Les princes, à Coblence ...
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Dominique Poulin
Comtesse Diane
Mme de Sabran
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La France et le Monde au XVIIIe siècle :: Histoire et événements ailleurs dans le monde
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Les princes, à Coblence ...
Je suis toujours dans le comte de Fleury ...
Quelques détails nous sont donnés par M. de Raigecourt sur l'existence menée alors à Coblentz :
« La vie d'ici est fort ennuyeuse ; j'ai heureusement pour ressource Mmes de Caylus et d'Autichamp. La société de Schonbornlust n'est point du tout dans mon genre, et j'aurais de la peine à faire " le Beau Monsieur " auprès de la comtesse de Balbi. Je vous assure que ces femmes n'ont pas été rendues plus raisonnables par la Révolution; le pauvre et respectable maréchal de Broglie y est tourné en ridicule à la journée, ainsi que le prince de Revel, qui est une des plus honnêtes créatures que je connaisse; aussi je vais là le moins possible. »
D'autres émigrés de marque sont aux alentours : le maréchal de Castries et le marquis de Bouille. M. de Raigecourt vient d'entrebâiller la porte de la société de Coblentz. Jetons un bref regard sur cette cour d'intrigues.
Le château de Schœnburnsbust était situé aux portes de Coblentz et prêté aux princes par Louis Wenceslas de Saxe, frère delà Dauphine Marie-Josèphe, archevêque-électeur de Trêves. L'électeur déteste le Gouvernement qui a ruiné le clergé et donne sans discontinuer à l'Europe de funestes exemples. Comme les émigrés se sont constitués les défenseurs de la religion catholique, l'électeur est captivé ; il abandonne pour ainsi dire le gouvernement de sa principauté à Calonne, lequel mène le comte d'Artois par le bout du nez. Le maréchal de Broglie est annihilé ; si le maréchal de Castries a conservé une certaine indépendance, c'est parce qu'il réside à Cologne. Calonne est grand-maître, ministre, organisateur, il centralise les fonds trop rares à venir, il les distribue à ses amis, à ses créatures, il met les grades en vente, mécontente ceux dont les appointements ne sont pas payés, s'aliène les chefs, du prince de Condé au duc de Guiche qui a rassemblé les anciens gardes du corps et est chargé de l'organisation de l'armée, au marquis de Bouthillier , major général, qui à Worms reçoit les engagements .
Mais, pendant ce temps, la Cour est fort brillante. Sur les conseils de Calonne, les princes font revivre le cérémonial de la Cour de France, réorganisent la Maison du Roi, rétablissent les grandes charges, les pages, les mousquetaires, la compagnie de Saint-Louis, les chevaliers de la couronne. Uniformes éclatants, tenue de ces troupes d'élite magnifique. Les gentilshommes qui composent le guet des gardes sont montés sur des chevaux à courte queue : costume vert avec parements, revers et collet cramoisi, galonnés en argent. A la tête de ces corps sont placés : le marquis de Vergennes, le comte de Bussy, le marquis d'Autichamp, le vicomte de Virieu, le comte de Montboissier, le marquis du Hallay. La maison militaire de Monsieur est commandée par le comte de Damas et le comte d'Avaray, celle du comte d'iVrtois par le comte François des Cars et le bailli de Crussol.
Calonne est le mentor du comte d'Artois, Jaucourt est l'homme de Monsieur et l'ami réel de la comtesse de Balbi, née Caumontla Force, qui joue le rôle de favorite du comte de Provence. D'autres hommes ont un rang important à la Cour ; en dehors du maréchal de Broglie et du duc de Guiche, c'est Mgr de Conzié, évêque d'Arras, ce sont les deux Vaudreuil, le comte et le marquis ; ce sera plus tard le comte de Vergennes, ministre du roi de France près de l'électeur, mais seulement quand il aura été révoqué par son gouvernement et remplacé par Bigot de Sainte-Croix; si le ministre de France n'est pas accepté dans le conseil, les représentants des puissances y sont accueillis avec empressement : ce sont le baron de Duminique, premier ministre de l'électeur, qui prend part aux délibérations que préside Monsieur et qui sait si bien s'effacer devant Calonne ; c'est le comte d'Oxenstiern accrédité auprès des princes par le roi de Suède, le comte de Homanzof, envoyé par Catherine, le prince de Nassau, qui « est tout entier au service des princes, leur offre tout, son sang et sa fortune », enfin le chevalier de Bray qui représente les Français engagés dans
l'ordre de Malte .
