Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
Prochainement présenté en vente aux enchères...
Henri-Pierre DANLOUX Paris, 1753 - 1809
Portrait d'Antoine-Jean-François Mégret de Sérilly (1746 -1794)
Huile sur toile (Toile d'origine), de forme ovale
h: 64 w: 53 cm
Provenance : Vente anonyme ; Paris, Hôtel Drouot, Me Renaud, 18 février 1987 (sans catalogue) ; Collection particulière, Paris
Expositions : 'Cent portraits pour un siècle. De la cour à la ville sous les règnes de Louis XV et Louis XVI', Versailles, musée Lambinet, 6 novembre 2019 - 1er mars 2020 et Nice, palais Lascaris, 19 mai - 22 novembre 2021, catalogue par X. Salmon, p. 154 et p.156-157, n° 75
* Source et infos complémentaires : Artcurial Paris - Vente Cent portraits pour un siècle (15 février 2022)
Danloux a fait bien mieux, mais disons que c'était une occasion de parler ici du comte de Sérilly et de son épouse.
Antoine-Jean-François Mégret de Sérilly (1746 - 1794), maître des requêtes en 1779, trésorier général de l'extraordinaire des guerres en 1782, guillotiné en 1794, en même temps que son frère et que Madame Élisabeth.
Il épouse en 1779 sa cousine germaine (et pupille) Anne-Louise de Domangeville (1762-1799), de 17 ans sa cadette.
Quelques mois après son mariage, le sculpteur Jean-Antoine Houdon réalise un buste de la jeune comtesse. Anne-Louise est également peinte avec sa famille par Henri-Pierre Danloux.
Madame de Sérilly
Jean-Antoine Houdon
Marbre, 1782 - Signature: Houdon, F. 1782
Image : The Wallace Collection
Madame de Sérilly (1762–1799) was a well-educated lady of high society, famed for her beauty. At the time this bust was sculpted, she and her husband, treasurer-general in the war ministry, lived in a splendid house in the fashionable Marais district of Paris.
In 1794, during the height of the Revolution, the couple were accused of plotting to assist Madame Élisabeth, a sister of Louis XVI. Antoine was executed, and Anne-Marie was spared only because she claimed to be pregnant. After two further tragic marriages, she died in 1799 at the age of thirty-six.
This superb example was exhibited at the Paris Salon of 1783.
Fils aîné d'Antoine Mégret d'Étigny, intendant du Béarn (1720-1767), et de Françoise Thomas de Pange, Antoine-Jean-François Mégret de Sérilly est un financier introduit dans le monde des entreprises industrielles naissantes, dont la Compagnie des eaux de Paris des frères Périer, ou de la Manufacture d’armes de Charleville où il apporte des capitaux à François Ignace de Wendel.
Le comte et la comtesse de Sérilly habitent à Paris, rue Vieille du Temple, un hôtel redécoré par l'architecte Pierre-Noël Rousset (présentation à suivre ).
Façade sur la rue Vieille-du-Temple, largement modifiée par la transformation en deux échoppes de part et d'autre du portail.
Image : Eugène Atget, 1901 / BNF / Wkikipedia
Cour de l'hôtel. On distingue au fond le signe d'une fabrique d'horlogerie installée dans l'ancien corps de logis, et, à gauche, celle d'une boutique de drapeaux.
Image : Eugène Atget, 1901 / BNF / Wikipedia
La réputation, la position et la fortune du comte de Sérilly attirent à lui de nombreux solliciteurs auxquels « il ne sait guère refuser ».
Il est un proche du nouveau contrôleur général des finances nommé par le roi, Charles-Alexandre de Calonne, dont la nièce vient d’épouser Louis de Pange, frère aîné de François, qui s’est distingué à Yorktown. Son principal associé est Claude Baudard, baron de Saint-James, trésorier général de la marine et comme lui franc-maçon. Leur principal investisseur n’est autre que Beaumarchais.
Portrait d'Antoine de Sérilly
Henri-Pierre Danloux
Huile sur toile, 18e siècle
Exposition "Petits théâtres de l'intime", musée des Augustins Toulouse (2011-12)
Collection particulière
Image : PierreSelim / Commons Wikimedia
Cependant, la situation financière du royaume est de plus en plus problématique, les faillites s’enchaînent et le roi convoque une Assemblée des notables dont la présidence est confiée au peu catholique archevêque de Toulouse, Étienne-Charles Loménie de Brienne, un proche de la reine.
L’opposition véhémente du haut clergé et son soutien à la partie la plus conservatrice de la noblesse empêche la mise en place des réformes voulues par le contrôleur général. Calonne est remercié et sa place est donnée à Loménie de Brienne qui entre-temps a été nommé au siège archiépiscopal de Sens. Baudart de Saint-James, ruiné et compromis dans l’Affaire du collier de la reine, est enfermé à la Bastille. Il meurt quelques mois plus tard peu après sa libération.
Le comte de Sérilly, à son tour, connaît des revers de fortune et fait faillite le 1er juin 1787.
La famille Mégret de Sérilly
Jacques Thouron, d'après Henri-Pierre Danloux
Miniature sur émail, 1787
Image : Pinterest
Ainsi qu’elle le confiera plus tard à demi-mot à Pauline de Beaumont, Anne-Louise ne semble pas avoir été très heureuse pendant son union avec un homme d’affaires de 17 ans son aîné et souffrant de crises de goutte ; mais elle apporte son soutien à son mari, n’hésite pas à sacrifier ses bijoux, à renoncer à sa loge à l’opéra, à vendre leur hôtel du Marais et ses collections de peinture pour lui venir en aide et payer non seulement ses créanciers mais aussi ses commis. Leur château de Mareuil est vendu en 1788 à un prince du sang, le duc d’Orléans.
Prise de la Bastille et arrestation du gouverneur M. de Launay, le 14 juillet 1789.
