Vézelay

Oui en plus elle a eu une belle histoire.

La scène centrale pourrait ressembler à une cène... que nenni !
Il s'agit du festin du mauvais riche entourée de ses deux épouses, dont l'illégitime, qui est celle de gauche : elle se caresse les cheveux , toujours ce signe de péché...
Je n'ai pas de photographie du Pauvre Lazare qui est sur la gauche du chapiteau, et qui se nourrit des miettes que daignent laisser tomber les nantis... deux chiens lèchent les plaies des jambes de Lazare...


De l'autre côté on a la conséquence de ces attitudes...

Le pauvre Lazare meurt misérablement dans la rue, comme il a vécu...
Et il n'a qu'une seule chose à offrir au Seigneur : son âme qui est si pure qu'elle est figurée par un nouveau né entourée d'une mandorle ( auréole en forme d'amande) qui est accueillie par les anges du ciel.

C'est tout différent, dans la partie centrale de ce chapiteau, encore :


Le mauvais meurt luxueusement dans un lit monumental, toujours entouré de ses deux épouses.
Sous son lit, il cache sa richesse (la mauvaise richesse matérielle figurée par deux bourses) qu'il n'emportera pas avec lui puisqu'un serpent la lui dévore...
En signe de péché c'est par la bouche qu'il crache son âme qui est si mauvaise que les démons de l'Enfer eux-mêmes n'osent pas la prendre à pleine main : ils utilisent des pincettes...

La partie droite du chapiteau nous montre l'accueil au Paradis du pauvre Lazare par le patriarche Abraham qui a un côté gaulois avec ses moustaches à la Vercingétorix :


Bien à vous.

Voici le chapiteau le plus célèbre de Vézelay, le Moulin mystique qui figure un homme versant le grain dans un moulin et un autre en recueillant la farine ...
Regardez cet homme de gauche, qui a l'habit court des esclaves, c'est Moïse, il a le même visage que celui du Veau d'Or ; dans le grain qu'il verse, il faut voir le symbole de l'Ancien Testament, dans le moulin, marqué de la croix grecque, voyez Jésus qui fait le lien entre l'Ancien et le Nouveau Testament ici figuré par la farine que recueille Saint Paul qui a l'habit long des affranchis et qui a reçu la mission d'évangéliser la Terre entière.
Par la puissance symbolique de ce chapiteau, on sait qu'on peut l'attribuer au même maître d'oeuvre que celui qui a réalisé le Tympan du narthex .


Bien à vous.

La Luxure est représentée par cette femme à la chevelure enflammée qui se tire les seins et qui est rongée par un serpent...


Le Désespoir est incarné par ce démon à la chevelure en feu aussi qui , comble de désespoir pour un démon, ne supporte plus le mal qu'il fait si bien qu'il se tort sur lui-même et qu'il est en train de se suicider:


On me dit souvent qu'il se fait hara kiri :


Bien à vous.

Incongru que ce chapiteau au thème mythologique, n'est-ce pas ?
Eh bien il relate donc l'enlèvement du berger Ganymède par le roi des dieux de l'Olympe, Zeus, métamorphosé en aigle... Un compagnon du berger tente de le secourir... et crie au secours !!!
Ce chapiteau a pour but de dénoncer l'homosexualité qui pouvait régner dans les monastères...

Comme les enfants, je vous invite à regarder sur la droite :

Voyez le démon qui a inspiré cet acte et qui est obligé d'élargir son sourire à l'aide de ses doigts pour pouvoir exprimer son contentement !


Bien à vous.

A gauche, l'on voit Judas qui , désespéré de la mission qu'il a eue dans la Passion du Christ , se suicide, il se pend à un arbre, sa langue pend de façon très éloquente...

Mais l'image que j'aime beaucoup c'est à droite, Jésus qui vient dépendre Judas, son disciple, et qui le porte sur ses épaules comme le bon pasteur porte l'agneau mystique... et c'est un signe de rédemption en cette fin d'enseignement de la catéchèse de cette Bible sculpturale qui marque l'espérance en laquelle les pèlerins peuvent croire !

Ce chapiteau est dans la partie haute de la nef, mais je tiens à terminer la partie "chapiteaux" de la visite par celui-ci à cause de son message... boudoi30


Bien à vous.

Comme les pèlerins, sortons par le Sud ...


Ce tympan relate le cycle de la Nativité:

à gauche en bas, l'Ange Gabriel vient prédire à Marie qu'elle va enfanter le Messie, c'est l'Annonciation,
suivie, au centre , par la Visitation: Marie va rencontrer sa cousine Élisabeth, elle-même enceinte du dernier prophète, saint Jean le Baptiste... et qui se termine par la naissance de Jésus...



