Un secrétaire Weisweiler de Marie-Antoinette à Vienne ?

Le musée du mobilier impérial autrichien (Hofmobiliendepot) expose ce splendide secrétaire de Weisweiler qui aurait appartenu à Marie-Antoinette :




















Le cartel indique que ce secrétaire faisait partie du mobilier de Marie-Antoinette, et fut offert par Napoléon III à Charlotte de Belgique, épouse de l'archiduc Maximilien, empereur du Mexique au milieu du XIXème siècle.

Maximilien et Charlotte vivaient alors à Trieste, à la villa Lazarovich, où ce secrétaire fut installé (dans le salon).

Il fut ensuite transporté au château Miramare en 1860. Heureusement, Maximilien ne l'emporta pas au Mexique.  

Dans le cadre des négociations entre l'Italie et l'Autriche sur les dommages de guerre après la première guerre mondiale, l'Autriche récupéra le secrétaire contre la moitié des collections archiducales d'autographes.

La splendeur de ce meuble peut effectivement laisser à penser qu'il aurait appartenu à la reine... le seul hic, c'est qu'il ne comporte pas d'estampille du garde-meuble de la reine. L'énigme reste donc en réalité à ce jour entière sur la provenance exacte de ce meuble.

Oooooh !!! Quelle pure merveille !!!

Ouuuh !! Quelle belle découverte, merci...
Superbe.

J'aime beaucoup l'effet "poudré" des panneaux peints à la gouache avec leurs tons pastels associés aux médaillons de porcelaine Wedgwood.

Duc d'Ostrogothie a écrit:
La splendeur de ce meuble peut effectivement laisser à penser qu'il aurait appartenu à la reine... le seul hic, c'est qu'il ne comporte pas d'estampille du garde-meuble de la reine. L'énigme reste donc en réalité à ce jour entière sur la provenance exacte de ce meuble.

Serait-ce le seul dans ce cas ?
Un meuble finalement jamais livré ?

Aussi, et je ne suis pas expert, mais enfin je le trouve presque un peu trop "erotico-cocotte" pour être destiné à la reine, non ?
Je ne sais pas mais, les cariatides dénudées (elles ne sont pas très belles du reste, nous avons vu mieux), les médaillons qui semblent célébrer l'amour, ces têtes de Méduse en bronze ciselé sur le tiroir central...

Quant aux panneaux de gouache, ils sont vraiment étonnants.

La nuit, la neige a écrit:
Aussi, et je ne suis pas expert, mais enfin je le trouve presque un peu trop "erotico-cocotte" pour être destiné à la reine, non ?

Oui, je me suis fait la même réflexion. Les canéphores aux seins nus, passe encore ... mais le couple enlacé sur l'un des deux vantaux est peut-être un peu trop "hot" pour Marie-Antoinette .
Cela étant, ce n'est que le style dit "pompéien" que Marie-Antoinette affectionnait particulièrement.
Elle a adopté le style pompéien tant pour sa chambre au château de Compiègne que pour sa chambre au château de Fontainebleau :

Duc d'Ostrogothie a écrit:
Oui, je me suis fait la même réflexion. Les canéphores aux seins nus, passe encore ...

Oh ? Canéphore...Je découvre un mot !  

Vocabulaire pour les nuls : Wiki nous dit...

Une canéphore est une jeune fille portant des cadeaux lors de la procession des panathénées. Le mot provient d'un mot grec signifiant « porteuses de corbeilles ».

Une cariatide ou caryatide est une statue de femme souvent vêtue d'une longue tunique, soutenant un entablement sur sa tête ; remplaçant ainsi une colonne, un pilier ou un pilastre, les Caryatides apparaissent essentiellement sur les édifices d'ordre ionique.

Je les trouve bien grossières (comprendre peu raffinées), ces canéphores ; et en effet, le fait qu'elles soient représentées seins nues et associées au...

Duc d'Ostrogothie a écrit:(...) couple enlacé sur l'un des deux vantaux est peut-être un peu trop "hot" pour Marie-Antoinette .

Je trouve aussi que le tout est un poil trop érotique pour une reine de France.
Et que vient faire Méduse dans les bronzes ? Le symbole est un petit peu spécial, non ?

Duc d'Ostrogothie a écrit:
Cela étant, ce n'est que le style dit "pompéien" que Marie-Antoinette affectionnait particulièrement.

J'adore ce style !!  

