Le laquais va et revient. ) — Oui, monseigneur, il est gentilhomme. — A la bonne heure : qu’il vienne, nous verrons ce que c’est. » Le duc arrive, salue. L’archevêque fait un signe de tète, se range à peine pour faire une petite place dans sa voiture. Il voit une croix de Saint-Louis. « Monsieur, dit-il au duc, je suis fâché de vous avoir fait attendre ; mais je ne pouvais donner une place dans ma voiture à un homme de rien : vous en conviendrez. Je sais que vous êtes gentilhomme. Vous avez servi, à ce que je vois ? — Oui, monseigneur. — Et vous allez à Versailles? — Oui, monseigneur. — Dans les bureaux, apparemment? — Non, je n’ai rien à faire dans les bureaux. Je vais remercier... — Qui ? M. deLouvois? — Non, monseigneur, le roi. — Le roi ! ( Ici l’archevêque se recule et fait un peu de place. ) Le roi vient donc de vous faire quelque grâce toute récente? — Non, monseigneur; c’est une longue histoire. — Contez toujours. — C’est qu’il y a deux ans j’ai marié ma fille à un homme peu riche ( l’archevêque reprend un peu de l’espace qu’il a cédé dans la voiture ), mais d’un très grand nom ( l’archevêque recède la place. ) » Le duc continue : « Sa majesté avait bien voulu s’intéresser à ce mariage.... ( l’archevêque fait beaucoup de place ) et avait même promis à mon gendre le premier gouvernement qui vaquerait. — Comment donc ? Un petit gouvernement sans doute ! De quelle ville ? — Ce n’est pas d’une ville, monseigneur ; c’est d’une province. — D’une province, monsieur ! crie l’archevêque, en reculant dans l’angle de sa voiture ; d’une province ! — Oui, et il va y en avoir un de vacant. — Lequel donc? — Le mien, celui de Berry, que je veux faire passer à mon gendre. — Quoi ! monsieur... Vous êtes le gouverneur de ?... Vous êtes donc le duc de?... (et il veut descendre de sa voiture... ) Mais, monsieur le duc, que ne parliez vous ? Mais cela est incroyable ! Mais à quoi m’exposez-vous ! Pardon de vous avoir fait attendre . Ce maraud de laquais qui ne me dit pas.... Je suis bien heurenx encore d’avoir cru, sur votre parole, que vous étiez gentilhomme : tant de gens le disent sans l’être. Et puis ce d’Hosier est un fripon ! Ah ! M. le duc, je suis confus. — Remettez-vous, monseigneur. Pardonnez à votre laquais, qui s’est contenté de vous dire que j’étais un honnête homme. Pardonnez à d’Hosier, qui vous exposait à recevoir dans votre voiture un vieux militaire non titré; et pardonnez-moi aussi de n’avoir pas commencé par faire mes preuves, pour monter dans votre carosse. »
( Chamfort, Caractères )
Le duc d’A..., absent de la cour depuis plusieurs années, revenu dans son gouvernement de Berry, allait à Versailles. Sa voiture versa et se rompit. Il faisait un froid trés aigu. On lui dit qu’il fallait deux heures pour la remettre en état. Il vit un relais, et demanda pour qui c’était: on lui dit que c’était pour l’archevêque de Reims qui allait à Versailles aussi. Il envoya ses gens devant lui, n’en réservant qu’un, auquel il recommanda de ne point paraître sans son ordre. L’archevêque arrive. Pendant qu’on attelait, le duc charge un des gens de l’archevêque de lui demander une place pour un honnête homme, dont la voiture vient de se briser, et qui est condamné à attendre deux heures qu’elle soit rétablie. Le domestique va et fait la commission. « Quel homme est-ce ? dit l’archevêque. Est-ce quelqu’un comme il faut ?
— Je le crois, monseigneur ; il a un air bien honnête. — Qu’appelles-tu bien honnête ? Est-il bien mis ? — Monseigneur, simplement, mais bien. — A-t-il des gens ? — Monseigneur, je l’imagine. — Va-t-en le savoir. ( Le domestique va et revient ). — Monseigneur, il les a envoyés devant à Versailles.
— Ah l c’est quelque chose. Mais ce n’est pas tout. Demande-lui s’il est gentilhomme. ( Le laquais va et revient. ) — Oui, monseigneur, il est gentilhomme. — A la bonne heure : qu’il vienne, nous verrons ce que c’est. » Le duc arrive, salue. L’archevêque fait un signe de tète, se range à peine pour faire une petite place dans sa voiture. Il voit une croix de Saint-Louis. « Monsieur, dit-il au duc, je suis fâché de vous avoir fait attendre ; mais je ne pouvais donner une place dans ma voiture à un homme de rien : vous en conviendrez. Je sais que vous êtes gentilhomme. Vous avez servi, à ce que je vois ? — Oui, monseigneur. — Et vous allez à Versailles? — Oui, monseigneur. — Dans les bureaux, apparemment? — Non, je n’ai rien à faire dans les bureaux. Je vais remercier... — Qui ? M. deLouvois? — Non, monseigneur, le roi. — Le roi ! ( Ici l’archevêque se recule et fait un peu de place. ) Le roi vient donc de vous faire quelque grâce toute récente? — Non, monseigneur; c’est une longue histoire. — Contez toujours. — C’est qu’il y a deux ans j’ai marié ma fille à un homme peu riche ( l’archevêque reprend un peu de l’espace qu’il a cédé dans la voiture ), mais d’un très grand nom ( l’archevêque recède la place. ) » Le duc continue : « Sa majesté avait bien voulu s’intéresser à ce mariage.... ( l’archevêque fait beaucoup de place ) et avait même promis à mon gendre le premier gouvernement qui vaquerait. — Comment donc ? Un petit gouvernement sans doute ! De quelle ville ? — Ce n’est pas d’une ville, monseigneur ; c’est d’une province. — D’une province, monsieur ! crie l’archevêque, en reculant dans l’angle de sa voiture ; d’une province ! — Oui, et il va y en avoir un de vacant. — Lequel donc? — Le mien, celui de Berry, que je veux faire passer à mon gendre. — Quoi ! monsieur... Vous êtes le gouverneur de ?... Vous êtes donc le duc de?... (et il veut descendre de sa voiture... ) Mais, monsieur le duc, que ne parliez vous ? Mais cela est incroyable ! Mais à quoi m’exposez-vous ! Pardon de vous avoir fait attendre . Ce maraud de laquais qui ne me dit pas.... Je suis bien heurenx encore d’avoir cru, sur votre parole, que vous étiez gentilhomme : tant de gens le disent sans l’être. Et puis ce d’Hosier est un fripon ! Ah ! M. le duc, je suis confus. — Remettez-vous, monseigneur. Pardonnez à votre laquais, qui s’est contenté de vous dire que j’étais un honnête homme. Pardonnez à d’Hosier, qui vous exposait à recevoir dans votre voiture un vieux militaire non titré; et pardonnez-moi aussi de n’avoir pas commencé par faire mes preuves, pour monter dans votre carosse. »
( Chamfort, Caractères )
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Mme de Sabran- Messages : 55260
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
C'est amusant.
Chamfort, né en 1740, connait donc par cœur les oscillations de siège d'un homme mort en 1710. En supposant que l'archevêque de Reims, frère de Louvois, puisse ne pas connaître de visu un des trente ducs du royaume, dont certains sont ses neveux.
Un amusant conte. On ne prête qu'aux riches.
Chamfort, né en 1740, connait donc par cœur les oscillations de siège d'un homme mort en 1710. En supposant que l'archevêque de Reims, frère de Louvois, puisse ne pas connaître de visu un des trente ducs du royaume, dont certains sont ses neveux.
Un amusant conte. On ne prête qu'aux riches.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Oui on visualise bien la scène.
j'adore ce genre d'anecdote ou de quiproquos.
j'adore ce genre d'anecdote ou de quiproquos.
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3186
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
M. de Brissac, ivre de gentilhommerie, désignait souvent Dieu par cette phrase : Le gentilhomme d’en haut.
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Mme de Sabran- Messages : 55260
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
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Mme de Sabran- Messages : 55260
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Oh Eléonore, fichtre !!!! Toute comparaison de la Dubarry avec Louis XV n'engage rien d'autre au spectateur que de fermer les yeux et d'attendre la fin des préliminaires.
Peut-être que ces 2 amants ont reçu des enseignements cachés de la part de la Comtesse.
