Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, maréchal et duc de Richelieu

Dès sa naissance, le 13 mars 1696,  que dis-je ! dès sa conception, la vie du futur maréchal de Richelieu est un roman .  En effet, aussitôt le bruit courut dans Versailles qu'à son père, de qui l'impuissance était notoire, s'était adjoint un M. de Charmont diplomate.  Selon le marquis de Bombelles, la mère du petit Fronsac et celle de Voltaire eurent toutes deux le même amant. Voltaire et le maréchal seraient nés de ces feux illicites.  ( Journal de Bombelles , le 12 août 1788 ) .   Toujours est-il que le bébé, né avant terme, était dans un extrême état de faiblesse.   On dut l'envelopper bien au chaud dans du coton.   Le père, furieux des on-dit, voulait écarter les médecins du berceau  et répétait qu'on laissât faire la nature.   La nature fit si bien que  Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, duc de Fronsac puis duc de Richelieu à partir de 1715 ; prince de Mortagne, marquis du Pont-Courlay, comte de Cosnac, baron de Barbezieux, baron de Cozes et baron de Saujon, maréchal et pair de France, allait vivre quatre-vingt-douze ans !


Comme page de la chambre, j’ai été sous ses ordres, écrit le comte d'Hézèques. J’ai vu cet homme extraordinaire qui, pendant trois règnes, dont l’un eut une durée de près de soixante ans, fut le favori constant des rois ; qui, presque au sortir du berceau, vit pleuvoir sur lui la faveur des richesses, les roses de l’amour et les lauriers de la gloire. Je l’ai vu dans ses dernières années ; et, en le conduisant à sa dernière demeure, j’ai vu s’ouvrir pour lui ce fameux caveau de Sorbonne, tombeau de sa famille, où l’ombre du grand Armand semblait s’avancer, encore fière et menaçante, pour recevoir son petit-neveu.




Lors de la Révolution, le bâtiment est saccagé au cours du mois de décembre 1794 : le souvenir de la politique fiscale de Richelieu est si fort que la population parisienne se rue à la Sorbonne pour se venger de ce symbole de ce que l'absolutisme connut de plus féroce.  Le maréchal n'en vit rien, ayant eu la bonne idée de quitter ce monde en 1788.  


L'Église de la Sorbonne en ruine, vers 1800.
Tableau d'Hubert Robert,
musée Carnavalet, Paris.

Richelieu se maria trois fois :

La première,  le 12 février 1711 avec Anne-Catherine de Noailles, « Mademoiselle de Noailles » (1694-1716) fille du marquis de Noailles);
Richelieu n’avait que dix-huit ans quand on le mit la première fois à la Bastille pour ne pas vouloir habiter avec sa femme.   Allez savoir pourquoi ?    
Madame de Maintenon, qui protégeait les deux familles, espérait que cette captivité le corrigerait de cette antipathie et de ses écarts. Mais ni l’ennui, ni la jeunesse, rien ne put l’obliger à céder, malgré la présence et les larmes de sa jolie femme qui, sous prétexte de le consoler, venait dans sa prison lui offrir un moyen de sortir, dont bien d’autres auraient profité.
Nous ne serons pas étonnés que le couple n'ait pas eu d'enfant.


Après la mort de sa première épouse,  le maréchal-duc de Richelieu s'est remarié avec le 7 avril 1734 avec Élisabeth Sophie de Lorraine (1710-1740) dont il eut deux enfants :
-  Antoine (1736-1791), duc de Fronsac ;
-  Jeanne-Sophie (1740-1773), future comtesse Casimir Pignatelli comte de Braine et d'Egmont, duc de Bisaccia, prince de Gavre.
- et puis ce sera la très jeune Mme de Rothe .

