Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
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Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Reinette a écrit:On savait s'amuser en période de (petit) deuil ! :
27 mars 1781 :
:
Impossible de savoir de qui on porte alors le deuil.
Celui de l'impératrice-reine .
Lucius- Messages : 11656
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Lucius- Messages : 11656
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Lucius- Messages : 11656
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Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Sophie von La Roche a écrit: Quelques minutes après que le roi fut revenu de la messe, on ouvrit en bas les portes des appartements de la reine. A nouveau on se rangea et arrivèrent alors des pages, des haïdouks et des chambellans marchant en tête, suivis immédiatement de la reine, en robe à paniers toute blanche, des plumes blanches sur sa belle tête, la traîne portée par un page, royale dans son maintien et son allure : l’empereur Joseph fait femme, comme on dit. Venaient ensuite Madame ou la comtesse de Provence, pas belle, mais avec une physionomie qui montre de l’intelligence et un certain charme, Madame d’Artois, un visage trop long et trop maigre, mais avec de la bonté, la princesse Élisabeth, sœur du roi, jolie, gentille et aimée de tous, une certaine tristesse semblant effleurer ses traits fort séduisants. Les tantes du roi suivaient, Mesdames Victoire et Adélaïde, qui prouvent que les belles princesses fanent comme les autres mortels et que le trône ne protège pas contre l’outrage des ans.
Ces personnes de la maison royale étaient toutes vêtues de blanc. Les autres dames, soit âgées, soit très jeunes, étaient en noir à cause d’un deuil à la cour, quelques-unes très belles, très naturelles dans leur comportement et habillées modestement.
Dans cet extrait du journal, datant du 31 mai 1785, nous pouvons lire que dans les grands moments de représentation, la famille royale ne prend visiblement pas de deuil, ...
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
C'était une entorse officielle à l'étiquette ! :
Mme de Sabran- Messages : 55310
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:
C'était une entorse officielle à l'étiquette ! :
Peut-être fut-ce un demi-deuil
Qui peut d'ailleurs m'expliquer comment cela se fait que la Cour prend le deuil aussi pour des princes et princesses de la Maison de Prusse ? N'était-elle point l'ennemie numéro 1 de la Cour de France ?
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:
C'était une entorse officielle à l'étiquette ! :
Mais ne dit elle pas qu'ils sont en blanc ? C'est un couleur de deuil .....
Comte d'Hézècques a écrit:Qui peut d'ailleurs m'expliquer comment cela se fait que la Cour prend le deuil aussi pour des princes et princesses de la Maison de Prusse ? N'était-elle point l'ennemie numéro 1 de la Cour de France ?
Qu'importe le inimitiés, ces deuils internationaux sont un moyen de montrer la cohérence et l'unité de la condition royale. Si vous n'accordez pas aux autres les égards dû à un rang qui est le même que le votre, pourquoi vous accorderaient ils les égards que vous demandez pour vous ? Comment ne pas porter le deuil de celui qu'on appelle "mon frère" ou "mon cousin" ?
Lucius- Messages : 11656
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Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Lucius a écrit:
Qu'importe le inimitiés, ces deuils internationaux sont un moyen de montrer la cohérence et l'unité de la condition royale. Si vous n'accordez pas aux autres les égards dû à un rang qui est le même que le votre, pourquoi vous accorderaient ils les égards que vous demandez pour vous ? Comment ne pas porter le deuil de celui qu'on appelle "mon frère" ou "mon cousin" ?
J'ignorais que les Maisons Royales de cette époque furent aussi proches l'une de l'autre que celles d'aujourd'hui...
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Lucius a écrit:
Mais ne dit elle pas qu'ils sont en blanc ? C'est un couleur de deuil .....
Apparemment l'étiquette fut réglée ainsi : blanc pour la Maison Royale, noir pour les autres.
Voici une estampe montrant une robe de grand deuil à la cour pour l'année 1781 :
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
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Comtesse Diane- Messages : 7398
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Localisation : TOURAINE
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
;
C'est la tenue de deuil intitulée : Consolez-moi, Monsieur ! :
C'est la tenue de deuil intitulée : Consolez-moi, Monsieur ! :
Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
:::... le deuil ! C'est pas facile ! :
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Comtesse Diane- Messages : 7398
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Localisation : TOURAINE
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Comte d'Hézècques a écrit:Lucius a écrit:
Qu'importe le inimitiés, ces deuils internationaux sont un moyen de montrer la cohérence et l'unité de la condition royale. Si vous n'accordez pas aux autres les égards dû à un rang qui est le même que le votre, pourquoi vous accorderaient ils les égards que vous demandez pour vous ? Comment ne pas porter le deuil de celui qu'on appelle "mon frère" ou "mon cousin" ?
