Paris au XVIIIe siècle
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Paris au XVIIIe siècle
J'aimerais ouvrir ce vaste sujet en commençant par un guide utile à tout voyageur, car pour parcourir Paris, il faut quelques informations. Grâce au livre de Natacha Coquery :
Tenir boutique à Paris Nous nous attacherons donc à un modèle, celui de l'almanach parisien, développé par Thiery dans les années 1780.
Thiery s'adresse aux "personnes de distinction". Il désigne son lecteur par les termes de "connoisseur", "amateur", "curieux", "savant", "artiste" : une personne érudite, capable de juger par l'exercice du goût.
L'auteur arpente les rues quartier par quartier, décrivant tout ce qui lui paraît "remarquable". Les cabinets littéraires et scientifiques, les châteaux, églises et couvents, les théâtres, sociétés et clubs, les cours souveraines et bureaux de l'administration, mais aussi les bâtiments industriels.
"Les ateliers vastes et magnifiques de cette manufacture (Réveillon), où l'on occupe journellement prés de 400 ouvriers sont ouverts au public et aux étrangers. Ils méritent d'être vus."
"M. Bertin se fait un plaisir, non seulement de laisser voir ce cabinet, mais même d'en communiquer les différents objets aux savants et artistes qui espèrent retirer quelque utilité de leur examen."
Quant au magasin Bienvenu :
"[...] Les acquéreurs amateurs pourront suivre (dans l'atelier) des travaux des objets qu'ils désireront faire exécuter [...] Cet artiste démontre les mardis soirs, dans des assemblées gratuites qu'il tient dans son magasin, les différents phénomènes de l'electricité et de la physique."
Le "remarquable", ce qui est susceptible d'intéresser "le curieux" s'ouvre à l'économie.
L'auteur assimile la boutique au cabinet de curiosités !
Paris : ses quartiers, ses boutiques... suite au prochain numéro !
Tenir boutique à Paris Nous nous attacherons donc à un modèle, celui de l'almanach parisien, développé par Thiery dans les années 1780.
Thiery s'adresse aux "personnes de distinction". Il désigne son lecteur par les termes de "connoisseur", "amateur", "curieux", "savant", "artiste" : une personne érudite, capable de juger par l'exercice du goût.
L'auteur arpente les rues quartier par quartier, décrivant tout ce qui lui paraît "remarquable". Les cabinets littéraires et scientifiques, les châteaux, églises et couvents, les théâtres, sociétés et clubs, les cours souveraines et bureaux de l'administration, mais aussi les bâtiments industriels.
"Les ateliers vastes et magnifiques de cette manufacture (Réveillon), où l'on occupe journellement prés de 400 ouvriers sont ouverts au public et aux étrangers. Ils méritent d'être vus."
"M. Bertin se fait un plaisir, non seulement de laisser voir ce cabinet, mais même d'en communiquer les différents objets aux savants et artistes qui espèrent retirer quelque utilité de leur examen."
Quant au magasin Bienvenu :
"[...] Les acquéreurs amateurs pourront suivre (dans l'atelier) des travaux des objets qu'ils désireront faire exécuter [...] Cet artiste démontre les mardis soirs, dans des assemblées gratuites qu'il tient dans son magasin, les différents phénomènes de l'electricité et de la physique."
Le "remarquable", ce qui est susceptible d'intéresser "le curieux" s'ouvre à l'économie.
L'auteur assimile la boutique au cabinet de curiosités !
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Invité- Invité
Re: Paris au XVIIIe siècle
Dans son ouvrage: vivre dans la rue de Paris au XVIIIème siècle, Arlette Farge nous livre une ville très bruyante.
Dans les rues parisiennes du XVIIIème siècle, l'atelier ouvre grand sur le dehors et résonne du bruit des outils et des exclamations des artisans. De partout sont visibles les gestes du travail. Cette visibilité, cette transparence sont à la fois une force et un gage d'éventuelle liberté. Les gestes sonores et visibles rythment les heures et les conversations, ils ne se séparent guère de ceux de la vie domestique.
"Il faut les entendre élancer leurs voix par dessus les toits, leur gosier surmonte le bruit et le tapage des carrefours.
Il est impossible à l'étranger de pouvoir comprendre la chose. Le parisien lui-même ne la distingue que par routine. Le porteur d'eau, la crieuse de vieux chapeaux, le marchand de ferraille, de peaux de lapin, c'est à qui chantera sa marchandise sur un mode haut et déchirant. Tous ces cris discordants forment un ensemble dont on n'a point d'idée lorsqu'on ne la point entendu. (...) Les servantes ont l'oreille beaucoup plus exercée que l'académicien; elles descendent l'escalier pour le dîner de l'académicien, parcequ'elles peuvent distinguer du quatrième étage, et d'un bout de la rue à l'autre, si l'on cris des maquereaux ou des harengs frais, des laitues ou des betteraves (...) c'est une inexplicable cacophonie pour tout autre."
L.Séb. Mercier
Ces gestes et ces cris qui fabriquent une culture commune, restent indéchiffrables à l'étranger. Et de l'incompréhension, on passe aisément à l'inquiétude.
L'atelier déborde sur le trottoir, la boutique communique sur la rue, les petits métiers se logent en chaque encoignure de maison, autour des fontaines. Dans le creux des chevets d'église. Les garçons de boutique vont et viennent et chercher les commissions, dans l'escalier courent les porteurs d'eau, les revendeurs bloquent le passage pour s'assurer meilleure vente.
Le geste le plus courant, celui qui accompagne naturellement une rencontre nouvelle entre deux personnes, c'est d'aller boire chopine avec elle, prendre un poinçon d'eau de vie ou lui offrir un verre de vin au cabaret le plus proche. Là on lève le bras, on trinque et on rit.
"Louis François Ganneron, maître charron, demeurant rue de N.D de Nazareth. rencontre une femme, et s'en va boire un poinçon d'eau de vie chez un vinaigrier prés de la porte ST Martin" (21 mars 1775)
"Didier Royer, compagnon maçon, rencontre Bareau, carrier vers les 8 heures du soir, et va boire avec lui au petit Gentilly chez le nommé Baudin cabaretier" (17 juil 1775)
Dans La vie quotidienne au temps de la révolution, Jean Robiquet nous livre quant à lui l'effervescence des cafés et théâtres parisiens.