Trianon- Messages : 3306
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Source : « La Mode, revue du monde élégant », septième partie, avril-juin 1831 :
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Que de chiffres, que de chiffres !
Merci, mon cher Félix .
Merci, mon cher Félix .
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Mme de Sabran- Messages : 55260
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Mme de Sabran a écrit:Que de chiffres, que de chiffres !
Merci, mon cher Félix .
Oui, je me disais que cela manquait un peu à ce forum !
A vos calculatrices chers forumistes !
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Messages publiés dans notre "Jeu de l'été", et suite à une énigme...
En complément, je cite un extrait d'un article publié sur le net...
L’Assemblée constituante, dans sa séance du 19 juin 1790, compléta l’œuvre qu’elle avait commencée dans celle du 4 août 1789, supprimant la noblesse héréditaire et toutes les qualifications qui en dérivent.
Cette proposition, faite par un membre obscur, fut aussitôt appuyée par Charles de Lameth, de La Fayette, de Noailles, Mathieu de Montmorency, et chacun d’eux se fit gloire d’en amplifier le sens et l’étendue.
(...)
La suppression des mots fut plus sensible à l’aristocratie que ne l’avait été celle des choses : la séance du 19 juin détermina plus que toute autre son émigration et ses attaques.
Dans le nombre des propositions, Lepelletier de Saint-Fargeau avait fait celle de renoncer aux noms de terres, que plusieurs familles portaient depuis des siècles, pour reprendre les anciens noms patronymiques. Ainsi les Montmorency se seraient appelés Bouchard ; La Fayette Mothié ; Mirabeau Riquetti.
Le lendemain du jour où le décret fut porté, les journalistes imprimèrent, dans le compte des séances, Riquetti l’aîné, au lieu du comte de Mirabeau.
Celui-ci s’approcha, furieux, des écrivains présents à l’Assemblée, et leur dit : Avec votre Riquetti, vous avez désorienté l’Europe pendant trois jours.
(...)
Dix-huit ans après l’abolition de l’ancienne noblesse, Bonaparte en créait une nouvelle (1er mars 1808), et, six ans plus tard, la Charte les consacrait toutes les deux, chez ce même peuple qui avait déclaré n’en plus vouloir aucune.
* Source et article complet : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7954
Et voir aussi notre sujet sur l'idée d'une noblesse française ou l'usage de ces titres, aujourd'hui...
Ici : La noblesse française existe-t-elle toujours ?
Mme de Sabran a écrit:
Les titres, les noms seigneuriaux sont abolis, défendus.
Quelques exemples entre mille : le duc d’Aiguillon est désormais M. Vignerot; la marquise de Coigny Mme Franquetot, le duc de Caraman M. Riquet, le marquis de Mirabeau Riquetti etc ... etc ...
Luxembourg, c'est le nom de l’aboyeur du Théâtre-Français, s'en offense . Pendant vingt ans, avec délectation et fierté, il a eu plein la bouche de ces noms à tiroirs, de ces titres ronflants. Peut-être croyait-il sentir déteindre un peu sur lui l'importance et la gloire de tous ces ci-devants ?
Quoi ! Il faudrait qu'il annonce dorénavant des Dupont, Durand, Moulin, Martin ?!!
Fi donc ! il donne sa démission .
( source : les Goncourt )
Vicq d Azir a écrit:Oui, cette chronologie est importante : le décret de juin 90 se situe juste avant la Fédération. Il est pris un peu dans l’indifférence générale, dans le droit fil du 4 août, avec l’appui de la jeune noblesse ET des futurs Feuillants (Barnave, Lameth). Mais avec la désapprobation de la noblesse militaire et de la noblesse de Province (malheureusement tous divisés). Et la désapprobation du Roi, qui ne peut rien...
En complément, je cite un extrait d'un article publié sur le net...
L’Assemblée constituante, dans sa séance du 19 juin 1790, compléta l’œuvre qu’elle avait commencée dans celle du 4 août 1789, supprimant la noblesse héréditaire et toutes les qualifications qui en dérivent.
Cette proposition, faite par un membre obscur, fut aussitôt appuyée par Charles de Lameth, de La Fayette, de Noailles, Mathieu de Montmorency, et chacun d’eux se fit gloire d’en amplifier le sens et l’étendue.
(...)