J'ignorais que les Maisons Royales de cette époque furent aussi proches l'une de l'autre que celles d'aujourd'hui...
C'est une solidarité de principe beaucoup plus que d'affinité (aujourd'hui les familles royales se connaissent vraiment, alors qu'avant le XIXème siècle rares sont ceux qui ont rencontrés leurs collègues )
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
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Le deuil et le jeu de loto, à la Cour :
J'avais eu le malheur de me trouver à Versailles pendant les horribles journées de 5 et 6 octobre, et voici pourquoi : votre père était tombé malade d'une esquinancie, et son médecin n'avait pas voulu lui permettre de revenir à Paris, à raison du froid, de la bise, etc. Ma belle-fille était plus malade encore, et n'avait pu sortir de son hôtel de la rue d'Anjou, depuis plus de trois semaines. J'avais trouvé bon d'aller soigner mon fils, à Versailles, et Madame avait eu l'obligeance de me faire donner un appartement chez elle, où j'étais venue m'établir le dimanche 4 octobre, à cinq heures après midi.
Après avoir eu l'honneur de saluer cette princesse, j'allai dans la soirée faire ma cour à la Reine qui se tenait dans ses cabinets. Elle m'avait parlé très judicieusement et très courageusement des affaires du Roi ; tandis que nous étions en tête-à-tête, et lorsque deux ou trois huppes-grises de l'ancienne Cour arrivèrent avec les Dames du palais pour se mettre en cercle, elle eut l'air de s'en contrarier péniblement. Je m'étais levée pour me retirer parce que la Cour était en deuil d'une Archiduchesse, et parce que toute chose était déjà dans un si grand désarroi que je n'avais pas songé à me faire habiller de noir ; mais S.M. voulut bien me retenir et je m'y résignai péniblement. — Si la Reine voulait jouer au Loto pour se distraire et se désennuyer, dit Mme de Chimay, tout doucement, entre haut et bas ; — Princesse, en parlez-vous sérieusement, lui dit la maréchale de Mouchy, est-ce qu'il est possible de jouer ici lorsque la Cour est en deuil !... Et moi qui me souvins du piquet de M. de Maurepas, j'osai leur dire : — Est-ce que le Loto n'est pas de deuil ?... — Mais il me semble effectivement, dit la marquise de la Roche-Aymon, qui a toujours été la plus obséquieuse personne de France et le plus sottement finassière, il me semble que le Loto doit être permis lorsqu'on est en deuil. — Le Loto est de deuil, il est même de grand deuil, ajouta la Reine en me regardant et se retenant pour ne pas rire ; je demande qu'on apprête à ces dames une table pour un Loto Dauphin. Les Dames du palais se mirent à jouer, et la Reine reprit avec moi sa conversation qui dura plus d'une heure, pendant laquelle S.M. me donna quelques ordres en me disant une foule de choses tellement obligeantes que je ne saurais ni les répéter ni les oublier.
( Souvenirs de Mme de Créquy )
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Le deuil et le jeu de loto, à la Cour :
J'avais eu le malheur de me trouver à Versailles pendant les horribles journées de 5 et 6 octobre, et voici pourquoi : votre père était tombé malade d'une esquinancie, et son médecin n'avait pas voulu lui permettre de revenir à Paris, à raison du froid, de la bise, etc. Ma belle-fille était plus malade encore, et n'avait pu sortir de son hôtel de la rue d'Anjou, depuis plus de trois semaines. J'avais trouvé bon d'aller soigner mon fils, à Versailles, et Madame avait eu l'obligeance de me faire donner un appartement chez elle, où j'étais venue m'établir le dimanche 4 octobre, à cinq heures après midi.
