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Joseph François Foullon

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Joseph François Foullon Empty Joseph François Foullon

Message par Mme de Sabran Lun 17 Fév 2020, 17:27


Je trouve, dans la correspondance secrète Mercy / Joseph II / Kaunitz, une note biographique peu amène sur Foullon .
 Foullon ou Foulon ?  L'orthographe varie toujours .


Joseph François Foullon Joseph10
image WIKI


Joseph François Foullon


Foulon (Jean-François) , né en 1715, massacré à Paris, le 22  juillet 1789. Intendant général des armées pendant la guerre de Sept ans, il se fit remarquer par son habileté, mais aussi par son avidité. Sa réputation d'homme d'affaires le désigna au choix de l'abbé Terra y qui en fit son bras droit; c'est ainsi qu'en 1771 Foulon devint intendant des finances et conseiller d'État. Loin de chercher à faire oublier l'origine de sa fortune, il affectait de se montrer dur et cruel. ( ah bon ?! Shocked  )  Aussi dans tous les pamphlets publiés en si grand nombre à l'occasion du coup d'État de Maupeou, était-il très attaqué. Cela ne l'empêcha pas de viser au ministère , et pendant tout le règne de Louis XVI, son nom fut un de ceux mis en avant; il fit même des mémoires contre Calonne et pour ce motif il fut envoyé en exil dans sa terre. Lors de la constitution du ministère du 12 juillet 1789, le bruit courut que Foulon était adjoint pour la partie administrative et contentieuse au maréchal de Broglie; Foulon jugea utile de protester, il écrivit à la Gazette de Leyde «que ce bruit était mal fondé; que cette adjonction lui avait été offerte, mais qu'il l'avait refusée». Celle rectification parut dans le numéro du 18 juillet 1789; mais il était trop tard; le 22, Foulon, arrêté dans sa fuite par des paysans, avait été ramené à Paris et massacré le même jour que son gendre, l'intendant de Paris, Berthier de Sauvigny.


( Correspondance Mercy / Joseph / Kaunitz )


Pour Bombelles ( en 1783 ) , Foullon est un homme taré, qui n'a point d'amis, qui s'est discrédité pour avoir été l'apôtre de la banqueroute du gouvernement, en déclarant que c'était le seul moyen de remettre les Finances du royaume. Ses ennemis ajoutent qu'il a pour plus de trente millions d'engagements avec les uns et les autres, en cas qu'au moyen de ces honteux marchés on parvienne à lui faire donner le Contrôle général. Ces bruits ne méritent aucune créance, mais ils doivent suffire pour ne jamais donner un poste de confiance , et de cette importance, à un homme aussi mal famé .   ( ... )  Mesdames Tantes le portent, un grand parti le porte à la Cour, et l'opinion publique le repousse, opinion justifiée par l'énorme fortune qu'on a vu faire à cet homme dans des postes qui ne devaient pas l'enrichir autant .  

Marie-Antoinette écrit à Mercy, en août 88 :
Je le crois très malhonnête homme et la confiance ne s'établirait pas avec lui .

Issu d'une famille noble d'Anjou, Foullon avait été intendant général de la Guerre, puis de la Marine sous Étienne François de Choiseul, intendant des Finances sous l'abbé Joseph Marie Terray, et un administrateur habile.

Conseiller d'État en 1784, très écouté de la Cour à laquelle il avait présenté des plans de redressement financier, il était très hostile aux idées nouvelles de libéralisation du commerce du grain et à l'entourage de Philippe d'Orléans.

Le 12 juillet 1789, Louis XVI le nomme contrôleur des finances (ministre des finances) à la place de l'ancien banquier genevois Jacques Necker, très populaire dans les milieux bourgeois de la capitale. Ce choix excita une vive irritation chez ses partisans. Une campagne de calomnie est menée contre lui depuis l'entourage du duc d'Orléans : on fait croire aux Parisiens que c'est à Joseph de Foullon qu'est confiée l'intendance de l'armée rassemblée autour de Paris pour en finir avec l'Assemblée, qu'il spécule sur le grain en l'accaparant, et que lorsqu'on lui a fait observer que le pain devenait trop cher pour le peuple, il avait répondu : « Si le peuple n'a pas de grain, qu'il mange du foin ».

Selon Jean-Philippe Guy le Gentil de Paroy, Foullon a été assassiné parce qu'il dénonçait le complot orléaniste contre le roi ...   et que Louis XVI ne l'a pas cru  :

Le 22 juillet  ( 1789  )  , à cinq heures du matin, on amena à l'Hôtel de ville M. Foullon , conseiller d'État et beau-père de M. Bertier. Au conseil du roi, il avait dénoncé une conspiration tendant à changer le gouvernement, et dont il présenta les pièces à l'appui. Le roi les lut avec grande attention; on conseillait d'arrêter de suite M. le duc d'Orléans et plusieurs députés, sans quoi on ne serait plus maître d'empêcher les progrès de la conspiration. M. Necker combattit presque seul le projet de M. Foullon; il représenta au roi le danger d'un esclandre pareil, disant que M. le duc d'Orléans était en tant que député inviolable, que sa grande situation et son influence populaire méritaient considération, et qu'il croyait prudent, avant d'en venir à une pareille extrémité, de prendre encore dans le secret de plus amples renseignements. Le roi leva le conseil, mit les papiers dans sa poche et dit : " Je vais y penser. » Ce que voyant, M. Foullon s'écria : " Le roi hésite, M. Necker l'emporte, je suis perdu ! »
Le soir même, il alla se cacher à Viry, terre près de Paris, appartenant à M. de Sartine, son ancien ami; il fit courir le bruit de sa mort, ayant fait enterrer avec pompe un de ses domestiques décédé ce jour-là. Ces précautions extraordinaires le rendirent suspect; les paysans envoyèrent à Paris demander une escorte pour arrêter M. Foullon et le conduire à la capitale. Les uns et les autres arrivèrent à Viry à quatre heures du
matin et trouvèrent M. Foullon déjà levé et se promenant seul dans le parc; on se précipita sur lui avec fureur, et, après lui avoir fait éprouver toutes sortes d'outrages et de mauvais traitements, on lui mit un collier d'orties, un bouquet de chardon et une botte de foin sur le dos, pour le punir d'avoir dit que le peuple n'était bon qu'à manger du foin. On saisit tous ses papiers, ainsi que des morceaux d'une lettre prise sur lui et qu'il avait déchirée avec ses dents.

Quand M. Foullon arriva à l'Hôtel de ville, l'assemblée sentit, comme pour M. Bertier, combien était grande sa responsabilité de retenir une personne arrêtée sans formalité légale ni décret de justice. Elle considéra que la clameur publique portait sur d'anciennes inculpations, et en conséquence prit l'arrêté suivant :

« Toutes les personnes soupçonnées du crime de lèse-nation, accusées et saisies à la clameur publique ou qui pourraient l'être par la suite, seront conduites et renfermées dans les prisons de l'abbaye Saint-Germain. MM. Carra et Duport-Dutertre, électeurs, seront chargés de présenter le présent arrêté à l'Assemblée nationale, pour être par elle prononcé sur la nature ou l'espèce de tribunal qu'elle voudra bien instituer pour juger les personnes déjà arrêtées ou qui pourraient l'être. Les scellés seront apposés sur leurs papiers, et ceux saisis sur elles seront déposés au greffe de la ville. En outre, il sera mis sur la prison de l'abbaye Saint-Germain une inscription portant ces mots :
Prisonniers mis sous la main de la nation, et le commandant de la garde parisienne donnera des ordres pour la conservation des prisonniers et pour les mettre à l'abri de la fureur populaire. »

On envoya mettre les scellés sur les papiers de M. Foullon et on délibéra de l'envoyer de suite à l'Abbaye, mais on représenta que le peuple le savait présent à l'Hôtel de ville, qu'on craignait un mouvement d'effervescence, qu'il y avait du danger pour le moment de le transférer, qu'il valait mieux attendre la nuit.

On observa que M. Bertier devait arriver le soir de Compiègne, que les attroupements causés par l'arrestation de M. Foullon, son beau-père pourraient lui devenir funestes. En conséquence, l'Assemblée envoya ordre à M. Etienne de la Rivière, qui le conduisait, de s'arrêter là où on le rejoindrait et d'y attendre un ordre ultérieur.

Le comité de la ville n'était pas sanguinaire ; il ne voulait qu'établir l'ordre et la tranquillité ; il savait que son salut y était attaché, que les attroupements du soir étaient toujours plus bruyants et plus nombreux que ceux du matin, le peuple étant occupé le matin pour ses affaires et n'étant pas encore échauffé par les événements du jour; on résolut donc de garder M. Foullon à l'Hôtel de ville et de ne faire entrer M. Bertier à Paris que le lendemain à la pointe du jour.


( Mémoires de Paroy )

Nous connaissons la suite ...   What a Face
Passons les détails .

Joseph François Foullon 12197310
Supplice de Foullon de Doué sur la place de Grève,
dessin de Prieur, gravure de Berthault (1802)


Foullon est massacré par la foule, sous les yeux de la Fayette dépassé comme d'habitude ... Joseph François Foullon 3236493444
Mais son gendre Bertier l'est également dans la foulée .
Leurs tête furent promenées à travers Paris, et exhibées au Palais Royal où l'on prétendait les faire s'embrasser aux cris de " Baise Papa, baise Papa ! "

Joseph François Foullon Massac10

Selon les mémoires de Madame Campan, le cœur de Foullon fut porté au Palais Royal par des femmes « au milieu d'un bouquet d’œillets blancs ».

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Joseph François Foullon Empty Re: Joseph François Foullon

Message par Mme de Sabran Mar 07 Mar 2023, 16:35

A la Cour de Suède, Jean-François de Pérusse d'Escars  Joseph François Foullon Tzolz771
croisa un homme qui se vantait hautement d'avoir participé au massacre de l'intendant Foullon !  Shocked
Gustave III venait d'être assassiné; il s'agit du début de la Régence.



Ce jour de fête  ( la Toussaint )  ne s'acheva pas sans me donner une occasion nouvelle de bien connaître les progrès du jacobinisme de cette cour, et sans me mettre à même de témoigner à MM. les gentilshommes suédois l'estime que je portais à leurs opinions.

J'étais debout, appuyé contre la muraille et entouré de trois ou quatre personnes dont les familles avaient toujours été, dans les diètes, du parti de la France. Je leur fis remarquer quelques-uns des leurs qui causaient dans la plus grande familiarité avec un valet de chambre français du Régent. Or, ce valet de chambre s'était hautement vanté (et peut-être faussement) d'avoir lui-même coupé la tête du malheureux Foullon. Mes interlocuteurs me répondirent par de grands éloges de cet homme. La moutarde me monta au nez : " Eh bien! messieurs, leur dis-je, je reconnais clairement vos vœux pour que la France devienne une République. Je souhaite pour la Suède et la noblesse suédoise que la nouvelle République vous vaille ce que vous avez retiré de l'ancienne monarchie. »

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