La place Louis XV, puis place de la Révolution, aujourd'hui place de la Concorde

Peu avant la construction du Pont de la Concorde (Pont Louis XVI, Pont de la Révolution), construit pendant la Révolution (maçonnerie en pierres de taille provenant de la destruction de la Bastille)...

Vue de la place Louis XV, avant la construction du Pont
Alexis-Nicolas Pérignon (1726-1782)
Plume et encre de Chine, aquarelle et gouache
Fin XVIIIe siècle
Photo : Bibliothèque nationale de France

Détail, statue du roi Louis XV


Et encore quelques années / mois plus tôt, alors que les berges de la Seine ne sont pas même murées...

Vue de la place Louis XV et des Tuileries à l'instant du départ de M.M Robert et Hullin, le 19 septembre 1784
Pierre-Antoine Demachy
Dessin, 1784
Photo : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

Une version, huile sur toile :

La place Louis XV
Attribué à Pierre-Antoine Demachy
XVIIIe siècle
Image : FineArt America



A View of Place Louis XV
Attributed to Alexandre-Jean Noël (French, 1752 - 1834)
Oil on canvas, about 1775-1787
Photo : The J. Paul Getty Trust

Détail sur le dôme de l'Eglise Notre Dame de l'Assomption, rue Saint-Honoré



Place Louis XV et terrasse des Tuileries
Pierre-Antoine Demachy
Dessin, signé et daté 1784
Photos : Bibliothèque Nationale de France

Pour en savoir plus, le catalogue de l'exposition au musée Carnavalet du 17 mai au 14 août 1982:

La place Louis XV, puis place de la Révolution, puis place de la Concorde au XVIIIe siècle fut aussi une très fugace place Louis XVI .

Oui...mais pas au XVIIIe siècle.

D'accord !

Merci LNLN pour ce beau sujet !!!

La nuit, la neige a écrit:
Détail sur le dôme de l'Eglise Notre Dame de l'Assomption, rue Saint-Honoré

On distingue au-devant de cette église l'hôtel de Saint-Florentin, dont, par instauration d'une servitude architecturale, le pendant dut être exécuté côté rue Boissy d'Anglas. Ce pendant accueille aujourd'hui la représentation américaine en France.

V'oui !!  

À la mort du comte de Saint-Florentin, l’hôtel passa au duc de Fitz-James puis, en 1787, à la duchesse del Infantado.

En 1793, on y établit la section des Tuileries de la manutention de salpêtre. L’ouverture de la rue de Rivoli l’amputa de son jardin et fit également disparaître la fontaine que Jacques-Germain Soufflot lui avait adjointe lorsqu’il dirigeait les travaux du Garde-meuble voisin.

En 1812, l’hôtel fut acheté au marquis d’Almenara par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord pour la somme de 500 000 francs dont 70 000 francs en numéraire et le reste par extinction d’anciennes créances. Il s’installa à l’entresol cependant que la duchesse de Dino occupait le deuxième étage.

En 1814 et 1815, l’hôtel de Saint-Florentin, mis un temps à la disposition du tsar Alexandre Ier de Russie, fut le cadre des tractations menées par Talleyrand en vue du retour des Bourbons. C’est là que Talleyrand mourut en 1838.

L’hôtel fut aussitôt acquis, en juillet 1838, par James de Rothschild qui le paya 1,2 million et en fit, selon le mot de Heinrich Heine, le « Versailles de la ploutocratie parisienne ».
(...)
Dans les années 1860-1870, Alphonse de Rothschild y fit effectuer d’importantes transformations par les architectes E. Petit et Léon Ohnet. C’est à cette époque que fut construite l’aile sur la rue du Mont-Thabor. Alphonse de Rothschild fit également remonter des décors provenant du pavillon construit à Louveciennes pour Madame Du Barry par Claude Nicolas Ledoux.

* Source, extraits de : Wikipedia - L'Hôtel de Saint Florentin

La nuit, la neige a écrit:Dans les années 1860-1870, Alphonse de Rothschild y fit effectuer d’importantes transformations par les architectes E. Petit et Léon Ohnet. C’est à cette époque que fut construite l’aile sur la rue du Mont-Thabor. Alphonse de Rothschild fit également remonter des décors provenant du pavillon construit à Louveciennes pour Madame Du Barry par Claude Nicolas Ledoux.