Comme je me posais aussi des questions sur l'emploi de porcelaines Wedgwood (et non pas de Sèvres), je suis tombé sur la présentation de cet autre cabinet.

Il est bien plus "richement" décoré que celui de notre sujet même si, personnellement, je le trouve moins séduisant.
Les décors des médaillons sont aussi bien plus "sages"...

Je le présente ici :
- parce qu'il est aussi attribué Weisweiler
- parce que l'on présume qu'il a appartenu à Marie-Antoinette
- et enfin parce qu'une information intéressante pourrait permettre de dater la création du secrétaire de Vienne avec un peu plus de précision.

Je cite (extraits) :

Drop-front desk (secrétaire à abattant or secrétaire en cabinet)
Attributed to Adam Weisweiler, ca 1787
Oak veneered with burl thuya, amaranth, mahogany, satinwood, holly, and ebonized holly; painted metal; one soft-paste porcelain plaque; fifteen jasper medallions; gilt-bronze mounts; marble.

Porcelain plaques made by Sèvres Manufactory
Porcelain plaques decorated by Edme François Bouillat père
Porcelain plaques decorated by Geneviève Taillandier
Jasperware medallions by Josiah Wedgwood and Sons
Some mounts by Pierre Rémond


Photo : 2000–2018 The Metropolitan Museum of Art


Photo : 2000–2018 The Metropolitan Museum of Art


Présentation (extraits) :

Blabla sur le départ de la famille royale de Versailles pour les Tuileries après les évènements d'octobre 1789

A few days after their arrival, the queen consigned to the dealer Dominique Daguerre and his partner, Martin-Eloi Lignereux (1750–1809), a number of her most treasured possessions for safekeeping.
Among those objects was a porcelain mounted secretary, which may, in fact, have been this one and possibly was the last piece of furniture Daguerre had delivered to Marie-Antoinette for use at Versailles.

Nevertheless, in 1794 an inventory of the seized royal furniture stored at the palace was drawn up by the new regime, and among the pieces listed was a secretary, its drop front mounted with a large Sèvres plaque and ten medallions forming garlands—a description that seems to fit the Museum’s piece.
It was among the former royal objects that Abraham Alcan, the leading military contractor, selected as payment for his services during the Revolution.
(...)
Born in the Rhineland, Weisweiler settled in Paris in the late 1770s, and there he is known to have worked for Daguerre. Edme-François Bouillat the Elder, one of the most talented flower painters at Sèvres, was responsible for the ribbon-tied bouquet on the central plaque. According to a label pasted on the back, the price was 336 livres, and we know that Daguerre purchased a plaque for that amount in 1782.



The pointillé (stippled) borders are attributed to Madame Vincent Tallandier, who with her husband specialized in this kind of decoration.


Photo : 2000–2018 The Metropolitan Museum of Art

Framed in gilt-bronze garlands that lend them a jewel-like quality, fifteen Wedgwood jasperware cameos decorate the front and sides of the desk. Some show classical scenes based on antique gems.


Photo : 2000–2018 The Metropolitan Museum of Art

Others depict mothers and children engaged in domestic pursuits. They formed part of a so-called Domestic Employment series first advertised in a Wedgwood catalogue of 1787, which suggests a date for the secretary, as does the fact that in the same year Daguerre signed an agreement with Josiah Wedgwood (1730– 1795) to sell his wares in Paris.


Photo : 2000–2018 The Metropolitan Museum of Art

* Source texte : Daniëlle Kisluk-Grosheide, 2010 pour le Metropolitan Museum of Art / https://www.metmuseum.org/art/collection/search/202163

La nuit, la neige a écrit:

Je trouve aussi que le tout est un poil trop érotique pour une reine de France.
Et que vient faire Méduse dans les bronzes ? Le symbole est un petit peu spécial, non ?

Ce n'est pas Méduse . Regarde mieux : ce sont deux cygnes sur chaque tête, et non pas un nid de serpents .

Mme de Sabran a écrit:
Ce n'est pas Méduse .  Regarde mieux : ce sont deux cygnes sur chaque tête, et non pas un nid de serpents .

Zoomons, éclairons !



Ah ?! Oui, tu as raison, je perds la vue !

Une fantaisie ou un personnage mythologique (toi qui connais tout ce petit monde comme s'il s'agissait des membres de ta famille ) ?

J'aime beaucoup les petits papillons...

Le cygne évoque toujours Zeus métamorphosé ( le sacripant !  ) pour séduire Léda et la rendre mère d'Hélène et Pollux, Clytemnestre et Castor étant issus, eux,  de Tyndare l'époux de Léda .