Epoque bénie pour les cafés que cet été de 1789 où le soleil brille, où les têtes s'échauffent et où la soif de liberté brûle les gosiers comme elle enflamme les coeurs !
Pas une arcade des galeries (Palais Royal) sans quelque enseigne renommée. Au coin du passage du Perron, voici l'entrée du fameux Caveau( Assidument fréquenté par Crébillon Fils )devant laquelle on se bouscule jusqu'à deux heures du matin. Tout prés, le café de Chartres ou de Conti, la grotte flamande et sa bière exquise, le café Italien avec son poêle en faience en forme de ballon.
Du côté de la rue des Bons-Enfants, le café de Valois, où les Feuillants viendront lire le Journal de Paris, tandis que les Jacobins, Chabot et Collot d'Herbois en tête fréquenteront le café Corazza. Et gardons-nous bien d'oublier l'ingénieux Café mécanique, où le moka monte dans les tasses par le pied creux des guéridons. (1ere idée du chauffage central). Ni surtout le vétéran, le doyen, l'illustrissime café de Foy, qui est, a-t-on dit au Palais-Royal ce que le Palais-Royal est à Paris, l'établissement le plus couru, avec ses beaux salons dorés et son pavillon dans le jardin. Le café de Foy dont le patron Jousserand recommande à ses clients certaine eau-de-vie d'Andaye qui pourrait bien venir de Surennes, et certaine liqueur des îles qui, selon les mauvaises langues, serait tout simplement fabriquée au Faubourg ST Germain.
Chaque coin de Paris posséde ses cafés et restaurants:
Sur la rive gauche, le café Zoppi, dernière incarnation du célèbre Procope, rue de Tournon, le café Des Arts, point de ralliement des purs du quartiers de l'Odéon.
Rue de Sèvres, le café de la Victoire, qui attire plutôt les modérés. Aprés être passé place Dauphine, devant le café Conti et, à la descente du Pont-Neuf, devant le café Charpentierdont le propriétaire est le beau-père de Danton, vous trouveriez, place de l'école, le café Manoury, port d'attache diurne et surtout nocturne de Rétif de la Bretonne.
Sur la rive droite, à la Régence, on adore encore La Fayette, tandi que, rue du Roule, au café de La Monnaie, on le brûle en effigie.
Aux tuileries, sur la terrasse des Feuillants, on a muré les fenêtres du café Hottot qui prenaient vue sur le jardin, pour empêcher les Tricoteuses de loucher du côté du palais.
L'aimable café Des Bains Chinois tenu par Mme Baudray, depuis le café de la Porte ST Martin, fréquenté par des gens paisibles, jusqu'au café Godet, boulevard du Temple, dont le patron, capitaine de la garde nationale, se prend un jour, de querelle avec un officier de chasseurs, attrape une balle dans le ventre et voit piller son matériel par une troupe d'énergumènes;
Il y a des cafés pour tous les goûts, pour toutes les bourses, pour toutes les opinions aussi, puisque chacun d'eux a son drapeau.
Suite au prochain numéro
Dans les rues parisiennes du XVIIIème siècle, l'atelier ouvre grand sur le dehors et résonne du bruit des outils et des exclamations des artisans. De partout sont visibles les gestes du travail. Cette visibilité, cette transparence sont à la fois une force et un gage d'éventuelle liberté. Les gestes sonores et visibles rythment les heures et les conversations, ils ne se séparent guère de ceux de la vie domestique.
"Il faut les entendre élancer leurs voix par dessus les toits, leur gosier surmonte le bruit et le tapage des carrefours.
Il est impossible à l'étranger de pouvoir comprendre la chose. Le parisien lui-même ne la distingue que par routine. Le porteur d'eau, la crieuse de vieux chapeaux, le marchand de ferraille, de peaux de lapin, c'est à qui chantera sa marchandise sur un mode haut et déchirant. Tous ces cris discordants forment un ensemble dont on n'a point d'idée lorsqu'on ne la point entendu. (...) Les servantes ont l'oreille beaucoup plus exercée que l'académicien; elles descendent l'escalier pour le dîner de l'académicien, parcequ'elles peuvent distinguer du quatrième étage, et d'un bout de la rue à l'autre, si l'on cris des maquereaux ou des harengs frais, des laitues ou des betteraves (...) c'est une inexplicable cacophonie pour tout autre."
L.Séb. Mercier
Ces gestes et ces cris qui fabriquent une culture commune, restent indéchiffrables à l'étranger. Et de l'incompréhension, on passe aisément à l'inquiétude.
L'atelier déborde sur le trottoir, la boutique communique sur la rue, les petits métiers se logent en chaque encoignure de maison, autour des fontaines. Dans le creux des chevets d'église. Les garçons de boutique vont et viennent et chercher les commissions, dans l'escalier courent les porteurs d'eau, les revendeurs bloquent le passage pour s'assurer meilleure vente.
Le geste le plus courant, celui qui accompagne naturellement une rencontre nouvelle entre deux personnes, c'est d'aller boire chopine avec elle, prendre un poinçon d'eau de vie ou lui offrir un verre de vin au cabaret le plus proche. Là on lève le bras, on trinque et on rit.
"Louis François Ganneron, maître charron, demeurant rue de N.D de Nazareth. rencontre une femme, et s'en va boire un poinçon d'eau de vie chez un vinaigrier prés de la porte ST Martin" (21 mars 1775)
"Didier Royer, compagnon maçon, rencontre Bareau, carrier vers les 8 heures du soir, et va boire avec lui au petit Gentilly chez le nommé Baudin cabaretier" (17 juil 1775)
Dans La vie quotidienne au temps de la révolution, Jean Robiquet nous livre quant à lui l'effervescence des cafés et théâtres parisiens.
Epoque bénie pour les cafés que cet été de 1789 où le soleil brille, où les têtes s'échauffent et où la soif de liberté brûle les gosiers comme elle enflamme les coeurs !
