Hôtel des Invalides

Mr de Talaru a écrit:Au printemps j'ai eu la très grande chance de pouvoir visiter les Invalides avec l'aide de camps du Gouverneur militaire de Paris.
Voici quelques photos reportage que je n'avais encore pas pu mettre à votre disposition.

Mr de Talaru a écrit:
Le petit bâtiment rectangulaire à l'interieur de la cour est là où habitait Parmentier et où il avait son laboratoire et potager.

charenton a écrit:

Invalides. Entrez, allez dans la cour. Au fond à gauche, en haut des belles lanternes



regardez la sixième

Lucius a écrit:N'est-ce pas un loup, ou une louve, en lien avec Louvois ?

LA SIGNATURE CACHÉE DE LOUVOIS

Si vous levez la tête dans la cour d’honneur des Invalides à Paris, vous verrez au niveau des toits un ensemble d’encadrements de fenêtres ovales, richement sculptés, et qu’on appelle des lanternes. Sur la façade à votre gauche quand vous entrez par le grand portail, comptez la sixième lanterne à partir du coin au fond1, et regardez-la bien.
L’hôtel des Invalides à Paris a été construit par Louvois, ministre de Louis XIV. Louvois, comme Colbert, comme tous les ministres du Roi-Soleil, était un monstre d’orgueil, dont l’indéniable compétence et l’énergie n’étaient soutenues que par l’ardent désir de briller. Et lui comme ses collègues souffraient d’être tenus dans l’ombre du roi le plus mégalomane de sa généalogie. Et il y a de quoi, surtout quand on est le principal entrepreneur-concepteur d’un monument aussi grandiose que, précisément, le palais des Invalides, alors le plus grand bâtiment de Paris après le Louvre.


Louvois aurait donc bien aimé laisser sa signature sur son chef-d’œuvre, pour la postérité, par exemple ériger dans la cour d’honneur une statue de lui-même de 10 mètres de haut, « À Louvois, grand entrepreneur de ce munificent palais, Sa Majesté reconnaissante », bon, d’accord, c’est un peu trop, ou alors juste son nom en doré dans un coin, non ? même pas ? Louvois savait que ce n’était pas possible, avec l’autre emplumé prétentieux, son frimeur de patron ne supportant pas le moindre soupçon de velléité de concurrence.
Alors, le ministre se contenta d’apposer ses armes par-ci par-là, dans des écussons, à côté de celles de son souverain. Tss tss, fit le divin monarque en fronçant les sourcils, les Invalides, c’est moi tout seul. Toi, tu n’es qu’un sous-fifre à mon service. Et les armes furent effacées (le roi avait déjà fait la même chose avec Turenne, qui s’était permis une audace du même genre à Saint-Eustache). Louvois se consola en demandant dans son testament que son corps soit inhumé dans le palais après sa mort, ce qui fut fait. Tss tss, refit Sa Majesté quand elle l’apprit, depuis quand les subordonnés sont-ils enterrés dans le carré VIP ? Et le corps fut déplacé. Mais dans le cercueil, le cadavre de Louvois ricanait, car lors de la construction, anticipant la tyrannie tyrannique du tyran, il avait fait la nique à son patron, et celui-ci, malgré toute sa méfiance paranoïaque, ne s’en apercevrait jamais.
La lanterne en question représente un loup qui regarde droit devant lui, les yeux braqués vers la cour, comme pour observer ce qui s’y passe. Et afin de bien insister, ses pattes enserrent l’ouverture de la fenêtre par où l’on regarde. Solution du rébus : loup voit. Le ministre ne s’est peut-être pas élevé à la hauteur de son royal patron, mais il est indéniablement devenu souverain au royaume des calembours faciles.

Bruno Léandri. 101 curiosités historiques cocasses et stupéfiantes pour avoir quelque chose à raconter en toutes circonstances. .epub . Edition. La librairie Vuiber. 75015-Paris.