Le Deal du moment : -11%
Smartphone 6.36 ” Xiaomi 14 (12 Go / 256 Go
Voir le deal
641 €

Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24

2 participants

Aller en bas

Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24 Empty Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24

Message par Gouverneur Morris Mar 27 Aoû 2024, 23:58



Un film de Simon Moutaïrou avec  Ibrahima Mbaye, Camille Cottin, Anna Diakhere Thiandoum, Benoît Magimel, Felix Lefebvre, Vassili Schneider. Au cinéma le 18 septembre.


1759. Isle de France (actuelle île Maurice). ​ Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet, vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. ​ Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.

NB: ce film retracerait donc l'histoire d'une certaine Madame La Victoire, chasseuse d'esclaves en fuite (les fameux "marrons") ayant réellement existé au XVIIIe siècle, et interprétée ici par l'excellente Camille Cottin.

Il semble difficile d'obtenir en ligne des renseignements sur cette femme, mais un certain Abraham Waheed a publié sa biographie sur une page Facebook, que je recopie ici :

Un Brin d'Histoire

Madame La Victoire, chasseresse de marrons


Madame La Victoire était chasseresse de marrons. Son nom et ses réalisations sont revenus sous la plume de maints chroniqueurs qui ont laissé un faisceau de récit circonstanciés (Dictionnaire de Biographies Mauriciennes- Octave Bechet). Parmi, l’abbé de la Caille, Le baron de Vaux, Bernardin de Saint-Pierre et Maximilien Wiklinsky. Elle est certes un personnage de l’histoire francilienne. Elle appartient aujourd’hui au patrimoine culturel de l’ile Maurice.

D’abord, sa fiche signalétique.

Elle s’appelle Michelle Christine Bulle et naquit en 1724 à Périgueux [Dordogne], en France. Ses parents étaient Christine Bert et Pierre François Bulle, dit Comtois, sergent dans les troupes de la compagnie des Indes. En 1727, à l’âge de trois ans, elle se trouvait déjà, avec sa famille a l’Isle de France, d’où elle repartit peu après. En 1730, la fillette de six ans retourna sur le vaisseau le Mars. En novembre 1731, elle fut sauvagement violée par le soldat Bellamy. Immédiatement, la militaire fut jugée et pendu haut et court. Il paya ainsi de sa vie sa crapuleuse canaillerie.
Alors qu’elle n’était encore qu’une adolescente, son père quitta le métier des armes pour s’installer comme colon sur le littoral du sud-est, au pied de la montagne Bambous, au Grand-Port. Dans le même quartier, s’était installé un autre colon, un ancien sergent, Joseph Le Masson, dit La Victoire, propriétaire d’une habitation prospère. Le 9 janvier 1739, dans la petite église Notre-Dame a port-Bourbon, plus tard Vieux Grand Port, la jeune Michelle même pas 15 ans, épousa le riche Joseph Le Masson. Désormais, elle ne fut plus désignée que sous le nom de Madame La Victoire. Elle sut épauler efficacement son mari dans l’exploitation de la concession. La famille habitait une confortable demeure de pierres perchée sur la hauteur, près de la pointe du Diable.

Lorsqu’en en 1753, l’abbé Louis Nicolas de la Caille effectua la triangulation de l’ile, il a raconté dans son journal que le 15 Aout, lui et sa suite se rendirent en canot jusqu’à l’habitation de La Victoire, au pied de Montagne Bambous. Le lendemain, il escalada la montagne ou il fit ses observations. Dans la soirée, il regagna l’habitation La Victoire ou il passa nuit (Abbe de la caille – journal du voyage – 13 juillet-17 Aout 1753).
Ses esclaves cultivaient le blé, le manioc, des légumes, élevaient des bestiaux, s’adonnaient à la pêche. La jeune Madame La Victoire s’aventurait sans peur en pirogue jusqu’a brisants pour ‘’ harponner la tortue’’, raconta-t-elle a Bernardin de Saint Pierre ( Bernardin de Saint Pierre, Voyage a l’Isle de France . Lettre XVII Voyage a pied autour de l’Isle (Robert Chaudenson éd])Editions de l’Ocean Indien p 232-233).

Car le 9 septembre 1769, lors de son périple autour de l’ile, en route, vers l’embouchure de la Grande Rivière Sud-Est, Bernardin, exténué, avait fait escale à Bambous. Pour se soustraire aux feux du soleil tropical, il s’était dirigé vers le pittoresque manoir des La Victoire.
‘’Je m’y arrêtai, pour m’y reposer…. je demandai à passer le temps de la chaleur’’. Ni le colon, ni ses fils n’étaient a la maison, cependant, Madame La Victoire, ‘’ au milieu de ses cinq ou six filles’’ lui offrit l’hospitalité. Bernardin nous a laisse une description de cette mère de familles de 45 ans, ‘’ une grande créole sèche, qui allait nu-pieds selon l’usage du canton’’ 370 Au cours de la conversation, la maitresse de céans lui conta ses occupations, tout autant que ses exploits ‘’Elle allait dans les bois, a la chasse des noirs marrons, elle s’en faisait honneur’’. Et le chroniqueur de conclure cet épisode d’un ton sarcastique. ‘’ A quatre heures après-midi, je quittai cette Bellone qui chassait aux hommes’’ (Bernardin de Saint Pierre, Voyage a l’Isle de France . Lettre XVII Voyage a pied autour de l’Isle [ Robert Chaudenson éd] Editions de l’Ocean Indien p 232-233).

Ce trait de mordante ironie irrita bien des colons de l’Isle de France. Au siècle dernier, dans une ‘’ Réfutation de Bernardin De Saint Pierre’’, Thomi Pitot, le leader du parti Français au lendemain de la conquête anglaise, lui décocha cette cinglante semonce :
‘’ M. de Saint-Pierre [….] passe chez une dame du Grand Port, a qui il reproche ce qui chez les Grecs et les Romains eut excité son enthousiasme, ce qui ses amis de la cote d’Afrique l’eut transporté d’admiration, mais qui n’est dans une dame française malgré la situation ou elle se trouve, malgré la nécessité ou elle est d’adopter ce genre de vie, qu’un crime irrestible, dont il faut que M.de Saint Pierre, après avoir reçu chez elle l’hospitalité, fasse la dénonciation en forme a l’Europe entière’’ (Revue Historique et litterature No20. 1er Janvier 1889. Thomi Pitot Refutation de Bernardin de Saint-Pierre)

Evidemment, il n’y avait pas lieu de s’offusquer outre mesure de la relation de Bernardin. Les faits doivent être replacés dans leur contexte social. Bien d’autres récits corroborent celui de Bernardin.
Auparavant, Grant, baron de Vaux, dans les lettres qu’il expédiait depuis l’Isle de France, avait exposé avec davantage encore de réalisme – sans oublier d’ailleurs de les justifier – les féroces parties de chasse aux gibiers humaines. L’extrait suivant revient à plusieurs reprises dans cette étude.
‘’we have here a species of hunting which [….] I shall not omit to mention : it is indeed of a cruel kind in appearance, but absolutely necessary in point of policy. It consists in pursuing the Maroon Negroes, or deserters, in the wood and mountains, where they are treated as wild beast: they are shot whenever an opportunity offers, and this severity is absolutely necessary for our preservation’’ (Grant, Baron de vaux: letters from Mauritius in the 18 th Century 1886 p165).

Avant de terminer avec Bernardin, il ne parait pas superflue de reproduire cette scène, ou la sauvagerie le disputait au sadisme et surement a la cruauté
‘’En entrant dans l’appartement, je la [M.de La V….] trouvai au milieu de 5 ou 6 filles, et d’autant de dogues qui voulurent étrangler mon chien : on les mit a la porte, et M.de La V…. y posa en faction une Négresses nue, qui n’avait pour tout habit qu’une mauvaise jupe. Je demandai à passer le temps de la chaleur. Apres les premiers compliments, un des chiens trouva le moyen de rentrer dans la salle et le vacarme recommença. M.de La V…. tenait dans sa main une queue de raye épineuse : elle en lâcha un coup sur les épaules nues de l’esclave qui en furent marquées d’une longue taillade et un revers sur le matin qui s’enfuit en Hurlant (Bernardin de Saint-Pierre, Voyage a L’Isle de France. Lettre XVII p 232-233).

