Hendaye, le château d'Abbadia
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Teresa-Cabarrus
Mme de Sabran
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: Nos conseils et découvertes :: Promenades et visites guidées (hors lieux du XVIIIe siècle)
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Hendaye, le château d'Abbadia
Toujours au Pays Basque , ne manquez surtout pas non plus de visiter l'extraordinaire château-observatoire d'Abbadia qui surplombe la baie d'Hendaye, en face de l'Espagne, Irun, Hondarribia ...
Nous l'évoquions déjà au détour du sujet que notre ami Calonne consacrait à l'explorateur James Bruce.
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5020-l-explorateur-james-bruce?highlight=bruce
Bruce fera pourtant des émules, mon cher Calonne !
Par exemple Antoine d'Abbadie qui voudra calquer sa vie sur celle de son modèle et, de retour dans son Pays Basque après avoir parcouru le monde sur les traces de son héros, recréera une Ethiopie fantasmée et onirique dans se propre demeure .
Le château-observatoire d'Abbadia, sur le promontoire au-dessus de Hendaye-Plage ...
( dont je parlais justement, il y a quelques jours ! ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3653p50-l-ile-des-faisans-sur-la-bidassoa )
Antoine d'Abbadie est né en 1810 à Dublin d'une mère irlandaise, et d'un père basque qui avait émigré à l’aube de la Révolution pour s’établir en Andalousie d'abord puis en Irlande. Antoine passe son enfance en Irlande, puis rentre en France à l'âge de 8 ans. A Paris, il poursuit des études à la Sorbonne de sciences, droit, linguistique. Il étudie au Muséum national d'Histoire naturelle et au Collège de France. Il rejoint une mission scientifique au Brésil organisée par l'académie des Sciences en 1836, afin de réaliser des observations magnétiques et de géodésie.
WIKI nous donne le très impressionnant pedigree scientifique et linguistique d'Antoine d'Abbadie :https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_d%27Abbadie_d%27Arrast
Le 13 mai 1864, Antoine d'Abbadie sollicite E. Viollet-le-Duc mais celui-ci dispose de peu de temps à consacrer au projet néogothique et le confie à son disciple Edmond Duthoit, enthousiaste de l’architecture arabe.
Abbadia sera leur chef d'oeuvre !
E. Viollet-le-Duc remanie l’organisation horizontale proposée par C. Parent, notamment en ce qui concerne l'accueil et la logique de circulation. E. Duthoit qui a effectué des relevés de monuments arabes, s'en inspire dans les salons orientaux du château. Son goût pour l'art arabe et la polychromie trouve sa source dans ses voyages scientifiques avec le marquis de Voguë et exulte à Abbadia !
En 1858, un premier observatoire astronomique circulaire est construit ; il sera détruit par la suite et remplacé par l’actuel bâtiment parallélépipédique. En 1865, les deux ailes occidentales et orientales sont couvertes.
La lunette méridienne d'Abbadia, instrumentation unique au monde à cette époque : lunette méridienne, horloges et accessoires étaient décimaux (pas d'angles en degrés mais en grades, heures de cent minutes).
Autour du château et dedans, d'Abbadie réalise de nombreuses expériences de géodésie, de géophysique, de physique et d'astronomie. Un de ces instruments les plus importants (par la taille et la quantité d'observations faites avec) est la nadirane, instrument unique destiné à l'observation des changements de la direction de la verticale (la direction du fil à plomb). Il détecte aussi de faibles secousses telluriques.
Antoine d'Abbadie est élu correspondant de l'Académie des Sciences en 1852, puis membre en 1867. Il dirige la Société de Géographie en 1892.
La conception architecturale d'E. Viollet-le-Duc à Abbadia propose un art total sans doute annonciateur des prémisses de l'Art nouveau.
En témoigne la chapelle, sous l'autel de laquelle repose le corps d'Antoine d'Abbadie :
Nous reconnaissons dans tous les détails des façades du château l'univers imaginaire et le bestiaire fantastique de Viollet le Duc . Les petites ou grosses bestioles fourmillent, grimpent aux murs, escaladent les pignons .
Ci-dessous, les singes, lézards, escargots, écureuils, crocodiles, éléphant, grenouille, chien ... etc ...
Il est très amusant de les chercher et de les reconnaître .
Et, surmontant le porche du château, la jolie formule d'accueil, en gaélique ( clin d'oeil à l'Irlande ) :
Dans la bibliothèque d'Antoine enfant
se trouvaient les cinq volumes du récit de voyage de l’anglais James Bruce :
« Travels to Discover the Source of the Nile, in the years 1768, 1769, 1770, 1771 and 1772 » ou sa traduction française, Voyage à la recherche des sources du Nil.
Il les dévore.
Ce récit marque très profondément le jeune-homme. Il n’a de cesse d’aller sur les traces de cet explorateur et d’imiter sa démarche.
A la lecture des difficultés de l’expédition, Antoine comprend qu’il doit effectuer un entraînement physique intense et il suivra aussi des régimes sans viande. Comme Bruce, il apprendra l’arabe, puis des langues éthiopiennes, comme Bruce, il se rendra à Gondar, la capitale éthiopienne, où il sera reçu par le négus, comme Bruce, il partira explorer le pays et notera sa géographie, comme Bruce, il rapportera des originaux ou des copies de manuscrits anciens.
Ce ne sont pas moins de 234 manuscrits qui seront envoyés en France. Ils comprennent l’ensemble des textes bibliques en guèze, la langue liturgique de l’église et des clercs, les annales des rois d’Éthiopie presque complètes, de la poésie et de l’art épistolaire, plusieurs manuscrits à peintures, des textes magiques et divinatoires, de la littérature falasha -juive éthiopienne-, etc. Il rapportera en outre la matière pour un dictionnaire de la langue amariñña comportant plus de 15 000 mots.
La bibliothèque du château d'Abbadia :
En 1859, d'Abbadie épouse Virginie Vincent de Saint-Bonnet. Tous deux, dès lors, dans leur château d'Abbadia de recréent le rêve d'Ethiopie d'Antoine . Partout dans le château nous retrouvons le A et le V d'Antoine et Virginie entrelacés ...
Quelques chambres bien-sûr, simplement époustouflantes !
La Chambre d'Honneur était réservée aux invités.
La chambre de Jérusalem
La chambre d'Ethiopie
La chambre de la tour
La chambre de Virginie ...
... donne par un balcon sur la chapelle qui porte la marque de Duthoit et de son goût certain pour l’art sicilien ou oriental. La nef, grande salle rectangulaire, prévue dès l’origine pour accueillir les fermiers du domaine, est surmontée d’une superbe charpente dont les arcs supportent un plafond de bois peint. Les murs de la nef drapés de rouge, en trompe l’œil, portent le monogramme de S.A. (Saint Antoine le Grand).
Antoine fut maire de la ville d'Hendaye de 1871 à 1875.
En 1836, il publie avec Augustin Chaho l'ouvrage Études grammaticales sur la langue basque qu'ils dédient « aux Basques des 7 provinces », en basque : Zazpi Uskal Herrietako Uskalduner. Nous nous souvenons d'ailleurs qu'il parle 14 langues, dont le guèze et l'amharique.
À cette même époque, Antoine lance les fêtes euskariennes (Urrugne 1851). Ces fêtes, dont il fut toute sa vie le grand mécène, sont organisées à travers le Pays basque, de France et d'Espagne, pour stimuler la renaissance de la langue et de la culture basque.
À sa mort, d'Abbadie était qualifié d' « Euskaldunen Aïta » ou « Père du peuple basque ».
Il meurt à Paris en 1897 sans descendance et obtient que son corps repose pour toujours en terre basque. Il avait légué quelques années auparavant son château à l'Académie des sciences qui en est toujours le propriétaire. Aujourd'hui ce château est un musée ayant obtenu en 2011 le label Maisons des Illustres.
Nous l'évoquions déjà au détour du sujet que notre ami Calonne consacrait à l'explorateur James Bruce.
https://marie-antoinette.forumactif.org/t5020-l-explorateur-james-bruce?highlight=bruce
Calonne a écrit:Bruce décide alors d'écrire ses fabuleux souvenirs de voyage et son séjour à la cour d'Ethiopie à l'attention de ses descendants. Malheureusement, ses récits sont mal reçus, qualifiés de fantaisistes ou d'affabulations, ce que l'explorateur prend très mal.
Bruce fera pourtant des émules, mon cher Calonne !
Par exemple Antoine d'Abbadie qui voudra calquer sa vie sur celle de son modèle et, de retour dans son Pays Basque après avoir parcouru le monde sur les traces de son héros, recréera une Ethiopie fantasmée et onirique dans se propre demeure .
Le château-observatoire d'Abbadia, sur le promontoire au-dessus de Hendaye-Plage ...
( dont je parlais justement, il y a quelques jours ! ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3653p50-l-ile-des-faisans-sur-la-bidassoa )
Antoine d'Abbadie est né en 1810 à Dublin d'une mère irlandaise, et d'un père basque qui avait émigré à l’aube de la Révolution pour s’établir en Andalousie d'abord puis en Irlande. Antoine passe son enfance en Irlande, puis rentre en France à l'âge de 8 ans. A Paris, il poursuit des études à la Sorbonne de sciences, droit, linguistique. Il étudie au Muséum national d'Histoire naturelle et au Collège de France. Il rejoint une mission scientifique au Brésil organisée par l'académie des Sciences en 1836, afin de réaliser des observations magnétiques et de géodésie.
WIKI nous donne le très impressionnant pedigree scientifique et linguistique d'Antoine d'Abbadie :https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_d%27Abbadie_d%27Arrast
Le 13 mai 1864, Antoine d'Abbadie sollicite E. Viollet-le-Duc mais celui-ci dispose de peu de temps à consacrer au projet néogothique et le confie à son disciple Edmond Duthoit, enthousiaste de l’architecture arabe.
Abbadia sera leur chef d'oeuvre !
E. Viollet-le-Duc remanie l’organisation horizontale proposée par C. Parent, notamment en ce qui concerne l'accueil et la logique de circulation. E. Duthoit qui a effectué des relevés de monuments arabes, s'en inspire dans les salons orientaux du château. Son goût pour l'art arabe et la polychromie trouve sa source dans ses voyages scientifiques avec le marquis de Voguë et exulte à Abbadia !
En 1858, un premier observatoire astronomique circulaire est construit ; il sera détruit par la suite et remplacé par l’actuel bâtiment parallélépipédique. En 1865, les deux ailes occidentales et orientales sont couvertes.
La lunette méridienne d'Abbadia, instrumentation unique au monde à cette époque : lunette méridienne, horloges et accessoires étaient décimaux (pas d'angles en degrés mais en grades, heures de cent minutes).
Autour du château et dedans, d'Abbadie réalise de nombreuses expériences de géodésie, de géophysique, de physique et d'astronomie. Un de ces instruments les plus importants (par la taille et la quantité d'observations faites avec) est la nadirane, instrument unique destiné à l'observation des changements de la direction de la verticale (la direction du fil à plomb). Il détecte aussi de faibles secousses telluriques.
Antoine d'Abbadie est élu correspondant de l'Académie des Sciences en 1852, puis membre en 1867. Il dirige la Société de Géographie en 1892.
La conception architecturale d'E. Viollet-le-Duc à Abbadia propose un art total sans doute annonciateur des prémisses de l'Art nouveau.
En témoigne la chapelle, sous l'autel de laquelle repose le corps d'Antoine d'Abbadie :
Nous reconnaissons dans tous les détails des façades du château l'univers imaginaire et le bestiaire fantastique de Viollet le Duc . Les petites ou grosses bestioles fourmillent, grimpent aux murs, escaladent les pignons .
Ci-dessous, les singes, lézards, escargots, écureuils, crocodiles, éléphant, grenouille, chien ... etc ...
Il est très amusant de les chercher et de les reconnaître .
Et, surmontant le porche du château, la jolie formule d'accueil, en gaélique ( clin d'oeil à l'Irlande ) :
Cead Mile Failte (Cent mille bienvenues)
Dans la bibliothèque d'Antoine enfant
se trouvaient les cinq volumes du récit de voyage de l’anglais James Bruce :
« Travels to Discover the Source of the Nile, in the years 1768, 1769, 1770, 1771 and 1772 » ou sa traduction française, Voyage à la recherche des sources du Nil.
Il les dévore.
Ce récit marque très profondément le jeune-homme. Il n’a de cesse d’aller sur les traces de cet explorateur et d’imiter sa démarche.
A la lecture des difficultés de l’expédition, Antoine comprend qu’il doit effectuer un entraînement physique intense et il suivra aussi des régimes sans viande. Comme Bruce, il apprendra l’arabe, puis des langues éthiopiennes, comme Bruce, il se rendra à Gondar, la capitale éthiopienne, où il sera reçu par le négus, comme Bruce, il partira explorer le pays et notera sa géographie, comme Bruce, il rapportera des originaux ou des copies de manuscrits anciens.
Ce ne sont pas moins de 234 manuscrits qui seront envoyés en France. Ils comprennent l’ensemble des textes bibliques en guèze, la langue liturgique de l’église et des clercs, les annales des rois d’Éthiopie presque complètes, de la poésie et de l’art épistolaire, plusieurs manuscrits à peintures, des textes magiques et divinatoires, de la littérature falasha -juive éthiopienne-, etc. Il rapportera en outre la matière pour un dictionnaire de la langue amariñña comportant plus de 15 000 mots.
La bibliothèque du château d'Abbadia :
Enfin, Antoine croira avoir atteint avec son frère Arnaud les sources du Nil, alors qu’il ne s’agissait en réalité que de la source du fleuve Omo. Bruce, quant à lui, pensait que le lac Tana en Éthiopie était la source du Nil bleu, et descendant le cours du fleuve, il avait noté sa confluence avec le Nil blanc au niveau de Khartoum. Mais à la décharge de ces valeureux explorateurs, il faut savoir que les sources du Nil sont encore l’objet de recherches aujourd’hui : en 2018, de nouveaux tributaires sont venus compléter la carte du réseau complexe qui alimente ce fleuve qui figure parmi les plus longs du monde.
Antoine d’Abbadie, une immersion éthiopienne
Tout au long de son séjour en Éthiopie, Antoine d’Abbadie aura à coeur de ne pas seulement traverser le pays, mais également d’y vivre. Tant sa préparation que son voyage d’exploration mettent en application les prescriptions du philosophe des Lumières Diderot qui conseille comment « voyager utilement » :
« Je voudrais au voyageur une bonne teinture de mathématiques, des éléments de calcul, de géométrie, de mécanique, d’hydraulique, de physique expérimentale, d’histoire naturelle, de chimie, de dessin, de la géographie, et même un peu d’astronomie ; ce qu’on a coutume de savoir à vingt deux ans, quand on a reçu une éducation libérale. (…) Que la langue du pays ne lui soit pas tout à fait inconnue ; s’il ne la parle pas, du moins qu’il l’entende. Ayez lu tout ce qu’on aura publié d’intéressant sur le peuple que vous visiterez. Plus vous saurez, plus vous aurez à vérifier, plus vos résultats seront justes. »
Antoine d’Abbadie suit toujours la même méthode : s’arrêter dans un centre culturel et entrer en contact avec les lettrés locaux. Il se fait ensuite enseigner par eux leur langue, leur littérature et leurs coutumes. Il apprendra de la sorte le guèze, l’amharique, le tigréen, l’arabe et plusieurs dialectes éthiopiens. Il acquiert, en toute légalité, de nombreux manuscrits. Son ouverture d’esprit est tout à fait remarquable. Il cherche à comprendre un pays de l’intérieur sans vouloir imposer « ses lumières », sa marchandise ou son Dieu.
Indiscutablement catholique, il ne tient nullement l’Église orthodoxe éthiopienne en mépris et se lie avec les Falashas, se faisant leur relais auprès des juifs d’Europe. Ni marchand, ni missionnaire, il est un scientifique indépendant, plutôt progressiste. Il se fond dans la société qu’il étudie (il se loge, mange et s’habille « à l’éthiopienne »). Toutefois, il n’en reste pas moins critique à son égard. Mais au soir de sa vie, il rédigera un essai qui est une magnifique supplique « Sur l’abolition de l’esclavage en Afrique », qu’il publie en 1896 dans les pages du Bulletin de la Société des études coloniales et maritimes.
Pour vous en donner le ton, simplement le début et la fin : « Ce sera un éternel honneur pour l’Église catholique d’avoir combattu l’esclavage africain par un moyen autre que celui des conventions diplomatiques qui ne manquent certainement pas de mérite, mais qui sont impuissantes parce qu’elles n’offrent aucune sanction, et parce que hors d’Europe, chacun peut les violer à plaisir. Avec un grand sens pratique qui est tout à sa gloire, le cardinal Lavigerie a constitué des Comités internationaux chargés de délibérer sur les mesures à prendre pour conduire à bonne fin l’extinction de l’esclavage, cette croisade du XIXe siècle… Comme les plaideurs éthiopiens, je crie à tue-tête : Justice ! Justice ! Justice ! »
En 1859, d'Abbadie épouse Virginie Vincent de Saint-Bonnet. Tous deux, dès lors, dans leur château d'Abbadia de recréent le rêve d'Ethiopie d'Antoine . Partout dans le château nous retrouvons le A et le V d'Antoine et Virginie entrelacés ...
Les photos sont interdites à l'intérieur de l'édifice, mais heureusement Google images vient à mon secours...
Quelques vues donc !
Le château se distingue par la richesse de ses matériaux ornementaux (boiseries, staff, faïence, peinture sur enduit, textiles), sa décoration intérieure polychrome, l'éclectisme des sources d'inspiration, du gothique rayonnant à l'orientalisme, très en vogue en cette fin du XIXème siècle et teinté de romantisme.
Partout, des formules en basque, irlandais, guèze, arabe, latin, anglais ou allemand témoignent de la curiosité culturelle et des valeurs philosophiques d'Antoine d'Abbadie.
Des maximes en basque comme
Bizi bedi euskara (Que vive l'Euskara !!! ) célèbrent le Pays basque.
Partout, des formules en basque, irlandais, guèze, arabe, latin, anglais ou allemand témoignent de la curiosité culturelle et des valeurs philosophiques d'Antoine d'Abbadie.
Des maximes en basque comme
Bizi bedi euskara (Que vive l'Euskara !!! ) célèbrent le Pays basque.
Les fresques de l’entrée, avec légende en guèze, montrent la vie quotidienne en Abyssinie ; elles présentent sans doute des détails plus réalistes que la plupart des réalisations de cette période : enfants enchaînés à l’école, hospitalité, préparation de l'injera (vanner et moudre le grain), repas d’un grand chef, orateur au parlement Oromo, Danfala (discours du guerrier), procession, rappelant qu'Antoine d'Abbadie a passé douze années en Éthiopie, pieds nus, portant le turban et la toge des éthiopiens. Des boucliers éthiopiens et cornes d’animaux ornent les murs.
Ce jeune esclave avait été offert à Antoine d'Abbadie qui l'a affranchi et ramené en France. Plus tard, Abdullah s'engagea dans l'armée de Napoléon III et combattit à Solférino et en Alsace. Malheureusement, lors de la Commune, en 1871, il tomba sous les balles ennemies .
Les murs de la salle à manger sont recouverts de cuir de buffle. Comme dans la chambre d'amis, le mobilier conçu par E. Duthoit comprend une table avec des incrustations et une commode qui servait spécialement à la porcelaine des banquets. Les chaises autour de la grande table portent chacune une lettre éthiopienne brodée sur son dossier. Placées dans l'ordre, ces syllabes forment la devise : « Puisse-t-il autour de cette table ne jamais se trouver de traître ».
Le salon d'Honneur est une grande pièce circulaire située dans la tour sud. Lambrissée à mi-hauteur, les murs sont peints en bleu et parsemés des monogrammes dorés A et V en caractères gothiques. La cheminée constitue l’ornement principal de ce salon. Réalisée en pierre d’Angoulême, sur un dessin de Duthoit, elle évoque les intérieurs médiévaux.
