Armand-Emmanuel de Vignerot du Plessis (1766-1822), duc de Richelieu
3 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
Page 1 sur 1
Armand-Emmanuel de Vignerot du Plessis (1766-1822), duc de Richelieu
Mme de Sabran a écrit:
Au crépuscule de sa vie, le maréchal de Richelieu, affligé d'un tel fils, plaçait tous ses espoirs dans son petit-fils Armand-Emmanuel.
Le vieux maréchal portait ses regards avec plus de complaisance sur son petit-fils, le comte de Chinon, fruit du premier mariage du duc de Fronsac avec mademoiselle de Saisfield, poursuit cette commère de comte d'Hézècques . Il avait hérité des grâces de son grand-père, aussi bien que de ses talents militaires. Marié jeune à mademoiselle de Rochechouart, toute contrefaite, on verra probablement s’éteindre en lui le grand nom de Richelieu. ( * ) La gloire qu’il sut acquérir au siège d’Ismaïlof annonçait un digne successeur au vainqueur de Mahon, lorsqu’il se trouva attaché par les circonstances au service de la Russie, où il est lieutenant général.
https://marie-antoinette.forumactif.org/t4949-le-marechal-de-richelieu?highlight=RICHELIEU
Ce petit-fils du maréchal, Armand-Emmanuel-Sophie-Septimanie de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu, né en 1766 à Paris, entre dans les régiments de dragons de la reine Marie-Antoinette, puis devient premier gentilhomme de la Chambre du roi Louis XVI.
Titré alors comte de Chinon, il est marié à l'âge de quinze ans à Rosalie de Rochechouart Faudoas, une enfant de douze ans qui souffrait d'une malformation. Les deux époux sont séparés juste après la cérémonie de mariage ( comme cela se faisait à l'époque quand la mariée n'était pas nubile ) et Armand-Emmanuel entreprend un tour de France et de Suisse avec son gouverneur-précepteur. Malheureusement, à quatorze ans, Rosalie était devenue bossue.
Cette triste union resta stérile...
Capitaine au sein du régiment des hussards, Armand-Emmanuel se trouve à Paris quand est lancée la marche des femmes sur Versailles en octobre 89.
Sur la demande de Marie-Antoinette, en 1790, il entreprend le voyage vers Vienne, pour aller consulter Joseph II sur la meilleure façon d'appréhender la situation nouvelle, la Révolution . Avant qu'il n'arrive dans sa capitale, il est prévenu de la mort de l'empereur .
Il suit le nouvel empereur à Vienne, puis de là rejoint l'armée russe en compagnie du prince de Ligne et du comte de Langeron ( qui mourra comme Charles X de l'épidémie de choléra ). Ils atteignent à temps le quartier général de l'armée russe basé à Bender en Bessarabie pour participer à la prise de la ville d'Izmaïl par le général Souvorov. A cette occasion, Richelieu est décoré par Catherine II de l'ordre de Saint-Georges, avec épée d'or.
Ordre impérial et militaire de Saint-Georges, martyr et victorieux
Insigne de l’ordre de Saint-Georges de IVe classe (Russie impériale)
Insigne de l’ordre de Saint-Georges de IVe classe (Russie impériale)
Retour ensuite à Paris pour servir Louis XVI puis il effectue des missions diplomatiques à Vienne, avant d'émigrer et de s'engager dans l'armée des Princes menée par Condé.
Après les défaites de cette dernière, Catherine II lui propose de s'engager au sein de sa propre armée ; il accepte et devient rapidement général de corps d'armée, mais est contraint de démissionner en raison d'intrigues menées par ses rivaux.
En 1803, le tsar Alexandre Ier, qui succède à Paul Ier, le nomme gouverneur de la ville d'Odessa et de la Nouvelle Russie, région qui englobait tout le Sud de la Russie et qu'il fallait coloniser et peupler, poste qu'il conserve jusqu'en 1814.
