L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
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L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
En décembre de l'année 1791, marqué par les projets de Condorcet et du Comité d’Instruction publique portant sur l’éducation nationale, Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau se mit à rédiger un mémoire dans lequel il retranscrivit l’intégralité de ses pensées sur l’éducation. Si ces propos peuvent choquer le lecteur d’aujourd’hui, ceux-ci étaient parfaitement approuvés en 1792-1793 ; ce qui démontre l’erreur à ne pas commettre avec l’Histoire : oublier de contextualiser les évènements en se contentant de les apprécier avec un regard contemporain.
Ses idées sont fortes parce qu’elles écornent il est vrai la liberté des pères et mères de famille mais ce projet souhaitait surtout s’inscrire comme un simple complément du travail qu’avait déjà effectué Condorcet. Saint-Fargeau s’attaqua alors aux premiers degrés d’instruction et notamment aux écoles primaires qu’il désirait voir devenir des « maisons d’éducation ».
En somme, de cinq à douze ans, les enfants devaient appartenir à l’État et non plus aux parents afin de « donner une éducation vraiment et universellement nationale ».
« Depuis l’âge de cinq ans jusqu’à douze pour les garçons, et jusqu’à onze pour les filles, tous les enfants sans distinction et sans exception seront élevés en commun, aux dépens de la République ; et que tous, sous la sainte loi de l’égalité, recevront mêmes vêtements, même nourriture, même instruction, mêmes soins. »
Ce que Lepeletier proposait à la Convention n’était ni plus ni moins qu’un renforcement des « caméristats » qui existaient sous l’Ancien Régime et subsistent aujourd’hui encore dans les régions françaises de montagnes ou dans le Puy-de-Dôme. C’est un mécanisme par lequel les maîtres peuvent, avec l’autorisation des autorités préfectorales et académiques, recevoir dans la maison d’école un certain nombre d’enfants qui y couchent et y prennent leurs repas.
Il préconisait aussi la prise en charge par la République des frais de scolarisation et d’entretien de certains enfants sortis de maisons d’éducation et désireux de poursuivre leurs études au-delà. Ces « pensionnaires de la République » auraient été désignés après concours sur la base des résultats les plus méritants. Ce ne sont ni plus ni moins que les prémices des bourses nationales destinées à rendre les degrés supérieurs de l’instruction accessibles à tous ceux qui s’en montreraient dignes. Développées sous la IIIème République, elles sont aujourd’hui le gage de la réussite des élèves issus des milieux modestes.
Article L111-1 du Code de l’éducation
« Pour garantir ce droit dans le respect de l’égalité des chances, des aides sont attribuées aux élèves et aux étudiants selon leurs ressources et leurs mérites. La répartition des moyens du service public de l’éducation tient compte des différences de situation, notamment en matière économique et sociale. »
Si la vision qu’avait Michel Lepeletier de l’éducation au sein de cette nouvelle République que les révolutionnaires se donnaient pour mission de construire a été âprement critiquée, force est de constater que sa contribution permit d’amorcer une réflexion profonde sur la question, laquelle intéressera tous les régimes politiques qui succèderont.
http://www.revuegeneraledudroit.eu/blog/2015/01/23/louis-michel-lepeletier-de-saint-fargeau-loublie-des-journees-des-20-et-21-janvier-1793/
Ses idées sont fortes parce qu’elles écornent il est vrai la liberté des pères et mères de famille mais ce projet souhaitait surtout s’inscrire comme un simple complément du travail qu’avait déjà effectué Condorcet. Saint-Fargeau s’attaqua alors aux premiers degrés d’instruction et notamment aux écoles primaires qu’il désirait voir devenir des « maisons d’éducation ».
En somme, de cinq à douze ans, les enfants devaient appartenir à l’État et non plus aux parents afin de « donner une éducation vraiment et universellement nationale ».
