La pendule lyre n'est PAS une pendule DE Marie-Antoinette !
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: Le patrimoine de Marie-Antoinette :: Le mobilier et les arts décoratifs
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La pendule lyre n'est PAS une pendule DE Marie-Antoinette !
Il s'agit peut-être du modèle de pendule le plus reproduit aux XIXe et XXe siècles, et il ne se passe pas un mois sans qu'une " pendule lyre de Marie-Antoinette " soit vendue ici ou là...
Exemple :
Mais d'où vient cette idée, largement répandue, que ce modèle ait appartenu à Marie-Antoinette ??
Je n'ai pas retrouvé cette source.
En revanche, les experts des musées, ou les professionnels du secteur marchand, qui présentent des modèles originaux du XVIIIe siècle font référence à une première commande du roi Louis XVI.
A aucun moment, le nom de Marie-Antoinette n'est mentionné dans les descriptifs !
Voici donc quelques exemplaires de ces " pendules lyres " du XVIIIe siècle, avec leurs descriptifs :
Proposée en vente aux enchères, par Christie's New-York, le 2 avril prochain :
A late Louis XVI Ormolu-mounted Sèvres 'Gros Bleu' Porcelain Mantel Clock
Circa 1785
The lyre-form frame surmounted with a sunburst mask above roped floral garlands the circular enameled clock dial signed KINABLE and DUBUISSON and with calendar and seconds rings set within paste jewels and flanked by berrying laurel branches, stepped oval base
23 ¾ in. (60.5 cm.) high, 10 ½ in. (26.5 cm.) wide
Image : Christie's
Images : Christie's
Lot Essay (extraits)
The clockmaker Dieudonné Kinable (d. circa 1815) was established at Palais Royal no. 131 and was active at the end of the eighteenth century.
Specializing in clocks incorporating polychrome enamel or porcelain, particularly lyre-form clocks, Kinable was the largest buyer of porcelain lyre-form clock cases from the Sèvres factory, buying thirteen between 1795 and 1807.
He often collaborated with the enamellers Coteau and Dubuisson.
Image : Christie's
Etienne Gobin, known as Dubuisson (d. circa 1822), watch and clock enameller, worked at Chantilly and Sèvres as a flower painter. He is later recorded in the Rue de la Huchette in the 1790s before moving to Rue de la Calandre around 1812.
Porcelain lyre-form clocks were first produced at the Sèvres Manufactory in 1785. Made in bleu céleste, green, pink and gros bleu or beau bleu, the latter was the most popular ground color.
An example in beau bleu, delivered on approval to George IV at Carlton House on 12 October 1828 by the Paris dealer Lafontaine and subsequently purchased by the King, was exhibited at the Queen's Gallery, Buckingham Palace, London ('Sèvres Porcelain from the Royal Collection', 1979-1980, Exhibition Catalogue, pp. 79-80, no. 73).
Another, now in the Louvre (inv. O.A.R.483 - P. Verlet, Les Bronzes Dorés Français du XVIIIe siècle, 1987, p. 41, ill. 32), the dial of which is signed Coteau 1787, was originally at Versailles, where it is recorded in the Salon des Jeux : 'Une pendule de cheminée en porcelaine de Sèvres fond bleu cadran 4 aiguilles, orni de rangs de perles et guirlandes de fleurs, le haut terminé par un soleil sous verre de 22 pouces de haut'. It was valued at 1600 livres.
Examples of lyre clocks in gros bleu Sèvres porcelain with Zodiac dials signed by Kinable include that from the Hodgkins Collection, now in the Walters Art Gallery, Baltimore (no.58 2 32); another sold from the Good Collection, Christie's London, 17 July 1895, lot 270; another from Lord Tweedmouth's (d.1894) Collection at Brook House, sold at Christie's London, 25 May 1932, lot 715; and another in bleu lapis porcelain sold from the Champalimaud Collection, Christie's London, 6 July 2005, lot 113.
(...)
Image : Christie's
* Source et infos complémentaires : Christie's - Sale Dalva Brothers
La pendule conservée à Versailles (dépôt du Musée du Louvre) :
Pendule du salon des jeux à Versailles
Courieult (horloger) ; Joseph Coteau (peintre sur émail) ; Manufacture de Sèvres (fabricant)
1785
Porcelaine tendre, émail, bronze doré. Cadran orné des douze signes du zodiaque.
