La cocarde blanche et les cocardes tricolores

En 1830, l’ordre des couleurs, du moins tel que nous le connaissons aujourd’hui, paraît fixé...

Il paraît tellement normal, habituel, que je n'avais jamais imaginé tous ces tâtonnements pour y arriver !

La nuit, la neige a écrit:Cela m'agace, tout de même, de ne pas retrouver une histoire simple et précise de l'agencement des couleurs des cocardes de la Révolution, de l'Empire, jusqu'à la Monarchie de Juillet.

Ce ne sont pas les nombreuses sources d'illustrations qui manquent !!

Bon, j'arrête de me torturer l'esprit avec cette question ô combien existentielle, du moins pour ce qui concerne la période révolutionnaire qui précède l'Empire !


Présenté dans notre sujet : Palais de justice de L'île de la Cité, salle du tribunal révolutionnaire


Décors révolutionnaires (1793)
Papier peint avec emblèmes et devises révolutionnaires, 1793
Gouache sur papier chiffon (80 x 60,5)
Archives nationales, AE/II/3769
Image : Bibliothèque nationale de France

Présentation de la BNF :

Ce papier peint, orné de symboles révolutionnaires, tapissait les murs de la salle de réunion du Comité de Salut public.

Installé dans le palais des Tuileries, devenu Palais national, le Comité de Salut public, créé le 6 avril 1793 par la Convention, occupait la Petite galerie située entre le « Pavillon de l’Unité », où se trouvaient localisées les Archives nationales, et le « Pavillon de l’Égalité » (respectivement, anciens Pavillon de l’Horloge et Pavillon de Flore).

Les papiers peints en couleurs, qui se sont largement développés dans le courant du XVIIIe siècle, se caractérisaient par des motifs géométriques ou floraux et des dessins en trompe-l’œil. Imprimé à la planche, ce matériau de décoration était propice à la diffusion d’une iconographie républicaine.
On retrouve ainsi les emblèmes qui vont incarner jusqu’à nos jours la République :


Les faisceaux de licteur, héritage antique, symbole de l’union et de la force armée ; le bonnet phrygien, orné d’une couronne de lauriers, fiché sur une pique ; les cocardes et bandeaux aux trois couleurs encore disposées sans ordre fixe ; la devise « Liberté, Égalité », les deux principes qui figurent dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (la triade « Liberté, Égalité, Fraternité » n’étant officialisée qu’en 1848) ; un message d’unité, « Soyons unis, nous serons invincibles », qui s’explique par le contexte armé difficile de la France de 1793.
(...)

Tout de même ce papier peint ...
Si ce n'est lui, c'est donc son frère ( ou son cousin issu de germains ) avec petites variantes !

Une évocation de la cocarde tricolore : Ruban dit de Madame Adélaïde, offert à Alexandre Lelong, huissier de son cabinet.. Vers 1790.


Musée Galliera.

Un exemple de cocarde cousu au revers d'une veste façon carmagnole (c'est à dire une veste courte). Après aout 1792.




Musée Galliera

La cocarde est comme flambant neuve, sur cette veste vraiment très élimée ...
 Ce ne doit pas être la cocarde d'origine.

Je crois plutôt l'inverse. Il s'agit à mon avis d'une cocarde d'origine posée sur un vieux vêtement. Une veste "façon carmagnole" bricolée à partir d'un habit plus ancien de énième main provenant d'un fripier, voir même de plusieurs morceaux d'habits comme le suppose Galliera.
Le propriétaire de cette veste devait être un sans culotte d'une classe très populaire, insuffisamment fortuné pour s'offrir une carmagnole neuve dont la coupe était différente ; plus courte, sans poche et à double boutonnage.
Les cocardes étaient en revanche bon marché, à la portée du plus grand nombre. Celle ci correspond exactement à celle de la frise du papier peint.

Celle ci est tout de même plus chic  

vers 1790, LACMA.

Marie-Jeanne a écrit:Celle ci est tout de même plus chic  
.

Il faut dire qu'elle est bien portée ...   pas mal du tout ce petit sans-culotte !  
On ferait bien la Révolution .

Les couleurs sont respectées mais leur verticalité surprend .
C'est curieux toute cette variété de cocardes avant que l'ordre du bleu blanc rouge ne soit fixé, et gravé dans le marbre pour la postérité.

Marie-Jeanne je possède ce chapeau, mais je ne me souviens plus du nom qu'il porte. Sur le mien j'y ai mis une cocarde blanche. Il doit bien y avoir une photo qui traine dans le forum
C'est très intéressant cette histoire de cocarde.

Je ne suis pas spécialiste de la vêture masculine mais il pourrait s'agir d'un bicorne provenant à l'origine d'un uniforme militaire.
Sa forme évoque déjà les célèbres couvres-chef de Napoléon.
En tout cas il est superbe et vous devez l'être tout autant quand vous portez le vôtre cher Monsieur de Talaru

Ce n'est pas un bicorne, même si l'allure est identique, il porte un nom tout particulier ce chapeau et j'en rage de ne pas me souvenir de ce nom

Marie-Jeanne a écrit:
En tout cas il est superbe et vous devez l'être tout autant quand vous portez le vôtre cher Monsieur de Talaru

Je confirme que notre François est absolument superbe en costume et me tombe comme une mouche !

Exemple de panoplie du parfait sans-culotte : Bonnet phrygien à cocarde, carmagnole de laine et pantalon de travail à pont en toile rustique.



Vers 1790, LACMA.

Rappelons que la cocarde est censée avoir été rageusement piétinée lors du fameux banquet des Gardes du corps de l'automne 1789, histoire d'envenimer encore un peu plus la fermentation ambiante ...
Notre sujet :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2922-le-banquet-des-gardes-du-corps-1er-octobre-1789?highlight=banquet

Inattendu !        Joséphine de Beauharnais et Hortense regardant la cocarde révolutionnaire.
Ce tableau est conservé au Musée de la Révolution à Vizille.

Nous nous souvenons qu'Alexandre de Beauharnais avait tout d'abord salué avec enthousiasme les idées nouvelles.  Ce qui ne le sauvera pas de la guillotine...


https://fr.wikipedia.org/wiki/Hortense_de_Beauharnais#/media/Fichier:La_cocarde,_Mus%C3%A9e_de_la_r%C3%A9volution_fran%C3%A7aise.jpg

Eh bien merci, mais enfin on se demande bien pourquoi ce tableau représenterait Joséphine et Hortense ?  
Qui est la mère, qui est la fille ?

Personnellement, je ne vois guère de ressemblance physique entre le personnage du premier plan et ce que nous connaissons des portraits de la future impératrice.

Oui, n'est-ce pas !    Pourquoi pas Félicité et Paméla ?!  
C'est une identification fantaisiste .

Leur accoutrement n'est-il pas non plus un peu curieux pour l'époque ?

Si si, de même que les coiffures .

Elles pourraient aussi bien être des femmes de 1830 ( « nous étions aux Trois Glorieuses », dixit l’air de Véronique...). Deux femmes du temps de Louis Philippe qui méditent sur le retour des trois couleurs... (je brode, je brode...)

Ah mais oui, ce n'est pas impossible, cher Févicq !
Et je pencherais volontiers pour deux soeurs ou amies plutôt que mère et fille, car elles sont " en cheveux " comme des jeunes-filles .