En Normandie, Dives-sur-mer et la Maison Bleue

Bonnefoy du Plan a écrit:
Chère Eléonore vous avez de toute évidence un plaisir gourmand à nous parler de votre chère Normandie!

Je vous prends au mot, mon très cher Bonnefoy, et pour vous donner raison, schpounk !  je réitère  et vous emmène à nouveau en Normandie.  Aujourd'hui à Dives sur mer, si le coeur vous en dit !

Dives sur mer,  tient ses plus glorieuses lettres de noblesse de notre duc  
   Guillaume le Bâtard Conquérant.    En effet, entre la dune de la pointe de Cabourg à tribord et les collines boisées d'Houlgate à bâbord, voyez l'estuaire de la Dives où Guillaume rassembla sa flotte pour partir conquérir l'Angleterre ... 700 à 1000 navires et de 7000 à 8000 hommes, pendant l'été 1066.




La Tapisserie de Bayeux nous conte tous les détails de cet embarquement à Dives, comme le rappelle une fresque qui court autour de la  capitainerie de Port Guillaume... Tapisserie qui est en fait une broderie.    ...  ne fut pas confectionnée par Mathilde, épouse de Guillaume, comme le veut la légende,  mais commandée par Odon, évêque de Bayeux et frère utérin du duc. Mais ça, je vous l'ai déjà dit ailleurs, dans je ne sais plus quel sujet, car je me disperse beaucoup, j'en ai peur ...    








Le 6 août 1001, des pêcheurs lèvent dans leur filet un Christ sans croix dont le genou se met à saigner sous les coups de hache d’un mécréant.    Aucun artisan n’est capable de fabriquer une croix pour y déposer ce Christ. Trois ans plus tard, une croix retrouvée en mer s’adapte parfaitement au Christ miraculeux.

La légende du Christ Saint-Sauveur est née, on place ce Christ dans la chapelle, et Dives-sur-Mer devient un lieu de pèlerinage. Au fil des années, la chapelle se révèle être trop petite. Grâce à la générosité de Guillaume le Conquérant, un édifice de style roman est construit, dont il reste les quatre piliers du chœur, une arcade et une voûte.



Au XIVème siècle, l’église est agrandie dans le style gothique.  Au-dessus du fronton, à l'intérieur de l’entrée de l’église figure, depuis 1862, la liste des compagnons de Guillaume à Hastings, que voici :




Dives possède un très beau centre historique médiéval .       D'impressionnantes halles  du XVème siècle abritent toujours le marché le samedi matin.   Elles mesurent 50 x 12 m, et sont constituées d'un vaisseau central et de deux bas-côtés symétriquement disposés.





En face, de l'autre côté de la place ornée d'un gadage,  nous découvrons la haute silhouette du manoir de Bois-Hibout.  



Leduc de la Falaise, valet de chambre de Louis XIV  
a fait construire cette habitation de cinq niveaux en pierres de Caen. Plus tard, elle devient la propriété d’un sieur de Bois-Hibout dont elle adopte le nom.





Le « village de Guillaume le Conquérant »,  
est sans conteste le cœur touristique de la ville.    
La partie la plus ancienne date du XVème siècle. La façade est austère et protège des cours intérieures qui abritaient les voyageurs et les écuries d'un relais de poste qui a gardé son auberge .



De nombreuses célébrités y séjournèrent : Louis XIV serait venu prendre les eaux de Grangues ( où l'eau d'une fontaine Saint-Roch  située près de l'église est présumée guérir des épidémies, spécifiquement de la coqueluche ). Je n'y crois guère : l'on se vante, on se vante !     ...   mais aussi la duchesse de Chaulnes et Madame de Sévigné, Alphonse Karr, Alexandre Dumas, Raymond Poincaré … et tant d'autres ...
Avec l'invention décoiffante du chemin de fer, Dives connaît son âge d'or.
Le tout Paris vient faire trempette en Normandie !
Sacrifiant à la mode des bains de mer, une clientèle riche s'installe sur toute la « Côte Fleurie » .
C'est l'apparition de la villa normande de bord de mer type.  
A Dives, celle des Bossettes par exemple, oeuvre de l'architecte caennais René-Jacques Baumier, est tout simplement fantastique !!!  
Malheureusement, il faut l'admirer de loin : pas de visites ...  