Victime d’incursions continuelles des pillards sur son habitation, Madame La Victoire résolut non seulement de défendre et de protéger son exploitation, mais encore d’être proactive. Habile cavalière, elle décida de monter des expéditions dans le but de faire disparaitre les attentats, les maraudes, les déprédations infligés aux alentours de Port-Bourbon. A cette fin, avec le concours de ses deux fils, elle entraîna une douzaine de ses esclaves et déclara la guerre aux marrons. D’emblée, son initiative fut couronnée de succès. Des lors, elle prit gout a ces aventureuses randonnées, augmenta sa troupe et intensifia ses campagnes de nettoyage.
Elle devint la terreur des fugitifs, se répétait-on à l’ envi. Un voyageur polonais, Maximilien Wiklinsky, à l’Isle de France a l’époque de Bernardin de Saint-Pierre, donna sans vergogne dans l’hyperbole. Dans ses mémoires, il alla jusqu’à prétendre que cette ‘’Bellone qui chassait aux hommes ‘’ avait débarrassé presque entièrement la colonie de noirs marrons. Vraiment exagéré ! Cependant, tout-a-fait dans la veine dithyrambique que le mémorialiste avait empruntée pour ciseler la figure de l’amazone de Grand-Port.
Il reste que son hommage a ‘’ cette femme enchantée’’ mérite d’être transcrit : ‘’je ne peux pas passer sous silence le courage et la bravoure d’une femme d’habitant qui avait une habitation voisine de ces insulaires indigènes. De vols continuels et des ravages qu’ils commettaient dans son habitation, elle prit la résolution de les attaquer. Elle arma ses deux fils conjointement avec douze de ses noirs, leur inspira son courage, se mit a leur tête et les guèra si bien a la descente de leur fort qu’elle en tua plusieurs et en prit a vie.
‘’Le gouverneur d’alors, Julien Desroches, étonné et charmé du courage de cette guerrière, lui assigna cent livres par tête de noir qu’elle tuerait et cent cinquante pour qu’elle emmènerait vivants au port. Elle prit tant de gout à cette chasse qu’elle augmenta sa troupe et parvint elle-même à les déloger de cette montagne.
‘’Le gouverneur en rendit compte au ministre qui l’honora d’une pension de six cents livres avec brevet de Sa Majesté qui louait sa bravoure. Cette femme enchantée devint la terreur des esclaves fugitif et rendit le calme a la colonie.’’ (Maximilien Wiklinsky, mémoires. Inédits, conservés a la Carnagie Library, Curepipe, p 89-90 – Albert Lougnon, Recueil Trimestriel. Tome 8, page 405 note 2).

Récompense par Louis XV

Certes, Madame La Victoire acquit vite de la notoriété le 6 mai 1772, comme le faisait ressortir Maximilien Wiklinsky, elle recut les félicitations du gouverneur Julien Desroches pour les battues qu’elle
Combinait ainsi que pour le ‘’ bien public’’. Celui-ci, non seulement s’empressa de récompenser son zèle en lui allouant certaines incitations financière, mais il fit plus et mieux. Effectivement, dans une correspondance au ministère de la Marine, il fit le récit des prouesses de cette Francilienne aux allures aussi étonnantes qu’inattendues. Et comme l’a rapporté le mémorialiste Maximilien Wiklinsky, le ministre obtient du roi Louis XV honneurs, faveurs et récompenses pour Madame La Victoire.
Devenue veuve, elle épousa en secondes noces au quartier de Grand-Port, Jean-François Villard, originaire de Grimbose [Calvados], Normandie, le 5 Février 1777. Lorsqu’en décembre 1779, le vicomte François de Souillac, gouverneur General, visita Grand-Port, il passa en revue ‘’ la compagnie des chasseurs volontaires composée d’une seule famille, les Bulle’’ (Nicolas Céré. Voyage autour de l’Isle en 1779 et 1782 – in Revue Agricole, VO54. No 1 Guy Rouillard p.83).

