Le " tu " et le " vous "

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«À présent tout le monde se tutoye».
Le tu républicain à l’épreuve du théâtre (1793-1798)
Vincenzo De Santis


L’adoption du tu républicain est le résultat incertain et éphémère d’un processus relativement lent qui commence au lendemain de la prise de la Bastille, atteint son apogée pendant la Terreur jacobine et participe de la construction de l’utopie linguistique révolutionnaire.

14 décembre 1790 :
Dans le Mercure national proposition de suppression du vous , déictique de la politesse aristocratique,  remplacé par un tutoiement généralisé. L’article stigmatise «l’absurde et ridicule usage d’appeler le baron vous, au lieu de toi»,  marques de «féodalité» .
Ainsi pourrons-nous retrouver la pureté originelle de la langue et effacer ainsi toute forme d’inégalité entre les hommes.

Nouvelles tentatives de 1791 suivies, à partir de décembre 1792, de l’emploi exclusif du tutoiement dans plusieurs Assemblées.

En 1793, après le triomphe des Sans-culottes, les Sociétés Populaires s’unissent enfin pour demander à la Convention une loi rendant le tutoiement obligatoire. Ce sont les principes de Fraternité et d’Égalité qui servent d’appui aux propagandistes: à l’abattement des barrières sociolinguistiques devrait correspondre, d’après les partisans du tutoiement, «plus de penchant à la fraternité, conséquemment plus d’égalité».
Mais aucune loi n’est émise de manière officielle.  

20 brumaire ( 10 novembre 1793 ) : culte de la Raison.
22 brumaire ( 12 novembre 1793 ) : interdiction du vouvoiement, en France.

La France pourra offrir à l’Europe « l’image touchante d’un peuple de frères et d’amis ».  
Il ne s’agit plus  de «rétablir» une égalité primitive, mais plutôt de fonder une égalité nouvelle en prenant comme modèle les démocraties de l’Antiquité; le tu, qui n’est pas «naturel» à la langue française – comme il l’était en revanche pour les langues anciennes est ainsi présenté comme le fruit d’un choix délibéré, signe linguistique d’une transformation censée élever la France au-dessus de la république romaine.

https://journals.openedition.org/studifrancesi/3289

...   à suivre !  

Je trouve "couillon" les tutoiements ou vouvoiements utilisés comme principes référents !

Il n'ya qu'un seul principe simple ! :

Quand on ne connaît pas, on vouvoie obligatoirement
Quand on connaît mieux, on tutoie. Et plus, si affinités.

Oui, bien sûr, l'emploi du " vous " ou du " tu " est au cas par cas, chère Comtesse .

En tous cas, la généralisation obligatoire du " tu " ne fait pas l'unanimité :
Pour Brissot, c'est une « inconvenance inutile », pour Borelly une véritable « dégradation de la langue ».
La Feuille de Paris du 13 Brumaire 1793 propose d’en restreindre l’usage « entre les individus du même sexe », l’habitude immorale de tutoyer les femmes étant un signe de la « dissolution » ( des meurs, sans doute ) propre aux aristocrates.
Robespierre, lui-même oppose des résistances ...

J'ai toujours vouvoyé Maman; c'était si naturel !
Je n'ai jamais désiré que mes enfants me vouvoient pour autant.

Je ne saurais l'expliquer mais il ya des gens que je tutoie spontanément sans même me demander pourquoi.

Dans les moments de chamailleries avec le Marquis, là aussi, je le vouvoie ... sans plus de manières ! 

Je trouve ça beau le vouvoiement.

Désolé pour le hors-sujet contemporain, mais...

Je vous propose ce schéma explicatif que le Los Angeles Times avait publié à l’attention des anglophones, afin de les aider à comprendre le fonctionnement du vouvoiement en français !

C'est d'un compliqué, et d'un grotesque !!


Source : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/
Source : https://www.communicaid.fr/blog/langues/politesse-dans-les-langues-sans-vouvoiement/

 

"Y sont fous ces américains" 

Je veux bien admettre que notre vouvoiement peut paraître compliqué....

La nuit, la neige a écrit:

C'est d'un compliqué, et d'un grotesque !!

Mais non, c'est très drôle ces références à Woodstock et Mai 68 commes sésames du " tu " !          

Pour ma part, j'aime bien le " vous ".   J'aime toutes les formes alambiquées de la politesse traditionnelle et de la galanterie .
Dans la première phase de l'amour, le " vous " est tendre et troublant .
En famille ou entre amis, le " tu " est intime et confiant.  
Avec des étrangers, il peut n'être qu'une familiarité déplacée voire inconvenante .  

Quand je joue avec mes petits enfants ( à la marchande, à l'école ... etc ... ) , je peux les appeler  " monsieur " ,  " mademoiselle " et les vouvoyer ( " vousssoyer " diront les puristes  ) dans le simple souci de leur apprendre la conjugaison .  
C'est important de savoir adapter son langage en fonction de son interlocuteur .

14 décembre 1790 :
Dans le Mercure national proposition de suppression du vous , déictique de la politesse aristocratique,  remplacé par un tutoiement généralisé.

Précisons qu'à cette époque c'est une femme , Louise de Kéralio, première femme à être rédactrice en chef d’un journal  (    !!! ) , qui dirige Le Mercure national, ou Journal d'État et du citoyen.  C'est elle qui réclame haut et fort ce tutoiement démocratique obligatoire .
C'est curieux.   Avez-vous remarqué que nous parlons toujours d'Olympe de Gouges, Charlotte Corday, Théroigne de Méricourt  et autres amazones de la Révolution ... et jamais ou presque jamais de Louise de Kéralio .

Mme de Sabran a écrit:
Mais non, c'est très drôle ces références à Woodstock et Mai 68 commes sésames du " tu " !    

Et l'hypothèse de l'enfant qui pourrait être quelque chose comme un prince !
Un prince !   Mais où sont-ils allés chercher cela ?    

Mme de Sabran a écrit:Dans le Mercure national proposition de suppression du vous , déictique de la politesse aristocratique,  remplacé par un tutoiement généralisé.

Je comprends l'idée de principe égalitaire, somme toute logique à l'époque.
Et nous aurions pu, comme nos amis Anglais, nous passer du vouvoiement, notre langue étant suffisamment riche.

Mais enfin, je ne regrette pas ce maintien du vouvoiement, que j'apprécie également !

La nuit, la neige a écrit:
Et l'hypothèse de l'enfant qui pourrait être quelque chose comme un prince !
Un prince !   Mais où sont-ils allés chercher cela ?    

... fantasme américain d'une nation sans passé monarchique ?

Je te dis vraiment n'importe quoi !

En tous cas, tous les vecteurs de propagande sont bons  à exploiter !  

Entre 1790 et 1794, le  " tu " républicain concentre un débat idéologique et politique dont le théâtre, « le plus puissant moyen de communication existant », ne peut pas ignorer l’importance.
Le 9 frimaire an II de la République, Aristide Plancher-Valcour présente au théâtre de la Cité-Variétés  Le Vous et le Toi, opéra-vaudeville en un acte,  entièrement consacré à la diffusion du tutoiement.



https://journals.openedition.org/studifrancesi/3289