Pas une arcade des galeries (Palais Royal) sans quelque enseigne renommée. Au coin du passage du Perron, voici l'entrée du fameux Caveau( Assidument fréquenté par Crébillon Fils )devant laquelle on se bouscule jusqu'à deux heures du matin. Tout prés, le café de Chartres ou de Conti, la grotte flamande et sa bière exquise, le café Italien avec son poêle en faience en forme de ballon.
Du côté de la rue des Bons-Enfants, le café de Valois, où les Feuillants viendront lire le Journal de Paris, tandis que les Jacobins, Chabot et Collot d'Herbois en tête fréquenteront le café Corazza. Et gardons-nous bien d'oublier l'ingénieux Café mécanique, où le moka monte dans les tasses par le pied creux des guéridons. (1ere idée du chauffage central). Ni surtout le vétéran, le doyen, l'illustrissime café de Foy, qui est, a-t-on dit au Palais-Royal ce que le Palais-Royal est à Paris, l'établissement le plus couru, avec ses beaux salons dorés et son pavillon dans le jardin. Le café de Foy dont le patron Jousserand recommande à ses clients certaine eau-de-vie d'Andaye qui pourrait bien venir de Surennes, et certaine liqueur des îles qui, selon les mauvaises langues, serait tout simplement fabriquée au Faubourg ST Germain.
Chaque coin de Paris posséde ses cafés et restaurants:
Sur la rive gauche, le café Zoppi, dernière incarnation du célèbre Procope, rue de Tournon, le café Des Arts, point de ralliement des purs du quartiers de l'Odéon.
Rue de Sèvres, le café de la Victoire, qui attire plutôt les modérés. Aprés être passé place Dauphine, devant le café Conti et, à la descente du Pont-Neuf, devant le café Charpentierdont le propriétaire est le beau-père de Danton, vous trouveriez, place de l'école, le café Manoury, port d'attache diurne et surtout nocturne de Rétif de la Bretonne.
Sur la rive droite, à la Régence, on adore encore La Fayette, tandi que, rue du Roule, au café de La Monnaie, on le brûle en effigie.
Aux tuileries, sur la terrasse des Feuillants, on a muré les fenêtres du café Hottot qui prenaient vue sur le jardin, pour empêcher les Tricoteuses de loucher du côté du palais.
L'aimable café Des Bains Chinois tenu par Mme Baudray, depuis le café de la Porte ST Martin, fréquenté par des gens paisibles, jusqu'au café Godet, boulevard du Temple, dont le patron, capitaine de la garde nationale, se prend un jour, de querelle avec un officier de chasseurs, attrape une balle dans le ventre et voit piller son matériel par une troupe d'énergumènes;
Il y a des cafés pour tous les goûts, pour toutes les bourses, pour toutes les opinions aussi, puisque chacun d'eux a son drapeau.
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Invité- Invité
Re: Paris au XVIIIe siècle
Merci beaucoup l'Amour Menaçant ! Il y avait eu une très belle expo sur les rues de Paris au XVIIIème à Carnavalet il y a une quinzaine d'années : les cris reconstitués des marchands de rue passaient en boucle, c'était saisissant !
J'ai encore le catalogue d'ailleurs.
J'ai encore le catalogue d'ailleurs.
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Paris au XVIIIe siècle
Merci, l'amour menaçant, pour toutes ces informations! Un autre livre sur Paris au dix-huitième que j'aime beaucoup est Le Tableau de Paris par Louis-Sebastien Mercier (1782). On le trouve sur Gallica (il y a 9 volumes!).
http://gallica.bnf.fr/Search?adva=1&adv=1&tri=&t_relation=%22cb436616978%22&lang=en
Il a écrit aussi (comme Citoyen Mercier) Le Nouveau Paris en 1797.
http://gallica.bnf.fr/Search?adva=1&adv=1&tri=&t_relation=%22cb436616978%22&lang=en
Il a écrit aussi (comme Citoyen Mercier) Le Nouveau Paris en 1797.
Invité- Invité
Re: Paris au XVIIIe siècle
Je voudrais débuter ce post en faisant la lumière sur un livre: Petite chronique du ridicule (Les français ont-ils changé depuis 1782 ? de Charles de Peyssonnel-petite bibliothèque Payot) qui met en relief tous les petits travers des parisiens et qui nous amènent à penser qu'en plus de deux siècles, certains aspects sont toujours autant d'actualité : la folie immobilière à Paris, les parisiens fous de mode etc...
C'est à travers le regard de Martin Sherlock (1747 ?-1797, auteur des nouvelles lettres d'un voyageur anglais-Londres, 1780; fut évêque de Derry en Irlande, apprécié de Frédéric II, il rencontra Voltaire à Ferney) que s'ouvre cette petite ballade à travers la capitale.
Pour Sherlock, " Paris est indéfinissable, que c'est un abrégé de l'univers, une ville vaste et informe, pleines de merveilles, de vertus de vices et de ridicules. Il est certain qu'en envisageant Paris matériellement comme ville, abstraction faite de son peuple, et relativement à sa seule construction, on ne peut pas dire que ce soit une belle ville.
C'est une ville énorme, imposante par son immensité: elle a la majesté du chaos ! Mélange monstrueux de beautés sublimes et des défauts révoltants.
On y voit encore, à côté des édifices de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, des édifices de Chilpérie, de Clovis et de Dagobert. On y voit une foule de magnifiques palais, de superbes hôtels, de maisons charmantes par la décoration et la commodité, semés au hasard parmi de vieilles et vilaines maisons, sans goût, sans clarté, sans propreté, sans agrément. On y voit d'autres maisons modernes, bien bâties, bien distribuées et entiérement dégradées comme les anciennes par des allées étroites, obscures et infectes qui en forment l'entrée, dans lesquelles il faudrait de la lumière en plein midi, et qui servent de cabinet d'aisance à tous les passants.
On y voit des rues sans alignement et sans régularité, dont les plus belles sont souvent coupées par des traverses étroites, obscures, malpropres et puantes.
Il n'y a dans ces rues point de trottoirs pour les piétons, par conséquent point d'abri contre les dangers des carosses et les éclaboussures."
