Visite guidée du lycée Hoche à Versailles (ancien Couvent de la reine)

Samedi matin, visite du lycée Hoche à Versailles. Temps de rêve : ciel bleu marine et soleil qui enflamme la pierre de Saint-Leu. Sublime !
Lycée Hoche : à l'origine, couvent de la reine ou couvent des chanoinesses de Saint-Augustin, consacré à l'éducation des filles issues des familles au service de la reine. C'est le grand projet de Marie Leszczynska (sur le modèle de Saint-Cyr de Madame de Maintenon ?), construire cette maison d'éducation qu'elle confie en 1667 à Richard Mique, l'architecte de son père Stanislas (et plus tard bien sûr, celui de Marie-Antoinette) qui vient de mourir. C'est avec l'argent hérité de son père qu'elle peut fonder son couvent, sur un domaine que lui donne le roi à Clagny. Elle-même a prévu son propre appartement où elle compte se retirer en toute discrétion à la mort du roi...
Mais c'est elle qui meure l'année suivante, avant l'achèvement des travaux, alors que les plans définitifs de La Chapelle ne sont pas encore adoptés. Elle disparait sans avoir connu son oeuvre, et c'est Adélaïde qui continue et termine le projet.
Le couvent est supprimé à la Révolution, devient pour un temps hôpital militaire puis retrouve sa vocation d'enseignement au XIXème. L'établissement prend le nom de lycée Hoche en 1888.

Je ne résiste pas à mettre quelques photos sur le forum, en particulier de la chapelle qui est incroyable, et récemment superbement restaurée par Frédéric Didier... En appelant l'association des amis du lycée Hoche, on peut visiter en petits groupes le samedi. Bon, c'est long, 2h30, car le jeune homme est un passionné ! Mais ça vaut le coup...
(Je ne sais pas pourquoi on ne visualise pas les photos en entier, il faut cliquer pour les voir complètement...)








Le décor sculpté est de Joseph Deschamp


Nicolas Machaux sculpte les chapiteaux


Vincent Cardon se charge de l'ornementation






Le décor peint est d'abord commencé par Gabriel Briard, qui meurt six mois plus tard. Jean-Jacques Lagrenée termine l'ensemble


La femme en blanc à droite sur la fresque de la coupole représente la reine...



Sur cette photo, derrière la grille rectangulaire du fond il y a la tribune réservée à la reine


Vue de la chapelle depuis la tribune de la reine, avec la grille


Vue de la chapelle depuis la même tribune... Sans la grille !


Cette "bande dessinée" sculptée, qui fait tout le tour de la chapelle, raconte l'histoire de la Vierge. Toujours Joseph Deschamp

Superbe !!! Merci Sophie !!!

Eva Sophie von Fersen a écrit: ciel bleu marine

En effet ! Se croirait-on à Versailles ?!

Sublime, c'est bien le mot et tes photos pour certaines donnent le vertige . Ce Mique !!!
Merci, ma chère Sophie, pour ce reportage somptueux !
Peux-tu nous en dire plus sur ces grandes grilles ?

Je vous souhaite une excellente Saint-Valentin à Evert Taube et toi !

Mme de Sabran a écrit:Peux-tu nous en dire plus sur ces grandes grilles ?

Il me semble que sont celles que l'on retrouve dans les chapelles des couvents, destinées à séparer lors de l'office les épouses du Christ du commun des mortels et les éloigner de leur tentation.

On peut en voir de similaires à la Chiesa de la Pieta à Venise :





Clichés personnels

Gouverneur Morris a écrit:

Il me semble que sont celles que l'on retrouve dans les chapelles des couvents, destinées à séparer lors de l'office les épouses du Christ du commun des mortels et les éloigner de leur tentation.

On n'est jamais trop prudent !
Merci, mon cher Momo.  

Eva Sophie von Fersen a écrit:Temps de rêve : ciel bleu marine et soleil qui enflamme la pierre de Saint-Leu. Sublime !

Sublime, en effet ! Merci pour ce beau reportage...

Eva Sophie von Fersen a écrit:Je ne sais pas pourquoi on ne visualise pas les photos en entier, il faut cliquer pour les voir complètement...

Normalement les photos sont visibles "en entier", la réduction du format affiché ne change pas le rendu de l'image.  .

Oui c’est vrai, pendant la prévisualisation, les photos étaient coupées, mais au final, non.
Pour les grilles, en effet, c’est pour isoler les différentes castes. Ici les soeurs passaient toujours par des sas dans les bâtiments pour ne jamais être en contact avec l’extérieur ( excepté leurs élèves j’imagine ?)
Donc, grande grille de gauche, choeur des soeurs, grande grille de droite, choeur des pensionnaires, (ou le contraire !) au centre, la reine.
Les choeurs n’ont pas été restaurés, les travaux sont suspendus, je n’ai pas très bien compris pourquoi puisqu’ils sont commencés. Les deux pièces sont jolies, vastes et circulaires. L’escalier d’époque en pierre pour monter à la tribune de la reine est situé dans celle de gauche sur la photo. Il reste sur le pourtour les panneaux en chêne sur lesquels venaient se fixer les bancs-sièges. De là elles chantaient….
Les grilles sont neuves, mais refaites suivant le modèle original avec des carrés de 10x10cm… Voilà !

Ah bien-sûr,  pas de mélanges !

Le reine n'aura donc même pas eu le loisir d'apprécier l'oeuvre de Mique.   Lui avait-elle laissé carte blanche ou bien, comme Marie-Antoinette le fera plus tard, lui avait-elle donné des directives précises ?  En tous cas, c'est elle qui l'introduisit à Versailles !  Franchement j'avais un peu oublié ce détail pourtant important .

