Madame de Tourzel, le corps et la sépulture de Louis XVII au château de Sourches

Dans notre sujet biographique consacré à Louise-Elisabeth de Croÿ d'Havré, duchesse de Tourzel, et plus précisément en évoquant son château de Sourches, était inséré le lien d'un document en ligne, publié par les propriétaires actuels, qui évoque la longue l'histoire de ce domaine.

Et au sujet du temps où il était la propriété de Mme de Tourzel, nous pouvons lire ce paragraphe...



A la mort du dauphin, à la prison du temple le 8 juin 1795, la marquise de Tourzel reçut la permission d’aller voir le petit cadavre et le reconnut formellement , bien avant que les récents tests ADN ne confirmassent cette vérité historique.
"Il y des signes, avait elle dit en le voyant, qui ne peuvent pas tromper une mère".

Ce témoignage essentiel disqualifie tous les survivantistes et partisans de Naundorf et autres imposteurs.
Et c’est là que commence la légende.

Selon la tradition familiale, la marquise de Tourzel aurait racheté à prix d’or le corps du dauphin au fossoyeur du cimetière de Sainte Marguerite afin de lui donner une sépulture décente et chrétienne dans l’un de ses châteaux Abondant ou Sourches.

* Source : http://www.chateaudesourches.com/wp-content/uploads/2016/03/CHATEAU-DE-SOURCHE.pdf


Le château de Sourches


Le château d'Abondant (voir notre sujet ICI)


Parmi les nombreuses légendes, rumeurs, et autres récits autour de la mort de Louis XVII, je crois être passé à côté ou plutôt ai-je oublié cet épisode... "Tourzel" !    

Madame de Tourzel et l'identification du corps de Louis XVII  

Que nous dit-elle dans ses Mémoires ?
Après avoir été au préalable en contact avec Gomin et Lasne (les commissaires du Temple, en charge de la "surveillance" du dauphin), et ayant eu connaissance des interventions de Desault et Pelletan, les derniers médecins qui tentèrent d'adoucir les souffrances de l'enfant mais sans pouvoir le sauver...



Je la cite :

Voici ce que j'appris au Temple concernant le jeune roi, dont je parlais souvent à Gomin et à Lasne.
Je joindrai à ces détails le récit de sa mort et des précautions que je pris pour m'assurer de sa réalité, dont je ne puis conserver le plus léger doute.
Il me paraît utile d'en donner la preuve à ceux qui liraient ces Mémoires.
(...)

Ne pouvant plus soutenir l'idée d'une perte qui m'était aussi sensible, et conservant quelques doutes sur sa réalité, je voulus m'assurer positivement s'il fallait perdre tout espoir.

Les rumeurs de substitution étaient déjà là, avant et immédiatement après la mort de Louis-Charles.
Elle poursuit :

Je connaissais depuis mon enfance le médecin Jeanroi ; vieillard de plus de quatre-vingts ans, d'une probité peu commune et profondément attaché à la famille royale.
Il avait été choisi pour assister à l'ouverture du corps du jeune roi ; et pouvant compter sur la vérité de son témoignage comme sur le mien propre, je le fis prier de passer chez moi.

Elle ne s'est donc pas rendue au Temple !
Où, nous le savons, de nombreuses précautions avaient été prises avant le décès, mais surtout dès après la mort de l'enfant : décédé le 8 juin, autopsié le 9 et rapidement inhumé, en secret, le 10 juin.
Elle raconte encore :

Sa réputation l'avait fait choisir par les membres de la Convention pour fortifier de sa signature la preuve que le jeune roi n'avait point été empoisonné.
Ce brave homme refusa d'abord de se rendre au Temple pour constater les causes de sa mort, les avertissant que, s'il apercevait la moindre trace de poison, il en ferait mention au risque même de sa vie : "Vous êtes précisément l'homme qu'il nous est essentiel d'avoir, lui dirent-ils, et c'est pour cette raison que nous vous avons préféré à tout autre."