Anonyme
Huile sur toile
Image : Musée national du château de Versailles
Anne-Louise et son mari sont des proches de Mme de Staël et d’André Chénier qui, avec François de Pange, un de leurs cousins, publie dans la presse de l’époque différents articles critiquant les dérives de la Révolution et la marche à la guerre.
Quand la Révolution se radicalise, Anne-Louise, son mari et leurs quatre enfants se réfugient dans leur château de Passy-sur-Yonne en Bourgogne.
Ils y accueillent les membres de leur famille, notamment la comtesse de Montmorin, veuve de l’ancien tuteur d’Anne-Louise, et l’un des derniers ministres du roi, qui sera massacré par la foule en septembre 1792.
Voir notre sujet : Le comte de Montmorin Saint-Hérem
Château de Passy (Wikipedia)
La comtesse de Montmorin est accompagnée de trois de ses enfants : sa fille aînée Victoire, vicomtesse de La Luzerne - dont le mari a émigré et qui a trouvé consolation dans les bras de Michel de Trudaine avec qui elle a eu une fille en 1793 -, son jeune fils Calixte, 19 ans, et sa fille cadette Pauline, comtesse de Beaumont, mariée à 16 ans, séparée après quelques mois de mariage et dont le mari a rejoint les rangs de la Révolution. Le cousin François de Pange et son jeune frère Jacques trouvent parfois refuge dans la demeure du couple Sérilly et de leurs quatre enfants.
The 10th of August, 1792
François Gérard, Baron Gérard
Oil with graphite on canvas, c. 1795-99
Image : Los Angeles County Museum of Art
Soupçonné d’avoir caché le baron de Vioménil, vieil officier grièvement blessé lors de l’insurrection du 10 août 1792 (il est mort de ses blessures), et d’avoir fait passer des fonds à l’étranger par l’intermédiaire de son cousin François de Pange, Antoine de Sérilly est arrêté en son château de Passy-sur-Yonne le 21 février 1794 et conduit à Paris pour y être jugé. Il est incarcéré à la prison des Anglaises (couvent des Anglaises).
Vue du Pont au Change et du Palais de justice, La Conciergerie
L Gd
Dessin, 18e siècle
Image : Bibliothèque nationale de France
Anne-Louise, après avoir laissé ses enfants à la garde de Madame de Montmorin, se rend à Paris dans l’espoir de défendre son mari ; mais elle est arrêtée dès son arrivée. Le couple est transféré à la Conciergerie le 22 avril 1794 tandis que Jean-Baptiste de Domangeville, le frère d’Anne-Louise, revenu clandestinement d’émigration pour régler quelques affaires, est enfermé à la prison des Carmes (il sera lui aussi exécuté).
Les Montmorin sont également arrêtés. Seule Pauline de Beaumont, dont l'état de santé est déplorable et malgré ses objurgations, échappe à l'incarcération.
Incarcérés dans des conditions sordides, les détenus tombent rapidement malades et sont transférés à l'hospice de l'Évêché devenu depuis peu une prison-hôpital.
Intérieur d'un Comité révolutionnaire sous la Terreur.
Gravure de Berthault et Malapeau (1802) d'après un dessin de Fragonard
Image : Paris, BnF, département des estampes
Les comte et comtesse de Sérilly, leur « agent » Jean-Baptiste Lhoste, 47 ans, leur frère, seigneur d'Étigny et les Loménie de Brienne, la comtesse de Montmorin et son fils âgé de 21 ans, leur parente, marquise de Sénozan, sœur de Malhesherbes âgée de 76 ans, et d'autres condamnés - en tout 24 personnes - comparaissent devant le Tribunal révolutionnaire en même temps que la « citoyenne Élisabeth Capet », la sœur de Louis XVI, le 10 mai 1794.
Elisabeth de France, dite Madame Elisabeth
anciennement attribué à Elisabeth-Louise Vigée-Le Brun
Huile sur toile, 18e siècle
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Le tribunal, dont l'accusateur public est l'implacable Fouquier-Tinville, est présidé par le cynique René-François Dumas. Tous sont condamnés à mort.
L'exécution de la sentence étant immédiate, les condamnés passent au greffe afin de faire enregistrer leur identité, formalité qui permet de rédiger leur acte de décès. La princesse Élisabeth convainc Anne-Louise de déclarer sa possible grossesse afin de sauver sa vie, celle de l'enfant qu'elle porte et de préserver ses enfants encore très jeunes. Anne-Louise se rend aux arguments de la sœur du feu roi et met en exergue sa situation auprès des officiers de santé.
Un examen est effectué le jour même de sa condamnation à mort, qui ne parvient pas à lever l'incertitude. Un sursis à exécution est décidé le lendemain par le Tribunal révolutionnaire.
Le dernier supplice de Madame Elisabeth, soeur du roi Louis XVI, guillotinée le 10 mai 1794
Schiavonetti, Nicolo (1771-1813). Graveur
Pellegrini, Domenico (1759-1840). Peintre du modèle
Estampe, 1796
Image : Bibliothèque nationale de France
Transférée à la prison-hôpital de l'Évêché, celle qui est désormais appelée la « veuve Sérilly » est remise en liberté après la chute de Robespierre.
La suite de la vie romanesque d'Anne-Louise Mégret de Sérilly, qui épousera successivement son cousin François de Pange et Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac, marquis de Montesquiou, s'éteint à Paris, le 17 avril 1799, à l'âge de 36 ans.
C'est ici : Anne-Louise de Domangeville
Anne-Louise de Domangeville (1762-1799), Madame de Sérilly, de Pange, de Montesquiou-Fézensac
Image : Bibliothèque du Patrimoine de Clermont-Ferrand
Henri-Pierre DANLOUX Paris, 1753 - 1809
Portrait d'Antoine-Jean-François Mégret de Sérilly (1746 -1794)
Huile sur toile (Toile d'origine), de forme ovale
h: 64 w: 53 cm
Provenance : Vente anonyme ; Paris, Hôtel Drouot, Me Renaud, 18 février 1987 (sans catalogue) ; Collection particulière, Paris
Expositions : 'Cent portraits pour un siècle. De la cour à la ville sous les règnes de Louis XV et Louis XVI', Versailles, musée Lambinet, 6 novembre 2019 - 1er mars 2020 et Nice, palais Lascaris, 19 mai - 22 novembre 2021, catalogue par X. Salmon, p. 154 et p.156-157, n° 75
* Source et infos complémentaires : Artcurial Paris - Vente Cent portraits pour un siècle (15 février 2022)
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Danloux a fait bien mieux, mais disons que c'était une occasion de parler ici du comte de Sérilly et de son épouse.
Antoine-Jean-François Mégret de Sérilly (1746 - 1794), maître des requêtes en 1779, trésorier général de l'extraordinaire des guerres en 1782, guillotiné en 1794, en même temps que son frère et que Madame Élisabeth.
Il épouse en 1779 sa cousine germaine (et pupille) Anne-Louise de Domangeville (1762-1799), de 17 ans sa cadette.
Quelques mois après son mariage, le sculpteur Jean-Antoine Houdon réalise un buste de la jeune comtesse. Anne-Louise est également peinte avec sa famille par Henri-Pierre Danloux.
Madame de Sérilly
Jean-Antoine Houdon
Marbre, 1782 - Signature: Houdon, F. 1782
Image : The Wallace Collection
Madame de Sérilly (1762–1799) was a well-educated lady of high society, famed for her beauty. At the time this bust was sculpted, she and her husband, treasurer-general in the war ministry, lived in a splendid house in the fashionable Marais district of Paris.
In 1794, during the height of the Revolution, the couple were accused of plotting to assist Madame Élisabeth, a sister of Louis XVI. Antoine was executed, and Anne-Marie was spared only because she claimed to be pregnant. After two further tragic marriages, she died in 1799 at the age of thirty-six.
This superb example was exhibited at the Paris Salon of 1783.
Fils aîné d'Antoine Mégret d'Étigny, intendant du Béarn (1720-1767), et de Françoise Thomas de Pange, Antoine-Jean-François Mégret de Sérilly est un financier introduit dans le monde des entreprises industrielles naissantes, dont la Compagnie des eaux de Paris des frères Périer, ou de la Manufacture d’armes de Charleville où il apporte des capitaux à François Ignace de Wendel.
Le comte et la comtesse de Sérilly habitent à Paris, rue Vieille du Temple, un hôtel redécoré par l'architecte Pierre-Noël Rousset (présentation à suivre ).
Façade sur la rue Vieille-du-Temple, largement modifiée par la transformation en deux échoppes de part et d'autre du portail.
Image : Eugène Atget, 1901 / BNF / Wkikipedia
Cour de l'hôtel. On distingue au fond le signe d'une fabrique d'horlogerie installée dans l'ancien corps de logis, et, à gauche, celle d'une boutique de drapeaux.
Image : Eugène Atget, 1901 / BNF / Wikipedia
La réputation, la position et la fortune du comte de Sérilly attirent à lui de nombreux solliciteurs auxquels « il ne sait guère refuser ».
Il est un proche du nouveau contrôleur général des finances nommé par le roi, Charles-Alexandre de Calonne, dont la nièce vient d’épouser Louis de Pange, frère aîné de François, qui s’est distingué à Yorktown. Son principal associé est Claude Baudard, baron de Saint-James, trésorier général de la marine et comme lui franc-maçon. Leur principal investisseur n’est autre que Beaumarchais.
Portrait d'Antoine de Sérilly
Henri-Pierre Danloux
Huile sur toile, 18e siècle
Exposition "Petits théâtres de l'intime", musée des Augustins Toulouse (2011-12)
Collection particulière
Image : PierreSelim / Commons Wikimedia
Cependant, la situation financière du royaume est de plus en plus problématique, les faillites s’enchaînent et le roi convoque une Assemblée des notables dont la présidence est confiée au peu catholique archevêque de Toulouse, Étienne-Charles Loménie de Brienne, un proche de la reine.
L’opposition véhémente du haut clergé et son soutien à la partie la plus conservatrice de la noblesse empêche la mise en place des réformes voulues par le contrôleur général. Calonne est remercié et sa place est donnée à Loménie de Brienne qui entre-temps a été nommé au siège archiépiscopal de Sens. Baudart de Saint-James, ruiné et compromis dans l’Affaire du collier de la reine, est enfermé à la Bastille. Il meurt quelques mois plus tard peu après sa libération.
Le comte de Sérilly, à son tour, connaît des revers de fortune et fait faillite le 1er juin 1787.
La famille Mégret de Sérilly
Jacques Thouron, d'après Henri-Pierre Danloux
Miniature sur émail, 1787
Image : Pinterest
Ainsi qu’elle le confiera plus tard à demi-mot à Pauline de Beaumont, Anne-Louise ne semble pas avoir été très heureuse pendant son union avec un homme d’affaires de 17 ans son aîné et souffrant de crises de goutte ; mais elle apporte son soutien à son mari, n’hésite pas à sacrifier ses bijoux, à renoncer à sa loge à l’opéra, à vendre leur hôtel du Marais et ses collections de peinture pour lui venir en aide et payer non seulement ses créanciers mais aussi ses commis. Leur château de Mareuil est vendu en 1788 à un prince du sang, le duc d’Orléans.
Prise de la Bastille et arrestation du gouverneur M. de Launay, le 14 juillet 1789.
Anonyme
Huile sur toile
Image : Musée national du château de Versailles
Anne-Louise et son mari sont des proches de Mme de Staël et d’André Chénier qui, avec François de Pange, un de leurs cousins, publie dans la presse de l’époque différents articles critiquant les dérives de la Révolution et la marche à la guerre.
Quand la Révolution se radicalise, Anne-Louise, son mari et leurs quatre enfants se réfugient dans leur château de Passy-sur-Yonne en Bourgogne.
Ils y accueillent les membres de leur famille, notamment la comtesse de Montmorin, veuve de l’ancien tuteur d’Anne-Louise, et l’un des derniers ministres du roi, qui sera massacré par la foule en septembre 1792.
Voir notre sujet : Le comte de Montmorin Saint-Hérem
Château de Passy (Wikipedia)
La comtesse de Montmorin est accompagnée de trois de ses enfants : sa fille aînée Victoire, vicomtesse de La Luzerne - dont le mari a émigré et qui a trouvé consolation dans les bras de Michel de Trudaine avec qui elle a eu une fille en 1793 -, son jeune fils Calixte, 19 ans, et sa fille cadette Pauline, comtesse de Beaumont, mariée à 16 ans, séparée après quelques mois de mariage et dont le mari a rejoint les rangs de la Révolution. Le cousin François de Pange et son jeune frère Jacques trouvent parfois refuge dans la demeure du couple Sérilly et de leurs quatre enfants.
The 10th of August, 1792
François Gérard, Baron Gérard
Oil with graphite on canvas, c. 1795-99
Image : Los Angeles County Museum of Art
Soupçonné d’avoir caché le baron de Vioménil, vieil officier grièvement blessé lors de l’insurrection du 10 août 1792 (il est mort de ses blessures), et d’avoir fait passer des fonds à l’étranger par l’intermédiaire de son cousin François de Pange, Antoine de Sérilly est arrêté en son château de Passy-sur-Yonne le 21 février 1794 et conduit à Paris pour y être jugé. Il est incarcéré à la prison des Anglaises (couvent des Anglaises).
Vue du Pont au Change et du Palais de justice, La Conciergerie
L Gd
Dessin, 18e siècle
Image : Bibliothèque nationale de France
Anne-Louise, après avoir laissé ses enfants à la garde de Madame de Montmorin, se rend à Paris dans l’espoir de défendre son mari ; mais elle est arrêtée dès son arrivée. Le couple est transféré à la Conciergerie le 22 avril 1794 tandis que Jean-Baptiste de Domangeville, le frère d’Anne-Louise, revenu clandestinement d’émigration pour régler quelques affaires, est enfermé à la prison des Carmes (il sera lui aussi exécuté).
Les Montmorin sont également arrêtés. Seule Pauline de Beaumont, dont l'état de santé est déplorable et malgré ses objurgations, échappe à l'incarcération.
Incarcérés dans des conditions sordides, les détenus tombent rapidement malades et sont transférés à l'hospice de l'Évêché devenu depuis peu une prison-hôpital.
Intérieur d'un Comité révolutionnaire sous la Terreur.
Gravure de Berthault et Malapeau (1802) d'après un dessin de Fragonard
Image : Paris, BnF, département des estampes
Les comte et comtesse de Sérilly, leur « agent » Jean-Baptiste Lhoste, 47 ans, leur frère, seigneur d'Étigny et les Loménie de Brienne, la comtesse de Montmorin et son fils âgé de 21 ans, leur parente, marquise de Sénozan, sœur de Malhesherbes âgée de 76 ans, et d'autres condamnés - en tout 24 personnes - comparaissent devant le Tribunal révolutionnaire en même temps que la « citoyenne Élisabeth Capet », la sœur de Louis XVI, le 10 mai 1794.
Elisabeth de France, dite Madame Elisabeth
anciennement attribué à Elisabeth-Louise Vigée-Le Brun
Huile sur toile, 18e siècle
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Le tribunal, dont l'accusateur public est l'implacable Fouquier-Tinville, est présidé par le cynique René-François Dumas. Tous sont condamnés à mort.
L'exécution de la sentence étant immédiate, les condamnés passent au greffe afin de faire enregistrer leur identité, formalité qui permet de rédiger leur acte de décès. La princesse Élisabeth convainc Anne-Louise de déclarer sa possible grossesse afin de sauver sa vie, celle de l'enfant qu'elle porte et de préserver ses enfants encore très jeunes. Anne-Louise se rend aux arguments de la sœur du feu roi et met en exergue sa situation auprès des officiers de santé.
Un examen est effectué le jour même de sa condamnation à mort, qui ne parvient pas à lever l'incertitude. Un sursis à exécution est décidé le lendemain par le Tribunal révolutionnaire.
Le dernier supplice de Madame Elisabeth, soeur du roi Louis XVI, guillotinée le 10 mai 1794
Schiavonetti, Nicolo (1771-1813). Graveur
Pellegrini, Domenico (1759-1840). Peintre du modèle
Estampe, 1796
Image : Bibliothèque nationale de France
Transférée à la prison-hôpital de l'Évêché, celle qui est désormais appelée la « veuve Sérilly » est remise en liberté après la chute de Robespierre.
La suite de la vie romanesque d'Anne-Louise Mégret de Sérilly, qui épousera successivement son cousin François de Pange et Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac, marquis de Montesquiou, s'éteint à Paris, le 17 avril 1799, à l'âge de 36 ans.
C'est ici : Anne-Louise de Domangeville
Anne-Louise de Domangeville (1762-1799), Madame de Sérilly, de Pange, de Montesquiou-Fézensac
Image : Bibliothèque du Patrimoine de Clermont-Ferrand
La nuit, la neige- Messages : 18062
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
Gouverneur Morris- Messages : 11708
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
Quelle histoire sordide.
Mr ventier- Messages : 1126
Date d'inscription : 18/11/2020
Age : 58
Localisation : Rouen normandie
Re: Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
La nuit, la neige a écrit:
Il épouse en 1779 sa cousine germaine (et pupille) Anne-Louise de Domangeville (1762-1799), de 17 ans sa cadette.
Quelques mois après son mariage, le sculpteur Jean-Antoine Houdon réalise un buste de la jeune comtesse. Anne-Louise est également peinte avec sa famille par Henri-Pierre Danloux.
Merci, cher la nuit, la neige pour cette magnifique présentation . Le souvenir de Mme de Sérilly a pour écrin de prédilection ce minuscule boudoir du V and A . Merci, à toi aussi mon cher Momo.
Mme de Sérilly et Pauline de Beaumont, née de Montmorin, étaient très liées et les deux seules survivantes ( miraculées ) de cette hécatombe...
Je grapille en ce moment la biographie de Pauline .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
La nuit, la neige a écrit:
Soupçonné d’avoir caché le baron de Vioménil, vieil officier grièvement blessé lors de l’insurrection du 10 août 1792 (il est mort de ses blessures), et d’avoir fait passer des fonds à l’étranger par l’intermédiaire de son cousin François de Pange, Antoine de Sérilly est arrêté en son château de Passy-sur-Yonne le 21 février 1794 et conduit à Paris pour y être jugé.
La justice était plus expéditive qu'à toute autre époque . Et d'ailleurs, il s'agissait du frère d'Antoine de Sérilly, Mégret d’Étigny, officier supérieur aux gardes françaises, qui se trouvait à Paris le 10 août. Un de ses amis, un de ses frères d’armes, le baron de Viomesnil, était de ceux qui avaient défendu l’épée à la main aux Tuileries la personne du roi. Blessé à la jambe d’un coup de feu, Viomesnil s’était traîné chez M. d’Étigny, rue Coq-Héron, n° 65; il y avait succombé à ses blessures quelques jours après. Lorsque le conventionnel Maure fut envoyé en mission dans le département de l’Yonne, une lettre d’un valet de chambre lui dénonça M. d’Étigny pour avoir donné asile au baron de Viomesnil. En même temps que cette dénonciation appelait sur le château de Passy les fureurs des terroristes, un autre incident analogue les attirait aussi sur une illustre famille de la même province.
Le comte de Brienne, frère du cardinal, était à Sens avec ses neveux. Maure apprend qu’un ancien officier des gardes du corps s’y trouvait. MM. de Loménie le connaissaient, et se crurent obligés d’aller lui rendre visite. L’entrevue fut amicale. La pitié était alors un crime. Ordre vint de Paris d’arrêter à la fois la famille Mégret et la famille de Loménie.
( Agénor Bardoux, La comtesse Pauline de Beaumont )
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
Merci Gouv pour ces images. J'en venais justement à la présentation de ce cabinet.
Ainsi donc, le couple s'installe à L'hôtel Mégret de Sérilly (Wikipedia) en 1776. Ils ne construisent pas l'hôtel, mais le réaménagent, grâce à l'intervention de l'architecte Pierre-Noël Rousset.
106 rue Vieille du Temple
Image : Commons Wikimedia
Hôtel Mégret de Sérilly
Image : Commons Wikimedia
Le Boudoir, construit directement sur l'extérieur, côté jardin, est aménagé en 1778 .
Architectural plan of the Hotel Serilly.
French, c. 1850
Image : Victoria and Albert Museum, London
Les décors muraux et du plafond sont aujourd'hui conservés au Victoria and Albert Museum qui présente ainsi cet ensemble (je cite)...
The Sérilly Cabinet or Boudoir
by Jean-Siméon Rousseau de la Rottière and Jules-Hugues (designer)
Jean-Jacques Lagrenée (painter), Antoine-François Callet (painter) and Guy Brenet (painter)
marble chimneypiece by Philippe-Laurent Roland (sculptor) with mounts by Pierre Gouthière (maker)
France (Paris) 1778
Image : Victoria & Albert Museum
Lieu du décor (Traduction Google) :
Ce petit cabinet a été conçu en 1778 pour un hôtel particulier du Marais, quartier cossu mais un peu démodé de Paris où vivait la famille Megret de Serilly. La petite pièce était attachée à une aile de la maison et il semble qu'on ne pouvait y entrer que depuis le jardin, ce qui en faisait un espace privé parfait. Le cabinet était une chambre de plaisir par excellence et on a longtemps cru qu'il avait été créé à l'instigation de Madame de Sérilly lors d'une des absences de son mari pour le surprendre à son retour.
Le décor a été conçu et peint par Jean-Siméon Rousseau de la Rottière et Jules-Hugues Rousseau, également connus sous le nom de frères Rousseau. Ils sont connus pour leur travail sur les appartements de Marie-Antoinette à Versailles (1772) et pour le somptueux Boudoir Turc de la Reine au Château de Fontainebleau (1777), au sud-ouest de Paris.
Le décor des boiseries est taillé dans le chêne massif. Deux couleurs d'or sont utilisées pour ajouter de la complexité au dessin : les moulures des panneaux sont dorées d'un or rougeâtre, tandis que les figures, feuilles et fleurs surlignées sont d'un or plus jaune. La cheminée en marbre blanc a été fournie par Philippe-Laurent Roland, avec des montures en bronze doré par le bronzier royal Pierre Gouthière.
Les frères Rousseau excellaient dans le nouveau style d'ornement arabesque, associant médaillons peints imitant la sculpture et petits cartouches imitant les bas-reliefs. Ici la décoration est d'un raffinement exquis, la sculpture et la peinture décorative si délicates qu'elles auraient pu être conçues pour un beau meuble autant que pour une chambre.
La famille Sérilly est bientôt confrontée à de sérieuses difficultés financières et doit abandonner la maison seulement six ans après la constitution du Cabinet. La famille Serilly subit de dures épreuves lors des bouleversements politiques de la Révolution française : le marquis est guillotiné en 1794, et la marquise n'échappe que de justesse au sort de son mari en prétendant qu'elle est enceinte.
Texte original (en anglais) :
Image : Victoria & Albert Museum, London
Historique (Google traduction) :
Ce petit placard (merci Google ) a été réalisé pour Anne-Marie-Louise Thomas de Domangeville, 16 ans, à l'époque de son mariage avec Megret de Sérilly en 1778. Il était situé entre la maison et le jardin. La décoration représente les quatre saisons et le cycle de la vie.
Monsieur de Sérilly était payeur général de l'armée française. La maison du 106 rue Vielle du Temple, devenue l'hôtel de Sérilly, est achetée par la famille en 1775 et aussitôt remaniée pour eux par Jean-Siméon Rousseau de la Rottière.
Des difficultés financières obligent la famille à vendre cette maison en 1784 et M. de Sérilly est finalement guillotiné en 1794.
Le cabinet est accolé au mur extérieur de la maison et orienté au sud. Sa seule entrée était du jardin. Un dessin de Rousseau de la Rottière existe pour une partie du dessin, dans lequel l'ornement suit les dessins de Raphaël pour la Loggia du Vatican, publiés en 1772-7.
Il semble avoir été démonté et acheté par le marchand français Paul Recappé (9 Passage Ste Marie, rue du Bac, Paris), en 1867, puis vendu au musée en 1869. Le rapport de l'arbitre d'art par Mathew Digby Wyatt (RF 8475/ 69) datée du 26 avril 1869 est très enthousiaste à propos de la pièce. Il mentionne que la maison est passée de la famille Serilly à la famille St Albin, puis a été vendue, avec l'aide de l'antiquaire Achille Jubinal (1810-1875), à Paul Recappé.
Texte original(en anglais) :
Quelques autres images...
Images : Victoria & Albert Museum, London
Source et infos complémentaires : Collections VAM - Rousseau Panelled Room
Ainsi donc, le couple s'installe à L'hôtel Mégret de Sérilly (Wikipedia) en 1776. Ils ne construisent pas l'hôtel, mais le réaménagent, grâce à l'intervention de l'architecte Pierre-Noël Rousset.
106 rue Vieille du Temple
Image : Commons Wikimedia
Hôtel Mégret de Sérilly
Image : Commons Wikimedia
Le Boudoir, construit directement sur l'extérieur, côté jardin, est aménagé en 1778 .
Architectural plan of the Hotel Serilly.
French, c. 1850
Image : Victoria and Albert Museum, London
Les décors muraux et du plafond sont aujourd'hui conservés au Victoria and Albert Museum qui présente ainsi cet ensemble (je cite)...
The Sérilly Cabinet or Boudoir
by Jean-Siméon Rousseau de la Rottière and Jules-Hugues (designer)
Jean-Jacques Lagrenée (painter), Antoine-François Callet (painter) and Guy Brenet (painter)
marble chimneypiece by Philippe-Laurent Roland (sculptor) with mounts by Pierre Gouthière (maker)
France (Paris) 1778
Image : Victoria & Albert Museum
Lieu du décor (Traduction Google) :
Ce petit cabinet a été conçu en 1778 pour un hôtel particulier du Marais, quartier cossu mais un peu démodé de Paris où vivait la famille Megret de Serilly. La petite pièce était attachée à une aile de la maison et il semble qu'on ne pouvait y entrer que depuis le jardin, ce qui en faisait un espace privé parfait. Le cabinet était une chambre de plaisir par excellence et on a longtemps cru qu'il avait été créé à l'instigation de Madame de Sérilly lors d'une des absences de son mari pour le surprendre à son retour.
Le décor a été conçu et peint par Jean-Siméon Rousseau de la Rottière et Jules-Hugues Rousseau, également connus sous le nom de frères Rousseau. Ils sont connus pour leur travail sur les appartements de Marie-Antoinette à Versailles (1772) et pour le somptueux Boudoir Turc de la Reine au Château de Fontainebleau (1777), au sud-ouest de Paris.
Le décor des boiseries est taillé dans le chêne massif. Deux couleurs d'or sont utilisées pour ajouter de la complexité au dessin : les moulures des panneaux sont dorées d'un or rougeâtre, tandis que les figures, feuilles et fleurs surlignées sont d'un or plus jaune. La cheminée en marbre blanc a été fournie par Philippe-Laurent Roland, avec des montures en bronze doré par le bronzier royal Pierre Gouthière.
Les frères Rousseau excellaient dans le nouveau style d'ornement arabesque, associant médaillons peints imitant la sculpture et petits cartouches imitant les bas-reliefs. Ici la décoration est d'un raffinement exquis, la sculpture et la peinture décorative si délicates qu'elles auraient pu être conçues pour un beau meuble autant que pour une chambre.
La famille Sérilly est bientôt confrontée à de sérieuses difficultés financières et doit abandonner la maison seulement six ans après la constitution du Cabinet. La famille Serilly subit de dures épreuves lors des bouleversements politiques de la Révolution française : le marquis est guillotiné en 1794, et la marquise n'échappe que de justesse au sort de son mari en prétendant qu'elle est enceinte.
Texte original (en anglais) :
- Spoiler:
- This little cabinet was designed in 1778 for a hotel particulier in the wealthy but slightly out-of-fashion Marais district of Paris where the Megret de Serilly family lived. The tiny room was attached to one wing of the house and it seems that it could only be entered from the garden, making it a perfect private space. The cabinet was a pleasure room par excellenceand for a long time it was thought that it had been created at the instigation of Madame de Serilly during one of her husband's absences to surprise him on his return.
The decorative scheme was designed and painted by Jean-Simeon Rousseau de la Rottière and Jules-Hugues Rousseau, also known as the Rousseau brothers. They are known for their work on Marie-Antoinette's apartments at Versailles (1772) and for the Queen's lavish Boudoir Turc at the Chateau de Fontainebleau (1777), south-west of Paris.
The decoration of the panelling is carved out of the solid oak. Two colours of gold are used to add complexity to the design: the mouldings of the panels are gilded with a reddish gold, while the highlighted figures, leaves and flowers are in a more yellow gold. The white marble chimneypiece was supplied by Philippe-Laurent Roland, with gilt-bronze mounts by the royal bronzier Pierre Gouthière. The brothers excelled in the new arabesque ornament style, associating painted medallions imitating carving and small cartouches imitating bas-reliefs. Here the decoration is exquisitely refined, the carving and decorative painting so delicate that they could have been designed for a piece of fine furniture as much as for a room.
The Sérilly family soon faced serious financial difficulties and had to give up the house only six years after the Cabinet was made. The Serilly family suffered harsh trials during the political upheavals of the French Revolution: the Marquis was guillotined in 1794, and the Marquise only narrowly escaped her husband's fate by claiming that she was pregnant.
Image : Victoria & Albert Museum, London
Historique (Google traduction) :
Ce petit placard (merci Google ) a été réalisé pour Anne-Marie-Louise Thomas de Domangeville, 16 ans, à l'époque de son mariage avec Megret de Sérilly en 1778. Il était situé entre la maison et le jardin. La décoration représente les quatre saisons et le cycle de la vie.
Monsieur de Sérilly était payeur général de l'armée française. La maison du 106 rue Vielle du Temple, devenue l'hôtel de Sérilly, est achetée par la famille en 1775 et aussitôt remaniée pour eux par Jean-Siméon Rousseau de la Rottière.
Des difficultés financières obligent la famille à vendre cette maison en 1784 et M. de Sérilly est finalement guillotiné en 1794.
Le cabinet est accolé au mur extérieur de la maison et orienté au sud. Sa seule entrée était du jardin. Un dessin de Rousseau de la Rottière existe pour une partie du dessin, dans lequel l'ornement suit les dessins de Raphaël pour la Loggia du Vatican, publiés en 1772-7.
Il semble avoir été démonté et acheté par le marchand français Paul Recappé (9 Passage Ste Marie, rue du Bac, Paris), en 1867, puis vendu au musée en 1869. Le rapport de l'arbitre d'art par Mathew Digby Wyatt (RF 8475/ 69) datée du 26 avril 1869 est très enthousiaste à propos de la pièce. Il mentionne que la maison est passée de la famille Serilly à la famille St Albin, puis a été vendue, avec l'aide de l'antiquaire Achille Jubinal (1810-1875), à Paul Recappé.
Texte original(en anglais) :
- Spoiler:
- Object History
This little closet was made for the 16-year-old Anne-Marie Louise Thomas de Domangeville, around the time of her marriage to Megret de Sérilly in 1778. It was situated between the house and the garden. The decoration represents the four seasons and the cycle of life.
Monsieur de Sérilly was paymaster general to the French army. The house at 106 rue Vielle du Temple, that became the Hôtel de Sérilly, was purchased by the family in 1775 and was immediately re-modelled for them by Jean-Simeon Rousseau de la Rottière.
Financial difficulties meant that the family had to sell this house in 1784 and M. de Sérilly was eventually guillotined in 1794. The cabinet was attached to the outside wall of the house and faced south. Its only entrance was from the garden. A drawing by Rousseau de la Rottière exists for part of the design, in which the ornament follows Raphael's designs for the Vatican Loggia, published in 1772-7.
It appears to have been dismantled and bought by the French dealer Paul Recappé (9 Passage Ste Marie, Rue du Bac, Paris), in 1867 and then sold to the museum in 1869. The Art Referee Report by Mathew Digby Wyatt (RF 8475/69) dated 26 April 1869 is very enthusiastic about the room. He mentioned that the house had passed from the Serilly family to the St Albin family, and was then sold, with the help of the antiquary Achille Jubinal (1810-1875), to Paul Recappé.
Quelques autres images...
Images : Victoria & Albert Museum, London
Source et infos complémentaires : Collections VAM - Rousseau Panelled Room
La nuit, la neige- Messages : 18062
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
La nuit, la neige a écrit:Merci Gouv pour ces images.
Souvenirs de ma première promenade londonienne ayant eue pour cicerone Lady Bess !!!!
Gouverneur Morris- Messages : 11708
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
La famille Mégret de Sérilly
Jacques Thouron, d'après Henri-Pierre Danloux
Miniature sur émail, 1787
Image : Pinterest[/quote]
Gouverneur Morris a écrit:
Décor qui n'est pas sans évoquer justement celui du boudoir de leur hôtel parisien, conservé de nos jours au V&A
(...)
Boudoir de la main des frères Rousseau d'ailleurs, comme le boudoir d'argent de la reine à Fontainebleau
Cette miniature est intéressante. J'ai cherché une image de qualité du portrait original par Danloux, mais sans succès.
Je trouve le tapis très original, pour l'époque...
Nous remarquons tout d'abord que M. de Sérilly porte la même veste-redingote que sur celle du portrait présenté aux enchères (voir introduction du sujet).
N'avait-il que à à se mettre, ce pauvre homme ?
Image : Artcurial
Le décor des boiseries rappelle en effet celui du Cabinet Sérilly ou bien celui du boudoir d'Argent de Marie-Antoinette à Fontainebleau.
Image : Forum Marie-Antoinette
Voir notre sujet : Le boudoir d'Argent de Marie-Antoinette à Fontainebleau
Toujours sur cette miniature, au mur, nous distinguons le portrait de Françoise Thomas de Pange (1723-1789), baronne d'Etigny sauf erreur de ma part la mère de notre M. Mégret de Sérilly
"Studio of Henri-Pierre Danloux", Portrait of the Baronne d'Etigny née de Pange
Hôtel Drouot, Sale of Thursday, 29th March 29,2001, Lot 101
Source et nombreuses informations complémentaires : Rodama1789 - Antoine de Sérilly by Danloux
La nuit, la neige- Messages : 18062
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
... itou, pour le duc d'Ostrogothie et moi !Gouverneur Morris a écrit:
Souvenirs de ma première promenade londonienne ayant eue pour cicerone Lady Bess !!!!
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
Oh ! Je lis, ici Hubert Duchemin - Henri-Pierre Danloux :
Olivier Meslay, qui prépare actuellement le catalogue raisonné de l'artiste, nous a signalé que la technique employée ainsi que l'utilisation du panneau laissaient penser à une oeuvre de la période française de l'artiste, précédant l'année 1792.
Il rapproche ainsi le tableau du portrait de la famille d'Antoine Mégret de Sérilly (ill. 3), beau frère de l'artiste , dont il pourrait être une seconde esquisse (ill 4.).
Source : Hubert Duchemin - Henri-Pierre Danloux
Ainsi donc le peintre Danloux était....
Marié à Antoinette de Saint-Redan, fille adoptive de l'intendant Antoine Mégret de Sérilly, il commença une carrière de peintre de genre et de portraitiste notamment pour sa belle-famille et ses proches les Thomas de Pange : portrait du baron d'Étigny, de son frère et de sa belle-sœur, le comte et la comtesse de Sérilly avec leurs enfants, de François de Pange.
En compagnie de son épouse, il retourne en Italie juste avant la Révolution.
Voir notre sujet : Le peintre Henri-Pierre Danloux
Olivier Meslay, qui prépare actuellement le catalogue raisonné de l'artiste, nous a signalé que la technique employée ainsi que l'utilisation du panneau laissaient penser à une oeuvre de la période française de l'artiste, précédant l'année 1792.
Il rapproche ainsi le tableau du portrait de la famille d'Antoine Mégret de Sérilly (ill. 3), beau frère de l'artiste , dont il pourrait être une seconde esquisse (ill 4.).
Source : Hubert Duchemin - Henri-Pierre Danloux
Ainsi donc le peintre Danloux était....
Marié à Antoinette de Saint-Redan, fille adoptive de l'intendant Antoine Mégret de Sérilly, il commença une carrière de peintre de genre et de portraitiste notamment pour sa belle-famille et ses proches les Thomas de Pange : portrait du baron d'Étigny, de son frère et de sa belle-sœur, le comte et la comtesse de Sérilly avec leurs enfants, de François de Pange.
En compagnie de son épouse, il retourne en Italie juste avant la Révolution.
Voir notre sujet : Le peintre Henri-Pierre Danloux
La nuit, la neige- Messages : 18062
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
De fait, ils étaient voisins : pour se rapprocher de ses amis, Mégret d'Etigny et de Sérilly, le ministre Montmorin venait de leur acheter, moyennant la somme de 730 000, le château de Theil, tout proche.La nuit, la neige a écrit:Quand la Révolution se radicalise, Anne-Louise, son mari et leurs quatre enfants se réfugient dans leur château de Passy-sur-Yonne en Bourgogne.
Ils y accueillent les membres de leur famille, notamment la comtesse de Montmorin, veuve de l’ancien tuteur d’Anne-Louise, et l’un des derniers ministres du roi, qui sera massacré par la foule en septembre 1792.
Depuis 1739, le domaine de Theil appartenait aux Mégret qui possédaient déjà Passy depuis 1719.
Un document daté du 4 février 1741 qualifie le château de "maison forte" et un plan de la même époque nous le situe dans un vaste parc avec de grandes allées. Ce dernier document est peut-être l'œuvre de Gondet.
Le château demeura dans la famille de Sérilly jusqu'à la Révolution.
La rénovation du château s'effectua sans doute entre 1773 et 1784. Elle fut exécutée par l'architexte Alexandre Brongniart. C'est cet aspect du château que nous livre le lavis d'encre conservé par la Société Archéologique de Sens.
M. de Sérilly, Trésorier Général au département de la Guerre, jouissait, lors de son mariage en 1779, d'une importante fortune, mais de mauvaises affaires et la perte de son poste l'obligèrent a vendre plusieurs de ses biens, dont la terre et baronnie de Theil, avec son château "construit à la moderne", qu'il vendit par adjudication le 29 juillet 1791 à son cousin le ministre Armand Marc de Montmorin, pour 826.590 F . ( Ah ! les sources différentes ne donnent pas la même somme )
C'est là que Montmorin vécut un répit relatif et dernières heures de joies domestiques, avec son épouse, ses enfants, de bons amis comme les Trudaine, François de Pange .
Après son horrible massacre, en septembre 92, ne pouvant se réfugier à Theil, mis sous séquestre, sa famille fut accueillie à Passy par les Sérilly.
C'est à Passy qu'entre le 13 février et le 6avril 1794, les sbires de la Révolution vinrent tous les cueillir. M. de Sérilly fut arrêté, puis son épouse, et ce fut au tour de Madame de Montmorin, de sa fille la comtesse de La Luzerne et de son fils Hugues Calixte. Seule Pauline de Beaumont, la dernière fille du comte de Montmorin, fut laissée libre.
Quant au château de Theil, il avait été mis sous séquestre et le serrurier Flogny fut obligé en 1794 de demander les outils qu'il avait laissés au château où il travaillait pour M. de Montmorin .
Après la Terreur, Pauline de Beaumont reprit possession des lieux.
Madame de Sérilly épousa en janvier 1796 le chevalier de Pange qui mourut le 15 juillet de la même année. Puis le 3 septembre 1798, elle épousa le marquis de Montesquiou, qui mourut le 30 décembre, et elle le suivit dans la tombe le 17 avril 1799.
Ce dernier mariage, avec un personnage possédant une grande fortune, permit aux quatre enfants qu'elle avait eus avec M. Mégret de Sérilly de racheter à Pauline de Beaumont le château de Theil le 4 juillet 1800 .
Malheureusement, ils ne purent le conserver et alors que l’Almanach de Sens pour 1808 indique que le village de Theil est remarquable par un beau château , Théodore Tarbé écrit dans sa Topographie que " le château de Theil, de construction moderne, a été démoli en 1809 en entier" .
https://patrimoine-vanne.info/theil/chateau.html
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le comte et la comtesse Mégret de Sérilly
La nuit, la neige a écrit:
Je trouve le tapis très original, pour l'époque...
Oui, très curieux tapis ... les couleurs, le motif presque géométrique rappelle vaguement des croix de Malte ?
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Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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