Après avoir eu l'honneur de saluer cette princesse, j'allai dans la soirée faire ma cour à la Reine qui se tenait dans ses cabinets. Elle m'avait parlé très judicieusement et très courageusement des affaires du Roi ; tandis que nous étions en tête-à-tête, et lorsque deux ou trois huppes-grises de l'ancienne Cour arrivèrent avec les Dames du palais pour se mettre en cercle, elle eut l'air de s'en contrarier péniblement. Je m'étais levée pour me retirer parce que la Cour était en deuil d'une Archiduchesse, et parce que toute chose était déjà dans un si grand désarroi que je n'avais pas songé à me faire habiller de noir ; mais S.M. voulut bien me retenir et je m'y résignai péniblement. — Si la Reine voulait jouer au Loto pour se distraire et se désennuyer, dit Mme de Chimay, tout doucement, entre haut et bas ; — Princesse, en parlez-vous sérieusement, lui dit la maréchale de Mouchy, est-ce qu'il est possible de jouer ici lorsque la Cour est en deuil !... Et moi qui me souvins du piquet de M. de Maurepas, j'osai leur dire : — Est-ce que le Loto n'est pas de deuil ?... — Mais il me semble effectivement, dit la marquise de la Roche-Aymon, qui a toujours été la plus obséquieuse personne de France et le plus sottement finassière, il me semble que le Loto doit être permis lorsqu'on est en deuil. — Le Loto est de deuil, il est même de grand deuil, ajouta la Reine en me regardant et se retenant pour ne pas rire ; je demande qu'on apprête à ces dames une table pour un Loto Dauphin. Les Dames du palais se mirent à jouer, et la Reine reprit avec moi sa conversation qui dura plus d'une heure, pendant laquelle S.M. me donna quelques ordres en me disant une foule de choses tellement obligeantes que je ne saurais ni les répéter ni les oublier.
( Souvenirs de Mme de Créquy )
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Mme de Sabran- Messages : 55310
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Lucius- Messages : 11656
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Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Ouf, pas trop de deuils en 1782...
Pauvre Sophie, une vie et une mort quasi inaperçues à Versailles ; au moins avait-elle le confort de rendre l'âme au château, et non errant en terre étrangère comme ses deux sœurs plus tard.
Pauvre Sophie, une vie et une mort quasi inaperçues à Versailles ; au moins avait-elle le confort de rendre l'âme au château, et non errant en terre étrangère comme ses deux sœurs plus tard.
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
/
Le " bon côté " du veuvage :
Le port de tenues de deuil par les veuves est un phénomène ancien. Marqueur de leur statut matrimonial, le vêtement souligne la singularité de la figure des veuves dans la société d’Ancien Régime. Alors que les femmes sont soumises à l’autorité des hommes, père, puis mari, et exclues des fonctions d’autorité, les veuves sont émancipées par la mort de leur époux. Le veuvage leur confère une grande autonomie, leur permettant même de devenir chef de famille. L’anomalie de leur situation explique l’ambivalence de l’image qui leur est associée, entre la « bonne veuve » se consacrant désormais à des œuvres pieuses et la femme dangereuse par sa liberté nouvelle remettant en cause la stabilité sociale.
Paraître du deuil, d’un lieu à l’autre.
Christine Dousset
http://apparences.revues.org/1156
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Le " bon côté " du veuvage :
Le port de tenues de deuil par les veuves est un phénomène ancien. Marqueur de leur statut matrimonial, le vêtement souligne la singularité de la figure des veuves dans la société d’Ancien Régime. Alors que les femmes sont soumises à l’autorité des hommes, père, puis mari, et exclues des fonctions d’autorité, les veuves sont émancipées par la mort de leur époux. Le veuvage leur confère une grande autonomie, leur permettant même de devenir chef de famille. L’anomalie de leur situation explique l’ambivalence de l’image qui leur est associée, entre la « bonne veuve » se consacrant désormais à des œuvres pieuses et la femme dangereuse par sa liberté nouvelle remettant en cause la stabilité sociale.
Paraître du deuil, d’un lieu à l’autre.
Christine Dousset
http://apparences.revues.org/1156
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Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Christine Dousset a écrit: et la femme dangereuse par sa liberté nouvelle remettant en cause la stabilité sociale.
Telle la marquise de Merteuil :
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
;
Les vêtements de deuil ne sont évidemment pas réservés aux veuves ; hommes, femmes et enfants prennent le deuil à la mort d’un parent, voire au décès d’un personnage officiel lors d’un deuil de cour. Mais la situation des veuves comporte de fortes spécificités qui donnent à leur tenue une importance toute particulière.
Sous l’Ancien Régime, porter le deuil de son défunt mari ne relève pas seulement en effet d’une norme sociale née des usages, mais de la contrainte juridique ( ) . C’est ce que reprennent après bien d’autres deux juristes toulousains de l’Ancien Régime. À Simon d’Olive qui écrit au XVIIe siècle : « la femme pendant le deuil doit porter des habits qui s’accordent au temps et à la condition d’une veuve gémissante » ( : ), répond Soulatges en 1784 : « une veuve est tenue de porter le deuil de son mari ».
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Les vêtements de deuil ne sont évidemment pas réservés aux veuves ; hommes, femmes et enfants prennent le deuil à la mort d’un parent, voire au décès d’un personnage officiel lors d’un deuil de cour. Mais la situation des veuves comporte de fortes spécificités qui donnent à leur tenue une importance toute particulière.
Sous l’Ancien Régime, porter le deuil de son défunt mari ne relève pas seulement en effet d’une norme sociale née des usages, mais de la contrainte juridique ( ) . C’est ce que reprennent après bien d’autres deux juristes toulousains de l’Ancien Régime. À Simon d’Olive qui écrit au XVIIe siècle : « la femme pendant le deuil doit porter des habits qui s’accordent au temps et à la condition d’une veuve gémissante » ( : ), répond Soulatges en 1784 : « une veuve est tenue de porter le deuil de son mari ».
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Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Dans le cas contraire , ajoute-t-il, la femme s’expose aux peines des secondes noces, c’est-à-dire à perdre les avantages matériels obtenus par le veuvage, comme le versement de l’augment de dot (équivalent du douaire dans le régime dotal). Si de telles sanctions semblent rarissimes, le principe en est toujours affirmé. Cette obligation pour la veuve se double d’une obligation pour les héritiers du mari de prendre à leur charge ses frais d’habillement, ses « habits de deuil ».
Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
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Cette coutume est si bien ancrée du Nord au Sud tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles qu’on la retrouve réaffirmée clairement dans le Code civil napoléonien en 1804, aussi bien pour les veuves mariées sous le régime légal de la communauté (art. 1481 : « Le deuil de la femme est aux frais du mari ») ( ... euh ! aux frais du défunt ??? ) que pour celles qui auraient choisi le régime dotal (art. 1570 : « l’habitation et les habits de deuil doivent être fournis sur la succession pendant l’an de deuil »).
Le caractère contraignant du port d’habits de deuil, contraignant aussi bien pour la veuve que pour ceux qui doivent les financer, est bien une originalité du veuvage féminin, qui n’apparaît ni dans le veuvage masculin, sauf exception, ni dans les autres formes de deuil familial.
Il s’agit là d’un héritage d’habitudes très anciennes, qui remontent à l’Antiquité et au Moyen Âge, et qui recouvrent avec des variantes l’ensemble de l’espace français.
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Cette coutume est si bien ancrée du Nord au Sud tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles qu’on la retrouve réaffirmée clairement dans le Code civil napoléonien en 1804, aussi bien pour les veuves mariées sous le régime légal de la communauté (art. 1481 : « Le deuil de la femme est aux frais du mari ») ( ... euh ! aux frais du défunt ??? ) que pour celles qui auraient choisi le régime dotal (art. 1570 : « l’habitation et les habits de deuil doivent être fournis sur la succession pendant l’an de deuil »).
Le caractère contraignant du port d’habits de deuil, contraignant aussi bien pour la veuve que pour ceux qui doivent les financer, est bien une originalité du veuvage féminin, qui n’apparaît ni dans le veuvage masculin, sauf exception, ni dans les autres formes de deuil familial.
Il s’agit là d’un héritage d’habitudes très anciennes, qui remontent à l’Antiquité et au Moyen Âge, et qui recouvrent avec des variantes l’ensemble de l’espace français.
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Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Les juristes avancent différents arguments pour justifier l’obligation faite à la veuve de porter des habits de deuil, qualifiés de « funèbres » ou « lugubres » sous leur plume : « cette dépense qu’exige l’honnêteté et l’honneur qu’une veuve doit à la mémoire de son mari », selon Simon d’Olive, consiste à « rendre les derniers devoirs à son mari et [à] lui donner des marques extérieures de sa douleur » pour Jean de Catellan.
Si elles paraissent plutôt vagues, ces citations soulignent toutes deux qu’il s’agit d’un devoir de l’épouse envers le défunt. En effet le port du deuil par sa veuve est considéré comme partie prenante du cérémonial funéraire, caractérisé à l’époque de ces deux parlementaires du milieu du XVIIe siècle par le déploiement des pompes baroques.
Jean de Catellan explique que « les habits de deuil de la veuve sont une suite des frais funéraires, ils sont regardés comme faisant partie des frais de la cérémonie funèbre et des obsèques ». C’est pourquoi leur fourniture est à la charge des héritiers, puisqu’ils participent aux honneurs funèbres dus au défunt.
Si elles paraissent plutôt vagues, ces citations soulignent toutes deux qu’il s’agit d’un devoir de l’épouse envers le défunt. En effet le port du deuil par sa veuve est considéré comme partie prenante du cérémonial funéraire, caractérisé à l’époque de ces deux parlementaires du milieu du XVIIe siècle par le déploiement des pompes baroques.
Jean de Catellan explique que « les habits de deuil de la veuve sont une suite des frais funéraires, ils sont regardés comme faisant partie des frais de la cérémonie funèbre et des obsèques ». C’est pourquoi leur fourniture est à la charge des héritiers, puisqu’ils participent aux honneurs funèbres dus au défunt.
Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
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Sur le plan symbolique, le réseau d’obligations et d’interdictions qui se répondent les unes aux autres signifie que la veuve appartient ( ) durant cette année encore à son défunt mari, qu’elle n’est pas encore libre, qu’elle est toujours sous puissance maritale.
Le lien de dépendance de la femme envers son mari se maintient donc au-delà de la mort par l’intermédiaire des héritiers de ce dernier. Les habits de deuil en sont le signe visible.
Tout comme la cérémonie funèbre du mari, ils doivent donc être en adéquation avec le rang et la fortune de ce dernier, puisqu’ils en sont une manifestation publique, dont le caractère ostentatoire est évident.
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Sur le plan symbolique, le réseau d’obligations et d’interdictions qui se répondent les unes aux autres signifie que la veuve appartient ( ) durant cette année encore à son défunt mari, qu’elle n’est pas encore libre, qu’elle est toujours sous puissance maritale.
Le lien de dépendance de la femme envers son mari se maintient donc au-delà de la mort par l’intermédiaire des héritiers de ce dernier. Les habits de deuil en sont le signe visible.
Tout comme la cérémonie funèbre du mari, ils doivent donc être en adéquation avec le rang et la fortune de ce dernier, puisqu’ils en sont une manifestation publique, dont le caractère ostentatoire est évident.
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Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
Cela ne l’empêche pas de se remarier parfois très vite ... mais l'analyse symbolique est intéressante.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Le deuil à la cour de France et au XVIIIe siècle
On remarquera tout d’abord que plus le deuil est censé être profond, à la perte d’un parent, d’un époux, plus sa durée est longue et plus les prescriptions en sont précises. Le paraître est régi d’autant plus rigoureusement que la douleur de la perte d’un proche est supposée forte, comme si la contrainte qui portait sur le vêtement reflétait la force des liens qui unissait les vivants aux défunts. ( ... ) Selon un code qui existait au XVIIe siècle et qui se maintiendra au siècle suivant, tous doivent porter certaines couleurs, le noir surtout, le blanc aussi.
Les matériaux employés pour les vêtements et accessoires doivent être ternes, éteints : pour les tissus, le grand deuil se porte en laine surtout, la soie n’étant autorisée qu’ensuite ; les bijoux, les boucles de ceinture et de souliers ne doivent pas briller. L’aspect mat des costumes est censé refléter la tristesse des endeuillés.
On retrouve aussi dans cette recherche l’écho de croyances très anciennes, qui conduisent à retourner ou à voiler les miroirs dans la maison, interdisant les reflets pour empêcher le mort d’apparaître. Pour les femmes s’ajoute une attention particulière mise sur les coiffures.
Les matériaux employés pour les vêtements et accessoires doivent être ternes, éteints : pour les tissus, le grand deuil se porte en laine surtout, la soie n’étant autorisée qu’ensuite ; les bijoux, les boucles de ceinture et de souliers ne doivent pas briller. L’aspect mat des costumes est censé refléter la tristesse des endeuillés.
On retrouve aussi dans cette recherche l’écho de croyances très anciennes, qui conduisent à retourner ou à voiler les miroirs dans la maison, interdisant les reflets pour empêcher le mort d’apparaître. Pour les femmes s’ajoute une attention particulière mise sur les coiffures.
Mme de Sabran- Messages : 55310
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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