Hauteur : 0.62 m Largeur : 0.26 m Profondeur : 0.15 m
Image : Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Martine Beck-Coppola
Historique : Sans doute l'une des deux pendules lyre achetées par Louis XVI en 1786 et placée dans le Salon des Jeux ; ventes révolutionnaires, adjugée sous le n° 7672, au citoyen Chandeseigne, marchand, le 31 décembre 1793.
Legs de la baronne Salomon de Rothschild au Musée du Louvre, 1922 (...)
Description du site de l'INHA (Institut national d'histoire de l'art) - Extraits :
Les collections Rothschild dans les institutions publiques françaises : La pendule-lyre du salon des Jeux à Versailles
Parmi les porcelaines de Vincennes-Sèvres léguées par la baronne Salomon, l’objet le plus précieux à nos yeux est la pendule-lyre qui ornait la cheminée du salon des Jeux, à Versailles, à la veille de la Révolution. Celle-ci a désormais retrouvé son emplacement d’origine en 2009.
Le corps de la pendule, ou plutôt la boîte comme on disait au XVIIIe siècle, a été façonné en pâte tendre et revêtue d’un fond beau bleu. Le mécanisme est dû à l’atelier de l’horloger Courieult dont il porte la marque. Le décor du cadran, constitué des signes du zodiaque, entre lesquels on distingue des émaux sur paillons d’or d’un extrême raffinement, est de la main de Coteau, l’un des meilleurs émailleurs de son temps, qui l’a signé et daté.
Image : Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Martine Beck-Coppola
Le mécanisme est doté de quatre aiguilles qui donnent les heures, les minutes, les jours et les mois. La lyre est enrichie d’un abondant décor de bronze doré, constitué d’un soleil rayonnant, de guirlandes de fleurs et de fruits, d’un rang de grosses perles et de tores de laurier qui prennent naissance sous le cadran.
La présence de ces éléments décoratifs, bien décrits dans les documents du XVIIIe siècle, est essentielle car elle a permis de reconnaître avec une quasi-certitude, dans cet objet, la pendule-lyre de Louis XVI.
En effet, on connaît quelques autres pendules lyres en porcelaine de Sèvres à fond beau bleu, de cette période, dotées d’un même décor de bronze, mais leurs mécanismes sont dus à d’autres horlogers comme Garrigues ou Kinable.
Dans d’autres cas, quand le mécanisme est dû à Courieult, le cadran n’a pas reçu de décor émaillé et, à la place des perles en bronze doré, on trouve parfois un rang de strass.
(...)
Nous savons que le 4 janvier 1786, Louis XVI acquit 2 lyres « beau bleu » d’un modèle tout nouveau auprès de Sèvres, pour 192 livres chacune. L’une d’entre elles reçut sans doute peu après un mécanisme dû à l’atelier de Courieult, tenu par sa veuve après son décès, le 16 janvier 1786, et un cadran décoré antérieurement par Coteau qui l’a signé et daté de 1785.
La pendule-lyre est mentionnée à Versailles, sur la cheminée du salon des Jeux, dans plusieurs documents antérieurs à l’époque révolutionnaire, notamment dans un état des pendules, établi en 1787 : « Une pendule de cheminée en forme de lyre, en porcelaine bleu, ornée de bronze doré […], les entourages […], en perles, branches de laurier et guirlandes de roses. Le haut est terminé par un soleil, mouvement marquant les jours du mois et signes du zodiaque [...] Par Courieult » (O1 35101).
Image : Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Martine Beck-Coppola
Dans l’inventaire de 1791, dressé dans l’appartement intérieur, elle est à nouveau décrite dans des termes similaires. Selon Pierre Verlet et Christian Baulez, la pendule fut cédée trois ans plus tard, en nivôse an II, pour 1800 livres au marchand Chandeseigue.
On perd ensuite sa trace jusqu’à l’achat effectué par Salomon de Rothschild, en novembre 1863. Comme l’ont montré Christian Baulez, en 1978, et Pierre Ennès, en 1997, seule cette pendule présente toutes les caractéristiques énoncées plus haut.
De retour à Versailles, elle contribue désormais magnifiquement au remeublement du salon des Jeux de Louis XVI.
* Source texte : Marie-Laure de Rochebrune, Conservateur en chef au château de Versailles / INHA
La pendule conservée au Musée Cognacq Jay, Paris :
Pendule lyre bleu de roi
Attribué à Pierre Gouthière (1732-1813), bronzier
Porcelaine, bronze doré, vers 1785
H 59 cm
Image : Paris Musées / Musées Cognacq-Jay / Eric Emo
Description :
Modèle de pendule en forme de lyre associant porcelaine de Sèvres et monture en bronze doré au mat. Le cadran squelette à cartouches bleus contenant les heures tracées aux chiffres d'or est associé à deux anneaux formant le balancier à gril.
Image : Paris Musées / Musées Cognacq-Jay / Eric Emo
Description iconographique :
Cette pendule, dont la forme évoque la lyre du dieu romain de la musique et des arts, Apollon, associe plusieurs motifs iconographiques qui se rapportent également à cette divinité : la lyre est sommée par un Hélios rayonnant, divinité associée à Apollon dans le panthéon romain ; la couronne de lauriers présente en garniture de façade renvoie au prix remporté par les vainqueurs de jeux, notamment musicaux, durant l'Antiquité.
Image : Paris Musées / Musées Cognacq-Jay / Eric Emo
Commentaire historique :
La production des pendules lyres de la Manufacture de Sèvres est circonscrite dans le temps. Ses débuts sont datés de 1785, date à laquelle Louis XVI y acquiert deux pendules de ce type en "beau bleu".
Les bronzes sont donnés à Pierre Gouthière en raison de l'emploi de la dorure au mat, technique qu'il a inventée pour imiter les ors.
Image : Paris Musées / Musées Cognacq-Jay / Eric Emo
* Source et infos complémentaires : Musée Cognacq-Jay - La pendule lyre
L'exemplaire conservé au Walters Art Museum de Baltimore :
Mantel Clock in the Form of a Lyre
Dieudonné Kinable (Clockmaker)
The Rozenberg Factory (Manufacturer)
France, ca 1785-1800
Soft paste porcelain, ormolu mounts, and gilt bronze
H: 23 15/16 in. (60.8 cm)
Acquired by William T. or Henry Walters
Image : The Walters Art Museum, Baltimore
Description :
French clockmaking at the time of Louis XVI is unsurpassed in the delicacy and grace of its decoration and in the imagination displayed in its forms. Perhaps the most elegant shape was that of the lyre, derived from the ancient Greek musical instrument. It was introduced as early as 1785 and was employed for important clocks throughout the remainder of the century. The body of this example is of Sèvres porcelain with exceptionally fine, applied, gilt-bronze ornaments.
The upper part of the pendulum is formed to represent the strings of the instrument.
The dial face is enameled with signs of the zodiac by the distinguished Geneva-born artist Jean Coteau (ca. 1739-1812), and is signed Kinable (active 1780-1825).
Et, enfin, la pendule acquise par le roi George IV du Royaume-Uni :
Lyre Shaped Mantel Clock
Probably Sèvres porcelain factory (porcelain manufacturer)
Dieudonné Kinable (active 1780-1825) (clockmaker (movement))
Étienne Gobin (b. 1731 d. after 1822) (enameller)
France, ca. 1795 - 1815
Hard paste porcelain, beau bleu ground, gilt bronze, brass and enamel
57.7 x 26.5 x 15.2 cm (whole object)
Image : The Royal Collection Trust
Provenance : Purchased from the Parisian painter-cum-dealer Pierre-Joseph-Ignace Lafontaine, who had sent it on approval to George IV for his inspection.
It was entered by Benjamin Jutsham in the Carlton House receipts’ ledger on 12 October 1818 (...)
Description :
A mantel clock with a Sèvres hard-paste porcelain case. Beau bleu ground fitted with elaborately chased gilt bronze mounts. The case in the form of a lyre on a separately moulded oval stem and base, is crowned by the head of Apollo on a sunburst. It is fitted with a dial in the rounded lower half of the lyre.
A ring of gilt bronze beads, which is attached to the gridiron pendulum, frames the dial. Swags and garlands of fruit and flowers hang from the terminal volutes and are draped round the top of the base, which is raised on four ball feet.
