Le baron Pierre-Victor de Besenval

La nuit, la neige a écrit:Et dire que cette "salle de bains" ne fut utilisée qu'une seule fois...

Ah, tais-toi ! ... et avec une pneumonie à la clef !

Bonjour à tous,

En faisant des recherches sur le baron de Besenval pour une communication dans un colloque suisse, je tombe sur votre forum et sur le rappel de l'article que je lui avais consacré en 2013 dans le magazine Historia. Je voudrais tout d'abord vous indiquer que cet article, destiné à un magazine de "vulgarisation" - ce qui ne signifie pas d'approximation -, ne comporte pas de notes ou de références comme c'est l'usage et compte-tenu du fait que la place nous est strictement mesurée.

Cependant, constatant que certains s'interrogent sur le fait que Besenval ait été ou non l'amant de Gabrielle de Polignac, je voudrais revenir sur ce point. Je n'ai pas l'habitude de faire parler les sources sous la torture, quant à faire de Mme de Polignac une nymphomane effrénée, mon absence totale d'imagination, comme c'est le cas de la plupart des historiens ou historiennes, me l'interdit. Au demeurant, aucune source primitive ne permet en effet de l'affirmer. Beaucoup d'archives concernant Besenval ont disparu ou ont été supprimées volontairement par le vicomte de Ségur, notamment celles très "galantes" de l'Académie de Drevenich. J'ai trouvé cette "affirmation" dans plusieurs préfaces des Mémoires de Besenval au XIXe siècle et également sur le site Geneanet. J'en ai été moi même étonnée, sachant leur différence d'âge, et les relations - également contestées par certains historiens - de Gabrielle avec le comte de Vaudreuil. Le conditionnel aurait été plus judicieux, j'en conviens. Reste que les relations entre Besenval et la duchesse ont étonné les contemporains par leur solidité, leur tendresse réciproque, sans compter la réputation non surfaite de séducteur impénitent du baron...

Je voudrais également préciser que son dernier amour n'était pas Mme de La Caze mais Catherine-Louise de Santo-Domingo née en 1757 - soit 36 ans de moins que le baron ! Elle a épousé le marquis de La Suze en 1775 mais elle fait publiquement les honneurs de l'hôtel de Besenval, rue de Grenelle. Lors de la mort de celui-ci en 1791, Gouverneur Morris envoie ses condoléances à la marquise et écrit à une amie : " D'après les usages, c'est équivalent à la perte d'un mari en Amérique" !

J'ai pris grand plaisir à lire les différents commentaires de votre forum d'une très bonne tenue et très pacifiques...

Bonsoir, chère Madame.  

Je vous remercie pour votre message.   Il est certain qu'il est toujours très délicat de manier les sources et de les prendre ou non pour argent comptant.    Souvent, même émanant de mémorialistes, elles  sont apocryphes,  issues de rumeurs infondées, voire de campagnes de dénigrement.  Le phénomène est intéressant car il reflète bien, hélas,  le ton de l'époque de plus en plus virulent, symptôme de la déliquescence générale.  Mme de Polignac par excellence fut une cible " privilégiée " d'une quantité impressionnante de pamphlets et de libelles.   L'amitié qu'elle partageait avec Marie-Antoinette fut largement incriminée et toutes deux étaient stigmatisées comme des nymphomanes effrénées.  Il s'agissait de salir la reine.  
 
Si je la compare aux autres dames de la Cour qui avaient des moeurs extrêmement libres et n'en faisaient absolument pas mystère,  Mme de Polignac avec ce seul amant, le comte de Vaudreuil,  était pourtant presque un modèle de vertu.   Cet amour ne fait aucun doute lorsqu'on lit la correspondance des comtes de Vaudreuil et d'Artois.
J'ajoute que, c'est amusant ,  vous dites que Gouverneur Morris, lors du décès du baron de Besenval  envoie ses condoléances à sa maîtresse,  la marquise de la Suze, eh bien de même, lorsque meurt Yolande de Polignac, " toute la pitié, toute la sympathie sont pour Vaudreuil "  ( Vicomte de Reiset )

Quels autres amants a-t-on prêté à Mme de Polignac ?  Sa sollicitude pour le comte d'Adhémar rentré malade de son ambassade de Londres fit jaser derrière les éventails  et l'on murmura, des années plus tard, que le premier ministre de Charles X, Jules de Polignac ( junior )  était le portrait du roi .   Commérages que tout cela, à mon humble avis.
 J'ai vraiment beaucoup lu sur Mme de Polignac : je n'ai jamais noté une insinuation quelconque de liaison amoureuse entre elle et le baron de Besenval.   Il faisait partie de ce petit cénacle d'intimes de Mme de Polignac avant la faveur qui devint à Trianon la société de la reine, tous parents ou amis de Yolande.  Besenval en était une figure prépondérante, comme Vaudreuil ou la comtesse Diane.
Si l'on en  croit ses mémoires  ( et le prince de Ligne écrit que nous pouvons nous y fier entièrement ) , Besenval qui était de toutes les parties de plaisir,  se "servit " beaucoup de l'influence dont jouissait Mme de Polignac en hauts lieux pour pousser quelques bons amis  ( dont Ségur ) vers des ministères .  Il adorait comploter et tramer d'improbables combinaisons politiques !  C'était sa marotte.   Au demeurant un homme attachant.    Mais sur le plan amoureux,  Besenval et Mme de Polignac,   non vraiment je ne vois pas ...  

Joëlle Chevé a écrit:
J'ai pris grand plaisir à lire les différents commentaires de  votre forum d'une très bonne tenue et très pacifiques...  

Merci infiniment !     C'est un plaisir aussi de vous écouter lors de Secrets d'Histoire de Stéphane Bern, émission de télévision très appréciée dans notre Forum.

Rien n'est plus beau que de voir la Seine en 1789.
https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010075864

Mais cela ne doit pas faire oublier le raffinement du gout érotique de Bezenval
https://blog.nationalmuseum.ch/fr/2021/09/les-passions-du-sieur-de-besenval/
il faut dire que:
. En 1760, lors de la Guerre de Sept ans, le baron fonde l’Académie de Drevenich en compagnie d’autres jeunes
officiers avec qui il rédige des contes galants illustrés de sa propre main

in le bon article:
« Un beau viveur et un délicat vivant ». Le baron de Besenval,
courtisan et collectionneur, à travers son iconographie
https://www.erudit.org/en/journals/dfs/2021-n117-dfs05907/1076091ar/

Très intéressant, merci Charenton !
Le trio Besenval /  Ségur me rappelle la bonne entente singulière qui régnait aussi entre Nelson et les Hamilton,  Vaudreuil et les Polignac, Bess Foster et les Devonshire...  etc ...  etc ...  qui vivaient ensemble dans une mutuelle harmonie .  Nous pourrions certainement en citer de nombreux autres ...