Arlette Farge nous laisse une description des carosses ainsi que leur danger a travers des témoignages :
Quant aux carosses, il y en a ici un nombre infini qui sont délabrés et couverts de boue, et qui ne sont faits que pour tuer les vivants. Les chevaux qui les tirent mangent en marchant (...) Tant ils sont maigres et décharnés. Les cochers sont si brutaux, ils ont la voix si enrouée et si effroyable, et le claquement continuel de leurs fouets augmente le bruit d'une manière horrible. Une voiture est indispensable ici, au moins pour les étrangers. Mais les français savent d'une façon merveilleuse marcher au milieu des saletés sans se salir, ils sautent de pavé en pavé.
L'illustre Tournefort, qui avait fait presque le tour du monde, aprés être revenu à Paris, fut écrasé par un fiacre, parceque durant son voyage, il avait désappris l'art de bondir comme un chamois dans les rues, talent indispensable pour tous ceux qui vivent à Paris !
Marcher dans Paris "c'est aller à l'assaut" et c'est recevoir l'assaut. Assaut innégal de toute façon : les petites gens y sont, c'est sûr, plus agressés que les bourgeois.
" Antoine Bouchardey, dit Clermont, cocher de Bertrand, demeurant rue de Paris, a rendu plainte et dit que vers 7 heures 1/2 du soir, étant boulevard duTemple sur le siège de son carosse, menant son maître à la file de plusieurs autres carosses, un particulier, vêtu de rouge, lui a dit prends garde à ton fouet et lui dit qu'est-ce qu'il vous fait, l'autre répond : ne raisonne pas et lui porte un coup de canne. Alors il riposte, en donnant un coup de fouet au visage, que dés ce moment un autre particulier vêtu de rouge lui a alors porté un coup d'épée sur la poitrine, et lui a percé la mamelle droite.
Rapport des médecins :
- Crachats d'écume sanguinolente,
- Nécessité de le saigner abondamment
- Est en trés grand danger de perdre l'air. (1er juil. 1775)"
Suite au prochain numéro.
C'est à travers le regard de Martin Sherlock (1747 ?-1797, auteur des nouvelles lettres d'un voyageur anglais-Londres, 1780; fut évêque de Derry en Irlande, apprécié de Frédéric II, il rencontra Voltaire à Ferney) que s'ouvre cette petite ballade à travers la capitale.
Pour Sherlock, " Paris est indéfinissable, que c'est un abrégé de l'univers, une ville vaste et informe, pleines de merveilles, de vertus de vices et de ridicules. Il est certain qu'en envisageant Paris matériellement comme ville, abstraction faite de son peuple, et relativement à sa seule construction, on ne peut pas dire que ce soit une belle ville.
C'est une ville énorme, imposante par son immensité: elle a la majesté du chaos ! Mélange monstrueux de beautés sublimes et des défauts révoltants.
On y voit encore, à côté des édifices de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, des édifices de Chilpérie, de Clovis et de Dagobert. On y voit une foule de magnifiques palais, de superbes hôtels, de maisons charmantes par la décoration et la commodité, semés au hasard parmi de vieilles et vilaines maisons, sans goût, sans clarté, sans propreté, sans agrément. On y voit d'autres maisons modernes, bien bâties, bien distribuées et entiérement dégradées comme les anciennes par des allées étroites, obscures et infectes qui en forment l'entrée, dans lesquelles il faudrait de la lumière en plein midi, et qui servent de cabinet d'aisance à tous les passants.
On y voit des rues sans alignement et sans régularité, dont les plus belles sont souvent coupées par des traverses étroites, obscures, malpropres et puantes.
Il n'y a dans ces rues point de trottoirs pour les piétons, par conséquent point d'abri contre les dangers des carosses et les éclaboussures."
Arlette Farge nous laisse une description des carosses ainsi que leur danger a travers des témoignages :
Quant aux carosses, il y en a ici un nombre infini qui sont délabrés et couverts de boue, et qui ne sont faits que pour tuer les vivants. Les chevaux qui les tirent mangent en marchant (...) Tant ils sont maigres et décharnés. Les cochers sont si brutaux, ils ont la voix si enrouée et si effroyable, et le claquement continuel de leurs fouets augmente le bruit d'une manière horrible. Une voiture est indispensable ici, au moins pour les étrangers. Mais les français savent d'une façon merveilleuse marcher au milieu des saletés sans se salir, ils sautent de pavé en pavé.
L'illustre Tournefort, qui avait fait presque le tour du monde, aprés être revenu à Paris, fut écrasé par un fiacre, parceque durant son voyage, il avait désappris l'art de bondir comme un chamois dans les rues, talent indispensable pour tous ceux qui vivent à Paris !
Marcher dans Paris "c'est aller à l'assaut" et c'est recevoir l'assaut. Assaut innégal de toute façon : les petites gens y sont, c'est sûr, plus agressés que les bourgeois.
" Antoine Bouchardey, dit Clermont, cocher de Bertrand, demeurant rue de Paris, a rendu plainte et dit que vers 7 heures 1/2 du soir, étant boulevard duTemple sur le siège de son carosse, menant son maître à la file de plusieurs autres carosses, un particulier, vêtu de rouge, lui a dit prends garde à ton fouet et lui dit qu'est-ce qu'il vous fait, l'autre répond : ne raisonne pas et lui porte un coup de canne. Alors il riposte, en donnant un coup de fouet au visage, que dés ce moment un autre particulier vêtu de rouge lui a alors porté un coup d'épée sur la poitrine, et lui a percé la mamelle droite.
Rapport des médecins :
- Crachats d'écume sanguinolente,
- Nécessité de le saigner abondamment
- Est en trés grand danger de perdre l'air. (1er juil. 1775)"
Suite au prochain numéro.
Invité- Invité
Re: Paris au XVIIIe siècle
" Aux belles rues ST Honoré, ST Antoine, ST Louis au Marais, apposez la rue Du Pied-de-Boeuf, situé tout au coeur de la ville; c'est bien l'endroit le plus puant qui existe dans le monde entier. Là est une juridiction qu'on nomme Le grand Châtelet; puis des voûtes sombres et l'embarras d'un seul marché; ensuite un lieu où l'on dispose tous les cadavres pourris trouvés dans la rivière ou assassinés aux environs de la ville. Joignez-y une prison, une boucherie, une tuerie. Tout cela ne compose qu'un même bloc empesté, emboué et placé à la descente du pont au change. De ce pont si surchargé, de vilaines maisons, voulez-vous aller à la rue ST Denis ? Les voitures sont obligées de faire un détour par une rue étroite (La rue de la Joaillerie), où se trouve un égout puant, et presque vis-à-vis de cet égout est la rue Pied-de-Boeuf qui aboutit à des ruelles étroites, fétides, baignées de sang de bestiaux..."
