Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
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Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
A dévorer absolument, entre deux figures de menuet ...
Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Aux Editions Gourcuff Gradenigo
Aucun ouvrage de référence n’a encore exploré ce sujet fascinant et totalement inédit. Connaissez-vous l’histoire des bals à la Cour de France ?
Ces événements grandioses, avec leurs décors somptueux, ont non seulement influencé la mode et le goût de l'époque, mais ont aussi joué un rôle social majeur.
Découvrez des récits empreints de légèreté et d'humour, qui captiveront le grand public. La nature accessible et divertissante de ces anecdotes rend cet ouvrage particulièrement attractif.
Les origines des bals de la reine à la Cour de France remontent au XVIIe siècle. Il revenait à la souveraine d'animer la vie de Cour par des cercles, des concerts et des bals, particulièrement pendant la période du Carnaval. Entre 1770 et 1787, les somptueux bals de Marie-Antoinette émerveillèrent la Cour par leur éclat et leurs décors éphémères, notamment les maisons de bois installées dans la cour du château et sur la terrasse du Midi. Ces mises en scène ont fasciné les historiens. Cependant, peu d’entre eux se sont penchés sur les origines de ces bals, leur organisation complexe et leur rôle crucial dans la vie sociale de la Cour.
Cette tradition semble s'être effacée au début du règne de Louis XV, jusqu'à la fin de la guerre de Sept Ans en 1763. Les festivités en période de carnaval marquèrent un renouveau des bals offerts par la reine Marie Lecsczinska. À la suite du décès de la souveraine en 1768, la dauphine Marie-Antoinette poursuivit cet usage en tant que reine jusqu'en 1787.
https://www.arts-spectacles.com/Les-Bals-de-la-Reine-Stephane-Castelluccio-Editions-Gourcuff-Gradenigo_a18116.html
Qu'on se le dise ! Signature de l’ouvrage par l’auteur à la galerie Léage.
Dans le cadre de la soirée du Faubourg Saint-Honoré le 5 novembre 2024
La galerie Léage et les éditions Gourcuff Gradenigo vous accueillent pour la signature par l’auteur, Stéphane Castelluccio, de son dernier ouvrage Les Bals de la Reine à partir de 18 heures.
https://galerieleage.com/evenement/les-bals-de-la-reine-par-stephane-castelluccio/
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Mme de Sabran- Messages : 55569
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Tu fais bien de nous en recommander la lecture, je suis en train de le dévorer, c'est un livre passionnant bourré d'informations peu connues.
Enfin un livre qui nous apprend quelque chose de nouveau sur Marie-Antoinette.
L'auteur explique toute la mécanique de ces bals et leur importance dans la vie de Cour. Le livre recèle d'anecdotes tantôt amusantes ... ou tragiques.
Les bals furent une des préoccupations majeures de la vie de Marie-Antoinette qui manifestement s'y amusait beaucoup. Elle passait ses journées à répéter des quadrilles provoquant l'ire de Mercy-Argenteau qui craignait qu'elle négligeât ainsi ses autres devoirs de souveraine. Elle était tellement friande de ces bals que jusqu'à la mort de sa mère, elle fit avancer la saison des bals. En principe, les bals de la Reine commençaient à partir des Rois (début janvier) jusqu'au carême, c'est à dire pendant la période du carnaval. Mais jusqu'en 1781, Marie-Antoinette les fit commencer plus tôt, à partir de mi voire début décembre. A la mort de Marie-Thérèse, la saison fut interrompue et lorsqu'elle reprit ensuite, elle commença plus tard (c'est à dire à partir de début janvier).
Les bals de la reine furent très courus jusqu'en 1787. Il fallait être présenté à la Cour pour pouvoir y danser. Mais Marie-Antoinette était très attentive à la liste des invité(es) et y faisait admettre ou en faisait exclure qui elle voulait. C'est ainsi qu'elle en fit exclure notamment Mme de Genlis, avec laquelle l'inimitié était très forte. A l'inverse, elle fit admettre des jeunes demoiselles qui n'étaient pas mariées, contre l'usage qui voulait que seules les femmes mariées puissent s'y présenter.
Certains bals étaient costumés, d'autres non. La toilette des femmes était à son maximum. La reine ruisselait de pierreries. C'était vraiment l'événement le plus en vue de la Cour.
C'était la reine qui choisissait ses danseurs. Les danseurs devaient lui tendre la main mais ils ne pouvaient pas la lui prendre. Tout était très codifié.
Les bals eurent lieu tous les lundis puis tous les mercredis. Il y eut ensuite des bals les samedis et les dimanches.
Je ne peux (et ne veux) pas vous dévoiler tout ce qu'il peut y avoir dans ce livre, qui est vraiment très riche, facile à lire et passionnant. Il y a quand mêmes quelques anecdotes très amusantes. Notamment celle la chute de Monsieur de Chabannes, qui s'écria alors "Jésus Maria". Le malheureux fut alors affublé de ce sobriquet (Jésus Maria) jusqu'à la fin de sa vie, et ce y compris après son retour des Amériques. Mme de Staël qui perdit son pouf en dansant fut également l'objet des risées de la Cour. Il fallait savoir danser et respecter les codes.
Le ridicule pouvait tuer. Littéralement. Un jeune financier très apprécié de la société parisienne qui avait cru pouvoir se présenter au bal de Reine en fut si durement rejeté qu'il se suicida à son retour à Paris. Les bals de la Reine étaient exclusivement réservés à la haute noblesse. La haute bourgeoisie parisienne, exclue de ces bals, le prenait très mal. Non seulement il fallait faire partie de la noblesse pour pouvoir assister au bal mais pour pouvoir danser il fallait avoir été présenté à la Cour. Les personnes non présentées devaient sortir de la salle quand le roi y entrait. Compte tenu de la présence des souverains, on ne pouvait pas s'asseoir sur des sièges à dossier, mais uniquement sur des pliants ou des banquettes.
Sur la fin du règne, les choses commencent à se compliquer pour Marie-Antoinette. Lors du bal de 1787, la reine désigne M. de Lameth comme l'un de ses danseurs ... mais celui-ci refuse ! (l'anecdote est rapportée par Mme Vigée-Lebrun). La reine propose alors à d'autres jeunes gens tous refusent de même. A tel point, que la plupart des contredanses ne purent être arrangées. On a du mal à concevoir que la reine ait pu subir un tel affront.
Enfin un livre qui nous apprend quelque chose de nouveau sur Marie-Antoinette.
L'auteur explique toute la mécanique de ces bals et leur importance dans la vie de Cour. Le livre recèle d'anecdotes tantôt amusantes ... ou tragiques.
Les bals furent une des préoccupations majeures de la vie de Marie-Antoinette qui manifestement s'y amusait beaucoup. Elle passait ses journées à répéter des quadrilles provoquant l'ire de Mercy-Argenteau qui craignait qu'elle négligeât ainsi ses autres devoirs de souveraine. Elle était tellement friande de ces bals que jusqu'à la mort de sa mère, elle fit avancer la saison des bals. En principe, les bals de la Reine commençaient à partir des Rois (début janvier) jusqu'au carême, c'est à dire pendant la période du carnaval. Mais jusqu'en 1781, Marie-Antoinette les fit commencer plus tôt, à partir de mi voire début décembre. A la mort de Marie-Thérèse, la saison fut interrompue et lorsqu'elle reprit ensuite, elle commença plus tard (c'est à dire à partir de début janvier).
Les bals de la reine furent très courus jusqu'en 1787. Il fallait être présenté à la Cour pour pouvoir y danser. Mais Marie-Antoinette était très attentive à la liste des invité(es) et y faisait admettre ou en faisait exclure qui elle voulait. C'est ainsi qu'elle en fit exclure notamment Mme de Genlis, avec laquelle l'inimitié était très forte. A l'inverse, elle fit admettre des jeunes demoiselles qui n'étaient pas mariées, contre l'usage qui voulait que seules les femmes mariées puissent s'y présenter.
Certains bals étaient costumés, d'autres non. La toilette des femmes était à son maximum. La reine ruisselait de pierreries. C'était vraiment l'événement le plus en vue de la Cour.
C'était la reine qui choisissait ses danseurs. Les danseurs devaient lui tendre la main mais ils ne pouvaient pas la lui prendre. Tout était très codifié.
Les bals eurent lieu tous les lundis puis tous les mercredis. Il y eut ensuite des bals les samedis et les dimanches.
Je ne peux (et ne veux) pas vous dévoiler tout ce qu'il peut y avoir dans ce livre, qui est vraiment très riche, facile à lire et passionnant. Il y a quand mêmes quelques anecdotes très amusantes. Notamment celle la chute de Monsieur de Chabannes, qui s'écria alors "Jésus Maria". Le malheureux fut alors affublé de ce sobriquet (Jésus Maria) jusqu'à la fin de sa vie, et ce y compris après son retour des Amériques. Mme de Staël qui perdit son pouf en dansant fut également l'objet des risées de la Cour. Il fallait savoir danser et respecter les codes.
Le ridicule pouvait tuer. Littéralement. Un jeune financier très apprécié de la société parisienne qui avait cru pouvoir se présenter au bal de Reine en fut si durement rejeté qu'il se suicida à son retour à Paris. Les bals de la Reine étaient exclusivement réservés à la haute noblesse. La haute bourgeoisie parisienne, exclue de ces bals, le prenait très mal. Non seulement il fallait faire partie de la noblesse pour pouvoir assister au bal mais pour pouvoir danser il fallait avoir été présenté à la Cour. Les personnes non présentées devaient sortir de la salle quand le roi y entrait. Compte tenu de la présence des souverains, on ne pouvait pas s'asseoir sur des sièges à dossier, mais uniquement sur des pliants ou des banquettes.
Sur la fin du règne, les choses commencent à se compliquer pour Marie-Antoinette. Lors du bal de 1787, la reine désigne M. de Lameth comme l'un de ses danseurs ... mais celui-ci refuse ! (l'anecdote est rapportée par Mme Vigée-Lebrun). La reine propose alors à d'autres jeunes gens tous refusent de même. A tel point, que la plupart des contredanses ne purent être arrangées. On a du mal à concevoir que la reine ait pu subir un tel affront.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Duc d'Ostrogothie a écrit:Tu fais bien de nous en recommander la lecture, je suis en train de le dévorer, c'est un livre passionnant bourré d'informations peu connues.
Enfin un livre qui nous apprend quelque chose de nouveau sur Marie-Antoinette.
L'incorrection du jeune Lameth est simplement inouïe !!! ... presque un crime de lèse-majesté, non ?
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Mme de Sabran- Messages : 55569
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
J'ajoute que c'est Bombelles qui rapporte la maladresse de Germaine perdant son pouf. Il ne se fait pas faute de remarquer que, par-dessus le marché, la malheureuse est grosse et laide. Je ne me souviens plus de ses mots exacts, genre : "quand on est aussi peu gâtée par la nature, on ne se fait pas remarquer." Comme quoi même notre Bombelles pouvait se montrer un peu cruel sur les bords .
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Mme de Sabran- Messages : 55569
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Mme de Sabran a écrit:Duc d'Ostrogothie a écrit:Tu fais bien de nous en recommander la lecture, je suis en train de le dévorer, c'est un livre passionnant bourré d'informations peu connues.
Enfin un livre qui nous apprend quelque chose de nouveau sur Marie-Antoinette.
L'incorrection du jeune Lameth est simplement inouïe !!! ... presque un crime de lèse-majesté, non ?
C'est stupéfiant. Le contrecoup de l'affaire du collier sans doute. Son impopularité était au plus haut.
Mme de Sabran a écrit:J'ajoute que c'est Bombelles qui rapporte la maladresse de Germaine perdant son pouf. Il ne se fait pas faute de remarquer que, par-dessus le marché, la malheureuse est grosse et laide. Je ne me souviens plus de ses mots exacts, genre : "quand on est aussi peu gâtée par la nature, on ne se fait pas remarquer." Comme quoi même notre Bombelles pouvait se montrer un peu cruel sur les bords .
Redoutable.
En vérité, il la méprisait certainement beaucoup plus en raison de ses origines bourgeoises qu'en raison de son physique.
Les bals de la reine étaient le pré carré de la haute noblesse.
Pour voir la noblesse frayer avec la bourgeoisie il fallait aller au bal de l'opéra de Paris, dont Marie-Antoinette était également très friande. Les bals masqués de l'opéra de Paris avaient même une réputation sulfureuse.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Il avait également une sainte horreur de son père, Necker.Duc d'Ostrogothie a écrit:
En vérité, il la méprisait certainement beaucoup plus en raison de ses origines bourgeoises qu'en raison de son physique.
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Pour voir la noblesse frayer avec la bourgeoisie il fallait aller au bal de l'opéra de Paris, dont Marie-Antoinette était également très friande. Les bals masqués de l'opéra de Paris avaient même une réputation sulfureuse.
Parce que, derrière son masque, on pouvait lâcher des inconvenances, flirter, tout se permettre sous prétexte d'incognito. Même les dames de haut parage ne s'en privaient pas.
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Mme de Sabran- Messages : 55569
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Pour Chabannes, l'anecdote nous est rapportée par la spirituelle Comtesse de Boigne : (...) Il a été faire la guerre aux Amériques, s'y est assez distingué, mais il est revenu " Jésus Maria ! " comme il y était allé
Tu nous en parles d'ailleurs ici Eléonore
Tu nous en parles d'ailleurs ici Eléonore
Gouverneur Morris- Messages : 11817
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Sur quels critères drastiques était-on admis aux bals de la reine ?
Monsieur de la Pérouse- Messages : 509
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
il n'est toujours pas en vente sur AMAZON - partience
marie antoinette
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MARIE ANTOINETTE- Messages : 3731
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Monsieur de la Pérouse a écrit:Sur quels critères drastiques était-on admis aux bals de la reine ?
Seules les personnes présentées aux souverains, dont la noblesse remontait à au moins 300 ans étaient admises à danser, jouer ou manger au bal de la reine.
Cependant, les personnes non présentées à la Cour pouvaient assister au bal dans les loges mais n'avaient pas le droit de danser, ni de jouer ni même de manger (sauf sur la fin du règne semble-t-il à un buffet). Les femmes de Paris venaient en grand nombre, de même que les étrangères.
Les personnes non présentées (le public en somme) assistaient au bal en "bayeuses" c'est à dire en simples spectatrices.
Les ambassadeurs étaient invités de droit aux bals de la reine.
Marie-Antoinette ayant avisé la mère de la comtesse de Boigne à l'un de ses bals, lui demanda qui était la personne à qui elle parlait : "C'est ma soeur" lui répondit la comtesse. Il s'agissait de Mme de Lavie, épouse du Président du parlement de Bordeaux. Cependant, comme elle n'avait pas été présentée à la Cour, elle ne pouvait pas visiter la salle de bal, dans laquelle se trouvait le roi. Aussitôt, la reine prit le roi par le bras et l'emmena dans d'autres pièces, afin que la Présidente de Lavie put visiter la salle de bal. Le mari de la présidente de Lavie fut indigné qu'il fallut que le roi sorte d'une pièce pour que sa femme puisse y entrer...
Toute personne présentée à la Cour pouvait venir et danser au bal... sauf à ce qu'elle ait été rayée de la liste par Marie-Antoinette (pire que la physio d'une boîte gay parisienne des années 90 la reine de France ). En janvier 1775, furent ainsi rayées de la liste des invités, Mesdames de Genlis, de Marigny, de Sparre, de Gouy, de Lambert et de Puget. La première parce-qu'elle s'était soi-disant conduite de manière indécente au bal, les autres parce-que leur naissance n'avait pas été jugée comme suffisamment noble du côté de leurs pères...