Il est reconnu comme l'artisan du développement de la ville d'Odessa, petit village qu'il a transformé en capitale de cette province conquise aux Turcs. La « perle de la mer Noire » garde encore en souvenir sa statue en haut de l'escalier qui domine le port, le fameux escalier de la scène d'anthologie du chef d'oeuvre d'Eisenstein réalisé en 1925, Le Cuirassé Potemkine . L'escalier du Potemkine est également appelé « Escalier Richelieu »
Entre 1806 et 1807, il mène plusieurs expéditions dans le Caucase lors des guerres contre l'Empire ottoman et participe à la conquête de la Circassie et de la Bessarabie. En 1812, alors que la France et la Russie se déclarent la guerre, Richelieu est sur le point de rejoindre la Volhynie, où sont basées ses troupes et ainsi rejoindre l'armée russe. C'est à ce moment-là que la peste fait son apparition à Odessa. Au lieu d'abandonner la ville pour prendre le commandement militaire où il était appelé par le Tsar, il reste auprès de la population pour la soutenir contre le fléau qui la décime.
Au bout de deux ans, le gouverneur parvient par ses mesures à l'éradiquer totalement. Entre-temps, l'armée russe, alliée à la Prusse et l'Autriche, repoussant les armées napoléoniennes, est entrée en France. Il décide alors de rejoindre les troupes russes et de rentrer en France. Il regrettera toujours de ne pas pouvoir retourner en Russie, où il était resté quinze ans.
Quand il rentre en 1814, Louis XVIII est sur le trône de France. Richelieu est accueilli par le roi qui le rétablit dans ses anciennes charges : il est nommé pair de France et premier gentilhomme de la Chambre.
Quand Napoléon revient de l'île d'Elbe, Richelieu accompagne Louis XVIII, sur le chemin de Gand, jusqu'à Lille, puis rejoint le tsar Alexandre au congrès de Vienne ( pendant lequel le prince Ligne s'enrhume lors d'un rendez-vous galant ... et meurt ) . Richelieu défend la cause du roi auprès des princes étrangers et, comme ami personnel du tsar, il exerce sur lui une grande influence au sein du Conseil des alliés.
Après Waterloo, il retourne au service du roi. Bien que ses biens aient été confisqués sous la Révolution, il n'en garde aucun ressentiment à l'égard des précédents régimes, contrairement à une grande majorité des émigrés, mais refuse cependant d'entrer dans le cabinet de Talleyrand, arguant que son long éloignement du territoire français ne lui donnait pas les connaissances nécessaires pour assumer de hautes responsabilités.
Après la démission de Talleyrand, Richelieu accepte finalement, sous l'insistance du roi et surtout du tsar, de devenir chef du gouvernement, bien qu'il avoue lui-même ne connaître aucun des visages qui le composent. Le 24 septembre 1815, lors de la Seconde Restauration, il est nommé président du Conseil et ministre des Affaires étrangères .
C'est l'occasion pour Talleyrand de persifler : « Bon choix assurément, c'est l'homme en France qui connaît le mieux la Crimée ! ».
Ceci entre effectivement en compte dans les raisons de sa nomination, et dès lors « la carte russe » remplace l'alliance anglaise symbolisée par Talleyrand. Richelieu bénéficie de plus d'une réputation d'intégrité qui faisait défaut à son prédécesseur, enfin, comme Louis-Philippe, cet émigré n'avait jamais porté les armes contre son pays.
La mission immédiate qui incombe à ce président du Conseil inexpérimenté est pourtant loin d'être aisée. Le traumatisme laissé par les Cent-Jours incite les royalistes à l'intransigeance, sinon à la violence, alors que le personnel politique formé les 25 années précédentes est contraint de disparaître. Dans un tel climat, la stabilisation intérieure comme le redressement diplomatique de la France s'avèrent autant de tâches délicates pour lui.
Son premier ministère (au sens de gouvernement) marque un tournant à droite en comparaison du précédent.
Le second traité de Paris
La première tâche de Richelieu est donc la négociation du traité de paix avec les Alliés, dont les Cent-Jours ont raffermi les positions. Les puissances victorieuses tiennent absolument à mettre la grande nation sous la tutelle de la récente « quadruple alliance ».
L'appui de l'empereur de Russie Alexandre Ier lui permet d'obtenir quelques concessions, bien maigres face la sévérité du traité, signé le 20 novembre 1815 : la France est ramenée à ses frontières de 1790, doit subir une occupation militaire d'au moins trois ans, et acquitter une indemnité de guerre de 700 millions de francs. Est également mise sur pied une conférence des ambassadeurs, deux fois par semaine, durant laquelle les représentants de la quadruple alliance à Paris statuent de la progression de la situation intérieure française et en réfèrent à leurs cours : la libération du territoire dépend donc en partie de la politique intérieure menée par le président du Conseil. Cette mesure, comme le reste du traité, est perçue comme particulièrement humiliante par le duc de Richelieu.
À la suite de sa signature, il aurait confié à Barante, ex-sous-préfet de l'Empire devenu directeur général des Contributions indirectes : « On mérite de porter sa tête à l'échafaud quand on est Français et qu'on a mis son nom au bas d'un pareil traité ».
L'épuration ... ça se gâte .
Richelieu et Decazes entrent en lutte contre ultras de la « Chambre introuvable » ; tous deux ont servi des empires autoritaires, et voient ceux-ci comme une entrave potentielle à la bonne marche de leur gouvernement, dont les prétentions aristocratiques ne sont pas sans leur rappeler la Fronde ou le Parlement du XVIIIème siècle. Le gouvernement et la Chambre se trouvent toutefois provisoirement en accord en ce qui concerne la répression des partisans des Cent-Jours.
Ainsi, le 29 octobre 1815, la loi de Sûreté générale, suspendant provisoirement les libertés individuelles, présentée par Decazes, est acceptée sans modification.
Le 9 novembre, c'est la loi sur les cris et écrits séditieux, présentée originairement par Barbé-Marbois, qui est votée.
Ce dispositif, qualifié de « terreur légale » , se poursuit, et 70 000 arrestations sont effectuées, ainsi que 9 000 condamnations politiques et 60 000 fonctionnaires destitués.
Brusqué par les ultras, Richelieu décide même d'intervenir dans l'affaire du maréchal Ney, remettant à la Pairie le soin de condamner à mort ce symbole du bonapartisme, réclamant une « éclatante réparation ».
Suivent la loi d'amnistie et l'opposition ultra de plus en plus organisée derrière Villèle, Corbière ou le comte d'Artois. Le projet de loi de Richelieu ne prévoit le maintien des poursuites que pour 19 personnes, et le bannissement de 38 ainsi que de la famille Bonaparte. La majorité ultra le rejette et entend mener à la place le procès public des Cent-Jours, seule façon d'achever selon eux l'épuration de la France révolutionnaire.
Ils choisissent de remplacer cette liste nominative par des catégories de coupables à excepter de l'amnistie. Le vote final du 12 janvier rejettera les catégories mais adoptera d'autres mesures de la Chambre, comme le bannissement des régicides relaps. C'est l'affrontement entre Richelieu et la « Chambre introuvable » dont Decazes préconise la dissolution.
Après avoir refusé puis hésité, Louis XVIII lui-même accepte et signe le 5 septembre 1816 l'ordonnance annonçant l'élection d'une nouvelle Chambre des députés. Sous l'impulsion de Decazes, qui bénéficie de l'appui royal, les préfets ultras sont progressivement déplacés ou destitués. L'opposition ultra, devient minoritaire à l'assemblée.
Les scrupules de Richelieu par rapport aux attaques envers les ultras, dont il partage le milieu et parfois les vues, se transforment en remords au fur et à mesure de leur affaiblissement. Mais Decazes continue sa politique « anti-ultra », utilisant pour parvenir à ses fins des méthodes particulièrement douteuses aux yeux du président du Conseil; fort de ses pouvoirs de ministre de la Police, il n'hésite pas à recourir à la diffamation , amplifiant ou liant certaines affaires dans lesquelles peuvent être impliqués des individus proches des ultras. Decazes va jusqu'à priver Monsieur, le comte d'Artois, du commandement de la garde nationale par une ordonnance le 30 septembre 1818. Richelieu ne désavoue pas cette mesure mais commence à penser que la réconciliation avec les ultras est urgente pour le maintien du ministère, face à un ministre de la Police qui privilégie l'alliance avec les doctrinaires.
Deux tendances se dessinent alors, d'un côté les partisans d'un ministère de Centre-Droit, Richelieu et Lainé, de l'autre Decazes, Gouvion Saint-Cyr et Molé.
Le 8 septembre, las des intrigues du ministère, le président du Conseil avait annoncé au roi son intention, une fois le territoire libéré, de quitter des fonctions . Mais ce serait laisser libre cours aux ambitions des uns et des autres.
À son retour d'Aix-la-Chapelle, Richelieu se rend compte que la gravité de la situation politique l'oblige à rester... Après cette valse-hésitation, Richelieu remet sa démission à Louis XVIII, et c'est Decazes qui est chargé de la formation du nouveau ministère.