« Depuis l’âge de cinq ans jusqu’à douze pour les garçons, et jusqu’à onze pour les filles, tous les enfants sans distinction et sans exception seront élevés en commun, aux dépens de la République ; et que tous, sous la sainte loi de l’égalité, recevront mêmes vêtements, même nourriture, même instruction, mêmes soins. »
Ce que Lepeletier proposait à la Convention n’était ni plus ni moins qu’un renforcement des « caméristats » qui existaient sous l’Ancien Régime et subsistent aujourd’hui encore dans les régions françaises de montagnes ou dans le Puy-de-Dôme. C’est un mécanisme par lequel les maîtres peuvent, avec l’autorisation des autorités préfectorales et académiques, recevoir dans la maison d’école un certain nombre d’enfants qui y couchent et y prennent leurs repas.
Il préconisait aussi la prise en charge par la République des frais de scolarisation et d’entretien de certains enfants sortis de maisons d’éducation et désireux de poursuivre leurs études au-delà. Ces « pensionnaires de la République » auraient été désignés après concours sur la base des résultats les plus méritants. Ce ne sont ni plus ni moins que les prémices des bourses nationales destinées à rendre les degrés supérieurs de l’instruction accessibles à tous ceux qui s’en montreraient dignes. Développées sous la IIIème République, elles sont aujourd’hui le gage de la réussite des élèves issus des milieux modestes.
Article L111-1 du Code de l’éducation
« Pour garantir ce droit dans le respect de l’égalité des chances, des aides sont attribuées aux élèves et aux étudiants selon leurs ressources et leurs mérites. La répartition des moyens du service public de l’éducation tient compte des différences de situation, notamment en matière économique et sociale. »
Si la vision qu’avait Michel Lepeletier de l’éducation au sein de cette nouvelle République que les révolutionnaires se donnaient pour mission de construire a été âprement critiquée, force est de constater que sa contribution permit d’amorcer une réflexion profonde sur la question, laquelle intéressera tous les régimes politiques qui succèderont.
http://www.revuegeneraledudroit.eu/blog/2015/01/23/louis-michel-lepeletier-de-saint-fargeau-loublie-des-journees-des-20-et-21-janvier-1793/
Dernière édition par Mme de Sabran le Ven 10 Aoû 2018, 09:21, édité 1 fois
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
J'avais étudié ce projet de Pelletier, à faire frémir !
Invité- Invité
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
M'oui, c'est sûr que la radicalité du projet est excessive, mais enfin, c'est une Révolution.Mme de Sabran a écrit:
Si ces propos peuvent choquer le lecteur d’aujourd’hui, ceux-ci étaient parfaitement approuvés en 1792-1793 ; ce qui démontre l’erreur à ne pas commettre avec l’Histoire : oublier de contextualiser les évènements en se contentant de les apprécier avec un regard contemporain.
Il était question de libérer le peuple de l'ignorance qui l'asservissait, mais aussi de la main-mise religieuse sur l'éducation.
Aussi est mis en avant ici le concept d'égalité, ce qui reste le signe, disons distinctif de la Révolution française, si on la compare à la "révolution" américaine par exemple.
Un concept qui est resté bien ancré dans nos mentalités et moeurs.
Enfin, excepté cette radicalité que les jeunes enfants étaient supposés "appartenir" à l'Etat, comme le précise l'article plus loin :
Mme de Sabran a écrit:Si la vision qu’avait Michel Lepeletier de l’éducation au sein de cette nouvelle République que les révolutionnaires se donnaient pour mission de construire a été âprement critiquée, force est de constater que sa contribution permit d’amorcer une réflexion profonde sur la question, laquelle intéressera tous les régimes politiques qui succèderont.
C'est grâce à des hommes comme Condorcet que l'instruction publique est, plus ou moins, ce qu'elle est encore aujourd'hui en France : une égalité de chances d'accéder à la connaissance (et donc à la liberté), grâce à une instruction publique et universelle.
Un long combat, pas encore gagné !
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
La nuit, la neige a écrit:
C'est grâce à des hommes comme Condorcet que l'instruction publique est, plus ou moins, ce qu'elle est encore aujourd'hui en France : une égalité de chances d'accéder à la connaissance (et donc à la liberté), grâce à une instruction publique et universelle.
Absolument !
Ces idées, ces désirs, Condorcet les formula dans un plan remarquable. Voulant « offrir à tous les individus de l’espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d’assurer leur bien-être, de connaître et d’exercer leurs droits, d’entendre et de remplir leurs devoirs »; voulant, pour ce grand résultat, l’éducation universelle, Condorcet demande, pour toute collection de maisons renfermant quatre cents habitants, une école primaire et un instituteur qui expliquera, tous les dimanches, la Constitution, la déclaration des droits, « non comme des tables descendues du ciel, qu’il faut adorer », mais comme les produits de la raison humaine.
Dans les villes de quatre mille âmes, l’institution grandit et se complète; l’école secondaire donnera quelques notions de mathématiques, d’histoire naturelle, de chimie appliquée aux arts, des développements plus étendus de la morale et de la science sociale. Au-dessus de l’école secondaire, Condorcet projette cent quatorze instituts établis dans les départements, considérés comme partie de l’éducation générale et où l’instruction sera absolument complète.
Pour peupler toutes ces écoles primaires, secondaires, tertiaires, neuf lycées formeront une pépinière de professeurs, — c’était l’école normale entrevue —; et au sommet de l’instruction publique, une société nationale des Arts surveillera, dirigera, perfectionnera, encouragera les découvertes utiles.
( Jules et Edmond de Goncourt : Histoire de la Société française pendant la Révolution )
Louis XVI pourrait peut-être bien en prendre de la graine ?
C'est ce que suggère la gravure ci-dessous :
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
Mme de Sabran a écrit:
[i]Ces idées, ces désirs, Condorcet les formula dans un plan remarquable. Voulant « offrir à tous les individus de l’espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d’assurer leur bien-être, de connaître et d’exercer leurs droits, d’entendre et de remplir leurs devoirs »
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
EDUCATION NATIONALE ET APPRENTISSAGE DU LATIN ( au rebus, le latin ! )
" Quel champ en friche ouvert à la Révolution ! Elle s’élève d’abord contre l’exclusivité du latin : quoi qu’elle lui doive, quoi qu’elle doive à l’étude de cette langue morte qui faisait arriver le Français au rôle de sujet, tout nourri de l’exemple des Décius, des Fabius, des Scipion, elle veut, en son plan d’éducation, que cet outil d’érudition et de loisir ne soit pas mis seul et sans d’autres outils plus usuels aux mains de la jeunesse.
Elle veut que l’enfant pense avant de croire : elle débarrasse l’éducation de toute monasticité, comme le voulait La Chalotais : « Le célibataire ne doit élever que des esclaves », disait la brochure Aux Français, par un citoyen, et elle place au seuil de ses pensées naissantes la raison au lieu de la religion. "
( les Goncourt )
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
Ils poursuivent :
Le XVIIIe siècle avait formé l’homme pour la société, la Révolution le forme pour l’État. Elle trace une large part aux langues vivantes, une large part aux sciences appropriées au commerce, à l’agriculture et aux arts. Elle n’oublie ni l’éducation morale, que Chénier appelait l’éducation du cœur, ni les sciences philosophiques, dont elle fait la tutelle de la raison, ni cette éducation du corps, ces exercices physiques, que les républiques anciennes ont tenus en si grande estime; et elle base l’éducation nouvelle sur ces éléments pratiques préconisés par l’Émile.