La crèche s'inscrit dans un demi-cercle, toujours ce signe de perfection divine:
Marie est allongée, Jésus repose sur elle. Marie est veillée par Joseph qui exprime , dirait-on, sa perplexité par ce geste du bras.... et à ses côtés une femme voilée... c'est une sage-femme dont la présence est racontée dans un évangile apocryphe selon lequel elle aurait plongé la main dans la nature de Marie pour constater sa virginité... àè-è\':
Regardez Joseph... et voyez, dans sa prolongation l'étoile du berger ... la scène est éclairée par la fenêtre de sa droite et l'on a joué avec la dentelle de sculpture d'ornement pour que soit provoquée tout autour de cette étoile un ombrage qui la met en valeur.

Le haut du tympan représente l'adoration des rois mages...


On était donc entré par le Nord avec en signe de doute l'épisode des pèlerins d'Emmaüs, on ressort avec le cycle de la Nativité symbole du renouveau de la foi après avoir reçu la catéchèse racontée par cette bible de pierre qu'est la basilique de Vézelay.

En guise d'envoi en mission, voici cet ange à l'olifant qu'aimait Paul Claudel qui a vécu à Vézelay et qui l'a qualifié de HOURRA de pierre



Bien à vous.

Je tiens à clore cette visite cybernétique de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay par cette image créée par un précieux ami de la Colline Éternelle à partir du Christ du narthex :


Bien à vous.

Merci pour cette magnifique et spirituelle visite ! boudoi30

J'aurais aimé être l'auteur de ces mots de Jules Roy, tant ils me parlent boudoi30 :

"Aucun lieu n'est, semble-t-il, à la fois plus léger et plus pesant, plus fatal. Qui le touche s'y brûle et ne se remettra jamais de son approche, même à distance. Qui a bu de son vin aura toujours soif. Ton sein est une coupe arrondie où le vin ne manque pas... Qui s'est réchauffé à ses flammes aura toujours froid ailleurs. Qui a contemplé une fois cette ville et ses remparts ne pourra plus se passer d'elle, qui a dormi là ne rêve que d'y mourir. Quelque chose d'indéfinissable, peut-être d'infini, vibre en soi, qui agit dans la conscience ou l'inconscience, les articulations et les replis du corps et de l'âme, dans la lumière ou dans le trouble."



Vézelay ou l'Amour fou, Albin Michel, 1990.


Bien à vous.

Majesté , puisses-tu apprécier ce petit article que j'aime à la folie , car il évoque le druidisme , un univers symbolique qui m'est précieux et ô combien infiniment , majestueux  :

Vézelay, étude tellurique et symbolique

Roche des fées, Pierres enchantées, Pierre qui vire, dûment cimentée pour l'empêcher de pirouetter, sur laquelle on percha une statue de la Vierge avant de la flanquer d'un monastère.

Nous sommes en pays éduen, en Gaule chevelue, en terre druidique. Les moines ont bien tenté de ramener ce joli monde dans le giron ecclésial. Ils ont même cru y réussir. L'écrivain- paysan Henri Vincenot lisait dans les églises du coin une tout autre chanson: celle des compagnons maçons, héritiers du savoir druidique. Ceux-là savaient manier le nombre d'or et la corde à treize nœuds pour insuffler aux édifices sacrés leur science des énergies cosmiques, des courants telluriques irriguant les maisons de Dieu.

La basilique n'y échappe pas, bien au contraire. Pour qui voudrait s'adonner au déchiffrement des symboles cachés, sachez qu'elle en est toute truffée: ce serpent qui se mord la queue, au pied du premier pilier nord de la nef, ne figure-t-il pas les connaissances druidiques? Les marques des tailleurs de pierre, semées sur presque chaque mœllon, ne dessinent-elles pas l'équerre et le compas, instruments du Grand Architecte? l'hexagramme et la feuille de chêne des druides? Et ces spirales sculptées dans les plis compliqués du vêtement du Christ, au tympan du narthex, on les aurait mises là pour faire joli? Vincenot se plaisait à voir le dieu celte Lug dans ce Jésus aux mains immenses, bizarrement vierges de tout stigmate. Et puis il croyait à la vouivre, un courant tellurique qui traverserait le mont Scorpion, source du Bien et du Mal qui s'affrontent ici depuis la nuit des temps.(extrait d'un article de Marion Festraëts paru dans l'express)

Merci, mon cher Aeon , pour cet intéressant article qui ouvre une nouvelle perspective d'interprétation de ce si complexe tympan.
Sois le bienvenu dans le forum de Marie-Antoinette


Bien à toi :n,,;::::!!!:

J'ai toujours trouvé très intéressant de ramener les lieux romans (ou autres plus récents) à leurs origines celtiques.
Merci.

Bonsoir et bienvenue parmi nous, Aeon !

Merci mes chers ouailles, puissiez-vous cultiver cet autre approche avec modération, ou pas :

Il y avait beaucoup plus, mais c'était assez pour, s'il vous en convenait, fouiller davantage

*courbette*