La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
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La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
; Allo, allo, ici Radio Potins !
Marie Henriette Edouarde Rosalie d'Aumale ( 1733 - 1792 ) , dite vicomtesse d'Aumale, était la fille de Henriette Françoise de Polastron mariée le 23 janvier 1720 avec Jacques Antoine d'Aumale (comte d'Aumale, seigneur de Martin et Hamette, col Rgt Poitou) .
Elle épouse en 1774, son cousin Louis Anne Antoine d'Aumale ( 1749 - 1821 ) . Elle est d'abord dame d'honneur de Madame Elisabeth, puis sous-gouvernante des Enfants de France.
Septembre 1782
La vicomtesse d'Aumale, écrit Bombelles avait été placée dans le poste de sous-gouvernante des enfants royaux sur la recommandation de Mme de Mackau ( qui croyait la connaître et qui s'est préparé plus d'une peine en faisant ce choix ) .
La dévotion de Mme d'Aumale me fut toujours suspecte, non que je croie qu'elle masque des vices, mais parce qu'elle s'accorde chez cette femme avec une ambition démesurée. Une jeune Cour ne lui promettait aucun succès dans le genre qu'elle avait adopté, et le seul qui convînt à une stature disgraciée par la nature. Dès qu'elle vit Madame Elisabeth se livrer de plus en plus à sa piété, elle ne négligea plus rien pour s'emparer de cette princesse . Elle est parvenue à diriger ses lectures, à se rendre nécessaire pour lever ou pour éviter les scrupules d'une âme timorée, enfin pour en créer suivant l'exigence des cas . ( ... )
Quand, après la banqueroute frauduleuse de son époux, la princesse de Guéménée eut donné sa démission de la charge de gouvernante des Enfants de France, Mme de Polignac avait été nommée à ce poste par la reine qui entendait bien se charger de l'éducation de sa fille, avec deux sous-gouvernantes : Mmes d'Aumale et de Villefort.
Cette nomination, quant à Mme d'Aumale, est le fruit de son intrigue, mais ne lui réussira pas au gré de son attente . Elle reste dans une dépendance totale de la duchesse de Polignac et n'obtient pas l'espèce de primauté à laquelle elle visait . ( ... ) L'esprit de Mme d'Aumale est accompagné de petitesses qui perceront, à mesure qu'elle sera plus en vue et seule, sans appui. La moindre influence peut lui devenir funeste .
Mme de Villefort est une bonne créature, sans esprit, sans instruction, sans rien de ce qu'il faut pour élever une princesse .
Marie-Antoinette écrira d'ailleurs, le 24 juillet 1789, au sujet de Mme de Villefort :
Elle a au moins aussi mauvais ton, et plus même, que les autres .
En avril 1783, à l'occasion de la chute de cheval de la reine qui donna lieu à la scène pénible que nous connaissons bien entre l'abbé de Vermond et Marie-Thérèse, Marie-Antoinette courut fondre en larmes chez la duchesse de Polignac , où l'on a fait le procès de Mme d'Aumale sur ce que, dans toutes les occasions, on ne menaçait jamais la petite princesse qu'en lui annonçant qu'on dirait telle ou telle chose à la reine, qu'on rend l'épouvantail de son enfant. On accuse aussi Mme d'Aumale de n'avoir point la fermeté nécessaire pour empêcher les femmes de la chambre de gâter la princesse par des complaisances calculées sur le désir de se la rendre favorable lorsqu'elle sera plus grande. Le vrai est que Mme d'Aumale n'est point propre à la besogne dont elle a voulu être chargée exclusivement et qu'un ange en aurait eu la commission qu'il eût échoué de même.
Mme d'Aumale reprocha à la princesse ce qu'elle avait dit à l'abbé de Vermond, et la gamine le prit comme nous savons ...
Peu de jours décideront du sort de Mme d'Aumale, note Bombelles prophétique.
Mme d'Aumale ayant donné sa démission le 24 avril, voici que, le lendemain :
Mme d'Aumale, par une fausse démarche, celle de demander une place chez Madame Elisabeth, a fort empiré sa position . Non seulement le roi a donné un refus dans toutes les formes, mais la reine a ajouté que Mme d'Aumale se tromperait dans ses calculs pour elle, pour son mari et pour sa fille, si elle voulait persister à rester à Versailles où le roi ne lui conserverait point de logement.
Madame Elisabeth n'ayant en ce moment personne auprès d'elle qui puisse la diriger, s'est rendue chez la reine où elle a eu une explication beaucoup trop vive et qui n'a servi qu'à augmenter l'humeur que l'on a contre Mme d'Aumale . Toute la journée s'est passée en allées et venues pour cette grande affaire; enfin le roi a fait dire qu'il voulait bien accorder un logement à Paris à Mme d'Aumale, si son intention était de s'y fixer. Dans toute autre circonstance, et avec une autre tête, elle devrait se trouver heureuse, ayant une fortune personnelle fort aisée, de se retirer avec près de douze mille livres de traitement et un logement à Paris .
Le 26 mai, Journal de Bombelles :
Madame la vicomtesse d'Aumale a enfin pris le sage parti de quitter Versailles aujourd'hui, sans attendre, ce qui n'eût pas été long, qu'on lui signifiât formellement que sa présence y déplaisait . Elle aura, comme j'en ai déjà fait mention, un logement à Paris dans quelque maison royale, et elle emporte dans sa retraite dix-huit mille livres de traitement, dont trois mille sont réversibles à son mari s'il lui survit. Cela s'appelle ne pas perdre son temps que de s'assurer un pareil sort dans moins de dix ans de services rendus de la manière la plus commode, parce qu'en raison de sa santé délicate cette bonne dame donnait le plus souvent sa besogne à faire à ses compagnes .
Marie-Antoinette aurait dit à Mme de Mackau ( belle-mère de Bombelles, comme nous savons ) :
" Madame de Mackau, j'ai avoué à Elisabeth que je n'entendais rien à son sentiment pour Madame d'Aumale et qu'il ne pouvait être que l'effet de la séduction d'une femme adroite. Elisabeth m'a répliqué qu'il était bien extraordinaire qu'on trouva mauvais qu'elle aimât Madame d'Aumale tandis que la reine avait toujours applaudi à son goût pour Madame de Bombelles . Oui, j'y ai toujours applaudi, ai-je répondu, parce que rien n'est si honnête, si mesuré que Madame de Bombelles, parce qu'elle ne vous a jamais donné que de bons conseils, parce que j'ai été à même de me convaincre que, toutes les fois que vous les aviez suivis, vous vous en étiez bien trouvée, et que je ne pense pas de même de ceux de Madame d'Aumale . Celle-ci s'est emparée de vous, l'autre est d'un âge analogue au vôtre, l'amie de votre enfance, enfin une femme aussi essentielle qu'agréable . "
Je ne sais pas vous, les amis , mais je suis vaguement chatouillée par la pensée que Mme d'Aumale, du fait de sa charge, marchait dans les plates-bandes de Mme de Mackau et, sur le plan des sentiments de Madame Elisabeth, dans celles d'Angélique de Bombelles ...
Hum !
Nous verrons que, si l'on en croit Mademoiselle Bertin, Louis XVI et Marie-Antoinette avaient peut-être, contre la vicomtesse, un tout autre grief et non des moindres.
A suivre ...
Marie Henriette Edouarde Rosalie d'Aumale ( 1733 - 1792 ) , dite vicomtesse d'Aumale, était la fille de Henriette Françoise de Polastron mariée le 23 janvier 1720 avec Jacques Antoine d'Aumale (comte d'Aumale, seigneur de Martin et Hamette, col Rgt Poitou) .
Elle épouse en 1774, son cousin Louis Anne Antoine d'Aumale ( 1749 - 1821 ) . Elle est d'abord dame d'honneur de Madame Elisabeth, puis sous-gouvernante des Enfants de France.
Septembre 1782
La vicomtesse d'Aumale, écrit Bombelles avait été placée dans le poste de sous-gouvernante des enfants royaux sur la recommandation de Mme de Mackau ( qui croyait la connaître et qui s'est préparé plus d'une peine en faisant ce choix ) .
La dévotion de Mme d'Aumale me fut toujours suspecte, non que je croie qu'elle masque des vices, mais parce qu'elle s'accorde chez cette femme avec une ambition démesurée. Une jeune Cour ne lui promettait aucun succès dans le genre qu'elle avait adopté, et le seul qui convînt à une stature disgraciée par la nature. Dès qu'elle vit Madame Elisabeth se livrer de plus en plus à sa piété, elle ne négligea plus rien pour s'emparer de cette princesse . Elle est parvenue à diriger ses lectures, à se rendre nécessaire pour lever ou pour éviter les scrupules d'une âme timorée, enfin pour en créer suivant l'exigence des cas . ( ... )
Quand, après la banqueroute frauduleuse de son époux, la princesse de Guéménée eut donné sa démission de la charge de gouvernante des Enfants de France, Mme de Polignac avait été nommée à ce poste par la reine qui entendait bien se charger de l'éducation de sa fille, avec deux sous-gouvernantes : Mmes d'Aumale et de Villefort.
Cette nomination, quant à Mme d'Aumale, est le fruit de son intrigue, mais ne lui réussira pas au gré de son attente . Elle reste dans une dépendance totale de la duchesse de Polignac et n'obtient pas l'espèce de primauté à laquelle elle visait . ( ... ) L'esprit de Mme d'Aumale est accompagné de petitesses qui perceront, à mesure qu'elle sera plus en vue et seule, sans appui. La moindre influence peut lui devenir funeste .
Mme de Villefort est une bonne créature, sans esprit, sans instruction, sans rien de ce qu'il faut pour élever une princesse .
Marie-Antoinette écrira d'ailleurs, le 24 juillet 1789, au sujet de Mme de Villefort :
Elle a au moins aussi mauvais ton, et plus même, que les autres .
En avril 1783, à l'occasion de la chute de cheval de la reine qui donna lieu à la scène pénible que nous connaissons bien entre l'abbé de Vermond et Marie-Thérèse, Marie-Antoinette courut fondre en larmes chez la duchesse de Polignac , où l'on a fait le procès de Mme d'Aumale sur ce que, dans toutes les occasions, on ne menaçait jamais la petite princesse qu'en lui annonçant qu'on dirait telle ou telle chose à la reine, qu'on rend l'épouvantail de son enfant. On accuse aussi Mme d'Aumale de n'avoir point la fermeté nécessaire pour empêcher les femmes de la chambre de gâter la princesse par des complaisances calculées sur le désir de se la rendre favorable lorsqu'elle sera plus grande. Le vrai est que Mme d'Aumale n'est point propre à la besogne dont elle a voulu être chargée exclusivement et qu'un ange en aurait eu la commission qu'il eût échoué de même.
Mme d'Aumale reprocha à la princesse ce qu'elle avait dit à l'abbé de Vermond, et la gamine le prit comme nous savons ...
Peu de jours décideront du sort de Mme d'Aumale, note Bombelles prophétique.
Mme d'Aumale ayant donné sa démission le 24 avril, voici que, le lendemain :
Mme d'Aumale, par une fausse démarche, celle de demander une place chez Madame Elisabeth, a fort empiré sa position . Non seulement le roi a donné un refus dans toutes les formes, mais la reine a ajouté que Mme d'Aumale se tromperait dans ses calculs pour elle, pour son mari et pour sa fille, si elle voulait persister à rester à Versailles où le roi ne lui conserverait point de logement.
Madame Elisabeth n'ayant en ce moment personne auprès d'elle qui puisse la diriger, s'est rendue chez la reine où elle a eu une explication beaucoup trop vive et qui n'a servi qu'à augmenter l'humeur que l'on a contre Mme d'Aumale . Toute la journée s'est passée en allées et venues pour cette grande affaire; enfin le roi a fait dire qu'il voulait bien accorder un logement à Paris à Mme d'Aumale, si son intention était de s'y fixer. Dans toute autre circonstance, et avec une autre tête, elle devrait se trouver heureuse, ayant une fortune personnelle fort aisée, de se retirer avec près de douze mille livres de traitement et un logement à Paris .
Le 26 mai, Journal de Bombelles :
Madame la vicomtesse d'Aumale a enfin pris le sage parti de quitter Versailles aujourd'hui, sans attendre, ce qui n'eût pas été long, qu'on lui signifiât formellement que sa présence y déplaisait . Elle aura, comme j'en ai déjà fait mention, un logement à Paris dans quelque maison royale, et elle emporte dans sa retraite dix-huit mille livres de traitement, dont trois mille sont réversibles à son mari s'il lui survit. Cela s'appelle ne pas perdre son temps que de s'assurer un pareil sort dans moins de dix ans de services rendus de la manière la plus commode, parce qu'en raison de sa santé délicate cette bonne dame donnait le plus souvent sa besogne à faire à ses compagnes .
Marie-Antoinette aurait dit à Mme de Mackau ( belle-mère de Bombelles, comme nous savons ) :
" Madame de Mackau, j'ai avoué à Elisabeth que je n'entendais rien à son sentiment pour Madame d'Aumale et qu'il ne pouvait être que l'effet de la séduction d'une femme adroite. Elisabeth m'a répliqué qu'il était bien extraordinaire qu'on trouva mauvais qu'elle aimât Madame d'Aumale tandis que la reine avait toujours applaudi à son goût pour Madame de Bombelles . Oui, j'y ai toujours applaudi, ai-je répondu, parce que rien n'est si honnête, si mesuré que Madame de Bombelles, parce qu'elle ne vous a jamais donné que de bons conseils, parce que j'ai été à même de me convaincre que, toutes les fois que vous les aviez suivis, vous vous en étiez bien trouvée, et que je ne pense pas de même de ceux de Madame d'Aumale . Celle-ci s'est emparée de vous, l'autre est d'un âge analogue au vôtre, l'amie de votre enfance, enfin une femme aussi essentielle qu'agréable . "
Je ne sais pas vous, les amis , mais je suis vaguement chatouillée par la pensée que Mme d'Aumale, du fait de sa charge, marchait dans les plates-bandes de Mme de Mackau et, sur le plan des sentiments de Madame Elisabeth, dans celles d'Angélique de Bombelles ...
Hum !
Nous verrons que, si l'on en croit Mademoiselle Bertin, Louis XVI et Marie-Antoinette avaient peut-être, contre la vicomtesse, un tout autre grief et non des moindres.
A suivre ...
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Si je vous lis bien, c'est dire qu'avant " l'enfer de leur intérieur aux Tuileries " , ça coinçait déjà grave entre Elisabeth, son frère et Marie-Antoinette .
Leur dureté étonne .
Ou alors, c'est Bombelles qui pousse un peu loin le bouchon ?
Leur dureté étonne .
Ou alors, c'est Bombelles qui pousse un peu loin le bouchon ?
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Oui, Comtesse . Je n'écarte pas non plus cette supposition
( malgré toute l'affection que j'ai pour ce brave Bombelles : ) .
Tenez ! Voici, à présent, un autre son de cloche plus nuancé :
Madame Elisabeth allait souvent voir sa nièce, Madame la duchesse d'Angoulême aujourd'hui; elle goûtait beaucoup la conversation de madame le vicomtesse d'Aumale, qui était attachée à l'éducation de Madame . A mesure qu'elle la connut davantage, elle se livra de plus en plus aux sentiments d'une amitié fondée sur l'estime . Cette assiduité fixa les yeux de l'envie. On obséda, on fatigua la reine, pour lui persuader que les assiduités auprès de madame d'Aumale n'avaient d'autre but que de s'emparer des premiers sentiments de Madame Royale, et peut-être même de lui inspirer de l'éloignement pour sa mère . Madame d'Aumale fut exilée et privée de sa place . Peu de temps après, elle obtint la permission de revenir à Paris, mais non pas à la Cour. Madame Elisabeth, instruite de toute cette intrigue, ne songea pas même à la prévenir . Elle supporta en silence les disgrâces de son amie, mais alla la voir du moment qu'elle sut qu'elle était revenue à Paris .
( M. le comte de Ferrand, pair de France, 1814, Eloge historique de Madame Elisabeth )
( malgré toute l'affection que j'ai pour ce brave Bombelles : ) .
Tenez ! Voici, à présent, un autre son de cloche plus nuancé :
Madame Elisabeth allait souvent voir sa nièce, Madame la duchesse d'Angoulême aujourd'hui; elle goûtait beaucoup la conversation de madame le vicomtesse d'Aumale, qui était attachée à l'éducation de Madame . A mesure qu'elle la connut davantage, elle se livra de plus en plus aux sentiments d'une amitié fondée sur l'estime . Cette assiduité fixa les yeux de l'envie. On obséda, on fatigua la reine, pour lui persuader que les assiduités auprès de madame d'Aumale n'avaient d'autre but que de s'emparer des premiers sentiments de Madame Royale, et peut-être même de lui inspirer de l'éloignement pour sa mère . Madame d'Aumale fut exilée et privée de sa place . Peu de temps après, elle obtint la permission de revenir à Paris, mais non pas à la Cour. Madame Elisabeth, instruite de toute cette intrigue, ne songea pas même à la prévenir . Elle supporta en silence les disgrâces de son amie, mais alla la voir du moment qu'elle sut qu'elle était revenue à Paris .
( M. le comte de Ferrand, pair de France, 1814, Eloge historique de Madame Elisabeth )
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
La version donnée par les Mémoires de Mlle Bertin ...
Mme d'Aumale, sous-gouvernante des Enfants de France, avait inspiré une extrême confiance à la jeune Elisabeth qui estimait en elle sa haute pété. Cette dame pensait qu'il était impossible de faire son salut au milieu de la pompe des Cours, et elle persuada, dit-on, à Madame Elisabeth, d'imiter Madame Louise et de se faire carmélite. Quelque mystère que l'on mit dans ce projet, il perça et vint jusqu'aux oreilles du roi qui en fut affligé, car on ne peut révoquer en doute l'attachement qu'il avait pour sa soeur .
Mais loin qu'il crût, comme on l'a dit, que sa femme n'aimait point sa famille, ce fut dans son coeur qu'il vint déposer les inquiétudes que lui causait le projet de sa soeur. J'étais dans le cabinet de la reine occupée à garnir un habit en fleurs naturelles quand le roi y entra. Je voulais me retirer. La reine demanda à Sa Majesté que je ne quittasse pas ce que je faisais parce que, dit-elle, cette parure n'a d'autre mérite qu'une extrême fraîcheur . Le roi regarda mon ouvrage et me dit avec bonté : " C'est joli, cela, continuez ." Je restai donc, et le roi s'assit auprès de la table sur laquelle l'habit était posé. " Eh bien, Madame, dit-il à la reine, Mme d'Aumale a fait de belle besogne avec sa dévotion . Elisabeth veut nous quitter pour se faire religieuse ! - Ah Dieu ! dit la reine, il ne faut pas y consentir. - Aussi comptai-je bien lui signifier que cela ne serait pas avant qu'elle soit majeure. - Mais, reprit la reine, vous en a-t-elle parlé ? - Non, pas encore, mais j'ai su ce ridicule projet par quelqu'un qui est aussi attaché à Elisabeth qu'elle aime peu la dévote d'Aumale. - Eh bien, si vous m'en croyez, vous ne parlerez de rien à Elisabeth, et vous continuerez de la rendre si heureuse qu'elle perdra cette triste fantaisie qui l'occupe. - Mais que ferai-je pour cela ? - Vous n'attendrez pas sa majorité pour lui donner sa maison. Ainsi elle aura la liberté de se livrer au genre de vie qui lui conviendra, sans aller s'ensevelir dans un cloître; et puis, cette bonne Elisabeth aime tant à faire du bien, qu'ayant sa maison, ses domestiques lui en fourniront continuellement l'occasion dans la personne de leurs femmes et de leurs enfants; ses dames lui feront une société qui la détournera de son projet de nous quitter. "
Mme d'Aumale, sous-gouvernante des Enfants de France, avait inspiré une extrême confiance à la jeune Elisabeth qui estimait en elle sa haute pété. Cette dame pensait qu'il était impossible de faire son salut au milieu de la pompe des Cours, et elle persuada, dit-on, à Madame Elisabeth, d'imiter Madame Louise et de se faire carmélite. Quelque mystère que l'on mit dans ce projet, il perça et vint jusqu'aux oreilles du roi qui en fut affligé, car on ne peut révoquer en doute l'attachement qu'il avait pour sa soeur .
Mais loin qu'il crût, comme on l'a dit, que sa femme n'aimait point sa famille, ce fut dans son coeur qu'il vint déposer les inquiétudes que lui causait le projet de sa soeur. J'étais dans le cabinet de la reine occupée à garnir un habit en fleurs naturelles quand le roi y entra. Je voulais me retirer. La reine demanda à Sa Majesté que je ne quittasse pas ce que je faisais parce que, dit-elle, cette parure n'a d'autre mérite qu'une extrême fraîcheur . Le roi regarda mon ouvrage et me dit avec bonté : " C'est joli, cela, continuez ." Je restai donc, et le roi s'assit auprès de la table sur laquelle l'habit était posé. " Eh bien, Madame, dit-il à la reine, Mme d'Aumale a fait de belle besogne avec sa dévotion . Elisabeth veut nous quitter pour se faire religieuse ! - Ah Dieu ! dit la reine, il ne faut pas y consentir. - Aussi comptai-je bien lui signifier que cela ne serait pas avant qu'elle soit majeure. - Mais, reprit la reine, vous en a-t-elle parlé ? - Non, pas encore, mais j'ai su ce ridicule projet par quelqu'un qui est aussi attaché à Elisabeth qu'elle aime peu la dévote d'Aumale. - Eh bien, si vous m'en croyez, vous ne parlerez de rien à Elisabeth, et vous continuerez de la rendre si heureuse qu'elle perdra cette triste fantaisie qui l'occupe. - Mais que ferai-je pour cela ? - Vous n'attendrez pas sa majorité pour lui donner sa maison. Ainsi elle aura la liberté de se livrer au genre de vie qui lui conviendra, sans aller s'ensevelir dans un cloître; et puis, cette bonne Elisabeth aime tant à faire du bien, qu'ayant sa maison, ses domestiques lui en fourniront continuellement l'occasion dans la personne de leurs femmes et de leurs enfants; ses dames lui feront une société qui la détournera de son projet de nous quitter. "
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Et alors ça a marché !
Carmélite, non j'vous jure un peu !!! boudoi29
Carmélite, non j'vous jure un peu !!! boudoi29
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Pour le coup c'eut été la béatification assurée...
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Eh oui, comme tu dis, mon cher Momo !
Néanmoins, une association œuvre actuellement pour obtenir la béatification de Mme Élisabeth.
Louis XVI avança de trois ans l'époque où Élisabeth devait avoir sa maison, mais ce ne fut pas si simple .
Mlle Bertin poursuit :
Cependant la princesse soupirait toujours après le cloître, et en parla enfin au roi. Ce fut encore la reine qui suggéra à son époux qu'elle serait maîtresse de se faire religieuse à trente ans, comme si la reine eût prévu que jusqu'à cette époque elle aurait grand besoin des conseils et des consolations de cette princesse et que, passé cette époque, les désirs de sa chère Élisabeth à cet égard ne pourraient plus s'accomplir .
Mais Mme Élisabeth depuis l'âge de dix-huit ans pratiquait constamment les règles de la vie monastique vers laquelle son âme soupirait sans cesse, et le roi le savait si bien que, continuant à en accuser Mme d'Aumale, il l'exila de la Cour . Madame Élisabeth la venait voir incognito à Paris tant elle trouvait d'attraits à s'entretenir des choses célestes ! et la reine engageait le roi à ne pas paraître en être instruit dans la crainte qu'une trop grande contrariété ne fit tomber malade cette pieuse princesse ...
Néanmoins, une association œuvre actuellement pour obtenir la béatification de Mme Élisabeth.
Louis XVI avança de trois ans l'époque où Élisabeth devait avoir sa maison, mais ce ne fut pas si simple .
Mlle Bertin poursuit :
Cependant la princesse soupirait toujours après le cloître, et en parla enfin au roi. Ce fut encore la reine qui suggéra à son époux qu'elle serait maîtresse de se faire religieuse à trente ans, comme si la reine eût prévu que jusqu'à cette époque elle aurait grand besoin des conseils et des consolations de cette princesse et que, passé cette époque, les désirs de sa chère Élisabeth à cet égard ne pourraient plus s'accomplir .
Mais Mme Élisabeth depuis l'âge de dix-huit ans pratiquait constamment les règles de la vie monastique vers laquelle son âme soupirait sans cesse, et le roi le savait si bien que, continuant à en accuser Mme d'Aumale, il l'exila de la Cour . Madame Élisabeth la venait voir incognito à Paris tant elle trouvait d'attraits à s'entretenir des choses célestes ! et la reine engageait le roi à ne pas paraître en être instruit dans la crainte qu'une trop grande contrariété ne fit tomber malade cette pieuse princesse ...
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Kiki ( tu es répéré : ) nous parlait d'une biographie de la princesse par Anne Bernet qui évoque la disgrâce de la vicomtesse d'Aumale comme suit .
Je suis en train de lire la biographie de Madame Elisabeth, par Anne Bernet. Un livre extrêmement bien fait et passionnant.
Parmi les sujets abordés dans l’ouvrage, celui des relations, difficiles, de Madame Elisabeth avec Marie-Antoinette. La discorde entre les deux femmes trouve semble-t-il, son origine dans une cabale de cour, orchestrée par la marquise de Bombelles et Diane de Polignac (ennemies d’ordinaire mais alliées pour la circonstance) à l’encontre de la vicomtesse d’Aumale, amie intime de Madame Elisabeth.
Jalouses de la vicomtesse d’Aumale, qui était entrée dans les bonnes grâces de la reine et s’était fait nommer gouvernante de Madame Royale, le "cher Ange" (Angélique de Bombelles) et Diane de Polignac réussirent à persuader la reine, que la vicomtesse d’Aumale "montait" sa fille (Madame Royale) et sa belle-sœur (Elisabeth) contre elle. Lorsque la reine fît une chute grave à cheval et faillit se tuer, Madame Royale à qui l’abbé de Vermond avait expliqué que "sa maman aurait pu mourir" avait en effet répondu que "cela lui eût été égal". Madame Elisabeth et Marie-Antoinette avaient en outre eu une querelle au mois de juillet 1782, Marie-Antoinette reprochant à Madame Elisabeth d’être arrivée en retard à un rendez-vous qu’elle lui avait donné.
C’est alors qu’une rumeur, selon laquelle Madame Elisabeth entendait "fuguer" et se réfugier chez les carmélites de Saint-Denis, se répandît. Rumeur dont Anne Bernet suppose qu’elle fût entretenue par la marquise de Bombelles et Mme de Polignac ("Qui pouvait, mieux que Mme de Polignac, sa dame d’honneur et la marquise de Bombelles, sa meilleure amie, connaître les escapades d’Elisabeth à Saint-Cyr ou Saint-Denis ? Qui, plus qu’Angélique, se trouvait assez avant dans ses confidences pour savoir quelque chose de ses troubles de conscience, ses vagues aspirations à la vie conventuelle ?... ").
"On" (Diane+Mackau) persuada alors la reine qu’il existait une cabale, orchestrée par Madame Louise et le parti dévot, visant à faire entrer Madame Elisabeth au carmel et l’éloigner du couple royal, la vicomtesse d’Aumale, amie intime de Madame Elisabeth, jouant le rôle d’ "agent de liaison" entre Madame Elisabeth et Madame Louise. Comme chacun sait, la reine détestait le parti dévot et Mesdames Tantes, qui s’étaient opposés à l’alliance autrichienne, et avaient répandu des calomnies infâmes sur son compte.
Madame d’Aumale, qualifiée de "suppôt" du parti dévot, fût donc contrainte, par la reine, de démissionner et reçut même l’ordre de quitter la cour et Versailles. La disgrâce. En fait, Madame Elisabeth n’avait jamais prévu de s’enfuir et l’on s’était servi d’elle, pour régler des problèmes qui ne la concernaient pas. "Les Polignac et les Mackau, d’ordinaire à couteaux tirés, s’étaient entendus sur le dos d’une rivale commune, Rosalie d’Aumale, soupçonnée de saper leurs faveurs respectives." (A. Bernet).
Advint alors un événement auquel personne ne s’était attendu : Madame Elisabeth se rebella et alla chez son frère afin de remettre les choses au point et défendre son amie. Comme à son habitude, Louis XVI changea d’avis et lui permit de revoir son amie. Il accorda même une pension à Mme d’Aumale. Ayant remporté une victoire, Madame Elisabeth eut ensuite une dispute mémorable avec Marie-Antoinette. "La reine, apprenant le revirement de son mari, entra dans une violente colère. Très remontée, elle entreprit sa belle-sœur sur ce grand "sentiment" pour la vicomtesse d’Aumale, lui dit qu’elle "ne le comprenait pas" - ce qui signifiait qu’elle le désapprouvait -, conclut qu’un pareil "attachement ne pouvait être que l’effet de la séduction d’une femme adroite." (…) Au lieu de se soumettre, Madame Elisabeth répliqua, ce qui laissa Marie-Antoinette pantoise." Le ton monta si bien entre elles, que Marie-Antoinette finît par "interdire" à Elisabeth de revoir Mme d’Aumale. Elisabeth se rua alors chez son frère et lui demanda "la permission de poursuivre avec Mme d’Aumale une liaison aussi satisfaisante pour son esprit et pour son cœur." Louis XVI n’osa pas dire non, et "Elisabeth prit soin de se rendre régulièrement et ostensiblement à Paris voir la vicomtesse, avant d’obtenir la permission de la recevoir à Versailles, là encore très publiquement." (A. Bernet).
Evidemment, " Mme de Polignac " désigne la comtesse Diane et non pas sa petite belle-soeur .
Je suis en train de lire la biographie de Madame Elisabeth, par Anne Bernet. Un livre extrêmement bien fait et passionnant.
Parmi les sujets abordés dans l’ouvrage, celui des relations, difficiles, de Madame Elisabeth avec Marie-Antoinette. La discorde entre les deux femmes trouve semble-t-il, son origine dans une cabale de cour, orchestrée par la marquise de Bombelles et Diane de Polignac (ennemies d’ordinaire mais alliées pour la circonstance) à l’encontre de la vicomtesse d’Aumale, amie intime de Madame Elisabeth.
Jalouses de la vicomtesse d’Aumale, qui était entrée dans les bonnes grâces de la reine et s’était fait nommer gouvernante de Madame Royale, le "cher Ange" (Angélique de Bombelles) et Diane de Polignac réussirent à persuader la reine, que la vicomtesse d’Aumale "montait" sa fille (Madame Royale) et sa belle-sœur (Elisabeth) contre elle. Lorsque la reine fît une chute grave à cheval et faillit se tuer, Madame Royale à qui l’abbé de Vermond avait expliqué que "sa maman aurait pu mourir" avait en effet répondu que "cela lui eût été égal". Madame Elisabeth et Marie-Antoinette avaient en outre eu une querelle au mois de juillet 1782, Marie-Antoinette reprochant à Madame Elisabeth d’être arrivée en retard à un rendez-vous qu’elle lui avait donné.
C’est alors qu’une rumeur, selon laquelle Madame Elisabeth entendait "fuguer" et se réfugier chez les carmélites de Saint-Denis, se répandît. Rumeur dont Anne Bernet suppose qu’elle fût entretenue par la marquise de Bombelles et Mme de Polignac ("Qui pouvait, mieux que Mme de Polignac, sa dame d’honneur et la marquise de Bombelles, sa meilleure amie, connaître les escapades d’Elisabeth à Saint-Cyr ou Saint-Denis ? Qui, plus qu’Angélique, se trouvait assez avant dans ses confidences pour savoir quelque chose de ses troubles de conscience, ses vagues aspirations à la vie conventuelle ?... ").
"On" (Diane+Mackau) persuada alors la reine qu’il existait une cabale, orchestrée par Madame Louise et le parti dévot, visant à faire entrer Madame Elisabeth au carmel et l’éloigner du couple royal, la vicomtesse d’Aumale, amie intime de Madame Elisabeth, jouant le rôle d’ "agent de liaison" entre Madame Elisabeth et Madame Louise. Comme chacun sait, la reine détestait le parti dévot et Mesdames Tantes, qui s’étaient opposés à l’alliance autrichienne, et avaient répandu des calomnies infâmes sur son compte.
Madame d’Aumale, qualifiée de "suppôt" du parti dévot, fût donc contrainte, par la reine, de démissionner et reçut même l’ordre de quitter la cour et Versailles. La disgrâce. En fait, Madame Elisabeth n’avait jamais prévu de s’enfuir et l’on s’était servi d’elle, pour régler des problèmes qui ne la concernaient pas. "Les Polignac et les Mackau, d’ordinaire à couteaux tirés, s’étaient entendus sur le dos d’une rivale commune, Rosalie d’Aumale, soupçonnée de saper leurs faveurs respectives." (A. Bernet).
Advint alors un événement auquel personne ne s’était attendu : Madame Elisabeth se rebella et alla chez son frère afin de remettre les choses au point et défendre son amie. Comme à son habitude, Louis XVI changea d’avis et lui permit de revoir son amie. Il accorda même une pension à Mme d’Aumale. Ayant remporté une victoire, Madame Elisabeth eut ensuite une dispute mémorable avec Marie-Antoinette. "La reine, apprenant le revirement de son mari, entra dans une violente colère. Très remontée, elle entreprit sa belle-sœur sur ce grand "sentiment" pour la vicomtesse d’Aumale, lui dit qu’elle "ne le comprenait pas" - ce qui signifiait qu’elle le désapprouvait -, conclut qu’un pareil "attachement ne pouvait être que l’effet de la séduction d’une femme adroite." (…) Au lieu de se soumettre, Madame Elisabeth répliqua, ce qui laissa Marie-Antoinette pantoise." Le ton monta si bien entre elles, que Marie-Antoinette finît par "interdire" à Elisabeth de revoir Mme d’Aumale. Elisabeth se rua alors chez son frère et lui demanda "la permission de poursuivre avec Mme d’Aumale une liaison aussi satisfaisante pour son esprit et pour son cœur." Louis XVI n’osa pas dire non, et "Elisabeth prit soin de se rendre régulièrement et ostensiblement à Paris voir la vicomtesse, avant d’obtenir la permission de la recevoir à Versailles, là encore très publiquement." (A. Bernet).
Evidemment, " Mme de Polignac " désigne la comtesse Diane et non pas sa petite belle-soeur .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Kiki a écrit:Je suis en train de lire la biographie de Madame Elisabeth, par Anne Bernet. Un livre extrêmement bien fait et passionnant
Sa présentation est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3203-madame-elisabeth-soeur-de-louis-xvi-d-anne-bernet#94311
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Mme de Sabran a écrit:
Madame Elisabeth eut ensuite une dispute mémorable avec Marie-Antoinette. "La reine, apprenant le revirement de son mari, entra dans une violente colère. Très remontée, elle entreprit sa belle-sœur sur ce grand "sentiment" pour la vicomtesse d’Aumale, lui dit qu’elle "ne le comprenait pas" - ce qui signifiait qu’elle le désapprouvait -, conclut qu’un pareil "attachement ne pouvait être que l’effet de la séduction d’une femme adroite." (…) Au lieu de se soumettre, Madame Elisabeth répliqua, ce qui laissa Marie-Antoinette pantoise."
C'est hallucinant! J'aurais jamais cru à des " scènes " entre Madame Elisabeth et Marie-Antoinette! Conclusion, même à Versailles sur les marches du trône la vie n'est pas un long fleuve familial tranquille.
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Comtesse Diane a écrit:
C'est hallucinant!
Oui, n'est-ce pas ! J'en suis aussi étonnée que vous .
Voici ce que vous écrivez, ma chère Diane, sur la vicomtesse d'Aumale :
Elle avait inspiré à la jeune princesse un attachement qui ne fit qu'augmenter avec les années, et depuis que Madame Elisabeth eût acquis sa liberté, la comtesse venait souvent passer des heures avec elle . Cette dame fut éloignée de la Cour pour des raisons inconnues du public . Madame Elisabeth avait alors seize ans . Elle était timide et n'osait se permettre de faire au roi la demande la plus simple, mais en apprenant la disgrâce de la comtesse, son amitié pour elle et sa reconnaissance pour les conseils qu'elle en avait reçus, lui firent surmonter son extrême timidité . Elle fut chez le roi et, sans s'écarter du respect qu'elle devait à son souverain, sans chercher à pénétrer ses raisons, elle lui fit connaître tout ce qu'elle devait d'amitié et de reconnaissance à la comtesse, et lui demanda avec autant de décision que de fermeté et de sensibilité la permission de continuer une liaison aussi satisfaisante pour son esprit et pour son coeur. Louis XVI, plein d'estime pour les sentiments qu'il découvrait dans l'âme de cette jeune princesse, lui accorda sa demande sans hésiter .
( Revue d'histoire de Versailles, 1907, article de M. Fennebresque )
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Ah oui ? J'ai écrit ça, moi ? Si vous le dites . :
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Vous feignez d'ignorer la raison de l'exil de Mme d'Aumale, ma chère Diane !
Et pourtant si Mme d'Aumale était réellement responsable de l'embrigadement religieux de Madame Elisabeth, son éloignement était effectivement souhaitable . La piété tourneboulait complètement le ciboulot de la princesse .
Il faut que je retrouve une citation ...
Et pourtant si Mme d'Aumale était réellement responsable de l'embrigadement religieux de Madame Elisabeth, son éloignement était effectivement souhaitable . La piété tourneboulait complètement le ciboulot de la princesse .
Il faut que je retrouve une citation ...
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
Jolies bêtes ! babines et velours des oreilles assortis au roux des feuilles mortes ...
Cette autre citation que je recherche est de Madame Elisabeth elle-même .
La pauvrette était complètement azimutée, j'en ai peur ! boudoi29 boudoi29 boudoi29
Cette autre citation que je recherche est de Madame Elisabeth elle-même .
La pauvrette était complètement azimutée, j'en ai peur ! boudoi29 boudoi29 boudoi29
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: La disgrâce de la vicomtesse d'Aumale
J'ai retrouvé !
Voici ce que Elisabeth écrit à la marquise de Bombelles au sujet de leur amie commune, Mme de Raigecourt, qui vient de perdre son enfant :
Raigecourt est revenue; la pauvre petite est bien malheureuse, elle ne cesse de pleurer, mais avec cela elle a bien du courage et de la résignation à la volonté de Dieu et regarde cette épreuve comme une preuve qu'il veut lui faire de son salut . C'est la seule consolation véritable jointe à l'idée du bonheur de l'enfant . J'espère que ton petit Henri sera moins heureux que Stani et qu'il passera par toute l'horreur de ce monde avant que de jouir de la vraie félicité .
Conclusion : la vraie félicité est dans la mort .
Voici ce que Elisabeth écrit à la marquise de Bombelles au sujet de leur amie commune, Mme de Raigecourt, qui vient de perdre son enfant :
Raigecourt est revenue; la pauvre petite est bien malheureuse, elle ne cesse de pleurer, mais avec cela elle a bien du courage et de la résignation à la volonté de Dieu et regarde cette épreuve comme une preuve qu'il veut lui faire de son salut . C'est la seule consolation véritable jointe à l'idée du bonheur de l'enfant . J'espère que ton petit Henri sera moins heureux que Stani et qu'il passera par toute l'horreur de ce monde avant que de jouir de la vraie félicité .
Conclusion : la vraie félicité est dans la mort .
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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