Une Intrigue autour de la comtesse de Chinchon

... et la Lupa de castafouine ?

Ha celle là elle suivra Godoy en exil ! A suivre au prochain épisode ! Le dernier !

Oooh, déjà le dernier ?!! Nous aurons fait le tour de tous les protagonistes ?

C'est fou, ce couple royal qui ne peut se passer de Godoy !
Ce type-là devait avoir une espèce de pouvoir, quelque chose de fascinant ...

C'était peut-être la seule personne qui leur parlait sans fards et de ce fait en qui ils avaient aveuglément confiance, d'ou les faveurs incroyables dont il fut comblé.

Ce qui est drôle ( si l'on peut dire ) , c'est que son frère s'était fait jeter de la Cour d'Espagne par Charles III, pour avoir fait des avances à la princesse des Asturies, Marie-Louise de Parme. Elle n'a donc peut-être pas toujours été aussi disgraciée ( avec beaucoup de kilos et d'années de moins ) .

Exact ! Et le frérot de Manuel (Diego ? Je n'ai plus précisément son prénom en tête), a été fortement soupçonné d'avoir été l'amant de Marie-Louise peu de temps l'arrivée de Manuel à la Cour. D'ou son renvoi sous Charles III.  
Le beau-père de la princesse des Asturies se méfiait beaucoup de sa bru ; il avait percé son appétit pour les beaux cavaliers, des regards furtifs de la princesse, quelques négligences, allons savoir...  
Il avait compris aussi sans efforts qu'elle dominait complètement son faible mari, et qu'elle serait au centre du pouvoir une fois sur le trône.
Bon, bon, il y a certaines choses que je peux concevoir pour cette femme. Elle est arrivée de son Parme natal à quatorze ans et les historiens sont unanimes pour décrire son saisissement de la Cour de Madrid ou les distractions n'existaient pour ainsi dire pas, entre un mari obtus et dépourvu d'esprit, un beau-père autoritaire, un entourage peu amène, et une étiquette insupportable. Elle devait demander une autorisation écrite pour sortir dans les jardins ! Pour le moins c'est un comble !  
Je pense qu'elle a dû connaître un ennui atroce pendant vingt trois ans de 1765 à 1788, rythmé par des grossesses non désirées, l'affadissement rapide de ses charmes, et l'habitude de brider ses sentiments et ses désirs.

... brider, brider ... Elle ne bridait pas grand chose apparemment !


Et de ces 15 enfants que Marie-Louise mit au monde, lesquels par le plus grand des hasards furent aussi ceux de Charles IV d'Espagne ?

- Charles Clément d'Espagne (1771-1774).
- Charlotte Joachime d'Espagne (1775-1830), en 1785, elle épousa Jean VI du Portugal.
- Marie Louise d'Espagne (1777-1782).
- Marie Amélie d'Espagne (1779-1798), en 1795, elle épousa son oncle Antoine d'Espagne (1755-1817), fils de Charles III d'Espagne et de Marie--
Amélie de Saxe.
- Charles d'Espagne (1780-1783).
- Marie-Louise d'Espagne (1782-1824), en 1795, elle épousa Louis de Bourbon, prince de Parme, nommé roi d'Etrurie par Napoléon Ier qui avait confisqué ses états.
- Charles d'Espagne (1783-1784)
- Philippe François d'Espagne (1783-1784)
- Ferdinand (1784-1833) marié en premières noces en 1803 à sa cousine Marie-Antoinette, fille de Ferdinand IV, Roi de Naples et de Sicile et de -
Marie-Caroline d'Autriche (1783-1806) puis en 1816, à sa nièce Isabelle de Portugal (1797-1819), puis en 1819, à sa cousine Marie-Josèphe de Saxe (1803-1829), puis en 1829, à sa nièce Marie-Christine des Deux-Siciles (1806-1878).
- Charles de Bourbon (1788-1855), « comte de Molina », en 1816, il épousa sa nièce Françoise de Portugal (1800-1834), (postérité). Veuf, il épousa en 1838, la sœur de son épouse Thérèse de Portugal (1793-1874)
- Marie Isabelle d'Espagne (1789-1848), en 1802, elle épousa François Ier des Deux-Siciles.
- Philippe d'Espagne (1791-1794)
- Philippa d'Espagne (1792-1794)
- François de Paule d'Espagne, (1794-1865), infant d'Espagne, marié à Louise des Deux-Siciles (postérité).

( Il m'en manque ! )

Tous ces enfants ne sont pas désirés Eléonore c'est évident !
Le compte de ces enfantements est effrayant, j'en conviens !
Pas étonnant qu'elle devint vieille et édentée avant l'âge.

Pour les trois ou quatre derniers, la paternité de Charles IV vacille oui.

Je vous trouve optimiste !

La chronique française de sa vie - je n'ai pas accès aux sources espagnoles hélas - dit qu'elle fut étroitement surveillée des années durant, d'une par le système quasi carcéral de l'étiquette espagnole, et de deux par l'influence tatillonne de son beau-père Charles III, mais qu'elle parvint à desserrer l'etau de cette surveillance durant la décennie 1780. Après difficile de connaître les faits et gestes au quotidien de cette princesse ; les sources françaises sur sa vie avant 1788 sont pauvres.

Dominique Poulin a écrit:
Après difficile de connaître les faits et gestes au quotidien de cette princesse .

La pureté dynastique c'est le cadet des soucis .

Tous ces enfants, ou presque la majorité d'entre eux, meurent en bas âge .
C'est terrifiant !
Les femmes enduraient grossesses et accouchements à répétition, pour mettre au monde de pauvres gosses qui ne survivaient pas .

Reconnaissons à Godoy que, lorsque Marie-Louise meurt à Rome d'une pneumonie , le 2 janvier 1819,   il ne quitte pas son chevet jusqu'à la fin.
 Bon ! ce n'était pas un ingrat.
Charles IV, quant à lui, est à Naples à ce moment-là .


La reine rend son dernier soupir au Palazzo Barberini, que voici :

Oui, Eléonore, la mortalité infantile à l'époque   est stupéfiante ! Marie-Louise, toujours princesse des Asturies en 1783, eut des jumeaux. Elle fait coup double si je puis dire, car mariée depuis 1765, ses deux fils précédents sont morts. Et bien patatras ! Les jumeaux décèdent la même année !! Il faudra attendre l'année suivante pour que naisse un héritier, Ferdinand, qui enfin s'accrochera à la vie.
Mais à y regarder de plus près, ce n'est sans doute pas surprenant. Le couple princier a une consanguinité commune très forte. Marie-Louise a pour père, Philippe de Bourbon Duc de Parme, fils de Philippe V et le propre grand-père de Charles IV !! Et il y a sans doute d'autres rameaux consanguins dans leurs veines ! Alors pour les enfants qui naissent, n'en parlons pas ! Ceux qui survivent, sont laids, difformes, hébétés, bizarres...  
Je pense sincèrement que Marie-Louise a été fidèle à Charles IV environ pendant vingt ans pour les raisons que j'évoque plus haut. Après oui, et du vivant même de Charles III, c'est une autre affaire... Son beau-père renvoie le propre frère de Manuel Godoy des gardes du corps pour avoir serré de trop près  la princesse des Asturies. Idem pour le comte de Teba, ancêtre de l'impératrice Eugénie, qui sera prié de quitter la Cour.

Dominique Poulin a écrit: Le couple princier a une consanguinité commune très forte. Marie-Louise a pour père, Philippe de Bourbon Duc de Parme, fils de Philippe V et le propre grand-père de Charles IV !! Et il y a sans doute d'autres rameaux consanguins dans leurs veines ! Alors pour les enfants qui naissent, n'en parlons pas ! Ceux qui survivent, sont laids, difformes, hébétés, bizarres...  
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C'est effroyable !
En somme, les petits bâtards avaient plus de chances d'être réussis que les enfants légitimes ...

Pour vous, cher Dominique , cette petite carte figurant dans l'exposition Picasso rose et bleu que l'on peut admirer au Musée d'Orsay ces jours-ci:

Dominique Poulin a écrit:

Pour récapituler, Manuel Godoy avait 3 frères et deux sœurs :

- José
- Diego, duc d'Almodovar del Campo.
- Luis
- Maria-Antonia, marquise de Blanchiforte.
- Maria-Romana

Les Souvenirs diplomatiques de Lord Holland me conduisent maintenant jusqu'en Espagne, où je vous retrouve Domi.
Il est ici question du futur Prince de la Paix, Manuel Godoy.

Au nombre des amants de la princesse des Asturies que Charles III avait de temps en temps éloignés de la cour, se trouvait un jeune garde-du-corps, du nom de Godoy, natif de Badajoz. Son jeune frère, don Manuel Godoy, servait dans le même corps, et se chargea de faire parvenir les lettres d'amour que son frère exilé adressait à sa royale maîtresse. Mais la passion de celle-ci n'était pas de nature à se contenter longtemps des protestations de tendresse d'un amant absent. Don Manuel pensa peut-être qu'il servirait les intérêts de son frère, comme il servit incontestablement les siens, d'une manière plus efficace en suivant l'exemple plutôt que les recommandations de l'exilé. Bref il supplanta son frère dans les affections de sa maîtresse, et à l'avènement de Charles IV, il était connu par toute la cour comme l'amant en titre de la nouvelle reine. Le comte Florida Blanca avait trop de sagacité pour ne pas pénétrer le caractère du jeune favori; il reconnut, à son grand chagrin, que les honneurs et les distinctions ne suffiraient pas à contenter Godoy, et que celui-ci visait au moins à une part du pouvoir politique.

Lord Holland poursuit :

Godoy, en quête d'une occasion pour faire sentir son importance, en différant d'opinion avec le premier ministre, comprit que les instances des puissances étrangères, les excès croissants de la démocratie française et l'opinion nationale et religieuse de l'Espagne ne tarderaient pas à rendre la guerre inévitable; il la soutint dans le conseil, et se rendit ainsi agréable à un parti puissant et en voie de progrès. On dit que d'Aranda, s'aveuglant sur les conséquences de son dédain, et oubliant les raisons qui l'avaient déterminé à se prêter à l'avancement du jeune favori, ne put contenir sa surprise quand Godoy s'aventura à avoir une autre opinion que la sienne, et qu'il traita le conseil et le conseiller avec la plus grande hauteur et le plus parfait mépris. Si cela est vrai, d'Aranda se faisait d'étranges illusions sur son crédit. Sa politique pacifique, quoique raisonnable, fut facilement renversée, les Grands par peur et le vulgaire par fanatisme applaudirent le favori qui attaquait cette politique.

L'exécution de Louis XVI sembla lui donner raison...

Elle sont bien fumeuses ces intrigues autour de la comtesse de Chichon