Yolande de Polastron, duchesse de Polignac (1749-1793)

Österreich a écrit:Quelle belle amitié !!!    :&\"\'(-(\': :&\"\'(-(\': :&\"\'(-(\': 

Oui, certes, bien émouvante ...   mais qui leur fut fatale, à toutes les deux, hélas, trois fois hélas!
Voyons les choses en face, notre Reine avait bien des devoirs, mais deux avant tout : de représentation et de procréation. Or, cette représentation était pour Marie-Antoinette une véritable corvée  déjà bien avant qu'elle ne se coiffe de Yolande de Polignac .
Quand la rencontre et le coup de foudre (amical certes, mais cela tient du coup de foudre) a eu lieu, la Reine n'a eu de cesse de fuir la Cour et Versailles à Trianon que Louis XVI venait de lui offrir un an auparavant, pour y goûter les joies de l'intimité avec l'amie qu'elle avait élue.

A Trianon, Marie-Antoinette entendait vivre comme une particulière, au grand dam de toute la Cour qu'elle s'est bel et bien mise à dos, irrémédiablement. Et, j'ai le regret de le dire, Yolande l'encourageait dans cette voie, n'aimant pas non plus, elle-même, la Cour, son faste, ses intrigues et artifices ...

Les deux jeunes femmes passaient des journées entières ensemble, excluant le reste du monde .  Les langues se sont déchaînées, et le public se jetait avec délectation sur tous les écrits orduriers dont des Orléans, Provence, d'Aiguillon, Mme Adélaïde (vieille toupie,va !) and co payaient la rédaction à des folliculaires de tout poil (Choderlos de Laclos, Beaumarchais, Thevenot de Morande etc ... etc .... ) Ce fourbe de Maurepas les collectionnait et les faisait passer en lousdé au château de Bellevue de Mesdames Tantes !

Et puis, quand ce sont les débuts de la Révolution, pour ne pas être broyé par elle, Louis XVI devrait sauter dans le train en marche pour tâcher de le diriger, n'est-ce pas !  C'est ce que lui conseille Necker.  Mais Marie-Antoinette, poussée par les princes du sang et la faction Polignac (Vaudreuil derrière Artois) lui prône au contraire l'autorité ... et tout va de Charybde en Scylla ....

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La duchesse de Polignac est-elle considérée comme une "débauchée" par les pamphlétaires parce-qu'elle a pris un amant en la personne du comte de Vaudreuil?

Cosmo a écrit:La duchesse de Polignac est-elle considérée comme une "débauchée" par les pamphlétaires parce-qu'elle a pris un amant en la personne du comte de Vaudreuil?

Non absolument pas . Mme de Polignac intéresse les pamphlétaires pour la mettre en scène ( de débauche, ou bien d'intrigues politiques ) avec Marie-Antoinette et le comte d'Artois .

Vaudreuil passe au second plan. Il est cependant le principal acteur du Descampativo, jeu échangiste lors duquel il entraîne Marie-Antoinette dans les fourrés sous l'oeil indifférent ( pour ne pas dire bovin ) de Louis XVI .

Mais, là encore, cher Cosmo, nous brûlons les étapes.

Par exemple, il est impropre de dire que Mme de Polignac ait pris un amant en la personne du comte de Vaudreuil, même s'ils furent amants en effet .
Je reviendrai sur cette relation.

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Bien, chef !    

Cosmo a écrit:Bien, chef !

         

Vaudreuil manipulait Mme de Polignac, certes, mais Yolande était tout autant sous la coupe de sa belle-soeur Diane qui dominait elle-même toute la famille de Polignac. On obéissait à Diane (que le Roi lui même se serait bien gardé de contrarier ) au doigt et à l'oeil. MM. de Besenval et d'Adhémar, comme Vaudreuil et Diane, manipulaient également Yolande comme un pion sur un échiquier ... ou du moins essayaient-ils. Sur le plan politique ce n'était pas probant. Mais pour obtenir des charges, rentes diverses, dettes épongées, etc ... Cela marchait à tous les coups !

Mme de Polignac était nonchalante et se laisser volontiers conduire. On a dit qu'elle "intriguait par faiblesse" (Mme de Boigne notamment) parce qu'elle était entourée de courtisans plus gourmands qu'elle d'honneurs et d'argent. Ils ne se faisaient pas faute de la pousser en avant puisqu'elle avait ce pouvoir de tout obtenir de l'amitié de Marie-Antoinette.
Cela lui pesait .  Souvent elle regimbait , mais Diane savait arriver à ses fins.
Quant à Vaudreuil ... il avait d'autres arguments.