Lorsque Marie-Antoinette voulut faire inviter 6 demoiselles non mariées à l'un de ses bals, on vérifia si cela pouvait être conforme à l'étiquette car l'usage était en principe de n'y inviter que des femmes mariées. Ouf ! on retrouva quelque précédent de femmes célibataires qui avaient pu en quelques occasions être admises à des bals de la cour par le passé...
Par galanterie, les dames présentées à la Cour se voyaient remettre personnellement une invitation en main propre. Les invitations leur étaient remises par l'un des trois valets de chambre du roi. Il fallut cinq jours au valet de chambre du roi, en janvier 1786 pour les distribuer. Formellement les bals "de la reine" étaient en réalité des bals... donnés par le roi !
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Toutes ses précisions sont curieuses et passionnantes, merci, Duc. On en veut encore!
Monsieur de la Pérouse- Messages : 509
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Monsieur de la Pérouse a écrit:Toutes ses précisions sont curieuses et passionnantes, merci, Duc. On en veut encore!
Il va falloir acheter le livre.
Sous Louis XIV et Louis XV, les bals étaient beaucoup moins nombreux. Certains sont restés célèbres, tels par exemple que le Bal des Ifs (où Louis XV déguisé en If fricota avec Mme de Pompadour).
A partir de Marie-Antoinette, les bals se font beaucoup plus nombreux. C'est Louis XV qui confie à Marie-Antoinette la charge de s'en occuper alors qu'elle n'est encore que Dauphine. Les bals ont d'abord lieu dans l'antichambre de la Dauphine puis dans l'appartement de la reine, et enfin dans la petite Comédie située à l'emplacement actuel de la cour des princes. Au fur et à mesure que les bals de la reine deviennent de plus en plus courus, on installe des maisons de bois communiquant avec son appartement dans la cour royale afin d'agrandir l'espace et pouvoir accueillir tout le monde. D'autres bals ont ensuite lieu dans le salon d'Hercule (notamment celui donné en l'honneur du frère de Marie-Antoinette en 1777).
Vers 1776/1777, moins de monde se présente au bal de la reine. Lors de l'un de ces bals, seule une douzaine de femmes se présentent. C'est une catastrophe. Marie-Antoinette préfère alors se rendre au bal masqué de l'opéra de Paris. Mercy-Argenteau essaie de lui faire comprendre que cette désaffection est de sa faute : compte tenu du caractère erratique de l'emploi du temps de Marie-Antoinette (souvent retirée dans ses petits cabinets avec ses amis, il peut même lui arriver de sortir toute la nuit à Paris et de ne revenir qu'au petit matin), les femmes de la cour ne sont pas sûres de sa présence au bal organisé sous son égide et ne font donc pas le déplacement...
A partir de là, Marie-Antoinette prend les choses un peu plus au sérieux semble-t-il et les bals de la reine connaissent alors à nouveau un vrai succès qui ne se démentira pas pendant au moins 10 ans, jusqu'en 1787.
Marie-Antoinette continuera cependant de se rendre régulièrement au bal masqué de l'opéra de Paris. Le bal masqué de l'opéra de Paris n'a rien à voir avec le bal de la reine, puisqu'on y va incognito et que la bourgeoisie peut donc s'y mêler à l'aristocratie. Il n'y est pas question d'étiquette, ni de rang. C'est un bal "moderne" ou "branché" en quelque sorte. Les bals de la reine à Versailles sont bien différents, la haute aristocratie en profite pour tenter de raviver l'idée (déjà considérée comme surannée) qu'elle est au sommet de la hiérarchie sociale. En d'autres termes, il y est moins question de s'amuser que de s'y montrer.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Duc d'Ostrogothie a écrit: Au fur et à mesure que les bals de la reine deviennent de plus en plus courus, on installe des maisons de bois communiquant avec son appartement dans la cour royale afin d'agrandir l'espace et pouvoir accueillir tout le monde.
Lire aussi notre sujet : Les pavillons de bois pour les bals de Marie-Antoinette
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Vers 1776/1777, moins de monde se présente au bal de la reine. Lors de l'un de ces bals, seule une douzaine de femmes se présentent. C'est une catastrophe. Marie-Antoinette préfère alors se rendre au bal masqué de l'opéra de Paris.
Lire aussi notre sujet : Les bals de l'Opéra, à Paris
La nuit, la neige- Messages : 18153
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Assez incroyable l'anecdote du jeune Lameth refusant une danse à la reine et, à sa suite, d'autres gentilhommes. C'est plus ou moins l'époque où elle se fait siffler à l'opéra et où à la Comédie Française, elle doit quitter sa loge devant l'hostilité de la salle. Bien avant 1789, il y avait décidément quelque chose de sérieusement ébranlé dans son royaume de carton doré...
Imagine-t-on scène semblable sous Louis XIV ?
Comme le disait le maréchal de Richelieu à Louis XVI : "Sire, sous Louis XIV on n'osait dire mot, sous Louis XV on parlait tout bas, sous Louis XVI on parle tout haut".
Imagine-t-on scène semblable sous Louis XIV ?
Comme le disait le maréchal de Richelieu à Louis XVI : "Sire, sous Louis XIV on n'osait dire mot, sous Louis XV on parlait tout bas, sous Louis XVI on parle tout haut".
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Calonne- Messages : 1144
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Oui c'est assez incroyable mon cher Calonne.
Marie-Antoinette ne s'est pas toujours bien comportée non plus : par exemple, elle interdisait à la comtesse du Barry de participer à ses bals... de sorte que Mme du Barry et Louis XV y assistaient incognito dans les loges. Ici encore, on a peine à croire que la jeune dauphine ait pu faire preuve d'une telle insolence.
Fun fact : la boule à facette a eu un ancêtre. Lors des bals de Reine, la corniche de la salle était garnie d'une guirlande de petites pyramides en fer blanc qui reflétaient la lumière. Le chiffre de la reine qui ornait la corniche était fait de même.
Marie-Antoinette ne s'est pas toujours bien comportée non plus : par exemple, elle interdisait à la comtesse du Barry de participer à ses bals... de sorte que Mme du Barry et Louis XV y assistaient incognito dans les loges. Ici encore, on a peine à croire que la jeune dauphine ait pu faire preuve d'une telle insolence.
Fun fact : la boule à facette a eu un ancêtre. Lors des bals de Reine, la corniche de la salle était garnie d'une guirlande de petites pyramides en fer blanc qui reflétaient la lumière. Le chiffre de la reine qui ornait la corniche était fait de même.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Marie-Antoinette ne s'est pas toujours bien comportée non plus : par exemple, elle interdisait à la comtesse du Barry de participer à ses bals... de sorte que Mme du Barry et Louis XV y assistaient incognito dans les loges. Ici encore, on a peine à croire que la jeune dauphine ait pu faire preuve d'une telle insolence.
Il est sidérant aussi que Louis XV ait pu tolérer ça et partager l'affront en assistant incognito à ce bal. D'autant qu'il n'avait qu'un mot à dire pour faire le annuler.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 509
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Louis XV était un déconcertant mélange d'autorité et de faiblesse. D'après Simone Bertière, il a aussi cédé à Marie-Antoinette pour la réfection des appartements de la reine, en travaux à son arrivée, et pour sa bibliothèque. Alors que l'argent manquait, elle exigea "un meuble avec glaces et sculptures" et il céda. Sur d'autres points, il restait ferme.
Dans sa biographie de Louis XV, Jean François Chiappe écrit très justement : "Avec le Régent, quand c'était oui, c'était oui, quand c'était non, c'était non. Avec Louis XV, la porte reste toujours entrouverte pour un peut-être".