Merci !
Encore du coquinou, en somme...

Mme de Sabran a écrit:Le cygne évoque toujours Zeus métamorphosé ( le sacripant !    ) pour séduire Léda et la rendre mère d'Hélène et Pollux, Clytemnestre et Castor étant issus, eux,  de Tyndare l'époux de Léda .

...et le Manège Enchanté !!!!

La nuit, la neige a écrit:Others depict mothers and children engaged in domestic pursuits. They formed part of a so-called Domestic Employment series first advertised in a Wedgwood catalogue of 1787, which suggests a date for the secretary, as does the fact that in the same year Daguerre signed an agreement with Josiah Wedgwood (1730– 1795) to sell his wares in Paris.

Daguerre avait su se placer à la fois comme importateur privilégié de Wedgwood à Paris et... de Sèvres à Londres, où il faisait fortune avec les commandes du prince de Galles. Il ne pouvait souffrir ainsi de leur concurrence !

Tu as donc connu ce Pollux-là, si jeune que tu es ?!!

Oui

Gouverneur Morris a écrit:
Daguerre avait su se placer à la fois comme importateur privilégié de Wedgwood à Paris et... de Sèvres à Londres, où il faisait fortune avec les commandes du prince de Galles. Il ne pouvait souffrir ainsi de leur concurrence !

Ah ?! Le petit malin...

Ces Daguerre et Lignereux tout de même, quand on pense à toutes les merveilles qui sont passées par ces marchands-merciers, cela donne le tournis !

Oui, le site de la Royal Collection que tu as mentionné plus haut permet de regrouper les achats de George IV :

https://www.royalcollection.org.uk/collection/search#/page/1

Merci.
Environ 3000 pièces !
Disons que je vais en rester pour l'instant aux meubles décorés de pietra dura...

Au musée du Hofmobilien depot de Vienne, se trouve ce cabinet ayant appartenu à Marie-Antoinette:








Voici son histoire, donnée par le musée :
Ce meuble aurait appartenu à Marie Antoinette. Il fut livré dans les années 1780 par Weisweller. Il devint au 19e la propriété de Napoléon III, qui l’offrit à Charlotte de Belgique, épouse de l’archiduc Ferdinand Maximilien, futur empereur du Mexique. Le couple emporta le meuble à Trieste quand il s’installa dans la villa Lazarovich, puis à Miramar, en 1860.
En 1919, des tractations entre l’Italie et l’Autriche, permirent à ce dernier pays de rapatrier le cabinet à Vienne, où on peut encore l’admirer aujourd’hui, dans cet étonnant musée qui est un peu l’équivalent de notre Mobilier National, et qui possède de nombreux meubles d’origine impériale.

Quelle merveille !
Ce petit meuble aura bien traversé et suivi les tribulations de l'Histoire !!!
Merci, cher Févicq .

Merci pour ces images, cher Vicq' !  

Nous précisions cependant, messages précédents :

Duc d'Ostrogothie a écrit:
La splendeur de ce meuble peut effectivement laisser à penser qu'il aurait appartenu à la reine... le seul hic, c'est qu'il ne comporte pas d'estampille du garde-meuble de la reine.
L'énigme reste donc en réalité à ce jour entière sur la provenance exacte de ce meuble.

Je ne retrouve que maintenant le post de notre cher Duc, qui avait aussi débusqué ce meuble. Qu’il veuille bien me pardonner...
Oui, provenance douteuse, d’où mon conditionnel ...

à côté il y a le buste de LECOMTE avec un peinture sur le vêtement noire !!!!! je n'aurais pas eu l'idée de faire pareil !!!!!

MARIE ANTOINETTE

Oui, je pense que c’est un Lecomte 19e ... Il. m’a semblé que les parties noires étaient en bronze...
En tout cas, c’est dans un drôle de musée, avec des pièces magnifiques, beaucoup de souvenirs des derniers Habsbourg, mais aussi, à l’étage, tout un bric à brac de mobilier réformé venant des divers palais, certains ayant été employés pour le tournage des différents films « Sissi ». Il y’a même une chaise à porteurs...On se croirait aux Puces ...

Conservée également au Hofmobiliendepot, cet étonnant fauteuil roulant, créé pour la maman de Marie-Thérèse :

Sa Grâce Ostrogothe m’a aimablement communiqué cette photo sienne en complément :