Sous la révolution française, J.F.Villard fut élu député du Grand-Port a l’Assemblé Coloniale. Sa femme, elle, n’avait plus longtemps à vivre. Le 12 février 1793, à 69 ans elle fut emportée, probablement d’un accès de petite vérole. Cependant, la tradition anti-marronne se perpétua dans la famille.
Ainsi, sous la Révolution, a la requête de la Municipalité du Grand-Port, l’Assemblée Coloniale approuva le 12 juillet 1793, le financement du détachement de 24 chasseurs de Jean Bulle, une dépenses de 4500 livres, destinée aux ‘’vivres, armements et munitions’’ (Raymond d’Unienville op.cit [1791-1794], p. 110 et 173. Note 483 – Mauritius Archives B10/73 et B12/13).

Le voyageur qui emprunte la route de la Grande Rivière Sud Est vers le Vieux Grand Port traverse en premier les villages de Deux Frères et Quatre Sœurs.. La tradition veut que ces appellations tirent leur origine des deux fils et des quatre filles de Madame La Victoire...D’où le nom de Quatre-sœurs.
Selon certains historiens, le nom de Quatre Sœurs fut donné au village côtier lors de l'acquisition de la propriété en 1852 par quatre sœurs : Mesdames Paul Cayron, Jérôme Amal, Etienne Charles Feyt, et François Dalapelin (Guy Rouillard : Histoire des Domaines Sucriers) (Guy Rouillard, Histoire des Domaines Sucriers III Flacq p 19-20).

Arrow Source : Abraham Waheed - Facebook
Gouverneur Morris
Gouverneur Morris

Messages : 11617
Date d'inscription : 21/12/2013

Revenir en haut Aller en bas

Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24 Empty Re: Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24

Message par Mme de Sabran Mer 28 Aoû 2024, 09:34

Merci, mon cher Momo, pour cette présentation assez horrible. pale L'épisode des molosses dressés pour l'attaque me rappelle le Django Unchained de Tarantino.

La sanguinaire Bellone, à l'honneur dans la Galerie des Glaces ...   What a Face

Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24 _154

Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24 _473
Cette composition montre les ravages de la guerre. Bellone est la déesse romaine de la guerre, parfois identifiée comme l’épouse de Mars. Elle est peinte sur son char qui renverse la balance de la Justice et l’autel de la Religion. La dévastation règne tout autour : la Discorde met le feu à des palais en ruines, la Charité tente de s’abriter. Cette composition fait symétrie avec celle du salon de la Paix où est représentée L’Europe chrétienne en paix.
Auteur : Nicolas Milovanovic
© Coproduction RMN – EPV, 2008


Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24 _472
[La Grande galerie de Versailles]. N° 36, Bellone en Fureur.
Cintre du Salon de la Guerre en face des Appartemens : [estampe]
/ Peint par Ch. le Brun et dessiné par J. B. Massé ; Gravé par Dupuis le Jeune
Dupuis, Nicolas-Gabriel (1698-1771). Graveur

_________________
...    demain est un autre jour .
Mme de Sabran
Mme de Sabran

Messages : 55178
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage

Revenir en haut Aller en bas

Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24 Empty Re: Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24

Message par Gouverneur Morris Mer 28 Aoû 2024, 12:15

Merci pour ce complément sur Bellone Eléo ! Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24 2523452716

Mme de Sabran a écrit:L'épisode des molosses dressés pour l'attaque me rappelle le Django Unchained de Tarantino.

Oui, Camille Cottin fait d'ailleurs référence à ce film dans l'interview qu'elle a donné récemment à Madame Figaro, consultable ici Wink .
Gouverneur Morris
Gouverneur Morris

Messages : 11617
Date d'inscription : 21/12/2013

Revenir en haut Aller en bas

Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24 Empty Re: Film : Ni chaînes, ni maîtres, de Simon Moutaïrou - sortie le 18.09.24

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum