Cléopâtre, reine d'Egypte

Un petit lien en passant !

"De Cléopâtre à nos jours : le parfum, histoire d'un mythe", Le Parisien, 29/06/2012

https://www.leparisien.fr/laparisienne/beaute/de-cleopatre-a-nos-jours-le-parfum-histoire-d-un-mythe-29-06-2012-2070826.php

Utilisé depuis la nuit des temps pour honorer les dieux, le parfum est un philtre d'amour: pour reconquérir Marc-Antoine, Cléopâtre en fait parfumer les voiles du vaisseau sur lequel elle part le retrouver.
 "Le vent était malade d'amour", écrira Shakespeare plus tard s'inspirant de cet épisode.
 https://www.lexpress.fr/actualites/1/culture/marie-antoinette-napoleon-coco-chanel-histoires-de-parfums_1132384.html



"Le vent était malade d'amour"
C'est si beau que l'on croirait du Victor Hugo ! 

Figure fascinante de l'Histoire
Je n'ai pas de télé, mais j'essaierai de regarder l'émission après, si on la publie sur le site web de la chaîne de télévision.

Peut-être l'un d'entre nous postera-t-il le lien vers ce documentaire ? 

https://www.france.tv/documentaires/histoire/2284571-le-mystere-cleopatre-la-derniere-reine-d-egypte.html



(mais je crains que ce ne soit accessible qu'aux résidents français... )

Eh bien, j'espère que notre ami Eddy2000 sera devant son petit écran, ce soir ! farao a écrit:

Je n'étais pas devant cette émission hier soir, mais j'ai enregistré ce documentaire !

Et moi, pas encore regardé, mais demain j'espère !
Grâce à toi, mon cher Momo ... شُكْرا جَزِيلا 

على الرحب والسعة!

Gouverneur Morris a écrit:على الرحب والسعة!

Poo poo pee doo ...

   Il fallait y penser !

Cher la Pérouse, vous nous manquiez ! 

« Le mystère Cléopâtre, la dernière reine d'Egypte », jeudi 4 mars sur France 5 dans “Science Grand Format”

Reportage remonté pour la télévision française qui comporte son lot d'erreurs, d'approximations, de raccourcis et de généralités ! La palme revient à l'historienne française, visiblement pas une véritable spécialiste du sujet, qui ne fait que lire, en le cachant très mal (regard en permanence porté vers le bas à gauche), un prompteur situé à ses pieds. Un vrai spécialiste comme Sartre, Chauveau ou Schwentzel aurait été plus appréciable. Le sujet est survolé, mal traité, et trompeur, bien qu'annoncé à grands renforts de publicité.

Kathleen Martinez est une archéologue de renom dont l'impact des travaux de recherche et de ses découvertes s'est avéré considérable depuis le début de ses fouilles en 2002 sur le site de Taposiris Magna et dont le but a toujours été de retrouver le tombeau de Cléopâtre. Cependant, et malgré des annonces répétées quant à la proximité de cette découverte, cette recherche s'est pour l'instant avérée infructueuse.

Certains experts estiment ainsi que le tombeau ne sera jamais retrouvé. Ainsi Zahi Hawass, ancien secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes et ancien ministre des Antiquités, qui a autorisé et supervisé les fouilles de Kathleen Martinez,

estime en effet que son mausolée, qu’elle partage avec Marc-Antoine, est probablement déjà sous l’eau. « Sa tombe ne sera jamais retrouvée », a-t-il déclaré à Livescience. Au cours de ces deux derniers millénaires, l’érosion côtière a en effet immergé d’anciennes parties d’Alexandrie, y compris une section sur laquelle s’élevait jadis le palais de Cléopâtre. Et si sa tombe n’est pas sous l’eau, poursuit Zahi Hawass, il y a de fortes chances pour qu’elle ait été détruite durant l’Antiquité, ou qu’elle soit aujourd’hui enterrée sous le développement moderne d’Alexandrie. Un avis partagé par Robert Gurval, professeur émérite de classiques à l’Université de Californie à Los Angeles (États-Unis). « Ce serait remarquable si sa tombe avait pu survivre à ces derniers millénaires, explique-t-il. Mais, quand bien même elle n’aurait pas été touchée par des mains humaines, les tremblements de terre et l’eau de mer l’auraient probablement enterrée ou submergée depuis longtemps ». a écrit:

[Source : https://sciencepost.fr/archeologie-mais-ou-se-cache-la-tombe-de-cleopatre/]

Ce reportage semble surtout avoir eu pour but de trouver de nouveaux financements quant aux futures campagnes de fouilles de Kathleen Martinez. Un but assez louable mais desservi par ce sensationnalisme !

"Cléopâtre l’Égyptienne", Bernard Legras, Belles Lettres





Je signale la parution en ce jour de l'ouvrage de Bernard Legras consacré à Cléopâtre. Bernard Legras est professeur d'histoire grecque à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2008. Agrégé d’histoire (1980), Docteur en histoire, (Université Paris 1, 1991), il est diplômé de l’École pratique des hautes études (EPHE) en papyrologie juridique en 1995. Il est vice-président du Comité français des Sciences historiques (CFSH) et vice-président de l’association internationale pour l’étude du Droit de l’Égypte ancienne (AIDEA).

La lecture des premières pages annonce un ouvrage d'une grande rigueur historique dans la lignée des ouvrages de Christian-Georges Schwentzel et de Maurice Sartre.

Présentation du livre par l'éditeur :

L’histoire de Cléopâtre VII, reine grecque et pharaon féminin, repose essentiellement, depuis l’Antiquité, sur des sources littéraires qui la présentent sous un jour négatif, comme une « Égyptienne », ce qui la dévalorisait à la fois comme « barbare » et comme femme. Ce discours idéologique qui reproduisait la propagande du vainqueur, Octavien-Auguste, doit être confronté aux documents historiques issus de l’Égypte de Cléopâtre : papyrus, inscriptions, sources archéologiques et iconographiques. La publication de ces sources s’est en effet accélérée depuis le début du XXIe siècle, tant par des découvertes faites dans les collections des musées et des instituts de papyrologie que par les progrès de l’archéologie alexandrine grâce aux fouilles subaquatiques. Une Cléopâtre plus authentique naît de l’étude de ces documents, une reine, qui s’affirmait comme une femme d’État. Elle se définissait comme grecque et égyptienne, une double identité acceptée par ses sujets. Sa volonté fut de redonner à son royaume la puissance qu’il avait au début de l’ère hellénistique, en liant totalement son destin aux atouts que lui donnaient le contrôle de l’Égypte, et en nouant de subtiles alliances avec Rome. a écrit:

Table des matières :

Remerciements
Liste des abréviations
Introduction

1. Une jeunesse royale
1.1 L’héritage familial
La naissance royale
L’éducation d’une princesse
L’association au pouvoir et le testament de Ptolémée XII
1.2 Quelle place pour l’Égypte dans le monde ?
Le recul ptolémaïque en Méditerranée
L’influence croissante de Rome en Égypte
Ptolémée XII, client de Rome
1.3 L’état du royaume
Le programme politique de Ptolémée XII Néos Dionysos
Il faut que l’Égypte rapporte
Les Romains à l’affût

2. La conquête du pouvoir
2.1 Les trois premières années de règne avec Ptolémée XIII (51‑48 av. J.-C.)
Les deux premières années de règne
L’an 3 du règne de Cléopâtre : une lutte fratricide
De l’exil en Syrie au retour à Alexandrie (été 49-juillet 48 av. J.-C.)
2.2 La guerre entre Ptolémée XIII, Cléopâtre VII et Arsinoè IV, frère et soeurs ennemis
L’arrivée de Jules César à Alexandrie
La politique de César envers Cléopâtre et Ptolémée XIII
La guerre d’Alexandrie
2.3 L’élimination des concurrents, Ptolémée XIII, Ptolémée XIV et Arsinoè IV
La noyade de Ptolémée XIII
Un bref règne conjoint avec Ptolémée XIV
L’assassinat d’Arsinoè IV

3. Restaurer la prospérité du royaume
3.1 L’affirmation du pouvoir royal dans le pays
L’ordonnance du 9 juin 46 av. J.-C
Une reine hellénistique à Rome
La naissance d’une dynastie ptolémaico-julienne
3.2 Édicter pour prospérer
Le soutien à l’économie ptolémaïque
La répression contre les abus des fonctionnaires
Une politique favorable à des intérêts romains : l’ordonnance de 33 av. J.-C.
3.3 Quel bilan ?
La politique monétaire
La politique économique envers les temples
Un redressement inachevé

4. Une vision impériale
4.1 Les ambitions d’une reine macédonienne
Cléopâtre néôtéra et Philopatris
Tarse, été 41 : la formation d’un couple
La diplomatie de Cléopâtre de l’hiver 41 à 37 av. J.-C.
4.2 La construction de l’alliance entre Antoine et Cléopâtre
Une séparation de trois ans
Octavie, rivale de Cléopâtre à Athènes
De Tarente à Antioche : le retour vers Cléopâtre
4.3 Le partage de l’Orient
Antioche, hiver 37‑36 : un mariage et des donations
Un axe Antioche-Alexandrie ?
Les guerres parthico-arméniennes et les cérémonies d’Alexandrie

5. Cléopâtre et les élites du royaume
5.1 Alexandrie, capitale du royaume
Le Kaisareion : de Cléopâtre à Auguste
Les palais de la reine
Le tombeau de Cléopâtre
5.2 Cléopâtre, les dieux et les prêtres
Les relations avec les prêtres des temples égyptiens
Les relations avec les prêtres des temples grecs
Des problèmes avec certains temples de la chôra
5.3 Judéophobie ou philosémitisme de Cléopâtre ?
Le réquisitoire de Flavius Josèphe
La protection accordée à une synagogue du Delta
La vie de la communauté juive d’Alexandrie

6. Mourir en reine ptolémaïque
6.1 La défaite finale de l’armée ptolémaïque
Le financement de la guerre par Cléopâtre
Le désastre d’Actium
L’armée : hellénistique ou romaine ?
6.2 La décision de mourir
Le retour des vaincus à Alexandrie
La ruine des derniers espoirs militaires d’Antoine et Cléopâtre
Les derniers jours de Cléopâtre
6.3 La mise en scène d’un suicide
Des sources littéraires antiques contradictoires
La science hellénistique des poisons
Une mort à l’égyptienne ou à la grecque ?

Conclusion
Arbre généalogique et cartes
Bibliographie
Index des sources
Index des personnes
Table des illustrations


Un achat, qui, pour ma part, s'avère indispensable (et donc déjà commandé) !  

Le problème avec Cléopâtre, c'est que la légende, le mythe, ont dévoré la femme.

Même si l'on sait aujourd'hui qu'elle n'était pas une reine de beauté, même si l'on sait qu'elle n'était pas égyptienne mais de descendance grecque mêlée d'autres sangs, on la verra toujours en femme fatale, d'une beauté à couper le souffle, en image de l'Egypte "éternelle" avec perruque nattée, robe de lin, scarabées et serpents d'or, sandales de papyrus, le tout dans un décor "égyptien" digne des meilleurs ou pires péplums (alors que son apparence était sans doute plus proche du style grec).
Pour combler le tout, on n'a aucune représentation fiable, irréfutable, de son apparence. Ce qui ouvre les portes à tous les phantasmes, toutes les interprétations. En l'absence de référence, chacun peut la voir comme il le veut.

Cléopâtre a tout pour elle : le mystère, le pouvoir, la séduction et l'intelligence, l'Egypte et sa civilisation millénaire (excusez du peu), ses fastes, ses folies, l'amour et le sexe, un conquérant devenu légendaire lui aussi (César), son amour fou avec Marc-Antoine et leur couple flamboyant, leur vie fastueuse, l'histoire avec un grand H, sa mort, puissamment romantique, sa tombe jamais découverte, ce qui ne fait qu'accentuer le mystère...
Tant de siècles après, elle est toujours là. Cléopâtre a atteint le rêve de tout Pharaon, devenir immortelle.

Calonne a écrit:Le problème avec Cléopâtre, c'est que la légende, le mythe, ont dévoré la femme.

Même si l'on sait aujourd'hui qu'elle n'était pas une reine de beauté, même si l'on sait qu'elle n'était pas égyptienne mais de descendance grecque mêlée d'autres sangs, on la verra toujours en femme fatale, d'une beauté à couper le souffle, en image de l'Egypte "éternelle" avec perruque nattée, robe de lin, scarabées et serpents d'or, sandales de papyrus, le tout dans un décor "égyptien" digne des meilleurs ou pires péplums (alors que son apparence était sans doute plus proche du style grec).
Pour combler le tout, on n'a aucune représentation fiable, irréfutable, de son apparence. Ce qui ouvre les portes à tous les phantasmes, toutes les interprétations. En l'absence de référence, chacun peut la voir comme il le veut.

Cléopâtre a tout pour elle : le mystère, le pouvoir, la séduction et l'intelligence, l'Egypte et sa civilisation millénaire (excusez du peu), ses fastes, ses folies, l'amour et le sexe, un conquérant devenu légendaire lui aussi (César), son amour fou avec Marc-Antoine et leur couple flamboyant, leur vie fastueuse, l'histoire avec un grand H, sa mort, puissamment romantique, sa tombe jamais découverte, ce qui ne fait qu'accentuer le mystère...
Tant de siècles après, elle est toujours là. Cléopâtre a atteint le rêve de tout Pharaon, devenir immortelle.

Oui, vous avez partiellement raison, mais seulement partiellement. Tout vient en fait en cette matière d'une analyse méthodologique qui s'est imposée à travers les siècles, et qui d'une certaine façon a suborné l'esprit du public. Cléopâtre a vu son image emparée et parée de vices ou vertus imaginées, et ce dès les origines, par des écrivains qui ont façonné leur "Cléopâtre" : sans remonter à Plutarque et consorts, Jodelle, Shakespeare, Gautier, Shaw voire même Goscinny & Uderzo, et récemment Christian Jacq, Margaret George ou Colleen McCullough ont imprégné l'esprit du public, façonné une Cléopâtre fantasmée. Au 20ème siècle, le cinéma a pris le relais et accompagné le façonnage de cette image : De Mille d'abord, Pascal, Mattoli, Cottafavi, Mankiewicz ensuite dont la Cléopâtre-Taylor nimbe et hante encore aujourd'hui les représentations que l'on se fait d'elles, encore Goscinny & Uderzo, Charlton Heston, même chez nous Chabat ; sans oublier la télévision (le téléfilm de Franc Roddam ou la série "Rome") ou la comédie musicale (chez nous, celle de Kamel Ouali). Au-delà des qualités artistiques, incontestables, de certaines de ces oeuvres et du plaisir cinéphilique à voir s'incarner cette Cléopâtre fantasmée par Claudette Colbert, Vivien Leigh, Leonor Varela, Elizabeth Taylor ou Linda Cristal dont j'avais pu écrire sur ce forum :

Impossible de ne pas parler de Linda Cristal qui épouse ici réellement le rôle de Cléopâtre et qui au-delà de l'Histoire, incarne ici toutes les figures du mythe cléopâtrien (sauf celui de la mère) tour à tour mystérieuse, sensuelle, charnelle, vénéneuse, dangereuse, majestueuse, tendre, triste, perdue, forte, pleine de grandeur, incarnation de la beauté et sacrifiée. Si elle n'est peut-être pas la meilleure Cléopâtre historique, elle est peut-être celle qui incarne le mieux le mythe ! a écrit:

il reste que cette caractérisation du mythe nous éloigne considérablement du personnage historique.

A cela il faut ajouter qu'il n'existe pas réellement de biographie historique sérieuse réellement populaire dans le public : dans le monde anglo-saxon, celle de Weigall a eu au début du 20ème siècle son petit succès, mais il est considéré aujourd'hui comme un livre historiquement peu fiable. Celle d'Oskar von Wertheimer a connu aussi un certain succès mais soulève aujourd'hui les mêmes critiques. Celle de Jacques Benoist-Méchin a connu un succès très honorable mais soulève encore aujourd'hui les mêmes critiques. Dernièrement dans le monde anglo-saxon, celle de Stacy Schiff s'est fort convenablement vendue mais là encore les mêmes problèmes ressurgissent.

Pour se détacher de cette image, il faut alors, comme en toutes choses, se dépouiller du superflu et en revenir à des analyses strictes sur le plan historique mais tout aussi fascinantes et enrichissantes : Chauveau, modèle de synthétisme et de vérisme, Schwentzel, érudit et qui ne néglige aucune piste, Gaudefroy, qui remet tout en perspective, Sartre dont j'ai pu dire ici sur ce forum :

Une fois refermée cette biographie de Cléopâtre, on est empli d'un sentiment qui nous accompagnera longtemps : cette impression, cette sensation d'avoir vu évoluer au fil des pages de ce livre la vraie Cléopâtre, la véritable Cléopâtre historique, déparée de tous ces oripeaux mythiques, lavée des taches de la propagande octavo-augustienne. Maurice Sartre nous offre le portrait dépassionné de cette femme d'Etat, nous montre l'étendue de sa grandeur obtenue grâce à sa force politique, son combat permanent pour restaurer l'ampleur et l'éclat de son royaume dans ce choc des civilisations, et son destin brisé, inévitable, dans cet ébranlement de l'univers entier ! a écrit:

.

Je viens de parcourir la biographie de Legras, que j'ai reçue aujourd'hui, et au feuilletage et à la première très bonne impression, se dégage certainement un ouvrage d'une grande érudition.

Pour conclure comme l'a écrit Nuto Revelli :

“Le temps brise et disperse la réalité, ce qui reste devient mythe et légende.” a écrit:

il reste donc à constater comme l'a écrit Emil Cioran :

“Une civilisation débute par le mythe et finit par le doute.” a écrit:

Sans doute, sans doute, jolies citations, merci Eddy2000.
J'ajoute que, comme toujours, j'ai beaucoup aimé le message de notre ami Calonne.

Il est vrai que Cléopâtre était grecque et que cela attiédit le fantasme ...

Mme de Sabran a écrit:Sans doute, sans doute, jolies citations, merci Eddy2000.  
J'ajoute que, comme toujours, j'ai beaucoup aimé le message de notre ami Calonne.

Il est vrai que Cléopâtre était grecque et que cela attiédit le fantasme ...

Schwentzel ou Legras indiquent que l'on ne peut exclure le fait que Cléopâtre n'était pas totalement grecque !

Le problème majeur vient des sources : de son vivant, Cléopâtre a été calomniée, descendue en flammes par la propagande augustéenne. Une véritable campagne de calomnies (on a rien inventé décidément), relayée par beaucoup d'auteurs de l'époque et qui donnent une idée faussée, à charge, de la reine d'Egypte. Donc, les sources objectives manquent cruellement.
On a, soit dit en passant, la même chose avec bien d'autres personnages comme Néron, noirci par des générations d'auteurs chrétiens suite aux persécutions anti-chrétiennes après l'incendie de Rome ou avec le texte vengeur de l'Apocalypse, rédigé par Jean alors que ce dernier était exilé sur ordre de Domitien et qu'une répression anti-chrétienne sévère était en cours sous le règne de ce dernier.