Cette troisième épouse pourra dire dans les salons, au XIXème siècle:
" Feu mon époux, qui a très bien connu Louis XIV ,   ...  "

Le duc de Richelieu est un infatigable séducteur, aux innombrables maîtresses, ce qui ne laisse d'étonner la princesse Palatine, mère du Régent :
« ... Toutes les dames sont éprises de lui. Je n'y comprends rien. C'est un petit crapaud que je ne trouve pas gentil du tout. Il ne paie pas de mine, n'a pas de courage, est impertinent, point fidèle et dit du mal de toutes ses maîtresses. Moi je l'appelle le gnome car il ressemble comme deux gouttes d'eaux à un lutin. »

En 1718,  il est l'amant de Françoise de Mailly, vicomtesse de Polignac.  



Maurepas écrit :
« Mme de Polignac a mené dès le commencement de son mariage une vie fort galante. Son mari peut y avoir contribué parce qu’il avait dans le temps pour maîtresse, Mme de Pelleport avec laquelle il a toujours vécu, se souciant peu de la conduite de sa femme qui, de la galanterie, passait à la débauche ».
Mais voici qu'Armande Félicité de la Porte-Mazarin, marquise de Nesle, cousine de la vicomtesse de Polignac par son mariage avec le marquis de Mailly-Nesle jette son dévolu, elle aussi, sur Richelieu.



La marquise a aussi mauvaise réputation que la vicomtesse. Les deux rivales se jalousent, s'affrontent .  Armande, refusant de partager son amant, prend la décision de provoquer la vicomtesse en duel.
Un duel entre femmes ! Un duel en jupon !  
Il a lieu, le 10 septembre 1718, mais au pistolet,   au bois de Boulogne : « Après une révérence préalable, elles tirent chacune un coup de pistolet. Mme de Nesle chancelle, tombe et au même instant l'albâtre de son sein est ensanglanté. »
Elle est blessée à l’épaule.   Le duc, auquel l'affaire est rapportée,  déclare placide :
« Ces dames ont été bien bonnes de se battre pour moi. Je ne sacrifierai pas un de mes cheveux, ni à l’une, ni à l’autre »


The duel between Madame de Polignac And Madame de Nesle.
Google Images

Le retentissement de ce duel est tel que plusieurs autres versions circulent : selon l'une, le duel se fait au couteau devant les Invalides ; selon une autre, il a lieu au Pré-au-Clerc, toujours au couteau.

Colonel du régiment de Richelieu en 1718, Richelieu est commandant en chef du Languedoc de 1738 à 17556.

En mars 1719,  il est gravement compromis dans la conspiration de Cellamare. Les charges retenues contre lui étaient si lourdes que le régent Philippe d'Orléans déclara : « Si M. de Richelieu avait quatre têtes, j'aurais dans ma poche de quoi les faire couper toutes les quatre... ». Et il aurait ajouté : « Si seulement il en avait une...     » avant de le faire libérer sur les instances de sa fille, Mlle de Valois, qui en était follement amoureuse et dut, à cette occasion, faire la promesse de renoncer à l'épouser et, en revanche, d'épouser un prince souverain François III Marie, duc de Modène.

Grâce à la protection de Jeanne-Agnès Berthelot de Pléneuf, marquise de Prie, maîtresse du duc de Bourbon, Premier Ministre en titre après la mort du Régent, il fut nommé ambassadeur à Vienne (1725-1729) puis à Dresde, où il se montra habile diplomate.

Bien que sachant à peine l'orthographe, il fut élu à l'unanimité à l'Académie française le 25 novembre 1720. Il fit écrire son discours de réception par Fontenelle, Campistron et Destouches.
Il exerce une très grande influence au sein de l'Académie, manipulant les élections. Le voici chevalier de l'ordre du Saint-Esprit le 1er janvier 1729 et membre honoraire de l'Académie des sciences en 1731.


En 1743 il fut nommé Premier Gentilhomme de la Chambre et, en 1755, gouverneur de la Guyenne.