La suppression des mots fut plus sensible à l’aristocratie que ne l’avait été celle des choses : la séance du 19 juin détermina plus que toute autre son émigration et ses attaques.
Dans le nombre des propositions, Lepelletier de Saint-Fargeau avait fait celle de renoncer aux noms de terres, que plusieurs familles portaient depuis des siècles, pour reprendre les anciens noms patronymiques. Ainsi les Montmorency se seraient appelés Bouchard ; La Fayette Mothié ; Mirabeau Riquetti.
Le lendemain du jour où le décret fut porté, les journalistes imprimèrent, dans le compte des séances, Riquetti l’aîné, au lieu du comte de Mirabeau.
Celui-ci s’approcha, furieux, des écrivains présents à l’Assemblée, et leur dit : Avec votre Riquetti, vous avez désorienté l’Europe pendant trois jours.
(...)
Dix-huit ans après l’abolition de l’ancienne noblesse, Bonaparte en créait une nouvelle (1er mars 1808), et, six ans plus tard, la Charte les consacrait toutes les deux, chez ce même peuple qui avait déclaré n’en plus vouloir aucune.
* Source et article complet : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7954
Je trouve cela très bien !!Gouverneur Morris a écrit:
Et pour parfaire l'humiliation, l'Assemblée prenait le même jour un décret pour récompenser les vainqueurs de la Bastille
Et voir aussi notre sujet sur l'idée d'une noblesse française ou l'usage de ces titres, aujourd'hui...
Ici : La noblesse française existe-t-elle toujours ?
La nuit, la neige- Messages : 18054
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
C’etait suicidaire, et annonçait la suite. Et cette stupide jeune noblesse française, qui scie la branche sur laquelle elle était assise...
Une fois encore, Louis XVI ne fait rien : il avait l’occasion de créer une noblesse au mérite, entre autre pour honorer les vrais patriotes...
Une fois encore, Louis XVI ne fait rien : il avait l’occasion de créer une noblesse au mérite, entre autre pour honorer les vrais patriotes...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
La nuit, la neige a écrit:
Le lendemain du jour où le décret fut porté, les journalistes imprimèrent, dans le compte des séances, Riquetti l’aîné, au lieu du comte de Mirabeau.
Celui-ci s’approcha, furieux, des écrivains présents à l’Assemblée, et leur dit : Avec votre Riquetti, vous avez désorienté l’Europe pendant trois jours.
Oui ! Les Goncourt citent ce mot de Mirabeau .
C'est vrai que c'est cocasse .
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Mme de Sabran- Messages : 55260
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
La nuit, la neige a écrit:Je trouve cela très bien !!Gouverneur Morris a écrit:
Et pour parfaire l'humiliation, l'Assemblée prenait le même jour un décret pour récompenser les vainqueurs de la Bastille
Les titres anciens sont supprimés et interdits, et celui de Vainqueur de la Bastille créé le même jour
Voici le texte du décret qui distingue cette nouvelle aristocratie révolutionnaire :
Gouverneur Morris- Messages : 11675
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Oui, d'accord, mais ce n'est pas un titre, et encore moins héréditaire . C'est simplement une distinction.
Et, quand on relit Chateaubriand, on se demande vraiment hum ! pourquoi ? il n'y a pas de quoi s'extasier, pas d'exploit accompli .
La propagande révolutionnaire a besoin de se fabriquer des héros.
Et, quand on relit Chateaubriand, on se demande vraiment hum ! pourquoi ? il n'y a pas de quoi s'extasier, pas d'exploit accompli .
La propagande révolutionnaire a besoin de se fabriquer des héros.
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Mme de Sabran- Messages : 55260
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Mme de Sabran a écrit:Oui, d'accord, mais ce n'est pas un titre, et encore moins héréditaire . C'est simplement une distinction.
Il est pourtant écrit, et le qualificatif retenu n'est pas anodin à mon sens :
[...] dans tous les actes qu'ils passeront, il leur sera permis de prendre le titre de Vainqueur de la Bastille
On fait donc juridiquement de ce titre un élément de l'état civil, du patronyme. Ce le jour même où l'on supprime à la noblesse les siens
Gouverneur Morris- Messages : 11675
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Gouverneur Morris a écrit:Mme de Sabran a écrit:Oui, d'accord, mais ce n'est pas un titre, et encore moins héréditaire . C'est simplement une distinction.
