La salle de bains du comte de Toulouse à Rambouillet, dite salle de bains de Marie-Antoinette (?)

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Pourquoi écrivez-vous la salle de bains de Marie-Antoinette ?

La reine n'eut qu'un appartement de jour au château (cabinet, garde-robe, boudoir...) où elle n'avait pas vocation à passer la nuit. Il serait donc curieux qu'on lui ait attribué une salle de bains (?).

Gouverneur Morris a écrit:La reine n'eut qu'un appartement de jour au château (cabinet, garde-robe, boudoir...) où elle n'avait pas vocation à passer la nuit. Il serait donc curieux qu'on lui ait attribué une salle de bains (?).

Retour sur cette salle de bains, dite ici et là sur le net - à tort donc - "salle de bains de Marie-Antoinette" avec cet article interessant publiée sur le site Persée...

La salle de bains du comte de Toulouse à Rambouillet (Revue de la Société des Amis du musée national de Céramique, 2019)

...et dont je cite cet extrait qui concerne précisément son histoire qui nous intéresse ici, c'est à dire dès la fin du 18e siècle et au 19e siècle :


La salle de bains du comte de Toulouse à Rambouillet


Images : Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux
(...)
En 1783, le domaine de Rambouillet fut racheté par Louis XVI. La salle de bains ne fut pas modifiée, son mobilier fut même racheté par le roi, (les deux) baignoires comprises. Seul un écran de cheminée et de nouveaux chenets furent fournis par le Garde-Meuble de la Couronne. Les événements politiques ne permirent guère à Louis XVI de profiter de cette salle de bains. En tant que résidence royale, le château fut placé sous scellés le 26 juin 1791.

Le château de Rambouillet
Alexandre Hyacinthe Dunouy (1757-1825)
Dessin, début 19e
Image : Bibliothèque nationale de France

Après la chute de la monarchie le 10 août 1792, la chaudière fut démontée le 11 juillet 1793 et les plombs de la pompe, le cuivre et les ferrailles transportés à Paris par Anne-Gabrielle Besson, veuve du serrurier rambolitain Jacques Dablin, pour être vendus. Le mobilier et la glace de cheminée avec son cadre doré furent dispersés lors de la vente aux enchères qui se déroula sur place de juillet à octobre 1793. Privé de son équipement, la pièce ne devait plus jamais servir de salle de bains.

Cabinet des faïences, panneau mural
Image : Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

En novembre 1804, Napoléon Ier visitait Rambouillet et décidait d’en faire un pavillon de chasse. L’architecte Guillaume Trepsat (1743-1813) fut ainsi chargé d’estimer les travaux nécessaires à une remise en état, après des années d’abandon. Le 23 brumaire an 14 (14 novembre 1805), Napoléon approuvait son devis qui prévoyait pour la salle de bains du rez-de-chaussée la restauration de «carrelage en vieux carreaux de Fayence » ainsi que la pose de carreaux neufs, notamment au niveau de l’ébrasement de fenêtre.

Ce devis semble n’avoir pas eu de suite, car en décembre 1806 le maréchal du Palais s’adressait au nouvel architecte, Auguste Famin (1776-1859) pour «rétablir la salle de bains et ses baignoires du rez-de-chaussée qui pourront servir pour la maison » et en même temps de créer une salle de bains privée au premier étage à côté de la chambre de l’empereur. Le devis correspondant, de 5340 francs, fut approuvé et l’exécution prévue pour l’année 1807. Pourtant, seule la salle de bains du premier étage fut établie.


Salle de bains, 1er étage, du petit appartement de l’Empereur
1807
Image : Château de Rambouillet

Entretemps, l’empereur avait décidé de s’aménager un appartement privé au rez-de-chaussée, avec un cabinet topographique à l’emplacement de l’ancienne chambre des bains. La salle de bains devint dès lors un simple «cabinet de faïences » servant de passage à l’empereur pour accéder depuis le premier étage à son nouveau cabinet. Six chaises en hêtre peinte couleur acajou et recouvertes de crin furent alignées le long des murs. Des chenets en bronze doré représentant des lionnes furent installés dans la cheminée surmontée depuis 1810 d’une nouvelle glace rectangulaire, avec un simple cadre mouluré peint en gris.

En 1811, le château fut équipé de nombreux poêles de chauffage destinés à en améliorer le confort pendant les froides saisons des chasses. Celui du petit appartement de l’empereur fut placé dans le réduit obscur à droite de la cheminée du cabinet des faïences. Cette installation provoqua la dépose par le maçon Gouffier de 805 carreaux anciens, dont 36, cassés durant l’opération, durent être remplacés à neuf. Le même maçon intervint encore dans l’ébrasement de fenêtre où il refixa «170 vieux carreaux de faïence » et posa 53 carreaux neufs.

Image : Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

Les Bourbons restaurés n’apportèrent guère de modification à cette pièce peu utilisée. En revanche, une nouvelle campagne de restauration des carreaux fut menée au printemps 1830. Cette fois, les carreaux manquants furent «soigneusement refaits en mastic au blanc de céruse » , et peints «de décor, paysages et ornements […] sur des fonds apprêtés au blanc d’argent […] parfaitement imités par un peintre de décor 50 » . Plusieurs de ces faux carreaux sont encore conservés de nos jours.

En juillet 1830, Charles X signait à Rambouillet son abdication. Le château fut démeublé en 1832 et loué à des particuliers. Les états des lieux dressés lors de la signature des baux nous renseignent sur l’état de l’ancienne salle de bains. En 1850, les carreaux de sols sont ainsi «détériorés par l’humidité et par l’usage » et ceux des murs présentent «quelques parties en mauvais état ».

Les dommages les plus importants intervinrent lors de l’occupation du château par les Prussiens en 1870. La pièce fut aménagée en corps de garde pour des soldats bavarois, entrainant d’importantes détériorations. à l’issue de la guerre, les visiteurs ne purent visiter cette pièce qu’en présence d’un gardien afin de limiter les dégâts.


Cabinet des faïences, carreau
Image : Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

* Source texte : extraits d'un article de Renaud Serrette / Persée : La salle de bains du comte de Toulouse