Le second Ministère Richelieu (1820-1821)
Las, après l'assassinat du duc de Berry, voilà que Richelieu est rappelé aux affaires ! Il préside une deuxième fois le Conseil des Ministres de 1820 à 1821. Il rétablit la censure sur les journaux par la loi du 31 mars 1820, mais sous la pression des ultras d'un côté et des libéraux de l'autre et lâché par Louis XVIII, il démissionne à nouveau en 1821.
C'est un homme usé, au bout du rouleau, qui meurt d'apoplexie le 17 mai 1822. Le comte de Tilly avait vu juste : il ne laisse aucun héritier direct.
Une ordonnance royale transfère le titre de duc de Richelieu ainsi que la pairie, à son neveu Armand-François-Odet Chapelle de Jumilhac.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 54657
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Armand-Emmanuel de Vignerot du Plessis (1766-1822), duc de Richelieu
Merci Eléonore !
Merci aussi pour cette précision car elle a son importance : on oublie que ce sont les régicides qui se sont ralliés aux Cent-Jours qui ont été bannis, pas les autres De fait cette mesure est moins réactionnaire qu'il n'y paraît...
comme le bannissement des régicides relaps
Merci aussi pour cette précision car elle a son importance : on oublie que ce sont les régicides qui se sont ralliés aux Cent-Jours qui ont été bannis, pas les autres De fait cette mesure est moins réactionnaire qu'il n'y paraît...
Gouverneur Morris- Messages : 11352
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Armand-Emmanuel de Vignerot du Plessis (1766-1822), duc de Richelieu
On voit pas trop le milieu de résidence et familiale du Duc de Richelieu, 3ème.
Il est là:
Histoire de Courteilles, village de Normandie. Michel Lallemand.
La marquis de Courteilles. Le Comte de Rochechouart. Le duc de Richelieu.
Se dépecher de le trouver et de l'acheter car ça à l'air d'un compte d'Auteur.
Château et jardin fait par Mathieu Le Carpentier comme les aime Jean-Benjamin de La Borde et Carmontelle.
Il est là:
Histoire de Courteilles, village de Normandie. Michel Lallemand.
La marquis de Courteilles. Le Comte de Rochechouart. Le duc de Richelieu.
Se dépecher de le trouver et de l'acheter car ça à l'air d'un compte d'Auteur.
Château et jardin fait par Mathieu Le Carpentier comme les aime Jean-Benjamin de La Borde et Carmontelle.
charenton- Messages : 1047
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 74
Localisation : 75012 PARIS
Re: Armand-Emmanuel de Vignerot du Plessis (1766-1822), duc de Richelieu
Ai trouvé cette thèse venant du Canada
Thèse 1967.Claude Verrier.
Armand-Emmanuel du Plessis, duc de Richelieu : la Russie, école d'un homme d'état français durant la Révolution de l'Empire
https://savoirs.usherbrooke.ca/handle/11143/7904
il y a du boulot moderne.
Thèse 1967.Claude Verrier.
Armand-Emmanuel du Plessis, duc de Richelieu : la Russie, école d'un homme d'état français durant la Révolution de l'Empire
https://savoirs.usherbrooke.ca/handle/11143/7904
il y a du boulot moderne.
charenton- Messages : 1047
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 74
Localisation : 75012 PARIS
Simplicie, Amadine et le frère Armand Emmanuel Duplessis, duc de Richelieu
Cte Marquiset cotoya fort bien Simplicie, Amadine et le frère Armand Emmanuel Duplessis, duc de Richelieu (bras dessus-bras-dessous)
Gallica
À travers ma vie / Armand Marquiset, 1797-1859 ; souvenirs classés et annotés par le Cte Marquiset
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97569530/f31.image.r=richelieu
Gallica
À travers ma vie / Armand Marquiset, 1797-1859 ; souvenirs classés et annotés par le Cte Marquiset
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97569530/f31.image.r=richelieu
charenton- Messages : 1047
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 74
Localisation : 75012 PARIS
Sujets similaires
» Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis-Richelieu (1720-1788), duc d'Aiguillon
» Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
» Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, maréchal et duc de Richelieu
» Lomond et l'invention du Télégraphe électrique
» Marc-Marie, marquis de Bombelles (1744-1822)
» Contre-révolution et politique du pire : Marie-Antoinette et les révolutionnaires les plus radicaux
» Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, maréchal et duc de Richelieu
» Lomond et l'invention du Télégraphe électrique
» Marc-Marie, marquis de Bombelles (1744-1822)
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum