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Le dernier empereur (du Brésil)

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Le dernier empereur (du Brésil) Empty Le dernier empereur (du Brésil)

Message par Calonne Jeu 05 Aoû 2021, 22:35

Le dernier empereur (du Brésil) Pierre18

Source : Mathew Brady

Né le 2 décembre 1825 à Rio de Janeiro, Pierre II est un souverain injustement méconnu.

Petit retour en arrière...
Au début du siècle, la famille royale portugaise fuit devant l'invasion napoléonienne et ses membres décident de s'installer à Rio de Janeiro (on les comprend). Ils règnent alors sur ce qu'on appelle l'empire du Brésil, qui correspond à un peu plus que le Brésil actuel. En 1831, Pierre Ier abdique brusquement, fait ses bagages et rejoint l'Europe, laissant derrière lui un enfant de cinq ans, avec deux de ses soeurs. Le futur empereur grandit, solitaire, taciturne, renfermé sur lui-même. D'autant plus qu'il a perdu sa mère à un an, l'impératrice mourant quelques jours après la naissance d'un enfant mort-né. Le départ de son père le laisse donc orphelin. Il fait déjà montre d'un sens du devoir poussé mais n'est clairement pas enthousiaste à l'idée de régner. Et pourtant...

De tuteurs en précepteurs, le futur empereur grandit entre ennui accablant et études sérieuses, se levant à 06h00, commençant à étudier à 07h00 et se couchant à 22h00 en général. Il est intelligent, cultivé, dévore les livres mais reste solitaire et peu expansif. Seul rayon de soleil dans un pays qui n'en manque pourtant pas : sa gouvernante, "Dadama", aimée comme une mère. Mais en-dehors d'elle, peu ou pas d'amis.
Le 18 juillet 1841, le jeune homme timide et renfermé est proclamé et couronné Pierre II, empereur du Brésil. Il est devenu un bel homme, grand blond aux yeux bleus, mesure 1,90 mètre. Pour autant, il est toujours aussi peu communicatif. On ne s'étonne pas quand il manifeste peu de réaction à son mariage arrangé avec Thérèse Christine de Bourbon Siciles, qui débarque en baie de Rio en 1843. Déception : elle n'est pas vilaine mais pas jolie non plus, l'empereur réalise que le portrait qu'on lui avait envoyé était flatté, la jeune femme boîte de surcroît. Mortifié, le jeune marié se plaint à sa gouvernante tant aimée :"Ils m'ont trompé Dadama !" Ils ne s'aimeront que par leurs enfants, qui viendront un peu plus tard.

Et pourtant...
Sous le règne de cet homme timide, solitaire et renfermé, l'empire connaît une prospérité sans précédent. Pierre II instaure un régime solide, garantit la liberté d'expression et de la presse, les droits civiques, une croissance économique forte et il sortira victorieux de trois conflits internationaux. Abolitionniste convaincu, il défend les droits des noirs et des esclaves, protège les savants et les écrivains. Richard Wagner et Louis Pasteur sont de ses amis, Victor Hugo et Nietzsche l'admirent. Les trois bibliothèques de son palais abritent 60 000 volumes. L'empereur parle et écrit le portugais, mais aussi le latin, le français, l'allemand, l'anglais, l'italien, l'espagnol, le grec, l'arabe, l'hébreu, le sanskrit et le chinois ! Il fait construire un observatoire astronomique et un autre de photographie. Tous les mardis et samedis, ses sujets ont libre accès auprès de lui, sans distinctions, y compris les esclaves. On développe le chemin de fer, on voit apparaître le timbre-poste, le téléphone même vers la fin du règne. "L'esclavage est voué à disparaître" proclame cet empereur qui se promène, vêtu très simplement, prend des photographies avec l'un des tous premiers daguerréotypes qu'il a acheté et qui a décidé d'abolir définitivement au palais réceptions, soupers, fêtes et soirées (pertes de temps et d'argent). Il n'oublie pas au passage de contribuer à la naissance de l'Institut Pasteur en France. Ecologiste avant l'heure, effrayé par la déforestation autour de Rio, au profit des immenses exploitations de café, il fait reboiser la forêt : en 13 ans, plus de 100 000 arbres sont plantés et forment aujourd'hui le parc de Tijuca, au coeur de la métropole.

En 1871, un peu de repos bien mérité : le couple impérial part pour un long voyage en Europe. Il visite quantité de pays, rencontre Victor Hugo, Nietzsche et de nombreux savants, artistes et écrivains. Le voyage est un triomphe, comme le retour au Brésil, sous les ovations et acclamations, bien que le couple ait la douleur de perdre leur fille cadette, Léopoldine, à 23 ans, emportée à Vienne par la typhoïde.
A peine rentré, l'empereur doit faire face à la révolte de l'Eglise et des évêques, qui n'apprécient pas ses réformes trop audacieuses et libérales. L'empereur, catholique fervent, n'en est que plus désolé de devoir sévir et sanctionner. Des évêques sont condamnés aux travaux forcés et à la déportation, ce qui le désole même s'il intervient personnellement pour adoucir le verdict.
Pour oublier, il repart, mais seul avec sa femme cette fois, accompagnés par Raphaël, un fidèle serviteur métis devenu son homme de confiance. Le souverain visite les USA d'est en ouest, traverse ensuite l'Atlantique et visite le Danemark, la Suède, la Finlande, la Russie, l'Empire ottoman, la Grèce, la Terre sainte, l'Égypte, l'Italie, l'Autriche-Hongrie, l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Suisse et le Portugal ! Il rend visite à Victor Hugo, prend le train avec sa femme comme tout le monde, incognito. La mort de ses deux fils lui porte un coup sévère : la mélancolie, la tristesse et l'amertume reviennent en force. A son retour, l'empereur est plus solitaire et amer que jamais, les courtisans se plaignent qu'il ne réponde en général à toute conversation que par trois mots, guère plus. Sa santé s'aggrave, il doit aller se soigner en Europe. A Milan, il reste deux semaines entre la vie et la mort. C'est sur son lit de convalescence qu'il apprend que l'esclavage est définitivement aboli dans son empire, ce qui lui arrache des larmes. Son empire où l'on se bouscule dans les églises et où on brûle des buissons de cierges pour sa guérison. Le retour est triomphal. Et pourtant...

Un coup d'état républicain éclate en novembre 1889, mené par un parti de hauts-fonctionnaires, militaires, planteurs de café richissimes furieux de la fin de l'esclavage, d'idéalistes... Miné par sa vieille compagne la mélancolie, son amertume et bien qu'adoré de ses sujets, Pierre II ne réagit pas alors qu'il a les moyens de réduire au silence ces révoltés. Il accepte d'être déposé : "S'il en est ainsi, je prendrai ma retraite, j'ai assez travaillé et je suis fatigué, je vais aller me reposer". Le souverain renversé quitte le Brésil le 17 novembre 1889.
La famille s'installe alors à Paris. Le sort s'acharne : à peine quelques jours plus tard, l'impératrice meurt. Il ne reste plus qu'une fille, Isabelle, qui part s'installer en Normandie. Son père vit seul et anonyme dans un hôtel modeste, avec peu d'argent. Un soir, il se promène seul longuement le long de la Seine. La nuit tombe, il fait froid. De retour chez lui, l'empereur se sent mal. Dans les jours qui suivent, une pneumonie se déclare. Pierre II, le dernier empereur du Brésil, meurt le 5 décembre 1891 en présence de sa fille, arrivée en toute hâte. La France lui organise des funérailles nationales, des milliers de personnes se pressent à la Madeleine pour la cérémonie. Les ambassadeurs de l'empire ottoman, de la Chine, de la Perse et du Japon sont présents. Le corps est transféré au Portugal par train spécial. Au Brésil, la population est sous le choc et se laisse aller au deuil le plus sombre, malgré l'interdiction de toute manifestation du gouvernement républicain. Il faudra attendre 1921 pour que la dépouille de l'empereur et celle de sa femme soient enfin rapatriées au Brésil, avec tous les honneurs. Aujourd'hui encore, Pierre II est considéré comme un héros national, un des plus grands hommes du Brésil.

Un petit mot sur sa fille, Isabelle, seul survivante de ses enfants.
Elle sera régente de l'empire à trois reprises, pendant l'absence de son père et c'est elle, fervente abolitionniste, qui signera "la loi d'Or", qui abolit l'esclavage au Brésil. Surnommée "la Rédemptrice", par son mariage avec le prince Gaston d'Orléans, comte d'Eu, petit-fils du roi des Français, elle était comtesse d'Eu. A la mort de son père, elle devient Isabelle Ière pour les monarchistes. Elle mène une vie d'exil tranquille dans le château de son époux, en Normandie, se consacrant à ses enfants et petits-enfants. Elle perd deux de ses enfants, tombe malade et a du mal à se déplacer vers la fin de sa vie. Elle meurt en 1921, sans être retournée au Brésil mais sa dépouille y est rapatriée avec celles de ses parents.
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Message par Mme de Sabran Jeu 05 Aoû 2021, 23:39

Je découvre cet homme remarquable, merci mon cher Calonne . Very Happy C'est passionnant !
Pierre Il a eu plus de chance que son homologue incompris, Maximilien du Mexique .
Maîtrisait-il autant de langues vraiment ? Cela paraît presque incroyable pour l'époque ... Il n'y avait pourtant pas encore les cassettes de la méthode Berlitz.

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Message par Calonne Jeu 05 Aoû 2021, 23:54

C'était clairement un homme de science, de savoir, qui croyait au progrès. "L'Empereur fait tant pour la science, que tout homme de science est tenu de lui montrer le plus grand respect" (Charles Darwin). C'était aussi un solitaire qui, dès son plus jeune âge, dévorait les livres. Il a également fondé l'Académie Impériale de Musique et l'Opéra National, il prenait sur sa fortune personnelle pour offrir des bourses aux étudiants brésiliens afin qu'ils puissent aller étudier en Europe.

Au niveau international, il a réussi à faire plier l'Angleterre : en 1865, il sort par le haut d'une crise avec cette dernière, l'ambassadeur anglais lui présentant même des excuses officielles de la part de la reine Victoria...


Dernière édition par Calonne le Jeu 05 Aoû 2021, 23:55, édité 1 fois
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Message par pilayrou Jeu 05 Aoû 2021, 23:54

Un souverain remarquable.

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