Portrait en buste de Marie-Antoinette, dauphine, par Joseph Ducreux ou d'après Drouais ?

Je reviens sur ce portrait bien connu dont l'auteur n'est pas toujours clairement identifié.


Marie-Antoinette représentée vers 1770, alors Dauphine de France
Joseph Ducreux
Vers 1770
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot



Il semblerait donc que le château de Versailles attribue désormais ce portrait à Joseph Ducreux.
Le site internet de la Réunion des Musées Nationaux (RMN) précisant : la figure reprise de son portrait peint au pastel exécuté à Vienne en 1769

Un pastel et ses variantes que nous présentons longuement ici : Premiers portraits de Marie-Antoinette par Joseph Ducreux (et d'après).



La "reprise" de son visage ne me saute pas aux yeux, mais bon, très bien...





C'est un portrait que nous avions initialement présenté dans notre galerie consacrée à ceux du peintre François-Hubert Drouais ; car donné aussi parfois comme "Anonyme du XVIIIe siècle, d'après François-Hubert Drouais" ou bien " Par François-Hubert Drouais " :


Marie-Antoinette par François-Hubert Drouais
Illustration du livre "Les Femmes de Versailles", par Pierre de Nolhac, (1859-1936)
Editeurs : Goupil & Cie (19e siècle) et Manzi, Joyant et Cie ; relieur : Charles Meunier (1866-1946)
Édition originale, de grand luxe, à la gloire des femmes qui ont fait l'histoire de Versailles, illustré de 50 portraits en couleurs d'après des tableaux anciens.
Tirage à 100 exemplaires numérotés.

Voir notre sujet ici : Portraits de Marie-Antoinette par et d'après François-Hubert Drouais

Et en effet, nous y illustrions d'autres portraits de ou d'après Drouais dont le portrait de notre sujet est, à mon avis, bien plus proche que celui au pastel de 1769 par Ducreux :

Croirais-tu que ce portrait suscita un petit incident diplomatique ?
Je n'ai pas le temps de rechercher tout de suite, c'est le soir, mais demain promis !

C'est Xavier Salmon qui attribue ce portrait à l'atelier de Joseph Ducreux d'après Drouais.
Pour ma part, je ne reconnais pas le visage de Marie-Antoinette caractéristique de Drouais, ni le visage de Marie-Antoinette caractéristique de Ducreux.
La vérité est peut-être ailleurs.

Le petit clash    :

Un jour qu’elle aperçut Durfort à une réunion, Marie-Thérèse vint à lui, s’arrêta, s’attarda, et, à la suite de phrases très aimables, lui glissa négligemment qu’elle avait le bonheur de posséder les portraits de la famille royale, portraits jadis donnés par sa belle-fille regrettée, l’infante de Parme. Flatté au delà de toute expression par des prévenances publiques, ému par le tour affectueux de la conversation, l’ambassadeur répondit que le Roi serait désireux d’avoir à son tour les portraits de la famille impériale, qu’il avait lui-même pour mission de se les procurer.

Durfort sentit aussitôt qu’il venait de s’aventurer imprudemment. Lorsqu’il rendit compte de l’incident, il fit connaître que Marie- Thérèse fut très satisfaite de sa réponse, « en ressentit une joie qui se répandit sur son beau visage », mais dut ajouter, non sans embarras, qu’elle avait aussitôt mis à sa disposition un peintre de sa cour; enfin il insista, pour s’excuser, sur le caractère vague de sa réponse, précisant qu’il n’avait pas désigné celui qui lui avait ordonné de rechercher les portraits et voulant atténuer ainsi la fâcheuse impression de son imprudence  

Choiseul lui répondit, le 21 mars  ( 1768 ) : « Le Roi n’a point approuvé que vous aviez demandé par ordre les portraits de la famille impériale. Quoique vous n’aviez pas dit de quel ordre, il est certain que vous ne pouvez en avoir que de Sa Majesté, et c’est une démarche qui peut tirer à des conséquences qui ne doivent pas vous échapper. Il est clair que le peintre qui est venu vous offrir ses services a été envoyé chez vous par l’Impératrice. En tous cas, je vous prie de ne point vous presser sur tout ce qui peut avoir trait à un mariage, à moins que vous ne receviez des ordres de Sa Majesté. Au surplus, quoique nous ayions déjà les portraits de la famille impériale, vous aurez la bonté de m’envoyer ceux que vous faites faire, lorsqu’ils seront achevés . »

Alors, on proposa d’envoyer à Vienne Drouais, peintre de la cour, mais Drouais demanda quatre-vingt mille livres et cette somme parut exorbitante.  Mercy s'inquiéta de l’empressement modéré avec lequel on désigna un nouveau peintre, Ducreux, qui parvint à Vienne seulement en février 1769.

( Boutry,   Le mariage de Marie-Antoinette )

Duc d'Ostrogothie a écrit:C'est Xavier Salmon qui attribue ce portrait à l'atelier de Joseph Ducreux d'après Drouais.
Pour ma part, je ne reconnais pas le visage de Marie-Antoinette caractéristique de Drouais, ni le visage de Marie-Antoinette caractéristique de Ducreux.
La vérité est peut-être ailleurs.

Oui, il semblerait que les attributions changent en faveur de Joseph Ducreux, notamment pour ce qui concerne des oeuvres anciennement attribuées à Drouais, mais aussi, apparemment, au sujet du célèbre portrait de la princesse de Lamballe, autrefois attribué à François Callet.

Voir ici : Portraits de la princesse de Lamballe

Il faudrait que les conservateurs, ou ceux qui actualisent le site de la base RMN, se décident au sujet de l'attribution de ce buste (voir nos précédents messages)...

Restons-en donc à : d'après François-Hubert Drouais !

Et à la mention d'une Mademoiselle Denizar pour cette copie, grâce aux photos de notre reporter en visite au château de Chambord, ici :

Chambord - La chambre du marquis de Polignac


Photo : L'ami Gouv'



Photos : Twitter - Domaine de Chambord

A comparer avec cette autre photo, car il me semble qu'il s'agit là du même portrait (avec un cadre bien plus joli que celui de Chambord, et une lumière bien moins jaunasse).

Marie-Antoinette
D'après François-Hubert Drouais
Anciennement attribué à Anonyme France, XVIIIe siècle
Vers 1770
RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot