Vol au musée Cognacq-Jay, Paris

Le musée Cognacq-Jay a annoncé l'acquisition le 21 mars 2018 chez Christie's des deux dessins suivants :

1/ Marguerite Lecomte (1717-1800), Amour couronnant Vénus endormie.
Sanguine sur papier, 22,7x33,5 cm, signé, localisé et daté, sur le rocher à droite : Lecomte/ in fe in Roma/ 1764.



Il s'agit, avec une étude de coquillage (non localisée), du seul dessin connu de cet artiste. Mariée à un procureur, Marguerite Lecomte entretient dès 1740 une liaison amoureuse avec l'écrivain et artiste Claude-Henri Watelet, qui l'initie à l'art de la gravure.
Si le ménage à trois s'installe au Moulin Joly, un des premiers jardins pittoresques en France, c'est uniquement en compagnie de son amant et d'un de ses amis que Marguerite Lecomte séjourne en Italie en 1763-1764. La jeune femme est très bien accueillie à Rome, où elle peut voir un antique célèbre : l'Hermaphrodite de la collection Borghèse, qui sera acheté quelques décennies plus tard par Napoléon et aujourd'hui au musée du Louvre.
Cette statue, représentant un personnage mythologique à la fois masculin et féminin, a servi d'inspiration à Marguerite Lecomte pour sa figure de Vénus endormie, auprès de laquelle s'affaire son fils Amour. La sanguine reste encore très marquée par l'esthétique naturaliste si forte dans le dessin français sous Louis XV, mais son inspiration antique témoigne aussi d'un renouveau du goût bientôt appelé néoclassique. Le dessin est le premier d'une femme artiste à intégrer les collections du musée Cognacq-Jay.

2/ Jean-Baptiste Huet (1745-1811), Le Chien savant.
Aquarelle sur trait de plume et encre noire sur papier, 19,5x22,5 cm, vers 1780-1785.



Jean-Baptiste a été mis à l'honneur en 2016 par le musée Cognacq-Jay qui lui a consacré sa première exposition monographique. Formé dans une famille d'artistes, ainsi que par Jean-Baptiste Leprince, un des meilleurs élèves de Boucher, Huet s'est essentiellement distingué par des œuvres animalières, des pastorales et de scènes de genre.
Le Chien savant est un dessin de maturité de l'artiste, où un groupe de jeunes femmes s'amusent avec un chien dressé sur ses pattes, vêtu d'une fraise à la mode espagnole du XVIIe siècle. Il témoigne de la place nouvelle donnée au chien dans la société, comme l'a autrement montré Huet avec de véritables portraits canins.
Le sujet a inspiré plusieurs artistes français à l'époque des Lumières, notamment Jean-Honoré Fragonard dans un dessin au lavis de bistre sur préparation de crayon (non localisé) qui a précisément servi de modèle au Chien savant de Huet. Cette inspiration nous rappelle que Fragonard et Huet se connaissaient, ayant tous deux travaillé au salon Demarteau (musée Carnavalet) avant 1770.

La sanguine est époustouflante !

Oui superbe. En plus, le prix d'acquisition est très modeste : 4000 euros.

Les dernières acquisitions du musée :






clichés personnels

C'est fou !

Le musée Cognacq-Jay, situé dans le 3e arrondissement de Paris, a été visé par une violente attaque ce mercredi 20 novembre aux alentours de 10h30, a appris Le Figaro de sources concordantes. Quatre individus cagoulés armés de battes de base-ball et de haches sont entrés dans le musée ce mercredi vers 10h30. Plusieurs objets ont été volés pour un montant d’environ un million d’euros. Il n’y a pas eu de blessé.

«Le musée est exceptionnellement fermé ce jour. Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée», indique actuellement le musée sur son site internet. Une exposition temporaire intitulée «Luxe de poche, petits objets précieux au siècle des Lumières» était en cours jusqu’au 24 novembre.
https://www.lefigaro.fr/faits-divers/paris-le-musee-cognacq-jay-vise-par-un-violent-braquage-20241120

OMG ! J’imagine qu’ils ont visé directement les tabatières enrichies de pierreries, notamment celle de Frédéric II !!!!









Clichés personnels

Mince alors !!

Je lis en effet que.... cinq boîtes et tabatières de collection auraient été volées et la vitrine les renfermant a été brisée à coups de hache et de battes de baseball, dont deux tabatières appartenant au musée du Louvre réalisées respectivement par Johann Christian Neuber (j'ignore laquelle pour l'instant  ) et par Daniel Baudesson (la deuxième image postée par Gouv) :





Tabatière chantournée, montée à cage en or de dix plaques d'agate (calcédoine)
Daniel Baudesson
Baudesson, Daniel (Berlin, 1716 - Berlin, 1785), Orfèvre
Image : GrandPalaisRmn (musée du Louvre) /

Je pense que la seconde tabatière volée, et appartenant au Louvre, est celle-ci :


Tabatière
Neuber, Johann Christian (1732 - 1808), Orfèvre
Desde, vers 1763 - 1770
Hauteur : 3,9 cm ; Longueur : 8 cm ; Profondeur : 5,8 cm
Image : GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi







Images : GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Description :

Tabatière en or de forme rectangulaire, incrustée de cabochons d'agate. Faces ciselées en bas-relief d'ors de quatre couleurs (jaune, rose, vert, blanc) et de bouquets de fleurs encadrant 83 médaillons ovales tous surmontés d'un numéro en cartouche, de 1 à 83. Les médaillons contiennent des plaques convexes d'agate, de jaspe, de cornaline, d'onyx ou encore d'améthyste. Bordure d'encadrement en or gravé de filets dentelés. Doublure en or.
Sur le couvercle : 18 pierres fines et transparantes, incluses dans des cartouches numérotés de A à Q.
Sur la plaque du dessous : deux inventaires manuscrits, en allemand et en français, faits en carton recouvert de satin rose, l'appellation des pierres et numéro de renvoi y figurent.

Inventaire intitulé "Cabinet de pierres contenant toutes les sortes de pierres les plus belles et les mieux choisies, de Jaspe, de Vermeille, de Topas, d'Ametiste, d'Agate et encore d'autres pierres précieuses qui se trouvent en Saxe, très exactement marquées de lettres et de chiffres pour en apprendre leurs noms. Composé par Jean Chrétien Neuber à Dresde"
Inscriptions / Poinçon : (Aucun)

Signature : "Neuber à Dresde" (Sur la gorge, de face)

Vu dans la story Instagram d'Olivier Gabet, directeur du département des objets d'art du Louvre ce matin :



Ce sont donc bien, entre autres, ces deux tabatières qui se sont envolées dans la nature hier...

Hélas, notre ami Gouv avait raison (voir son message ci-dessus)...




Aux déjà présentées précédemment, ajoutons ces autres tabatières volées hier :


Table snuff box
c.1770-75
Bloodstone, vari-coloured gold, foiled diamonds
5.1 x 10.7 x 8.5 cm (whole object)
Image : Royal Collection Trust / His Majesty King Charles III

Provenance :

Made for Frederick II of Prussia; probably inherited by Frederick William III of Prussia and given to his daughter, Tsarina Alexandra Feodorovna; thence by descent to Tsar Nicholas II; seized by the Soviet authorities 1917 (inv. 1922, no. 80); by whom sold to a British syndicate (...)


Snuff box with a cameo of the Birth of Venus
Cameo: 2nd half 16th c. box: probably German c. 1740
Onyx: white on translucent white; lapis-lazuli, moss agate and gold | 3.1 x 7.6 x 5.9 cm (with fittings)
Image : Royal Collection Trust / His Majesty King Charles III

Provenance :

King George V and Queen Mary formed an important collection of gold boxes. They were a popular choice of gift to the King. This box was a gift from Edward Cecil Guinness, 1st Earl of Iveagh (1847-1927) on the King’s birthday, 3 June 1920.



Snuffbox
Berlin, Germany, about 1765
Carved chrysoprase, chased, pierced and engraved gold, set hardstones and diamonds with foil backing
Length: 10cm ; Width: 7.8cm ; Height: 5cm
The Rosalinde and Arthur Gilbert Collection on loan to the Victoria and Albert Museum
Image : Victoria and Albert Museum, London



Images : Victoria and Albert Museum, London



Snuffbox
Johann Christian Neuber (box maker), the micromosaic by an unknown artist
Dresde, Germany ca. 1780 (made)
Chased gold, inlaid lapis lazuli, agate and hardstones, glass micromosaic
Length: 8.5cm ; Width: 6cm ; Height: 2.9cm
The Rosalinde and Arthur Gilbert Collection on loan to the Victoria and Albert Museum
Image : Victoria and Albert Museum, London


Images : Victoria and Albert Museum, London



Snuffbox
Probably Berlin, Germany ca. 1768
Chased gold with diamonds encrusted in silver settings, four with pink tint and foil backing, the other diamonds set over black foil backing
Length: 7.7cm ; Width: 6.1cm ; Height: 4.1cm
The Rosalinde and Arthur Gilbert Collection on loan to the Victoria and Albert Museum
Image : Victoria and Albert Museum, London

Provenance :

Aged fourteen, Grand Duke Paul of Russia (1754–1801) presented this ‘superb snuffbox richly set with diamonds’ to Nathaniel Dimsdale (1748–1811), as a token of gratitude. Nathaniel’s father Dr Thomas Dimsdale had successfully inoculated Paul and his mother, Catherine the Great, against smallpox.


Images : Victoria and Albert Museum, London

Comme j’aurais tant aimé avoir tort…