Il est pourtant écrit, et le qualificatif retenu n'est pas anodin à mon sens :
[...] dans tous les actes qu'ils passeront, il leur sera permis de prendre le titre de Vainqueur de la Bastille
On fait donc juridiquement de ce titre un élément de l'état civil, du patronyme. Ce le jour même où l'on supprime à la noblesse les siens
C'est curieux . Ce titre n'est pas arboré comme un titre nobiliaire par lequel on s'adresse à une personne " Bonjour, comte " par exemple .
Personne ne dira " Bonjour, vainqueur de la Bastille ".
Et, sauf à se le tatouer sur le front ou s'en vanter à tout va, c'est une distinction qui reste confidentielle .
En revanche, elle pourrait être mentionnée sur une carte de visite .
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Mme de Sabran- Messages : 55260
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Enfin bref le jour où elle supprime les titres des anciens oppresseurs, la Constituante en crée un nouveau pour les vainqueurs, c'est amusant et bien calculé
Gouverneur Morris- Messages : 11675
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Pour les vainqueurs et futurs oppresseurs ...(voir la fable des grenouilles qui veulent changer de Roi...)
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
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Mme de Sabran- Messages : 55260
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Les titres de noblesse
Bonjour et excellente année à toutes et tous !
Il y a longtemps que je ne me suis pas manifesté ici, mais je me pose une petite question pour les besoins d'un scénario.
Est-il possible qu'une jeune fille issue d'une très haute lignée, une duchesse, puisse épouser un baron (suite à une faute commise, son nom a été sali), et qu'elle se retrouve ainsi en quelque sorte "déclassée" au titre de baronne. Ou bien le mariage n'efface pas son titre et elle reste duchesse jusqu'à la fin de ses jours ?
(cela se passe quelques années avant la Révolution)
Un grand merci par avance, et encore une très belle année à vous et à ce groupe !
Il y a longtemps que je ne me suis pas manifesté ici, mais je me pose une petite question pour les besoins d'un scénario.
Est-il possible qu'une jeune fille issue d'une très haute lignée, une duchesse, puisse épouser un baron (suite à une faute commise, son nom a été sali), et qu'elle se retrouve ainsi en quelque sorte "déclassée" au titre de baronne. Ou bien le mariage n'efface pas son titre et elle reste duchesse jusqu'à la fin de ses jours ?
(cela se passe quelques années avant la Révolution)
Un grand merci par avance, et encore une très belle année à vous et à ce groupe !
piedrolino- Messages : 18
Date d'inscription : 11/01/2015
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Bonjour, cher Piedrolino .
Je vous remercie pour vos bons voeux, excellente année à vous aussi !!!
A ce que je crois, la jeune-fille ne porte pas le titre de son père, elle prend celui de son époux.
Mais le spécialiste de notre Forum, ci-devant petit Lulu, vous répondra beaucoup mieux que moi, et dans tous les détails.
Je vous remercie pour vos bons voeux, excellente année à vous aussi !!!
A ce que je crois, la jeune-fille ne porte pas le titre de son père, elle prend celui de son époux.
Mais le spécialiste de notre Forum, ci-devant petit Lulu, vous répondra beaucoup mieux que moi, et dans tous les détails.
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Mme de Sabran- Messages : 55260
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Bonjour Madame de Sabran,
Un grand merci pour la diligence de votre réponse !
Un grand merci pour la diligence de votre réponse !
piedrolino- Messages : 18
Date d'inscription : 11/01/2015
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
La réponse de Mme de Sabran est tout à fait juste. Une femme n'est, en France et au XVIIIe siècle, jamais duchesse à sa naissance. Elle partage le titre de son époux (qui peut éventuellement être institué le continuateur du titre du père de l'épouse à qui le domaine revient, mais c'est un autre problème).
Il n'est pas impossible pour une fille de duc d'épouse un baron, pour de multiple raison, l'une d'entre elle étant qu'un baron n'est pas nécessairement au bas de l'échelle du prestige ! Néanmoins, pour suivre votre idée, qui est celle d'un mariage inférieur à ses aspirations, la raison évidente serait en général une mise en difficulté de la famille de la demoiselle (politique, sociale, financière ...) ou un coup de poker sur l'avenir du baron en question (politique, familial ...). Bien sûr, si le baron est très, très riche, cela peut s'envisager aussi, même si c'est plus souvent l'inverse.