... à suivre !
Quelques détails nous sont donnés par M. de Raigecourt sur l'existence menée alors à Coblentz :
« La vie d'ici est fort ennuyeuse ; j'ai heureusement pour ressource Mmes de Caylus et d'Autichamp. La société de Schonbornlust n'est point du tout dans mon genre, et j'aurais de la peine à faire " le Beau Monsieur " auprès de la comtesse de Balbi. Je vous assure que ces femmes n'ont pas été rendues plus raisonnables par la Révolution; le pauvre et respectable maréchal de Broglie y est tourné en ridicule à la journée, ainsi que le prince de Revel, qui est une des plus honnêtes créatures que je connaisse; aussi je vais là le moins possible. »
D'autres émigrés de marque sont aux alentours : le maréchal de Castries et le marquis de Bouille. M. de Raigecourt vient d'entrebâiller la porte de la société de Coblentz. Jetons un bref regard sur cette cour d'intrigues.
Le château de Schœnburnsbust était situé aux portes de Coblentz et prêté aux princes par Louis Wenceslas de Saxe, frère delà Dauphine Marie-Josèphe, archevêque-électeur de Trêves. L'électeur déteste le Gouvernement qui a ruiné le clergé et donne sans discontinuer à l'Europe de funestes exemples. Comme les émigrés se sont constitués les défenseurs de la religion catholique, l'électeur est captivé ; il abandonne pour ainsi dire le gouvernement de sa principauté à Calonne, lequel mène le comte d'Artois par le bout du nez. Le maréchal de Broglie est annihilé ; si le maréchal de Castries a conservé une certaine indépendance, c'est parce qu'il réside à Cologne. Calonne est grand-maître, ministre, organisateur, il centralise les fonds trop rares à venir, il les distribue à ses amis, à ses créatures, il met les grades en vente, mécontente ceux dont les appointements ne sont pas payés, s'aliène les chefs, du prince de Condé au duc de Guiche qui a rassemblé les anciens gardes du corps et est chargé de l'organisation de l'armée, au marquis de Bouthillier , major général, qui à Worms reçoit les engagements .
Mais, pendant ce temps, la Cour est fort brillante. Sur les conseils de Calonne, les princes font revivre le cérémonial de la Cour de France, réorganisent la Maison du Roi, rétablissent les grandes charges, les pages, les mousquetaires, la compagnie de Saint-Louis, les chevaliers de la couronne. Uniformes éclatants, tenue de ces troupes d'élite magnifique. Les gentilshommes qui composent le guet des gardes sont montés sur des chevaux à courte queue : costume vert avec parements, revers et collet cramoisi, galonnés en argent. A la tête de ces corps sont placés : le marquis de Vergennes, le comte de Bussy, le marquis d'Autichamp, le vicomte de Virieu, le comte de Montboissier, le marquis du Hallay. La maison militaire de Monsieur est commandée par le comte de Damas et le comte d'Avaray, celle du comte d'iVrtois par le comte François des Cars et le bailli de Crussol.