Pierre de Nolhac trouvait que Richard Mique était « digne de plus de gloire ». Muriel de Raïssac le qualifiait d'« oublié de l'Histoire » car, jusqu'à présent, aucun historien d'art ne s'était vraiment penché sur la carrière, la vie, l'oeuvre de cet architecte qui fut d'abord au service du roi Stanislas en Lorraine, puis après sa mort, à celui de sa fille la reine Marie Leczinska qui lui commanda un couvent à Versailles. A la mort de la Reine, Madame Adélaïde reprit le projet de sa mère et le mena à bien ; c'est aujourd'hui le lycée Hoche.

Marie-Antoinette lui confia l'aménagement de son Jardin Anglais à Trianon ainsi que des décors pour ses appartements à Versailles, au Petit Trianon, à Fontainebleau et à Saint-Cloud. Pour Mesdames, filles de Louis XV, il travailla dans leur domaine de l'Ermitage à Versailles, puis à Bellevue. Pour Madame Louise, il créa au couvent de Saint-Dénis une ravissante chapelle néo-classique.

( Quatrième de couverture de Richard Mique : architecte du roi de Pologne Stanislas Ier, de Mesdames et de Marie-Antoinette
Muriel de Raïssac



La vie de Richard Mique est, à bien des égards, un roman avec l'apparition soudaine d'un faux frère qui lui créa beaucoup de déboires. A la Révolution, il se cacha près de Dol en Bretagne chez son gendre où il fut arrêté. Il mourut sur l'échafaud quelques jours avant la chute de Robespierre.

Notre jeune guide nous disait que Stanislas aussi est un homme sympathique dont la vie est également digne d'un roman. Qui a connu une mort dramatique, à 88 ans quand même, mais accidentelle, loin des sanctions révolutionnaires (sa robe de chambre prend feu au coin de la cheminée de sa chambre lorsqu'il ravive les braises. Grièvement brûlé il agonise pendant 18 jours)...
Voici les quelques photos de l'extérieur du lycée Hoche qui manquaient, les bâtiments sont très beaux, l'intérieur n'a plus vraiment d'intérêt puisque tout est transformé en salles de classe...
Et sur la dernière photo, le joli terrain de foot en gomme verte a remplacé les jardins de Marie Leszczynska... Qui aurait disposé d'un bel escalier double pour descendre si elle y avait vécu. Son appartement était au centre, on voit bien les deux montants verticaux qui encadrent cette partie centrale...

Merci, chère Sophie, pour la suite de la visite .
Oui, ce pauvre Stanislas est l'un des personnages historiques chouchous de notre Forum, un bon vivant si sympa !

Eva Sophie von Fersen a écrit:
Et sur la dernière photo, le joli terrain de foot en gomme verte a remplacé les jardins de Marie Leszczynska...

Préférer le foot aux jardins, on n'a pas idée !!!

Eva Sophie von Fersen a écrit:Et sur la dernière photo, le joli terrain de foot en gomme verte a remplacé les jardins de Marie Leszczynska... Qui aurait disposé d'un bel escalier double pour descendre si elle y avait vécu. Son appartement était au centre, on voit bien les deux montants verticaux qui encadrent cette partie centrale...

Elle avait projeté de s'y retirer veuve ?

Oui, exactement, elle avait un appartement pour sa retraite dans une vie de piété et de simplicité après la mort du roi, mais elle est morte avant lui !
Son appartement était au centre, dans le bâtiment derrière la chapelle et son étage dominait tous les autres bâtiments.
Elle est même morte avant d’avoir connu le plan définitif de la chapelle, car il y a eu plusieurs propositions.

Eva Sophie von Fersen a écrit:Oui, exactement, elle avait un appartement pour sa retraite dans une vie de piété et de simplicité après la mort du roi, mais elle est morte avant lui !

Comme Mme de Maintenon à Saint-Cyr, en somme.

Chere Eve Sophie,
Merci beaucoup pour ce reportage photo. Quele belle architecture néoclassique à Versailles !
à l'époque de sa création c'était un moderne..
J'ai lu que toute la famille royale était présente à l'inauguration fin septembre 1772, et aussi que l appartement de Marie Leszczynska la reine Marie Antoinette et Mesdames auraient utilisées lors de ses visites.
Je ne suis pas surpris que la reine Marie Antoinett ait choisi un architecte pour ses services.
Leos

Oui, c’est de très belle facture.
Un lieu qui donne envie d’aller à Nancy pour découvrir et admirer le reste !

On m'indique la tenue d'une conférence organisée au lycée Hoche, ancien couvent de la reine à Versailles :

Dans le cadre du 250e anniversaire de la clôture du couvent, vous est proposée, samedi 18 mars à 10h00 à l’amphithéâtre du lycée Hoche, une extraordinaire conférence (ce sera l’une des dernières du cycle, profitez-en) sur le mécénat de Stanislas Leszczynska et de sa fille Marie, femme de Louis XV. Féru d’art et d’architecture, Stanislas dote la Lorraine de demeures fastueuses et y fait venir les plus grands penseurs français. Sa fille, Reine de France, adopte les mêmes goûts que son père, fait construire le magnifique couvent de la Reine et est aussi gourmande que son aïeul : madeleines de Commercy et baba au rhum entrent dans les spécialités culinaires françaises.

Une conférence assurée par Fabrice Conan, autour de l’art et de la douceur de vivre au siècle des lumières. La conférence sera exceptionnellement suivie d’une visite inédite de la chapelle sous l’angle du néoclassicisme versaillais. Nous vous attendons très nombreux. Renseignements et inscriptions sur www.amismuseehoche.fr.

Donc, on peut dire que la reine Marie n'a jamais habité cet appartement ?

Morte pendant le chantier de construction, ce lui aurait été difficile.

Merci.En effet.