Cela n'empêchait pas Yolande d'être trés profondément et très sincèrement attachée à la Reine qu'elle n'a quittée que contrainte, forcée, et la mort dans l'âme, au lendemain de la prise de la Bastille.

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Quand finalement le peuple apprendra l’existence de Yolande comme amie de la Reine, et quand le peuple commencera à manifester de la haine envers le clan
Polignac ?

Mme de Sabran a écrit:Vaudreuil manipulait Mme de Polignac, certes, mais Yolande était tout autant sous la coupe de sa belle-soeur Diane qui dominait elle-même toute la famille de Polignac. On obéissait à Diane (que le Roi lui même se serait bien gardé de contrarier ) au doigt et à l'oeil. MM. de Besenval et d'Adhémar, comme Vaudreuil et Diane, manipulaient également Yolande comme un pion sur un échiquier ... ou du moins essayaient-ils. Sur le plan politique ce n'était pas probant. Mais pour obtenir des charges, rentes diverses, dettes épongées, etc ... Cela marchait à tous les coups !

Mme de Polignac était nonchalante et se laisser volontiers conduire. On a dit qu'elle "intriguait par faiblesse" (Mme de Boigne notamment) parce qu'elle était entourée de courtisans plus gourmands qu'elle d'honneurs et d'argent. Ils ne se faisaient pas faute de la pousser en avant puisqu'elle avait ce pouvoir de tout obtenir de l'amitié de Marie-Antoinette.
Cela lui pesait .  Souvent elle regimbait , mais Diane savait arriver à ses fins.
Quant à Vaudreuil ... il avait d'autres arguments.

Cela n'empêchait pas Yolande d'être trés profondément et très sincèrement attachée à la Reine qu'elle n'a quittée que contrainte, forcée, et la mort dans l'âme, au lendemain de la prise de la Bastille.

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On est loin des clichés que certains aiment affliger à Yolande...

Österreich a écrit:Quand finalement le peuple apprendra l’existence de Yolande comme amie de la Reine, et quand le peuple commencera à manifester de la haine envers le clan
Polignac ?

Le peuple ne connaîtra Mme de Polignac que lorsqu'elle deviendra l'un des boucs émissaires de la Révolution . Les pamphlets les plus orduriers pleuvront de toutes parts, surtout à partir de 1789. La tête de Yolande sera mise à prix au café du Caveau, au Palais Royal .

Marie-Antoinette, lors de son procès, sera accusée d'avoir dilapidé des sommes pharaoniques pour les Polignac .

Fouquier :
" A quelle époque avez-vous employé les sommes immenses qui vous ont été remises par les différents contrôleurs des finances ? "

Marie-Antoinette :
" On ne m'a jamais remis de sommes immenses, celles que l'on m'a remises ont été par moi employées pour payer les gens qui m’étaient attachés. "

Fouquier :
" Pourquoi la famille Polignac et plusieurs autres ont-elles été par vous gorgées d'or ? "

Marie-Antoinette :
" Elles avaient des places à la cour qui leur procuraient des richesses."


A la Cour, en revanche, la comtesse Jules ( comme on l'appelait alors pour la différencier de sa belle-soeur Diane ) suscita la plus grande curiosité dès 1775 lorsque Marie-Antoinette posa les yeux sur elle .

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Très bonne réponse de Marie-Antoinette !!!
C'est là qu'on voit que tout était bon pour le procès faute de preuves...
Orléans avait bien travaillé je pense à la mauvaise pub de la Duchesse...  :::!!!ùùù^^^^: :::!!!ùùù^^^^: :::!!!ùùù^^^^: 

M. et Mme de Polignac ne méritaient pas la haine qui les poursuivait. J'avoue qu'ils cédaient à la flatterie et à l'importunité de leur clientèle ; qu'ils prêtaient l'oreille à la voix de conseillers pernicieux, et que, se laissant éblouir par la fortune, ils tombaient dans des erreurs et s'égaraient dans une fausse route ; mais y eut-il jamais une cour dans aucun temps, ni de courtisans ou de faux courtisans qui, dans une situation semblable, aient montré moins d'avidité, moins d'orgueil, ou qui aient commis moins de fautes ? Croit-on qu'il soit bien aisé à celui qui s'établit juge des faiblesses humaines d'en fixer la mesure, le terme et le but ? Doit-il condamner tout ce qui dépose contre l'ordre de ses idées ? Ne doit-on pas calculer en même temps la situation où s'est trouvé l'accusé, et en pesant tout avec impartialité, mesurer la largeur et la profondeur du torrent qui l'entraînait ? [...]
En quoi consistent les abus de pouvoir qu'on lui [famille de Polignac] impute ? Des services rendus à ses amis, un titre de duc et de hautes charges à la Cour pour lui-même ; de l'or, si l'on veut. Mais les hommes prennent de l'or partout où ils le trouvent, bien qu'il soit plus noble de le dédaigner.
La faveur de la Cour enlevée à leurs concurrents, voilà en quoi consistaient l'exercice et l'abus du pouvoir des Polignac, voilà ce qui leur fit attribuer un crédit illimité dans les différentes branches de l'administration ; voilà ce qui les fit regarder pendant plusieurs années comme les maîtres de la monarchie .

( Mémoires de Tilly )

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Il est évident qu'ils étaient humains avant tout !!!

Eh bien! on a tant vilipendé la famille de Polignac. Merci pour vos remarques.   D'ailleurs, dans de nombreuses biographies d'aujourd'hui, on continue à colporter la chose.
Le plus important, c'est que la comtesse de Polignac et Marie-Antoinette aient été très proches, de véritables amies, l'une faisant rire l'autre. La comtesse était une femme très "simple" qui apportait du baume au coeur à notre Reine.

Voici la signature de Mme de Polignac !   



La calligraphie est typique de cette époque où les écritures très rondes, tellement XVIIème, se font rares.
Mme de Polignac avait un caractère complexe. Les mémorialistes font toujours état de sa douceur, son aménité, sa nonchalance qui confine à la paresse. Elle apparaît comme discrète, presque "en demi teinte", ne se mettant jamais en avant ... Elle cultive une humeur égale et méprise les petites intrigues de la Cour. Tout cela est vrai, pourtant, il serait faux de croire qu'elle manque de caractère.

Elle n'est pas une intellectuelle mais une affective, et une passionnée. Un rien peut la blesser très fort.
Vous savez comme elle se frappe ! écrit Vaudreuil à Artois ...
Elle est très susceptible, soupe au lait, se fâchant au quart de tour si elle estime qu'on lui a manqué.

Mais elle peut aussi affronter avec le courage du désespoir les émigrés qui, après Varennes vilipendent violemment Marie-Antoinette et la taxent de collusion avec les révolutionnaires.

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Elle n'était pas grande, mais elle avait un gracieux maintien très délié. Elle dansait à ravir et, selon le mélomane Bombelles, chantait à la perfection en s'accompagnant à la harpe, à l'épinette ...
Et nous pouvons croire Guy le Gentil de Paroy quand il nous dit qu'elle dessinait et peignait des heures durant avec lui.

J'ai sous les yeux le contrat de mariage de Jules et Yolande.
Il fut établi par Jacob-Nicolas Moreau .

Evidemment, je ne puis vous taper in extenso ce document tout de même très long, en voici l'extrait fournissant les nom et prénoms de la mariée:

" Très haut et très puissant seigneur monseigneur Jean-François-Gabriel de Polastron, comte de Polastron, baron de Saint-Michel, seigneur de Saint-André, Laurac, La Barthe, Gourbielle et autres lieux, gouverneur pour le Roy des villes et château de Castillon et Castillonet sur Dordogne, colonel d'infanterie et cy devant du régiment de la Couronne, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, demeurant ordinairement dans la ville de Toulouze, étant présentement à Paris, logé rue et paroisse Saint-André-des-Arts, stipulant pour très haute et très puissante demoiselle mademoiselle Yolande-Gabrielle-Martine de Polastron, sa fille mineure et de défunte très haute et très puissante dame madame Jeanne-Charlotte Hérault, son épouse en première noces, ladite demoiselle de Polastron demeurant chez madame la comtesse d'Andlau, sa tante ci après nommée, rue de Grenelle, quartier de Saint-Germain-des-Prés, paroisse Saint-Sulpice, à ce présente et de son consentement, d'autre part; ..... etc ..... "

Vous notez la manière un peu redondante de présenter "seigneur monseigneur" "demoiselle mademoiselle" "dame madame" ...

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Que j'aime ce fil! 
Vaudreuil est un petit profiteur. Je me demande s'il aimait vraiment Yolande.

Ne te le demande pas : il l'aimait .