Je ne connais pas beaucoup de cas qui mettrait en cause la demoiselle elle même, à moins qu'elle ne soit vraiment laide. Quand à une 'faute', il faudrait qu'elle soit vraiment publique, et la famille a peu intérêt à en faire la publicité. Je n'en connais pas d'exemple, donc si quelqu'un en a en tête, ce pourrait être intéressant.
Eventuellement, la toute dernière d'une grande fratrie aurait peut-être moins de chance de bénéficier d'une bonne dote ....
La question de la mésalliance dépend en fait beaucoup plus de la manière dont les familles se conçoivent socialement. Le cas célèbre de Françoise de Mailly est très intéressant. Fille d'un cadet du marquis de Nesle de la branche aînée de la très ancienne maison de Mailly, elle épouse le marquis de La Vrillière, aîné d'une famille anciennement anoblie par d'importantes charges administratives et parlementaires, très à l'aise matériellement. Elle considéra toute ça vie ce mariage comme une terrible mésalliance, et n'eut de cesse de batailler pour l'avancement de son fils et l'obtention d'une pairie, comme une sorte de réparation. Ainsi, sa manière de percevoir le rang de sa famille entraîne un certain regard sur ce mariage, qui n'est pas celui de ses contemporains, qui ne l'ont pas trouvé si inégal que ça ( en tout cas pas au point d'en faire une jaunisse comme elle).
Elle passerait alors de "Mlle de ...." à "(madame) la baronne de ...."
Il n'est pas impossible pour une fille de duc d'épouse un baron, pour de multiple raison, l'une d'entre elle étant qu'un baron n'est pas nécessairement au bas de l'échelle du prestige ! Néanmoins, pour suivre votre idée, qui est celle d'un mariage inférieur à ses aspirations, la raison évidente serait en général une mise en difficulté de la famille de la demoiselle (politique, sociale, financière ...) ou un coup de poker sur l'avenir du baron en question (politique, familial ...). Bien sûr, si le baron est très, très riche, cela peut s'envisager aussi, même si c'est plus souvent l'inverse.
Je ne connais pas beaucoup de cas qui mettrait en cause la demoiselle elle même, à moins qu'elle ne soit vraiment laide. Quand à une 'faute', il faudrait qu'elle soit vraiment publique, et la famille a peu intérêt à en faire la publicité. Je n'en connais pas d'exemple, donc si quelqu'un en a en tête, ce pourrait être intéressant.
Eventuellement, la toute dernière d'une grande fratrie aurait peut-être moins de chance de bénéficier d'une bonne dote ....
La question de la mésalliance dépend en fait beaucoup plus de la manière dont les familles se conçoivent socialement. Le cas célèbre de Françoise de Mailly est très intéressant. Fille d'un cadet du marquis de Nesle de la branche aînée de la très ancienne maison de Mailly, elle épouse le marquis de La Vrillière, aîné d'une famille anciennement anoblie par d'importantes charges administratives et parlementaires, très à l'aise matériellement. Elle considéra toute ça vie ce mariage comme une terrible mésalliance, et n'eut de cesse de batailler pour l'avancement de son fils et l'obtention d'une pairie, comme une sorte de réparation. Ainsi, sa manière de percevoir le rang de sa famille entraîne un certain regard sur ce mariage, qui n'est pas celui de ses contemporains, qui ne l'ont pas trouvé si inégal que ça ( en tout cas pas au point d'en faire une jaunisse comme elle).
Elle passerait alors de "Mlle de ...." à "(madame) la baronne de ...."
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: La Noblesse française, les titres nobiliaires et leur abolition...
Bonjour Lucius,
Un très grand merci à vous également. C'est vraiment très gentil d'avoir pris le temps de me répondre de façon aussi détaillée. Grâce à vous, je pense avoir tous les éléments dont j'avais besoin ! Bonne fin de journée !
Un très grand merci à vous également. C'est vraiment très gentil d'avoir pris le temps de me répondre de façon aussi détaillée. Grâce à vous, je pense avoir tous les éléments dont j'avais besoin ! Bonne fin de journée !
piedrolino- Messages : 18
Date d'inscription : 11/01/2015
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