Dans sa biographie de Louis XV, Jean François Chiappe écrit très justement : "Avec le Régent, quand c'était oui, c'était oui, quand c'était non, c'était non. Avec Louis XV, la porte reste toujours entrouverte pour un peut-être".
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Calonne- Messages : 1144
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Je trouve, quant à moi, que ce côté un peu velléitaire de Louis XV cadre plutôt bien avec son penchant à la neurasthénie et une espèce de détachement blasé. Après tout, peut-être qu'un bal de la dauphine était le cadet de ses soucis.
Il ne voulait pas pour une raison aussi frivole encourir une scène de Jeanne.
Si la source de cette anecdote est la correspondance de Mercy vers Marie-Thérèse, j'imagine l'ambassadeur dans tous ses états !
Il ne voulait pas pour une raison aussi frivole encourir une scène de Jeanne.
Si la source de cette anecdote est la correspondance de Mercy vers Marie-Thérèse, j'imagine l'ambassadeur dans tous ses états !
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Mme de Sabran- Messages : 55569
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Tout cela est bien vrai mais je pense aussi et surtout que Louis XV était parfaitement conscient que la présence à ses côtés d'une femme d'extraction aussi basse (elle venait de la domesticité - il se murmurait même qu'elle avait travaillé dans une maison de tolérance) constituait un scandale public. Il ne pouvait pas décemment pousser le bouchon trop loin et faire trop de vague sur ce plan-là.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Il est vrai que même s'il aimait sincèrement sa favorite, Louis XV devait avoir conscience de la hiérarchie des rangs : Marie-Antoinette, même dauphine, restait la première dame du royaume en l'absence de reine, sans oublier les implications politiques de ce mariage. Jeanne Bécu n'était rien pour la cour, comparée à la descendante de tant de rois et d'empereurs.
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Calonne- Messages : 1144
Date d'inscription : 01/01/2014
Age : 52
Localisation : Un manoir à la campagne
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Calonne a écrit: Marie-Antoinette, même dauphine, restait la première dame du royaume en l'absence de reine ...
Elle eût quand même à plier, capituler et s'abaisser pour lâcher finalement, du bord de sa lippe Habsbourg, son fameux : " Il y a bien du monde, aujourd'hui, à Versailles ".
N'empêche ! Dans l'incident du bal, elle est bien culottée, la petite !
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Mme de Sabran- Messages : 55569
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La nuit, la neige- Messages : 18153
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Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Les bals furent une des préoccupations majeures de la vie de Marie-Antoinette qui manifestement s'y amusait beaucoup. Elle passait ses journées à répéter des quadrilles provoquant l'ire de Mercy-Argenteau qui craignait qu'elle négligeât ainsi ses autres devoirs de souveraine.
Tu m'étonnes, les figures en étaient extrêmement compliquées et alambiquées !
J'en veux pour preuve ces partitions chorégraphiques qui sont arrivées jusqu'à nous et ressemblent, au premier coup d'oeil, à quelque écriture cunéiforme sur antique papyrus ...
Telle celle du Bal des Ifs, que voici :
Ou bien encore du Rigodon de la Paix , pas moins de sept pages, voici les trois premières, que Louis XIV a dû bien étudier avant de se lancer :
https://earlydance.org/content/6400-le-rigaudon-de-la-paix
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Mme de Sabran- Messages : 55569
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Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Les bals de la reine faisaient-ils automatiquement partie des honneurs de la Cour ?
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Mme de Sabran- Messages : 55569
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les Bals de la Reine, Stéphane Castelluccio
Oui certainement dans la mesure où toute personne présentée à la cour bénéficiait (en théorie) automatiquement du droit de danser au bal de la reine (or, les personnes bénéficiant des honneurs de la cour faisaient partie des personnes présentées).
Mais la reine pouvait exclure ou imposer toute personne selon son bon plaisir.
Mais la reine pouvait exclure ou imposer toute personne selon son bon plaisir.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
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