Calonne est le mentor du comte d'Artois, Jaucourt est l'homme de Monsieur et l'ami réel de la comtesse de Balbi, née Caumontla Force, qui joue le rôle de favorite du comte de Provence. D'autres hommes ont un rang important à la Cour ; en dehors du maréchal de Broglie et du duc de Guiche, c'est Mgr de Conzié, évêque d'Arras, ce sont les deux Vaudreuil, le comte et le marquis ; ce sera plus tard le comte de Vergennes, ministre du roi de France près de l'électeur, mais seulement quand il aura été révoqué par son gouvernement et remplacé par Bigot de Sainte-Croix; si le ministre de France n'est pas accepté dans le conseil, les représentants des puissances y sont accueillis avec empressement : ce sont le baron de Duminique, premier ministre de l'électeur, qui prend part aux délibérations que préside Monsieur et qui sait si bien s'effacer devant Calonne ; c'est le comte d'Oxenstiern accrédité auprès des princes par le roi de Suède, le comte de Homanzof, envoyé par Catherine, le prince de Nassau, qui « est tout entier au service des princes, leur offre tout, son sang et sa fortune », enfin le chevalier de Bray qui représente les Français engagés dans
l'ordre de Malte .
... à suivre !
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Mme de Sabran- Messages : 55305
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Les princes, à Coblence ...
Ce n'est pas faux . Quoique je trouve assez rigolo la double rangée de petits chiens assis dans la toiture . Et voyez comme le lieu est propice : une tour pour la Balbi, l'autre pour Bichette ... et hop, le tour est joué !
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Mme de Sabran- Messages : 55305
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Les princes, à Coblence ...
Je n'aime pas du tout ce château de Schonbornlust ! Je ne sais pas s'il était aussi laid en 1792, mais vraiment cette bâtisse ressemble à une caserne !!
Dominique Poulin- Messages : 6951
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les princes, à Coblence ...
Selon Odette de Messières
Schonbornlust semble avoir été, à l'époque, plus riant :
Le comte d'Artois, un émigré de choix
https://books.google.fr/books?isbn=2851571443
Odette de Messières - 1996 -
Schonbornlust semble avoir été, à l'époque, plus riant :
Le comte d'Artois, un émigré de choix
https://books.google.fr/books?isbn=2851571443
Odette de Messières - 1996 -
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Mme de Sabran- Messages : 55305
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les princes, à Coblence ...
Comme quoi le château semble bien dénaturé de nos jours, j'imagine la tête des princes face à ce bâtiment tel qu'il se présente aujourd'hui...
Et c'est vrai, à la lecture de ce que les chroniqueurs de l'époque écrivent, la vie des princes et de leurs suites était loin d'être désagréable. Cela changera par la suite avec les revers de la guerre.
Et c'est vrai, à la lecture de ce que les chroniqueurs de l'époque écrivent, la vie des princes et de leurs suites était loin d'être désagréable. Cela changera par la suite avec les revers de la guerre.
Dominique Poulin- Messages : 6951
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les princes, à Coblence ...
Dominique Poulin a écrit: à la lecture de ce que les chroniqueurs de l'époque écrivent, la vie des princes et de leurs suites était loin d'être désagréable. .
En tous cas, elle était loin de l'harmonie familiale souhaitable .
A Coblence, ambiance ambiance ...
La politique tient ses assises au Cafe des Trois-Couronnes, où chaque jour vient pérorer Suleau, le journaliste de l'émigration, l'oracle des exaltés : il est l'éditeur de ce " Journal Suleau " , qui critique tout le monde, qui raille le Roi et la Reine, que Calonne est obligé de désavouer, tant ses diatribes sont violentes contre les puissances qui tardent à envoyer des secours, et que finalement on est obligé de supprimer . Les propos du pamphlétaire trouvent de l'écho parmi ses lecteurs ou auditeurs ; les jalousies anciennes , les vieilles hostilités se réveillent; noblesse de province contre noblesse de Versailles, gentilhommes pauvres et gentilliommes nantis, gens d'épée et gens de cour ; puis par dessus tout la haine de Coblentz pour les royalistes modérés, les « monarchiens » qu'on enveloppe dans la même animadversion que les Jacobins.
Les partis opposés se déchirent ; le Roi et l'acceptation de la Constitution font les frais principaux des discussions âpres et permettent aux antagonistes de tomber d'accord. Parlent-ils d'autre chose, ils se divisent, et Mercy a raison de dire :
« Pour juger sainement les affaires françaises, il ne faut pas prêter l'oreille à aucun parti, parce qu'ils sont tous aveuglés par leur intérêt ou leurs passions ; leur plus grand défaut c'est d'être dans un état de dissolution politique ; ils sont plus exagérés et plus absurdes que les Jacobins. »
La chronique scandaleuse ne perd pas ses droits. En ce même Café des Trois-Couronnes, médisances et calomnies vont leur train. Calonne est non seulement épargné, mais exalté : il est tout-puissant et tient les cordons de la bourse. Breteuil au contraire est dénigré, violemment attaqué dans sa vie privée. « On commente la liaison de sa fille, la comtesse de Matignon, avec d'Agoult, évêque de Pamiers, la sienne avec la sœur du même évêque, le tout émaillé de détails abominables. »
M. de Vaudreuil écrira à d'Antraigues : « Les agents de Breteuil nuisent à qui veut faire : tel est le troupeau de boucs dont il est le plus puant bouc. »
Marie-Antoinette se plaindra à Fersen d'avoir reçu « une lettre du gros d'Agoult lui disant simplement : « Nous attendons avec impatience le gros baron lorrain pour que l'accord soit parfait entre ici et où vous êtes ».
D'Agoult a des raisons pour attendre l'arrivée de Breteuil; les autres l'exècrent et le vilipendent. Il n'est pas assez que les cafés politiques distillent des méchancetés ; les salons s'en chargent aussi. Mme de Calonne, cette riche Anglaise qui a épousé Calonne par admiration, donne de « petits dîners charmants » que vante le chevalier de Bray ; il en est d'autres chez Mmes de Caylus et d'Autichamp, que M. de Raigecourt qualifie d'ennuyeux, ailleurs des thés, des soupers, même des représentations. On se réunit surtout chez Mme de Balbi et chez Mme de Polastron qui habitent avec les princes le château. Le soir, à l'heure de sa toilette, Mme de Balbi tient dans sa chambre une petite cour ouverte aux gentilshommes
présentés. On la coiffe près d'une petite table, on lui passe sa chemise devant tout le monde. Le comte de Provence pendant ce temps est assis dans un fauteuil près de la cheminée, la main appuyée sur sa canne à pommeau dont il fourre le bout à chaque instant dans son soulier. Tant que dure la toilette de la comtesse, les anecdotes et les bons mots volent; puis on soupe, de jeunes officiers composent des bouts rimes, les tables de jeu s'organisent, on médit de la cour rivale, celle de M me de Polastron.
De l'une à l'autre de ces coteries, on se jalouse, on se déteste , on ne s'entend que pour appeler le Roi un « soliveau » et pour médire de la Reine « devenue un objet d'horreur pour les émigrés », écrit le ministre de France à Mayence, Villars, à son chef Lessart.
D'après l'ambassadeur espagnol, Las Casas, la désunion entre les princes provient surtout des querelles entre Mmes de Balbi et de Polastron : « La Cour de Louis XV et celle de Louis XVI n'ont jamais présenté plus de désordres ni d'intrigues ; point de remèdes tant qu'il restera un cotillon. » C'est ce que finit par comprendre le comte de Provence qui envoya, avec sa femme, la comtesse de Balbi à Turin . Mais, en attendant, la favorite jouit d'une grande influence à laquelle ne prétend guère Louise de Polastron, mais dont une autre femme est férocement jalouse. Cette troisième directrice de coterie est la princesse de Monaco, née Brignole-Sale, depuis vingt ans attachée au prince de Condé qu'elle mène à son gré. Celle que Goethe a assez faussement définie « une svelte blondine, jeune, gaie, folâtre », avait alors près de cinquante-trois ans ; elle a suivi à Coblentz le prince dont Marie-Antoinette disait : « Ce serait dur d'être sauvé par ce maudit borgne », elle le suivra également au camp de Yorms. De tant de fidélité elle sera récompensée plus tard par le mariage ; elle mourra princesse de Condé .
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Mme de Sabran- Messages : 55305
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les princes, à Coblence ...
Oui, forcément hors de France, loin de leurs châteaux et de leurs habitudes, inquiets , aigris, les émigrés de marque se déchirent les uns des autres. Quant à leurs positionnements politiques, ils se reflètent dans leurs jalousies et leurs medisances. Quel bourbier pour Louis XVI et Marie-Antoinette restés à Paris !
Les dames qui tiennent les salons des Princes, à l'exception de Mme de Polastron, aux antipodes de la méchanceté gratuite, participent à cette ambiance de dénigrement. Mme de Balbi était une guêpe cruelle.
Je ne savais pas que Marie-Antoinette nommait Condé le "maudit borgne", elle semble n'avoir guère d'estime pour lui.
Les dames qui tiennent les salons des Princes, à l'exception de Mme de Polastron, aux antipodes de la méchanceté gratuite, participent à cette ambiance de dénigrement. Mme de Balbi était une guêpe cruelle.
Je ne savais pas que Marie-Antoinette nommait Condé le "maudit borgne", elle semble n'avoir guère d'estime pour lui.
Dominique Poulin- Messages : 6951
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les princes, à Coblence ...
Quelle chance vous avez Eléonore, d'avoir vos sources à portée de main !
Dominique Poulin- Messages : 6951
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les princes, à Coblence ...
Nous avions déjà vu ailleurs que Louis XVI appelait Condé " le Borgne ".
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Mme de Sabran- Messages : 55305
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les princes, à Coblence ...
Décidément c'était de famille, le duc de Bourbon qui avait marié Louis XV, l'était aussi !
Dominique Poulin- Messages : 6951
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les princes, à Coblence ...
Oui, c'est ce que nous faisait justement remarquer Lucius, lors de cette discussion ancienne avec Roi-cavalerie .
... de naissance, accident, maladie ?
Le marquis de Raigecourt ( le mari de Rage, la petite copine de Mmes Elisabeth et de Bombelles ) se montre lui aussi très sévère pour le Roi qui, dit-il , « aggrave tous les jours sa position par son peu de caractère et des démarches indignes de son rang »
... de naissance, accident, maladie ?
Le marquis de Raigecourt ( le mari de Rage, la petite copine de Mmes Elisabeth et de Bombelles ) se montre lui aussi très sévère pour le Roi qui, dit-il , « aggrave tous les jours sa position par son peu de caractère et des démarches indignes de son rang »
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Mme de Sabran- Messages : 55305
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les princes, à Coblence ...
Oui, de Paris à Coblence, il y a tout un monde à franchir... Le roi se noie peu à peu, Coblence est de l'Ancien monde.
Dominique Poulin- Messages : 6951
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les princes, à Coblence ...
Dominique Poulin a écrit:
... Le roi se noie peu à peu.
C'est bien à Mme de Raigecourt qu'Angélique de Bombelles écrit ce qui suit.
Elle semble pourtant vous répondre, Domi !
«... La dernière insurrection m'abat autant que vous... La faiblesse de notre souverain me porte à la rage; vous ne pouvez vous imaginer à quel point il est méprisé à l'étranger et ce que ses plus proches parents en disent . Cependant, mon enfant, c'est le Souverain que la Providence nous a donné; c'est donc le seul qu'il nous faut servir. Mais comment le tirer des griffes de ces scélérats? Voilà ce qu'un seul miracle peut opérer. »
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Mme de Sabran- Messages : 55305
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les princes, à Coblence ...
Quelle position ! Être l'otage de Paris, subir toutes les avanies sans broncher ! Ce qui est difficilement compréhensible pour moi, c'est l'isolement psychique du roi. Les hommes modérés, avisés, connaisseurs du terrain, ne manquaient pas autour du roi ou près à répondre à Louis XVI a la moindre demande d'audience pour des conseils, des avis sur la connaissance des hommes de l'Assemblée et de la Commune. Les imbéciles assoiffés de sang et organisateurs d'émeutes étaient une minorité, le reste se composait d'hommes intelligents et de plus provenant de milieux intellectuels et sociaux qui auraient été bien utiles au souverain.
Connaître les hommes, solliciter leurs avis, sonder leur connaissance du terrain, prendre des initiatives en invitant les politiciens de Paris par des comités restreints.
Bref, comprendre la nouvelle donne politique.
Connaître les hommes, solliciter leurs avis, sonder leur connaissance du terrain, prendre des initiatives en invitant les politiciens de Paris par des comités restreints.
Bref, comprendre la nouvelle donne politique.
Dominique Poulin- Messages : 6951
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les princes, à Coblence ...
Dominique Poulin a écrit:
Connaître les hommes, solliciter leurs avis, sonder leur connaissance du terrain, prendre des initiatives en invitant les politiciens de Paris par des comités restreints.
Bref, comprendre la nouvelle donne politique.
Oui, il aurait fallu composer avec la Révolution, être sincère en prêtant serment à la Constitution, écouter les conseils de Barnave .
... surtout pas ce double-jeu suicidaire dans lequel Marie-Antoinette s'est fourvoyée, enlisée ...
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Mme de Sabran- Messages : 55305
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Les princes, à Coblence ...
Ils étaient, en outre, mal conseillés et de façons complètement contradictoires, il faut bien le dire .
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Mme de Sabran- Messages : 55305
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les princes, à Coblence ...
Dominique Poulin a écrit:Comme quoi le château semble bien dénaturé de nos jours, j'imagine la tête des princes face à ce bâtiment tel qu'il se présente aujourd'hui....
Ce que nous montre la photo n'est pas un château, mais un avant corps de cours. Le passage carrossable au centre en fait un bâtiment d'entrée. C'est peut être tout ce qu'il reste.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Les princes, à Coblence ...
En effet, wikipedia.de nous indique que le château fut ruiné lors des guerres qui suivront.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Les princes, à Coblence ...
Lucius a écrit: Le passage carrossable au centre en fait un bâtiment d'entrée. C'est peut être tout ce qu'il reste.
Ah, c'est bien possible ... quoique cela me paraisse immense pour un bâtiment d'entrée .
Tiens, cela me rappelle la Hofburg à Vienne . L'entrée est également un très large passage carrossable ...
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Mme de Sabran- Messages : 55305
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les princes, à Coblence ...
C'est même certain maintenant.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Les princes, à Coblence ...
Mme de Raigecourt, à Angélique de Bombelles ...
« On soupçonne encore, dans ce pays-ci, quelque cachoterie de la part des Tuileries. Il faudrait une bonne fois pour toutes s'expliquer. La Reine craint-elle que le comte d'Artois ne s'arroge une autorité dans le royaume qui nuise à la sienne? Qu'elle en soit tranquille : elle sera toujours la femme du roi, et elle a plus de caractère que ce prince et sera toujours dominante.
Elle se plaint qu'on n'a pas assez d'égards pour elle. Mais vous connaissez le cœur, la droiture de notre prince ( Artois ) ; il a été incapable de tenir les propos qu'on lui attribue, et qu'on a rapportés à la Reine dans l'intention sûrement de les rendre irréconciliables. »
Comme Madame Elisabeth, Mme de Raigecourt défendra toujours le comte d'Artois et même son entourage. Elle s'efforce ici de pallier le mauvais effet des propos jetés dans Coblentz. Nous en avons noté plusieurs qui ne sont pas récusables. Qui prouve que le comte d'Artois n'a pas cédé au même impérieux désir de médire de sa belle-sœur? Il la déteste, maintenant, comme tous les émigrés, depuis qu'elle contrecarre les projets des princes et ne consent pas à abdiquer entre leurs mains les derniers vestiges de la royauté. Mme de Bombelles nous laissera deviner qu'elle a entendu personnellement ce qu'on lui a écrit et nous ôtera toute velléité de croire aux euphémismes voulus de Mme de Raigecourt. Du moment où elle n'ajoute pas foi aux médisances colportées, il est naturel que la marquise n'ait pas abandonné l'espoir de rapprocher le baron de Breteuil des princes.
L'arrivée de la duchesse de Brancas et du marquis de Bouille étaye cet espoir. « Ce serait un beau rôle à jouer que de les rapprocher et de les faire marcher du même pied, si le baron de Breteuil peut se convaincre que ce serait là vraiment servir sa patrie et son Roi, et qu'il ne doit, pour une si grande œuvre, épargner ni peines, ni soins, ni sacrifices... Je ne vois que ce remède à nos maux : l'intelligence. Si nous ne l'obtenons pas, nous sommes en proie pour des siècles à des malheurs sans exemple... »
( le comte de Fleury )
« On soupçonne encore, dans ce pays-ci, quelque cachoterie de la part des Tuileries. Il faudrait une bonne fois pour toutes s'expliquer. La Reine craint-elle que le comte d'Artois ne s'arroge une autorité dans le royaume qui nuise à la sienne? Qu'elle en soit tranquille : elle sera toujours la femme du roi, et elle a plus de caractère que ce prince et sera toujours dominante.
Elle se plaint qu'on n'a pas assez d'égards pour elle. Mais vous connaissez le cœur, la droiture de notre prince ( Artois ) ; il a été incapable de tenir les propos qu'on lui attribue, et qu'on a rapportés à la Reine dans l'intention sûrement de les rendre irréconciliables. »
Comme Madame Elisabeth, Mme de Raigecourt défendra toujours le comte d'Artois et même son entourage. Elle s'efforce ici de pallier le mauvais effet des propos jetés dans Coblentz. Nous en avons noté plusieurs qui ne sont pas récusables. Qui prouve que le comte d'Artois n'a pas cédé au même impérieux désir de médire de sa belle-sœur? Il la déteste, maintenant, comme tous les émigrés, depuis qu'elle contrecarre les projets des princes et ne consent pas à abdiquer entre leurs mains les derniers vestiges de la royauté. Mme de Bombelles nous laissera deviner qu'elle a entendu personnellement ce qu'on lui a écrit et nous ôtera toute velléité de croire aux euphémismes voulus de Mme de Raigecourt. Du moment où elle n'ajoute pas foi aux médisances colportées, il est naturel que la marquise n'ait pas abandonné l'espoir de rapprocher le baron de Breteuil des princes.
L'arrivée de la duchesse de Brancas et du marquis de Bouille étaye cet espoir. « Ce serait un beau rôle à jouer que de les rapprocher et de les faire marcher du même pied, si le baron de Breteuil peut se convaincre que ce serait là vraiment servir sa patrie et son Roi, et qu'il ne doit, pour une si grande œuvre, épargner ni peines, ni soins, ni sacrifices... Je ne vois que ce remède à nos maux : l'intelligence. Si nous ne l'obtenons pas, nous sommes en proie pour des siècles à des malheurs sans exemple... »
( le comte de Fleury )
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Mme de Sabran- Messages : 55305
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les princes, à Coblence ...
La marquise de Raigecourt juge sévèrement Louis XVI et Marie-Antoinette :
« Notre malheureuse princesse qu'on a traînée à tous les spectacles, notre malheureux Roi qui s'avilit tous les jours davantage, car il en fait par trop, même s'il a encore l'intention de leur échapper : toutes ces bassesses le font dire et soupçonner, et il ne met pas la mesure que la bonne politique exigerait. L'émigration, en attendant, s'accroît tous les jours, et bientôt il y aura dans ce pays-ci plus de Français que d'Allemands. »
« Notre malheureuse princesse qu'on a traînée à tous les spectacles, notre malheureux Roi qui s'avilit tous les jours davantage, car il en fait par trop, même s'il a encore l'intention de leur échapper : toutes ces bassesses le font dire et soupçonner, et il ne met pas la mesure que la bonne politique exigerait. L'émigration, en attendant, s'accroît tous les jours, et bientôt il y aura dans ce pays-ci plus de Français que d'Allemands. »
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