Le monastère de Rila (Bulgarie)

Petit séjour en Bulgarie pour découvrir le superbe monastère de Rila :


(Peu doué, peu porté sur la photo et mal équipé, je vous ai rajouté des images prises sur le Net, avec leur source, pour les endroits les plus beaux et marquants)

Construit dans un site sauvage, au sein des gorges de la rivière Rilski dans les monts Rila, il fût édifié au Xème siècle par Saint Jean de Rila, un ermite qui termina canonisé par l'Eglise orthodoxe et devînt protecteur de la Bulgarie. Vous trouverez son profil au revers des pièces de 1 Leva, la monnaie nationale.
Au Moyen Age, le monastère devient un véritable complexe qui accueille ascètes et pèlerins cherchant un endroit où méditer et étudier, loin du bruit du monde. Au début du XIXème siècle, le site est victime d'un terrible incendie et sera reconstruit par la suite, certains bâtiments ayant malgré tout survécu au sinistre. La reconstruction se fait dans un style "Renaissance bulgare", période qui correspond à l'époque où la Bulgarie se libère de l'occupation ottomane et redécouvre son identité propre, culturelle et artistique. Le bâtiment que vous allez découvrir est donc différent de ce qu'il était à l'époque. Il n'en reste pas moins superbe.

Le bâtiment central est bien sûr l'église, enserrée par les dépendances où se trouvaient toutes les installations nécessaire à la vie des habitants. L'église comporte cinq dômes, trois autels et deux chapelles.


L'intérieur, consacrée à la Nativité de la Vierge, est magnifiquement décoré de fresques et images aux couleurs vives, éclatantes, se détachant sur fond d'or ou bleu céleste, principalement le portique bordé d'arcades qui longe l'édifice :




Le coeur du sanctuaire, très sombre. Il n'y a vraiment que l'iconostase qui soit brillamment éclairé :




Approchons-nous maintenant des dépendances...

L'entrée principale ou Porte Dupnitsa :


L'un des escaliers desservant les étages :


Ici, la porte nord :


Une fois franchie  :


Vue des galeries donnant sur la cour intérieure:


La Tour Hreliov, le beffroi en fait, à gauche de l'église. Au rez de chaussée, une petite boutique où vous pourrez acheter des souvenirs, dont beaucoup d'icônes ou de médaillons de la Vierge :


Si vous visitez l'endroit par grand soleil, vous trouverez de quoi vous rafraîchir dans la cour intérieure :


Si l'église a sa propre fontaine, vous en trouverez deux autres (de mémoire) dans la cour. L'eau est potable et n'hésitez pas à faire comme les bulgares : venez avec votre bouteille ou gourde que vous pourrez remplir, c'est courant ici. Pour l'anecdote, vous avez la même chose à Sofia, la capitale, près des anciens Thermes. Vous serez surpris de voir chaque jour la longue file des habitants, bouteille en main, venant la remplir à la fontaine, cette dernière distribuant directement l'eau des sources situées sous la ville.

Bâti à 1 147 mètres d'altitude, au cœur d'une forêt majestueuse, le monastère de Rila est avant tout une forteresse. Ses murs de pierre de 24 mètres de haut le protégeaient de toute attaque et les portes étaient en fer épais. Tout y était prévu pour y vivre en autarcie et à l'abri. Y vivaient non seulement les religieux mais aussi des grammairiens, des copistes, des enlumineurs, de passage, en résidence ou définitivement, travaillant principalement sur les ouvrages de la bibliothèque. Car en plus des cuisines, de la buanderie, du réfectoire, des commodités et cellules des occupants, on y trouve également une bibliothèque riche de 250 manuscrits anciens allant du Moyen Age jusqu' au XIXème siècle et pas moins de 9 000 livres enluminés et illustrés...
Un musée existe aussi, offrant plus de 35 000 pièces, principalement des icônes et des objets religieux en bois. On y trouve surtout la croix de Rafail, en  bois, de 81 centimètres de hauteur sur 43 de large et ouvragée de 650 figures miniatures ciselées au couteau (!), un objet ayant nécessité 12 ans de travail…
(Images prises sur le net car il est difficile de prendre une photo aussi précise avec un appareil tout simple)


Détails :




Le monastère de Rila est toujours en activité mais se visite, d'autant plus qu'il est accessible en une ou deux heures de voiture ou de car de la plupart des grandes villes du pays (deux heures de route depuis Sofia en ce qui me concerne, attention si vous prenez le bus, il n'y en a qu'un par jour, ne ratez pas l'heure du départ sous peine de rester coincé..). Par contre, vous vous en doutez, beaucoup de monde (un million de visiteurs par an)... La région qui l'entoure est magnifique, avec les montagnes et de grandes forêts qui peuvent offrir de superbes balades dans les environs.


D'ailleurs, si vous cherchez une idée de promenade, il existe un "chemin de pèlerins" qui relie l'ancienne capitale bulgare, Veliko Turnovo (visite à ne pas rater) au monastère, à travers 60 villages, les gorges et la forêt, jalonnée de "stations" souvent signalées par des icônes ou des images religieuses fixées aux arbres ou sur les rochers :


Vous pourrez même découvrir la grotte, difficilement accessible, où le futur saint Rila séjournait (claustrophobes ou personnes très grandes s'abstenir !). Elle est précédée d'une petite chapelle, nommée la chapelle du Dormition :


Quand vous y êtes, partez sur votre droite pour découvrir les marches menant à la grotte où Jean de Rila a vécu et où il repose depuis.

Et pour aller plus loin, pourquoi ne pas dormir au monastère ? Hé oui, c'est possible et j'ai testé pour vous ! Les anciennes cellules des moines ont été aménagées en chambres comptant 3 lits (pour une personne chacun) et chacune a même sa petite salle de bains (spartiate mais avec bidet, lavabo et douche quand-même). Outre le cadre superbe et la vue à couper le souffle sur les gorges et les montagnes, les résidents peuvent déambuler à leur guise dans des parties du bâtiment interdites aux simples visiteurs, c'est l'occasion. Seule la partie réservée aux moines qui vivent ici vous sera interdite. La réception pour louer une chambre est juste à côté du musée et ouvre entre 14h00 et 17h00. A mon passage, il y a un an et demi environ, il nous en  a coûté 40 leva, soit 15 euros par personne en gros. Un petit restaurant, bien pratique, est situé derrière le monastère pour vous restaurer. Attention, les portes du site ferment à 21h00. Attention encore, les nuits sont fraîches (nous y étions en septembre), voire froides l'hiver.

L'endroit est d'une paix royale, surtout le soir quand la foule des touristes est partie.
Dans le silence et la tranquillité de la nuit, depuis le balcon de votre chambre, vous pourrez méditer les paroles du fondateur des lieux, Jean de Rila :
... Quand je suis venu dans cette région sauvage de Rila, je n'y ai trouvé aucun homme, seulement des animaux sauvages et des forêts impénétrables. Je me suis installé ici, seul avec les animaux, sans nourriture ou abri mais le ciel était mon abri et la terre était mon lit et l'herbe était ma nourriture. Mais le Seigneur, pour lequel j'avais enduré la faim et la soif, le froid, le feu du soleil et le dénuement ne m'a pas abandonné et avec toute l'affection d'un père pour son fils, il a satisfait tous mes besoins...

Calonne a écrit:
Outre le cadre superbe et la vue à couper le souffle sur les gorges et les montagnes ...

Prodigieux, fabuleux !!!       C'est une splendeur !!!
Merci, mon cher Calonne, de nous faire toujours ainsi voyager et découvrir des lieux extraordinaires !  

Si l'on partage ton image en X , vois comme ce monastère s'inscrit avec une parfaite symétrie dans la perspective relief et ciel !  




Et comme les couleurs chantent à tue-tête !!!  
J'adore !

On est partis en Bulgarie un peu au pif un ami et moi : on avait vu un chouette reportage et on voulait aller pas trop loin...
Pays très authentique, préservé, avec des paysages sauvages, des forêts magnifiques. Sofia, la capitale, est très bien située, on peut rejoindre des lacs, des forêts, en une ou deux heures de route et la ville compte de belles églises et beaux musées. Par contre, certains quartiers, surtout du côté de la gare, restent peu engageants. Et à la nuit tombée, il faut se méfier des bandes de chiens errants qui rôdent dans les rues, par dizaines, et peuvent se révéler dangereux.

Rila, c'est un peu le site obligé. Le fait qu'il n'y ait qu'un seul bus par jour nous a fait hésiter mais quand on a su qu'on pouvait y dormir, on les a appelés (enfin, on a demandé au réceptionniste de l'hôtel de les appeler pour nous, c'est pas pareil...) et on est partis.
Le cadre est magnifique, les paysages superbes et on peut faire de belles balades (attention, le terrain est accidenté, il faut rester prudent). Les chambres sont très sobres, étant d'anciennes cellules de moines, mais pour une nuit et pour moins de 20 Euros, franchement...
Attention, si les gens sont adorables et serviables, en-dehors de Sofia l'anglais est peu parlé, vous aurez plus de chance avec l'allemand et le russe surtout, les bulgares sont clairement russophiles et le russe est parlé et/ou compris presque partout. Ne pas oublier aussi que les gens sont très croyants et qu'il s'agit d'un monastère, en activité de surcroît : comportement respectueux recommandé.

Oui bien-sûr .  Tu as tout à fait raison.  Il faut toujours respecter les us et coutumes des gens qui nous accueillent, la plupart du temps si gentiment .   Ce souci doit être constant, dans tous les pays.   Et puis, à l'étranger, notre comportement reflète une certaine image de la France .
Voudrions-nous avoir l'air de rustres, d'ours mal léchés, de toutous débiles sans foi ni loi ?!  
Que non point !

Dans les pays de confession orthodoxe, c'est assez marqué : je me souviens avoir pris le train en Grèce et, pendant le trajet, avoir vu des passagers (surtout âgés) se signer lorsque le train passait devant une église...

Pour en revenir à Sofia et à ses chiens errants, il faut savoir que dans les années 1990, la capitale en comptait plus de 10 000, rôdant la nuit dans les rues, attaquant des passants et transmettant des maladies. Une politique d'abattage de masse a été mise en place puis, dénoncée par les défenseurs des animaux, remplacée par une politique de castration et de stérilisation.
Aujourd'hui, il en reste environ un peu moins de 4000 dans les rues mais dans certains quartiers, il est recommandé de rester vigilant, surtout la nuit, d'autant plus qu'ils se déplacent en groupes.

C'est fou !
Et je suppose que, pour essayer de trouver quelque chose à manger, ces malheureuses bêtes éventrent les poubelles et en répandent le contenu sur les trottoirs ... etc ... ça aussi, c'est une vraie nuisance .

Le problème a même été politique à un moment, un enjeu pour les municipales où chaque candidat proposait sa solution pour débarrasser la capitale de cette nuisance. Surtout que parfois, ces chiens tuaient : un vieil homme attaqué par une meute de 20 chiens et cruellement mordu avait succombé à ses blessures en 2012, suscitant l'émoi des habitants. Quelques mois plus tard, un autre homme âgé subissait le même sort. On vit alors des gens volontairement écraser les chiens en voiture, les empoisonner, voire les abattre...

Aujourd'hui, le problème est bien moindre mais il faut quand-même faire attention. Le jour, ils sont souvent seuls et tranquilles mais la nuit, il arrive qu'ils se rassemblent et rôdent en bandes, à la recherche de nourriture. Il vaut mieux donc, le jour, éviter de les approcher et encore plus de les nourrir. Pas facile pour moi, dès que je vois un chien ou un chat, j'ai envie de le caresser...

Ces attaques de personnes âgées, donc plus faibles, plus vulnérables, me rappellent le comportement des loups en hiver, en Lettonie, à ce que me raconte un ami qui habite Riga. La faim les pousse et les enhardit à s'approcher des maisons.

Retour à Rila avec un des joyaux du monastère, la croix de Rafail :



Elle fût entièrement ciselée au couteau par un moine nommé Raphaël, d'où son nom (Rafail en bulgare). Plus de 600 personnages sur 36 scènes bibliques, le tout sur 81 centimètres de haut et 43 de large dans sa plus grande largeur. La partie en bois est insérée dans une monture en argent dont la largeur est celle d'un ongle du pouce. Le moine mît 12 ans à l'achever, de 1790 à 1802 (oui, pendant que certains coupaient des têtes, d'autres créaient des chefs-d'oeuvre...). Une légende tenace veut qu'il en finit aveugle, s'étant usé les yeux au travail.




Après, soyons francs, quand on est devant, il est difficile d'en saisir toute la richesse. Déjà parce qu'il y a trop de monde autour et il est difficile de s'approcher pour vraiment pouvoir admirer à son aise les détails. Pareil pour la prendre en photo. Frustrant. Et finalement, on en voit plus dans les bouquins achetés à la boutique du musée...

Merci, cher Calonne, pour cette belle découverte...