Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
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Mme de Sabran
Dominique Poulin
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Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Pour faire corps, à notre précédente énigme, je vous invite à découvrir la comtesse de Chinchon, et surtout aux ressorts et à l'intrigue qui ont précipité son mariage, et fait recouvrir une partie des titres et privilèges dont sa famille avait été spoliée. Son mariage, avec Manuel Godoy, le favori de la reine d'Espagne, se révéla, et pour cause, une catastrophe, et les tribulations de la vie de la comtesse de Chinchon, une épreuve.
Partons d'abord aux origines de ses parents et à leur exclusion de la Maison royale d'Espagne, d'ou découlent tous les malheurs de sa famille :
Louis, Antoine, Jacques de Bourbon (1727-1785), Infant d'Espagne, était le dernier fils de Philippe V et d'Élisabeth Farnèse. Sa position de benjamin de la famille royale ne lui procurait guère de chances de ceindre le trône ou d'occuper un rôle éminent dans l'Etat. Il fut donc destiné, dès le plus jeune âge, à une carrière ecclésiastique, en devenant à 8 ans, archevêque de Tolède et cardinal ! Cette "performance" fait de lui le plus jeune cardinal de toute l'histoire Catholique Romaine, s'il vous plaît.
Là, sans doute, et malgré les honneurs, fatigué de sa vie de célibataire, Louis Antoine décida de renoncer aux ordres pour se marier, avec l'autorisation de son frère, Charles III, roi d'Espagne.
Mais les conditions du souverain furent drastiques, et on imagine le drame qu'à pu vivre son frère, blessé dans sa naissance, et déchiré pour l'amour de sa dulcinée.
Louis devait abandonner son statut d'Infant d'Espagne et son prédicat d'Altesse Royale, et ses enfants seraient exclus de la succession au trône, avec l'interdiction de porter le nom de Bourbon !! Ces conditions furent entérinées par la Pragmatique Sanction de 1776, qui interdisait aux membres de la famille royale d'Espagne, de contracter des alliances au-dessous de leur rang princier et sans l'aval du roi, sous peine de perdre tous leurs droits et privilèges d'Infants d'Espagne, avec exclusion de la succession à la Couronne, pour eux et à tous leurs descendants. La Pragmatique Sanction qui excluait le comte et la comtesse de Chinchon de la Maison Royale était conditionnée par le fait que Charles III craignait des motifs juridiques pour la succession de ses fils, Charles et Ferdinand, nés à Naples, et qu'ainsi un vice de forme, puisse leur barrer la voie du trône. Dans ce sens, Charles III, décréta aux membres de sa famille, l'obligation de contracter des alliances avec des maisons souveraines, sous peine de perdre tous les honneurs et privilèges que leur conféraient leurs naissances.
La pilule était vraiment amère, d'ou le début d'une longue disgrâce à la Cour de Madrid.
Portant désormais le titre de Comte de Chinchon, Louis Antoine accueilla à sa petite Cour, lettrés et artistes, ou l'on comptait déjà, le peintre qu'allait devenir Goya.
Son mariage en 1776, avec Marie-Therese de Vallabriga y Rosas, pourtant de très bonne noblesse, mais de rang inégal, donna naissance à 3 enfants, dont Marie-Therese, comtesse de Chinchon, en 1779.
Marie-Thérèse, deuxième de la fratrie, dont deux garçons, ne portait pas le nom de Bourbon, que leur oncle leur avait iniquement enlever.
Elle était donc dénommée, Maria-Teresa, Carolina y Vallabriga, y Farnesia Rosas, Comtesse de Chinchon. Lorsque son père mourut en 1785, alors qu'elle n'avait que 6 ans, elle vécut obscurément dans un couvent de Tolède. Entre-temps, l'intraitable Charles III mourut en 1788, laissant le pouvoir à son fils, le falot Charles IV, et surtout à sa bru, l'impatiente et tortueuse Marie-Louise de Parme, petite-fille de Louis XV.
C'est par le capital truchement de la reine d'Espagne, que la comtesse de Chinchon, à 17 ans, pour son bonheur et son malheur, tout à la fois, va retrouver son rang, ainsi que sa famille, au centre d'une incroyable et machiavélique intrigue de Cour.
