La vie de la famille royale dans la prison du Temple

Merci Vicq.
Il serait intéressant d'approfondir notre enquête, mais les matériaux pour cela manquent. A creuser.

Oui, car je n’ai plus le détail précis de l’origine de ce dessin. Je sais seulement que je l’ai vu chez Alain Bancel, et à l’expo Louis XVII (c’est là que je l’ai photographié) : il était dans un petit cadre doré à décor de palmettes...

Mme de Sabran a écrit:
Il semble représenter une femme de cinquante ans, aux yeux creux, avec une expression de souffrance en même temps que lointaine, détachée, indifférente, absente.

Dominique Poulin a écrit:Oui, ce document nous montre une femme désemparée et malade. On le saurait à moins. Quel calvaire !  

Je ne suis pas sûr de ce ressenti, pour plusieurs raisons en fait, et qui font d'ailleurs que ce dessin me laisse perplexe.

Tout d'abord, une jeune fille de quatorze ans tracerait-elle ainsi le portrait de sa mère ? Je veux dire, de façon aussi tragique et implacable, et d'ailleurs si "aboutie".
Et une mère se laisserait-elle dessiner ainsi ?

Enfin, quelle peut-être l'histoire de ce dessin ?
A qui Madame Royale l'aurait-elle confié ? Et pourquoi ?
Ce serait presque sordide de confier un portrait de sa mère qui exprimerait tant de détresse.

L'aurait-elle gardé avec elle, jusqu'à sortie du Temple ?
En ce cas, je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne je ne suis pas certain que j'aurais souhaité le conserver, et encore moins le donner à qui que ce soit.

Bref...cela me surprend, tout de même.

Oui, au vu de ce dessin, on peut voir ce qu’on veut bien voir...
En tout cas, on peut dire qu’il ne laisse pas indifférent...
Marie Thérèse comme Madame Elisabeth ont très bien pu « croquer » la Reine au Temple, du moins tant qu’elles pouvaient encore disposer de crayons.
Alors: triste, vieillie, amaigrie: oui, peut-être, si l’on veut...
La Reine porte alors sûrement le deuil. Je trouve pour ma part sa pose plutôt neutre et digne, telle que je me l’imagine dans de telles circonstances...

Vicq d Azir a écrit:
Marie Thérèse comme Madame Elisabeth ont très bien pu « croquer » la Reine au Temple, du moins tant qu’elles pouvaient encore disposer de crayons.  
(...)
La Reine porte alors sûrement le deuil.

J'ai relu, en diagonales, les Souvenirs de Cléry de même que le Mémoire de Madame Royale.
Dès le début de leur incarcération : papiers, crayons, plumes etc. furent interdits aux prisonniers ; de même que les fouilles étaient nombreuses pour découvrir ce qui avait pu être caché à la vigilance des geôliers.

Eh bien alors, je ne sais pas...
Ces 2 portraits ont tout de même bien été dessinés par quelqu’un, je suppose...
Si d’autres ont une idée...

Merci cher Vicq pour ces dessins inédits. J'ai du mal à y reconnaître Marie-Antoinette, mais pourquoi pas ? En tout cas c'est très intéressant. Marie-Antoinette (si c'est elle) est assez mignonne sur le dessin de Mme Elisabeth .

Merci cher Duc d’apprécier ces dessins.
Je pense pour ma part qu’ils sont authentiques. La famille royale avait en effet conservé clandestinement des crayons pour écrire, ce qui explique les petits billets qu’ils continueront d’échanger, même d’un étage à l’autre, ou par l’intermédiaire de Cléry. Rappelons qu’ils se procuraient pour cela du papier en conservant celui qui entourait les bouchons de carafe...
Enfin, on sait que Madame Cléry, qui avait l’autorisation de venir voir son mari, parvenait à faire sortir des ecrits et des petits objets de la Tour, ce qui a très bien pu être le cas de ces deux petits portraits.