La santé du maréchal ne lui permettait plus de faire à la cour son service, parfois assez fatigant, de premier gentilhomme de la chambre. On sait, du reste, qu’il se soignait beaucoup et que l’éclat de ses galanteries lui plaisait autant que la réalité. On se rappelle ces fameux bains de lait qu’il prit à Bordeaux, et qui, pendant un certain temps, dégoûtèrent la ville d’en faire usage, à cause du bruit qu’on répandit que ses valets de chambre le revendaient ensuite.     C’était là une mauvaise plaisanterie renouvelée des âges féodaux. N’avait on pas, en effet attribué la même fantaisie à une demoiselle de Rohan, abbesse de Marqueite, qui aurait fait faire de la soupe à ses religieuses avec le lait dans lequel elle s’était baignée ?

Richelieu ne s'intéressa pas qu'au lait, à Bordeaux ...

Montesquieu y proclamait qu’ « il vaut mieux produire du bon blé en Beauce, et du bon vin à Bordeaux, pour que les Bordelais puissent manger du bon pain, et que les Beaucerons puissent agréablement étancher leur soif ».
La formule du vigneron n’avait pas eu l’heur de plaire aux Intendants du Roi, qui avaient fait arracher, à plusieurs reprises, par les dragons, les vignes nouvellement plantées.

Finalement, Louis XV tranchera en faveur de Montesquieu et des vignerons, grâce à l’entremise de Richelieu, alors surintendant des Menus Plaisirs, et qui cumule cette fonction avec celle de Gouverneur militaire de Guyenne.

C’est ainsi que le vin des Graves, c’est à dire celui de Bordeaux, sera baptisé à Versailles  « la tisane de Richelieu », car le vieux libertin professait lui devoir son inlassable verdeur.

À son entrée à Bordeaux comme gouverneur de la province, le maréchal imagina de faire ferrer ses chevaux avec des fers d’argent attachés simplement avec des clous ; et défense était faite aux valets de ramasser ceux qui pourraient se détacher. Le maréchal de Richelieu fut le vrai modèle des grands seigneurs par cette noblesse et cette magnificence qui conviennent à une grande fortune ; il leur donna cet exemple, comme celui de l’amabilité et des grâces.
( Hézècques )



Homme de guerre valeureux, il combattit avec distinction dans de nombreuses campagnes entre 1733 et 1758, prenant notamment une part décisive à la victoire de Fontenoy (1745). C'est en effet lui, qui eut l'idée géniale et la direction de la manœuvre qui anéantit la colonne de Cumberland alors que tous, jusqu'au Maréchal de Saxe lui-même, s'étaient résolus à la retraite.




Il fut fait maréchal de France le 11 octobre 1748, agrégé au corps des nobles génois, avec faculté de porter les armes de la république le 17 du même mois. Il prit le commandement de l’armée du Hanovre pendant la guerre de Sept Ans au cours de laquelle il gagna le surnom de « Petit Père la Maraude » et fut inventée, selon la légende, la mayonnaise à son effet.
Allons bon, après le lait, le vin, la mayonnaise !  
La mayonnaise, cette sauce d’accompagnement froide à base de jaune d’œuf et d’huile émulsionnée a une origine très controversée.
Voici la plus flatteuse :
Le mot mayonnaise viendrait de Mahón, capitale de Minorque, dans les Baléares, occupée par les Anglais et conquise par l’amiral français Louis-François-Armand du Plessis de Richelieu, dont le cuisinier aurait rapporté la recette .
Une autre version  peut être retenue, son invention fut réalisée par le cuisinier du duc de Richelieu lors de la prise de Port-Mahon le 28 juin 1756.



Mais ce n'est pas tout : gastronome, le maréchal a laissé son nom à un plat, le « boudin à la Richelieu », boudin blanc truffé servi avec des amandes.  



Courtisan jusqu'au bout des ongles, Richelieu exerça une grande influence sur Louis XV, jusqu'à ce que Madame de Pompadour, offensée par son refus de marier son fils, le duc de Fronsac, à sa fille, Mlle d'Étiolles, l'éloigne du Roi sans parvenir pour autant à le priver de tout crédit.
Si la petite avait vécu, elle n'aurait rien perdu à ne pas épouser Fronsac qui, selon le comte d'Hézècques était une vraie catastrophe :
On voyait peu le maréchal à la cour de Louis XVI ; et quand il y paraissait, c’était toujours avec le costume recherché de sa jeunesse. Sa démarche n’avait rien de pénible ; il affectait même une allure sautillante qui contrastait avec celle du duc de Fronsac, son fils, qui pouvait à peine se traîner, tant il était infirme et podagre, avec trente ans de moins que son père. Mais les succès de l’un étaient à la cour ; l’autre cherchait les siens dans la plus vile débauche.

Le père, au contraire, toujours sémillant, courait encore la prétentaine . Il était très lié à Voltaire ( son demi-frère, nous nous en souvenons, selon Bombelles ) qu'il reçut souvent dans ses résidences de Paris, Versailles et Fontainebleau , ainsi qu'au marquis de Villette, chez qui Voltaire vint séjourner ( et mourir ... ), à Paris, quai des Théâtins, en 1778. Là, Richelieu faisait une manière de gentilhomme de la chambre et introduisait les visiteurs auprès du grand homme, parmi lesquels Piccini et Yolande de Polignac, le même jour, le 13 février.

Voltaire n'était pas frais, Richelieu non plus : une manière de momie avec une âme de jeune-homme, car cet homme-là, deux ans plus tard, à quatre-vingt-quatre ans, convole en justes noces ( et troisièmes noces ) avec la fraîche, jeune et jolie Jeanne de Lavaulx (1734-1815), veuve de Rothe, sa cadette de 38 ans qui, par ce mariage, cherchait à faire la fortune de deux enfants : une fille, mariée depuis au marquis de Ravenel, et un fils, page de la chambre.



C'était le 13 février 1780. Le mariage, célébré dans la chapelle de l'hôtel Richelieu (ancien hôtel d'Antin, rue Neuve-Saint-Augustin), fut suivi d'un bal dans le « pavillon de Hanovre, illuminé toute la nuit », et d'un « feu d'artifice tiré dans le jardin devant une foule de curieux qui stationnaient sur les boulevards ».



Le Pavillon de Hanovre tient son nom du commandement que prit le maréchal Richelieu lors de la campagne dans le Hanovre (1756/1757), pendant la Guerre de Sept Ans. Lorsque au retour de campagne, le maréchal eut la fantaisie de faire construire cette petite « folie », la rumeur se répandit qu'elle était payé avec les contributions levées pendant la guerre et les Parisiens lui donnèrent par dérision le nom de « Pavillon de Hanovre ».
Construit de 1758 à 1760 par l'architecte français Jean-Michel Chevotet (1698-1772) dans les jardins de l'hôtel d'Antin, rue Neuve-Saint-Augustin (actuellement boulevard des Italiens), il est démonté en 1932 et remonté dans le parc de Sceaux.

Notre jeune marié a encore huit belles années devant lui, et la verdeur d'un amant très épris :
Ainsi, le marquis de Bombelles note dans son Journal, le 12 juillet 1782:

L'état de santé de cet Alcibiade de notre siècle est une chose merveilleuse. A quatre-vingt-six ans il est encore allant, galant, éloquent et cabalant. Il s'est marié, il y a trois ans, à une femme de trente et quelques années, dont il est ( assure-t-on ) décidément et sous tous les rapports l'époux, quoique de mauvais plaisants eussent dit, le nuit de son mariage, qu'il se ferait un mauvais coup dans la rue de Richelieu .

avec cependant quelques pataquès ....
Bombelles, toujours dans son Journal, le 16 avril 1783 :