On peut en apercevoir un échantllon ici :

https://www.gillesperrault.com/un-portfolio/hotel-de-saint-florentin/

Merci Gouv' les boiseries sont remarquables.

Proposée prochainement en vente aux enchères, cette vue de la place Louis XV nous offre un aperçu de la statue de Louis XV peu avant sa démolition :

Vue de la place Louis XV
L. Chipart (1744 - 1807)
Pen and ink and watercolour and gouache
1792
Inscribed in the cartouche on the mount: Vue de La Place Louis XV / 1792 and bears indistinct inscription and possible signature on the pedestal of the statue: Chipart (?)





Catalogue Note
It has not been possible to decipher the entire inscription on the pedestal of the statue but it appears that it could include the signature of the artist: Chipart (?).
There is a record of a French artist called L. Chipart (1744-1807) who is described as a landscape painter.

* Source et infos complémentaires : Sotheby's London - Sale Old Masters, on 26 November 2020



Pour mémoire :

Commencée par Edme Bouchardon et achevée par Jean-Baptiste Pigalle, la statue équestre de Louis XV est inaugurée le 20 juin 1763.
Elle est placée au centre de l'esplanade, face à l'est, à l'intersection de l'axe de la nouvelle rue Royale, qui relie la Madeleine à la Seine, et de l'axe du jardin des Tuileries et de l'avenue des Champs-Élysées. Le roi est vêtu à la romaine, coiffé d'un catogan et couronné de lauriers.


Louis XV à cheval en costume romain
D’après Edme Bouchardon
Bronze, vers 1759 - 1793
Saisie révolutionnaire
Image : Paris, Musée du Louvre

Le piédestal, dû à Jean-François-Thérèse Chalgrin, est orné de bas-reliefs et, à chaque angle, d'une statue de bronze évoquant les vertus du Roi : la Force, la Justice, la Prudence et la Paix.

L'Entrée des Tuileries vue de la place Louis XV à Paris
Jacques-Philippe-Joseph de Saint-Quentin
Huile sur toile, vers 1775
Image : Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon


Comme le monarque est devenu, à l'époque de l'inauguration de la statue, largement impopulaire, on la chansonne en ces termes :

Ah ! la belle statue, ah ! le beau piédestal,
Les vertus sont à pied et le vice à cheval.

Le 11 août 1792, lendemain de l'abolition de la monarchie, la statue équestre de Louis XV est renversée de son piédestal puis envoyée à la fonte. À cette occasion, la place Louis XV est rebaptisée « place de la Révolution ».

Journée du 21 janvier 1793 la mort de Louis Capet sur la place de la Révolution : présentée à la Convention nationale le 30 germinal
À droite, le piédestal de la statue de Louis XV
Isidore-Stanislas Helman
Image : Bibliothèque Nationale de France

Le 10 août 1793, sur le piédestal de l'ancienne statue de Louis XV, resté vide pendant un an, est érigée une Statue de la Liberté de François-Frédéric Lemot, effigie de plâtre représentant la Liberté coiffée d'un bonnet rouge et tenant une pique dans la main droite. .

Une exécution capitale, place de la Révolution. La statue de la Liberté, à gauche
Pierre-Antoine Demachy
Huile sur papier marouflé sur toile, vers 1793
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

Le 8 novembre 1793, quelques minutes avant d'être exécutée Manon Roland s'est exclamée en passant devant la statue : « Ô Liberté, comme on t'a jouée ! » ou selon une autre version plus littéraire : « Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! ».

Le 25 octobre 1795, veille de l'instauration du Directoire, le nom de la place prend son nom actuel de place de la Concorde. La statue est retirée en juin 1800 sous le Consulat.

* Source texte (extraits) : Wikipedia - Place de la Concorde



Concernant l'histoire de cette statue, je vous renvoie aussi à la lecture de notre sujet :

Le sculpteur Edmé Bouchardon, une idée du beau


Portrait de Edmé Bouchardon, par François-Hubert Drouais
Musée Carnavalet - Photo : RMN-Grand Palais / Agence Bulloz


Et encore vous recommande cette intéressante vidéo, déjà évoquée dans le sujet ci-dessus en lien :

Une jolie vue de la place, avec notes manuscrites des principaux sites architecturaux, visibles de gauche à droite. La mention " Assemblée nationale " suppose une annotation du temps de la Révolution et de l'installation de l'assemblée nationale dans la salle du Manège, au jardin des Tuileries.


La place Louis XV et les Tuileries
RBT (dessinateur)
Dessin à la plume, 1769 (?)
Signature de l'exécutant - Inscription de l'auteur en bas à droite : "R.Bt.Fecit."
Inscription concernant le titre - En bas : "PLACE LOUIS QUINZE, roi de France, dit le bien aimé Armo 1769. PARIS."
Légende - En bas, de gauche à droite : "Garde meuble - Eglise de l'Assomption - Porte - Assemblée nationale - St Roch - Statue de Louis XV - Château des Tuileries - Notre-dame - Quatre nations - les Théatins - pont-Royal."
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Garde-meuble - Eglise de l'Assomption - Porte - Assemblée nationale - St Roch

Statue de Louis XV - Château des Tuileries

Notre Dame - Quatre nations - Les Théatins - Pont Royal


Et vue du ciel, si l'on veut  , ce même quartier des Tuileries et de la place Louis XV, avant les évènements d'août 1792 :

Plan du quartier des Tuileries, la Seine, les Champs-Elysées, la place Louis XV (actuelle place de la Concorde)
Anonyme
Estampe, 18e siècle
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris

On voit très nettement, me semble-t-il, sur cette gravure (présentée plus haut), le jardin du Dauphin, à l’extrémité du jardin des Tuileries. Le fameux jardin où Marie-Antoinette venait avec son fils à l’époque où la famille royale vivait aux Tuileries.
Au 1e plan, la place Louis XV avec ses parterres souterrains, et leurs guérîtes d’accès ( qui existent toujours)
Au fond: le pavillon de Flore du Palais, et le Pont Royal.

Merci mille fois pour ce magnifique reportage, tellement utile, tellement clair !

Vicq d Azir a écrit:
On voit très nettement, me semble-t-il, sur cette gravure (présentée plus haut), le jardin du Dauphin, à l’extrémité du jardin des Tuileries. Le fameux jardin où Marie-Antoinette venait avec son fils à l’époque où la famille royale vivait aux Tuileries.

Absolument, cher Vicq'. L'emplacement de ce jardin est bien signalé sur le plan posté ci-dessus...

  ... à Carnavalet



La Place Louis XV ,  vue de la rive gauche.

Voici, de l'autre côté de la Seine, la Place Louis XV , actuelle Place de la Concorde, et une partie du jardin des Tuileries.   Les bords de la Seine semblent champêtres, si différents du Paris d'aujourd'hui. Regardez aussi la place importante que l'artiste accorde au ciel dans sa composition ...

Quelle harmonie. Très beau tableau d'Alexandre-Jean Noël. On aperçoit la statue équestre de Louis XV au centre de la place.

La nuit, la neige a écrit:Peu avant la construction du Pont de la Concorde (Pont Louis XVI, Pont de la Révolution), construit pendant la Révolution (maçonnerie en pierres de taille provenant de la destruction de la Bastille)...

Vue de la place Louis XV, avant la construction du Pont
Alexis-Nicolas Pérignon (1726-1782)
Plume et encre de Chine, aquarelle et gouache
Fin XVIIIe siècle
Photo : Bibliothèque nationale de France

Même vue, même artiste, mais avec des couleurs plus vivres pour cette gouache, qui sera prochainement présentée en vente aux enchères :

- Alexis-Nicolas PERIGNON (1726-1782)
Vue de la place de la Concorde
Gouache 30 x 53 cm
Signé en bas à droite




* Source et infos complémentaires : AuctionArt, Paris - Vente du 29 novembre 2022



Les bateaux-mouches pour touristes sont donc si anciens ??

A  l'exposition de Versailles : Louis XV Passions d'un roi est présenté le seul vestige de cette statue équestre de Louis XV qui trônait au beau milieu de notre actuelle place de la Concorde .  
...   magnifique exposition qui prend fin le 19 février, qu'on se le dise !  

Merci pour ces images !  