Elle va vouloir que l’éducation fasse de l’enfant :
« 1° L’homme; 2° le citoyen; 3° l’apte à tel ou tel emploi de sa vie dans la société : — faire l’homme par une sociabilité généralisée; le citoyen par des sentiments et des procédés patriotiques; enfin l’apte par une capacité relative aux besoins généraux de la société, comme aux individuels ou particuliers de chacun de ses membres. »
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
S'il n'y avait que le latin ! Mais l'éducation révolutionnaire se heurte à un autre écueil de taille : le patois, ou plutôt cette mozaïque de trente-six patois divers et variés, le patois dernière barrière et garde des provinces.
Qu'à cela ne tienne ! La Convention décrète l’abolition du patois.
Dans la France une et indivisible, débarrassée des coutumes particulières, ayant mêmes poids, mêmes mesures, même justice, même gouvernement, même loi, uniformisée et reliée à elle-même d’un bout à l’autre, il ne faut pas que le patois reste debout et vivace comme une survivance de la délimitation féodale. Il faut que la France, qui n’a plus qu’une voix, n’ait plus qu’une langue.
La Révolution avait fort à faire pour extirper le patois ancestral de nos paysans . Elle n'y a pas réussi puisque, au vingtième siècle, on entendait encore parler divers patois à travers le pays ... et je crois qu'aujourd'hui encore les Basques et les Bretons s'entêtent !
Qu'à cela ne tienne ! La Convention décrète l’abolition du patois.
Dans la France une et indivisible, débarrassée des coutumes particulières, ayant mêmes poids, mêmes mesures, même justice, même gouvernement, même loi, uniformisée et reliée à elle-même d’un bout à l’autre, il ne faut pas que le patois reste debout et vivace comme une survivance de la délimitation féodale. Il faut que la France, qui n’a plus qu’une voix, n’ait plus qu’une langue.
La Révolution avait fort à faire pour extirper le patois ancestral de nos paysans . Elle n'y a pas réussi puisque, au vingtième siècle, on entendait encore parler divers patois à travers le pays ... et je crois qu'aujourd'hui encore les Basques et les Bretons s'entêtent !
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
La déchristianisation tient une des premières places dans l'éducation républicaine .
https://marie-antoinette.forumactif.org/t835-etre-ou-ne-pas-etre-supreme#128471
Dans l'Ancien Régime, l'athéïsme était une pose toute aristocratique philosophique des esprits forts, frondeurs et libre-penseurs ( avec des phares comme Voltaire, Helvétius ... ) . Le bon peuple lui allait sagement sur les bancs de l'église, tous les dimanches, écouter la bonne parole.
A la Révolution, est prônée une telle volonté de déchristianisation au nom de la raison pure que je me figure mal l'emmergence de la nouvelle religion : celle de l'Etre suprême.
Quelqu'un comprend cette contradiction, les amis ?
Autour des allégories de Liberté et d'Egalité, David met en scènes des fêtes républicaines grandioses.
Ne jurerait-on pas que Hérault de Séchelles rend un culte à une idole payenne ?
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
De nos jours, on apprend en même temps lecture et écriture . Il en allait différemment au XVIIIème siècle où l'apprentissage de la lecture précédait celui de l'écriture . C'est pourquoi le test de la signature est un bon révélateur de l'alphabétisation des masses .
Voici le pourcentage d'hommes et de femmes sachant signer, tout simplement, leur acte de mariage !
Années _____ Hommes _____ Femmes
1690 ________ 29 % ________ 14 %
1789 ________ 47 % ________ 27 %
1866 ________ 72 % ________ 56 %
Ce tableau cache de ...
fortes différences, sociales d'abord.
Avant la Révolution, à côté des nobles et des bourgeois, alphabétisés, il y a le monde des villes où l'alphabétisation, masculine surtout, n'est pas négligeable, et celui des campagnes, où les hommes sachant lire sont peu nombreux et les femmes très rares .
Différences géographiques aussi
Au nord d'une ligne Saint-Malo - Genève, l'alphabétisation masculine est forte en 1789, et l'alphabétisation des femmes n'est pas négligeable. Au sud de cette ligne, sauf dans la noblesse et la bourgeoisie, les femmes ne savent pas lire, et le nombre d'hommes alphabétisés est bien faible, sauf ( bizarrement ) dans les Pyrénées atlantiques ou les hautes Alpes .
( 2000 ans de vie quotidienne en France ... Sélection du Reader's Digest )
Voici le pourcentage d'hommes et de femmes sachant signer, tout simplement, leur acte de mariage !
Années _____ Hommes _____ Femmes
1690 ________ 29 % ________ 14 %
1789 ________ 47 % ________ 27 %
1866 ________ 72 % ________ 56 %
Ce tableau cache de ...
fortes différences, sociales d'abord.
Avant la Révolution, à côté des nobles et des bourgeois, alphabétisés, il y a le monde des villes où l'alphabétisation, masculine surtout, n'est pas négligeable, et celui des campagnes, où les hommes sachant lire sont peu nombreux et les femmes très rares .
Différences géographiques aussi
Au nord d'une ligne Saint-Malo - Genève, l'alphabétisation masculine est forte en 1789, et l'alphabétisation des femmes n'est pas négligeable. Au sud de cette ligne, sauf dans la noblesse et la bourgeoisie, les femmes ne savent pas lire, et le nombre d'hommes alphabétisés est bien faible, sauf ( bizarrement ) dans les Pyrénées atlantiques ou les hautes Alpes .
( 2000 ans de vie quotidienne en France ... Sélection du Reader's Digest )
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
Si je vous parle de ROTI-COCHON, n'allez pas croire, que je vous convie à un petit gueuleton entre amis
Non, non !
Il s'agit, en fait, du tout premier manuel scolaire . Car l'on se souciait déjà d'éducation de nos chères têtes blondes, bien avant la Révolution, sous Louis XIV.
Livre populaire et truculent de pédagogie ancienne, utilisé par les écoliers sous Louis XIV, le Rôti-Cochon ( comme son nom ne l'indique nullement ) est une “méthode très facile pour bien apprendre les enfants à lire en Latin et en François”.
Aujourd’hui, parcourir cet ouvrage est délectable : la typographie artisanale, la variation du corps du texte, l’orthographe, et surtout les bois gravés qui l’illustrent – datant d’avant l’impression, ils auraient été récupérés et réutilisés in extremis – composent un ensemble comique, sans doute le plus ancien exemple de manuel pour enfants (ou de livre de cuisine) alliant l’utile au ludique, à une époque où les bienfaits et les joies culinaires étaient le lot quotidien.
De l’édition originale il ne reste qu’un seul exemplaire connu à la Bibliothèque de l’Arsenal.
Postface de Jean Follain.
Non, non !
Il s'agit, en fait, du tout premier manuel scolaire . Car l'on se souciait déjà d'éducation de nos chères têtes blondes, bien avant la Révolution, sous Louis XIV.
Livre populaire et truculent de pédagogie ancienne, utilisé par les écoliers sous Louis XIV, le Rôti-Cochon ( comme son nom ne l'indique nullement ) est une “méthode très facile pour bien apprendre les enfants à lire en Latin et en François”.
Aujourd’hui, parcourir cet ouvrage est délectable : la typographie artisanale, la variation du corps du texte, l’orthographe, et surtout les bois gravés qui l’illustrent – datant d’avant l’impression, ils auraient été récupérés et réutilisés in extremis – composent un ensemble comique, sans doute le plus ancien exemple de manuel pour enfants (ou de livre de cuisine) alliant l’utile au ludique, à une époque où les bienfaits et les joies culinaires étaient le lot quotidien.
De l’édition originale il ne reste qu’un seul exemplaire connu à la Bibliothèque de l’Arsenal.
Postface de Jean Follain.
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Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
Nous retrouvons ce petit manuel en ligne.
Voici son avertissement aux lecteurs, ou instructeurs :
Et quelques pages choisies...
Une trentaine de pages à consulter ici :
Roti-cochon ou Méthode tres-facile pour bien apprendre les enfans a lire en latin & en françois , par des inscriptions moralement expliquées de plusieurs representations figurées de différentes choses de leurs connoissances...
Voici son avertissement aux lecteurs, ou instructeurs :
Et quelques pages choisies...
Une trentaine de pages à consulter ici :
Roti-cochon ou Méthode tres-facile pour bien apprendre les enfans a lire en latin & en françois , par des inscriptions moralement expliquées de plusieurs representations figurées de différentes choses de leurs connoissances...
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
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Mme de Sabran- Messages : 55509
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'instruction sous l'Ancien Régime et la Révolution
En même temps que le Rôti-Cochon existe la Bibliothèque Bleue .
Au XVIIème et XVIIIème siècle, les livres sont très chers et réservés à une élite sociale, mais parallèlement apparaît une autre littérature destinée au peuple. Il ne s'agit pas à proprement parler de livres, mais de petits livrets imprimés sur du mauvais papier avec de vieux caractères et recouverts d'un rustique papier d'emballage bleu, d'où son nom de Bibliothèque Bleue.
Almanach broché et couvert de son papier bleu bibliothèque Carnegie (Reims)
Photo WIKI
Ces livrets, imprimés d'abord à Troyes, puis dans bien d'autres villes, étaient vendus dans les villages par des colporteurs, à des prix modiques : un ou deux sols. Si tout un chacun ne savait pas lire à la campagne, avant la Révolution, il se trouvait toujours quelqu'un capable de déchiffrer ces petits livres, le soir à la veillée. Ainsi les histoires que la tradition orale pouvait reprendre aussi atteignaient tous les habitants du village.
Le contenu de ces petits ouvrages était fort divers. Les livres religieux divulguant une dévotion populaire l'emportant bien entendu : vies de saints romancées où le miracle et le merveilleux tiennent une grande place, Noël et autres cantiques. La mythologie païenne, les légendes adaptées d'une littérature plus ancienne avaient aussi une large place . Les romans, récits burlesques, chansons profanes et autres histoires de bandits de grand chemin donnaient à la littérature bleue son caractère d'évasion. Le calendrier ramenait à la vie quotidienne, avec les fêtes des saints, les dates de l'année et des conseils pratiques sur la cuisine, la médecine, le jardinage ...
( Je parcours toujours les 2000 ans de vie quotidienne en France, sélection du Reader's digest )
Watteau a croqué ces colporteurs parcourant nos campagnes .
Les précisions de WIKI ...
C'est, avant tout, une formule éditoriale nouvelle inventée et imprimée à Troyes dès 1602 par les frères Oudot, notamment Nicolas Oudot dont l'enseigne est le Chapon d'or couronné. L'impression en était de mauvaise qualité et de petit format ; les cahiers (assimilables à une brochure d'aujourd'hui) recouverts d'une couverture de papier couleur bleu gris (comme la couverture bon marché qui enveloppait les pains de sucre), d'où l’appellation qui, à l'époque, fut d'abord celle de « Livres bleus ».
Cette littérature, au départ urbaine et locale, fut ensuite popularisée par les colporteurs et donc étendue à d'autres zones urbaines (Rouen, Angers) et imitée. Tout en restant prudent, Roger Chartier considère qu'elle constituait l'une des sources principales de culture des masses populaires en France3 ; d'autres, à l'instar de Carlo Ginzburg, insistent sur notre ignorance des modes de réception de ces textes ; cependant les historiens s'accordent sur l'importance — difficilement mesurable — de la culture orale : les illettrés se contentaient d'en apprécier les gravures, quand il y en avait, mais la plupart du temps, ils pouvaient avoir accès au texte lors de séances de lecture collective.
... sont ici :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Biblioth%C3%A8que_bleue
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