Le Maréchal de Richelieu vient de se rétablir, à 87 ans, d'une maladie qui eût tué un jeune-homme. C'est le personnage le plus extraordinaire de notre siècle. Né avec des talents pour tout ce qu'il voulait faire, heureux dans bien des occasions, toujours aimable, jamais honnête (    ) , il a passé des positions éclatantes à des situations où l'humiliation aurait fait mourir tout autre que lui. Ses grâces, la trempe de son esprit, sans le réhabiliter dans la façon de penser des gens délicats, lui ont redonné une place agréable dans la société. Il jouit d'une vieillesse soignée par une femme estimable et qui rassemble autour de lui la bonne compagnie. Il se relève prêt à tomber dans la nuit du tombeau, et les jeunes gens désireux de plaire prennent encore de lui des leçons de cette galanterie aimable qui était de mode il y a trente ans, et dont la perte n'a pas tourné au profit des bonnes moeurs ...

La nuit du tombeau finit tout de même par se refermer sur lui .

« 11 août 1788 : Louis-François-Armand Duplessis, duc de Richelieu et de Fronsac, pair et premier maréchal de France, chevalier des ordres du roi, connétable, premier gentilhomme de la Chambre de Sa Majesté, son lieutenant général, gouverneur de la Haute et Basse Guyenne, noble génois, l'un des XL de l'Académie française, âgé de plus de 92 ans, décédé rue Neuve-Saint-Augustin, présenté à Saint-Roch et transporté à la Sorbonne. »

Mme de Sabran a écrit:
Richelieu se maria trois fois :

La première,  le 12 février 1711 avec Anne-Catherine de Noailles, « Mademoiselle de Noailles » (1694-1716) fille du marquis de Noailles);
Richelieu n’avait que dix-huit ans quand on le mit la première fois à la Bastille pour ne pas vouloir habiter avec sa femme. Allez savoir pourquoi ?    

Parce que sa belle-mère (épouse du duc de Richelieu, père - la troisième) l'a contraint, très jeune, et sans le consulter, à épouser la fille qu'elle avait eue avec le marquis de Noailles (son premier mari). Me suis-tu ?  
Bref, on l'oblige à épouser sa demi-soeur par alliance.  

Pour emm.... son père, qu'il n'apprécie pas, et sa belle-mère, qu'il ne supporte pas, il décidera de courtiser toutes les autres femmes que possible, mais d'ignorer cette épouse qu'on lui avait imposée.

Ajoutons que la rumeur courait à la cour que, sa marraine, la duchesse de Bourgogne (dauphine, et chouchoute du roi Louis XIV et de Mme de Maintenon) n'était pas insensible à ses charmes.

Il n'en fallut pas plus pour que son propre père (qui craignait les frasques de son fils et le scandale) et sa belle-mère (qui ne supporta pas l'affront fait à sa fille) obtiennent de Mme de Maintenon, et donc du roi Louis XIV, d'envoyer le turbulent jeune duc de Fronsac à la Bastille, afin qu'il revienne à de " meilleures dispositions".
Peines perdues...


Portrait présumé du duc de Richelieu
Louis Tocqué (1696-1772)
Huile sur toile, 18e siècle
Image : Musée des Beaux-Arts de Tours

La nuit, la neige a écrit:
Parce que sa belle-mère (épouse du duc de Richelieu, père - la troisième) l'a contraint, très jeune, et sans le consulter, à épouser la fille qu'elle avait eue avec le marquis de Noailles (son premier mari). Me suis-tu ?  

...   parfaitement.  
Mais c'était bien cruel pour la pauvre petite mariée qui n'y était pour rien, grands dieux !

Elle est morte à vingt-deux ans ...
 

Les premières armes de Richelieu  
comédie-vaudeville en deux actes ...
De Jean-François Alfred Bayard

Or donc au crépuscule de sa vie, le maréchal de Richelieu, affligé d'un tel fils, plaçait tous ses espoirs dans son petit-fils Armand-Emmanuel.