Etonnante mise en scène. Un peu " cheap ", non ? Quel est l'intérêt de présenter ce si petit fragment de la statue ?  

Spoiler:

Nous évoquons l'histoire de ce monument quelques messages ci-dessus et, plus longuement, dans notre sujet :

Le sculpteur Edmé Bouchardon, une idée du beau

En provenance de la collection Hubert Guerrand-Hermès prochainement dispersée en vente aux enchères, ce...

Projet pour l'aménagement de la Place de la Concorde et l'édification de l'arc de Triomphe avec vue sur les Champs-Elysées
Hubert Robert (1733-1808)
Huile sur toile
Signé et daté en bas vers le centre sur la margelle de la fontaine H.ROBERT.1808
59,8 x 72 cm



Note au catalogue :

Peint en 1808, année de la mort du peintre, le Projet pour l'aménagement de la place de la Concorde et l'édification de l'Arc de Triomphe avec vue sur les Champs-Elysées illustre à la fois l’un des derniers témoignages artistiques d’Hubert Robert ainsi qu’un reflet historique des projets urbanistiques du début du siècle.


L’organisation de la place de la Concorde telle qu’elle est décrite sur cette toile est déterminée par deux ambitions. La première consiste à effacer les événements de la Révolution française tandis que la seconde est animée par le désir d’ériger un monument à la gloire napoléonienne (voir l'article consacré à ce sujet par Marianne Roland Michel).

Alors que la présence des Chevaux de Marly est attestée dans le paysage parisien de l’époque puisqu’apportés en 1794, cette description de la place de la Concorde est à attribuer en partie à l’imaginaire de l’artiste : sa silhouette est soulignée par la séduisante colonnade devant laquelle prend place une fontaine à la scénographie travaillée. La ligne de fuite décalée offre une percée vers un arc de triomphe qui n’était alors pas érigé.

Il est à noter cependant que le travail d’Hubert Robert ne relève pas d’une entière fantaisie puisqu’il reflète les préoccupations du Paris de l’époque et celles d’un peintre informé. En réalité, l'artiste illustre ici les différents dessins d'architecte, textes et projets qui furent envisagés à cette époque, mettant à l’honneur à la fois sa curiosité et son imagination éclectique. A ce titre, en 1806 l'Empereur envisageait d'y placer une fontaine monumentale dont le coût fut estimé à 1 200 000 francs. Plusieurs projets furent soumis à l'étude et la vision d’Hubert Robert en est peut-être une résurgence.

Deux des plans Napoléoniens d’aménagement urbanistique parmi les principaux projets étudiés pour la capitale concernent la place de la Concorde et l’érection d’un monument à la gloire des armées. C’est ce dernier projet qui fait l’objet d’une compétition en 1798 mais ne se concrétise qu’en février 1806 avec le choix de la place de l’Etoile comme écrin.

Le rapport de la Commission souligne : « un arc de triomphe y formerait de la manière la plus majestueuse et la plus pittoresque le superbe point de vue que l'on a du château impérial des Tuileries [...] quoiqu'éloigné, il serait toujours en face du Triomphateur. » A travers la construction de sa composition peinte, Hubert Robert réaffirme cette idée de « superbe point de vue » qui forme l’horizon.


Dans un album conservé en collection privée se trouve un dessin d’Hubert Robert dont le recto et le verso présentent des études (dont le tracé est plus ou moins détaillé) pour un arc flanqué des Chevaux de Marly. Le monument est de large envergure, imposant et son architecture ainsi que certains groupes de figures sculptées rappellent des éléments similaires à l’Arc de Triomphe tel qu’il a été érigé.
Captivante car elle dépasse le simple caprice architectural, cette œuvre illustre les réflexions de l’époque, à la fois en matière d’urbanisme mais également politique avec l’exaltation du sentiment patriotique en architecture. Elle offre également un témoignage émouvant de la production du peintre peu de temps avant sa disparition.

* Source et infos complémentaires : Sotheby's Paris - Collection Guerrand-Hermès, vente du 13 déc. 2023

J.aime beaucoup ce petit tableau. J’aime beaucoup Hubert Robert surtout.
Cependant cet aménagement me fait penser un peu à la place Saint Pierre de Rome