La circulation dans la Croisée de Paris est entravée par l'étroitesse et la sinuosité du réseau médieval.
Le Marais : est un secteur aéré, à l'écart des rues animées et populeuses du centre. Le désenclavement et l'animation commerciale deviennent critères de qualité.
La densité se renforce à mesure qu'on se rapproche du centre.
Hors des Boulevards, le peuplement reste ténu, néanmoins rue Des Fossés du Temple se retrouvent des activités mangeuses d'espace (peintre, menuisier, fleuriste).
La rue du Faubourg du Temple (gauffreur, maréchal, vitrier) et sur "les Boulevards" la veuve Alexandre, célèbre limonadière.
Le boulevard du temple compte quatre marchands de vin et établissements de "noces et festins" (outre deux épiciers)
Dans le dernier tiers du siècle, le boulevard devient un des hauts lieux de théâtres et de divertissements.
Plusieurs cafés s'y sont installés : le café d'Apollon où vient jouer un orchestre, le café Turc; réputé pour ses salons de tric-trac, le café Alexandre, l'un des premiers à se doter d'une salle de concert.
Les rues du livres sont localisées de part et d'autre de la rue ST Jacques, les rues du textile près de la Bièvre. Il n'y a guère dans la ville d'exemple aussi brutal de partage, tant professionnel, social que géographique.
La rue ST Victor est une grande artère artisanale et marchande où s'entremêlent bâtiment, textile et alimentation.
L'étroit quartier ST Denis est un des plus denses de Paris.
L'almanach y relève y relève plus de mille marchands.
Rue ST Denis, la toilette est reine. C'est l'artère industrieuse de la mode parisienne : -133 merciers
-24 rubaniers
-23 brodeurs
-19 bonnetiers
-11 drapiers
- 8 lingères
- 8 éventaillistes...
La rue du Faubourg ST Denis, plus besogneuse, abrite quelques artisans célèbres : Martin, peintre ordinaire des voitures du Roi, et Vincent, peintre des équipages du Roi aux petites écuries.
A l'ouest de la rue ST Denis : les Halles constituent le marché le plus divers, le plus étendu, le plus fameux : c'est le quartier "peut-être le plus riche de Paris, et celui qui le parait le moins" !
Suite au prochain numéro
La circulation dans la Croisée de Paris est entravée par l'étroitesse et la sinuosité du réseau médieval.
Le Marais : est un secteur aéré, à l'écart des rues animées et populeuses du centre. Le désenclavement et l'animation commerciale deviennent critères de qualité.
La densité se renforce à mesure qu'on se rapproche du centre.
Hors des Boulevards, le peuplement reste ténu, néanmoins rue Des Fossés du Temple se retrouvent des activités mangeuses d'espace (peintre, menuisier, fleuriste).
La rue du Faubourg du Temple (gauffreur, maréchal, vitrier) et sur "les Boulevards" la veuve Alexandre, célèbre limonadière.
Le boulevard du temple compte quatre marchands de vin et établissements de "noces et festins" (outre deux épiciers)
Dans le dernier tiers du siècle, le boulevard devient un des hauts lieux de théâtres et de divertissements.
Plusieurs cafés s'y sont installés : le café d'Apollon où vient jouer un orchestre, le café Turc; réputé pour ses salons de tric-trac, le café Alexandre, l'un des premiers à se doter d'une salle de concert.
Les rues du livres sont localisées de part et d'autre de la rue ST Jacques, les rues du textile près de la Bièvre. Il n'y a guère dans la ville d'exemple aussi brutal de partage, tant professionnel, social que géographique.
La rue ST Victor est une grande artère artisanale et marchande où s'entremêlent bâtiment, textile et alimentation.
L'étroit quartier ST Denis est un des plus denses de Paris.
L'almanach y relève y relève plus de mille marchands.
Rue ST Denis, la toilette est reine. C'est l'artère industrieuse de la mode parisienne : -133 merciers
-24 rubaniers
-23 brodeurs
-19 bonnetiers
-11 drapiers
- 8 lingères
- 8 éventaillistes...
La rue du Faubourg ST Denis, plus besogneuse, abrite quelques artisans célèbres : Martin, peintre ordinaire des voitures du Roi, et Vincent, peintre des équipages du Roi aux petites écuries.
A l'ouest de la rue ST Denis : les Halles constituent le marché le plus divers, le plus étendu, le plus fameux : c'est le quartier "peut-être le plus riche de Paris, et celui qui le parait le moins" !
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Invité- Invité
Re: Paris au XVIIIe siècle
C'est vrai qu'il est super ce sujet.
Quand on pense que le quartier entourant le pont au change était un véritable bouge alors qu'aujourd'hui on se dispute à prix d'or le moindre mètre carré. :
Le destin de la rue Saint-Denis est également ironique. Après avoir été le quartier de la mode il est devenu le quartier des... bref !!
Non loin de la rue Saint-Denis, se situait la Grande cour des miracles ou "Fief d'Alby", située entre l'actuelle rue du Caire et la rue Réaumur (2ème arrondissement) ... coupe-gorge où, dit-on, les mendiants et les voleurs se réunissaient pour élire un "roi des mendiants".
Un édit royal du 21 août 1784 ordonna la destruction totale des masures du Fief d'Alby. L'on raconte que le nom actuel du quartier "Bonne Nouvelle" viendrait de ce que la disparition de la cour des miracles aurait été perçue comme une bonne nouvelle par les habitants (mais c'est contesté : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cour_des_miracles ).
Quand on pense que le quartier entourant le pont au change était un véritable bouge alors qu'aujourd'hui on se dispute à prix d'or le moindre mètre carré. :
Le destin de la rue Saint-Denis est également ironique. Après avoir été le quartier de la mode il est devenu le quartier des... bref !!
Non loin de la rue Saint-Denis, se situait la Grande cour des miracles ou "Fief d'Alby", située entre l'actuelle rue du Caire et la rue Réaumur (2ème arrondissement) ... coupe-gorge où, dit-on, les mendiants et les voleurs se réunissaient pour élire un "roi des mendiants".
Un édit royal du 21 août 1784 ordonna la destruction totale des masures du Fief d'Alby. L'on raconte que le nom actuel du quartier "Bonne Nouvelle" viendrait de ce que la disparition de la cour des miracles aurait été perçue comme une bonne nouvelle par les habitants (mais c'est contesté : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cour_des_miracles ).
Invité- Invité
Re: Paris au XVIIIe siècle
" La Cité : le premier et le plus ancien quartier de Paris [...] L'orfévrerie et la bijouterie y dominent. Tout l'or du Pérou vient aboutir à la place Dauphine [...]
Le Quai des Orfèvres offre ensuite une longue file de boutiques resplendissantes de pièces d'argenterie [...]On n'a jamais songé à l'alignement des rues, c'est à dire à l'agrandissement futur de la ville : de là les places resserrées, les angles, les détours, l'étranglement des issues, et voilà pourquoi cet ancien quartier offre un spectacle désagréable de maisons petites, écrasées [...]"
L.S.Mercier
Les contemporains éclairés se lamentent sur l'incommodité et la laideur "gothique" de l'antique cité, aux rues "tristes et obscures", aux maisons "trés vieilles et trés mal bâties.
Elle rassemble avec ses quatre ponts bâtis, quelque 800 marchands. La majorité travaille dans l'artisanat de luxe :
- L'orfévrerie (176)
- La gravure sur métaux (107)
- L'horlogerie (88)
- L'imprimerie et la librairie (41)
- La miroiterie (40)
- La bijouterie (31)
Sous-estimée, la mercerie est en retrait (39)
Les vieux ponts liant La Cité à la rive droite (Pont au change, Pont Notre-Dame ) ont toujours concentré le travail de l'orfévrerie.
Jusqu'à la destruction des maisons dans les années 1780, les ponts ont attiré boutiques, échoppes, tentes démontables, siéges d'une activité commerciale prospère, bien que le premier fasse l'objet de critiques croissantes comme lieu d'exposition des "brocanteurs", ( l'expression : "tableau du Pont de Notre-Dame" était synonyme à l'époque de "croûte" )
Le Pont de Notre-Dame (51 marchands) et le Pont au Change (57) offrent un profil similaire, avec une dominante d'orfèvres, de graveurs et de merciers. Habités par des artisans et des marchands reconnus, ils attirent une clientèle choisie, avide d'objets d'art et de curiosité.
En 1499, le Pont Notre-Dame présentait une belle ordonnance de 32 maisons étroites construites de chaque côté sur le même modèle, mais il est en piteux état au 18é siècle, délaissé au profit du Pont Neuf, plus large et aéré.
La sellerie et l'armurerie sont au Faubourg St Germain, ce que la mode est à la rue St Honoré.
Dans le dernier tiers du siècle, le Faubourg StHonoré est en plein essor. Les lotissements, qui ont repris de plus belle depuis la fin de la guerre de sept ans, favorisent le peuplement jusqu'au delà des boulevards, Ville-l'Evêque, Monceau, Chaussée-d'Antin, Grange-Batelière... Accroissement démographique, hausse des loyers, frénésie financière stimulent l'ardeur à bâtir.
Le Faubourg s'affirme comme le nouveau pôle financier et administratif de la Capitale (Domaines, Ferme générale, Compagnie des Indes, tabac,police...)
La présence des élites de la fortune, grande finance et haute noblesse, et de l'aristocratie boutiquière s'affirme.
Suite au prochain numéro
Le Quai des Orfèvres offre ensuite une longue file de boutiques resplendissantes de pièces d'argenterie [...]On n'a jamais songé à l'alignement des rues, c'est à dire à l'agrandissement futur de la ville : de là les places resserrées, les angles, les détours, l'étranglement des issues, et voilà pourquoi cet ancien quartier offre un spectacle désagréable de maisons petites, écrasées [...]"
L.S.Mercier
Les contemporains éclairés se lamentent sur l'incommodité et la laideur "gothique" de l'antique cité, aux rues "tristes et obscures", aux maisons "trés vieilles et trés mal bâties.
Elle rassemble avec ses quatre ponts bâtis, quelque 800 marchands. La majorité travaille dans l'artisanat de luxe :
- L'orfévrerie (176)
- La gravure sur métaux (107)
- L'horlogerie (88)
- L'imprimerie et la librairie (41)
- La miroiterie (40)
- La bijouterie (31)
Sous-estimée, la mercerie est en retrait (39)
Les vieux ponts liant La Cité à la rive droite (Pont au change, Pont Notre-Dame ) ont toujours concentré le travail de l'orfévrerie.
Jusqu'à la destruction des maisons dans les années 1780, les ponts ont attiré boutiques, échoppes, tentes démontables, siéges d'une activité commerciale prospère, bien que le premier fasse l'objet de critiques croissantes comme lieu d'exposition des "brocanteurs", ( l'expression : "tableau du Pont de Notre-Dame" était synonyme à l'époque de "croûte" )
Le Pont de Notre-Dame (51 marchands) et le Pont au Change (57) offrent un profil similaire, avec une dominante d'orfèvres, de graveurs et de merciers. Habités par des artisans et des marchands reconnus, ils attirent une clientèle choisie, avide d'objets d'art et de curiosité.
En 1499, le Pont Notre-Dame présentait une belle ordonnance de 32 maisons étroites construites de chaque côté sur le même modèle, mais il est en piteux état au 18é siècle, délaissé au profit du Pont Neuf, plus large et aéré.
La sellerie et l'armurerie sont au Faubourg St Germain, ce que la mode est à la rue St Honoré.
Dans le dernier tiers du siècle, le Faubourg StHonoré est en plein essor. Les lotissements, qui ont repris de plus belle depuis la fin de la guerre de sept ans, favorisent le peuplement jusqu'au delà des boulevards, Ville-l'Evêque, Monceau, Chaussée-d'Antin, Grange-Batelière... Accroissement démographique, hausse des loyers, frénésie financière stimulent l'ardeur à bâtir.
Le Faubourg s'affirme comme le nouveau pôle financier et administratif de la Capitale (Domaines, Ferme générale, Compagnie des Indes, tabac,police...)
La présence des élites de la fortune, grande finance et haute noblesse, et de l'aristocratie boutiquière s'affirme.
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Invité- Invité
Re: Paris au XVIIIe siècle
Dans les rues de Paris, on y vit, c'est à dire on vit la plupart du temps dehors.
Alors quel place avaient les enfants vivant à Paris au XVIIIème siècle ?
Les boutiques sont ouvertes sur la rue, c'est à dire que les étalages, comme les marchandises, sont à même les trottoirs, les petits marchands passent dans les rues en appelant le client et en lui vendant du pain, des gâteaux et des objets de toutes sortes...Tout le monde se connaît; marchands, artisans, que ce soit le cordonnier, celui qui fabrique de la dentelle ou du pain, ils sont à même la rue et non à l'arrière d'une boutique avec une vitrine.
L'enfant de Paris participe à tous les grands événements politiques qui se passent dans la ville, tous les événements de la cité. Il possède un véritable rôle dans la ville. Toujours actif, il participe aux émeutes, va chercher les nouvelles, se déplace chez le commissaire de police pour savoir ce qui se passe.
Il y avait beaucoup d'églises au XVIIIème siècle, et on y entrait facilement, on parlait haut, et on criait fort, ce n'était pas du tout comme aujourd'hui où le silence est demandé.
Ainsi, les enfants voyant qu'il y avait beaucoup de personnes dans l'église en train de discuter, leurs tiraient un mouchoir ou une bourse portée à la ceinture, et s'en allaient allègrement.
Les enfants ont un rôle important dans Paris, ils participaient à tout et étaient constamment présents. Ils étaient trés souples, trés malicieux, trés rusés et marchaient énormément dans les rues. Le petit parisien va partout, venant rendre compte à ses parents de ce qui se passe, travaillant pour eux à l'atelier.
( A la bibliothèque des hôpitaux de Paris, ont été conservés les documents concernant les maladies et les soins, ont été gardés tous les petits billets portés par les enfants qui étaient trouvés dans la rue ou abandonnés, sous un portail ou prés d'une église.)
Parfois quand un enfant se perd, il se passe une chose curieuse, au XVIIIème siècle il arrive qu'un passant le prenne chez lui et en attendant de retrouver ses parents si jamais ils tardent, l'envoie par exemple chez une de ses connaissances à la campagne, l'important est que l'enfant soit bien soigné en ettendant ses parents, il y a une sorte d'immédiateté de l'entraide, de solidarité;
Les habitants du quartier sont souvent assez solidaires. De plus, pendant que les parents travaillent, ce sont les enfants qui vont chercher l'information, les nouvelles du pays, le prix des denrées etc...puis ils transmettent les nouvelles.
Ce sont eux qui savent quand va passer le roi dans Paris, alors ils rentrent et disent :
"Le roi va passer, dans trois jours, il y aura une grande messe, il faut venir à la confession, c'est le curé de la paroisse qui l'a dit ."
Extraits : Un enfant dans la ville Arlette Farge
Suite au prochain numéro
Alors quel place avaient les enfants vivant à Paris au XVIIIème siècle ?
Les boutiques sont ouvertes sur la rue, c'est à dire que les étalages, comme les marchandises, sont à même les trottoirs, les petits marchands passent dans les rues en appelant le client et en lui vendant du pain, des gâteaux et des objets de toutes sortes...Tout le monde se connaît; marchands, artisans, que ce soit le cordonnier, celui qui fabrique de la dentelle ou du pain, ils sont à même la rue et non à l'arrière d'une boutique avec une vitrine.
L'enfant de Paris participe à tous les grands événements politiques qui se passent dans la ville, tous les événements de la cité. Il possède un véritable rôle dans la ville. Toujours actif, il participe aux émeutes, va chercher les nouvelles, se déplace chez le commissaire de police pour savoir ce qui se passe.
Il y avait beaucoup d'églises au XVIIIème siècle, et on y entrait facilement, on parlait haut, et on criait fort, ce n'était pas du tout comme aujourd'hui où le silence est demandé.
Ainsi, les enfants voyant qu'il y avait beaucoup de personnes dans l'église en train de discuter, leurs tiraient un mouchoir ou une bourse portée à la ceinture, et s'en allaient allègrement.
Les enfants ont un rôle important dans Paris, ils participaient à tout et étaient constamment présents. Ils étaient trés souples, trés malicieux, trés rusés et marchaient énormément dans les rues. Le petit parisien va partout, venant rendre compte à ses parents de ce qui se passe, travaillant pour eux à l'atelier.
( A la bibliothèque des hôpitaux de Paris, ont été conservés les documents concernant les maladies et les soins, ont été gardés tous les petits billets portés par les enfants qui étaient trouvés dans la rue ou abandonnés, sous un portail ou prés d'une église.)
Parfois quand un enfant se perd, il se passe une chose curieuse, au XVIIIème siècle il arrive qu'un passant le prenne chez lui et en attendant de retrouver ses parents si jamais ils tardent, l'envoie par exemple chez une de ses connaissances à la campagne, l'important est que l'enfant soit bien soigné en ettendant ses parents, il y a une sorte d'immédiateté de l'entraide, de solidarité;
Les habitants du quartier sont souvent assez solidaires. De plus, pendant que les parents travaillent, ce sont les enfants qui vont chercher l'information, les nouvelles du pays, le prix des denrées etc...puis ils transmettent les nouvelles.
Ce sont eux qui savent quand va passer le roi dans Paris, alors ils rentrent et disent :
"Le roi va passer, dans trois jours, il y aura une grande messe, il faut venir à la confession, c'est le curé de la paroisse qui l'a dit ."
Extraits : Un enfant dans la ville Arlette Farge
Suite au prochain numéro
Invité- Invité
Re: Paris au XVIIIe siècle
Watteau, L'Enseigne, dit, l'Enseigne de Gersaint.
Dernier chef d'œuvre de Watteau, peint en 1720 pour le marchand de tableaux Gersaint qui tenait boutique à Paris, pont de Notre dame.
A gauche on voit des aides qui font disparaître dans des grandes caisses des portraits du grand siècle. Alors que sur la droite, les clients admirent un nouveau genre plus raffiné, esthétisant.
Comme nous pouvons le constater, la boutique donne sur la rue, même pouvons nous dire, qu'elle s'ouvre sur la rue. L'enseigne de Gersaint n'est protégée que par un simple auvent.
.
La boutique de mademoiselle Saint-Quentin, marchande de modes, "au magnifique". (Musée du Louvre)
Pierre-Antoine Demachy. Les vendeurs d'estampes au Louvre. ( musée du Louvre )
Vue du Pont au Change ( entre 1768 et 1775 ) Paris ( Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée.
Invité- Invité
Re: Paris au XVIIIe siècle
l'amour menaçant a écrit:Rapport des médecins :
- Crachats d'écume sanguinolente,
- Nécessité de le saigner abondamment
- Est en trés grand danger de perdre l'air. (1er juil. 1775)[/i]"
Quel meilleur remède en effet à une hémorragie que la saignée !!!!
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Paris au XVIIIe siècle
Un excellent ouvrage sur l'ambiance du temps et la petite criminalité ;
Flagrants délits sur les Champs-Élysées: Les dossiers de police du gardien Federici (1777-1791)
Ferdinand de Federici (Auteur), Arlette Farge (Sous la direction de)
Collection Le Temps retrouvé, Mercure de France
Parution : 14-02-2008
http://www.gallimard.fr/Catalogue/MERCURE-DE-FRANCE/Le-Temps-retrouve/Flagrants-delits-sur-les-Champs-Elysees
Flagrants délits sur les Champs-Élysées: Les dossiers de police du gardien Federici (1777-1791)
Ferdinand de Federici (Auteur), Arlette Farge (Sous la direction de)
Collection Le Temps retrouvé, Mercure de France
Parution : 14-02-2008
http://www.gallimard.fr/Catalogue/MERCURE-DE-FRANCE/Le-Temps-retrouve/Flagrants-delits-sur-les-Champs-Elysees
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Paris au XVIIIe siècle
Pour ma part, j'ai aussi adoré ce livre Lucius !
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Paris au XVIIIe siècle
Je me suis amusé hier à marcher de la place de l'étoile à la place du trône, en me préparant un itinéraire afin de n'emprunter que des rues existant à la fin du XVIIIe (époque de construction de la barrière du trône actuelle ! ).
Il est amusant de se rendre compte que presque tout est encore là, et la plupart des rues ont conservé beaucoup de maisons anciennes et leur largeur originelle !
Il est amusant de se rendre compte que presque tout est encore là, et la plupart des rues ont conservé beaucoup de maisons anciennes et leur largeur originelle !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Paris au XVIIIe siècle
Belle ballade !!Lucius a écrit:Je me suis amusé hier à marcher de la place de l'étoile à la place du trône (...)
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Paris au XVIIIe siècle
Alors, alors ! ... des photos ?!! :n,,;::::!!!:
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Paris au XVIIIe siècle
Rien qui ne sorte trop de l'ordinnaire, donc je n'ai pas pris de photo ! Qui ne connait pas la rue St Honoré, la rue St Antoine ?
Par contre j'ai eu le plaisir de trouver ND de l'Assomption ouverte ! Le décor est beaucoup plus élégant que l'extérieur, assez disproportionné.
Mais si l'occasion se présente, je pourrai en faire un petit reportage ! Mais à part le trajet, je ne vois pas ce qui pourrait vous être nouveau !
Ce n'est qu'une grosse heure et demi de marche, LNLN ! Rien de très effrayant !
Par contre j'ai eu le plaisir de trouver ND de l'Assomption ouverte ! Le décor est beaucoup plus élégant que l'extérieur, assez disproportionné.
Mais si l'occasion se présente, je pourrai en faire un petit reportage ! Mais à part le trajet, je ne vois pas ce qui pourrait vous être nouveau !
La nuit, la neige a écrit:Belle ballade !!Lucius a écrit:Je me suis amusé hier à marcher de la place de l'étoile à la place du trône (...)
Ce n'est qu'une grosse heure et demi de marche, LNLN ! Rien de très effrayant !
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Paris au XVIIIe siècle
Hélas pour moi, si. :Lucius a écrit:
Ce n'est qu'une grosse heure et demi de marche, LNLN ! Rien de très effrayant !
Mais c’est vrai que cette promenade doit être agréable, bien plus que la traversée de Paris du Nord au Sud.
Enfin, à mon avis.
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Paris au XVIIIe siècle
Vue du Pont Neuf et la pompe de la Samaritaine vus du quai de la Mégisserie à Paris, 1777 ( Paris, musée Carnavalet ) peint par Nicolas Raguenet ( 1715-1793 )
Invité- Invité
Re: Paris au XVIIIe siècle
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Paris au XVIIIe siècle
C'est vrai que depuis que le baron Haussmann est passé par là au XIXème siècle, Paris est encore plus belle. J'écoute parfois Mouloudji chanter "Paris", il y décrit ce gris habituel qui donne le cafard aux visiteurs, mais il y a le charme fou qui ne laisse personne indifférent. J'en veux pour preuve les très bonnes statistiques touristiques de 2017 en France et dans sa capitale.
Au XVIIIème, il devait y avoir déjà les beaux quartiers (l'incontournable Champs-Elysées et ses environs avec ses hôtels particuliers) et quartiers miséreux qui sont relatés dans "Les mystères de Paris" de E. Sue. 2 mondes !!!!
Au XVIIIème, il devait y avoir déjà les beaux quartiers (l'incontournable Champs-Elysées et ses environs avec ses hôtels particuliers) et quartiers miséreux qui sont relatés dans "Les mystères de Paris" de E. Sue. 2 mondes !!!!
Dernière édition par Trianon le Mar 13 Fév 2018, 18:27, édité 1 fois
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Paris au XVIIIe siècle
J'aime bien, Tritri, que vous parliez de Paris au féminin .
Qui chantait " Paris est une blonde " ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55500
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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