À suivre !
Partons d'abord aux origines de ses parents et à leur exclusion de la Maison royale d'Espagne, d'ou découlent tous les malheurs de sa famille :
Louis, Antoine, Jacques de Bourbon (1727-1785), Infant d'Espagne, était le dernier fils de Philippe V et d'Élisabeth Farnèse. Sa position de benjamin de la famille royale ne lui procurait guère de chances de ceindre le trône ou d'occuper un rôle éminent dans l'Etat. Il fut donc destiné, dès le plus jeune âge, à une carrière ecclésiastique, en devenant à 8 ans, archevêque de Tolède et cardinal ! Cette "performance" fait de lui le plus jeune cardinal de toute l'histoire Catholique Romaine, s'il vous plaît.
Là, sans doute, et malgré les honneurs, fatigué de sa vie de célibataire, Louis Antoine décida de renoncer aux ordres pour se marier, avec l'autorisation de son frère, Charles III, roi d'Espagne.
Mais les conditions du souverain furent drastiques, et on imagine le drame qu'à pu vivre son frère, blessé dans sa naissance, et déchiré pour l'amour de sa dulcinée.
Louis devait abandonner son statut d'Infant d'Espagne et son prédicat d'Altesse Royale, et ses enfants seraient exclus de la succession au trône, avec l'interdiction de porter le nom de Bourbon !! Ces conditions furent entérinées par la Pragmatique Sanction de 1776, qui interdisait aux membres de la famille royale d'Espagne, de contracter des alliances au-dessous de leur rang princier et sans l'aval du roi, sous peine de perdre tous leurs droits et privilèges d'Infants d'Espagne, avec exclusion de la succession à la Couronne, pour eux et à tous leurs descendants. La Pragmatique Sanction qui excluait le comte et la comtesse de Chinchon de la Maison Royale était conditionnée par le fait que Charles III craignait des motifs juridiques pour la succession de ses fils, Charles et Ferdinand, nés à Naples, et qu'ainsi un vice de forme, puisse leur barrer la voie du trône. Dans ce sens, Charles III, décréta aux membres de sa famille, l'obligation de contracter des alliances avec des maisons souveraines, sous peine de perdre tous les honneurs et privilèges que leur conféraient leurs naissances.
La pilule était vraiment amère, d'ou le début d'une longue disgrâce à la Cour de Madrid.
Portant désormais le titre de Comte de Chinchon, Louis Antoine accueilla à sa petite Cour, lettrés et artistes, ou l'on comptait déjà, le peintre qu'allait devenir Goya.
Son mariage en 1776, avec Marie-Therese de Vallabriga y Rosas, pourtant de très bonne noblesse, mais de rang inégal, donna naissance à 3 enfants, dont Marie-Therese, comtesse de Chinchon, en 1779.
Marie-Thérèse, deuxième de la fratrie, dont deux garçons, ne portait pas le nom de Bourbon, que leur oncle leur avait iniquement enlever.
Elle était donc dénommée, Maria-Teresa, Carolina y Vallabriga, y Farnesia Rosas, Comtesse de Chinchon. Lorsque son père mourut en 1785, alors qu'elle n'avait que 6 ans, elle vécut obscurément dans un couvent de Tolède. Entre-temps, l'intraitable Charles III mourut en 1788, laissant le pouvoir à son fils, le falot Charles IV, et surtout à sa bru, l'impatiente et tortueuse Marie-Louise de Parme, petite-fille de Louis XV.
C'est par le capital truchement de la reine d'Espagne, que la comtesse de Chinchon, à 17 ans, pour son bonheur et son malheur, tout à la fois, va retrouver son rang, ainsi que sa famille, au centre d'une incroyable et machiavélique intrigue de Cour.
À suivre !
Dernière édition par Dominique Poulin le Lun 11 Déc 2017, 06:43, édité 2 fois
Dominique Poulin- Messages : 6905
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Mme de Sabran- Messages : 55162
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Nous languissons de connaître la suite ...
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55162
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Comtesse Diane- Messages : 7399
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Eléonore, je vais tâcher de boucler cette intrigue dans la semaine qui arrive, dans ses péripéties, pour que vous connaissiez, dans la chronologie et ses protagonistes, ses tenants et aboutissants.
Même son de cloche, pour Diane, dans votre impatience.
Même son de cloche, pour Diane, dans votre impatience.
Dominique Poulin- Messages : 6905
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Merci, Domi !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55162
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Dominique Poulin a écrit:
Même son de cloche, pour Diane, dans votre impatience.
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Comtesse Diane- Messages : 7399
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Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Une Intrigue autour de la Comtesse de Chinchon. Acte II.
A travers ce nouveau chapitre, il convient de dresser quelques tableaux, certes sommaires, mais assez précis, pour comprendre la typologie des trois personnages centraux qui vont gravité autour de l'intrigue et du retour à la Cour de la comtesse de Chinchon.
Le premier personnage, sans contestation, est représenté par la reine d'Espagne, Marie-Louise de Parme.
Née princesse de Parme en 1751, elle épouse à 14 ans, en 1765, le prince des Asturies, le futur Charles IV. Princesse plutôt intelligente et vive, mais de tempérament despotique et autoritaire, ses émotions et ses penchants prendront le plus souvent le pas sur le langage de la raison ; cette propension la soumettra à diverses influences, à des comportements et des décisions parfois regrettables. Extrêmement ambitieuse, imbue de sa personne, jalouse et ne supportant pas la contradiction, il ne flaire pas bon de figurer sur la liste de ses ennemis. De plus très rusée et manipulatrice, elle sait feindre, cajoler, avec des accents de mauvaise comédienne, pour ensuite fondre sur sa proie, une fois que sa cible est isolée ou en mauvaise posture. Son mariage avec le futur Charles IV, en 1765, a rapidement été empreint par l'emprise de Marie-Louise, sur un époux faible, peu intelligent, presque uniquement préoccupé de chasse, et qui ne souhaitait rien d'autre, que de vivre en harmonie avec sa femme pour éviter le spectacle de ses crises hystériques dont elle avait le secret. La princesse sera enceinte presque chaque année et mettra au monde 15 enfants. C'est un miracle qu'elle n'aie pas succombé à ces multiples accouchements. Les conséquences sur son corps furent dramatiques. La petite-fille de Louis XV à 15 ans n'était pas jolie, mais on lui accordait du charme et ses intenses yeux noirs, vifs et profonds, passaient pour beaux. Vingt-cinq ans plus tard, alors qu'elle continue à encore donner naissance à des enfants, son apparence, malgré les fards et les toilettes dont elle était psychologiquement dependante, laisse un véritable malaise. L'ambassadeur de Russie à Madrid, Zinoviev, écrit à sa Cour :
"Des accouchements répétés, des indispositions fréquentes et peut-être même un germe d'une maladie qu'on dit héréditaire, l'ont complètement flétrie ; son teint olivâtre et la perte de ses dents, pour la plupart remplacées artificiellement, ont porte le dernier coup à sa beauté."
En ce qui concerne le roi Charles IV, les qualificatifs d'honnêteté et de bonté attachées à sa personne, masquent mal les carences dont le monarque est affecté. Laissons la parole, à un secrétaire d'ambassade à l'intention de Talleyrand, qui peint en quelques mots, un portrait image, mais probablement assez proche de la vérité : "C'est un honnête homme ; toutefois je ne puis lui accorder d'autres notions que celles d'un bon garde-chasse qui sait piquer son lièvre, faire une omelette et quelquefois du boudin ; il est sans instruction absolument, et ne se mêle jamais des affaires de l'État" tandis que l'ambassadeur de Russie note "Son éducation fut si négligée qu'on ne peut espérer le voir acquérir avec le temps des connaissances sérieuses. Sans éducation, ni caractère, il sera toujours sous la dépendance des autres."
De fait, et dès l'avènement des nouveaux souverains en décembre 1788, un troisième personnage, au coeur de notre intrigue, va sortir de l'ombre pour entrer dans la plus vive lumière.
Manuel Godoy, était né en 1767 dans la province d'Estremadure, d'une famille noble, mais sans fortune. Admis aux gardes du corps de la famille royale en 1784, il fut remarqué par Marie-Louise de Parme, qui fut intérieurement éblouie par la beauté juvénile de ce fringuant cavalier. La souveraine, aveuglée d'amour pour son Manuel, ne va cesser de le combler d'une miriade d'honneurs d'autant plus élevés qu'ils étaient peu mérités. En quatre années, de décembre 1788 à novembre 1792, il est hissé de nomination en nomination, au rang de duc d'Alcudia, de Grand d'Espagne et de Premier Secrétaire d'Etat, l'équivalent de celui de Premier Ministre... ! Ces titres, charges et honneurs accordés à une vitesse vertigineuse suscitent la haine de la haute noblesse qui peine à cacher sa fureur.
Qualifier d'erotomanie, les exigences sensuelles de la reine d'Espagne, est peut-être exagérée, mais il est probable qu'elle ne les trouvait pas dans les bras de Charles IV, et à partir des rivages de la quarantaine, son appétence pour les jeunes gens s'accuenta davantage.
Marie-Louise de Parme était parvenue à établir une véritable sujétion psychologique sur son mari. Ce dernier ne désirant rien que la paix dans son couple, et considérant Godoy, envers lui, sa femme et le trône, il s'accomoda parfaitement de la situation, à un degré tel, que cet étrange ménage à trois, fut surnommé en Espagne, "La Trinité sur terre..." Villa-Urrutia résume la situation : "Tout son désir est que Marie-Louise ne se fâche pas !"
Mais c'était sans compter la jeunesse de Manuel Godoy, qui au firmament de la faveur, accablé d'hommages obséquieux, ne va pas tarder à susciter les craintes de sa royale maîtresse et protectrice. Maître des sens de la reine d'Espagne, maître de la Cour, premier personnage de l'État pour les affaires, il entend être le maître de sa vie. Et à moins de trente ans, le nouveau duc d'Alcudia, à la sensualité et aux caprices exubérants, est le centre de toutes les femmes, et en particulier d'une, qui avive la jalousie de Marie-Louise de Parme, prête à tout pour garder son cher Manuel auprès d'elle...
À suivre !
A travers ce nouveau chapitre, il convient de dresser quelques tableaux, certes sommaires, mais assez précis, pour comprendre la typologie des trois personnages centraux qui vont gravité autour de l'intrigue et du retour à la Cour de la comtesse de Chinchon.
Le premier personnage, sans contestation, est représenté par la reine d'Espagne, Marie-Louise de Parme.
Née princesse de Parme en 1751, elle épouse à 14 ans, en 1765, le prince des Asturies, le futur Charles IV. Princesse plutôt intelligente et vive, mais de tempérament despotique et autoritaire, ses émotions et ses penchants prendront le plus souvent le pas sur le langage de la raison ; cette propension la soumettra à diverses influences, à des comportements et des décisions parfois regrettables. Extrêmement ambitieuse, imbue de sa personne, jalouse et ne supportant pas la contradiction, il ne flaire pas bon de figurer sur la liste de ses ennemis. De plus très rusée et manipulatrice, elle sait feindre, cajoler, avec des accents de mauvaise comédienne, pour ensuite fondre sur sa proie, une fois que sa cible est isolée ou en mauvaise posture. Son mariage avec le futur Charles IV, en 1765, a rapidement été empreint par l'emprise de Marie-Louise, sur un époux faible, peu intelligent, presque uniquement préoccupé de chasse, et qui ne souhaitait rien d'autre, que de vivre en harmonie avec sa femme pour éviter le spectacle de ses crises hystériques dont elle avait le secret. La princesse sera enceinte presque chaque année et mettra au monde 15 enfants. C'est un miracle qu'elle n'aie pas succombé à ces multiples accouchements. Les conséquences sur son corps furent dramatiques. La petite-fille de Louis XV à 15 ans n'était pas jolie, mais on lui accordait du charme et ses intenses yeux noirs, vifs et profonds, passaient pour beaux. Vingt-cinq ans plus tard, alors qu'elle continue à encore donner naissance à des enfants, son apparence, malgré les fards et les toilettes dont elle était psychologiquement dependante, laisse un véritable malaise. L'ambassadeur de Russie à Madrid, Zinoviev, écrit à sa Cour :
"Des accouchements répétés, des indispositions fréquentes et peut-être même un germe d'une maladie qu'on dit héréditaire, l'ont complètement flétrie ; son teint olivâtre et la perte de ses dents, pour la plupart remplacées artificiellement, ont porte le dernier coup à sa beauté."
En ce qui concerne le roi Charles IV, les qualificatifs d'honnêteté et de bonté attachées à sa personne, masquent mal les carences dont le monarque est affecté. Laissons la parole, à un secrétaire d'ambassade à l'intention de Talleyrand, qui peint en quelques mots, un portrait image, mais probablement assez proche de la vérité : "C'est un honnête homme ; toutefois je ne puis lui accorder d'autres notions que celles d'un bon garde-chasse qui sait piquer son lièvre, faire une omelette et quelquefois du boudin ; il est sans instruction absolument, et ne se mêle jamais des affaires de l'État" tandis que l'ambassadeur de Russie note "Son éducation fut si négligée qu'on ne peut espérer le voir acquérir avec le temps des connaissances sérieuses. Sans éducation, ni caractère, il sera toujours sous la dépendance des autres."
De fait, et dès l'avènement des nouveaux souverains en décembre 1788, un troisième personnage, au coeur de notre intrigue, va sortir de l'ombre pour entrer dans la plus vive lumière.
Manuel Godoy, était né en 1767 dans la province d'Estremadure, d'une famille noble, mais sans fortune. Admis aux gardes du corps de la famille royale en 1784, il fut remarqué par Marie-Louise de Parme, qui fut intérieurement éblouie par la beauté juvénile de ce fringuant cavalier. La souveraine, aveuglée d'amour pour son Manuel, ne va cesser de le combler d'une miriade d'honneurs d'autant plus élevés qu'ils étaient peu mérités. En quatre années, de décembre 1788 à novembre 1792, il est hissé de nomination en nomination, au rang de duc d'Alcudia, de Grand d'Espagne et de Premier Secrétaire d'Etat, l'équivalent de celui de Premier Ministre... ! Ces titres, charges et honneurs accordés à une vitesse vertigineuse suscitent la haine de la haute noblesse qui peine à cacher sa fureur.
Qualifier d'erotomanie, les exigences sensuelles de la reine d'Espagne, est peut-être exagérée, mais il est probable qu'elle ne les trouvait pas dans les bras de Charles IV, et à partir des rivages de la quarantaine, son appétence pour les jeunes gens s'accuenta davantage.
Marie-Louise de Parme était parvenue à établir une véritable sujétion psychologique sur son mari. Ce dernier ne désirant rien que la paix dans son couple, et considérant Godoy, envers lui, sa femme et le trône, il s'accomoda parfaitement de la situation, à un degré tel, que cet étrange ménage à trois, fut surnommé en Espagne, "La Trinité sur terre..." Villa-Urrutia résume la situation : "Tout son désir est que Marie-Louise ne se fâche pas !"
Mais c'était sans compter la jeunesse de Manuel Godoy, qui au firmament de la faveur, accablé d'hommages obséquieux, ne va pas tarder à susciter les craintes de sa royale maîtresse et protectrice. Maître des sens de la reine d'Espagne, maître de la Cour, premier personnage de l'État pour les affaires, il entend être le maître de sa vie. Et à moins de trente ans, le nouveau duc d'Alcudia, à la sensualité et aux caprices exubérants, est le centre de toutes les femmes, et en particulier d'une, qui avive la jalousie de Marie-Louise de Parme, prête à tout pour garder son cher Manuel auprès d'elle...
À suivre !
Dominique Poulin- Messages : 6905
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Malheureuse Espagne, avec un couple royal de cet acabit ! ...
J'entends d'ici les dents de Godoy rayer le parquet .
J'entends d'ici les dents de Godoy rayer le parquet .
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55162
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7399
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Localisation : TOURAINE
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
La reine surtout ! Goya n'avait pas le pinceau complaisant .
Comment a-t-elle pu garder pour portrait officiel un tableau sur lequel elle est aussi affrrrrreuse ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55162
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Marie-Louise de Parme a près de cinquante ans, en 1800, peinte par Goya, dans son célèbre portrait "Charles IV et sa famille" !.
Voyez le pauvre visage de la reine, à la mâchoire déprimée, car édentée.
