La succession dynastique par adoption en Europe, au XVIIIème siècle
4 participants
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La France et le Monde au XVIIIe siècle :: Histoire et événements ailleurs dans le monde
Page 1 sur 1
La succession dynastique par adoption en Europe, au XVIIIème siècle
La succession par adoption est un mode de succession qui s'il n'est pas unique (la remarque de Momo est très juste concernant le cas de la princesse Charlotte de Monaco, mère de Rainier III, et née fille naturelle de Louis II, adoptée et dotée en 1919), n'en fut pas moins rarissime en Occident.
Au début du XIXe siècle, la Suède traverse une crise dynastique et politique qui voit l'effondrement de la dynastie des Vasa et l'irruption insolite d'une nouvelle dynastie, les Bernadotte, issue de France, et qui règne toujours sur le trône de Suède de nos jours.
Dans son ouvrage, " Dictionnaire insolite des Dynasties du Monde ", Philippe Delorme écrit :
"... Son fils, Gustave IV Adolphe (le fils de Gustave III assassiné en 1792), pour le moins fantasque, est confronté à une sérieuse crise économique et mène une politique étrangère désastreuse. En 1809, à la suite d'une campagne malheureuse contre la Russie qui annexe la Finlande, le roi est arrêté, incarcéré, puis contraint à l'exil. Son oncle, Charles, duc de Sudermanie, devient administrateur de l'Etat, puis roi. Une Constitution parlementaire est adoptée, établissant une stricte séparation entre les prérogatives de la Couronne et celles du Parlement. C'est ce texte, modifié plusieurs fois depuis, qui a régi jusqu'en 1974, la vie publique suédoise. Mais le nouveau souverain, Charles XIII, a plus de soixante ans et il n'a pas d'enfant. Se pose donc le problème de la succession. Il sera résolu d'une manière très inattendue...
Un premier successeur est désigné dès le mois de juillet 1809. Mais ce Christian-Auguste de Holstein-Augustenbourg, cousin du roi de Danemark, meurt brusquement dès l'année suivante. A ses obsèques, la foule moleste les partisans de l'ex-roi Gustave IV, que l'on accuse d'avoir fait empoisonner le prince. Dans l'echauffouree, le vieux maréchal Axel de Fersen qui fut l'ami de Marie-Antoinette, périt assassiné.
C'est alors qu'en juillet 1810, le Riksdag dépêche à Paris un groupe d'officiers afin de proposer à Jean-Baptiste Bernadotte l'héritage royal de Suède.
Ce choix surprenant n'est nullement le fruit du hasard. En 1806, au cours des campagnes de Pomeranie, le maréchal d'Empire, prince de Pontecorvo et gouverneur des villes hanseatiques, s'est distingué par sa clémence, ce qui lui a gagné l'estime et l'affection des Suédois. Sa présence à Stockholm garantissait, en outre l'amitié de Napoléon 1er.
L'origine des Bernadotte est le village de Maucour, en Béarn. Le grand-père du futur roi de Suède était un simple tailleur, et son père Jean-Henri Bernadotte, né en 1711, procureur du sénéchal du Pau.
Surnommé le " serjent Belle-Jambe " sous l'Ancien Régime, en raison de sa prestance, Bernadotte doit son élévation aux bouleversements de 1789. Son courage, ses dons oratoires lui valent bientôt ses galons de général de brigade. Il rencontre Bonaparte pour la première fois le 3 mars 1797 en Italie. Entre les deux hommes, la rivalité est immédiate. Pourtant, l'année suivante, Bernadotte entre dans le clan corse, en épousant Désirée Clary, fille d'un négociant marseillais, ancienne fiancée de Napoléon, et dont la sœur Julie, est la femme de Joseph Bonaparte.
Ministre de la Guerre du Directoire, Bernadotte se pose en défenseur de la Constitution de l'an III. Resté neutre lors du coup d'Etat du 18 Brumaire, il catalyse autour de sa personne - un peu malgré lui - l'opposition républicaine. Le jacobin d'hier finira néanmoins à se rallier à l'Empire. Il accepte la dignité de maréchal de France. Comme à regret, Bernadotte participe aux campagnes impériales. Il est en retard à Lena, à Eylau et à Friedland. Capable d'une intrepidite qui lui vaut plusieurs blessures, il excelle surtout dans les gouvernements civils, au Hanovre et à Hambourg.
Avec l'assentiment de l'Empereur, Bernadotte accepte le trône qui lui est offert. Adopté par Charles XIII, élu prince héréditaire par les États généraux, il se convertit au lutheranisme et prend le nom de Charles-Jean. Entièrement acquis à sa nouvelle patrie, à laquelle il consacrera tous ses efforts, Bernadotte oriente la Suède vers la politique de paix et de neutralité qui sera désormais la sienne.
En 1813, comprenant que l'étoile de Napoléon est en train de pâlir, il se range aux côtés des coalises qui déferlent sur la France.
En récompense, la Suède reçoit au traité de Kiel la Norvège, qui devient un royaume fédéré, tandis que la Finlande reste occupée par les Russes. Le 5 février 1818, l'ultime descendant de Gustave Vasa meurt sénile. Jean-Baptiste Bernadotte, fils d'un petit procureur gascon, ancien soldat devenu à la force du poignet, maréchal d'Empire, s'assoit sur le trône d'Odin et installe aux confins boreaux de l'Europe, une famille née au pays de l'ail et du jurancon. "
La main est tripartite : Vicq, Lucius, Momo.
Au début du XIXe siècle, la Suède traverse une crise dynastique et politique qui voit l'effondrement de la dynastie des Vasa et l'irruption insolite d'une nouvelle dynastie, les Bernadotte, issue de France, et qui règne toujours sur le trône de Suède de nos jours.
Dans son ouvrage, " Dictionnaire insolite des Dynasties du Monde ", Philippe Delorme écrit :
"... Son fils, Gustave IV Adolphe (le fils de Gustave III assassiné en 1792), pour le moins fantasque, est confronté à une sérieuse crise économique et mène une politique étrangère désastreuse. En 1809, à la suite d'une campagne malheureuse contre la Russie qui annexe la Finlande, le roi est arrêté, incarcéré, puis contraint à l'exil. Son oncle, Charles, duc de Sudermanie, devient administrateur de l'Etat, puis roi. Une Constitution parlementaire est adoptée, établissant une stricte séparation entre les prérogatives de la Couronne et celles du Parlement. C'est ce texte, modifié plusieurs fois depuis, qui a régi jusqu'en 1974, la vie publique suédoise. Mais le nouveau souverain, Charles XIII, a plus de soixante ans et il n'a pas d'enfant. Se pose donc le problème de la succession. Il sera résolu d'une manière très inattendue...
Un premier successeur est désigné dès le mois de juillet 1809. Mais ce Christian-Auguste de Holstein-Augustenbourg, cousin du roi de Danemark, meurt brusquement dès l'année suivante. A ses obsèques, la foule moleste les partisans de l'ex-roi Gustave IV, que l'on accuse d'avoir fait empoisonner le prince. Dans l'echauffouree, le vieux maréchal Axel de Fersen qui fut l'ami de Marie-Antoinette, périt assassiné.
C'est alors qu'en juillet 1810, le Riksdag dépêche à Paris un groupe d'officiers afin de proposer à Jean-Baptiste Bernadotte l'héritage royal de Suède.
Ce choix surprenant n'est nullement le fruit du hasard. En 1806, au cours des campagnes de Pomeranie, le maréchal d'Empire, prince de Pontecorvo et gouverneur des villes hanseatiques, s'est distingué par sa clémence, ce qui lui a gagné l'estime et l'affection des Suédois. Sa présence à Stockholm garantissait, en outre l'amitié de Napoléon 1er.
L'origine des Bernadotte est le village de Maucour, en Béarn. Le grand-père du futur roi de Suède était un simple tailleur, et son père Jean-Henri Bernadotte, né en 1711, procureur du sénéchal du Pau.
Surnommé le " serjent Belle-Jambe " sous l'Ancien Régime, en raison de sa prestance, Bernadotte doit son élévation aux bouleversements de 1789. Son courage, ses dons oratoires lui valent bientôt ses galons de général de brigade. Il rencontre Bonaparte pour la première fois le 3 mars 1797 en Italie. Entre les deux hommes, la rivalité est immédiate. Pourtant, l'année suivante, Bernadotte entre dans le clan corse, en épousant Désirée Clary, fille d'un négociant marseillais, ancienne fiancée de Napoléon, et dont la sœur Julie, est la femme de Joseph Bonaparte.
Ministre de la Guerre du Directoire, Bernadotte se pose en défenseur de la Constitution de l'an III. Resté neutre lors du coup d'Etat du 18 Brumaire, il catalyse autour de sa personne - un peu malgré lui - l'opposition républicaine. Le jacobin d'hier finira néanmoins à se rallier à l'Empire. Il accepte la dignité de maréchal de France. Comme à regret, Bernadotte participe aux campagnes impériales. Il est en retard à Lena, à Eylau et à Friedland. Capable d'une intrepidite qui lui vaut plusieurs blessures, il excelle surtout dans les gouvernements civils, au Hanovre et à Hambourg.
Avec l'assentiment de l'Empereur, Bernadotte accepte le trône qui lui est offert. Adopté par Charles XIII, élu prince héréditaire par les États généraux, il se convertit au lutheranisme et prend le nom de Charles-Jean. Entièrement acquis à sa nouvelle patrie, à laquelle il consacrera tous ses efforts, Bernadotte oriente la Suède vers la politique de paix et de neutralité qui sera désormais la sienne.
En 1813, comprenant que l'étoile de Napoléon est en train de pâlir, il se range aux côtés des coalises qui déferlent sur la France.
En récompense, la Suède reçoit au traité de Kiel la Norvège, qui devient un royaume fédéré, tandis que la Finlande reste occupée par les Russes. Le 5 février 1818, l'ultime descendant de Gustave Vasa meurt sénile. Jean-Baptiste Bernadotte, fils d'un petit procureur gascon, ancien soldat devenu à la force du poignet, maréchal d'Empire, s'assoit sur le trône d'Odin et installe aux confins boreaux de l'Europe, une famille née au pays de l'ail et du jurancon. "
La main est tripartite : Vicq, Lucius, Momo.
Dominique Poulin- Messages : 6901
Date d'inscription : 02/01/2014
La succession dynastique par adoption en Europe, au XVIIIème siècle
Lorsque les Jagellion (de Pologne) s'éteignirent en 1573 et qu'ils ont élu Henri de Valois, fils d'Henri II et de Catherine de Médicis (notre futur Henri III) n'est on pas également dans ce cas ?
Lady Jhane- Messages : 1318
Date d'inscription : 04/11/2021
Localisation : Gévaudan
Re: La succession dynastique par adoption en Europe, au XVIIIème siècle
Certes Henri de Valois, duc d'Anjou, futur Henri III et frère cadet de Charles IX a été élu roi de Pologne en 1573 par la Diete, mais je ne sais pas si le principe d'adoption s'applique pour lui, ni dans quels termes il a été établi.
Il faudrait vérifier dans les biographies qui lui ont été consacrées et qui sont fort nombreuses.
Il faudrait vérifier dans les biographies qui lui ont été consacrées et qui sont fort nombreuses.
Dominique Poulin- Messages : 6901
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: La succession dynastique par adoption en Europe, au XVIIIème siècle
Merci cher Dodo !!!
Rappelons que pour les Grimaldi, cette adoption (parfaitement légale juridiquement, au-delà d'être justifiée moralement par le sang de la bâtardise) se fit au détriment des ducs d'Urach (dont les Allemands essayèrent de faire des rois de Finlande (!!!!), bons héritiers de la main droite, eux...
Une branche se plaint encore :
https://www.leparisien.fr/faits-divers/s-estimant-spolie-du-trone-de-monaco-il-reclame-351-millions-d-euros-a-la-france-12-08-2018-7850526.php
Rappelons que pour les Grimaldi, cette adoption (parfaitement légale juridiquement, au-delà d'être justifiée moralement par le sang de la bâtardise) se fit au détriment des ducs d'Urach (dont les Allemands essayèrent de faire des rois de Finlande (!!!!), bons héritiers de la main droite, eux...
Une branche se plaint encore :
https://www.leparisien.fr/faits-divers/s-estimant-spolie-du-trone-de-monaco-il-reclame-351-millions-d-euros-a-la-france-12-08-2018-7850526.php
Dernière édition par Gouverneur Morris le Dim 27 Fév 2022, 03:22, édité 1 fois (Raison : nds)
Gouverneur Morris- Messages : 11599
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La succession dynastique par adoption en Europe, au XVIIIème siècle
Dominique Poulin a écrit:Certes Henri de Valois, duc d'Anjou, futur Henri III et frère cadet de Charles IX a été élu roi de Pologne en 1573 par la Diete, mais je ne sais pas si le principe d'adoption s'applique pour lui, ni dans quels termes il a été établi.
Il faudrait vérifier dans les biographies qui lui ont été consacrées et qui sont fort nombreuses.
Il n'y eut pas d'adoption, l'élection n'eut lieu qu'une fois le roi précédent mort et trois ans de construction d'une constitution pour la République des Deux Nations.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Sujets similaires
» Le tour d'Europe de Mademoiselle Clara, star Rhinocéros du XVIIIe siècle
» Ebénistes et menuisiers, l'art du meuble au XVIIIe siècle
» L'athéïsme du XVIIIème siècle
» Manucure au XVIIIeme siècle
» L'Angleterre au XVIIIème siècle .
» Ebénistes et menuisiers, l'art du meuble au XVIIIe siècle
» L'athéïsme du XVIIIème siècle
» Manucure au XVIIIeme siècle
» L'Angleterre au XVIIIème siècle .
LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La France et le Monde au XVIIIe siècle :: Histoire et événements ailleurs dans le monde
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|