Le vieux maréchal portait ses regards avec plus de complaisance sur son petit-fils, le comte de Chinon, fruit du premier mariage du duc de Fronsac avec mademoiselle de Saisfield, poursuit cette commère de comte d'Hézècques . [i]Il avait hérité des grâces de son grand-père, aussi bien que de ses talents militaires. Marié jeune à mademoiselle de Rochechouart, toute contrefaite, on verra probablement s’éteindre en lui le grand nom de Richelieu. ( * ) La gloire qu’il sut acquérir au siège d’Ismaïlof annonçait un digne successeur au vainqueur de Mahon, lorsqu’il se trouva attaché par les circonstances au service de la Russie, où il est lieutenant général.

( * ) : Pas tout à fait puisque le titre de duc de Richelieu est relevé par son neveu, Armand-François-Odet Chapelle de Jumilhac.

Richelieu avait de nombreux démêlés avec ces messieurs du Parlement  ...  
En témoigne cette anecdote qui nous est rapportée par Jacob-Nicolas Moreau.




( Jacob-Nicolas Moreau, Mes Souvenirs )

Selon moi, le plus beau sujet d'histoire et littérature du XVIIIe, la plus belle étude,
serait un récit croisé Richelieu-Voltaire.
Avis aux amateurs de gloire littéraire, aux chercheurs aussi, car ce prisme ferait surement faire des progrès à ce qui reste dans le connu.

Je mande la nouvelle au meilleur site connaissant bien le Maréchal Duc de Richelieu:

Thèse d'une bordelaise étudiante à la Faculté de Bordeaux longtemps espérée et non publique et non-accessible.....

Merci Emilie Champion édité chez Honoré Champion!  45 Euros. dimanche  1st mai, 2022.

 

Merci pour le partage de cette information, charenton.  

J'en profite pour rappeler la toute récente parution d'une autre biographie que nous présentons dans notre rubrique Bibliographie.
A croire que les maisons d'édition le font exprès...

Le maréchal de Richelieu, libertin et seigneur au temps des Lumières

Ce serait lui qui aurait eu cette célèbre conversation avec Louis XVI :

Un soir, le croisant, Louis XVI le félicite sur sa santé à son âge.
- Car enfin, vous n'êtes pas jeune, vous avez vu trois siècles.
- Pas tout à fait Sire, seulement trois règnes.
- Soit ! Hé bien, qu'en pensez-vous ?
- Sire, sous Louis XIV, on n'osait dire mot. Sous Louis XV, on parlait tout bas. Sous Louis XVI, on parle tout haut.

Ambiance...

Les temps changent ...

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/19846/?offset=#page=2&viewer=picture&o=bookmarks&n=0&q=
Catalogue annoté au crayon;
On peut retirer de l'oubli à cette occasion :
Alexis Grimou, le très français "Rubbens français".
Jacques CHARLIER (c.1720-1790), souvent dit le miniaturiste.

En tant que surintendant des menus plaisirs notre homme a croisé toutes des filles de l'opéra, les dames de la comedie francaise et de la comédie italienne. Quand je dis croisé..... Dans toutes les positions. L'homme heureux... D'ailleurs il apparaît souvent dans les mémoires de ces dames vu son pouvoir..

Vous avez raison cher Ventier et Horace Walpole ne s'y trompa pas non plus lorsque sur le tard, il le surnomma "cette vieille machine à galanterie toute déjetée"

Expertise de Horace Walpole:

« J'estime qu'il est préférable d'être mort plutôt que d'être amoureux de qui que ce soit. »

!!!!

charenton a écrit:Expertise de Horace Walpole:

« J'estime qu'il est préférable d'être mort plutôt que d'être amoureux de qui que ce soit. »

!!!!

...   un brin zinzin, ce brave Walpole, avec sa mode cadavérique et boutade un peu macabre !    
tout le contraire du maréchal de Richelieu !

Oups, j'ai oublié de citer ma source sur Walpole :  

Le Bouquin de la mode  
publié par Olivier Saillard


Et, pour revenir à notre Maréchal-Duc de Richelieu,
 le 1 novembre 1770  Voltaire lui écrivait :

Je ne sais si vous connaissez ce vers : Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.  

Un sacré coureur ce Richelieu, et encore à plus de 80 ans !
Non sans humour d'ailleurs. A un ami lui demandant : " Franchement Monsieur, quand le coeur vous en dit, vous en sortez-vous toujours ? ", il aurait répondu : " Mon cher, le plus difficile n'est pas d'en sortir "...

...     Elle nous fera toujours mourir de rire, celle-là !

Le maréchal de Richelieu semble avoir , lui aussi , ce goût , avec celui de “ gamahucher ” les femmes . »Dominique Labarre de Raillicourt · 1991

Le doctrinal des jouissances amoureuses : traité de la nouvelle érotologie / Alexandrian Alexandrian (1927-2009). Auteur du texte
p.91

Gamahucher signifie donc appeler une femme à accomplir l'union sexuelle en excitant avec la langue son gamma (que l'on orthographiait alors gama(...)Un homme ayant cette passion était nommé autrefois un gamahucheur, et l'on sait par un rapport de police que le maréchal duc de Richelieu, le plus célèbre séducteur du XVIIIe siècle, se conduisait généralement ainsi avec les femmes(...)Le maréchal duc de Richelieu n'était plus jeune à cette époque(...)

Je viens de finir l ouvrage de Benoit Florin. Quel bonheur de retrouver si vif cet esprit XVIIIe. Moi qui ai vécu si longtemps sous l emprise des Richelieu et dans leurs domaines quelle joie de les « retrouver «. Si le Maréchal Duc n’appréciait pas son fils il adorait son petit fils le duc d Odessa comme on l appelle communément.
Le célèbre tableau de Philippe de Champaigne du cardinal doit sa restitution à la famille Richelieu par Louis XVIII au Duc d Odessa pour service rendu. C est le dernier duc n 8 qui en fit don à La Sorbonne dans les années 1930.

Ah! Oui, d'accord. .... J'y vais tous les ans lors de la fête du patrimoine...

Moi aussi je viens de finir:!!
Biographie annule et remplace les autres. Belle et bien complète.
Très bon et précis en documentation. Raisonne sur les fausses lettres et copies.
Livre agréable à lire et très renseigné. Bonnes observations et pénétration.
Marque bien tout au long de la biographie le tandem Voltaire/ Richelieu; gage d'un bonne biographie de Richelieu.
Très bonne évocation du mariage de la Princesse de Guise et des traces de la vie de la 2eme duchesse de Richelieu. Ses enfants le duc de Fronsac et sa fille la comtesse d'Egmont.
Benoit Florin n'est pas trop guerrier. Alors le militaire ....
C'est mieux que HISTOIRE DES MARECHAUX DE FRANCE by el-Hage, Fadi (2012) qui oublie carrement le maréchal duc de Richelieu, Président du Tribunal des Maréchaux de France!!!!

Pouvez vous mettre une photo du livre évoqué. Il sera ma prochaine lecture. Merci amis du forum.

Voir message plus haut de "La nuit, la neige" Dim 01 Mai 2022, 16:12
Le maréchal de Richelieu
Libertin et seigneur de guerre au temps des Lumières
De Benoît Florin
Editions Perrin (Avril 22)
416 pages

Mr de Talaru a écrit:
Le célèbre tableau de Philippe de Champaigne du cardinal doit sa restitution à la famille Richelieu par Louis XVIII au Duc d Odessa pour service rendu. C est le dernier duc n 8 qui en fit don à La Sorbonne dans les années 1930.

Cette visite de la Sorbonne avec toi, mon cher François, quel bon souvenir !

Benoit Florin doit pas mal aux Mémoires de l'Abbé de Foncemagne. L'Harmattan.
Livre à se procurer avant qu'il ne soit introuvable. 100pages
Les Académies naissantes, les bibliothèques, les salons naissants, le Palais royal (les Orléans). impec!