Le petit garçon, était notoirement considéré, comme le fils de Godoy. Lady Holland, dans une lettre, parle de "ressemblance choquante" avec l'omnipotent favori.
Voyez le pauvre visage de la reine, à la mâchoire déprimée, car édentée.
Le petit garçon, était notoirement considéré, comme le fils de Godoy. Lady Holland, dans une lettre, parle de "ressemblance choquante" avec l'omnipotent favori.
Dernière édition par Dominique Poulin le Mar 12 Déc 2017, 16:39, édité 1 fois
Dominique Poulin- Messages : 6905
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Dominique Poulin a écrit:Marie-Louise de Parme à près de cinquante ans, en 1800, peinte par Goya, dans son célèbre portrait "Charles IV et sa famille" !.
Voyez le pauvre visage de la reine, à la mâchoire déprimée, car édentée..
Oui, sans doute ...
Elle a commencé par être jeune.
Comme voici :
Dominique Poulin a écrit:
Le petit garçon, était notoirement considéré, comme le fils de Godoy. Lady Holland, dans une lettre, parle de "ressemblance choquante" avec l'omnipotent favori.
Il y a de grandes chances en effet .
Avec un amant attitré, affiché, adoubé par le mari, c'est fatal .
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Mme de Sabran- Messages : 55162
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
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Comtesse Diane- Messages : 7399
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Et très habile physiquement, le God’
Gouverneur Morris- Messages : 11604
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Madre de Dios !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55162
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7399
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
C'est un festival !
Nous piaffons d'impatience en attendant la suite, cher Dominique !!!
Nous piaffons d'impatience en attendant la suite, cher Dominique !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55162
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
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Mme de Sabran- Messages : 55162
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Domi, vous êtes réclamé ici !!! ... à cor et à cris !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55162
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Je consulte mes sources pour présenter quelque chose de correct Eléonore ; dans cette optique, si Manuel Godoy fut un gigolo au début, je ne vois pas d'autre mot plus adapté à son cas au début de sa liaison, avec la reine, il était aussi loin d'être sot. Certes sa nomination de Premier Secrétaire d'Etat en 1792, laisse sans voix, mais enfin le gouvernement, l'administration madrilène ont continué à fonctionner, sans drame. La problématique de l'Espagne, entre 1789 et la période Napoléonienne, repose sur son positionnement avec ses relations ambiguës avec Paris qui dicte des décisions et Madrid qui cherche des atermoiements pour gagner du temps et sauvegarder son indépendance.
Quant à la comtesse de Chinchon, sortie de la disgrâce grâce à son mariage avec Godoy, il en sera question dans le troisième acte. Celle-ci sera directement concurrencée et supplantée dès le début, car vous vous doutez bien, que ce mariage n'était qu'une combinaison de Cour.
Or Godoy, n'aimait ni la reine d'Espagne, ni la comtesse de Chinchon, mais une autre !
Patience, je ne veux pas présenter quelque chose de trop approximatif.
Quant à la comtesse de Chinchon, sortie de la disgrâce grâce à son mariage avec Godoy, il en sera question dans le troisième acte. Celle-ci sera directement concurrencée et supplantée dès le début, car vous vous doutez bien, que ce mariage n'était qu'une combinaison de Cour.
Or Godoy, n'aimait ni la reine d'Espagne, ni la comtesse de Chinchon, mais une autre !
Patience, je ne veux pas présenter quelque chose de trop approximatif.
Dernière édition par Dominique Poulin le Mer 13 Déc 2017, 19:03, édité 1 fois
Dominique Poulin- Messages : 6905
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Dominique Poulin a écrit:
Or Godoy, n'aimait ni la reine d'Espagne, ni la comtesse de Chinchon, mais une autre !
... la Maja ? ( vestida y desnuda )
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Mme de Sabran- Messages : 55162
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Gouverneur Morris- Messages : 11604
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
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Mme de Sabran- Messages : 55162
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon
Mme de Sabran a écrit:
Pour attendre Dominique, quelques portrait de Marie-Louise !
Vu sa tête, on est content qu'ils ne s'affichent pas !
Gouverneur Morris- Messages : 11604
Date d'inscription : 21/12/2013
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