J'espère que nous n'avions pas ailleurs ce gros câlin du petit Louis-Charles dans les bras de Louis XVI.
Les proportions de l'enfant sont tout à fait hasardeuses ...

C'était la solution de notre dernière énigme !

Monsieur de Coco a écrit:
En janvier 1794, le déménagement des Simon fait croire à Madame Elisabeth et à sa nièce que Louis-Charles a également quitté le Temple. Elles imaginent qu'il a été remplacé par un mystérieux personnage-"allemand ou étranger"-qu'elles baptisent entre elles du nom biblique de Melchisédic.

Cette anecdote est citée dans Les princes du malheur de Philippe Delorme. J'en avais parlé dans le sujet consacré à ce livre.

Mémoire des livraisons d'eau de Ville d'Avray au Temple par le citoyen Guermont pour le mois de décembre 1792
Archives Nationales

Merci, chère Marie-Jeanne .
Voici un document qui atteste que la famille royale était encore traitée avec quelques égards au Temple.

La reine recevra son eau à la CONCIERGERIE jusqu'au matin de sa mort.

MARIE ANTOINETTE

Présenté prochainement en vente aux enchères...

- Relique de tissu de la chambre de Madame Elisabeth au Temple
Représentant des fleurs dans les tons roses, tiges et parties des feuilles marron.
Au dos, une note manuscrite ancienne, signée, précise la provenance :

“Ce morceau de cretonne, que j'ai le grand plaisir d'offrir à mon ami Paul Roussau, provient d'une bergère de la chambre occupée par Madame Elisabeth, à la prison du Temple.
Il m'a été donné par Mme Blavot, héritière de tous les meubles de la petite tour du Temple, qu'habita jusqu'au 13 août 1792, Mr Barthelemy, archiviste de l'ordre des Templiers. Plusieurs de ces meubles ont été offerts par Mme Blavot au musée Carnavalet.
Les baguettes qui encadrent ce fragment d'étoffe ont la même origine. Paris 8 avril 1928. G. Lenotre”;
12 x 18,5 cm. Époque fin XVIIIe.



* Sources et infos complémentaires : Thierry de Maigret Mdv - Vente Amaury Taittinger, Souvenirs historiques, le 28 juin 2019

Présenté prochainement en vente aux enchères...

- P.S. par 4 membres du Conseil de la Commune de Paris, Paris 18 janvier 1793
demi-page in-fol., en-tête et petite vignette de la Commune de Paris; sous cadre.


Note au catalogue :

Autorisation de fournir une seringue à lavements pour Marie-Antoinette au Temple.

Très curieuse pièce rédigée et signée par BOUCHER-RENÉ du Conseil de la Commune, cosignée par Jean BAUDRAIS, MERCEREAU et Jean-Baptiste MICHONIS.

“Le Conseil autorise le citoyen LAFAGE 1° à fournir une seringue à Marie-Antoinette, à charge par lui de tenir compte du pois de la mauvaise seringue qu'il remporte et 2° à remettre en état et à réparer deux écrans qui étoient dans l'appartemens des femmes”.

* Sources et infos complémentaires : Thierry de Maigret Mdv - Vente Amaury Taittinger, Souvenirs historiques, le 28 juin 2019 [/quote]


Trois jours plus tard, Louis XVI est exécuté...

Si vous souhaitez en savoir plus au sujet des "seringues à lavement", ou clystères, vous pouvez consulter cet article :

Objets d'hier : Clystère

Vous y retrouverez illustrés quelques-uns de ces objets d'hygiène et médecine, et je retiens personnellement cet exemplaire   :

Spoiler:

Sur ce, il est midi, l'heure de déjeuner : bon appétit !

La nuit, la neige a écrit:

Si vous souhaitez en savoir plus au sujet des "seringues à lavement", ou clystères, vous pouvez consulter cet article :

Objets d'hier : Clystère

Vous y retrouverez illustrés quelques-uns de ces objets d'hygiène et médecine, et je retiens personnellement cet exemplaire   :

Spoiler:

Sur ce, il est midi, l'heure de déjeuner : bon appétit !

Mais qui ne céderait pas à la tentation d'un lavement impérial lorsque c'est Biennais qui fournit le clystère ?







(clichés personnels)

En ce qui me concerne, pas de problème, je te le laisse ...

La nuit, la neige a écrit:
“à charge par lui de tenir compte du pois de la mauvaise seringue qu'il remporte

je ne comprends ce que veut dire pas cette partie de la phrase, je suppose que "pois" est mal orthographié pour "poids" (?)
Quelqu'un peut il m'éclairer?  

Gouverneur Morris a écrit:
Mais qui ne céderait pas à la tentation d'un lavement impérial lorsque c'est Biennais qui fournit le clystère ?

Ah ! Merci pour ces images.
Je ne suis pas certain de comprendre l'usage des compartiments de ce meuble, et comment tout ceci fonctionnait...
Mais passons !  

Au sujet de ce type "d'accessoires" pour l'hygiène, je rappelle nos conversations, ici :

Les toilettes lavantes de Marie-Antoinette

Duc d'Ostrogothie a écrit:
Ces WC lavants étaient équipés de différentes manivelles : l'une faisait mouvoir une seringue dont la canule venait pour ainsi dire d'elle-même se placer au centre de la lunette ; une autre amenait, précisément dans la même place, un tuyau percé de mille trous, par lesquels mille petits jets d'eau venaient laver et rafraîchir .

Goguelat a écrit:

je ne comprends ce que veut dire pas cette partie de la phrase, je suppose que "pois" est mal orthographié pour "poids" (?)
Quelqu'un peut il m'éclairer?

Est-ce à dire que ce "fournisseur" devra assumer la "perte financière" du premier objet livré, et qui ne semblait pas convenir ?
En bref, qu'un seul objet et une seule livraison seront facturés à la Commune ?

La nuit, la neige a écrit:Présenté prochainement en vente aux enchères...

- Relique de tissu de la chambre de Madame Elisabeth au Temple
Représentant des fleurs dans les tons roses, tiges et parties des feuilles marron.
Au dos, une note manuscrite ancienne, signée, précise la provenance :

“Ce morceau de cretonne, que j'ai le grand plaisir d'offrir à mon ami Paul Roussau, provient d'une bergère de la chambre occupée par Madame Elisabeth, à la prison du Temple.
Il m'a été donné par Mme Blavot, héritière de tous les meubles de la petite tour du Temple, qu'habita jusqu'au 13 août 1792, Mr Barthelemy, archiviste de l'ordre des Templiers. Plusieurs de ces meubles ont été offerts par Mme Blavot au musée Carnavalet.
Les baguettes qui encadrent ce fragment d'étoffe ont la même origine. Paris 8 avril 1928. G. Lenotre”;
12 x 18,5 cm. Époque fin XVIIIe.



* Sources et infos complémentaires : Thierry de Maigret Mdv - Vente Amaury Taittinger, Souvenirs historiques, le 28 juin 2019

Eh bien, il me semble que nous avons là le même tissu...

Annoncé à l'occasion d'une autre vente aux enchères, organisée trois jours plus tôt :

- Rare souvenir historique de Madame Elisabeth (1764-1794), sœur du roi Louis XVI, provenant de la prison du Temple, composé d’un important fragment d’étoffe en cretonne, à décor de branchages fleuris rouge et noir sur fond écru, provenant du mobilier ayant servi à la Famille royale à la tour du Temple.
Conservé sous verre dans un cadre à baguettes dorées inscrit au dos : « Ce lambeau d’étoffe m’a été donné par Mme. Blavot qui, en sa qualité d’héritière de Barthélemy, archiviste de l’ordre du Temple en 1792, possédait les meubles ayant servi à la famille royale pendant sa captivité à la petite tour du Temple. Ce fragment de cretonne provient d’un fauteuil ayant servi à Madame Elisabeth. Paris, 3 mai 1926. G. (Gosselin) Lenotre. »
Déchirures et taches, en l’état.
Époque Louis XVI.
Fragment : H. 32,5 x L. 45,5 cm. Cadre : H. 40,5 x L. 55,5 cm.



Provenance :

- Jacques-Albert Barthélemy (1745-1813), gardien des archives de l’Ordre de Malte conservées à la tour du Temple, il fut expulsé de son logement lors de la Révolution et dût y laisser une grande partie de ses meubles. Ce mobilier fut réquisitionné pour garnir la prison du Temple pendant la détention de la Famille royale à partir du 13 août 1792. Par la suite, après de longues démarches qui durèrent 3 ans, Barthélemy se vit restituer son mobilier et effets personnels, ayant notamment servi à la Famille royale.
En 1882, la fille de ce dernier décida de mettre en vente une partie de ce mobilier devenu depuis reliques historiques. Les pièces conservées par sa descendance seront remis à Carnavalet par Mme. Gustave Blavot, veuve du petit-fils de J. A. Barthélemy en 1907, et y sont toujours visibles aujourd’hui depuis 1910.

- G. Lenotre, de son vrai nom Louis Léon Théodore Gosselin (1855-1935), historien et auteur dramatique français, spécialiste de la Révolution française et de la Famille royale. Il publia notamment en 1902, « La captivité et la mort de Marie-Antoinette », en 1905, « Le drame à Varennes », en 1920, « Le roi Louis XVII et l’énigme du Temple » suivi d’un grand nombre d’ouvrages historiques sur le sujet. Il fut élu à l’Académie française le 1er décembre 1935. Agé de 77 ans, G. (Gosselin) Lenotre s’éteignit avant de pouvoir siéger.

Références :
Trois autres fragments de cette étoffe sont connus, provenant chacun de la même origine (G. Lenotre) (voir donc juste au dessus   ) : deux se trouvaient dans la collection Alain Bancel, vendus à Drouot, chez Piasa, le 21 mai 2003, sous le n° 230 ; un autre dans la vente de la collection Rousseau, vendu à Toulon le 24 mars 2012, lot 71.

Bibliographie :
Catalogue de l’exposition « Marie-Antoinette, archiduchesse, dauphine et reine », château de Versailles, 16 mai au 2 novembre 1955, p. 232.

* Source et infos complémentaires : Millon MDV - Vente du 25 juin 2019



Au sujet de ce M. Barthélémy, voir nos messages, ici : Le transfert de la famille royale des Tuileries au Temple

La nuit, la neige a écrit:

Eh bien, il me semble que nous avons là le même tissu...

Incontestablement ! Comme quoi les reliques ...

Pour qui aime les reliques, la provenance de celles-ci n'est pas mal du tout...

C'est amusant de voir qu'elles se "retrouvent" en vente au même moment !

La nuit, la neige a écrit:Pour qui aime les reliques, la provenance de celles-ci n'est pas mal du tout...

Oui, elle semble fiable, pour une fois !

puisque nous parlons reliques évoquons un instant la famille royale au Temple

MARIE ANTOINETTE

Nous connaissions cette version conservée au musée Carnavalet pour l'avoir présentée à plusieurs reprises dès qu'il est question d'évoquer Louis XVI à la prison du Temple :

Louis XVI au Temple
Jean-François Garneray (1755 - 1837)
Huile sur toile, 1814
Signé en bas à droite : "f. garnerey / [mot illisible]" ; Sujet présenté eu Salon de 1814
32 x 24,2 cm
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Fut récemment proposée en vente aux enchères, cette autre version :

Portrait de Louis XVI au Temple
Attribué à Jean-François Garneray
Huile sur panneau
47 x 37,5 cm
Image : Sotheby's Paris

Image : Sotheby's Paris