Le relais de poste va connaître son époque de splendeur grâce à monsieur Le Remois, l'aubergiste qui, par son talent assure à l'établissement une exceptionnelle réputation. Nombreuses sont les célébrités artistiques, littéraires ou politiques qui, à la Belle Époque, vienne séjourner dans cette résidence.

























Amateur d'art, Le Remois fait orner à profusion   (    )   les vieux bâtiments normands à colombages d'exubérantes sculptures sur bois de style médiéval ou bien Renaissance. C'est un feu d'artifice de figurines de toutes sortes.  


















Il acquiert et installe dans les trois cours d'authentiques statues, bustes et vases du XVIIème siècle et XVIIIème siècle. Les bas-reliefs qui décorent la cour Louis XIV sont des reproductions (réalisées au XIXème siècle) des chapiteaux romans de l'abbaye de Boscherville. Excusez du peu !  

Spoiler:

A SUIVRE  ...    la Maison Bleue Da Costa !

Merci Eléonore, c'est Dives, hein !

Joli !!!

Magnifique, merci!  
Dommage que je sois un peu occupé ces temps-ci,  
je vous aurai fait passer le Mont et rendu la politesse avec deux ou trois endroits...
...en Bretagne!

Oh ! promettez-moi que ce n'est que partie remise, n'est-ce pas , quand vous vous serez acquitté de vos plus pressantes obligations ...
En attendant cela, apprêtez-vous à me suivre encore, cette fois dans la Maison Bleue.    C'est une curiosité de Dives-sur- mer, un exemple accompli d'art brut, vous verrez .
Je trie mes photos.

...   après Guillaume,   le centre historique médiéval et la Belle Epoque, changeons du tout au tout avec comme promis, la Maison Da Costa .
J'ai une question .  
Quelle différence y a-t-il entre l'art naïf et l'art brut ?  Aucune, je présume, changement de nom tout simplement ?  
Or donc :

La Maison Bleue  

Quel choc lorsque l'on pénètre dans ce minuscule enclos, 300 m2, couvert de pas moins d'une quinzaine d'édifices, à touche-touche, chapelles, petits temples plus  tarabiscotés les uns que les autres, au milieu de tout cela, la Tour Eiffel   ...  en plus petit  ...   



 ...  et même, tenez, un curieux monument funéraire kitchissime dédié à Laïka.  
La petite chienne russe, morte dans son Spoutnik en 1957    ...  en russe : Лайка, « petit aboyeur » ,  avait été le premier être vivant à être mis en orbite autour de la Terre.    

 

Laïka est le point de départ de l'oeuvre d'un maçon analphabète d'origine portugaise, Euclides Ferrera da Costa, réalisée de 1957 à 1977.  Parce qu'il est malade de la tuberculose et ne peut plus travailler, parce que le sort de cette petite bête l'émeut profondément, il se découvre tout à coup une vocation artistique.  Récupérant bouts de verre, vaisselle, faïence, miroir, il se met à construire de toute son âme et de tout son coeur, au fil des années,  ce micro-univers fantastique et captivant de mosaïques aux dominantes bleues .

 Euclides vit avec sa femme dans trois pièces du plus extrême dénuement, sans même l'eau courante.  




On peut ne pas être un fan inconditionnel de la foultitude des petites vierges Marie        et  moins encore du Christ en croix, dans son calvaire, mais comment ne pas être touché par l'élan de ferveur mystique d'une âme simple ?  Sur les parois vole, galope, grimpe, nage, rampe toute une ménagerie que je vous invite à découvrir .
Laissons-nous porter !  



           

Mme de Sabran a écrit:

 ...  et même, tenez, un curieux monument funéraire kitchissime dédié à Laïka.  
La petite chienne russe, morte dans son Spoutnik en 1757    ...  en russe : Лайка, « petit aboyeur » ,  avait été le premier être vivant à être mis en orbite autour de la Terre.    

Etes-vous bien sûre de la date, chère Mme de Sabran ?

   
... euh non, pas formellement sûre .
Attendez, je consulte mes sources ...  j'aurais confondu montgolfière et spoutnik .  
Je vous remercie de ce petit rectificatif et saute me corriger.