Au centre de la hotte, le blason d’Antoine d’Abbadie avec sa devise « Plus être que paraître » en phylactère mais également un décor reposant sur le thème du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle.
Sur le manteau de la cheminée, une citation latine est sculptée : « La vie passe comme la fumée. »
Le petit salon (salon rouge ou salon arabe) présente un décor d'inspiration ottomane.
L'extraordinaire escalier hélicoïdal mauresque de la tourelle sud !
Quelques chambres bien-sûr, simplement époustouflantes !
La Chambre d'Honneur était réservée aux invités.
Les murs sont recouverts de grands panneaux de toile peinte tendue, garnis de rosaces avec de la calligraphie arabe.
Le lit à baldaquin porte l’inscription en vieux français « Doux sommeil, songes dorés, à qui repose céans, joyeux réveil, matinée propice » .
La cheminée s’agrémente de carreaux de majolique jaune et bleu turquoise ; sur le fond du carrelage on peut lire le proverbe arabe : « Ne jette point de pierres dans le puits dont tu bois l’eau ».
La chambre de Jérusalem
La chambre d'Ethiopie
La chambre de la tour
La chambre de Virginie ...
... donne par un balcon sur la chapelle qui porte la marque de Duthoit et de son goût certain pour l’art sicilien ou oriental. La nef, grande salle rectangulaire, prévue dès l’origine pour accueillir les fermiers du domaine, est surmontée d’une superbe charpente dont les arcs supportent un plafond de bois peint. Les murs de la nef drapés de rouge, en trompe l’œil, portent le monogramme de S.A. (Saint Antoine le Grand).
Le chœur est baigné d’une douce lumière tamisée par trois vitraux représentant au centre « Le Christ aux outrages » encadré par les Pères de l’Eglise, St Thomas d’Aquin à gauche et St Augustin à droite.
Antoine et Virginie reposent en paix, en-dessous de l’autel, dans une crypte.
Antoine fut maire de la ville d'Hendaye de 1871 à 1875.
En 1836, il publie avec Augustin Chaho l'ouvrage Études grammaticales sur la langue basque qu'ils dédient « aux Basques des 7 provinces », en basque : Zazpi Uskal Herrietako Uskalduner. Nous nous souvenons d'ailleurs qu'il parle 14 langues, dont le guèze et l'amharique.
À cette même époque, Antoine lance les fêtes euskariennes (Urrugne 1851). Ces fêtes, dont il fut toute sa vie le grand mécène, sont organisées à travers le Pays basque, de France et d'Espagne, pour stimuler la renaissance de la langue et de la culture basque.
À sa mort, d'Abbadie était qualifié d' « Euskaldunen Aïta » ou « Père du peuple basque ».
Antoine d'Abbadie au soir de sa vie
Il meurt à Paris en 1897 sans descendance et obtient que son corps repose pour toujours en terre basque. Il avait légué quelques années auparavant son château à l'Académie des sciences qui en est toujours le propriétaire. Aujourd'hui ce château est un musée ayant obtenu en 2011 le label Maisons des Illustres.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Et bien chère Eléonore, bravo!!! pour ce fantastique article et de si belles photos.
Tant de fois que je me suis promenée par Hendaye sans avoir connaissance de cette beauté
Je ne manquerai pas de faire un arrêt à Hendaye la prochaine fois que j'irai en Espagne.
Et dites, l'observatoire est si important que l'on y puisse observer des trous noires ?
Tant de fois que je me suis promenée par Hendaye sans avoir connaissance de cette beauté
Je ne manquerai pas de faire un arrêt à Hendaye la prochaine fois que j'irai en Espagne.
Et dites, l'observatoire est si important que l'on y puisse observer des trous noires ?
Teresa-Cabarrus- Messages : 364
Date d'inscription : 18/02/2014
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Tiens, les trous noirs ! J'en parlais avec notre petit Lulu il y a deux jours justement .
Ils n'ont été découverts que très récemment, deuxième moitié du XXème siècle, non ?
Il y a toujours des manifestations ou événements scientifiques à Abbadia. Par exemple en octobre dernier Didier ROUX, Académicien Physico-Chimiste, spécialiste de matière condensée, s'est prêté à une conversation sur le thème suivant : « Energie et changement climatique ».
Oui, ma chère Teresa, la prochaine fois que vous dépasserez Saint-Jean de Luz, stop !!! Halte à Abbadia .
Je suis sûre que vous adorerez !
Nous avons retrouvé l'heureuse association Viollet le Duc / Duthoit, non loin de Bordeaux, au château de Roquetaillade.
Ils n'ont été découverts que très récemment, deuxième moitié du XXème siècle, non ?
Il y a toujours des manifestations ou événements scientifiques à Abbadia. Par exemple en octobre dernier Didier ROUX, Académicien Physico-Chimiste, spécialiste de matière condensée, s'est prêté à une conversation sur le thème suivant : « Energie et changement climatique ».
Oui, ma chère Teresa, la prochaine fois que vous dépasserez Saint-Jean de Luz, stop !!! Halte à Abbadia .
Je suis sûre que vous adorerez !
Nous avons retrouvé l'heureuse association Viollet le Duc / Duthoit, non loin de Bordeaux, au château de Roquetaillade.
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Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Merci pour le reportage, c'est un très beau château.
Je ne suis pas particulièrement fan du style troubadour, mais je dois dire que cette bâtisse est une réussite (même si je préfère l'extérieur à l'intérieur ).
Je ne suis pas particulièrement fan du style troubadour, mais je dois dire que cette bâtisse est une réussite (même si je préfère l'extérieur à l'intérieur ).
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Magnifique et modeste demeure, tout à fait dans le style romantique et troubadour, j'aime énormément, l'extérieur et l'intérieur
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Et puis, Abbadia résume toute entière l'âme d'un homme extraordinaire, si attachant !
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Merci, j'irai lire plus sur lui quand j'aurai la tête reposée, pour le moment de nouveau débordé au travail
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Alors bon courage, mon cher Félix ! télé-travail sans doute ?Comte d'Hézècques a écrit:Merci, j'irai lire plus sur lui quand j'aurai la tête reposée, pour le moment de nouveau débordé au travail
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Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Tiens ! moi c'est l'inverse .Duc d'Ostrogothie a écrit: je dois dire que cette bâtisse est une réussite (même si je préfère l'extérieur à l'intérieur ).
Il est vrai que cette restauration des fresques intérieures d'Edmond Duthoit est toute récente, un peu rutilante, et demande à se patiner . Cela viendra avec le temps.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Une bien belle visite, avec un décor surprenant, et rare.
Merci pour cette découverte...
Merci pour cette découverte...
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Merci pour cette belle découverte Eléonore, et ce reportage si érudit !
Je note que comme à Combourg, l’intérieur néogothique est bien sombre... La mode du temps sans doute, mais aussi harmonieux que cela soit, tout comme Ostrogoth, je n’en voudrais pas chez moi
Je note que comme à Combourg, l’intérieur néogothique est bien sombre... La mode du temps sans doute, mais aussi harmonieux que cela soit, tout comme Ostrogoth, je n’en voudrais pas chez moi
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Oui, n'est-ce pas, c'est une atmosphère étrange, mystérieuse, voire un chouïa ésotérique ... Nous la devons aux desiderata d'Antoine et Virginie bien-sûr, exaucés par le tandem de génie de Viollet le Duc et Duthoit.
Nous les sentons exulter à Abbadia !
Figure-toi que nous avons retrouvé l'association des deux compères au château de Roquetaillade, non loin de Bordeaux . Les propriétaires des lieux ne regardant pas à la dépense leur ont totalement laissé la bride sur le cou et le résultat, merveilleux aussi, est tout différent .
J'ouvrirai peut-être un petit sujet ? ...
Nous les sentons exulter à Abbadia !
Figure-toi que nous avons retrouvé l'association des deux compères au château de Roquetaillade, non loin de Bordeaux . Les propriétaires des lieux ne regardant pas à la dépense leur ont totalement laissé la bride sur le cou et le résultat, merveilleux aussi, est tout différent .
J'ouvrirai peut-être un petit sujet ? ...
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Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Hendaye, le château d'Abbadia
Oh oui, s'il te plaît !!!
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
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