Ils n'avaient pas eu besoin d'employer le poison ; la barbarie de leur conduite vis-à-vis d'un enfant de cet âge devait immanquablement le conduire au tombeau.
Sa bonne constitution prolongea son supplice ; la malpropreté dans laquelle on le laissait volontairement, et le défaut d'air et d'exercices, lui avaient dissous le sang et vicié toutes les humeurs.
(…)


Louis XVII dans la prison du temple
Par Henri de Caisne (1799-1852)
Huile sur toile, 1851

Je demandai à Jeanroi s'il l'avait bien connu avant son entrée au Temple.
Il me dit qu'il l'avait vu rarement, et ajouta, les larmes aux yeux, que la figure de cet enfant, dont les ombres de la mort n'avaient point altéré les traits, était si belle et si intéressante, qu'elle était toujours présente à sa pensée, et qu'il reconnaîtrait parfaitement le jeune prince si on lui en montrait un portrait.
Je lui en fis voir un frappant que j'avais heureusement conservé.
"On ne peut s'y méprendre, dit-il, fondant en larmes, c'est lui-même, et on ne peut le méconnaître."


Reliquaire des souvenirs de la famille royale conservés par la duchesse de Tourzel
Collection du Musée Carnavalet, Paris

Ce témoignage fut encore fortifié par celui de Pelletan, qui, appelé chez moi en consultation quelques années après la mort de Jeanroi, fut frappé de la ressemblance d'un buste qu'il trouva sur ma cheminée avec celle de ce cher petit prince ; et quoiqu'il n'eût aucun signe qui pût le faire reconnaître, il s'écria en le voyant : "C'est le Dauphin ; ah ! qu'il est ressemblant !" et il répéta le propos de Jeanroi : "Les ombres de la mort n'avaient point altéré la beauté de ses traits".
Il ajouta qu'il ne l'avait vu que bien peu, qu'il était mourant, insensible à tout, excepté aux soins qu'on lui rendait, dont il était encore touché.


Portrait de Madame de Touzel, le buste de Louis XVII sur sa cheminée

Il m'était impossible de former le plus léger doute sur le témoignage des deux personnes aussi recommandables. Il ne me restait plus qu'à pleurer la mort de mon cher petit prince.
Je le fis encore avec plus de certitude, lorsque le hasard me fournit une dernière preuve, qu'on pouvait regarder comme irrécusable, même avant le témoignage de Pelletan.
(…)


Portrait de Philippe-Jean Pelletan (1747-1829)


Conclusion :

Madame de Tourzel n'a pas vu le corps de l'enfant mort au Temple, quoiqu'elle dise donc, dans ses Mémoires, être persuadée qu'il s'agit de Louis XVII.

* Le Jeanroi qu'elle cite est Nicolas-Dieudonné Jeanroy, professeur à l'Ecole de médecine.
En compagnie de son confrère Pierre Lassus (enseignant à l'Ecole de Santé, ancien chirurgien des filles de Louis XV, sera plus tard nommé à la charge honorifique de chirurgien consultant de l’Empereur Napoléon), ils assisteront les docteurs Philippe-Jean Pelletan et Jean-Baptiste Dumangin lors de l'autopsie du corps de l'enfant.  


A suivre, la seconde interrogation soulevée par cette note, publiée sur le site internet du château de Sourches....

  Les cendres de Louis XVII, ou celles de l'enfant mort au Temple (pour ceux qui préfèrent cette formulation) peuvent-elles être au châteaux de Sourches ou celui d'Abondant ?

A mon avis, le corps de Louis XVII est à St Denis. Sur ordre secret de Louis XVIII.
A moins que par un tour de passe-passe, le guillotiné n'ait pas été "Louvel" !

Tu m'en diras tant ! 

Peut-être la marquise de Tourzel réussît-elle à se procurer des reliques de Louis-Charles (telles que des cheveux par exemple) par l'entremise de ses derniers médecins ? ... ce qui pourrait éventuellement expliquer la rumeur sur les cendres de Louis XVII inhumées dans l'un de ses châteaux.
Les reliques exposées à Carnavalet proviennent bien de Mme de Tourzel...

La suite donc, et comme le précise la note du site internet du château de Sourches déjà citée   :

Selon la tradition familiale, la marquise de Tourzel aurait racheté à prix d’or le corps du dauphin au fossoyeur du cimetière de Sainte Marguerite afin de lui donner une sépulture décente et chrétienne dans l’un de ses châteaux Abondant ou Sourches.

* Source : http://www.chateaudesourches.com/wp-content/uploads/2016/03/CHATEAU-DE-SOURCHE.pdf

Les cendres de Louis XVII, ou celles de l'enfant mort au Temple (pour ceux qui préfèrent cette formulation) peuvent-elles être au châteaux de Sourches ou celui d'Abondant ?

Je vous préviens, n'étant pas suffisamment instruit de toutes les hypothèses, controverses, ni même des connaissances autour de ce sujet, je vais m'en tenir au strict minimum, et à un aperçu de la version officielle (autant que sache, et sauf erreur de ma part  ).

Toujours dans ses Mémoires, Mme de Tourzel, autorisée à rendre visite à Madame Royale encore détenue au Temple, raconte ensuite son émouvante visite, dans l’appartement du roi (où fut enfermé le dauphin), en compagnie de Madame Royale et de sa fille Pauline.
Là, elle dit avoir consulté le « registre des comptes rendus des commissaires »  au Temple, tenu depuis l’incarcération des membres de la famille royale et de ceux qui l'accompagnaient.

Elle précise donc, je cite :

J'y vis, jour par jour, les comptes rendus à la Convention sur les augustes prisonniers.
Ils ne me confirmèrent que trop qu'on ne pouvait raisonnablement conserver le plus léger espoir sur la vie du jeune roi.

Comme je craignais que le temps me manquât, je m'attachai d'abord à examiner ce qui regardait notre jeune roi. J'y vis tous les progrès de sa maladie, les détails de ses derniers moments, et même ceux qui concernaient sa sépulture.


Ainsi donc, Mme de Tourzel dit avoir eu connaissance des "détails qui concernaient sa sépulture".

Le 10 juin 1795, soit deux jours après son décès, l'enfant mort au Temple (soyons prudent ), est dit avoir été inhumé dans l'une des fosses communes du cimetière de l'Eglise Sainte-Catherine.


Le Cimetière Sainte-Marguerite ; emplacement présumé de la tombe de Louis XVII
Par Auguste-Jacques Régnier, 1856
Photo Musée Carnavalet


L'Eglise Sainte-Marguerite aujourd'hui...


Photo : Wikipedia

Je ne rentrerai pas dans les détails, mais évoquerai simplement les nombreuses campagnes de fouilles qui ont eu lieu aux XIXe et XXe siècles, à l'emplacement présumé dans lequel aurait été inhumé le corps de Louis XVII.

Je cite Wiki (article Cimetière de l'église Sainte-Marguerite) :

En novembre 1846, sous le règne de Louis-Philippe, l'abbé Haumet, curé de Sainte-Marguerite, prévoit des travaux dans son église et fait creuser des fondations à cet effet. Parmi les multiples ossements découverts, sont exhumés les restes d'un cercueil en plomb anthropomorphe, contenant des ossements, dont un crâne scié attribué à Louis XVII. (A l'occasion de l'autopsie, les médecins avaient scié et ouvert le crâne de l'enfant)

Exhumé à nouveau en juin 1894...


Inhumation du squelette supposé de Louis XVII, 1894
Photo : Wikipedia


Inhumation du squelette supposé de Louis XVII, 1894
Photo : Wikipedia


Inhumation du squelette supposé de Louis XVII, 1894
Photo : Wikipedia

.....il se révèle après analyse être celui d'un squelette d'adolescent âgé de 14 à 18 ans au moins.

En 1904, le cimetière semble être à nouveau fouillé...


Ancien cimetière de l'église Sainte-Marguerite
Fouilles exécutées par la Commission du Vieux Paris, 11ème arrondissement, Paris.
Janvier et février 1904
Photo et légende Musée Carnavalet

Enfin, en 1979, une énième campagne permet d'exhumer d'autres ossements mais, après analyse, aucun ne semblaient correspondre à ceux d'un enfant de l'âge de Louis XVII au moment de sa mort.

Wikipédia, toujours à l'article Eglise Sainte-Marguerite précise :

Contre la chapelle des âmes du Purgatoire, un caveau édifié en 1894 pour abriter la boîte renfermant les restes de ce squelette (donc celui analysé comme correspondant aux ossements d'un jeune adulte) est signalé par une modeste croix qui porte l'inscription « L... XVII (1787-1795) ».
La dalle porte une épitaphe latine tirée du Livre des lamentations : « Attendite et videte si est dolor sicut dolor meus » (Vous qui passez, voyez s’il est une douleur comme la mienne).


Photo : Wikipédia


Photo : Wikipédia


Photo : Wikipédia


Conclusion

Les ossements de Louis XVII (version officielle : oublions les éventuelles substitutions et autres hypothèses) : n'ont, à ce jour, pas été identifiés et retrouvés.

Le site Wiki (article Louis XVII) nous dit encore :

Sous la Seconde Restauration, Louis XVIII fait rechercher la sépulture de son neveu : l'énigme de « l'enfant du Temple » se développe alors avec les témoignages contradictoires de ceux qui ont assisté à l'enterrement le 10 juin (fossoyeur, concierge du cimetière, abbé …) qui évoquent une inhumation en fosse commune (le corps ne pouvant dès lors plus être identifié), une réinhumation dans une fosse particulière près de la Chapelle de la Communion de l’église, voire dans le cimetière de Clamart.

...ou chez Mme de Tourzel, me direz-vous ?

A suivre...

Louis XVII ou non, un pauvre gosse est mort au Temple, emmuré vivant ...

Fersen ne croyait pas que l'enfant mort au Temple fut Louis-Charles .  
 Il l'écrit dans son Journal après avoir eu connaissance des résultats de l'autopsie :

Le  27  juin  1795,  il  écrit  :  «  La poste  arriva  et  m'apporta   la  fatale  nouvelle  de  la  mort  du  jeune  roi  Louis  XVII.   Cet  événement  me   fit   une   peine  sensible.  C'était  le  dernier  et  seul  intérêt  qui  me  restait  en  France.  A  présent,  je  n'y  en  ai  plus  et  tout  ce  à  quoi  je  tenais  n'existe  plus,  car  je  tiens  peu  à  Madame.  »

Et,  le 7 juillet  : « Il y  a aussi  le procès-verbal  de  l'ouverture  du  corps de  ce malheureux  enfant.  Ce qu'on  y  dit  de la  matière  scrophuleuse  est  plausible  pour  le public,  mais  ne peut  exister  pour   lui.     Son  enterrement  n'était  rien  .  »
Ceci semble indiquer que Fersen ne croyait pas que l'enfant mort au Temple et dont il passait pour  le père,  fût  le  Dauphin.  Fersen  paraît  croire  ailleurs  que  l'enfant  mort  au  Temple  fut  empoisonné.

( Emile Dard, Bonaparte et Fersen )

https://marie-antoinette.forumactif.org/t3768-par-emile-dard-bonaparte-et-fersen?highlight=dard

Mme de Sabran a écrit:
Louis XVII ou non, un pauvre gosse est mort au Temple, emmuré vivant ...

Rien d'autre à ajouter !

Revenons à Madame de Tourzel et aux cendres disparues de Louis XVII : peuvent-elles être au château de Sourches ou au château d'Abondant ?


Procès verbal de l'ouverture du corps du Dauphin Louis XVII
Imprimerie nationale 21 prérial an III (1795), à la tour du Temple.
Signé par le docteur Pelletan
3 pages imprimées
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot


Procès verbal de l'ouverture du corps du Dauphin Louis XVII
Imprimerie nationale 21 prérial an III (1795), à la tour du Temple.
Signé par le docteur Pelletan
3 pages imprimées
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot


Dans ses Mémoires, la duchesse de Tourzel raconte donc l'occasion qu'elle a eue de consulter le "registre des comptes rendus à la Convention" complété régulièrement par les commissaires au Temple (document aujourd'hui disparu, sauf erreur de ma part).
Je la cite à nouveau :   

Comme je craignais que le temps me manquât, je m'attachai d'abord à examiner ce qui regardait notre jeune roi.
J'y vis tous les progrès de sa maladie, les détails de ses derniers moments, et même ceux qui concernaient sa sépulture.

Elle ajoutera, en note :

Le curé de Sainte-Marguerite, feu M. Dubois, m'a dit plusieurs fois et nommément peu de temps avant sa mort, que le suisse de cette paroisse, qui avait été témoin de l'inhumation du jeune roi, ainsi que les porteurs du corps et le fossoyeur, pouvaient donner des renseignements précis sur l'endroit du cimetière où reposaient les cendres du jeune roi.

Qui est ce feu M. Dubois ?