The lyre is composed of two upright serpentine members joined at the top by a yoke between two out-turned volutes. It is bordered on the front by a moulding of corkscrew design and on the back by one chased with an entwined ribbon edged with beading. Seemingly emerging out of the centre of two sunflowers at the base of the lyre are two laurel branches chased with berries which extend upwards flanking the dial.
The bombé enamel dial is painted in black enamel with an inner ring of roman figures for the hours and an outer ring of arabic figures from 1 to 31 for the days of the month.
Blue pencil-thin half circles alternating with stylised plants in pots in gold form a decorative border to the outer chapter ring.
Image : The Royal Collection Trust
The movement is by Dieudonné Kinable who was established at Palais Royal no. 131 at the end of the eighteenth century. He specialized in clocks incorporating polychrome enamel or porcelain, particularly, as here, cases for lyre-form clocks.
He was the largest buyer of porcelain lyre-form clock cases from the Sèvres factory, buying at least thirteen between 1795 and 1807. On this clock the original mechanism has circular plates and is powered by two going barrels with a pin-wheel escapement driving the pendulum, which is supported on a knife edge at the top of the case.
The striking train, which has an outside count-wheel striking a bell, also controls the advance of the date hand. The enamel dial has the 12 hours represented in Roman numerals and arabic numerals for the date for the date on the outer ring; three blued steel hands with the hour and minute hands pierced and simple date hand.
Image : The Royal Collection Trust
The enamellng is by Étienne Gobin (known as Dubuisson) who had formerly worked a porcelain painter in Strasbourg and also at Chantilly. He was also employed at Sèvres, where from 1756-9 he worked as a flower painter specializing in enamelling watchcases and clock dials.
During the 1790’s he was recorded in Paris in the rue de la Huchette and later in c. 1812 at rue de la Calandre.
Image : The Royal Collection Trust
* Source et infos complémentaires : The Royal Collection Trust - mantel Clock
Exemple :
- Spoiler:
- Pendule en céramique bleue de style Louis XVI, reproduction moderne d'une pendule de Marie-Antoinette
Hauteur : 38 cm
Estimation : 30 € - 50 €
* Source et infos complémentaires : Casal MVV - Vente du 16 mars 2020 (Le Puy en Velay)
Mais d'où vient cette idée, largement répandue, que ce modèle ait appartenu à Marie-Antoinette ??
Je n'ai pas retrouvé cette source.
En revanche, les experts des musées, ou les professionnels du secteur marchand, qui présentent des modèles originaux du XVIIIe siècle font référence à une première commande du roi Louis XVI.
A aucun moment, le nom de Marie-Antoinette n'est mentionné dans les descriptifs !
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Voici donc quelques exemplaires de ces " pendules lyres " du XVIIIe siècle, avec leurs descriptifs :
Proposée en vente aux enchères, par Christie's New-York, le 2 avril prochain :
A late Louis XVI Ormolu-mounted Sèvres 'Gros Bleu' Porcelain Mantel Clock
Circa 1785
The lyre-form frame surmounted with a sunburst mask above roped floral garlands the circular enameled clock dial signed KINABLE and DUBUISSON and with calendar and seconds rings set within paste jewels and flanked by berrying laurel branches, stepped oval base
23 ¾ in. (60.5 cm.) high, 10 ½ in. (26.5 cm.) wide
Image : Christie's
Images : Christie's
Lot Essay (extraits)
The clockmaker Dieudonné Kinable (d. circa 1815) was established at Palais Royal no. 131 and was active at the end of the eighteenth century.
Specializing in clocks incorporating polychrome enamel or porcelain, particularly lyre-form clocks, Kinable was the largest buyer of porcelain lyre-form clock cases from the Sèvres factory, buying thirteen between 1795 and 1807.
He often collaborated with the enamellers Coteau and Dubuisson.
Image : Christie's
Etienne Gobin, known as Dubuisson (d. circa 1822), watch and clock enameller, worked at Chantilly and Sèvres as a flower painter. He is later recorded in the Rue de la Huchette in the 1790s before moving to Rue de la Calandre around 1812.
Porcelain lyre-form clocks were first produced at the Sèvres Manufactory in 1785. Made in bleu céleste, green, pink and gros bleu or beau bleu, the latter was the most popular ground color.
An example in beau bleu, delivered on approval to George IV at Carlton House on 12 October 1828 by the Paris dealer Lafontaine and subsequently purchased by the King, was exhibited at the Queen's Gallery, Buckingham Palace, London ('Sèvres Porcelain from the Royal Collection', 1979-1980, Exhibition Catalogue, pp. 79-80, no. 73).
Another, now in the Louvre (inv. O.A.R.483 - P. Verlet, Les Bronzes Dorés Français du XVIIIe siècle, 1987, p. 41, ill. 32), the dial of which is signed Coteau 1787, was originally at Versailles, where it is recorded in the Salon des Jeux : 'Une pendule de cheminée en porcelaine de Sèvres fond bleu cadran 4 aiguilles, orni de rangs de perles et guirlandes de fleurs, le haut terminé par un soleil sous verre de 22 pouces de haut'. It was valued at 1600 livres.
Examples of lyre clocks in gros bleu Sèvres porcelain with Zodiac dials signed by Kinable include that from the Hodgkins Collection, now in the Walters Art Gallery, Baltimore (no.58 2 32); another sold from the Good Collection, Christie's London, 17 July 1895, lot 270; another from Lord Tweedmouth's (d.1894) Collection at Brook House, sold at Christie's London, 25 May 1932, lot 715; and another in bleu lapis porcelain sold from the Champalimaud Collection, Christie's London, 6 July 2005, lot 113.
(...)
Image : Christie's
* Source et infos complémentaires : Christie's - Sale Dalva Brothers
La pendule conservée à Versailles (dépôt du Musée du Louvre) :
Pendule du salon des jeux à Versailles
Courieult (horloger) ; Joseph Coteau (peintre sur émail) ; Manufacture de Sèvres (fabricant)
1785
Porcelaine tendre, émail, bronze doré. Cadran orné des douze signes du zodiaque.
Hauteur : 0.62 m Largeur : 0.26 m Profondeur : 0.15 m
Image : Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Martine Beck-Coppola
Historique : Sans doute l'une des deux pendules lyre achetées par Louis XVI en 1786 et placée dans le Salon des Jeux ; ventes révolutionnaires, adjugée sous le n° 7672, au citoyen Chandeseigne, marchand, le 31 décembre 1793.
Legs de la baronne Salomon de Rothschild au Musée du Louvre, 1922 (...)
Description du site de l'INHA (Institut national d'histoire de l'art) - Extraits :
Les collections Rothschild dans les institutions publiques françaises : La pendule-lyre du salon des Jeux à Versailles
Parmi les porcelaines de Vincennes-Sèvres léguées par la baronne Salomon, l’objet le plus précieux à nos yeux est la pendule-lyre qui ornait la cheminée du salon des Jeux, à Versailles, à la veille de la Révolution. Celle-ci a désormais retrouvé son emplacement d’origine en 2009.
Le corps de la pendule, ou plutôt la boîte comme on disait au XVIIIe siècle, a été façonné en pâte tendre et revêtue d’un fond beau bleu. Le mécanisme est dû à l’atelier de l’horloger Courieult dont il porte la marque. Le décor du cadran, constitué des signes du zodiaque, entre lesquels on distingue des émaux sur paillons d’or d’un extrême raffinement, est de la main de Coteau, l’un des meilleurs émailleurs de son temps, qui l’a signé et daté.
Image : Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Martine Beck-Coppola
Le mécanisme est doté de quatre aiguilles qui donnent les heures, les minutes, les jours et les mois. La lyre est enrichie d’un abondant décor de bronze doré, constitué d’un soleil rayonnant, de guirlandes de fleurs et de fruits, d’un rang de grosses perles et de tores de laurier qui prennent naissance sous le cadran.
La présence de ces éléments décoratifs, bien décrits dans les documents du XVIIIe siècle, est essentielle car elle a permis de reconnaître avec une quasi-certitude, dans cet objet, la pendule-lyre de Louis XVI.
En effet, on connaît quelques autres pendules lyres en porcelaine de Sèvres à fond beau bleu, de cette période, dotées d’un même décor de bronze, mais leurs mécanismes sont dus à d’autres horlogers comme Garrigues ou Kinable.
Dans d’autres cas, quand le mécanisme est dû à Courieult, le cadran n’a pas reçu de décor émaillé et, à la place des perles en bronze doré, on trouve parfois un rang de strass.