Je ne dis pas bien sûr que Néron ou Domitien furent des anges mais si l'on veut être rigoureux et impartial, il faut considérer tous les témoignages. Et là, c'est un autre portrait qui se dessine... Néron fût longtemps adoré par la plèbe et Suétone indique que "pendant longtemps, il ne manqua pas de gens pour venir décorer sa tombe des fleurs du printemps et de l'été". Pour Domitien, Suétone reconnaît que sous son règne "jamais les gouverneurs ne se montrèrent plus justes ni plus modérés". Caligula lui-même, en dépit de ses excès, devait avoir ses bons côtés puisque Dion Cassius le décrit comme "le plus démocratique des princes" et que Philon d'Alexandrie (qui ne l'aimait pas pourtant) dit de son règne : "Alors, les riches ne passaient pas devant les pauvres, ni les célébrités devant les gens obscurs, les maîtres ne l'emportaient pas sur les esclaves, les circonstances seules donnaient l'égalité". Même chose donc pour Cléopâtre, il faut bien examiner toutes les sources si l'on veut vraiment la définir.

Quant à ses origines, elles sont mêlées.
C'est vrai, dire qu'elle était grecque fait un peu court. A cette époque, l'Egypte est dominée par une élite d'origine grecque, macédonienne pour être exact, qui descend de Ptolémée Ier, général d'Alexandre le Grand, qui a récupéré l'Egypte à la mort du conquérant et y a fondé sa dynastie. Le père de Cléopâtre est Ptolémée XII mais sa mère reste inconnue, probablement une concubine, peut-être d'origine étrangère.
L'Egypte de l'époque est mêlée entre les deux civilisations, grecque et égyptienne, même au niveau de la religion avec par exemple le dieu Sérapis, fusion entre Adès, Osiris et Apis.
Cela n'a pas empêché des générations et des siècles d'artistes de représenter Cléopâtre en "parfaite égyptienne", dans son physique, sa tenue, son décor, véritable catalogue de tous les clichés sur l'Egypte. Rares sont ceux qui, aujourd'hui encore, prennent en compte ce mélange de civilisations et d'influences mêlées qui sont celles de la reine.

Calonne a écrit:Le problème majeur vient des sources : de son vivant, Cléopâtre a été calomniée, descendue en flammes par la propagande augustéenne. Une véritable campagne de calomnies (on a rien inventé décidément), relayée par beaucoup d'auteurs de l'époque et qui donnent une idée faussée, à charge, de la reine d'Egypte. Donc, les sources objectives manquent cruellement.
On a, soit dit en passant, la même chose avec bien d'autres personnages comme Néron, noirci par des générations d'auteurs chrétiens suite aux persécutions anti-chrétiennes après l'incendie de Rome ou avec le texte vengeur de l'Apocalypse, rédigé par Jean alors que ce dernier était exilé sur ordre de Domitien et qu'une répression anti-chrétienne sévère était en cours sous le règne de ce dernier.

Je ne dis pas bien sûr que Néron ou Domitien furent des anges mais si l'on veut être rigoureux et impartial, il faut considérer tous les témoignages. Et là, c'est un autre portrait qui se dessine... Néron fût longtemps adoré par la plèbe et Suétone indique que "pendant longtemps, il ne manqua pas de gens pour venir décorer sa tombe des fleurs du printemps et de l'été". Pour Domitien, Suétone reconnaît que sous son règne "jamais les gouverneurs ne se montrèrent plus justes ni plus modérés". Caligula lui-même, en dépit de ses excès, devait avoir ses bons côtés puisque Dion Cassius le décrit comme "le plus démocratique des princes" et que Philon d'Alexandrie (qui ne l'aimait pas pourtant) dit de son règne : "Alors, les riches ne passaient pas devant les pauvres, ni les célébrités devant les gens obscurs, les maîtres ne l'emportaient pas sur les esclaves, les circonstances seules donnaient l'égalité". Même chose donc pour Cléopâtre, il faut bien examiner toutes les sources si l'on veut vraiment la définir.

Quant à ses origines, elles sont mêlées.
C'est vrai, dire qu'elle était grecque fait un peu court. A cette époque, l'Egypte est dominée par une élite d'origine grecque, macédonienne pour être exact, qui descend de Ptolémée Ier, général d'Alexandre le Grand, qui a récupéré l'Egypte à la mort du conquérant et y a fondé sa dynastie. Le père de Cléopâtre est Ptolémée XII mais sa mère reste inconnue, probablement une concubine, peut-être d'origine étrangère.
L'Egypte de l'époque est mêlée entre les deux civilisations, grecque et égyptienne, même au niveau de la religion avec par exemple le dieu Sérapis, fusion entre Adès, Osiris et Apis.
Cela n'a pas empêché des générations et des siècles d'artistes de représenter Cléopâtre en "parfaite égyptienne", dans son physique, sa tenue, son décor, véritable catalogue de tous les clichés sur l'Egypte. Rares sont ceux qui, aujourd'hui encore, prennent en compte ce mélange de civilisations et d'influences mêlées qui sont celles de la reine.

Cléopâtre, Néron, Domitien, Caligula...difficile de ne pas être d'accord avec vous sur le panorama présenté ! On peut y voir l'accomplissement de cette formule trop célèbre, trop reprise et souvent déformée , "L'Histoire est écrite par les vainqueurs" (formule trouvée aussi bien chez Winston Churchill que malheureusement chez Robert Brasillach) ou bien ce que Napoléon, cynique, a contextualisé, "L'Histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d'accord" / "La vérité historique est souvent une fable convenue". Churchill (encore lui) l'aurait contextualisé ainsi à son avantage, "L' Histoire me sera indulgente, car j'ai l'intention de l'écrire".

Essayer de tirer une vérité historique objective de ces sources subjectives, en ce qui concerne Cléopâtre, est ce que j'estime, ont réussi à faire Michel Chauveau, dans sa biographie synthétique et empreinte de vérisme, et Maurice Sartre, dans sa biographie monumentale, empreinte de la plus grande rigueur possible.

Vu à la Queen's Gallery en septembre à l'occasion de l'expo Chefs d'oeuvre de Buckingham Palace :





Clichés personnels

Ce bouillonnement des étoffes, cette carnation nacrée ... Merci, mon cher Momo, c'est splendide !

Tiens, et si nous postions dans son sujet les deux Aiguilles de Cléopâtre " ?!

Mme de Sabran a écrit:

Vicq d Azir a écrit:Je compléterais en disant qu’un des obélisques promis aux Anglais, et qui avait été déplacé à Alexandrie dès l’Antiquité, a fini par arriver à bon port… en 1877. Ce, grâce aux technologies nouvelles. Néanmoins, le navire qui le transportait, le Cleopatra, a bien failli couler dans le golf de Gascogne.
Il se trouve aujourd’hui à Londres , c’est la « Cleopatra Needle », assez mal placé, je trouve, le long de la Tamise.
L’autre serait aux USA.

Il y a deux « Cleopatra Needles ». La seconde est à New-York.




In situ : l'une des Aiguilles de Cléopâtre à Alexandrie, dessin de 1798

"Les mystères de l'Histoire - Les grands personnages - Cleopatra", n° 14, Novembre-Janvier 2022

Je signale la parution de ce magazine, sorti le 02 Décembre 2021, pourvu d'une très riche iconographie !