Sur ce site internet nous pouvons lire, en commentaire de ces photos ci-après :
Par permission spéciale du Roi, l’abbé Dubois, curé de Sainte-Marguerite de 1802 à 1817, fut encore inhumé dans le cimetière où figure sa pierre tombale (...)


Tombe de l'abbé Dubois, église Sainte-Marguerite
Photo : C.D.A.S
Site source : https://www.paris.catholique.fr/138-Cimetiere-Sainte-Marguerite.html


Tombe de l'abbé Dubois, église Sainte-Marguerite
Photo : C.D.A.S
Site source : https://www.paris.catholique.fr/138-Cimetiere-Sainte-Marguerite.html

Cet abbé est donc entré en fonction (est-ce le bon mot ? ) dans cette paroisse en 1800 (nous dit la plaque funéraire) ou 1802 (nous dit le commentaire du site internet ).
Donc après l'inhumation du dauphin, comme l'écrit Mme de Tourzel au sujet de leurs entretiens.

Ajoutons qu'elle souligne donc feu M. Dubois. Or nous savons qu'elle écrit ses Mémoires durant la Restauration, et dès lors, pour cette note en tous les cas, nous sommes après 1817 (date de la mort de cet abbé Dubois).
Bref ! Au moment où elle rédige cette note, elle précise donc que des témoins peuvent donner des indications quant à l'emplacement de l'inhumation de Louis XVII.

C'est justement à une période où le roi Louis XVIII fait rechercher cet emplacement précis de d'inhumation de son neveu.


Buste de Louis XVII, représenté en 1790
Exposé au Salon de 1791
Marbre de Louis-Pierre Deseine
Acheté par Louis XVIII en 1817, aujourd'hui à Versailles
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux


Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux


Ce buste horriblement mutilé par les vandales du 10 août a été trouvé et restauré par les soins du jeune Delaroy-Delorme, de Niort (Deux Sèvres).
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux

Période de recherches réelles ou prétendues (c'est comme on voudra), où l'on se perd déjà en conjectures...
Et pour cause, je cite G. Lenotre dans son Louis XVII et l'énigme du Temple :

L'enquête des agents de M. Decazes se heurtait donc aux quatre versions : la fosse commune, l'emplacement désigné par Voisin, celui indiqué par Dusser, et la translation clandestine opérée par Bétrancourt.
Il s'en produisit une cinquième : Toussaint Charpentier, jardinier-chef du Luxembourg, vint déclarer que, trois jours après l'inhumation à Sainte-Marguerite, la bière de l'enfant royal avait été transportée au cimetière de Clamart et enterrée, lui témoin, en présence de quelques membres de comité de la section.

.....


Conclusion : les cendres de Louis XVII peuvent-elles être à Sourches ou à Abondant ?

- Soit notre duchesse nous fait ici, dans cette note, un bon gros mensonge.
- Soit on a traficoté ses Mémoires au moment de leur première publication (rappelons-le, en 1883, soit près de cinquante après la mort de la duchesse).  
- Soit, plus probablement, les cendres de Louis XVII ne sont ni à Sourches, ni à Abondant...

Merci, cher ami, pour cette suite de ton enquête minutieuse .
Pour ma part, je pige couic à toutes ces hypothèses ...

... mais je ne veux pas de ta corde pour autant !

Mme de Sabran a écrit:
Pour ma part, je pige couic à toutes ces hypothèses ...

Roooh !   A quoi cela sert que Ducros se décarcasse...
Elles n'étaient pourtant pas si nombreuses dans ce sujet précisémment, à savoir :

Selon les dires de la note du site internet du château de Sourches "Histoire ou légende",

- Madame de Tourzel a-t-elle vu et identifié, de visu, le corps de Louis XVII ?
Non

- Les cendres de Louis XVII sont-elles inhumées à Sourches ou Abondant ?
Très probablement pas.

That's all...

Bien entendu, si l'on admet comme principe de départ que l'enfant mort au Temple est bien Louis XVII.
Car pour tout le reste : ce sont des tas d'autres sujets ! Desquels, moi non plus, je ne pige rien et que ne souhaite pas même effleurer...

La nuit, la neige a écrit:

Bien entendu, si l'on admet comme principe de départ que l'enfant mort au Temple est bien Louis XVII.
Car pour tout le reste : ce sont des tas d'autres sujets ! Desquels, moi non plus, je ne pige rien et que ne souhaite pas même effleurer...

Oui, c'est ça !
Je fais un pack complet de toutes les hypothèses autour du petit, toutes plus biscornues les unes que les autres ...

Non, non, il ne faut pas...

Encore que, bien évidemment, puisque : pas d'identification disons formelle du corps, pas de sépulture retrouvée, pas de cendres.
Ouf ! Il nous reste le coeur...Mais pitié, c'est une autre histoire.  

Si Mme de Tourzel avait réellement récupéré la dépouille mortelle de Louis-Charles, on peut supposer qu'elle l'aurait avoué à Louis XVIII ainsi qu'à la duchesse d'Angoulême au moment de la Restauration, pour que ce pauvre enfant soit inhumé avec sa mère à Saint-Denis. Mme de Tourzel était, selon  Marie-Antoinette , un exemple de "vertu".  Je ne crois donc pas à l'hypothèse d'un recel du corps de Louis-Charles par Mme de Tourzel.

La "tradition familiale" a sans doute pour origine :
- une extrapolation des mémoires de Mme de Tourzel, qui font état de ses investigations après le décès de Louis-Charles ; et
- le fait qu'elle a réussi à collecter des reliques de cet enfant, aujourd'hui exposées au musée Carnavalet.

Il est curieux de noter que le rapport d'autopsie du défunt du 8 juin 1795 ne signale pas les traces de l'inoculation du Dauphin. Un spécialiste m'a assuré, après être revenu sur un premier verdict, qu'elles auraient du être apparentes.

Ce sujet est commenté ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2959-constatation-sur-l-autopsie-du-corps-de-louis-xvii#85318

il faut préciser que le corps qui se trouvait sous un énorme pot dans le jardin d'ABONDANT était celui de l'enfant mort à BICETRE , dénommé HERVAGAULT !!!!! cette récupération avait été faite, après avoir fait antichambre pendant deux jours aux TUILERIES par PAULINE DE BEARN ..........

lorsque que le DUC DES CARS est venu rechercher dans l'église les restes de Madame DE TOURZEL et autres membres de la famille, il n'a pas manqué de retirer le corps du jardin -
MADAME DE TOURZEL chaque matin après la messe , venait dans ces lieux et tournait autour de l'objet en lisant un livre de prières. Le pot est toujours en place mais vide.

MARIE ANTOINETTE

Ouh !!    
Il va falloir nous en dire un peu plus, chère MARIE ANTOINETTE.  

Contrairement à ce qu'elle écrit dans ses Mémoires, ainsi donc Mme de Tourzel a cru un temps à l'exfiltration de Louis XVII de la prison du Temple ?

ma science sur le sujet vient de MYRIAM DE BEARN et ma visite à ABONDANT ... pour MYRIAM dans son livre "la couronne de silence" ils avaient pendant une période de recherches trouvés dans les archives DES CARS, des documents concernant l'affaire HERVAGAULT !!! ce qui expliquerait le silence des TOURZEL/BEARN........
Dans le jardin d'ABONDANT, lors de ma visite avec la spécialiste du sujet , le corps d'HERVAGAULT avait bien séjourné sous le gros pot à feu et se trouvait après la récupération dans la tombe générale des membres de la Famille, les "nonoss" ensemble.

MARIE ANTOINETTE

Merci MARIE ANTOINETTE...
Je suis si "imperméable" à toutes ces histoires de substitution que j'avais oublié que nous avions déjà parlé de celle-ci.  

 Dans le sujet consacré au château d'Abondant, justement :

MARIE ANTOINETTE a écrit:
...  après avoir fait de longues recherches dans les archives de la Famille et avoir rencontré le dossier "HERVAGAULT" premier "faux" dauphin.

Mme de Sabran a écrit:La duchesse de Tourzel fit construire dans le parc du château un monument en souvenir du dauphin Louis XVII, à la suite de la visite au château d'un nommé Hervagault qui se présenta comme étant Louis XVII. Il ressemblait tellement à "l'enfant du Temple" et donnait des indications si troublantes que la duchesse finit par le croire.

Etant mort à Bicêtre en 1812 la duchesse le fit inhumer à Abondant; une urne en pierre blanche de plus d’un mètre de haut avec deux anses à têtes de béliers, conservée dans une charmille du parc appelée « le Jardin du Roi », pourrait être son monument funéraire; les restes humains qui y furent retrouvés grâce à un écrit trouvé dans un des cercueils exhumés parle duc des Cars en 1902, et transférés à Saint-Symphorien au début du XXe siècle avec que ceux de membres de la famille du Bouchet de Sourches, sont peut-être les siens.

Ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2543-le-chateau-d-abondant-chez-mme-de-tourzel#72001

 Mais surtout dans un sujet entièrement dédié à cette histoire et à Jean-Marie Hervagault, ce mystificateur quasi "professionnel"


Portrait de Jean-Marie Hervagault

Ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2245-un-faux-dauphin-hervagault-et-le-mystere-du-temple


Serait-ce à dire que, dans ses Mémoires, elle passerait donc sous silence ces quelques années de doute entre sa rencontre avec Nicolas Jeanroy, qui lui "confirme" que c'est bien le corps de Louis XVII qu'il a autopsié, et ses entretiens avec Pelletan (qu'elle consultera, dit-elle, quelques années après la mort de Jeanroy) qui, et toujours selon ses dires, lui font renoncer au moindre espoir ?

Pauvre duchesse, quelle déception !
Elle avait certainement un attachement quasi-maternel pour le petit prince, décuplé par la connaissance de son triste sort . Elle croyait veiller sur ses restes comme elle avait veillé sur lui vivant . Et crac ! plus rien ...

Mme de Sabran a écrit:
Pauvre duchesse, quelle déception !  
Elle avait certainement un attachement quasi-maternel pour le petit prince, décuplé par la connaissance de son triste sort . Elle croyait veiller sur ses restes comme elle avait veillé sur lui vivant .  Et crac !  plus rien ...

Certainement, mais c'est très étonnant...

Car avant de rencontrer Pelletan après 1810 donc (date de la mort de ce Jeanroy), et on peut d'ailleurs se demander pourquoi elle rencontre si tard celui qui a signé l'autopsie, elle ne peut ignorer que ce Jean-Marie Hervagault est un multi-récidiviste de l'usurpation d'identités ! Tout de même...

Voir sa biographie Wikipedia dont je cite ces quelques extraits :


Le faux dauphin démasqué
Gravure de 1803  

Condamné le 2 mai 1799 à un mois de prison, il retourna dans l'Ouest, où il comptait mettre à profit sa nouvelle identité d'emprunt. Il fut cependant dénoncé et arrêté en août à Vire, où il écopa, en tant que récidiviste, de deux ans d'emprisonnement.
C'est dans la prison de Vire qu'il prit connaissance d'un nouveau roman de Jean-Joseph Regnault-Warin, Le Cimetière de la Madeleine, qui imaginait l'enlèvement du dauphin de sa prison du Temple.
C'est sous l'influence de cette œuvre de fiction qu'il étoffa les détails de son imposture.
(...)
Hervagault fut arrêté au début de l'année 1802. Condamné le 17 février par le tribunal correctionnel de Vitry à quatre ans de prison pour escroquerie, usurpation de nom et vagabondage, il vit sa peine confirmée en appel par le tribunal de Reims le 3 avril suivant.
Sur la pression de la police, dirigée par Fouché, qui voulait limiter les risques de troubles en l'éloignant de ses partisans (parmi lesquels l'ancien évêque La Font de Savine), Hervagault fut transféré à Soissons puis à Bicêtre et son incarcération fut prolongée : il sera finalement emprisonné jusqu'à sa mort, à l'âge de trente-et-un ans.

Il est donc resté plus de onze années emprisonné (il est décédé en 1812).

Et sans l'avoir jamais rencontré (car comme tu le dis au sujet de son "attachement quasi maternel" l'on peut supposer qu'elle aurait rapidement reconnu un imposteur), elle aurait pourtant décidé d'enterrer sa dépouille chez elle ??  

La nuit, la neige a écrit:

Et sans l'avoir jamais rencontré (car comme tu le dis au sujet de son "attachement quasi maternel" l'on peut supposer qu'elle aurait rapidement reconnu un imposteur), elle aurait pourtant décidé d'enterrer sa dépouille chez elle ??  

Mais oui : c'est à n'y rien comprendre !

Non non; Hervagault a été définitivement emprisonné en 1809. Il fut soldat auparavant.