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Le Toucher royal des Ecrouelles

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Message par Mme de Sabran Sam 29 Déc 2018, 23:44

Le Toucher royal des Ecrouelles Captu254

Eh bien, les amis, pour commencer, le mot « écrouelles »  vient  du latin scrofa qui signifie « truie », à cause de l’aspect parfaitement répugnant des symptômes.   affraid
Les écrouelles, ou plus scientifiquement, l'adénopathie cervicale tuberculeuse chronique, est le nom d’une maladie d’origine tuberculeuse provoquant des fistules purulentes localisées sur les ganglions lymphatiques du cou.

Le Toucher royal des Ecrouelles 260px-10

Hein ! quand je vous le disais  ...   Hop!

Du Moyen Âge au XIXème siècle, les rois de France et d'Angleterre sont réputés détenir le pouvoir de guérir les écrouelles par simple contact. Selon la légende, rapportée par Thomas d'Aquin (ou plutôt d'un élève de Thomas d'Aquin ayant complété, à titre posthume, un de ses ouvrages), cette pratique remonterait à Clovis, mais d'après l'historien Marc Bloch, dans son livre Les Rois thaumaturges (1924), Clovis n'a jamais guéri les écrouelles.  

Le Toucher royal des Ecrouelles 478

C'est au Moyen Âge, que le toucher royal apparaît, en liaison avec la dimension sacrée que l'onction du sacre confère au roi.
À l'époque médiévale, le terme « écrouelles » est peu précis et recouvre toute forme d'affection des ganglions, voire toute forme d'affection de la gorge et de la face : goitre, oreillons, etc.    Le Toucher royal des Ecrouelles 1123740815
La pathologie est endémique dans certaines régions d'Europe et fréquente ailleurs ; elle est rarement mortelle, mais suscite le dégoût par les défigurations et les suppurations qu'elle occasionne.

Le rituel comprend un double geste : le toucher direct du malade et le signe de la croix. On décrit Saint Louis comme marmonnant lors du toucher, probablement une prière – la formule « le Roi te touche, Dieu te guérit » n'est attestée qu'à partir du XVIème siècle.

Louis XIV toucha 2400 malades en 1701, 200 000 tout au long de son règne;   Louis XV, 2000 le lendemain de son sacre en 1722 ; Louis XVI, 2400 le jour du sien.

Le Toucher royal des Ecrouelles 479

Louis XIV innove en utilisant le subjonctif « Dieu te guérisse » et non plus « Dieu te guérit » ; il ne doit pas être mis en rapport avec une baisse de la croyance au pouvoir thaumaturgique. La formule reconnaissait à Dieu la liberté de guérir ou de ne pas guérir selon que cela fût utile ou non au malade au plan spirituel, le roi n’apparaissait que comme un intermédiaire.
Il n’a jamais été question d’imputer le pouvoir au souverain mais à Dieu.


Versailles devint un lieu de pèlerinage quand Louis XIV s’y installa définitivement. Les malades étaient accueillis sous les voûtes de l’Orangerie. Le contact avec les scrofuleux était éprouvant du fait du grand nombre des malades à toucher et parce que la maladie pouvait se manifester par des plaies purulentes sur le visage ; en avril 1689, le chroniqueur du Mercure Galant insista sur le fait que Louis XIV, qui pratiqua ce rite toute sa vie, surmontait le dégoût que pouvait lui inspirer le contact répété des malades des écrouelles.
Nous le croyons bien volontiers !  Le Toucher royal des Ecrouelles 808868115

Louis XV, à Pâques 1739, refuse tout net confession, communion et cérémonie rituelle.  Evil or Very Mad  Il ne touchera plus les écrouelles. Auprès d'un peuple resté largement croyant, l'effet politique est désastreux.

Louis XVI rétablit cet usage en 1775. Ce rite réapparut une dernière fois le 29 mai 1825, date du sacre de Charles X qui toucha 121 malades, dont 5 (des enfants) furent déclarés guéris.  Hum !  Wink

Le Toucher royal des Ecrouelles 299

Au début du XVIIème siècle, l'opinion se répand que les écrouelles sont contagieuses. En 1643 à Reims, un hôpital est ouvert pour accueillir les personnes, surtout des enfants, atteints des écrouelles. En mai 1683, Louis XIV accorde à cet établissement, appelé Maison de Saint-Marcoul, des lettres patentes qui constituent la première mesure de lutte antituberculeuse jamais prise par les autorités.

En 1733, dans son ouvrage intitulé Dissertation sur la phtisie, Pierre Desault (1675/1735), docteur en médecine à Bordeaux, est un des premiers à signaler la parenté entre la phtisie pulmonaire et les formes extra-pulmonaires qui portent sur les ganglions cervicaux. Cette parenté ne sera vraiment admise qu'après la découverte du bacille de Koch (1882).

L'on conservait autrefois dans le monastère de Corbeny, situé à six lieues de Reims, les reliques de saint Marcoul, dont la vertu inspirait une grande confiance aux personnes affectées d’humeurs scrofuleuses.

Le Toucher royal des Ecrouelles 2100

Les rois de France invoquaient  la protection de ce saint, pour se préparer à la cérémonie du toucher des écrouelles, qui suivait l’accomplissement du sacre ; mais dans les derniers temps, au lieu de se rendre à Corbeny, ils faisaient transporter la châsse de saint Marcoul à l’abbaye de Saint-Remy de Reims ; et, le plus souvent aussi, le monarque se bornait à ouvrir la neuvaine, qui était continuée par un de ses aumôniers.

C’est ainsi que Louis XVI   king  manda aux religieux de Corbeny par une lettre de cachet :

« Chers et bien aimés, nous avions espéré nous rendre à Saint-Marcoul après la cérémonie de notre sacre, et remplir dans ce pèlerinage, à l’exemple des rois nos prédécesseurs, toutes les oeuvres de piété accoutumées ; mais le sieur Rouillé d’Orfeuil, intendant de notre province de Champagne, s’étant rendu près de nous pour nous représenter, de la part de la province, que les chemins étaient impraticables et le passage de la rivière peu sûr, nous avons bien voulu nous rendre aux prières de la province sur les inconvénients du voyage.
Cependant ne voulant pas manquer à aucune des dévotions qui s’observent en cette occasion, nous voulons et ordonnons que la châsse des reliques de saint Marcoul soit apportée dans l’église de l’abbaye de Saint-Remi de Reims, avec toute la décence convenable, ainsi qu’il en a été usé d’autres fois ; vous donnant avis que nous nous y rendrons le 14 de ce mois, pour remplir tous les exercices de piété et de charité pratiqués par les rois nos prédécesseurs ; car tel est notre plaisir.
»

Après l’ouverture de la neuvaine, le roi, revêtu du manteau et du collier de l’ordre du Saint-Esprit, était conduit dans le parc de l’abbaye pour y toucher les malades, qu’il trouvait rangés par classes de nations dans les allées, et dont la réunion était ordinairement fort nombreuse. Accompagné des princes du sang et entouré des gardes de la manche (  de la manche ? ) , le roi était précédé des gardes de la prévôté, des Cent-Suisses et des gardes du corps. Les deux huissiers de la manche portant leurs masses marchaient devant elle, ainsi que son premier médecin ; et dès que le roi était arrivé, la cérémonie commençait dans l’ordre suivant :
-  Le premier médecin appuyait sa main sur la tête de chacun des malades, dont un des capitaines des gardes tenait les mains jointes.
-   Le roi, la tête découverte, les touchait, en étendant la main droite, du front au menton, et d’une joue à l’autre, formant le signe de la croix, et prononçant ces paroles : Le Roi te touche, Dieu te guérit
-  Le grand-aumônier, qui se tenait toujours près du monarque pendant la cérémonie, distribuait, par ses ordres, des aumônes aux malades qui avaient été touchés.
-   Trois chefs de gobelet se trouvaient à l’endroit où finissait le dernier rang des scrofuleux, ayant trois serviettes fraisées et mouillées différemment, qu’ils tenaient entre deux assiettes d’or, et dont le roi se lavait les mains.
-  Après le toucher des malades, le roi rentrait dans l’église et faisait sa prière auprès de la châsse de saint Remy, que l’on tirait de son tombeau pour le placer dans le chœur, du côté de l’Évangile. Les tambours des Cent-Suisses battaient et le fifre jouait sans interruption pendant l’acte du toucher, qui remplissait quelquefois la plus grande partie de la journée.

Le toucher des écrouelles ne survivra pas en France au sacre de Louis XVI.   Le Toucher royal des Ecrouelles 1123740815
Après avoir été pratiqué à Reims, le 11 juin 1775, il subira une longue éclipse de cinquante ans, en dépit qu’il ait été donné, au milieu d’un immense concours de peuple, avec un éclat qui ne le cédait en rien à la pompe qu’on avait vu déployer aux sacres de Louis XIV et de Louis XV. L’empereur Napoléon, se faisant par le pape en personne, le 2 décembre 1804, sacrer à Notre-Dame de Paris, supprime la guérison des écrouelles du cérémonial dont, avec un soin méticuleux, il ordonne lui-même tous les détails afin d’emprunter le moins possible au rituel monarchique.

Louis XVIII règne sans pratiquer le toucher royal.  
Ben alors !  Tout fout l'camp, ma pauv'dame .   Shocked

Quand Charles X sera, le 29 mai 1825, couronné à la cathédrale de Reims, la cérémonie des écrouelles tiendra moins de place dans les fêtes du sacre (y attirant à coup sûr moins de monde) que la revue de la Garde Nationale et des troupes passée au camp Saint-Léonard, par le roi, au sortir de l’hospice de Saint-Marcoul, où la centaine d’écrouclleux rassemblés laisse bien loin derrière elle le souvenir des milliers de malades touchés par les derniers rois.

Alexandre Lenoble  Le Toucher royal des Ecrouelles 2101
dans sa Relation du sacre de Charles X (1825),  rapporte le lendemain que, « accompagné du Dauphin, de la Dauphine, de la duchesse de Berry, des princesses d’Orléans, du duc d’Orléans, d’une longue suite et d’un nombreux état-major, le roi s’est rendu à l’hôpital de Saint-Marcoul, où Sa Majesté, après avoir fait sa prière à la chapelle, est montée dans la grande salle où se trouvaient rangés environ 120 malades attaqués d’écrouelles. et qui lui ont été présentés par MM. Alibert et Dupuytren. Sa Majesté les a touchés en leur disant : Le Roi te touche, Dieu te guérisse, et un aumônier de service leur a distribué des aumônes ».

Charles X, ne prononçant plus les paroles rituelles des premiers sacres : Le Roi te touche, Dieu te guérit, ne semble-t-il pas douter lui-même de sa délégation divine, de son pouvoir miraculeux de guérison ? N’aurait-il plus simplement que la grâce d’intercession, tout comme saint Marcoul ???!!

De fait, les écrouelleux sont, en 1825, « rangés pour le toucher du roi » aussi rares qu’ils étaient accourus nombreux, au-devant du Béarnais à Paris, au-devant de Louis XIV et de Louis XV à Corbeny, au-devant de Louis XVI à Reims. Et pourtant, combien nombreux étaient les scrofuleux ganglionnaires, au début du XIXe siècle, à l’époque même où le baron Alibert, médecin du roi. rentrant du sacre de Charles X, décrivant la scrofule, la disait endémique, tout comme l’avait fait déjà André du Laurens.
Ajoutons que le même Alibert, médecin de l’hôpital Saint-Louis, professeur de Thérapeutique à la Faculté de Médecine de Paris, reste, et pour cause, dans son enseignement, muet sur le pouvoir de guérison des mains royales, contrairement à tant d’autres archiâtres qui avaient « tenu la tête des écrouelleux » lors du toucher.  Eventaille

Alors, la question se pose, comment les rois ont-ils vécu cette cérémonie ?
À travers le témoignage des contemporains, l'on constate qu’au-delà de la piété que leur inspirait ce rituel (comparable à un pèlerinage pour les malades), leurs préoccupations étaient de nature médicale. Imaginons en effet un individu contraint de toucher plusieurs centaines voire plusieurs milliers de malades arrivant parfois dans un état misérable. Il semble que cette situation ait inspiré un sentiment de dégoût aux courageux thaumaturges. Dégoût que devait amplifier la peur de la contagion.   Shocked
Laissons de côté les questions de préséance et d’étiquette, l'on sait à quel point ce qui touche au corps du souverain est soumis à codification. L’essentiel est ailleurs. Trois serviettes servent successivement à désinfecter les mains du roi (par le vinaigre), à les rincer (par l’eau pure) et à les parfumer (par l’eau de fleur d’oranger). Ces soins prolongent le cérémonial quotidien des pratiques d’hygiène. On lui tend, en effet, une serviette mouillée avant de passer à table afin de se laver les mains .
Il se nettoie le visage et les mains.. Ce souci de la propreté des mains rejaillit, comme on l’a vu, au moment du toucher au point que cette royale attention à la « netteté », comme on disait alors, va bientôt s’insérer dans le cérémonial du sacre .
Ainsi, lors du couronnement de Louis XV :  Le Toucher royal des Ecrouelles 2102
« Trois Chefs de Gobelets se trouvèrent à l’endroit où finissoit le dernier rang des malades que Sa Majesté toucha, ayant trois serviettes fraisées et mouillées différemment, qu’ils tenoient chacun entre deux assiettes d’or, dont le Roi se lava les mains. La première, imbibée de vinaigre, fut présentée par M.le Duc d’Orléans; la seconde, mouillée d’eau commune, par M.le Duc de Chartres; et la troisième, trempée d’eau de fleur d’oranger, par M.le Duc de Bourbon » 
( P.-A.Alletz ,  Cérémonial du sacre des rois de France )

La pratique du lavage des mains, sans doute mise au point sous Louis XIV, s’inscrit désormais dans la cérémonie du premier toucher. Cette attention à la propreté est-elle un indice de défiance des monarques eux-mêmes envers le pouvoir thaumaturgique ? Quelle image donnaient-ils à leur entourage à vouloir s’essuyer les mains de façon méticuleuse ? Croyaient-ils eux-mêmes en leur pouvoir puisqu’ils ne perdaient pas une occasion d’écarter tout risque de contamination et de souillure ?

Certes, l’élimination de la crasse et des mauvaises odeurs occasionnées par le contact d’une population disparate n’est pas en soi un motif suffisant pour considérer que le rituel n’était qu’une mascarade aux yeux de ses principaux protagonistes. Les rois étaient sans doute davantage attachés à leur santé, comme à la démonstration publique de leur piété, qu’à la mise à l’épreuve courageuse de leur croyance au miracle du toucher. Se plier aux contraintes de la cérémonie pouvait se comprendre, mais pour le reste, il ne fallait pas non plus exagérer, d’où peut-être le faible écho du toucher dans les textes de circonstance .

Dès lors, forcément, le thème du « roi thaumaturge » n’a pas vraiment fait florès….   Hop!

Enfin, on établira un dernier parallèle en relevant les similitudes avec une autre cérémonie beaucoup moins connue. Une fois l’an, durant les fêtes de Pâques, le roi devait laver les pieds de treize petits enfants pauvres .
C'est d'ailleurs sur cette scène édifiante que débute le film Un peuple et son Roi que nous avons tous vu récemment .
Louis XVI pousse l'abnégation jusqu'à baiser les petits pieds soigneusement décrassés ...

Le Toucher royal des Ecrouelles 2103

La cérémonie occupe Louis-Dieudonné dès ses premières années,….
Guillaume Du Peyrat a décrit la préparation de la cérémonie :
« Le Mercredy [saint] […] le premier Médecin du Roy, suivy des Chirurgiens et Barbiers, se rendent en un lieu où est assemblé un grand nombre de pauvres ieunes enfans, parmy lesquels on en choisit treize petits les plus agréables, qui sont visités par le premier Médecin, et par les Chirurgiens et Barbiers du Roy, pour voir s’ils sont nets, et n’ont point aucunes fistules ou gales, sur le corps, et notamment aux pieds,[…]. Le Ieudy Sainct dés six heures du matin, ces treize petits pauvres sont menés à la Fourriere, où le Barbier du commun de la maison du Roy leur raze les cheveux, et coupe les ongles du pied à chacun, puis on les fait chauffer, et on leur baille à desieuner, et les officiers de la Fourriere leur lavent les iambes et les pieds avec de l’eau tiède, et des herbes odoriferentes, afin que sa Majesté n’en reçoive aucune mauvaise odeur […]» 
( G. Du PEYRAT, op. cit., p. 774..)

Or, à l’issue du lavement de pieds, le souverain reçoit aussi ses trois serviettes imbibées 

L’État de la France […], op. cit. (1698), p. 102..
Les éléments de comparaison montrent, de manière indiscutable, le haut niveau de sécurité sanitaire atteint au moment de ces rituels exposant le corps du roi à mille dangers. Le soin pris pour laver les enfants nous porte à croire que les scrofuleux auraient subi le même sort si l’effectif avait été limité à une dizaine. À cet égard, on serait tenté de parler d’une « médicalisation » du toucher des écrouelles se greffant sur la dimension religieuse de la cérémonie. Car le roi est avant tout un être de chair et de sang qu’il faut protéger. Ceci est tellement vrai qu’à l’heure où il devient « le Médecin de toute la Terre » , il lui faut songer à sa propre santé avant de prononcer des formules purement rituelles et qui tiennent davantage du transfert symbolique que de la simple proclamation .


https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89crouelles
https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article15034
https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2006-2-page-92.htm

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Message par Mme de Sabran Dim 30 Déc 2018, 12:43


Voici à nouveau la formule sacrée ... mais détournée par le prince de Ligne . Eventaille Eventaille Eventaille

Louis XVI aimait beaucoup à polissonner. C'était au coucher que Sa Majesté se plaisait à nous tourmenter . Il y avait cependant une espèce de tact au milieu de ces jeux grossiers . Un jour qu'il m'étrangla presque par une grosse gaieté, je me fâchai un peu et je lui dis : " Le roi me touche, Dieu me guérisse. "

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Message par Lucius Dim 30 Déc 2018, 13:50

Mme de Sabran a écrit:
Enfin, on établira un dernier parallèle en relevant les similitudes avec une autre cérémonie beaucoup moins connue. Une fois l’an, durant les fêtes de Pâques, le roi devait laver les pieds de treize petits enfants pauvres .
C'est d'ailleurs sur cette scène édifiante que débute le film Un peuple et son Roi que nous avons tous vu récemment .
Louis XVI pousse l'abnégation jusqu'à baiser les petits pieds soigneusement décrassés ...

Le lavement des pieds est une des cérémonies importantes de la liturgie chrétienne, au moins depuis les temps patristiques, et n'est nullement le seul fait des cérémonies royales.
Dans la fin de l'antiquité et le haut moyen-âge, elle est parfois liée au baptême, dans l'église occidentale et orientale. Par la suite elle est surtout fixée au jeudi saint. Les évêques le pratique systématiquement, mais elle s'est aussi pratiquée en paroisse, selon les usages. Dans le monachisme bénédictin cette cérémonie se pratiquait à plusieurs reprise dans l'année liturgique.
Il faut donc y voir à la fois une marque de la piété du souverain, mais plus encore l'assimilation d'une cérémonie épiscopale au rituel royal, participant de l'affirmation de la position du Roi comme "évêque du dehors".
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Message par Mme de Sabran Dim 30 Déc 2018, 15:58


Merci, mon cher petit Lulu ! Very Happy

Lucius a écrit: l'affirmation de la position du Roi comme "évêque du dehors".

Tu veux dire une espèce d'évêque laïque ?! Le Toucher royal des Ecrouelles 1123740815

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Message par Lucius Dim 30 Déc 2018, 17:15

Mme de Sabran a écrit:
Merci, mon cher petit Lulu !  Very Happy

Lucius a écrit: l'affirmation de la position du Roi comme "évêque du dehors".

Tu veux dire une espèce d'évêque laïque ?!  Le Toucher royal des Ecrouelles 1123740815

C'est une expression consacrée depuis le haut Moyen-Âge (attribuée sans preuve à Constantin) souvent employer pour expliquer la place très particulière des souverains catholiques (et orthodoxe) dans l'administration de l'Eglise dans leur domaines, et la place du pouvoir séculier face au pouvoir spirituel. Elle est la marque d'un certain esprit césaro-papiste.

Laïque serait un terme ambiguë à employer pour quelqu'un de sacré, même si ce n'est pas un ordre mineur est n'est pas considéré comme un clerc non plus.
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Message par Vicq d Azir Dim 30 Déc 2018, 23:24

Deux cérémonies équivalentes existent encore aujourd’hui :
- au Vatican: le Pape lave toujours les pieds de douze personnes le jeudi saint. Le Pape actuel a choisi, cette année, de se déplacer dans une prison pour laver les pieds de douze détenus.
- en Angleterre, chaque jeudi saint, la Reine Elizabeth assiste au Royal Maundy Service, dans différentes églises du royaume. A l’issue de la cérémonie, elle distribue des bourses pleines de pièces d’une monnaie particulière, créée pour la circonstance, à des personnes nécessiteuses. Elle ne lave plus les pieds, mais ses ancêtres l’ont fait jusqu’au XVIIIe siècle, quand la cérémonie se tenait encore dans Banqueting House, au Palais de Whitehall à Londres (ce lieu existe toujours, avec son sublime plafond de Rubens. Il peut se visiter...)
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Message par Lucius Dim 30 Déc 2018, 23:45

Vicq d Azir a écrit:Deux cérémonies équivalentes existent encore aujourd’hui :

Le lavement des pieds se pratique encore dans toutes la cathédrales catholiques et orthodoxes et dans de nombreuses paroisses et communautés religieuses, tous les ans.

Quelle est cette monnaie crée spécialement pour les aumônes de la reine ?
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Message par Vicq d Azir Lun 31 Déc 2018, 09:36

Le « royal maundy » ( du français « mendier »), est une cérémonie qui a lieu tous les ans le jeudi saint en Angleterre, en présence du Roi ou de la Reine.
Depuis le règne de Charles II, au 17ème siècle, le souverain remet de la monnaie d’argent consistant en pièces de 1, 2, 3, et 4 pence (bourse bleue), et plus (bourse rouge) à son effigie. Aujourd’hui, ces pièces sont spécialement frappées pour la circonstance. Traditionnellement, la somme remise est égale à l’âge du souverain (ce qui fait actuellement une belle somme...)

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Message par Lucius Lun 31 Déc 2018, 12:13

Merci
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