(...)
Nous savons que le 4 janvier 1786, Louis XVI acquit 2 lyres « beau bleu » d’un modèle tout nouveau auprès de Sèvres, pour 192 livres chacune. L’une d’entre elles reçut sans doute peu après un mécanisme dû à l’atelier de Courieult, tenu par sa veuve après son décès, le 16 janvier 1786, et un cadran décoré antérieurement par Coteau qui l’a signé et daté de 1785.
La pendule-lyre est mentionnée à Versailles, sur la cheminée du salon des Jeux, dans plusieurs documents antérieurs à l’époque révolutionnaire, notamment dans un état des pendules, établi en 1787 : « Une pendule de cheminée en forme de lyre, en porcelaine bleu, ornée de bronze doré […], les entourages […], en perles, branches de laurier et guirlandes de roses. Le haut est terminé par un soleil, mouvement marquant les jours du mois et signes du zodiaque [...] Par Courieult » (O1 35101).
Image : Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Martine Beck-Coppola
Dans l’inventaire de 1791, dressé dans l’appartement intérieur, elle est à nouveau décrite dans des termes similaires. Selon Pierre Verlet et Christian Baulez, la pendule fut cédée trois ans plus tard, en nivôse an II, pour 1800 livres au marchand Chandeseigue.
On perd ensuite sa trace jusqu’à l’achat effectué par Salomon de Rothschild, en novembre 1863. Comme l’ont montré Christian Baulez, en 1978, et Pierre Ennès, en 1997, seule cette pendule présente toutes les caractéristiques énoncées plus haut.
De retour à Versailles, elle contribue désormais magnifiquement au remeublement du salon des Jeux de Louis XVI.
* Source texte : Marie-Laure de Rochebrune, Conservateur en chef au château de Versailles / INHA
La pendule conservée au Musée Cognacq Jay, Paris :
Pendule lyre bleu de roi
Attribué à Pierre Gouthière (1732-1813), bronzier
Porcelaine, bronze doré, vers 1785
H 59 cm
Image : Paris Musées / Musées Cognacq-Jay / Eric Emo
Description :
Modèle de pendule en forme de lyre associant porcelaine de Sèvres et monture en bronze doré au mat. Le cadran squelette à cartouches bleus contenant les heures tracées aux chiffres d'or est associé à deux anneaux formant le balancier à gril.
Image : Paris Musées / Musées Cognacq-Jay / Eric Emo
Description iconographique :
Cette pendule, dont la forme évoque la lyre du dieu romain de la musique et des arts, Apollon, associe plusieurs motifs iconographiques qui se rapportent également à cette divinité : la lyre est sommée par un Hélios rayonnant, divinité associée à Apollon dans le panthéon romain ; la couronne de lauriers présente en garniture de façade renvoie au prix remporté par les vainqueurs de jeux, notamment musicaux, durant l'Antiquité.
Image : Paris Musées / Musées Cognacq-Jay / Eric Emo
Commentaire historique :
La production des pendules lyres de la Manufacture de Sèvres est circonscrite dans le temps. Ses débuts sont datés de 1785, date à laquelle Louis XVI y acquiert deux pendules de ce type en "beau bleu".
Les bronzes sont donnés à Pierre Gouthière en raison de l'emploi de la dorure au mat, technique qu'il a inventée pour imiter les ors.
Image : Paris Musées / Musées Cognacq-Jay / Eric Emo
* Source et infos complémentaires : Musée Cognacq-Jay - La pendule lyre
L'exemplaire conservé au Walters Art Museum de Baltimore :
Mantel Clock in the Form of a Lyre
Dieudonné Kinable (Clockmaker)
The Rozenberg Factory (Manufacturer)
France, ca 1785-1800
Soft paste porcelain, ormolu mounts, and gilt bronze
H: 23 15/16 in. (60.8 cm)
Acquired by William T. or Henry Walters
Image : The Walters Art Museum, Baltimore
Description :
French clockmaking at the time of Louis XVI is unsurpassed in the delicacy and grace of its decoration and in the imagination displayed in its forms. Perhaps the most elegant shape was that of the lyre, derived from the ancient Greek musical instrument. It was introduced as early as 1785 and was employed for important clocks throughout the remainder of the century. The body of this example is of Sèvres porcelain with exceptionally fine, applied, gilt-bronze ornaments.
The upper part of the pendulum is formed to represent the strings of the instrument.
The dial face is enameled with signs of the zodiac by the distinguished Geneva-born artist Jean Coteau (ca. 1739-1812), and is signed Kinable (active 1780-1825).
Et, enfin, la pendule acquise par le roi George IV du Royaume-Uni :
Lyre Shaped Mantel Clock
Probably Sèvres porcelain factory (porcelain manufacturer)
Dieudonné Kinable (active 1780-1825) (clockmaker (movement))
Étienne Gobin (b. 1731 d. after 1822) (enameller)
France, ca. 1795 - 1815
Hard paste porcelain, beau bleu ground, gilt bronze, brass and enamel
57.7 x 26.5 x 15.2 cm (whole object)
Image : The Royal Collection Trust
Provenance : Purchased from the Parisian painter-cum-dealer Pierre-Joseph-Ignace Lafontaine, who had sent it on approval to George IV for his inspection.
It was entered by Benjamin Jutsham in the Carlton House receipts’ ledger on 12 October 1818 (...)
Description :
A mantel clock with a Sèvres hard-paste porcelain case. Beau bleu ground fitted with elaborately chased gilt bronze mounts. The case in the form of a lyre on a separately moulded oval stem and base, is crowned by the head of Apollo on a sunburst. It is fitted with a dial in the rounded lower half of the lyre.
A ring of gilt bronze beads, which is attached to the gridiron pendulum, frames the dial. Swags and garlands of fruit and flowers hang from the terminal volutes and are draped round the top of the base, which is raised on four ball feet.
The lyre is composed of two upright serpentine members joined at the top by a yoke between two out-turned volutes. It is bordered on the front by a moulding of corkscrew design and on the back by one chased with an entwined ribbon edged with beading. Seemingly emerging out of the centre of two sunflowers at the base of the lyre are two laurel branches chased with berries which extend upwards flanking the dial.
The bombé enamel dial is painted in black enamel with an inner ring of roman figures for the hours and an outer ring of arabic figures from 1 to 31 for the days of the month.
Blue pencil-thin half circles alternating with stylised plants in pots in gold form a decorative border to the outer chapter ring.
Image : The Royal Collection Trust
The movement is by Dieudonné Kinable who was established at Palais Royal no. 131 at the end of the eighteenth century. He specialized in clocks incorporating polychrome enamel or porcelain, particularly, as here, cases for lyre-form clocks.
He was the largest buyer of porcelain lyre-form clock cases from the Sèvres factory, buying at least thirteen between 1795 and 1807. On this clock the original mechanism has circular plates and is powered by two going barrels with a pin-wheel escapement driving the pendulum, which is supported on a knife edge at the top of the case.
The striking train, which has an outside count-wheel striking a bell, also controls the advance of the date hand. The enamel dial has the 12 hours represented in Roman numerals and arabic numerals for the date for the date on the outer ring; three blued steel hands with the hour and minute hands pierced and simple date hand.
Image : The Royal Collection Trust
The enamellng is by Étienne Gobin (known as Dubuisson) who had formerly worked a porcelain painter in Strasbourg and also at Chantilly. He was also employed at Sèvres, where from 1756-9 he worked as a flower painter specializing in enamelling watchcases and clock dials.
During the 1790’s he was recorded in Paris in the rue de la Huchette and later in c. 1812 at rue de la Calandre.
Image : The Royal Collection Trust
* Source et infos complémentaires : The Royal Collection Trust - mantel Clock
Dernière édition par La nuit, la neige le Sam 04 Nov 2023, 18:16, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18062
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Gouverneur Morris- Messages : 11708
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La pendule lyre n'est PAS une pendule DE Marie-Antoinette !
Merci beaucoup, Gouv' !!
Oui, les modèles en forme de lyre furent nombreux et variés à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe.
Les exemplaires en porcelaine, mais d'une autre couleur que ce " beau bleu ", sont encore plus rares.
Oui, les modèles en forme de lyre furent nombreux et variés à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe.
Les exemplaires en porcelaine, mais d'une autre couleur que ce " beau bleu ", sont encore plus rares.
La nuit, la neige- Messages : 18062
Date d'inscription : 21/12/2013
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