Ah bon quand même. Donc si je comprends bien il a joint l'utile à l'agréable avec toutes ses petites combines. 
 :,;:!ùù^^^$:

Oui, certes on peut le voir ainsi .
Mais il aimait la future Mme de Polignac bien avant la faveur, et même bien avant son mariage . 
Attends que je retrouve certain poème écrit par lui pour elle, et que je posterai dans son sujet ! 

Comment se fait-il que le duc de Polignac n'ait rien trouvé à redire? Avait-elle trouvé le moyen de lui faire agréer cette liaison comme dirait l'autre?  

Attends ! J'y arrive .  :n,,;::::!!!: 

Mme de Sabran a écrit:
Vous notez la manière un peu redondante de présenter "seigneur monseigneur" "demoiselle mademoiselle" "dame madame" ...

Le mieux est encore très haut(e) et très puissant(e)...
Et je retiens le Toulouzzzzze.... : 

La nuit, la neige a écrit:
Et je retiens le Toulouzzzzze.... : 

Zeanne ! Zors de ze corps !!!  : 

Madame de Polignac, comtesse puis duchesse, et gouvernante des Enfants de France, est restée à Versailles jusqu'en 1789.

Le 14 juillet, le peuple prend la Bastille. le 15, on met le roi au courant, et le 16, il se rend à l'assemblée, en compagnie de ses deux frères. Il revient au château à pied, entouré des députés et du peuple qui l'accompagnent jusque dans la Cour de Marbre.

Le Roi, la Reine, la famille royale paraissent au balcon, mais sans madame de Polignac, à qui on a demandé de ne pas se montrer. cette dernière aurait dit à madame Campan :

"Ah ! Madame! quel coup je reçois"

L'absence de la duchesse avait été remarquée.

"Ah dit une femme désappointée, la duchesse n'est pas avec elle !
- Non, répondit un homme, mais elle est encore à Versailles ; elle est comme les taupes ! Elle travaille en dessous, mais nous saurons piocher pour la déterrer !"

Madame Campan avait entendu ce discours et, affolée, l'avait rapporté à Marie Antoinette. Depuis la matinée, on avait rapporté à la souveraine nombre d'avertissements du même genre. Cette dernière s'était donc résolue à demander à son amie bien aimée de quitter Versailles et la France pour se mettre à l'abri.
A minuit, Madame de Polignac et sa famille montent en carrosse pour s'enfuir. On apporte à la duchesse un billet de la Reine

"Adieu la plus tendre des amies, le mot est affreux ; voilà l'ordre pour les chevaux. Adieux. Je n'ai que la force de vous embrasser."

Le départ de madame de Polignac ne se fit pas sans danger. On la cherchait partout. A Sens, le postillon de la voiture la reconnut mais garda pour lui cette découverte, lui sauvant probablement la vie. C'est au poste suivant qu'il lui déclara :

"Madame de polignac, il y a des gens honnêtes en ce monde. je vous ai tous reconnus à Sens ".

Madame de Polignac et la Reine continuèrent de s'écrire.

Madame de Polignac et sa famille errèrent de pays en pays, en Suisse, En Italie, à Rome, à Venise, puis aboutirent à Vienne en 1791.

La duchesse déchue dépérissait, n'avait plus le goût à rien, ne cessait de pleurer. Elle reçut le coup, fatal lorsque la nouvelle de l'exécution de son amie lui parvint en 1793.

Son agonie commença. Atteinte par un cancer, dévorée de douleur et de chagrin, Yolande Martine Gabrielle de Polastron Polignac s'étégnit le 5 décembre 1793, deux mois après la mort de celle qui avait été son amie.

On gravera sur sa pierre tombale "morte de douleur ".

un an plus tard, son père était guillotiné.

Ceux qui écrivent sur la Reine sont souvent sévères envers madame de Polignac que l'on considère comme une profiteuse, une opportuniste, ... les termes ne manquent pas.

Mais la fin tragique de la duchesse semble montrer que son amitié était sincère. Ou qu'elle l'a été à une période. Et la reine avait pour elle une affection sincère. Quels que soient les reproches que l'on puisse faire à madame de Polignac, on ne pourra pas lui enlever cela.

Voici un très bon résumé, merci Attachboy !   

Toutefois je dois préciser que Mme de Polignac ne sut pas que Marie-Antoinette avait été exécutée . Son fils Armand, qui lui apprit la mort de son amie, voulut lui cacher cette réalité trop atroce . Il lui dit que la reine était morte de privations dans sa prison .